Quand j'finis d'donner mon aval pour participer à la sortie et aller chercher les autres, y en a d'autres qui s'portent volontaires, tant mieux, c'ce qui faut. J'peux pas déblayer tout un tunnel écroulé à moi tout seul et pis surtout si y a une chance d'les retrouver en vie faut faire tout not'possible pour essayer d'les récupérer. Sauf que j'ai pas l'temps d'continuer qu'Ruben continue d'se mettre en colère dans son coin, c'con-là va nous créer une guerre civile et pis j'tiens encore un peu trop au toit au-d'ssus d'ma tête pour accepter qu'on crève tous. Par contre, j'aime pas trop la vieille qui se permet d'faire des remarques sur les copains, même si on est pas les gars les plus proches d'monde, Ruben est quand même moins con qu'la plupart des gens dans ce fort alors je me rapproche pour prendre sa défense mais y a une autre vieille qui fait son intervention.

Ils commencent à m'gonfler avec leur histoire d'accepter les morts, ça m'gonfle même sévère jusqu'à ce que ça fasse allumer l'p'tite lampe d'mon cerveau qui commençait à sérieusement prendre la poussière, j'peux pas m'empêcher de lâcher une petite phrase : "Des candidatures, pas de volonté d'aller chercher les autres.." Et j'lui offre un clin d'oeil, qu'elle aille s'faire mettre, j'suis pas l'type l'plus sympa d'la terre, j'en ai rien à branler de trois quarts des types qui sont sous les cailloux mais si j'peux sortir Juliet et Nihima d'là j'le ferais ou en tout cas j'aiderais à l'faire. Pis l'autre vieille africaine, j'lui offre un doigt  discrètement en faisant bien en sorte qu'elle le voit, l'jour de la conscription c'la première que j'descends.

J'suis rendu grognon et y a une autre gamine qui s'pointe dans l'coin, une mini truc qu'j'met un p'tit temps avant d'comprendre que c'la p'tite à Selene qui s'adresse à Ruben, la pauvre gosse doit entendre d'puis vingt minutes que sa mère est mort et qu'il faut pas prendre l'temps d'aller la chercher.

Qu'ils aillent bien s'faire mettre, moi j'irais.

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Duncan, il a essayé pourtant. L'énervement avait réussit à redescendre d'un cran, jusqu'à ce qu'elle remonte en flèche. Je n'ai ke temps d'écouter personne, pensant évidemment à tout ceux perdus dans le froid à l'extérieur. Lorsque j'ai été séquestrée, ils étaient venu me chercher. Alors avec un enfant ou non dans le ventre, je ferais la même chose. Toujours la main sur l'épaule de Ruben, je tente de capter son regard pour le calmer, puisque je le sent bouillir de l'intérieur, prêt à exploser. Ce qu'il finit par faire.

Moi je n'ai plus rien à faire. Je me sent si désemparée face à la situation que je décide de m'effacer un peu pour observer la foule. La vision de Joey et d'Aurora me fait serrer la mâchoire, et j'essaye de ne pas y faire attention. Je continue d'observer, et analyser au mieux l'angoisse de certains, et l'inquiétude étrange que d'autres dissimulent assez mal. C'était le bon moment.

AHHH!! Criais-je en me tenant le ventre d'une main, puis l'autre appuyée contre le mur. Simuler une douleur pour moi ce n'était pas compliquée, entre mon état de femme enceinte et les cicatrices qui recouvrent mon corps. Sous certains regards que j'ignore, je me faufile doucement jusqu'à Abigail, sur qui je prends appui sans douceur. Abi.. Calme toi.. Lui demandais-je, le visage trempé de larmes. Je... Je ne.. Je ne me sent pas bien... Ramène moi auprès de Caleb s'il te plaît. Et je finis sur un dernier cri de douleur, qui me fait plier en deux.

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Les mots du chilien semblent avoir un effet, et si les tensions s’apaisent un chouia, c’est pour laisser place à des nouvelles bien plus sombres. Lisandro écoute les trois rescapés de l’expédition de sauvetage leur raconter plus en détails ce qu’il s’est passé. Si certains butent sur les mots, l’esprit du thanato est partagé entre croire ce qu’il entend et cette voix à l’intérieur qui le pousse à se dire que c’est impossible. Ils ne peuvent pas être morts. Il n’y a que l’agitation de sa fille blottie contre son cou qui l’empêche totalement de se déconnecter de la réalité. Il y avait des questions urgentes à régler, effectivement. Et en même temps, Duncan avait raison, l’heure n’était plus aux débats, rien de bon ne pourrait se décider ce soir, pas avec tous ces esprits échaudés.

Les trois survivants sont fébriles et visiblement éreintés par le voyage, le stress et le traumatisme vécu – à moins qu’il ne s’agisse d’autre chose ? Quand son regard se détourne pour reprendre un peu contenance, il croise celui de Teresa qui lui signale avoir quelque chose à lui dire. C’est sans doute la conversation de l’autre jour qui la travaille. Et si… ? Quand Duncan lui demande de s’occuper de ramener les trois complices à l’infirmerie, Lisandro hoche la tête. Il capte à nouveau Teresa, Soo dans les bras, et l’invite à se joindre à lui pour s’occuper de leurs traumatisés. Annabella dans toujours dans ses bras, il invite Albert, Vivian et Roman à le suivre, loin de l’agitation de la grande salle. Peut-être qu’avec un peu plus d’intimité et de calme, le chilien parviendra à obtenir quelques informations.

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Punk ? Que je m'offusque. Non mais elle va voir ! Faut pas m'le dire deux fois, ça ! T'as très bien compris c'que j'ai dit, vieille chèvre ! Fais pas comme si tu tombais d'ton nuage et que tu débarquais ic-

Mais j'suis coupé dans mon laïus quand une pression sur mon genou me ramène à la réalité. Je baisse les yeux, furieux, avant d'me liquéfier. C'est Effy qui m'a trouvé et qui fait redescendre immédiatement la colère. Le truc c'est qu'maintenant, c'est le chagrin qui remonte comme un tsunami après s'être retiré dans les terres. Bordel... J'me baisse et l'attrape pour la prendre dans mes bras :

Elle va bien, Effy, elle s'est juste perdue, que je lui souffle doucement. Ta maman est pas super douée avec une carte et une boussole pour retrouver sa route, mais t'inquiète, on va aller la chercher de toute façon, et j'esquisse un sourire qui se veut rassurant.

Je sais même pas si c'est vrai mais dans tous les cas, j'préfère croire ça, plutôt qu'ils ont fait en sorte qu'ils rentrent pas pour fragiliser le groupe. C'est horrible ce qu'il se passe. J'me contente de jeter un regard à Kaya, Joachim et Ashton, qui sont avec moi, et restés silencieux pour mes deux plus proches amis :

Les écoutez pas ok, ils disent n'importe quoi ? Isalin, Nihima et Isaac vont bien, j'en suis persuadé. On va même les retrouver, que je souffle au final. On devrait aller se préparer pour demain, parce qu'on en sera, c'est sûr.

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