Fears

Aden était arrivé depuis presque un mois dans la vie des deux jeunes parents. Toujours pas mariés, ils devaient faire profil bas le temps que Luisa aille mieux et qu'ils puissent tenter de commencer les préparatifs.
D'ailleurs, ce mois a été aussi très compliqué pour Kerwan. Entre ses boulots, les rebelles, Luisa malade et le bébé, c'était très compliqué. Il avait jonglé pas mal entre la fatigue et les nerfs qu'il tentait de maintenir.

L'arrivée de ce petit être était plus compliqué que prévu. Il en était complètement chamboulé. Même si en théorie, il se sentait prêt à devenir père, dans la pratique, c'en était une autre. Comme Luisa avait eu beaucoup de mal à se rétablir des suites de l'accouchement et de la maladie, il avait essayé de gérer un maximum le bébé seul mais... ça n'était absolument pas simple du tout. A chaque fois qu'il prenait son fils dans les bras, il était envahit d'un sentiment de crainte, de doute, et de peur. Même lorsque Luisa était là, ses ressentis étaient toujours très présents.

Et pourtant, il voulait vraiment bien faire. Mais ce petit être si fragile entre ses mains parfois maladroites lui faisait peur. Il craignait de mal le tenir, le porter, ou encore le manipuler. Quant à ses pleurs... N'en parlons même pas ! Il était partagé entre l'angoisse et l'agacement, car il n'arrivait pas à cerner les raisons pour lesquelles le bébé s'exprimer. Un coup la faim, un coup la couche, un coup la douleur. Bref, que de galères.

A force de se contenir et de tout garder pour lui, il se sentait davantage irritable, son moral en avait pris un coup. Il avait besoin de parler. D'en parler à Luisa. Alors ce jour-là, en rentrant du travail, l'ancien agent immobilier, après avoir ôté ses couches de vêtements pour se protéger du froid, se rendit dans la chambre. Luisa était là, aux côtés de leur fils qui dormait sur le lit. Il vint se mettre à côté d'elle et déposa un baiser sur sa joue.

- Bonsoir Luisa. Comment vas-tu ?

Il lui laissa le temps de lui répondre, tout en s'installant mieux contre elle, entourant sa taille de son bras.

- Tu sais, depuis la naissance d'Aden je... je suis souvent angoissé, stressé, et j'ai peur aussi. J'ai tellement peur de faire n'importe quoi...

C'était enfin un peu de répits et après du repos, que la routine s'installait dans la nouvelle petite famille depuis l'arrivée d'Aden. Les cauchemars avaient cessé, et enfin elle pouvait sentir la joie et le plaisir de s'occuper de son fils. Il avait fallu quelques semaines à la jeune femme pour se calmer après tout ce qui s'était passé en peu de temps. Elle avait vu le pire, tout en étant enceinte et les premiers jours de vie de son enfant, elle les avaient vécus dans une extrême souffrance.

L'événement s'éloignait à mesure que les jours passaient, toujours avec le soutien infaillible de son fiancé. Jusqu'à maintenant ils ne s'étaient pas mariés mais les préparatifs allaient sûrement lui changer les idées. Ce qu'elle avait vécu dans le couvent il y a des semaines, l'avait abattu mentalement et elle angoissait après la fin des hostilités, la fin de sa maladie, même en étant revenu dans la maison familiale. Kerwan avait été à ses soins et aux soins de leur enfant, même s'il n'arrivait pas encore à repérer les besoins du petit. Cela sautait aux yeux mais Luisa lui laissait la main lorsque'elle le pouvait.

Avec l'accord de sa pédiatre, Luisa pouvait l'allaiter bien après sa maladie qui l'avait cloué au lit durant des jours, ne pouvant pas profiter de la naissance d'Aden. Aujourd'hui, elle était tout le temps collé à lui, sûrement pour rattraper le temps perdu et se rendre compte que son enfant était bien là, en vie, dans ses bras. Ces gazouillis donnaient du baume au cœur de la mexicaine, le regard empli d'amour pour toute cette petite famille.

Un soir venu, Luisa ne pouvait s'empêcher de lui chanter une berceuse, et Kerwan vînt dans la chambre alors que le petit dormait déjà. Elle sourit au contact de sa main à sa taille Oui ça va et toi ?

C'est alors qu'il se dévoila un peu plus sur son comportement avec Aden, ça se ressent oui que tu n'es pas très à l'aise, fit la jeune femme tout bas pour ne pas réveiller la merveille. Elle posa ses yeux sur son fiancé et entoura son cou de ses bras fins C'est normal que tu te poses des tas de questions, tu verras que d'ici six mois tu ne douteras plus une seule seconde. Il faut qu'on apprenne à savoir ce qu'il veut, mais il s'exprime que par des pleurs alors ... il faut être patient.

Et lui dépose un baiser sur ses lèvres C'est dingue non ? Tu n'as pas peur d'aller sur le terrain défier des hommes avec une arme mais tu as peur d'un tout petit bébé de quelques semaines, Luisa pouffa laissant le soin à son fiancé de rétorquer.

Même s'il était assez angoissé et anxieux de revenir chez lui, auprès de Luisa et d'Aden, il ressentait, au contact de sa compagne, un certain apaisement. Elle dégageait une douceur qui lui faisait un bien fou. C'est pour cela qu'il se décida enfin à se dévoiler. D'ailleurs, elle n'en fut pas surprise. Cela se voyait tant que ça qu'il n'était pas à l'aise ?

Lorsqu'elle lui avoua que, d'ici environ 6 mois, il n'hésiterait plus et aurait des gestes plus assurés, il ne fut clairement pas enchanté. Il fit même la grimace. Attendre autant de temps n'était clairement concevable pour lui. Déjà que ressentir ce stress et cette angoisse presque permanente depuis plusieurs semaines lui faisaient un coup au moral, mais là, 6 mois ?! Jamais il ne tiendrait, c'était clair et net.

- Mais c'est super long ! Je veux apprendre et réussir tout ça avant 6 mois, quand même... J'aimerais être à l'aise avec notre fils. Pour les pleurs, je sais que c'est plus difficile. Mais j'aimerais vraiment apprendre à le prendre dans mes bras sans avoir peur de lui faire mal ou mal le tenir. J'aimerais pouvoir arrêter de me crisper. Je ne veux pas être patient, Luisa.

Il resserra sa main autour de sa taille, avant de répondre au baiser de sa douce. Il ne put s'empêcher de sourire face à ses paroles. Elle avait raison, totalement raison. D'un côté la mort, de l'autre la vie. Et il tenait beaucoup trop à la vie de son fils, enfant qu'il avait toujours désiré avoir, pour faire n'importe quoi. Alors que de l'autre côté, il connaissait suffisamment bien ses capacités pour être presque sûr de s'en sortir. Qu'avec un bébé, il n'avait clairement confiance en lui. Il ne savait pas s'il faisait les choses bien.

- Un bébé c'est si fragile. Et ce n'est pas n'importe lequel, c'est le nôtre. Alors oui, j'ai super peur de mal faire, en fait. Je ne veux pas faire mal quelque chose et qu'il en ait des séquelles. Alors que sur le terrain, je sais faire. Pas à 100 %, mais je maîtrise assez pour ne pas avoir peur.

Il marqua une pause avant de reprendre, assez déterminé.

- Je veux que tu m'apprennes, Luisa. Je veux que tu m'apprennes à bien faire. A mieux faire. Je veux que tu m'apprennes à mieux le comprendre, comment toi tu le comprends. Et surtout, je ne veux plus avoir peur de le prendre dans mes bras. Je ne veux plus penser que je pourrais être angoissé et peureux à l'idée de devoir m'occuper de lui. Je veux pouvoir remplir mon rôle de père. Et je vais vraiment avoir besoin de toi.

Luisa voyait la détresse dans les yeux de son fiancé. Toute la peine qu'il avait accumulée sans trop en dévoiler. Elle n'avait jamais rien dit jusqu'à présent. Deux mois s'étaient écoulés, elle voyait tout l'amour que portait Kerwan à leur enfant, cela sautait aux yeux qu'il était fier mais perdu à la fois. Pour les hommes, père pour la première fois, c'était normal. L'enfant devait apprendre à reconnaître l'odeur de son père, à se sentir bien dans ses bras. Kerwan pensait qu'il fallait faire l'impossible pour l'éducation d'Aden, qu'il avait énormément de choses à apprendre. Et pourtant, sa présence, sa douceur, sa voix, ses câlins étaient tout ce qu'un enfant avait besoin les premiers mois. De ressentir l'amour et la tendresse de leurs parents.

Hey ... dit-elle en chuchotant, lui prenant son visage entre ses mains. Elle avait peur que Kerwan perde totalement confiance en lui avec ce petit. Alors que fasse à l'adversité il avait toujours été fort ... La jeune femme lui prit la main pour l'éloigner du berceau et de la chambre.

En tant que parent on ne peut pas tout contrôler les premières semaines de vies du bébé. Il faut y aller progressivement, même moi je suis perdue lorsqu'il fait des crises. La seule chose à faire c'est d'être là pour lui, qu'il sente ta présence. Elle plongea ses yeux dans les siens, après pour le côté "pratique" les couches, le bain on le fait ensemble à partir de maintenant.

Elle sourit à moitié ... par contre pour l'allaitement, je peux pas trop t'aider à ce sujet ...

Elle se rapprocha de lui, doucement Il faut pas se mettre dans cet état. Jusqu'à présent tu es là pour nous, tu es un papa remarquable qui manque seulement d'assurance dans ce genre de situation.

Et dire qu'elle pensait que ce serait elle qui manquerait de moyens et de confiance après le lourd passé qu'elle traînait. Elle pensait qu'elle aurait à faire au fantôme de Diego, son fils disparut. Avec Aden, quelque chose avait changé en elle. C'était comme un renouveau, une nouvelle manière de vivre, de se faire confiance. Et toute cette force elle va la donner à Kerwan. Il fallait qu'il se donne une chance d'accepter d'apprendre patiemment. Il était plus que prêt elle n'en doutait absolument pas. Des petites maladresses, il y allait en avoir et il devait l'accepter.

Tu veux qu'on demande à Emi ou à la pédiatre, de te donner quelques conseils ? Moi je serais toujours là avec toi, tu le sais. Ensemble on va y arriver !

D'habitude, Kerwan ne dévoilait pas trop ses sentiments. Pas même à sa fiancée, Luisa. Il voulait qu'elle le voit comme fort, invulnérable, presque insensible. Mais là, c'était vraiment très difficile pour lui. C'était difficile car un nourrisson, il ne le comprenait pas. Il ne ne savait pas comment comprendre cet enfant. Même si pour Luisa cela devait être aussi difficile, le fait d'avoir eu un enfant il y a quelques années l'aidait certainement plus. Elle avait plus confiance. Elle avait cet instinct maternel, il le voyait.
Mais là, il se sentait perdu. Il demandait à Luisa de l'aide.
Il pris la main de Luisa et la suivi jusqu'à hors de leur chambre, laissant Aden dormir dans son berceau. Ils se rendirent au salon, où le grand brun alla s'asseoir sur le canapé, et Luisa vint s'aller à ses côtés. Il pris sa seconde main dans la sienne, ne la quittant pas des yeux. Il l'écouta alors, attentivement. Si elle, elle se sentait perdue lors des crises du bébé, lui, se sentait carrément en panique. Il voulait vite faire cesser les pleurs du bébé, mais paniquait tellement qu'il en perdait ses moyens. Mais l'entendre dire que sa simple présence pour le bébé était une bonne chose, ça le rassurait un peu. Et quand elle lui annonça que pour les couches et le bain il serait avec elle, il hocha vivement la tête.

- Oui, je veux bien. Comme ça, tu me montres et me remontres si je fais mal certaines choses.

Il marqua une pause, et ne put s'empêcher s'empêcher de rire lorsqu'elle parla de l'allaitement. Encore heureux, d'ailleurs !
Puis rapidement, il se calma. Le silence laissa de nouveau place à la voix de Luisa, qui essaya de le rassurer un maximum. Et il ramena les mains de sa fiancée vers lui, avant d'embrasser chacune, une après l'autre, tout en regardant Luisa dans les yeux. Il lui gratifia d'un petit "merci" avec un sourire. Puis, lors de sa question, il secoua la tête.

- Non. Pour le moment, je veux d'abord apprendre avec toi. Je sais que tu sauras me guider et me mettre plus en confiance. Après, faut que j'arrête de paniquer dès qu'il pleure... Mais j'ai vraiment du mal. Mais t'as raison, faut que je devienne patient. Mais j'aime pas attendre ! Surtout après avoir attendu autant de temps pour rencontrer notre Aden. J'ai envie de vite le comprendre pour répondre au mieux à ses besoins.

Mer 9 Mar 2022 - 21:18

Luisa restait bienveillante avec Kerwan, elle sentait sa détresse en tant que père. Elle ne pouvait que comprendre ce manque de compréhension avec son fils. Il se sentait un peu perdu et Luisa pensait à cette première grossesse où, une fois son enfant dans les bras, était heureuse et apeurée à la fois. La peur a pris le dessus sur la joie et elle se sentait complètement démunie. Le quotidien et l'amour pour son fils lui a permis de se fier à elle et à lui. Elle a repris le dessus et a pu, au mieux, gérer son rôle de mère.

Elle se laissa emmener au salon par Kerwan. Ils s'installèrent sur le canapé et elle plongea les yeux dans les siens. Elle lui assure pouvoir l'aider. A deux, ils pourront vaincre les craintes de son fiancé. Elle lui sourit. Il rit de l'humour de la jeune femme. Elle était totalement transparente avec lui. Le son de sa voix était un vrai cadeau pour la mexicaine.

Kerwan signale donc qu'il ne veut que Luisa pour l'épaulée dans cette "mission". Le ton de son homme l'a touchait plus que nécessaire.

Je sais que tu es impatient. Mais laisse le temps au temps. Je peux t'affirmer que même d'ici quelque jour tu te sentiras mieux et plus confiant. Elle pressa les mains de son fiancé et se permit de lui dire Et si tu me permets, plus tard, je souhaiterais lui apprendre un peu l'espagnol. Si tu n'y vois pas d'inconvénient.

Ce n'était pas son souhait le plus cher, mais sa langue natale lui manquait. Cela faisait très longtemps qu'elle ne l'avait pas pratiqué et ça permettrait de faire connaître un peu de son monde à son enfant. Au delà de ça, elle estimait ne pas perdre ses origines et les transmettre à la génération future. Un peu du passé pour un bel avenir.

A moins que je t'apprennes l'espagnol aussi, mi amor. Il n'est jamais trop tard.
Elle l'enlace amoureusement et vient déposer un baiser sur ses lèvres. C'était une manière déguisée de le rassurer un peu plus encore, car elle le trouvait très nerveux, en proie à ses peurs pour le bébé et sa manière de faire.

Le grand brun était vraiment partagé entre plusieurs sentiments. Il avait vraiment envie d'aider Luisa et pouvoir s'occuper de son fils comme il le méritait mais, d'un autre côté, il était effrayé. Il savait que son rôle de père n'allait pas être évident à apprivoiser, mais, avec Luisa, il espérait qu'il serait plus en confiance pour bien endosser ce statut. Mais avant, il avait besoin de se confier à sa future femme. Et il avait clairement bien fait.
Il sentait que tout irait mieux, et qu'elle le comprendrait davantage en cas de comportement peu "approprié", ou encore de panique soudaine, Luisa pourrait lui venir en soutien. Mais il allait faire en sorte que ça n'arrive plus, car il ne voulait pas être un poids supplémentaire pour elle. Déjà que gérer un nourrisson n'était pas simple, alors un papa à gérer en plus, quelle galère !

- J'espère... Je veux vraiment t'aider au mieux, et être à l'aise avec mon fils.

Lorsqu'elle lui demanda si elle pouvait apprendre l'espagnol à Aden, il ne put s'empêcher de faire de grands yeux et, après qu'il ait réalisé, se mis à rire.

- Tu n'as même pas besoin de me demander ! Apprends-lui l'espagnol si tu le souhaites. Ca sera même très cool, je trouve. J'aurais beaucoup aimé savoir parler plusieurs langues, moi aussi. Il marqua une pause, juste le temps pour la brune de lui dire qu'il pouvait aussi s'y mettre. J'ai toujours rêvé d'avoir une prof d'espagnol aussi jolie et séduisante. Il lui fit un clin d'œil avant de répondre à son baiser, passant ses bras, à son tour, autour d'elle. Il passa l'une de ses mains dans ses cheveux, et les caressa doucement, de toute leur longueur.

Il se sentait un peu mieux, maintenant. Rassuré, écouté et entouré, surtout. Après quelques secondes d'étreinte, il embrassa son front, avant de lui dire un petit "merci".
C'était juste le temps qu'ils avaient eu pour eux, car Aden recommençait à pleurer. Le grand brun fit une petite moue, haussa les épaules, et relâcha Luisa. Il lui pris la main, et se rendirent tous les deux dans la chambre du petit, afin de répondre et combler ses besoins.

FIN.

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