16 février 2022
Joshua avait l’esprit occupés par ce qu’il lisait, c’était passionnant, il ne voulait pas en décrocher, pas tant qu’il n’aurait pas finit ce qu’il était en train de lire. Il ne voulait pas répondre aux coups à la porte, c’était évident que quelqu’un était venu le voir, mais il s’en fichait. Ce n’est qu’au bout du sept ou huitième coup qu’il décide finalement de se lever et d’ouvrir la porte, dévoilant une asiatique plus jeune que lui et un peu plus petite : « Vous êtes qui vous ? » Le ton n’était pas courtois, aussi il se reprit en s’effaçant pour la laisser rentrer dans la pièce :

« Ah… on vous a envoyé pour ma rééducation ? » Il posa le livre qu’il était en train de lire, une vielle étude d’un de ses amis sur la synthèse de polymère. Un sujet passionnant que Joshua adorerait remettre en place ici. Le polymère est la plus belle avancée technologique de l’homme depuis des dizaines d’années, pouvoir fabriquer des plastiques, un rêve de chimiste, mais les applications seraient infinies, il en était persuadé.

Mais pour le moment, il était seulement en phase d’observation, d’apprentissage et autre, il allait devoir se remettre totalement d’aplomb pour être de nouveau le grand scientifique qu’il a été avant tout ça : « J’espère que vous n’avez rien prévu de trop extravaguant, je n’ai pas l’esprit à aller me rouler dans la boue et dans le froid. » Pas question de faire ça non, il ne voulait pas attraper une saloperie qui se terrait dans le sol, qui dit que ses vaccins étaient encore efficace après tout ce temps ? Rien, personne, alors s’il devait faire de la rééducation, ça serait au chaud dans un endroit relativement propre et surtout avec une personne compétente : « Et comment vous vous appelez ? Vous avez un diplôme quelconque ?» Si ça se trouve, ce n’était qu’une personne lambda qui s’était retrouvé propulsé à devoir l’aider simplement faute de mieux… ça serait le pire pour lui.

« Votre rééducation ? »

Parce que Sun se demande si ce n'est pas plutôt l'éducation qui lui fait défaut, à celui-là. Joshua ! Elle le connaît. De vue, et de réputation. Mais Sun n'étant pas du genre à échanger avec les autres, elle n'a pas réellement eu l'occasion de discuter avec lui. Et si on le lui avait offerte, elle ne l'aurait de toute façon pas saisie. La nippone ne souffre plus de la grippe du soleil mais elle n'a pas oublié à qui elle la devait.

Et pourtant, après une hésitation, elle se décide à entrer dans la maison. Seulement parce que l'homme l'y invite d'un geste, et qu'il convient d'accepter la politesse. Une fois à l'intérieur, elle promène son regard sur les lieux avant de reporter son attention sur l'homme lorsque ce dernier lui demande si elle a prévu de le traîner dans la boue. Ou le froid. « Vous trouvez que s'entraîner dans des conditions difficiles est... extravaguant ? » Elle arque un sourcil, conserve son air rigide mais croise désormais ses mains dans son dos. Sun désapprouve. Et c'est évident.

À la base, la nippone s'est déplacée avec l'espoir d'obtenir un peu de condiments pour ses pâtes. Mais elle se demande maintenant si elle n'a pas envie de rentrer dans ce rôle dont Joshua l'affuble. Le rééduquer ? Ouais, c'est dans ses cordes. Alors elle hésite un peu lorsqu'il lui demande comment elle s'appelle, et si elle possède un diplôme. « Sun Masako ! » Elle s'incline poliment devant l'homme. Et toujours comme si elle avait le plus gros des balais coincé dans le derche. Si elle ne lui demande pas de se présenter en retour, c'est simplement parce qu'elle sait déjà qui il est. « Oui, j'ai des diplômes ! Mais si vous souhaitez que je vous les présente, il faudra alors m'accompagner dans les ruines de Seattle ! » Elle doute que l'homme accepte puisque l'effort semble le révulser. Alors elle ne prend pas réellement de risques, là.

« Je suis désolée, Joshua-Kun ! » assure-t-elle en s'inclinant à nouveau. Refuser ouvertement les souhaits d'une personne, ce n'est pas exactement dans cette culture japonaise qui prédomine toujours en elle. « Nous allons effectivement nous rendre à l'extérieur pour votre séance de rééducation. Veillez à trouver des vêtements chauds, mais qui facilitent votre liberté de mouvement ! » Et la voici qui se contente simplement d'attendre. Elle ne devrait sûrement pas jouer à ce petit jeu-là. Surtout que la santé de cet homme est en jeu. Mais la sienne l'était aussi, quand elle accepté de recevoir un vaccin défaillant...

Aller chercher les diplômes de la jeune femme dans les rues de Seattle, très peu pour Joshua, il n’avait jamais été rarement à l’aise en dehors d’un laboratoire et de ses multiples expériences. Il sourit largement : « Je laisserai à un militaire entrainé et motivé le plaisir d’aller courir les rues pour vous aider. ce n’est pas un talent que je possède. » Et là, il parlait avec sincérité, certains cultivait le corps et les prouesses martiales, si ça leurs plaisaient, tant mieux pour eux, mais il leur laissait. D’autant plus que l’asiatique venait de l’infantiliser en le qualifiant d’un suffixe déplaisant.


L’air déjà plus sérieux, il répondit, non sans rendre la courbette de la jeune femme. « J’imagine que vous vouliez utiliser le terme Joshua-San, à défaut d’être japonais, j’ai suffisamment travaillé avec vos compatriotes pour connaitre les suffixes à employer. » et a aucun moment Kun ne convenait, il n’était ni un enfant, ni quelqu’un de plus jeune qu’elle.  Cependant, il était mal à l’aise devant les inclinaisons de la jeune femme, c’était étrange, les japonais avaient toujours été étranges, même les scientifiques avec qu’il avait travaillé par le passé.  

Ils étaient très à cheval sur la politesse et il était très compliqué de savoir ce qu’ils pouvaient bien penser sous cette couche de sourires et de courbettes : « Qu’importe, je vous rejoins tout de suite. » Il quitta la pièce pour aller jusqu’à une armoire et chercher quelques chose à se mettre :


« Des vêtements chaud… je dois avoir ça quelques part. » Il trouva une veste à sa taille, raisonnablement chaude et une sorte de large pantalon de treillis. L’avantage d’être aussi mince que lui, c’était qu’il n’avait aucune difficulté à entrer dans le moindre vêtement. Il rejoint alors la jeune femme dehors, pestant contre le sport qu’il allait devoir faire. C’était nécessaire mais ça l’embêtait, pour être poli. Il rejoint finalement l’asiatique en refermant son manteau : « Bon et bien je vous écoute Masako-chan. »  Il était à sa merci et ça lui déplaisait grandement, s

« Si vous le ne possédez pas, acquérez-le ? »

Joshua semble conscience de ses limites, et c'est toujours ça de pris. Mais il n'appartient qu'à lui, désormais, de corriger le tir pour peu qu'il souhaite effectivement apprendre, un jour, à se débrouiller à l'extérieur. Quant au fait de déléguer le travail à un militaire, ça ne fait que confirmer ce que Sun présentait déjà : les scientifiques ont tendance à prendre les autres pour des pions. Ou des cobayes. N'est-elle pas bien placée pour en parler, la nippone ?

« Désolée Joshua-Kun mais non, je ne me suis pas trompée... » Les marques de respect se méritent. Et si elle l'infantilise, ce n'est pas parce qu'elle y trouve une quelconque satisfaction mais bien parce que les scientifiques lui donnent l'impression d'être des gamins qui jouent avec la vie des autres. Ces derniers l'ont privée de terrain. Elle a failli tuer des camarades à cause de la grippe du soleil. Si Sun n'a rien contre la science, elle a en revanche des raisons de se méfier de ceux qui jouent avec. « Je vous attends ! » confirme-t-elle simplement, par la suite, lorsqu'il quitte la pièce pour s'équiper de vêtements chauds.

Et pendant qu'ils semble parler seul, la kenshi observe ce qu'elle peut de cette demeure. Elle note les détails. Pas vraiment par curiosité mais plutôt par habitude. Peut-être qu'elle s'attendait à trouver des fioles dégageant de la fumée ou des cadavres disséqués. Mais il n'en est rien. Tout semble normal. Et quelque part, ça l'étonne.

La voici qui retourne finalement à l'extérieur et s'accorde un bref instant pour observer les cieux. Le ciel est clair, ce soir. Et l'observation des astres qui la surplombent lui rappellent que l'humanité et ses soucis se résument à un simple grain de poussière dans l'univers. « Ca devrait faire l'affaire. » confirme-t-elle ensuite simplement lorsque l'homme revient avec des vêtements adéquats et lui demande la suite du programme.

Excellente question, ça !

« Avant de vous répondre, je suis obligée de vous poser une question. » annonce-t-elle après une brève hésitation. « Dois-je vous ménager ou vous pousser dans vos retranchements ? » Sa réponse ne changera probablement pas grand chose. Et plus que le physique de cet homme, c'est sa mentalité qu'elle cherche à comprendre. « Nous pourrions nous contenter de la facilité. Mais est-ce vraiment ce que nous désirons ? » Elle, en tout cas, ce n'est pas le cas. Qu'en est-il de lui ?

Joshua tiqua très largement aux remarques de la jeune femme, elle faisait preuve d’un sophisme visiblement simpliste. Pourquoi devrait-il se battre à chercher une quelconque forme physique. Il lui rétorqua d’un ton assez sec, en battant des bras pour ignorer autant que possible le froid qui commençait à le saisir : « J’ai 45 ans et deux doctorats, si j’avais voulu être quelqu’un qui rampe dans la boue, Sun-chan, j’aurai pris cette décision il y a 30 ans, quand j’ai obtenu mon diplôme de fin d’étude. » Pourquoi changer maintenant ? Dans quel monde pouvait envisager seulement une seconde de chercher à devenir quelqu’un qui s’épanouirait à l’utilisation des armes et au dépassement physique ? C’était un non-sens pour lui, un non-sens qu’il ne pouvait même pas réellement appréhender.


Tout comme le comportement de l’asiatique à son égard, pourquoi utiliser ce nous ? Comme s’il était un enfant, comme s’il était quelqu’un d’irresponsable et de limité, il n’aurait pas parlé autreement à un enfant de cinq ans : « Nous ? » J’apprécie le défi intellectuel et le retranchement dans les limites de ce que nous connaissons, la conception toujours plus poussés de produits chimiques ou la recherche d’application physique novatrice. » Il aurait presque la voix vibrante quand il parle de science, convaincu de ce qu’il dit, de ce qu’il peut apporter au monde avec ses compétences et ses connaissances, il ne veut pas s’épuiser à courir et bouger dans tous les sens.

La façon dont Sun parle, cette façon infantilisante de le considérer l’énerve prodigieusement : « Mais pour ce qui est de l’effort physique, si, je me contenterai de la facilité. Comme je vous le disais, je ne suis pas quelqu’un ayant cultivé ces talents dans ce domaine. » Il tente de dissimuler son agacement, mais ce n’est pas quelqu’un de très doué dans ce domaine. Il suivrait la jeune femme évidement mais il n’avait pas du tout envie d’avoir les membres qui tremblaient à l’issu de cette séance d’effort non désirée.

« Sun-Kun ou Sun-Senpaï ! »

Après tout il la prend pour sa rééducatrice alors elle suppose qu'elle peut se faire mousser un peu. Pour la forme. Peu importe quel suffixe il choisira, tant qu'il s'abstient de prononcer celui qu'il vient d'utiliser. « Mais certainement pas Chan ! » Elle suppose qu'il n'a pas voulu se montrer désobligeant. Et puis elle conçoit que les formes de politesse nippone soient dures à appréhender pour les gaijins. « À moins que vous me considériez comme une enfant ou une amie ? » La réponse est évidente. Mais Sun lui adresse néanmoins un petit sourire pour lui signifier qu'il n'y a pas réellement de mal.

« Il y a ce que l'on veut, Joshua-Kun, et ce que l'on doit faire. » répond-t-elle calmement quand il lui balance son curriculum vitae à la figure. La kenshi hausse vaguement les épaules et adopte un air presque désolé. Presque. « Toutes vos années d'études ne vous ont pas protégé des aléas de la vie, visiblement. » En témoigne sa situation, et la personne qu'il attendait.. « Elles ne vont épargneront pas davantage une rééducation ! » Et le ton qu'elle emploie lui signifie bien qu'elle n'entend pas le laisser choisir de quelle manière elle devra procéder. Un patient doit suivre les conseils de son médecin. Même si le médecin n'en est pas vraiment un...

Mais cet homme semble savoir ce qu'il se veut. C'est un point positif, en soi. Même si insister ne le mènera nulle part. Aussi lorsqu'il évoque son amour pour les défis mais pas pour celui qu'elle lui impose, elle éructe un petit rire que son éducation la pousse tout de suite à étouffer. « On ne choisit pas toujours ses combats... » répond-t-elle sobrement. Elle note au passage la passion dont son interlocuteur fait preuve en évoquant la science. C'est tout à son honneur. Mais il aura tout le temps de s'adonner à ses pêchés mignons plus tard, lorsqu'il aura retrouvé une consistance physique.

« C'est précisément pour cette raison que je me tiens devant vous, aujourd'hui, avec le désir de vous faire progresser. » poursuit-elle lorsqu'il évoque l'effort physique et le fait qu'il n'ait pas cultivé ses aptitudes dans ce domaine. « Pour vous aider à développer vos facultés. » Et très franchement, elle ne comprend pas sa réticence. L'effort est sain. Que craint-il ? De suer ? De bien dormir ?

Toujours est-il qu'à la base, Sun, elle est venue ici pour obtenir un peu de farine. Elle ne compte pas forcément insister. Après tout elle ne compte pas s'embarrasser d'un survivant qui n'a aucune volonté de progresser. « Allez-vous continuer à vous comporter comme un enfant, Joshua-Kun ? » lui demande-t-elle avec une pointe de malilce. « Si l'effort vous fait peur, je peux très bien vous ménager. Mais quelle satisfaction en tireriez-vous ? » À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Il éclata d’un rire ironique quand elle lui proposa de l’appeler Senpai, lui interdisant aussi de facto de l’apeller Chan, trouvant cela inadapté. Okay, en admettant : « Senpai et puis quoi encore, je dois avoir quinze ans de plus que vous. » Il pourrait débattre pendant de très longues heures là-dessus, mais il était clair qu’elle pouvait aller se gratter pour se faire appeler Senpai:

« Dans le pire des cas, je me contenterai d’un Sensei, pour vraiment vous faire plaisir. » Sans rire, il était au courant de la courtoisie légendaire des japonais mais là elle forçait le trait, ne voulait-elle pas également qu’il la désigne sous le terme Sama et qu’il s’incline devant elle en signe de soumission ? Là il était certain de ne rien tirer de positif de cette rencontre, alors que s’il se ménage : « J’en tirerai la satisfaction d’aller fabriquer sans courbature les médicaments et autres produits qui servent à soigner les gens aimant suer et qui tirent de la satisfaction à dépasser leurs limites physique. » Voilà qui est clair, il n’est pas comme eux et peu importe ce que lui dira Sun, il refusera de changer d’opinion sur le sujet.

Néanmoins, il semblait qu’elle s’arcbouterait jusqu’au bout : « Mais vous n’en démordrez pas j’imagine ? » Joshua lève les yeux au ciel en soupirant, pourquoi il fallait que ça tombe sur lui ? Pourquoi il fallait qu’il tombe sur une japonaise obsedé par l’idée de lui faire du mal en l’obligeant à SE faire lui-même du mal ? N’avait-il pas déjà assez souffert ? Mais visiblement, s’opposer à elle n’aller rien changer, elle ne semblait pas encline à le laisser en paix. Très bien, il allait au moins faire semblant de suivre ses cours et après on verra ce que ça donnera : « Par quoi commençons madame Miagi, avec tout le respect que j’ai pour ce film. » C’était la seule référence positive qu’il connaissait, ayant un grand nombre de fois regardé Karaté Kid quand lui-même était un enfant.