Un rapide coup d’œil à Lenore alors que j’vois qu’on commence à être un peu trop bien entourés. J’ai une grimace à son attention et elle hoche la tête en silence, avant d’aviser autour d’elle. Il lui faut que quelques secondes pour me montrer un chemin et elle me fait un signe pour que je la suive. Ce que j’fais, tant bien que mal, grimpant sur des vieilles poubelles qui pourrissent là depuis des années, ou sautant par-dessus une clôture au bois vermoulu.

Mais on arrive à rejoindre les autres et je lève un pouce dans leur direction pour les rassurer. « Okay, on continue. La forêt. » Chuchoté à l’attention des autres, alors que j’attends la confirmation de Will avant de me mettre en route. Et là, j’ai un froncement de sourcils avant de montrer à Eddie un arbre où poser le leurre. Quelques réglages plus tard, j’ai un sourire satisfait, content de voir que ça marche sans pour autant attirer l’attention du premier groupe.  « Ca va le faire… » Soufflé d’un ton à peine audible alors qu’après quelques échanges, on décide de dispatcher un peu partout les leurres dans la forêt.

Ca prend ptet un peu plus de temps, mais j’préfère jouer la sécurité, quitte à devoir dire adieu à quelques-uns de mes leurres. Parce que j’ai pas envie que qui que ce soit finisse vraiment blessé parce que j’aurais été trop arrogant. Il nous reste plus que les rôdeurs à moyenne portée une fois qu’on sort de là mais, au moins, l’Eglise est à portée. « J’crois que les choses intéressantes vont commencer. » J’fais craquer ma nuque alors que les autres me rejoignent, prêts à la suite des opérations.

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A peine le temps de vraiment souffler que les voilà à nouveau dans une configuration épineuse. Lèvres pincées, c'est elle qui a un sursaut de surprise aussi en voyant les rôdeurs. Une centaine, une masse grouillante lorsqu'on est si peu. Raide comme un I, l'asiatique laisse ses pensées se faire brièvement diffuses avant de se ressaisir. L'évidence revient de faire volteface et mettre le plus de distance possible avec cette horde. Mais quelle occasion auront-ils ensuite ? A part de celle, évidente, de retomber sur ceux qu'ils ont semé plus tôt ? Elle fait signe à William.

Il faut penser stratégique désormais, mettre en place un semblant d'organisation pour survivre : Prenez de l'avance, je vais les retenir ici le temps que vous prépariez un prochain leurre pour les attirer, annonce-t-elle en bifurquant du groupe. Aucun n'a le temps de la retenir alors qu'elle profite de sa vitesse pour bondir sur une poubelle et saisir une échelle de secours. De grimper cette dernière rapidement pour se placer en hauteur. Le temps de sortir ensuite de son sac à dos le sifflet qu'elle prévoit, la voilà qui le porte à ses lèvres. Et le son strident lui échappe dans la foulée.

C'est également le talkie qu'elle récupère pour l'avoir à proximité. Le souffle court après l'effort, aux aguets, elle avise en contrebas qu'ils sont nombreux et que son effet a... bien marché, justement. Tant mieux ? Elle ne sait pas. Bien sûr que ça l'inquiète, mais elle compte sur les autres pour profiter de ça... Et puis de profiter du talkie : Je suis hors d'atteinte, précise-t-elle dans un premier temps, pour être sûre qu'ils ne paniqueront pas de son initiative. Si ma situation évolue, je vous préviendrais...

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Bon, si j’suis content de voir que mes leurres fonctionnent comme j’le voudrais et que j’ai un sourire à l’attention de Lenore dont la confiance me rassure, j’reste quand même sur mes gardes. C’est trop simple. Enfin, c’était pas simple, façon de parler quoi. Mais quand ça s’passe trop bien, j’sais qu’il y a forcément un moment où ça merde. C’est mathématique, ou une connerie du genre.

Et, quand je vois Eddie se figer d’un coup, j’me dis que j’aurais bien aimé avoir tort sur ce coup-là. « Putain de merde… » Soufflé entre mes dents, alors que la doc réagit rapidement. Et son idée nous laisse assez d’temps, quelques précieuses seconde, pour réfléchir à comment régler définitivement le problème. J’me tourne, cherchant l’église des yeux. « On peut l’faire… » Soufflé dans un murmure décidé, alors que je serre le leurre à portée moyenne que j’ai dans la poche. Un regard aux autres, surtout à Will, avant de reprendre, assuré. « On file là-bas. On active un ou deux leurres de portée moyenne. Ca va les faire venir. » Et on s’débrouillera pour faire venir les autres pas à pas.

Le talkie crachote à c’moment-là et on entend la voix de la doc. C’est le moment où jamais d’agir, la fenêtre d’action qu’elle nous a laissée restera pas ouverte éternellement.

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William regarda brièvement Lenore, sans pouvoir lui apporter de réponse. Il ne connaissait personnellement pas les S.T.A.R.S., mais leur réputation se basait sur l’exactitude des informations qu’ils fournissaient, il préférait rester sur ses gardes. S’il devait admettre qu’ils avaient eu tort, il le ferait volontiers et avec soulagement, cela dit. « Ne nous relâchons pas, tant que nous n’avons pas la preuve formelle qu’ils ont commis une erreur à ce sujet. » Appliquant méthodologiquement leur plan, ils n’eurent pas à attendre bien longtemps pour que tout ça se confirme. Jurant en Québécois, il se figea en voyant Zi partir sans demander son reste et en entendant le son du sifflet retentir. Bordel. Ils avaient besoin d’elle, en vie, s’il leur arrivait quoi que ce soit – en plus du fait qu’il ne désirait perdre personne. Hochant la tête à l’attention de Zack, il fit signe à Lenore et à Eddie. « Allons-y. On ne se sépare pas, autant que possible. » Ils pouvaient facilement être débordés et assaillis par les rôdeurs. « Zack, tu actives le leurre et tu l’envoies dans l’église, sans que ça soit trop loin. » Pas besoin d’y aller comme un bourrin. « On en prévoit un deuxième à portée, qu’on activera si le premier échoue. Donne le moi. » Ils aviseraient après du meilleur placement.

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Will était parti sans un regard supplémentaire après leur avoir indiqué de ne pas se séparer, pour que l’un d’eux ne soit pas séparé d’eux par les rôdeurs, ayant confiance en chacun d’entre eux pour obéir. Ils avaient peu de marge pour se retourner, mais ils devaient pouvoir s’éloigner – grâce à Zi et grâce aux leurres lancés dans l’église, qui semblait faire leur office. Partiellement, du moins. Se retournant, sursautant en entendant les coups de feu, il ne put retenir un juron. « Bordel, Lenore ! » Cherchant Eddie des yeux, il lui fallut plusieurs secondes pour le déceler dans son arbre.

Activant son talkie, il essaya de parer à l’urgence de la situation. « Zack, va aider Lenore. Eddie, couvre-le. Tue les morts. Zi, éloigne-les avec un leurre. » Quant à lui… « Je vais barricader l’église. » S’il le pouvait, du moins. Il devrait pouvoir passer inaperçu auprès des morts, les bruits de feu et Lenore étant plus attirants à leurs yeux. Il serait bien allé se réfugier dans un arbre lui aussi, mais il était lucide sur ses chances d’y arriver. « Ne descendez pas à moins que vous ayez une chance. » Il hésita un instant avant de poursuivre. « Si on ne parvient pas à l’en sortir… Abats-la. » Plutôt que de la laisser se faire dévorer et souffrir. « En dernier recours. » S’il n’avait pas précisé le nom d’Eddie, c’était à lui que son message s’adressait.

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