Re: Bad day × Katherine ;

La culpabilité est un fardeau incroyablement lourd à porter. Thais faisait son possible pour ôter quelques poids de ma conscience, et je lui en serai toujours reconnaissante. J’essayais quand même de voir la lumière au bout du proverbial tunnel, mais mon état catatonique rendait la chose difficile, autant pour la militaire que pour moi. Je devais faire un effort pour faciliter le processus. La militaire ne pouvait pas tout prendre ça sur ses épaules. Ses explications faisaient du sens, c’était sans équivoque. Mais aussi apaisants les mots pouvaient être, c’était comme mettre un pansement sur une jambe de bois. Je devais m’accrocher à cela par contre, car j’aurais tombé dans une spirale encore plus noire que celle où je suis actuellement.

Mais la belle brune savait comment me parler. Je l’ai toujours vue comme un modèle à suivre : toujours calme et forte. Sa discipline contrastait tellement avec mon style de vie un peu plus chaotique. Alors de savoir qu’elle avait aussi des moments de faiblesses, des doutes et des insécurités me rassura un peu. Nous sommes tous humains, tous pris dans ce même bordel, baignant dans cette merde apocalyptique. Elle avait raison, une fois de plus. Je ne devais pas m’isoler, du moins le moins possible. Après tout, c’est toujours plus facile de se sortir d’un ravin quand une amie nous lance une corde.

Quand Thais accepta de m’aider, je sentis un sourire s’afficher sur mon visage, l’un des premiers depuis que je suis revenue à l’ORB. La militaire serait ma corde, ma bouée de sauvetage pour me garder à la surface de cette réalité. Pour ça, j’allais lui être reconnaissante toute ma vie. J’allais lui en devoir une. Elle termina son verre d’un trait, puis s’en alla. Qu’avait-elle en tête? Je ne saurais dire, Thais était une femme qui avait son côté mystérieux. Sans doute, elle avait une idée derrière la tête. Elle revint quelques temps plus tard, puis pris ma main en m’indiquant de la suivre. Elle me parlait de me laver…je suis si dégoutante? C’est très possible…je devais être une épave crasseuse.

Je me levai, suivant Thais calmement, sans me débattre ou protester. La vapeur du bain chaud me frappa de plein fouet, d’un effet apaisant et calmant. Après quelques encouragements, j’ôtai mes jeans tâchés de sang et mon t-shirt en lambeaux. J’étais une fille assez réservée avant que tout ce chaos commence. Maintenant, il n’y a plus grand-chose qui me gêne. Le fait de me trouver en sous-vêtement devant Thais ne me dérangeait pas outre mesure. J’étais à l’aise avec elle, plus qu’avec quiconque d’autre.

Le contact de ma peau dans l’eau chaude me fit frissonner. M’installant dans la baignoire, tentant de relaxer le plus possible, j’entrepris de frotter les plaques de sang séché me couvrant le corps. Avec l’aide de Thais, qui m’inspecta sous toutes mes coutures, l’eau passa rapidement au rouge. Après quelques moments, qui semblèrent étrangement intimes, Thais me tendit l’un des peignoirs de Billy. L’Anglais m’aurait probablement achevé s’il en avait été témoin. La douceur du tissu me fit du bien, et je répondis au sourire de la militaire par un des miens.

- Je ne sais pas comment il fait pour porter ça en permanence.

Mon regard descendit vers mes jambes à découvert. Ce peignoir était évidemment un peu trop petit pour ma taille. Mais ça faisait quand même très bien l’affaire. Je laissai échapper un simple :

- Merci…vraiment.

Mon regard croisa celui de la brune.

- Tu en fais tellement pour moi. Je…je t’en dois beaucoup déjà.

Je me sentais toujours aussi mal, aussi coupable et aussi misérable. Mais au moins, j’avais une tête un peu plus présentable. Toujours avec le peignoir trop petit sur mes épaules, je fis quelques mouvements pouvant un peu faire penser à un top model sur une rampe, avec quelques difficultés vu mon état d’ivresse avancé.

- De quoi j’ai l’air? Sauf de m’être habillée dans la section enfant chez Dolce&Gabana?

Je sentais que nous avions fait un pas dans la bonne direction. Nous étions loin du but, mais il faut bien commencer quelque part.

Katherine s'enveloppa dans l'épais peignoir de Bill et se demanda comment leur patron faisait pour porter ça tout le temps. "Je ne sais pas non plus..." souffla Thaïs, amusée. Certes, pour sortir du bain, les peignoirs étaient confortables, mais en porter au quotidien, très peu pour elle. La militaire était soulagée de constater que son amie n'était pas blessée. Sur sa peau, il n'y avait pas de trace de morsure ou de blessure grave. La brune leva les yeux quand Katherine la remercia : "C'est normal.." Thaïs tenait vraiment à l'aider. Elle appréciait la jeune femme et la considérait comme une amie. C'était donc tout naturel qu'elle lui venait en aide. Elle n'avait pas de mal à se mettre à sa place. Dans les moments durs, il fallait pouvoir se raccrocher à une main tendue et elle ne doutait pas que si l'inverse se produisait, elle pourrait compter sur le soutien de Katherine.

Thaïs posa une main sur son épaule. "Tu ne me dois rien." dit-elle fermement. "On est une famille." Elle lui glissa un petit clin d’œil. "Et je suis vraiment contente que tu t'en sois sortie indemne.." lui redit-elle. Katherine était un atout ici en plus d'être une personne top. Les pensées de la militaire se redirigèrent vers Yue et Warrington mais elle chassa ses idées noires. Il fallait aller de l'avant maintenant, faire leur deuil. Elle s'interdit de regarder à nouveau en arrière. Elle ne devait pas se laisser aller, elle tiendrait bon, pour Katherine mais aussi pour Bill dont elle se doutait qu'il serait fortement impacté par toutes les pertes et départs que subissaient la faction depuis quelques temps.

Katherine fit quelques pas, tel un mannequin, légèrement alcoolisé vu sa démarche hésitante. "On dirait Bill en femme et en... plus petit, c'est... curieux..." gloussa-t-elle. "Mais tu es toujours la plus belle !" lui confia-t-elle avec un petit sourire. C'était vrai, Katherine était une très belle femme. Si Thaïs avait préféré la gente féminine, nul doute qu'elle aurait tenté sa chance elle aussi. Elle garda le sourire aux lèvres, contente de voir son amie réussir à plaisanter malgré les circonstances.

"Est-ce que tu as faim ?" lui demanda-t-elle après avoir vidé la baignoire remplie d'une eau rougeâtre. Elles se dirigèrent vers la cuisine. La militaire attrapa trois œufs des oies qu'ils avaient depuis quelques jours. "Une bonne omelette ! ça va te remettre sur pieds !" Elle cassa les œufs, les fouetta et disposa le tout dans une poêle. Une bonne odeur ne tarda pas à se répandre dans la petite cuisine. Thaïs n'avait jamais été une excellente cuisinière mais les omelettes, ça au moins, elle maitrisait. Elle s'occupa de saler et poivrer le plat avant de le tendre vers Katherine. "Mange, c'est un ordre !" lui dit-elle en faisant mine de froncer les sourcils.

Jeu 18 Mar 2021 - 15:16

Les routes sont longues, parfois difficiles à manœuvrer. Chaque survivant doit suivre sa route, mais il est si simple d’en dévier pour ne plus jamais la retrouver. Beaucoup de choses peuvent nous faire perdre le nord : nos perceptions se tordent, un poignard dans le dos que l’on ne peut pas enlever, une épine dans le pied que l’on ne peut pas retirer, une flèche empoisonnée en plein cœur, ou tout simplement les horreurs de notre quotidien. On dit que l’esprit se tord et se plie afin de résister aux horreurs de la vie. Dans mon cas, je crois que le miens a tellement plié qu’il a cassé en deux. Mais ce qui est détruit peut être reconstruit. Et c’est ce que Thais semblait vouloir faire avec moi, une étape à la fois.

Ce bain m’avait détendue. Bon, ça n’avait pas lavé mes cauchemars. Mais au moins je n’avais plus l’air d’une épave. Les mots de la militaire mettaient un baume sur certaines de mes plaies émotionnelles. Je suis bien consciente que sans elle, je serais probablement entrain de frôler le coma éthylique pour la cinquième ou sixième fois. Je doutais fortement que j’étais la plus belle, surtout ces derniers temps. J’avais laissé beaucoup de mon charme et de mon pouvoir de séduction dans cette rame de métro. J’avais perdu beaucoup de choses là-bas, dont mon appétit.

Je suivis Thais vers la cuisine, mes cheveux mouillés me collant au visage, profitant de la douceur du petit peignoir de Billy. M’assoyant à la table, elle entreprit de cuisiner une omelette. Est-ce qu’il y a quelque chose au monde que Thais ne sait pas faire? Quelle femme exceptionnelle! Je suis tellement chanceuse qu’elle soit dans ma vie. Non seulement elle fait tout pour me remettre sur pied, mais j’ai la chance d’apprendre tellement de choses, autant des petits détails simples que le maniement compliqué des armes de combat.

Mettant mon visage enivré dans mes mains, je laissai la douce odeur de cuisson des œufs chatouiller mes narines. Ça me rappelait de bons souvenirs. Une assiette se posa devant moi et, sous l’ordre et le regard faussement autoritaire de ma BFF, je pris ma première bouchée de nourriture depuis je ne sais plus combien de temps. C’était un délice, un vrai délice. Oui, c’était une simple omelette, mais on dirait un repas cinq services.

-Je savais pas que tu cuisinais. Tu as d’autres talents cachés comme ça?

Entre deux bouchés, je regardais la militaire des pieds à la tête. Je me dis que c’est une fille comme elle que mes parents auraient aimé avoir, pas une petite criminelle de seconde classe qui flash pour le premier beau gosse à problème qui passe dans l’Outback. Drôle de pensée, mais au moins, ça me changeait de ces visions horrifiantes qui me traversaient l’esprit sans arrêt.

-Et…et sinon? Qu’est-ce qui se passe chez les Bastards ces temps-ci? Est-ce qu’il y a du positif quelque part?

J’avais manqué beaucoup de choses non seulement depuis mon départ pour la traque, mais également depuis mon arrivée. Cet état catatonique m’avait fait rater sans aucun doute quelques évènements.

-Le plus important…toi comment vas-tu? Je veux dire…com…quels sont tes plans pour le futur? Tu t'occupes tellement bien de moi, mais tu es toute aussi importante.

Jeu 18 Mar 2021 - 16:47

Thaïs laissa échapper un petit rire quand Katherine lui dit qu'elle savait cuisiner. « Non, je ne sais pas, c'est juste une omelette. J'arrive même à louper la cuisson des pâtes » répondit-elle avec un petit sourire. « Des talents cachés ? Hmm.. » Thaïs fit mine de réfléchir avant de continuer sur un air malicieux. « Il parait que je suis plutôt douée au lit, que je sais faire les omelettes donc, que je sais toucher mon nez avec ma langue, que je fais plutôt pas mal les cocktails... » Sur ce dernier point, Katherine pouvait en être témoin, elle en avait déjà bu ensemble. Un nouveau rire lui échappa. « Tu en veux d'autres ? » La militaire essayait de détendre l'atmosphère, que Katherine se sente mieux elle aussi. « Ah si ! Je sais danser aussi ! » Merci à ses parents qui lui avaient imposé des cours de danse classique dès son plus jeune âge. Sa mère ne voulait pas qu'elle suive le chemin de son père et devienne militaire comme lui. « Et toi ? Je suis sûre que tu en as des tas ! »

La jolie blonde lui demanda s'il se passait de nouvelles choses au sein de la faction. Thaïs réfléchit quelques secondes. Est-ce qu'il y avait eu beaucoup de nouveautés ces derniers temps ? « Pas grand chose, je crois. On a des oies, je pense que tu as dû les entendre jacasser. Les oeufs sont là grâce à elles. Et des chèvres aussi, Reese en a adopté une, Bip elle l'a appelé, ou Peep. Je me demande ce que va lui dire Bill quand il va la cuisiner en steack. » Elle laissa échapper un petit rire. La militaire pouvait paraitre cruelle mais bon, le destin des chèvres était de finir en steack, point. Inutile de s'attacher à ses bêtes à 4 pattes.

Son amie lui demanda comment elle allait. Thaïs lui adressa un sourire rassurant. « Je vais bien. J'ai forcément été impacté aussi, par... » Son doigt fit un petit tour sur lui-même « Par tout ça. » Elle parlait du départ de Zola, de la mort de Warrington et de Yue aussi. « Je vais m'en remettre. » Elle n'était pas du genre à se laisser abattre de toute manière. Comme à chacune des épreuves que la vie mettait en travers de sa route, elle passait au dessus, même si des fois, ça pouvait être fatiguant et éprouvant. « Bill m'a proposé quelque chose d'ailleurs au vu des derniers évènements. » Son regard se posa sur la jeune femme devant elle. Etait-elle en capacité d'écouter ce que la militaire allait lui dire ? Pour Thaïs, c'était peut-être un moyen de lui remonter le moral, de lui promettre un avenir moins noir en pouvant devenir actrice elle aussi de leur combat. « Les Gentle sont un groupe de divertissement comme tu sais. On a une belle "façade", on dit du bien de nous, mais on doit pouvoir se protéger aussi. » Elle baissa le ton de sa voix. « Il m'a proposé de monter un groupe, l'arrière cuisine comme il l'appelle. Des individus qui travailleraient dans l'ombre de la faction pour surveiller ce qui se passe, écouter ce qui se dit en silence mais aussi être sûre que personne ne peut nous porter atteinte. » Elle s'arrêta le temps de laisser tous ses mots faire leur chemin dans l'esprit de la blonde. « On bosse plutôt bien toutes les deux. J'ai pensé à toi. Est-ce que ça te dirait de veiller dans l'ombre sur nos amis ? » Parce que c'était ainsi qu'elle voyait ce groupe. Ils feraient ce que les autres ne pouvaient pas faire car ça portait atteinte à l'image de la faction. Ils surveilleraient donc que tout aille bien à la cage et chez les Gentle en se salissant les mains si besoin.

Avec Thais, tout semblait si simple, si fantastique. Je me sentais calme, en confiance, en sécurité. C’était là un sentiment que je ne ressentais pas avec beaucoup de gens. J’avais beaucoup de relations professionnelles, respectueuses, voir presque amicales. Mais rien ne se comparait à cette connexion ‘’Ultra-BFF’’ que je sentais avec la militaire. Avec elle, on pouvait s’amuser, mais on pouvait aussi botter des culs. À vrai dire, je pourrais chanter ses louanges pendant des jours.

Une autre preuve vint lorsqu’elle m’énuméra certains de ses talents cachés. Sa mention de ses talents dans un lit me fit passer un frisson, je ne sais pas si c’était à cause de la quantité abusive d’alcool, mais cette mention fit le tour deux ou trois fois dans ma tête. Mais la suite, chassa rapidement cela. Pour les cocktails ça, c’était indéniable qu’elle avait un doigté magistral. Avalant ma bouchée d’omelette, j’essayai de toucher mon nez avec ma langue à quelques reprises, sans grand succès.

-Mais putain comment tu fais?

Après quelques autres tentatives infructueuses, j’acceptai avec joie une deuxième portion d’omelettes, que je dévorai avec un appétit que je semblais retrouver peu à peu. Soudainement, tout semblait moins noir. Ma catatonie semblait moins présente, tout me semblait moins dramatique. Je savais très bien que ça ne durerait pas, mais chaque instant paisible me rapprochait de la rédemption. Je n’étais pas à l’abri de rechutes, loin de là.

-Tu vas devoir me montrer ça tous ces talents-là, surtout la danse. Je veux absolument voir ça, même si c’est la dernière chose que je vois sur cette foutue planète.

Sa question me fit réfléchir un moment. Je ne savais légitimement pas quoi répondre. Je devais sûrement savoir faire quelque chose de bien. Entre deux bouchées d’œuf, je réfléchis.

-Je suis très douée pour me mettre les pieds dans les plats, tomber en amour avec les mauvaises personnes et me lancer dans quelque chose sans réfléchir.

Je sentais presque les yeux désapprobateurs de Thais sur moi. Je ne devais pas retomber dans le négatif et l’auto-apitoiement.

-Je suis très douée aux jeux de fêtes foraines, pour fuir les autorités, il parait que j’embrasse bien et je tolère l’alcool comme personne. Sinon, je suis pas trop mal aux échecs et je cours assez vite. Il faut bien que les grandes perches qui me servent de jambes servent à quelque chose non?

La conversation passa ensuite aux nouveautés au sein de la faction. Des oies et des chèvres? L’ORB s’est transformé en ferme? Mais en même temps, ça explique bien des choses. C’était presque mignon, mais une excellente idée au point de vue des ressources. Et mon repas en était un exemple parfait, encore une fois à ma grande satisfaction. Mais un moment de nostalgie me frappa, suivant un petit rire nerveux.

-Yue aurait détesté ces bêtes. Elle les aurait sans doute regardées avec son air rabat-joie habituel.

Mon soupir fut interrompu par la réponse de la belle brune sur son état général. Je l’écoutais avec attention. Je connais assez bien la militaire pour savoir qu’elle ne démontrerait pas trop de ses émotions. Elle a une carapace solide, elle est forte, elle a une volonté d’acier trempé. Si quelqu’un peut passer au travers de toute cette merde, c’est bien Thais. Mais la conversation passa rapidement sur Billy et l’une de ses ‘’majestueuses idées’’. Je me préparais au pire, connaissant le tempérament de notre Anglais préféré.

-Avec la Cage et les fêtes pimpantes qu’il fait, le mot divertissement est pas encore assez fort. Mais jusque ici, je te suis.

Cette ‘’facade’’ m’a toujours rendue un peu nerveuse. Mais ça m’a toujours permis d’étendre mes oreilles un peu partout, c’est particulièrement bon quand on cueille des renseignements. Pour ce qui est de la protection, c’est vrai qu’on doit quand même rester solide malgré notre apparence très détendue et fêtarde. Les deux mots sonnèrent drôle à mon oreille. L’arrière-cuisine? Drôle de titre à la première écoute. Disons que ça fait pas très badass de se surnommer comme un derrière de restaurant. Mais bon, Billy est Billy.

Outre son nom étrange, le concept est vraiment sympa par contre. Un petit groupe discret pour faire les sales besognes pendant que les fêtes battent leur plein et que le public est diverti. Tout ça afin que les Gentle Bastards aient l’air de gens corrects sous tous les points. C’est vicelard, c’est malsain, c’est sombre…mais ça me plait. Mon cerveau dilué dans l’alcool enregistra cette information. Mes yeux brillèrent lorsque Thais me révéla qu’elle avait pensé à moi.

-C’est vrai qu’on fait un duo de choc assez parfait. Et s’il faut travailler encore plus à tes côtés pour protéger notre famille, et Chris, alors je ne peux pas refuser cette offre.

Mais un petit bémol vint frapper mon cerveau, une petite onde noire dans une clarté qui était renaissante. Ma mine sombre revint.

-Mais tu devrais faire attention Thais, je porte la poisse. Les gens qui me côtoient de proche ont tendance à mal finir. Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi. Et en plus, je ne suis pas une très bonne combattante. Je fais pâle dans tous les domaines. Tu vas devoir m'apprendre plein de choses.

Je regardai la belle brune dans les yeux. Je sentais dans son regard qu’elle croyait vraiment en moi. Que cette foutue passe noire pouvait disparaître pour de bon. Que l’ancienne Katherine Baker pouvait revenir en force. Restait seulement à moi-même d’avoir la même conviction.

-Tu crois que ça peut marcher?

« Comme ça ! » Thaïs tira la langue et réussit à toucher son nez avec.
« Je crois qu'il y a que 10% de la population qui sait le faire, donc je suis chanceuse ou.. mal formée, je ne sais pas trop. » La militaire esquissa un petit sourire amusée. Bon, savoir toucher son nez avec sa langue, ce n'était quand même pas la compétence la plus utile possible pour la survie post-apocalyptique. Ce n'était pas avec sa langue qu'elle allait tuer du rôdeur. Elle laissa échapper un petit rire quand son amie lui demanda de lui montrer ses talents en danse. « C'est promis ! Même si je dois être rouillée, ça fait longtemps que je n'ai pas dansé ! » Surement depuis le début de l'épidémie, il y a plus de 5 ans. Après, c'était surement comme le vélo, ça ne s'oubliait pas, même si elle était peut-être moins souple qu'avant.

Thaïs hocha la tête quand Katherine lui dit qu'elle était douée pour tomber amoureuse des mauvaises personnes. « Check » Elle tendit sa main pour taper dans la sienne. Son ex-mari la battait, difficile de nier donc, qu'elle savait choisir parfaitement ses copains. « J'ai eu quelques déboires amoureux aussi. » Son dos gardait encore les cicatrices des coups que Marco lui donnait. « Réfléchir avant d'agir, ça s'apprend... » souffla-t-elle. Durant sa formation de tireuse d'élite, au sein de l'armée, elle avait appris la patience. Elle était assez impulsive avant, elle se lançait à corps perdu dans les combats et on lui avait enseigné à choisir le bon moment pour agir. « Je te montrerais quelques trucs si tu veux... » Elle n'était jamais contre enseigner ce qu'elle-même avait appris. Elle avait de la chance d'avoir un solide passé de militaire, alors autant le partager avec ses compagnons.

La brune écouta son amie. « Il parait que tu embrasses bien ? Ouuh, je veux voir ça... » Elle lui glissa un petit regard malicieux. A vrai dire, Thaïs n'en doutait pas, Katherine avait beaucoup de charme, nul doute qu'elle avait dû avoir une flopée de petits copains. La militaire observa son amie, en effet, vu les cadavres des bouteilles et verres qu'elle avait trouvé à côté d'elle tout à l'heure, Katherine tenait bien l'alcool, beaucoup seraient déjà couchés ou en train de vomir à cette heure-ci. « Bonne aux échecs ? Hmm, il parait que c'est utile pour faire de bonnes stratégies... Tu m'apprendras ? » Thaïs était certaine qu'elle trouverait un jeu d'échecs dans le bureau de Bill. Avec tout le bazar qu'il avait accumulé, un tel jeu devait forcément s'y trouver. « Et courir vite c'est indispensable aussi. On ne peut pas tout le temps se battre, la fuite est parfois la seule option possible. » Comme ce que Katherine avait vécu avec Warrington et Yue. Parfois, pour sauver sa peau, s'enfuir était la seule solution.

Les oies rappelèrent d'ailleurs l'asiatique à son amie. Thaïs se mordilla la lèvre, c'était certain que durant les prochaines semaines, chaque petit geste du quotidien, même banal lui rappellerait forcément la tragédie qu'elle avait vécu. Le deuil serait long, mais il faisait partie des étapes indispensables pour avancer. « Oui, Yue n'aimait pas grand monde, ni grand chose d'ailleurs... » La brune lui manquerait aussi, la militaire avait appris à l'apprécier, tout comme Warrington. Leur mort allait laisser un grand vide au sein des Gentle Bastards, tout comme la disparition de Zola et celle de Vaughn. Et, l'avenir leur réserverait probablement d'autres mauvaises surprises.

La militaire évoqua ensuite le projet de Bill, l'arrière cuisine, ce regroupement de Gentle qui agiraient dans l'ombre. Elle remarqua immédiatement l'étincelle qui s'alluma dans le regard de la jolie blonde. Thaïs secoua la tête en entendant ses craintes. « Ne t'en fais pas, je ne crois pas aux chats noirs. Tu ne me porteras pas la poisse, c'est certain. » la rassura-t-elle. La brune plongea son regard dans les yeux de son amie. « Oh oui ça marchera parce qu'on est un duo de choc, non ? Je te donnerais des cours de combat, on s'entrainera ensemble régulièrement, mais oui, je suis sûre qu'on formera une très bonne équipe. Je n'en ai aucun doute. » Thaïs lui glissa un petit clin d’œil. Et puis, elles ne seraient pas seules. La militaire comptait bien former un groupe complémentaire où ils pourraient tous compter les uns sur les autres. Chacun comblera les points faibles des autres ou renforcera leur point fort. Ils allaient former une équipe de choc. L'arrière cuisine ferait parler d'elle.