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Until dawn
Mer 23 Déc 2020 - 21:44
what i am
Attentive Curieuse Résilience Autonome Patiente Lunatique Triste Misanthrope Violente Solitaire | Dans son sac à dos, lui aussi dérobé à quelqu’un qui n’est aujourd’hui plus de ce monde, on trouvera toujours un set de couteaux de boucher, qu’elle entretient depuis son départ de la ferme de ses grands-parents. Elles ne les utilisent pas pour les rôdeurs mais pour préparer correctement la viande, quand elle n’a d’autre choix que de s’en prendre à une proie. A part ça, elle a du basique : brosse à dents, lampe-torche, plusieurs cartes, des allumettes, une gourde, un tupperware dans lequel elle met des restes quand elle en a. Pour se défendre, elle utilise essentiellement une batte de baseball en métal qui l’accompagne depuis quelques temps, et un banal glock glané une fois de plus sur un malheureux qui avait croisé sa route. Apple sait l’utiliser, le minimum syndical, mais préfère largement les armes contondantes. Apple est grande pour une femme. 1m75 et une corpulence assez sèche, dont le poids varie beaucoup selon les périodes de disette et celles où elle parvient à se nourrir. Les années de survie à crapahuter partout dans les ruines du monde moderne ont ravivé le potentiel athlétique de son corps, de l’époque où elle se dépensait sur les terrains de baseball de son lycée. Elle possède alors une force plutôt explosive, surtout quand il est question de mettre un coup dans le museau de quelqu’un. Elle n’est pas un canon académique de beauté ; peut-être la faute à son grand front, à ses paupières lourdes ou à ses lèvres trop pulpeuses, d’un rose qui contraste avec le teint laiteux de son visage. Apple n’a rien de mémorable, pas même ses yeux marron-verts sans éclat particulier, ni ses cheveux trop noirs, trop mats et pas assez souples. Son rythme de vie fait qu’elle a souvent des écorchures, des brûlures de friction, ce genre de blessure bénigne qu’on récolte à trop vagabonder. Côté vestimentaire, c’est à l’arrache. Jean, tee-shirt, sweat, blouson, chemise de mec, grosse ranger, … ce qu’elle trouve, ce qu’elle vole. Parfois dans les baraques abandonnées, parfois directement sur ses victimes. |
Psychologie
Aujourd’hui… je suis allée trop loin pour revenir en arrière.
Apple n’avait pas toujours était si sombre. Elle était comme tout le monde, probablement. Assez naturelle, assez authentique. Elle n’était ni solaire, ni particulièrement lunaire. Une éclipse serait l’image exacte. Un fond lumineux souvent ruiné par une tendance « lunatique » à la limite du trouble de l’humeur. Ses élans d’affection étaient soudains, intenses, parfois suscités par des futilités. Mais aussi, ses moments de déprime étaient profonds, douloureux, ravageurs. La moindre petite chose était interprétée, sur-interprétée, réinterprétée, jusqu’à en écorcher ses entrailles.
♫ Terrified of the night time because of the things I might find, like I'm avoiding my own mind and I can't escape these bad things this time ♫
Apple était donc une lune noire de « tristesse » sur un soleil d’empathie – au moins autrefois. Si elle n’est plus capable de se connecter aux émotions des autres, elle conserve une forme d’« attention ». Les rares personnes qui ne la braqueront pas pourront découvrir tout un aspect vulnérable, presque doux, qui la pousse à aider comme elle peut. Mais désormais, Apple connait essentiellement la « solitude », subie mais aussi choisie. Elle lui sied comme un gant, car ses mésaventures l’ont amenée à « détester le genre humain », à s’en méfier énormément ou à le considérer… différemment.
♫ I guess you could say that I'm breathing, but inside my lungs are heaving and all of these thoughts that I have been thinking are more like the ocean, and I'm the one sinking ♫
Heureusement qu’elle est de nature à « savoir se prendre en charge » et à toujours se « remettre des épreuves » qu’elle encaisse, car rien n’a été tendre avec elle depuis plus de 5 ans. Apple a dû apprendre la « violence » pour survivre à ce monde violent. Sa « curiosité » l’a aidée aussi : une qualité qui l’a pousser à apprendre, avant et après, et… ça lui a servi. Tout comme sa tendance naturelle à faire « attention aux détails », observer en silence, écouter les autres, bref. Ne pas être intellectuellement passive. Sa « patience » est également un atout : savoir attendre, ne pas se précipiter, pour optimiser ses chances de réussir.
♫ Maybe if you have listenned, you'd find out our minds are like prisons. We're trapped and no one can get in... and it's hard to make a decision ♫
Story of survival
Pre-apocalypse
La sensibilité de Apple a beaucoup été un frein à sa sociabilisation. Soit elle se renferme trop vite suite à une interaction qui la blesse, soit elle effraye ses camarades avec ses élans d’affection. Son frère aîné de un an, Valorian, joue admirablement son rôle tampon de protecteur. Plutôt grand, bien bâti, sur le même modèle que Marcus – benjamin né en 1986 – il parvient non seulement à dissuader certaines personnes d’en faire un bouc émissaire, mais convainc aussi d’autres de lui « laisser sa chance ».
Leur père Gregor n’ayant pas vraiment le temps de prendre à bras le corps les difficultés de sa fille cadette, ce rôle revient à Valorian. Il la pousse à faire du sport, à s’inscrire dans des clubs, tout pour multiplier des contacts et travailler sur son relationnel. Heureusement, elle est curieuse. Ainsi, Apple a essayé les échecs, les dames, la photographie, l’écriture, l’athlétisme, le soccer et… le baseball. Ça, elle a adoré. Difficile d’expliquer pourquoi, c’est son truc.
Le lycée a donc très bien commencé car elle fut recrutée dans l’équipe féminine de son établissement et, en plus, eu son premier « vrai » petit copain à 15 ans : Jerry. Il est un peu comme elle : émotif, artiste, timide. Ça a bien fonctionné au-début. Puis, l’année de ses 17 ans (2001-2002) est devenue… compliquée. C’est son ultime année au lycée et Valorian n’est plus là pour la défendre. Il est en fac de sport, propulsé par ses résultats de quarterback. C'est comme si d’un coup, toutes les méchancetés réprimées par ses camarades ressortent d’un bloc.
Ça a commencé par les mauvaises farces, puis les moqueries explicites, puis les gentillesses taguées dans les toilettes. « le zombie », « la coincée », « la weirdo »… ce n’est pas « pire » que d’autres, elle a juste basculé dans cette tranche des étudiants que beaucoup jugent amusant à malmener. En milieu d’année, elle est virée de l’équipe de baseball. Officiellement, parce qu’elle ferait trop d’erreur. Officieusement, car la capitaine, chouchoute de l’entraineur, ne l’aime pas. Pas assez dans leur délire, probablement.
Avec ça, Jerry est devenu de plus en plus sombre et renfermé. Il ne veut rien faire sinon parler de ses problèmes, se plaindre, rejeter tout le monde et cloîtrer leur couple sous cloche… ce n’est pas sain. Leur première fois n'a pas été belle : tous les deux maladroits, tous les deux mal dans leur peau. Les suivantes ancrent cette sensation que rien ne colle plus, alors… après leurs examens, à l’été, ils se sont séparés.
De toute façon, Gregor a trouvé un poste mieux payé dans la boucherie d’un cousin, à Seattle. C’était bien placé et moins loin de ses agriculteurs de parents, qui habitent à Longview. Un bon compromis. Apple profite du déménagement pour couper les ponts avec tout le monde, dégoûtée de cette année, dégoûtée des gens. Son salut, elle le trouva dans internet.
2002, c’était en plein pendant l’explosion des premiers abonnements ADSL et le nouveau salaire du père permet d’en payer un, ainsi qu’un PC familial. N’ayant le goût pour aucune étude, elle préfère commencer à travailler. Caissière dans une épicerie, un lieu qui n’arrange en rien le ressenti qu’elle a à l’égard de l’humain en général. Ensuite, quand elle rentre, Apple passe des heures à naviguer. Forum, chats, puis MSN. Sa personnalité virtuelle est aussi à l’aise qu’elle est rebutée aux contacts « IRL ».
C'est d’ailleurs ainsi, sur un chat IRC, qu’elle rencontre The_Fox784 aka Clay, qui va devenir son petit-ami. Ils sont restés ensemble de 2003 à 2006, tous les deux partageant les mêmes goûts et une certaine aversion des « autres ». Ils ont donc peu d’amis, peu d’interactions sociales. Cette relation coupe progressivement Apple de sa famille car elle déménage dans son propre appart’, où Clay squatte la plupart du temps. Autrement, il vit encore chez ses parents, avec des ambitions de réalisateurs qui n’aboutissent à rien qu’à de sinistres spots publicitaires qu’il réalise pour une bouchée de pain.
Dans sa bulle, la jeune femme disparait comme dans un trou noir, jusqu’à ce qu’elle réalise que non seulement les hauts et bas de sa relation avec Clay la rongent, mais qu’en plus il vit de plus en plus à ses crochets. Elle qui cumule deux jobs désormais et n’a plus le « droit » de s’évader sur internet parce que son mec ne supporte pas qu’elle parle à d’autres garçons. Il a fallu l’intervention musclée de Valorian et Marcus pour faire définitivement dégager TheFox, qui ne se prive pas de se venger en lui faisant une réputation horrible sur toutes les communautés qu’ils fréquentent en commun.
Retour au point de départ. Elle est seule, dévorée par le chagrin, ravagée par sa relation toxique. Pour essayer de la sortir de sa déprime et la forcer à se bouger, Gregor réussit à persuader son cousin de prendre Apple dans la boucherie. Certes, elle ne connait rien du métier, mais elle est curieuse et promet d’apprendre vite. Il lui faut ravaler la souffrance, ravaler la nostalgie et l'amertume aussi, puis se donner à 300% pour mériter sa chance.
Et elle y arrive. D’abord simplement à la caisse, elle prend rapidement en main le désossage, le découpage, le parage, la préparation des différentes viandes. En 2009, elle est capable de se débrouiller sans l’encadrement de son père, elle a déménagé – car elle soupçonnait Clay de la suivre jusqu’à chez elle des fois – et a retrouvé ses bulles d’air en ligne. Les réseaux sociaux sont arrivés, elle est parmi les premières à y passer énormément de temps. A commencer par Facebook.
Les années dans la boucherie ne l’ont pas changée : Apple reste solitaire, misanthrope et porte très peu d’affection à la « masse ». Son existence virtuelle, elle, est malicieuse, pétillante, vive, drôle. La protection de l’écran lui permet d’exprimer qui elle ne saurait jamais être dans la vraie vie. C’est cette aisance qui la pousse à postuler en 2011 pour un poste de « community manager ». Un type de métier tout neuf, qui demande au fond une chose : avoir de la répartie et être à l’aise sur les nouveaux modes de communication… ce qu’elle est.
Novembre 2011 : nouveau boulot, nouvelle vie. Elle a décroché le job ! Elle a donc troqué le tablier et les couteaux pour un pantalon et un chemisier. A cette époque-là, elle ne réalise pas qu’elle vient d’entrer dans l’une des boites les plus prometteuses de l’époque : une entreprise qui gère une plateforme de vidéo à la demande, qui vient d’étendre son offre au monde entier. Ils ont alors besoin de plusieurs personnes pour répondre aux internautes, sur les différents réseaux sociaux dont ils disposent. Apple se consacre essentiellement à Facebook et peut arroser les gens, agréables comme trolls, de sa répartie incisive qui fait fureur. Elle devient même réputée pour ça sur la toile, bien protégée par son anonymat, et contribue fortement à la communication du groupe. C’est d’ailleurs ce qui a poussé un jeune développeur de sa boite, Sven, à venir à sa rencontre.
D’abord, il a eu du mal à percer sa carapace, elle qui n’était à l’aise que derrière un clavier et un écran. Puis un jour, une nuit en fait, ils ont parlé des heures par messagerie interposée et… ça a changé. Sven n’a que 23 ans, elle en a 27, mais ça n’a pas l’air de le déranger. Ils se fréquentent longtemps, malgré leur différence : il sort beaucoup, à énormément d’amis et pendant un temps, Apple parvient à s’intégrer dans son moule. Elle s’amuse même un peu. Mais le naturel revient au galop : elle préfère les soirées tranquilles aux nuits dans les boîtes, elle préfère passer un week-end en pyjama devant son PC aux week-ends insolites. En 2014, son petit-ami lui brise alors le cœur en la larguant pour une autre : une de ses amies qu’elle avait déjà rencontré à plusieurs reprises, dont elle était persuadée qu’il se passait quelque chose, et Sven avait défendu que non. L’enfoiré !
Retour à la case départ. Encore. Elle, son travail, sa solitude. Pour ne pas exploser, ni sombrer dans le chagrin qui la dévore, elle accepte la proposition de Marcus d’aller, de temps en temps, taper quelques balles. Les réflexes du lycée reviennent vite, ça la défoule.
Post-apocalypse
•• Octobre 2015 •• Quelque part sur la route au sud de Tacoma
- Putain, je capte plus rien, grogna Apple.
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Elle avait été prise en flagrant délit de lever son portable vers le ciel pour espérer améliorer la réception. Un regard noir plus tard à son petit frère, elle souffla bruyamment, se renfrogna et s’enfonça dans son siège. Ça faisait littéralement des heures qu’ils étaient en voiture mais tout était bouché. D’itinéraires bis en itinéraires bis, Gregor et ses deux enfants s’étaient retrouvées pris dans les pires embouteillages qu’ils n’avaient jamais vu. Certes, les manifestations interminables et les émeutes étaient dans leur dos, mais ils n’étaient pas encore arrivés chez les parents Autumn. Ceux-ci étaient de vieux agriculteurs de Longview. Des céréales essentiellement, mais ils avaient aussi quelques arbres fruitiers. Gregor avait proposé de s’y rendre là pour filer un coup de main et prendre des nouvelles – notamment à cause de l’agitation à Seattle qui avait causé la fermeture de son commerce.
- Ça fait chier, marmonna la trentenaire.
-
- Mais c’est pas ça ! Se défendit-elle avec ferveur, c’est pour rester informée ! On sait pas, ça se trouve, l’armée a verrouillé les villes et on va jamais sortir d’ici.
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- Bah…
Autour d’eux, ça klaxonnait, ça s’énervait, ça tentait des manœuvres impossibles. Vrai qu’ils ne semblaient pas sortis de l’auberge…
•• Novembre – décembre 2015 •• Longview
Ils n’étaient finalement jamais reparti. Plus de lignes, plus d’internet, plus même de message automatique sur les ondes depuis que l’électricité s’était arrêtée. Le temps était maussade, les journées aussi. Apple était rongée par l’ennui. Certes, ils s’amusaient comme ils pouvaient avec son frère : ils disputaient des parties d’échec, faisaient des parties entières de Monopoly, écoutaient de la musique démodée sur des appareils à pile, frappaient quelques balles de baseball… mais ça ne faisait pas oublier la situation préoccupante, ni les conversations du soir.
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- C’est la tête qui marche, réexpliqua Apple pour la millième fois, je l’ai vu plein de fois !
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Elle haussa les épaules. Que dire de plus ? La funeste réalité, elle avait pu l’observer en direct en explorant Longview, à plusieurs reprises. La première fois qu’elle avait dû se battre contre l’un de ces trucs, elle en avait vomi ses tripes. La seconde et la troisième aussi. Puis… elle s’était habituée. Pourtant, elle ne les tuait jamais : elle avait beau les frapper, les pousser, les mutiler – avec les objets à portée – ils se relevaient toujours. Ce ne fut qu’à sa sixième rencontre qu’elle matraqua à plusieurs reprises le crâne d’une de ces créatures, à coup de batte, et… elle cessa de bouger.
Et si sur le coup elle avait eu l’impression de commettre un crime, Apple avait aussi ressenti un sentiment inavouable de soulagement. Elle n’avait plus aucune empathie avec l’humain, elle les détestait. Briser une boîte crânienne de la sorte avait eu un effet terriblement cathartique quelque part.
•• Avril 2016 •• Longview
Deux mois après le grand-père emporté par une pneumonie, la grand-mère trépassait de chagrin. Cette fois-ci, ils n’ont pas pris le risque qui a fallu couter la vie à tout le monde pour le vieux Autumn : Gregor et ses enfants l’avaient enterrée tout de suite après lui avait transpercé le cerveau par l’oreille.
Ces quelques mois s’étaient passés… correctement. Les cultures fournissaient assez pour qu’ils se nourrissent, même s’ils devaient faire une croix sur les protéines animales, les produits laitiers et… beaucoup de choses en fait. Piller les voisins était devenu une habitude et Apple n’éprouvait définitivement plus aucun scrupule à s’en prendre aux morts si nécessaire. Le temps l’avait rendu plus brutale, plus féroce, comme si la misanthropie qu’elle étouffait jusque là s’était muée en une armure de bataille.
•• Juin 2016 •• Longview
Sans les grands-parents agriculteurs, la famille Autumn n’avait pas réussi à tenir les cultures. Les plans étaient tous morts et ceux qui n’avaient pas été tués par le manque d’entretien l’avaient été par des insectes ou des maladies. Il fallut redoubler d’effort pour dévaliser les alentours, car c'était désormais leur unique source de nourriture.
•• Septembre 2016 •• Longview
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Apple, elle, se contenta de secouer la tête. Voilà au moins deux semaines qu’ils ne trouvaient plus rien dans les environs et malgré le rationnement, ils seront bientôt à court. Elle n’avait jamais eu aussi faim de sa vie, ses entrailles semblaient être remplies d’acide tellement elles devenaient douloureuses. Ça rendait la trentenaire plus irascible encore. Constamment de mauvaise humeur, elle préférait rester seule la plupart du temps. Et prendre de plus en plus de risque pour trouver à manger.
[…]
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- Mais quoi putain ?! Y’a rien à dire !
Après deux semaines à crever la dalle, elle et Marcus revenaient avoir un carton plein de pâtes, riz, viande en conserve, pâte à tartiner… la totale. Elle déposa tout dans la cuisine, là où se trouvait Gregor, mais son frère ne semblait pas vouloir lui lâcher la grappe.
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Il montre la batte de baseball qu’il tient dans les mains – celle de Apple en vérité. Elle est tachée d’un sang vermeil qui n’a rien à voir avec celui des rôdeurs. La concernée lève les yeux au ciel et se défend :
- On avait autant le droit que ce mec de prendre tout ça !
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- Pas du tout !
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Marcus poussa un soupir.
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- Mais il voulait pas partager ! Putain, tu préfères qu’on crève la dalle ?
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- Laisse tomber, il va s’en sortir j’en suis sûr, et on va manger. C’est le principal, non ?
Silence. Les yeux crocodiles de la trentenaire vont de l’un à l’autre.
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Et il partit en claquant la porte.
♫♪♫ Chapitre II
•• Octobre 2016 •• Longview
Apple fut tirée de la torpeur d’une sieste par des coups et un cri. Ça venait du rez-de-chaussée de la maison. Plusieurs voix, hommes et femmes, ainsi que son frère qui essayait pitoyablement de dire qu’ils n’avaient « rien » de valeur. La trentenaire avait attrapé la batte en bois abimée au pied de son lit et s’était faufilée dans le couloir. Elle croise un premier type occupé à fouiller la salle de bain. Un inconnu, bandana sur le visage. Apple réagit au quart-de-tour, l’autre esquiva in extremis le coup qui prenait la direction de sa tête. La batte explosa le miroir de la pharmacie. La brune sentit des bras la saisir au moment où elle armait l’attaque suivante. Elle poussa un rugissement, se débattit férocement, envoya sa semelle dans le groin du gars qui lui faisait face. Ensuite on la jeta au sol au sol. Un choc dans le foie l’électrisa d’un éclair de douleur. Elle releva les yeux sur une ombre noire qui s’abattit sur sa tête.
…
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C’était la voix de son frère. Elle avait l’impression que son crâne avait triplé de volume et que sa joue droite était en feu. Son abdomen aussi était douloureux.
- Soif, marmonna-t-elle.
Un verre d’eau plus tard, elle reprit.
- C’était qui ?
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- C’était qui ?! insista-t-elle – Marcus poussa un soupir.
-
La première chose qu’elle ressentit ne fut pas la honte, ni les remords, ni les regrets. Ce fut la haine. Une colère absolue.
- Comment ça tout ?
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•• Hiver 2016-2017 •• Longview
On ne connait pas la faim, à moi de l’avoir expérimenté. Avoir faim jusqu’à en avoir les entrailles qui brûlent, jusqu’à en avoir des hallucinations, jusqu’à ne peut être capable de se tenir debout.
Privé de véhicule, les Autumn n’avaient pas pu quitter leur ville, surtout désarmés. Ils étaient équipés de ce qu’ils pouvaient trouver de viable – couteau de cuisine, marteau, pied-de-biche, etc – mais ça ne suffisait pas. Et tout l’hiver, ils avaient manqué de nourriture. Parfois, pendant les plus longues semaines de jeûne forcé, ils s’étaient nourris de ce qu’ils pouvaient. Croquettes pour animaux, aliments visiblement périmés, racines quelconques, champignons ramassés au hasard…
Apple ne comptait plus les désordres intestinaux qu’elle avait subi, ce qui n’arrangeait à leurs conditions d’hygiène – ils avaient heureusement la rivière pas loin pour ne jamais manquer d’eau. Mais Marcus… il n’avait pas eu cette chance. Il était mort d’une intoxication, courant février.
•• Mars 2017 •• Longview
Elle, c’était Magali. Une jeune femme seule d’environ 20 ans, un peu empotée, venue les supplier de l’aider en s’introduisant sur la propriété. Elle avait froid, elle avait faim, elle était blessée. Le problème, c’était que les deux Autumn restant ne pouvait subvenir qu’à un seul de ces trois besoins. Le soir de son arrivée, Apple s’était adressée à son père :
- Elle ne peut pas rester ! On ne peut même pas se nourrir nous-mêmes.
-
- Alors faut la dégager ! Il nous reste 100 grammes de putain de croquettes pour chien. Si on partage en trois, on mange même pas deux jours !
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Le lendemain matin, la trentenaire fut réveillée par une délicieuse odeur de lard grillé. Son vendre gargouilla si fort qu’on dû l’entendre jusqu’à Seattle. En pyjama, cheveux hirsutes, elle descendit à toute et manqua même de s’étaler dans les escaliers. Son père était devant les fourneaux, un drôle d’air sur le visage. Un peu absent, blême, mais concentré sur la tâche.
-
- Papa… tu m’expliques ?!
Un cœur d’œil à la table la rassure : il n’y a bien que deux assiettes.
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- Un cochon sauvage ?
-
- Oh putain…
Apple en eut le vertige tellement elle n’en revenait pas. Elle allait manger !! Enfin. Le plus difficile, ce fut de ne pas se goinfrer trop vite et de résister à l’envie dans demander plus. De la bonne viande fraîche dans l’estomac, ça faisait des mois que ça n’était pas arrivé ! Ce jour-là, elle avait embrassé son père sur le front et s’était motivée à sortir en expédition. Ils avaient une bonne étoile, il fallait en profiter !
•• Printemps 2017 •• Longview
Les rôdeurs n’étaient pas trop un souci ici. Même s’ils étaient plus nombreux qu’au début, la faim restait le point crucial. Apple apprit à mieux fouiller, à penser à l’impensable, et trouvait parfois des choses oubliées dans des endroits improbables. De temps en temps, Gregor revenait avec de la viande. Soi-disant, toujours des dons de chasseur. A vrai dire, la trentenaire ne s’interrogea pas plus que ça tant que c’était comestible. De son côté, elle osait des voyages plus lointain, quitte à dormir à l’extérieur. Une fois, un homme jovial avec une imposante montre à l’écran fendu l’avait aidée à dénicher un gros lot de conserves au niveau de Silver Lake, à plus d’une journée de marche de la ferme. Quelques jours plus tard, elle fut accueillie par un Gregor aux fourneaux. Encore son fameux steak de cochon sauvage. Un détail attira néanmoins l’attention de Apple, qui se figea.
- Tiens… tu l’as eu où cette montre ?
Une grosse grosse montre.
Avec l’écran fendu.
[…]
Penchée sur sa bassine, la trentenaire n’en finissait plus de vider son estomac. Il avait fallu longtemps pour tirer les vers du nez de son père, lui faire avouer l’inavouable. Il avait cuisiné une personne. Et toutes les autres fois, quand ils avaient mangé de la viande, il s’agissait en faire d’autres êtres humains. Le choc était terrible, la nausée l’avait emporté sur la colère, puis l’épuisement sur le malaise. Mais allongée dans son lit, Apple ne pouvait plus dormir. Elle se repassait en boucle le film de toutes les fois où elle avait savouré avec gourmandise le « lard » de son père. Mon dieu…
Elle était devenue un monstre.
Une cannibale.
•• Été 2017 •• Longview et environs
Le temps passait et la rancœur s’estompait. Gregor avait fait en sorte de la sauver, pour ne pas la perdre comme Marcus, elle pouvait reconnaître ça. Grâce à la voiture de l’homme à la montre, Apple put partir en expédition un peu plus loin. Pendant quelques mois alors, elle explora des quartiers encore jamais fouillés, ramena des lots de conserves qui leur permis de tenir l’été. Mais avec l’approche de l’automne revenait la faim. Une chimère atroce qui ne lui avait pas manqué. Les démons revinrent alors.
Apple se souviendra toujours de la première personne qu’elle avait capturé pour sa viande. Une femme, plutôt petite, probablement pas plus de 25 ans. Elle l’avait approchée, lui avait parlé et toutes les deux avaient brièvement fait connaissance. Assez pour savoir que l’inconnue s’appelait Sunday, qu’elle avait 21 ans, qu’elle avait été séparée de ses amis et qu’autrefois, elle étudiait l’art dramatique. Il avait suffit d’un moment, qu’elle tourne le dos un peu trop longtemps, pour que Apple lui assène un violent coup de pierre derrière la tête. Suffisamment fort pour la sonner. Ensuite, elle l’avait ligotée, l’avait chargée dans sa voiture et l’avait ramenée à la ferme.
Sunday s’était réveillée dans la cave de la propriété des Autumn, terrifiée, blafarde. A la vue des outils soigneusement entretenue, de la grande cuve devant laquelle on l’avait agenouillée, des tabliers que portaient les deux complices… elle comprit que ses cris étaient inutiles. Apple serra les mâchoires, réprima ses tremblements et s’empara d’un long couteau. Son cœur fracassait ses côtes, sa peau s’embrasa de chair de poule.
Inspirer. Expirer.
Elle saisit Sunday par le cuir chevelu, tira sa tête en arrière et l’égogea d’un coup sec.
♫♪♫ Chapitre III
•• Octobre 2017 – mars 2018 •• Longview et environ
A partir de là, ça devint une habitude. Apple partait le plus souvent seule en expédition, pillant les lieux abandonnés, dénichant la moindre chose comestibles ; des sachets de pâtes aux boites de croquettes pour chat. Quand elle croisait un survivant isolé, homme ou femme, elle faisait en sorte de l'approcher, de se lier brièvement puis, si elle en avait l’opportunité, de l’assommer. Elle agissait comme un robot, guidée uniquement par un instinct animal et la peur de la faim. Les captures la rendaient de plus en plus habile pour sonner ses proies d’un coup sec, les ligoter solidement, les égorger, aider son père à les préparer et à se débarrasser des restes. Chez l’une, elle piqua une veste en cuir, chez l’autre, un flingue, chez le suivant une batte de baseball en métal…
Mais si ce comportement la rendait brutale et soupe-au-lait, Gregor était pire. Il perdait complètement l’esprit, s’emportait régulièrement. En plus, il lui arrivait de perdre la mémoire pour des choses essentielles, Apple l’avait même surpris à la regarder comme s’il ne se souvenait plus exactement de qui elle était. Cet hiver fut terrible… et la trentenaire s’en sortit dénaturée à vie.
•• Avril 2018 – mai 2018 •• Longview
- Valorian… c’est toi ? souffla-t-elle d’une voix rauque.
Elle l’aurait à peine reconnu, barbu, sale, vieilli. Apple baissa la carabine de son père et fit entrer son frère qu’elle croyait ne jamais revoir.
-
Inutile d’expliquer : il avait eu des problèmes. La preuve en était la petite tête blonde qui l’accompagnait. Sa fille Sarah. Mais pas de trace de sa sœur Angel, ni de sa mère Mallorie.
-
- T’as bien fait, le rassura Apple, t’as bien fait.
[…]
-
- N-non, pourquoi ?
Elle émergeait tout juste, se redressa dans son lit et pardonna immédiatement son intrusion à son aîné devant son air paniqué.
-
- Et merde, grogna sa sœur, t’as demandé à papa ?
-
- Ok, bon… on va la chercher.
Ils y passèrent la journée. Toute la propriété des Autumn, puis celle des voisins, puis les quartiers les plus proches de Longview. Pas de trace de Sarah. Le soir, ils furent accueillis par l’alléchante odeur d’une viande en sauce. De la viande de sanglier prétendit-il, troquée par des chasseurs de passage. Apple pâlit sur le coup. Elle ne mangea pas. Le cœur au bord des lèvres, elle observa son paternel tout avaler avec gourmandise. Au moins, Valorian n’avait pas d’appétit et parti se coucher en plein milieu du repas. Mais à peine fut-il monté à l’étage, sa sœur attaqua.
- Me dis pas que t’as fait ça.
-
- Joue pas à ça avec moi.
Il leva sur elle des yeux surmontés d’épais sourcils, imperturbable.
-
- T’ES PAS SÉRIEUX ?! s’emporta-t-elle.
Apple s’était levée d’un coup, bousculant bruyamment la table.
-
- Réveiller mon frère ? S'étrangla-t-elle, t'es en train de bouffer sa fille ! TA PETITE FILLE !!!
-
- Pour nous deux ?
Elle en eut le vertige. Ce fut comme une gifle en pleine figure, un retour violent à la dure réalité de ce qu’ils faisaient. Des atrocités qu’ils avaient commis. Se nourrir d’autres personnes. Le crâne déchiré par un acouphène, un bourdon dans le crâne, la trentenaire se leva en titubant. Elle se mit à hyperventiler, à sentir sa peau s’hérisser, striée de frissons glacés et brûlants. Putain, elle allait être malade. L’homme qui se tenait à cette table, elle ne le reconnaissait plus ; il venait de manger sa petite-fille.
Sa petite fille.
Se passer de l’eau froide sur le visage n’y changea rien. Le reflet blafard que lui renvoyait son miroir ne lui laissait entrapercevoir qu’une chose : un monstre. Apple eut un haut-le-cœur, retint de justesse son envie de vomir. Sa main tremblante contre ses lèvres, elle pris sa décision. L’instant d’après, elle était dans la chambre de son frère et le tirait du lit où il ne dormait pas.
- Viens Valorian, il faut qu’on se casse.
-
Elle s’était mise à rassembler ses affaires pour les jeter dans un sac et évitait de le regarder. Il ne savait rien de leur secret, ce serait mieux que ça reste ainsi.
- On doit partir, papa a… papa pète les plombs.
-
- Fais moi confiance !
-
- Elle reviendra pas ! Ne put-elle s’empêcher de trancher.
-
- S’il te plait, on a pas le temps, supplia la jeune femme.
-
Elle s’arrêta et se figea. Un soupir s’échappa de sa poitrine. Elle n’allait pas avoir le choix…
[…]
BLAM.
Apple avait sursauté.
- Oh non, non, non, non…
Ça provenait de la chambre de Valorian. Après avoir entendu l’histoire, il avait été abasourdi. Dévasté par l’horreur et le chagrin, quand sa sœur aurait pensé le voir en rogne. Mais c’était trop, même pour lui. Il avait demandé à être seul quelques minutes et voilà le résultat : l’arme était tombée à ses pieds, son crâne s’était ouvert comme un œuf sous l’impact de la balle à bout portant. Cette vision la hantera pour toujours, bien plus que toutes les personnes qu’elle avait tué. En retourna vers sa chambre, Apple croisa son père au niveau des marches. Il la dévisageait avec des yeux sévères et interloqués, elle le fixait avec fureur.
- Toi… c'est... c’est ta faute !
Elle ne réfléchit pas et le poussa violemment dans l’escalier. Le visage du cinquantenaire se décomposa, presque au ralenti, avant qu’il ne dégringole dans les marches avec fracas. Sa fille ne perdit pas une seconde : elle courut rassembler quelques vêtements, son arme à feu, sa batte. Il fallait qu’elle se barre d’ici et qu’elle ne revienne jamais.
Merde.
Il n’y avait plus personne dans l’escalier.
A pas de loup, précautionneusement, elle descendit les marches une à une. Les vieilles surfaces de bois grincèrent péniblement. Dehors, la pluie s’était mise à tomber fortement, ajoutant une trame sonore aux ombres inquiétantes de la nuit. Il fallait qu’elle trouve les clefs de la voiture, sur le buffet, et qu’elle se taille.
Apple était à mi-chemin quand la respiration rauque de son père précéda le poing qu’elle mangea dans la pommette. Elle tituba, il en profita pour l’agripper par les cheveux et la jeter contre la table du salon, qu’elle se percuta dans la hanche. Une gifle supplémentaire et elle tomba à genoux, aux pieds de Gregor qui boitait sévèrement.
-
- Arrête de m’utiliser comme excuse ! S’exclama-t-elle, la lèvre en sang, t’es juste… t’as juste… t’avais pas le droit de faire ça…
-
- Non… non, je veux plus faire partie de ça…
Son père poussa un rugissement de colère et la tira à nouveau par le cuir chevelu pour la redresser. Elle en profita pour pivoter vers lui et lui envoyer un talon dans le genou déjà blessé par sa chute. Gregor beugla, lâcha sa prise et Apple réagit comme un automate. Elle saisit la batte accrochée à son sac, arma un coup et frappa de toutes ses forces. Le nez de son géniteur éclata sous le choc mais galvanisée par le cocktail détonnant de la rage, de la peur, du dégoût et de la rancœur, elle poursuivit. Elle cogna à plusieurs reprises, sans lui laisser le temps de souffler, éjectant plusieurs dents, fêlant plusieurs os, jusqu’à ce que le vieux s’effondre, inconscient.
Cette nuit-là, elle prit la fuite sans se retourner.
♫♪♫ Chapitre IV
•• Année 2019 •• Ouest de Washington
Depuis qu’elle était partie de chez ses grands-parents, Apple était une vagabonde. Elle vivait de ses fouilles dans les lieux abandonnés, de larcins, de rackets voire de meurtre. Sa voiture tombée en panne au niveau de Grand Mound, où elle avait fait une longue halte, notamment pour l’hiver 2018-2019. Trouver de la nourriture n’était pas moins compliqué et parfois, elle était obligée de recourir à de vieilles méthodes : manger de la merde ou manger de l’humain. Quand on l’avait fait une fois, ce n’était plus si dur d’y revenir. Plutôt ça que la faim. Tout plutôt que la faim. Avec son passif en boucherie, elle savait comme découper, désosser, vider, préparer une viande. Elle ne s’attardait jamais sur les lieux de son méfait, pour ne pas risquer d’être surprise…
♫♪♫ Chapitre V
•• Année 2020 •• Grand Mound > Olympia
… ce qui finit par arriver. Apple s’en était prise à la mauvaise personne, un adolescent plein de ressource qui s’était échappé, juste avant qu’elle ne l’égorge. Dix nuits plus tard, il avait retrouvé sa trace et revenait avec des renforts. Ils mirent le feu à la baraque qu’elle occupait, criant des injures jusqu’à ce que les rôdeurs ne viennent les faire fuir. Ce fut d’ailleurs le bruits des mains décharnées qui fracassaient ses carreaux qui l’avaient tirée du sommeil. L’air déjà saturé de fumée, l’atmosphère brûlante, la trentenaire se précipita vers l’une des fenêtres du deuxième en crachant ses poumons. Sa batte explosa la vitre, elle se faufila par l’ouverture, non sans s’écorcher superficiellement, et se laissa tomber dans l’herbe. Une vive douleur remonta dans ses articulations mais l’adrénaline compensa la douleur. Elle boita sur les premiers pas, puis s’enfuit en courant.
La suite ne fut que marche interminable, brûlures au premier degré, pillage de solitaires et cannibalisme. Parfois, Apple tombait sur plus fort qu’elle et avortait ses plans ; parfois encore, elle jeûnait de longues dizaines de jours, faute de trouver de quoi se mettre sous la dent. Un soir de début d’hiver, elle parvint à convaincre un couple de l’héberger, aux abords d’Olympia. Des nomades, en caravane. Ils avaient du lapin, quelques mûres et des pommes de terre troquées sur Seattle. Au No man’s land. Ils avaient dû avoir pitié de ses traits blafards et de son apparence crasseuse, ou bien avaient-ils simplement le cœur sur la main. Quoiqu’il en soit, Apple se retrouva à leur table. Tout en grignotant du bout des lèvres le diner qu’on lui offrait sans rien en retour, elle réfléchissait à comment les surprendre. Elle pourrait tout récupérer, caravane incluse. Puis elle la vit, la petite endormie jusque-là.
Elle s’appelait Sarah.
Un orage de souvenir fendit son esprit en deux cette nuit-là, une prise de conscience lui retourna l’estomac. Loin de ses hôtes, Apple laissa libre court à ses larmes. Des pleurs de rage, de désespoir. Car dans tout ça, elle avait oublié déjà… pourquoi survivait-elle ?
Survie
Elle baille, s’étire, fait craquer sa nuque, renifle et se lève. Elle n’allume pas sa lampe, se repère à l’instinct et à la subtile lueur qui rend les ténèbres moins denses. Dans son sac, la trentenaire prend sa brosse à dents puis elle récupère le bol de pluie qu’elle a posé sur le rebord de l’une des fenêtres . L’hygiène buccale assurée, elle utilise l’eau qu’il reste pour sa toilette intime. Ensuite, si elle va manger un peu. Il lui reste une portion de viande de la veille, soigneusement conservée. Ce matin là néanmoins, elle n’arrive pas à avaler la chair cuite à point, hantée par le souvenir de Sarah.
Pas grave, elle tentera sa chance dans un nouveau quartier dans la journée. Il ne lui faut pas plus de cinq minutes pour rincer ses ustensiles et mettre les voiles, laissant les preuves de son crime enfermée dans la cave. Apple passera alors la journée à vagabonder, à explorer, à fouiner dans les recoins qu’elle espère oublié des autres. Mais en cinq ans, ceux-ci se font très très très très rares. Quand le soleil se couche, elle est bredouille. Ou si : dans une animalerie, elle a trouvé ces espèces de biscuit pour chien durs comme la pierre. Ce sera mieux que rien, elle aura plus de chance demain. Peut-être.
time to met the devil
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Re: Until dawn
Mer 23 Déc 2020 - 21:46
Ah bah enfin !
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
- Yulia Iojov
The Exiles | Right Hand
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Re: Until dawn
Mer 23 Déc 2020 - 22:04
Je sais pas pourquoi, je me sens ciblée Good luck
Edit : Après début de lecture, sympaaa
Edit : Après début de lecture, sympaaa
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Re: Until dawn
Mer 23 Déc 2020 - 22:18
ce joli prénom
(re?) bienvenue, amuse-toi bien avec la belle Apple
Bon courage pour la rédaction
(re?) bienvenue, amuse-toi bien avec la belle Apple
Bon courage pour la rédaction
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Re: Until dawn
Mer 23 Déc 2020 - 23:09
Juste derrière moi ... really ???
En tout cas je croquerai bien la pomme ma très chère Apple
Re-bienvenue à toi avec la splendide krysten ritter
En tout cas je croquerai bien la pomme ma très chère Apple
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I Am The Messiah & A Sexy Boy, Not Your Boy Toy
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- Clayton Buchanan
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Re: Until dawn
Jeu 24 Déc 2020 - 0:03
Code règlement validé par mes soins pour cette merveilleuse référence de jeux vidéos
Et très bon choix de spot, y'a du beau monde paraît-il par là-bas
Re bienvenue ici et amuse-toi bien avec ta new môdame
Et très bon choix de spot, y'a du beau monde paraît-il par là-bas
Re bienvenue ici et amuse-toi bien avec ta new môdame
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