Spoiler:

« Des bombes ? »

L'exclamation désabusée de l'adolescente est toutefois nimbée d'admiration. Parce que même si elle compte bien dynamiter tous les New Eden de ce foutu continent, Zelda doit bien admettre qu'ils ont de la suite dans les idées. « C'est plutôt classe ! » Elle hoche la tête d'un air appréciateur. Fort Ward devrait s'en doute s'en inspirer. Et elle parie d'ailleurs que les esprits dérangés du camp, Voldefried en tête, auront bien noté l'intérêt d'user de ce style de cadavres.

Et puis au fil du temps et au rythme du crachotement des talkies, un plan semble être mis en oeuvre. Attirer les rôdeurs dans un endroit dégager et attendre le feu d'artifice. Ouais, ça semble plutôt sensé. Seulement Luke et l'australienne n'ont pas vraiment de véhicules et ne peuvent pas rivaliser avec les klaxons qui commencent à hurler dans le camp. Ils voient passer un véhicule - est-ce foutu Levi à son bord ? - puis échangent un regard : « J'vais essayer d'retrouver June ! » Elle a annoncé qu'elle atteignait la zone d'entraînement alors elle doit forcément être dans les parages, pas vrai ? « Faut qu'on protège la reine ! » Parce que si Fort Ward ressemble désormais à un colosse aux pieds d'argile, il n'est que plus urgent encore d'en protéger la tête pensante.

Mais encore faut-il la trouver... « Tu peux demander où elle s'trouve ? » Elle pourrait tout aussi bien tenter de voler le talkie du rappeur mais ça lui prendrait du temps. Et ça n'arrangerait pas forcément son cas, en prime. « S'il-te-plaît ? » ajoute-t-elle sur un ton plus conciliant. Sinon tant pis, elle se débrouillera. L'improvisation, c'est sympa aussi !

le p'tit résumé sympa:

Son talkie se manifesta encore, alors qu’elle en était toujours à réfléchir. Que pouvait-elle avoir oublié ? A quoi devrait-elle penser ? Y avait-il un autre choix que de laisser les bombes exploser ? Les désamorcer n’était pas possible – pas le temps, pas le personnel, et trop risqué. La voix de Luke demandait où elle était. Elle répondit rapidement :

- Abri de stockage des armes. Trente mètres au nord Ouest de l’enclos de l’élevage, l’arbre est marqué par un…

Elle s’interrompit. Le râle d’un rôdeur dangereusement proche la fit lâcher le bouton du talkie. Elle n’était pas bien grande, mais cette charogne était particulièrement large et haute. La rouquine se leva d’un bond, tira sa fidèle lame de l’US army de son étui, mais le cadavre était sur elle. Il se jeta en avant, presque littéralement. Son poids la fit basculer, ils se retrouvèrent au sol à lutter. Ce casque était une sérieuse pénalité, il heurta même le front de June, la sonnant à moitié.

Son bras gauche coincé sous la gorge de cette horreur, il grognait férocement, lui soufflant son haleine fétide en pleine face. Mais ainsi, elle ne pouvait plus passer sous sa mâchoire et le neutraliser. Plus elle attendait, plus ses forces s’amenuisaient. Il fallait choisir. Vite. Analyser ses chances de s’en sortir. Si elle continuait comme ça ? Elle allait céder, la charogne lui arracherait le visage et, certainement, la tuer. Si elle sacrifiait son bras ? Il mordrait, mais elle était vaccinée. Les chances qu’il existe un pourcentage d’inefficacité ou qu’elle meurt d’un choc septique existait, mais le ratio était positif.

Un grognement filtra entre ses lèves, elle maintint le prédateur de sa main droite, brièvement, le temps de pouvoir lui offrir la chair de son avant-bras opposé. La douleur était insoutenable, elle ne put retenir un cri. June passa proche de l’évanouissement, conservant tout juste assez de lucidité pour enfin transpercer les chairs de ce monstre. Il se figea, la pression de ses crocs cessa.

Le repousser. Rester allongée, là, sur le dos, épuisée. La souffrance la clouait presque au sol. Pourvu que le vaccin fonctionne. Qu’elle ne soit pas dans une « marge d’erreur ». Sinon, ses heures s’égrenaient aussi, au même rythme que la bombe. La bombe. Ce rappel la fit se redresser, aussi vite que possible, pour inspecter le ventre du cadavre. 14:46.

Spoiler:

« June ?! »

Lorsque la communication s'interrompt, Zelda esquisse une grimace apeurée. Ce n'est pas bon, ça ! June termine toujours ses phrases. Alors bien sûr, il existe une foule de raisons qui peuvent expliquer la coupure de la communication. Mais la plupart d'entre elles ne sont pas de natures à rassurer l'adolescente. « Tu crois qu'elle a des ennuis ? » Elle se rend compte que Luke n'a pas plus la réponse qu'elle. Et qu'il n'existe qu'une seule manière de s'en assurer. La Boss a eu le temps de leur indiquer grossièrement sa position. Et la chance veut qu'elle ne soit pas trop éloignée de la leur.

« On y va ! » Et la voici qui part comme une flèche, animée par une énergie équivalente à son inquiétude. Elle avale la distance aussi vite qu'elle le peut. Son coeur proteste, voudrait la pousser à se lancer à la recherche de K'. Mais sa tête lui ordonne de poursuivre sa route. Car la reine est la plus puissante de l'échiquier. Et que les points se doivent de la protéger. De se sacrifier pour elle, même, si c'est nécessaire. « Magne-toi ! » crie-t-elle par dessus son épaule à un Luke qui peine visiblement à suivre la cadence. Tant pis pour lui !

Le duo finit par repérer la silhouette de la rouquine, qui se redresse et se penche sur un corps. Ils la rejoignent en plusieurs enjambées puis Zelda manque de déraper sur le sol en ralentissant. « June ! » Elle ne parvient pas à cacher son soulagement. Et le sourire qui se dessine sur son visage barbouillé de fluide vital le prouve bien. « On doit t'mettre à l'abri ! » Si elle tombe, Fort Ward tombe aussi. L'australienne s'attarde sur son bras ensanglanté et grimace. Ca ne s'arrange pas lorsqu'elle se penche pour observer le minuteur ou qu'elle remarque l'arrivée d'autres cadavres, peut-être attirés par l'agitation du trio. Quelque part, elle a envie d'agripper la Boss pour l'emporter à l'écart. Mais June n'est pas une femme que l'on peut forcer à agir contre sa volonté ou qui se cache et ça, Zelda, elle le sait bien. « Enfin, si tu veux bien ? » Avec son accord, ce serait sans doute mieux...

le p'tit résumé sympa:

12:06.

Le moteur rugit, faisant écho à la certaine contrariété et stress que ressentait l’autrichien, d’avoir sa compagne à côté de lui pendant cette manœuvre risquée. S’il lui jeta encore un coup d’œil courroucé, elle pouvait aisément y voir cette lueur inquiète dans le fond de ses prunelles. Allons-y. Sur la route, la Jeep fait un tour vers la zone d’entrainement, le klaxon résonnant atrocement à leurs oreilles et, tout comme l’israélien dans son véhicule, Friedrich attira une partie des rôdeurs à sa suite.

Huit minutes.

C’est le temps qu’ils mettraient à atteindre la plage. Il ne leur en resterait plus que quatre pour bloquer le klaxon et se mettre à l’abri. « Il va falloir qu’on trouve quelque chose pour bloquer le klaxon. Une branche, si on peut. Ou si tu sais jeter un coup d’œil à l’arrière ou dans nos sacs ; un outil, un cric ou quelque chose ! On aura très peu de temps ensuite pour filer. » À ce moment-là, son talkie grésille entre les deux sièges et c’est la voix de Madisson qui s’élève et leur apprend l’intérieur de ces bombes ; des vis et des clous. « Scheiss. » Jure-t-il, entre ses dents. Le généticien passe une vitesse, en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, pour s’assurer que les rôdeurs le suivent. Un peu plus d’une demi-douzaine… Mais pas tous.

Et puis enfin la plage s’annonce et l’autrichien accélère pour gagner un peu de temps.

4:06.

Friedrich tourne sèchement le volant et appuie sur la pédale de frein. Il sort et commence à avancer et pencher son siège. C’est au moment où il relève la tête que la statisticienne lui tend un cric, à caler entre le klaxon et le siège. « Tu es parfaite. » Lui souffle-t-il, avant de mettre l’outil en place. « Sors de là, on fiche le camp ! » Il ne leur restait plus beaucoup de temps.  

Spoiler:

Huit minutes.

Jamais le temps n'avait semblé filer aussi vite, alors qu'elle fixait le chronomètre de sa montre en fronçant les sourcils. Sourde au hurlement du klaxon qui jouait le rôle d'appât, avant d'entendre la demande du scientifique. De quoi bloquer le klaxon pour les garder intéréssés par le bruit le plus longtemps possible. Ok. souffle t-elle en déversant le contenu de la boîte à gants à ses pieds en commençant ses fouilles avant que le talkie n'annonce la mauvaise nouvelle supplémentaire. L'injure allemande à t^to fait de résumer le problème alors qu'elle s'efforce de garder son calme, abandonnant l'idée de trouver quoi que ce soit d'intéressant à l'avant de la voiture.

Cette dernière accélère alors qu'ils arrivent en direction de la plage, alors que sa main fouillant à l'aveugle le dos de son siège met enfin la main sur un sac. Réussissant à le tirer à elle en commençant à nouveau à fouiller jusqu'à trouver enfin, un objet utile.

Fried. Le cric en main, elle lui tend alors qu'il lui arrache presque des mains, et que l'idée de bloquer le klaxon fonctionne. Le bruit assourdissant continue d'attirer la demi douzaine de mort alentours, et même si l'idée qu'ils se rapprochent ne l'emballe pas, au moins une esquisse de sourire s'affiche sur ses lèvres à l'idée que ces bombes humaines n'exploseraient pas partout dans le camp.

Maintenant, il fallait bouger. Le temps était définitivement compté, alors qu'elle ne prenait que le temps de récupérer le talkie entre leurs sièges pour le tendre au scientifique avant de quitter à son tour le véhicule à sa suite.

Il faut qu'on trouve un abri de fortune. Au moins de quoi éviter l'explosion en devenir. Et si les morts les prenaient en chasse... Elle préférait encore ne pas y penser.

Spoiler: