Les jambes encore tremblantes malgré sa position assise, Juliet balaye du regard les restes de Nisqually. Elle connaît à peine la moitié d’entre eux, et l’autre moitié fait figure de famille disparate, parfois un peu dysfonctionnelle. Pourtant, elle est heureuse de voir tous ces visages, qui font partie de son quotidien. 

La plainte de Joachim attire cependant son attention et elle fronce les sourcils, observant un peu plus attentivement son front moite de sueur. Mais avant qu’elle ait le temps de s’approcher, Soo se met à vomir un flot de paroles étourdissantes. Parmi toutes ses questions, la blonde en attrape néanmoins une au vol.

- Andrea n’était pas avec nous… Il n’y avait que Selene, Nihima, Raina, Corray et moi, dit-elle en ravalant sa culpabilité.

Puis elle fusille Ashton du regard alors qu’il évoque la mort prochaine de Joachim, et secoue la tête. Elle ne s’attendait pas à trouver Nisqually en pleine révolution en s’échappant de sa prison. Mais ne serait-ce qu’au vu de l’état de son cadet, elle sent une infime partie de sa culpabilité s’envoler. 

A nouveau, elle lance un regard mauvais à Kaya lorsque celle-ci s’offusque de la voir seule. Elle ne lui fera pas l’honneur de lui répondre. Sa décision n’a rien eu de facile et elle la regrette déjà suffisamment. 

L’éclat de colère de la jeune lakota achève d’agacer Juliet. Mais elle reste silencieuse, laissant Ruben porter secours à Denise et se déclarer son protecteur. Elle se tourne vers Janek lorsqu’il la questionne, et hausse les épaules. 

- Aucune idée. Betsy ? dit-elle doucement en jetant un coup d’oeil à la rousse.

Spoiler:

La blonde ne s’attarde pas sur l’idée d’un évadé, et d’un corps retrouvé. Elle préfère ne pas penser au pire. Puis elle tourne à nouveau le regard vers Joachim, qui semble délirer. Anxieuse, profondément inquiétée par son état, elle fronce les sourcils en le voyant réclamer l’aide d’Ashton pour se lever et quitter le salon en direction de la chambre. Peu à peu, plusieurs d’entre eux se mettent à fouiller les lieux et dénichent de quoi tenter un pansement sommaire. Déterminée, elle rassemble les compresses, le scalpel, l’alcool et le scotch. 

Elle adressa un sourire reconnaissant à Janek lorsque celui-ci force son petit frère à se rasseoir. D’une oreille distraite, elle écoute la conversation qui se poursuit, effleurant d’un geste tendre la joue de Joachim. 

- Ca va aller, d’accord ? Je vais te faire un pansement, mais ça va piquer un peu, murmure-t-elle avec un sourire d’excuse.

Puis, après lui avoir ôté son pantalon et inspecté la blessure, l'infirmière entreprend de désinfecter son scalpel pour la plaie, avant d'exciser le pus.

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J'suis exaspéré quand Kaya prend la parole, horrifié quand elle assène un coup à Denise et qu'celle-ci s'écroule. Bordel, c'te gamine est une p'tain de dégénérée, j'ai jamais vu ça. Heureusement Ruben vole à son secours et réussit à la réveiller dans le silence de mort qui s'est installé pendant un instant, j'fusille Kaya du r'gard, c'te fille a décidément rien dans l'cerveau heureus'ment qu'sa mère est pas comme elle sinon j'en aurais buté une d'puis longtemps. Ruben s'énerve à juste titre, l'gens font n'importe quoi avec elle, ça en d'vient fatiguant.

C'est ce moment-là qu'choisit Joachim pour donner signe de vie, y s'relève tant bien qu'mal et j'suis obligé d'l'empêcher d'tomber, il veut aller quelque part, dans la chambre, j'l'emmène et il a l'temps d'récupérer quelques trucs sans vraiment d'utilité, j'l'observe sortir tout ça pour le donner à Soo avant qu'Janek intervienne pour l'aider à s'réinstaller sur le canapé, l'pauvre gamin va mourir s'il continue comme ça.

J'écoute Ruben ensuite, la voix d'la raison comparé à ceux qu'écoutent rien d'toute évidence, pis j'le dévisage quand il nous annonce qu'y faut tuer personne, j'hausse les épaules. "J'crois pas qu'ils nous laisserons forcément l'choix." C'tout c'que j'ai à dire alors j'me recule et avant que Serena ne semble s'intéresser aux balles de ping-pong j'en pique une discretos pour la regarder, merde, j'comprends pas c'qu'elle raconte comment ça peut marcher même pour des fumigènes, faut qu'j'vérifie si ça rebondit, j'regarde la p'tite Soo devant avant de lancer la balle pour qu'elle rebondisse pile poil sur l'arrière de sa tête, p'tain j'suis vraiment trop bon, j'récupère rapidement la petite balle qu'a roulée pas trop loin de moi, tirant la langue à la p'tite chinoise avant d'la remettre à sa place, si Serena veut la récupérer. "J'comprends pas comment on va pouvoir utiliser des fumigènes avec ça, c'est trucs rebondissent tellement ça me paraît infaisable."

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Je n’étais pas vraiment en état de suivre une conversation. J’avais trouvé un peu de tranquillité dans la chambre à défaut de fringues à me mettre, même si je ne me souvenais pas avoir posé ma tête contre l’armoire dans laquelle j’avais fouillé avant que quelqu’un ne me soulève du sol en m’attrapant par le bras. Je me crispai un peu, prêt à me débattre pour m’échapper de cette prise, quand je reconnus Janek. Merde… J’avais peut-être oublié pendant dix secondes où on était, encore. On n’était plus à Nisqually.

Je m’étais laissé retomber dans le canapé, sans plus chercher à bouger. J’avais l’impression que toutes mes pensées étaient focalisées sur une seule chose : J’avais mal. Je tremblais de froid. Je me demandais combien de temps encore, avant que ça s’arrête pour de bon, quand une main vint effleurer doucement ma joue. Je rouvris un peu les yeux. Je commençais à voir flou. « … Juliet ? » C’était arrivé. Je devais être mort, en fait. Alors pourquoi j’avais encore mal ? « Je suis désolé, Juliet… » Je ne savais pas pourquoi je m’excusais. Ca me semblait juste important de le faire maintenant. Parce que mon père était mort, et que c’était un peu le sien. Parce que j’avais eu une occasion de faire payer le responsable, mais que j’avais plutôt choisi de fuir pour tenter de les prévenir… Et parce qu’elle était morte, elle aussi. « J’aurais dû être là pour toi. » C’était sans doute la vraie raison. Elle avait dû affronter ça toute seule. Je l’avais laissée partir.

Mais Juliet, elle, ne comptait pas me laisser partir.

Je sortis de ma torpeur avec violence, en sentant une lame triturer à nouveau mes chairs. Je poussai un puissant cri de douleur avant de tenter de m’y soustraire en me débattant fortement. J’avais mal, mal, mal !

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« Réveille-toi ! »

Lorsque Denise s'effondre et se fige, la surprise se joint à la frustration. La lakota recule de quelques pas pour laisser le champ libre à Ruben. Elle se laisse simplement tomber sur une chaise et observe sa main tremblante, couverte de sang. Et pourtant elle n'arrive pas à regretter cette violence qu'elle estime pour le moins légitime. « Comme tu veux... » répond-t-elle à la mise en garde de Ruben. S'il préfère prendre le parti de cette traîtresse plutôt que celle de son amie, elle n'a pas pour autant la force ou l'envie de s'en prendre à lui.

Elle a déconné. Et elle le sait. Denise leur est plus utile vivante que morte. Kaya recroqueville ses jambes contre sa poitrine et les entoure de son bras. Elle se ferme ainsi à son entourage. Et si elle fait malgré tout de son mieux pour rester connectée aux diverses conversations qui parviennent à ses oreilles, elle peine à voir plus loin que le bout de sa haine. Shawna la réprimande. Elle se contente d'un regard d'avertissement en guise de réponse. Ce n'est pas le moment !

Et puis elle suit des yeux Joa' lorsque ce dernier puise dans ses forces pour se relever. Elle s'apprête à se porter à son aide mais Ashton la devance. Alors elle se pose en simple observatrice tandis que son estomac continue à gargouiller. L'adolescente remercie Soo d'un petit signe de la tête lorsque cette dernière lui amène un verre d'eau. Elle observe, inquiète, Juliet s'occuper de la blessure de son ami. Mais elle n'ose plus réellement intervenir. Tout au plus jette-t-elle un regard éteint à ce talkie que la gamine vient de trouver.

Les autres semblent d'accord sur la nécessité d'un léger détour par Nisqually pour s'équiper. La lakota ne voit pas ça autrement que comme une perte de temps. Pourtant elle le garde, son avis. Elle est en minorité et se retrouve, impuissante, à dépendre de la motivation des autres. Car elle le sait bien, Kaya, qu'elle n'arrivera pas seule à libérer les prisonniers de New Eden.

Il y a finalement ce cri qui la fait bondir de sa chaise pour se précipiter au chevet de Joa'. Elle fait de son mieux pour le plaquer contre le lit en exerçant une pression de sa main sur son épaule. Et puis elle finit par glisser le manche de son tomahawk entre ses dents. « Mords là-dedans ! Ca va aller ! » assure-t-elle. Elle écarte avec délicatesse l'une des mèches trempées du visage de son ami. « Isa' adore les cicatrices ! » Ou plutôt, elle les adorait.

Il y a enfin ce moment où elle éprouve la sensation d'étouffer. Les idées volent dans tous les sens mais les minutes continuent de s'écouler. Et avec elles, la chance de revoir un jour leurs proches vivants. « J'vais prendre l'air ! » lâche-t-elle simplement en se dirigeant vers la porte. « Faites-moi signe quand vous aurez retrouvé votre courage ! » La porte claque dans son sillage. Peut-être un peu plus fort qu'elle l'aurait souhaité.

le p'tit résumé sympa:

Après avoir fait sortir le pus de la plaie, Juliet s’empresse de désinfecter une nouvelle fois l’incision. Dents serrées, elle reste sourde aux plaintes de Joachim. Elle ne peut pas se laisser attendrir et arrêter maintenant. Cela signifierait probablement sa mort, lente et très, très douloureuse. Elle refuse de voir cela. Pas alors qu’elle ignore quel sort a été réservé aux autres après son départ. Elle ne le supportera pas.

Kaya se rue sur le jeune homme pour le plaquer contre le canapé et l’empêcher de bouger, de se débattre. D’un regard rapide, l’infirmière remercie la jeune fille. Puis la laisse partir sans un mot lorsqu’elle se lève et quitte la pièce. Elle n’a ni le temps, ni la volonté, de gérer sa crise d’angoisse. Concentrée, elle achève le pansement, plaquant la compresse sur la blessure et enroulant la cuisse de son petit frère avec le gros scotch. C’est un bandage de fortune, peut-être assez miséreux pour convaincre les occupants du camp de les laisser entrer.

Se laissant tomber par terre, elle prend un instant pour souffler et réfléchir à la discussion, qu’elle a écouté d’une oreille. Le plan ne lui paraît pas mauvais. En vérité, elle va même y ajouter son petit grain de sel.

- J’aimerais venir avec vous, si vous êtes d’accord… Voir quelle tête ils tirent devant une revenante...

Car après tout, elle ne sait toujours pas comment Oliver et les autres ont su où les trouver. Où les attendre, peut-être. Elle doute qu’ils aient fait le pied de grue cachés sur la route quittant Nisqually, à guetter le moment où leurs cibles quitteraient la sécurité de l’enceinte. Elle-même n’était qu’un dommage collatéral, mais les autres étaient clairement visés. Et pour Juliet, il n’y a pas de hasard.

- Et peut-être qu’ils décideront d’aller sauver tout le monde...

Elle inclut évidemment le groupe partis à leur recherche, refusant en bloc leur mort.

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