Ce fut une journée comme une autre, pour Elijah. Elle commença par le travail, assez tôt dans la matinée: de nouvelles enquêtes venaient d’être assignés à lui et quelque uns de ses collègues, dont il devait s’occuper sans plus tarder. A cela était rajouté quelques interrogatoires à faire passer à quelques personnes arrêtées, pour des raisons diverses: la plupart du temps, cela se déroulait sans encombre, et d’autres fois… Il fallait un peu secouer la personne interrogée, pour lui faire cracher le morceau. En somme, rien ne sortant de l’ordinaire: et c’est ce à quoi le milicien se raccroche avec force. Un semblant de normalité, du moins, s’il y en a réellement.

Cela lui permet de mettre de côté le flux constant de ses pensées: mais elles reviennent toujours à la surface, à un moment donné. La disparition d’Evan est encore trop vive dans son esprit, trop douloureuse, pour qu’il puisse l’oublier rapidement. A cela se rajoute une autre mauvaise nouvelle: un général, sûrement vieux lubrique, a remarqué Mia durant son absence. Et la lettre ne laisse aucun doute: il est invité -ou plutôt incité- à lui faire intégrer la formation des épouses, sous promesse d’un bel avenir. Sa fille. Il ne peut pas décemment accepter ça, et ce n’est pas la poudre aux yeux ajoutée dans cette lettre qui le fera changer d’avis.

Néanmoins, il est bien trop occupé pour ressasser ces mêmes pensées: l’heure du coucher approche pour Oliver et Lucy, mais visiblement les deux enfants ne sont absolument pas décidés à aller dormir… Et alors que la cadette lui réclame un deuxième dessert, l’aîné s’amuse à le faire tourner en bourrique, en trottinant partout. Ze veux pas dormiiir ! proteste-t-il, tandis qu’Elijah parvient finalement à l’attraper. Même avec une histoire ? S’il y a bien une chose que le milicien a appris en ayant des enfants, c’est qu’il est parfois nécessaire de chercher des compromis. D’ailleurs cela fait réfléchir Olivier, qui après un certain moment hoche finalement de la tête.

‘to ! Lucy ne semble pas avoir lâché l’affaire: mais il n’a pas le temps de lui dire quoique ce soit, que des coups se font entendre à la porte d’entrée. Tout en gardant son beau-fils dans ses bras, il va ouvrir la porte: et sans surprise, il se retrouve bien assez rapidement face à Grant. Oui, ça l’est un peu effectivement. Entre temps, Lucy a réussi à trottiner maladroitement jusqu’à leur hauteur, avant de finalement se cacher derrière lui en voyant Grant. Quant à Oliver, son regard reste posé sur le militaire, avant de le montrer du doigt. Z’est quiii ? Il est vrai qu’aucun des deux ne l’a déjà vu… Ne montre pas du doigt, c’est malpoli.

L’enfant bougonne un peu, avant de finalement baisser son bras. Ils sont un peu plus dynamiques que d’habitude, mais ça reste gérable, répond-t-il à la question de Grant histoire de le rassurer. Non, elle est à la réunion du club de lecture ce soir. Cela lui permet de souffler un peu, loin des enfants: mais ça, il ne le précisera bien sûr pas à son ami. A la place, il se met de côté afin de le laisser rentrer, avant de refermer la porte derrière lui: une fois Oliver reposé par terre, ce dernier va directement vers Grant, sans avoir aucunement peur. T’es un zoldat ? Papa il dit qu'ils zont des zunifomes !