résumé:

J’avais passé suffisamment de temps à ranger l’infirmerie et assister Nolan au retour de notre fugue pour savoir naturellement où chaque chose était placée. J’hochai la tête en réponse à Lisandro, avant d’indiquer à Roman de me suivre jusqu’au lit du fond où je le laissais s’installer. « Tu as mal quelque part ? » On devait commencer par là. Je n’étais pas médecin, mais il y avait des signes évidents à guetter.

« Ils n’ont pas eu le temps de te mordre, j’espère ? » Je tressaillis un peu à cette pensée. Et si mon père… ? Je restais un temps les yeux dans le vague, avant de revenir à la réalité. J’adressai un sourire d’excuse à Roman, qui ne perdura que quelques secondes avant de se transformer en grimace contrite. « Désolé… Je… » Je m’assis à mon tour en face de lui, le temps de reprendre un peu mes esprits. Si je réfléchissais trop, la peine allait me submerger. Je savais ce que j’avais à faire en vérité. Il fallait plutôt s’en servir pour obtenir la vérité. Il n’y avait qu’une faible chance qu’il ne soit pas encore trop tard. Je me tournai de nouveau vers Roman, avec une lueur d’espoir qui brillait à travers ce rideau de larmes à peine contenu. « Est-ce que… Tu as vu ce qui était arrivé à mon père ? Est-ce que tu penses que j’ai encore une chance de le revoir ? J’arrive pas encore à réaliser… Mais s’il revient pas, je serais tout seul. » Ma voix s’était réduite à un murmure étranglé sur ce dernier mot.

Je n’arrivais pas à me retirer l’idée que quelqu’un cherchait à faire disparaître tous ceux qui avaient contribué à la formation de ce camp, et la plupart d’entre eux étaient des anciens de la prison. Ma famille. Je ne savais pas si nous pourrions encore les sauver, mais s’il restait encore une infime chance de les ramener, je devais faire tout mon possible pour y arriver.

Spoiler:

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Et avant que le chilien ne puisse s’excuser de sa maladresse, c’est la cinquantenaire qui se redresse d’un bond et sort son arme, terrorisée et en colère, visiblement en proie à une crise d’angoisse des plus compréhensible. « Vivian, Vivian regarde-moi. » C’était important pour lui, à cause de la présence de Soo et de celle d’Annabella pas très loin. « Aucun d’entre nous n’a d’armes sur lui. Et surtout, on n’est pas là pour vous faire du mal, il n’y a personne d’autres que nous, ici. » D’un geste, le chilien enjoint Teresa à s’éloigner de Vivian en tirant Soo en arrière, pour protéger Annabella qui joue encore dans son parc. Laissant un peu plus d’espace à la femme en proie à la panique. Ces deux mains levées, il recule également d’Albert, pour les garder tous les deux dans son champ de vision. « On va prendre une minute. » Souffle-t-il, en quête d’inspiration. Déclencher une bagarre ici, lui semblait bien trop risquée.

« On… Ce n’est pas de vous qu’on doute. D’accord ? On a probablement perdu une douzaine d’entre nous, c’est un choc. La colère monte parce que vous êtes les trois seuls rescapés et que… enfin, personne n’ignore les conflits en internes qu’on traverse en ce moment. Réfléchis… Réfléchissez. » Il opte pour une semi-vérité, il essaye de convaincre Vivian – et les deux autres également – qu’il n’est véritablement là que pour essayer de comprendre. Il sait que ce qu’il dira aura un impact pour les trois rescapés. « Dans ce contexte compliqué, si les vôtres n’étaient pas revenus d’expédition et que seuls certains membres plus anciens de la communauté était rentrés en les déclarant morts. Que ressentiriez-vous ? Le doute. C’est vous qui nous accuseriez de ne pas tout dire. » L’argument semblait logique, valable. L’entendrait-elle de cette oreille ?

« Je ne suis pas persuadé que vous êtes coupables, nous… je cherche simplement à comprendre. » Et ça par contre, c’était la stricte vérité.

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J’hochai gravement la tête aux quelques paroles murmurées par Roman. J’aurais voulu en savoir plus, dans quelles circonstances, s’il l’avait vu de ses propres yeux… Mais quelque chose me disait que je n’obtiendrais pas plus de réponse de sa part. Soit il n’en savait réellement pas plus, soit il préférait garder le silence pour se protéger. Quoi qu’il en soit, la vérité ne ramènerait pas les morts.

Un cri derrière moi me sortit de ma torpeur. Je me retournai vivement en ouvrant de grands yeux ronds. Vivian ? Que se passait-il exactement ? J’ouvris la bouche pour les inciter au calme, mais aucun mot ne franchit mes lèvres. J’étais un peu désemparé face à cette situation qui nous échappait toujours plus. L’éclat métallique d’une lame me figea momentanément sur place, tandis que je m’étais redressé. Lisandro tentait de la rappeler à la raison. Soo la suppliait… Mais elle ne lâchait pas son arme qu’elle pointait résolument vers Teresa et eux.

C’était un vrai cauchemar. Je n’avais que quelques secondes pour agir. L’inciter au calme ? Je lui rappelais aussitôt ma présence derrière elle. Depuis le fond de l’infirmerie, j’avais une chance de la prendre à revers sans qu’elle me remarque et… L’arrêter. C’était dangereux. Est-ce que Roman ou Albert me trahiraient ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir. Je me glissai lentement dans son dos, pendant que Lisandro et Soo attiraient son attention. Je m’élançai ensuite vers elle dans l’intention de la plaquer au sol, ma main libre cherchant à attraper son poignet à temps avant que sa lame ne vienne chercher la chair.

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