Elle est là mon occasion ! Et bim ! Merci Farah, j'ai envie de l'applaudir mais je vais me contenter de plutôt river Denise au sol et la désarmer. Eloignant son flingue de ses mains, je le range à ma ceinture l'instant d'après et aide Farah à lui attacher les mains. Et pendant qu'on le fait, je relève la tête vers les autres : Faut pas qu'on la rende aux autres, faut qu'on la cache !

On a pas le choix, ma tête réfléchit à toute vitesse, et si c'est peut-être con, je peux pas me dire qu'on a une chance de les faire chanter eux aussi et qu'on pourrait passer à côté :

Albert et Marlon comptent sur elle, elle fait partie de leur truc. Déjà, elle sait ce qu'il s'est passé, toutes leurs magouilles et ensuite, elle peut nous servir de monnaie d'échange ! Je regarde Joachim, Farah et même Soo qui est forcément dans la confidence. Ils sont prêts à tout, ils ont des armes, ils sont p't'être responsable de ce qui est arrivé à Selene et Andrea, on peut pas la laisser partir quoi qu'il arrive ! Je souffle un coup : On peut la cacher, ici... Cette nuit, mais pas dans le mobile-home... Sous le mobile-home !

Un endroit où on a encore moins le réflexe de chercher. Enveloppée dans une couette, un baillon dans la bouche, et on en reparle après :

Et dès qu'on a le temps... J'ai une autre idée pour la planquer ailleurs, mais je vous la dirais pas, que je dis aux autres. Parce que s'ils se passent quelque chose, moins on est à savoir où elle est, mieux ça sera pour tirer avantage de la situation !

Je n’arrivais plus à réfléchir posément. Toutes mes forces étaient employées à aligner un pied devant l’autre. Je tentais tant bien que mal de compresser la plaie de mes propres mains, avec un succès tout relatif. Une fois à l’intérieur du mobil-home, je m’écroulai dans l’entrée, incapable de me relever. La chute m’arracha un râle de douleur, bien moins puissant que le précédent. Je n’avais même plus vraiment la force de crier. J’avais perdu trop de sang.

La voix de Ruben me sortit de ma torpeur, quand il m’appela de l’autre côté de la porte. J’écarquillai les yeux en me retournant vers la porte. Il… Il était là ? Avec Soo ? Je brûlai d’envie de lui répondre de me sortir de là. J’étouffais cet espoir fou qui venait à peine de naître. Non, non… Il ne devait pas rentrer. Denise m’intima de la boucler. Je m’exécutai, l’observant avancer vers la porte dans ce silence angoissant.

Je tournai précipitamment la tête en repérant une silhouette sur ma gauche, qui sortait d’une des chambres. Farah ? Je retins jusqu’à ma respiration, me faisant complètement oublier, quand elle me dépassa avec son arme improvisée pendant que Ruben faisait diversion. Tout se passa très vite ensuite. Le coup partit. En une fraction de secondes, Denise fut à terre et ligotée. Je poussai un soupir de soulagement, en reprenant subitement mon souffle. Je me laissai tomber en arrière, alors que tout commençait à tourner. J’arrivais à capter un mot sur trois de ce que Ruben disait. « Ben… » Ma voix était à peine un murmure, incapable de l’arrêter. « Ben ! »

Je relevai un peu la tête, dès que j’eus un peu son attention. « Marlon et les autres… Ils sont partis pour reprendre Nisqually de force. Ils sont une bonne quinzaine, armés de fusils, armes de poing. Ils ont des talkies aussi. » Ma voix se brisa un peu. Je me crispai. « C’est eux qui ont tué Andrea et les autres… » Je soufflai, dans une litanie : « Marlon, Denise, Louise, Albert, Roman, Daryl, Suzie, Scarlett, Emma, Vivian… Tous. Ils sont tous trempés là-dedans. » Et peut-être d’autres encore. Je me laissai retomber au sol. Je commençais à avoir des sueurs froides.

Spoiler:

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Farah... Je l'appelle alors qu'elle réalise avec colère - comme moi - qu'ils sont responsables de la disparition de ceux dehors.

On s'en doutait au fond, mais ça fait mal de voir qu'ils sont capables de vivre avec des gens et de leurs faire du mal comme ça. Ils les ont regardé droit dans les yeux pendant des semaines et voilà qu'ils leur plantent un couteau dans le dos. Ces gens qui font ce qu'ils peuvent, et qui tentent de préparer un avenir où ils se feront pas agresser tous les matins.

On va gérer ok ? Je m'occupe d'elle, que je lui assure fermement. Amenez Joachim à l'infirmerie, il a besoin de points... Et quand je jette un regard vers mon meilleur ami, il a l'air pâle. J'prends le temps de lui préparer un verre d'eau et de lui donner, ça lui fera peut-être un peu de bien. Si vous croisez Kaya, dites lui de venir ici pour m'aider à faire le ménage après mais, je reprends mon souffle et contenance aussi : Je gère, elle fera plus rien à personne, que je leur promets.