« Je n’ai vraiment pas à m’en faire, non. Les médecins, ici, sont très qualifiés et à l’écoute ! C’est vraiment rassurant. » Hokulani et Oakley me suivent depuis le départ et je n’ai aucune crainte à avoir. Casey a été très bien suivie, elle aussi. Tout s’est bien passé pour elle à la naissance d’Esther, alors je n’ai pas de mouron à me faire. Même si, j’en suis certaine, ça doit être plutôt impressionnant et intense comme moment.

Lorsque Valentine se met à rire suite à sa remarque, je ne peux m’empêcher de sourire. La française me gâte beaucoup quand je viens ici, d’autant plus depuis le début de ma grossesse j’ai l’impression. Mais ses plats sont si excellents… Comment pourrais-je refuser ? C’est comme les gâteaux que Nathan me prépare de temps en temps… Faut dire que je ne me prive pas tellement. Oakley m’a rassurée en me disant que je n’avais pas pris trop de poids et que je pouvais continuer à manger normalement, même un peu plus… Une chance avec toutes ces envies que j’ai développé ces dernières semaines. « Entre les pâtisseries de Nathan et tes plats délicieux, je suis certaine que ce sera un fin gourmet ! » Je compte bien transmettre ça au bébé d’ailleurs. Le goût des bonnes choses, des plats français… Paris me manque, décidément…

Tout en aidant la française, nous poursuivons sur notre discussion. C’est un moment agréable qui me permet de souffler un peu. Cela me rappelle à quel point j’apprécie passer du temps avec elle. Cuisiner fait également partie de mes plaisirs et c’est une chance de pouvoir apprendre plein d’astuces en sa compagnie. « J’adore m’occuper d’Esther, oui… J’imagine que ça m’aidera à m’occuper du bébé quand il sera là. Et puis, Casey m’a donnée plein de conseils sur la grossesse, et l’accouchement aussi. Ça ne m’inquiète pas vraiment… » Mes inquiétudes et mes angoisses du début se sont vite envolées au cours des longues discussions que nous avons eu toutes les deux. Le fait qu’elle soit enceinte, en même temps que moi, nous permet de vivre ça ensemble… C’est une réelle chance, je crois… J’imagine que nos parents auraient été heureux et fiers… Malheureusement, ils ne pourront pas partager tout ça avec nous…

A la dernière question de Valentine, je la regarde quelques instants avec une légère moue. Avec le pâtissier, nous avons pris le temps de réfléchir, d’en discuter ; malgré la séparation. Le fait que Nathan s’implique déjà autant est vraiment rassurant mais ce n’est pas pour ça que nous avons réussi à nous accorder. « Avec Nathan, nous avons plusieurs idées… Mais c’est difficile de s’accorder. Lui aimerait un prénom français, moi italien… Alors pour l’instant, nous n’avons pas encore réussi à nous mettre d’accord. Pour une fille, nous avons retenu, Clara ou Laura… Et pour une garçon, Luca ou Rafael. »

Valentine hocha la tête pour approuver ce que lui disait Madisson. Il était certains, sans l’ombre d’un doute, qu’il était préférable d’accoucher entre les murs de leur communautés plutôt quand les rues de Seattle. Il était difficile d’en douter. Dans tous les cas, si la française devait un jour suivre dans les pas de Madisson, elle préférait autant ne pas avoir à serrer les dents sur une cuillère en bois et accoucher au milieu des arbres.

Madisson est certainement l’une des rares personnes avec qui la français s’entendait réellement bien. Sans être dans le besoin de trop en faire, pouvoir parler français avec l’américaine lui rappelait d’excellent moment, surtout en cuisine où elle avait apprit à cuisiner avec sa mère. Les français étaient bien connus pour une chose c’était avant tout repas de pouvoir en parler en long en large et en travers. Il n’était nécessaire de se demander s’ils savent cuisiner ou non, ils trouveront toujours un moyen de pouvoir mettre leur grande discussion autour de leur nourriture à profit dans un restaurant ou chez quelqu’un qui savait réellement cuisiner.

« Je me suis toujours dit qu’il était au moins préférable d’avoir un repas correct quand on faisait affaire à June. » affirma t-elle sur le ton de l’humour, même si elle y croyait un peu, voire beaucoup. Il n’était nécessaire de faire un dessin ou d’ouvrir un mode d’emploi, sa compagne n’était pas comme qui dirait l’ange de la maison. Cette pensée la fit sourire en imaginant June tenter de jouer les parfaites maîtresses de maison robe et tablier avec un sourire colgate comme marque de fabrique. Pour le bien de chacun, et pour son propre bien il était préférable que la chose qui se rapproche le plus de l’ange de la maison, surtout du côté des fourneaux soit Valentine. « Et à l’occasion s’il y a du rab pour les pâtisseries, je ne dis pas non. » continua t-elle en souriant.  Le sucre, n’en avait jamais raflé, que ce soit bonbons ou sucreries, elle n’était pas de celle à qui cela manquait. Mais elle devait avouer qu’elle paierait cher pour un quatre-quart, ou des navettes provençal à la fleur d’oranger. Rien de d’y penser, elle en avait l’eau à la bouche.

« Ce sont des beaux prénoms en tout. Il me semble que ma mère a changé d’avis au dernier moment, préférant Valentine à Hortense. » fit-elle songeuse, s’imaginant s’appeler Hortense. Elle était passé à côté d’un sacré panel de prénoms, le choix s’était porté sur Valentine, comme une évidence.

« L’avantage est que tu pourras changer jusqu’à satisfaction, la disparition des actes de naissances officiels aura au moins cette avantage là.  »

Valentine enfourna les chaussons au four. Elle ne se tenterait pas d’appeler Calzone de peur d’hérisser les puristes italiens. Elle préférait autant que le nom des créations du jour reste assez obscurs. Tant que le goût était là, c’était bien le principal. Le tout serait servi avec de la salade, un verre de rouge n’aurait pas été de trop, mais elle devront se contenter d’eau pour aujourd’hui.