« Ne soyez pas si dur avec vous-même... »

Sun étouffe un sourire lorsqu'il se réfugie derrière son âge. C'est vrai, ça lui accorde le droit à un certain respect. Mais ça ne signifie pas pour autant qu'il a trouvé les portes de la sagesse. Elle l'observe un instant pour évaluer son âge puis en conclue qu'au final, ça n'a pas la moindre importance. Alors la voici qui hausse les épaules et passe à autre chose.

Tout comme l'homme qui, malgré ses protestations, finit par lui accorder le titre de senpeï sans même qu'elle ait eu à le demander. C'est donc avec un mélange de surprise et de satisfaction qu'elle observe l'homme qui lui fait face. « Senseï, oui, ce sera parfait. » Une victoire aisément obtenue, et malgré le mépris de son hôte. Une victoire sans grande saveur, d'ailleurs. Mais qui a le mérite de clore le chapitre des politesses pour les propulser dans celui du pragmatisme.

La nippone écoute la pirouette verbale de celui qui sera donc son patient, quand bien même elle ne sait même pas de quoi il souffre. Et hoche la tête pour lui indiquer qu'elle l'a entendu. « Nous vivons dans un monde où les yôkais marchent à nos côtés, Joshua-kun... Craignez-vous vraiment quelques courbatures ? » Oui, les courbatures ne sont pas agréables. Mais lorsque l'on y pense plus, elles finissent par passer. Et elles n'incarnent rien de plus que des gênes supportables.

« Non, en effet. » indique-t-elle sobrement, avec une neutralité toute nippone, lorsqu'il finit par se rendre compte qu'elle ne compte pas abandonner. « Je me demandais si vous alliez finir par le remarquer. » Maintenant, au moins, elle a sa réponse. Et Sun se retrouve dans la foulée à pencher la tête sur la côté lorsque l'autre l'appelle Madame Miagi, et lui demande par quoi ils vont commencer. « Quel film ? » demande-t-elle, suspicieuse. Un film japonais ? Ou un film occidental sur la culture japonaise ? Il y a une différence notable, et des clichés qui ont la vie un peu trop dure. « Allez vous changer et rejoignez-moi dehors. »coupe-t-elle en se détournant de lui, coupant ainsi court à un débat qui ne sera de toute façon pas bien passionnant.

Et une fois qu'il la rejoint à l'extérieur, Sun évalue sa tenue et hoche la tête d'un point de vue appréciateur avant de venir se planter face à l'homme. « Un esprit sain dans un corps sain, Joshua-kun. » Peut-être que ce concept lui parle ? Ou osera-t-il remettre en doute la sagesse romaine, berceau de sa civilisation ? « On va commencer par un petit échauffement. » enchaîne-t-elle en effectuant plusieurs gestes qu'elle lui demande d'imiter. « En fait... J'exige un paiement en farine. » Elle l'indique sur un ton qui ne laisse pas vraiment place à la discussion avant de reprendre, tandis qu'elle tend se penche d'un côté, puis de l'autre, en surveillant les mouvements du chimiste. « Pourquoi avez-vous besoin de rééducation, en fait ? » Parce que non, à la base, ce n'est pas elle qui était sensée prendre soin de lui. Elle n'est même pas versée dans les arts médicaux, Sun. Alors oui, il fallait bien qu'elle lui pose la question à un moment ou à un autre avant de le casser un peu davantage...