« Putain d'enfoirés ! »

L'insulte claque pourtant avec un soupçon d'admiration. Le trio s'est brièvement interrompu lorsque un container a été déposé près d'eux, au niveau de la zone d'entraînement. Les abominations qui en sont sorties, casquées comme les chevaliers d'autrefois, provoquent à la fois l'intérêt et le dégoût de l'australienne. « Pourquoi on a pas pensé à ça ?! » C'est... du génie ! Du pur génie ! Parce que clairement, sans armes à feu, ils vont sacrément galérer pour régler leur compte à ces saloperies. Et comme l'extrême majorité de la population de Fort Ward n'ont que des armes blanches...

Le talkie de Luke se met alors à crachoter une voix parfaitement reconnaissable. « June... » souffle l'adolescente, gonflée de soulagement. Et la voici qui se retourne pour présenter ses mains attachées à Luke. Car cette fois, il va bien la libérer hein ? La Boss demande expressément des renforts. Les avions qui ont survolé le camp ont semé la mort et la désolation. Et elle sait se battre. Même le rappeur, qui semble incapable de faire preuve de bon sens, aura compris qu'elle peut être utile.

Loupé !

Il la pousse à nouveau en direction de l'abri le plus proche, la gratifiant d'un gamine supplémentaire. Et elle a bien compris maintenant qu'il était sérieusement entêté. Si l'adolescente hésite alors à fuir en entraînant Enzo avec elle pour aller se battre, elle se souvient aussi de la menace que le rappeur a proféré à son encontre : il n'hésitera pas à lui tirer une balle dans le dos. « Bah tu sais quoi, Luke ? Quand tu seras bien dans la merde j'espère que tu t'rappelleras que j'aurais pu t'aider ! » maugrée-t-elle, amère. « Bon courage avec les Daft Punks ! » Et oui, elle se dirige vers l'abri. Peut-être que K' s'y trouve, d'ailleurs. « Ouvre la marche, toi ! » grogne-t-elle à l'intention d'Enzo. Elle ne compte certainement pas tourner le dos à un rouquin soupçonné d'être un fidèle de New Eden...

le p'tit résumé sympa:

« Hein ? »

Elle s'étonne un peu naïvement lorsque Enzo la traite de sale pute, Zelda. Elle a tout juste le temps de froncer les sourcils que déjà le roux est sur elle et lui décoche un coup de boule. L'adolescente recule d'un pas ou deux en titubant puis tombe lourdement sur le dos, sonnée. Le rouquin en profite pour se jeter sur elle et écraser son genou sur sa gorge. Et très vite, ses poumons s'enflamment tandis qu'ils réclament désespérément leur pitance en oxygène.

Le regard des deux adversaires se croisent. Celui de l'australienne se nimbe de crainte tandis que les secondes s'écoulent lourdement et qu'un voile sombre vient obscurcir son champ de vision. Ses mains tentent de rompre la pression qui écrase sa trachée. Et puis à défaut d'y parvenir, elle écrase sa genou dans l'entrejambe du rouquin. De quoi lui offrir suffisant pour rouler sur le côté, en toussant, tandis qu'Enzo recule un peu, vacillant.

Et voici les deux adversaires qui se redressent sur leurs appuis en même temps pour se faire face. L'australienne est ensuite la première à se ruer à l'assaut du rouquin. Elle le saisit par le col et écrase son front contre celui de l'indélicat. Retour à l'envoyeur. C'est à son tour de se retrouver sur le dos, emporté par la surprise et la masse de la gamine. « Et celui-là ? Tu l'as senti ?! » vocifère-t-elle en cherchant appui sur la trachée de son adversaire. « Hein ?! TU L'AS SENTI ?! » Elle est emportée par une rage légitime, elle-même sublimée par la frustration accumulée au cours des derniers jours. Elle veut le faire souffrir. Non. Elle veut le tuer.

Emportée par l'adrénaline et l'instinct, malgré tout consciente qu'elle ne peut pas rivaliser avec la force de son adversaire, Zelda s'abandonne à l'urgence. Appeler Luke ? Elle n'y pense pas une seule seconde. Le monde se résume à Enzo et elle. Et la voici donc qui se penche d'un geste bestial vers l'avant pour enfoncer ses crocs dans la gorge de l'homme. Un liquide chaud inonde sa bouche et ruisselle sur la peau du rouquin. L'adolescente accentue la pression, insensible aux hurlements glaçants qui lui vrillent les oreilles. Encore. Encore. Et encore. Jusqu'à ce que sa mâchoire se referme complètement et malgré les spasmes vigoureux de sa proie.

Lorsqu'elle se redresse, c'est pour recracher la masse de chair sanguinolente arrachée à son agresseur. Elle éructe, manque de vomir mais parvient tout de même à lâcher un « 'Culé, va ! » à l'imbécile qui se vide de son sang. Tremblante, presque absente, l'australienne se dégage péniblement de ce corps dont les convulsions s'estompent peu à peu. Le bas du visage inondé de ce sang impure qui se mêle au sien, elle cherche Luke du regard. Et vu la tronche de l'intéressé, il n'a pas l'air très enclin à la féliciter. « C'est lui qu'a commencé... » grogne-t-elle avant de se pencher sur le côté pour vomir un flot de bile.

La voici qui finit par lever ses mains dans la direction du rappeur, lui demandant en silence de bien vouloir lui rendre - enfin - sa liberté.

le p'tit résumé sympa:

Depuis que les ogives avaient explosé les arbres et torpillé le sol à moins d’un mètre d’elle, June avait le cœur qui battait violemment. Depuis six ans, elle avait connu des scènes de massacre, même si c’était loin d’être son environnement de prédilection. Le lycée Garfield, Bellevue, le banquet. Mais rien n’était comparable à ça. La dernière fois que des vivants avaient attaqué Fort Ward, c’était par une poignée de pilleurs marins qui avaient tôt fait de se heurter à la force militaire du camp. Aujourd’hui, ils subissaient une offensive digne des guerres d’avant. Jean taché de terre et écorce plein les cheveux, dont le chignon se défaisait, elle avait poursuivit vers un abri, jusqu’à ce que l’hélicoptère passe au-dessus de sa tête. Là, elle avait donné l’appel, ordonné aux deux scientifiques d’aller se planquer puis avait pris les devants.

- Luke, je suis à proximité de l’élevage, à l’Est de le parc d’entrainement. Vous avez évacué la prison ? Son poste était là-bas au début de l’attaque, Luke ?

Pas de réponse. Elle rattacha l’appareil à sa ceinture et courut. Dans ces bois, il y avait plusieurs abris mais pour l’instant, elle ne pensait pas aux survivants littéralement sous ses pieds qui se cachaient en ignorant le pire. L’avocate atteignit le conteneur quand il achevait de vomir ses chimères. Elle se figea. Ça faisait froid dans le dos. Ces charognes « améliorées » avaient été plus déshumanisées encore que si elles n’étaient que des cadavres ambulants.

Le talkie lui renvoya la voix de Levi, annonçant son arrivée. C’était une bonne chance, même si ça avait aussi attiré l’attention des morts sur elle. Une bonne poignée bifurqua dans sa direction, et elle n’avait rien d’autre que son couteau de combat pour faire face. L’abri dans lequel ils avaient entreposé une grosse partie des stocks – dont les armes lourdes – n’était pas loin, mais ces choses auront le temps de se disperser…

- June à Levi, répondit-elle en s’éloignant en trottinant, je suis pas loin de la réserve, les armes lourdes sont là, mais les rôdeurs se dispersent dans les bois. Faites très attention, ils ont été… modifiés, on ne peut pas leur tirer dessus.

Maintenant, leur échapper sans les attirer vers le stock…

Spoiler:

Plus tard, trancha sèchement Levi en jetant un regard assassin à Sean : Attache ta ceinture, ordonna-t-il alors qu'il reprit. Levi à June : Essaie de les rassembler au même endroit pour en avoir le maximum possible, fit-il à la rouquine, qui était sur place et qui pouvait donc lui donner des informations.

Ils quittèrent la route pour s'engager à travers bois, droit devant. D'un habile coup de volant, il fonça droit devant, slalomant entre les troncs et un premier cadavre qu'il évita de justesse. Mais l'israélien n'eut pas le temps de vraiment esquiver le suivant qu'il se mangea de plein milieu. Il aurait aimé que le corps passe par-dessus le véhicule, mais le casque métallique vint perforer le pare-brise. L'homme comprit alors de quoi il était question quand June disait qu'ils étaient différents. Levi garda les deux mains sur le volant, quand plusieurs insultes lui échappèrent dans sa langue natale.

Le pire fut qu'il n'eut pas le temps de freiner, ou de porter la main à son arme pour s'en occuper. Ne pouvant pas tout faire, l'homme chercha à le faire tomber, mais il fallait pour ça le déloger de sa position et il lui était impossible de le faire seul. Merde, merde, et re merde ! Alors que les mains osseuses de la créature l'agrippèrent, il savait qu'il allait en chier. Mais le plus urgent était d'épargner Adrienne et Sean.

Spoiler: