Heureusement que je n’ai pas emmené les enfants, heureusement que nous n’avons pas emmené les enfants. S’ils avaient été là… Anjali. Je devais la retrouver. Elle doit être là. Tout comme la jeune Maelys. Et d’autres. Oh Seigneur.
Mon cœur bat à tout rompre. Je ne me souviens que trop bien de ce qu’une foule terrorisée est capable de faire. Je pensais avoir oublié, mais des flashs du camp et de mes parents me reviennent. Mais il n’y a pas de morts ici, il n’y a que des vivants… Qui sont tout aussi dangereux, même sans arme. Il n’y a qu’à voir comment ils n’hésiteraient pas à me marcher dessus pour tenter de s’échapper plus rapidement.

Et comme si cela ne suffisait pas, ma fille me fait savoir qu’elle est fort mécontente d’être bousculée de la sorte. La douleur supplante les autres, me faisant oublier momentanément les coups reçus. Ma peur s’amplifie, devenant une angoisse plus profonde. Pas maintenant, surtout pas maintenant. Je relève la tête en entendant une voix. Jena. Il me faut quelques secondes pour réussir à attraper sa main, et je me relève tant bien que mal. « On doit trouver Maelys. Et Anjali. » J’halète comme si j’avais couru, profitant d’une pause entre les contractions. Je fronce les sourcils quand le micro siffle, mais c’est la voix qui suit qui retient mon attention. Je ne comprends pas tout, mais je la reconnais. Armand. Il devrait être à Colville. « Tu as entendu ? C’était le général Philips non ? » Je m’agrippe à Jena et me tourne vers l’estrade. Si Armand est là, les militaires doivent l’être aussi non ? « Tout va bien, on ne craint rien. » Même si j’élève la voix, je parle autant pour me rassurer que pour tenter de capter l’attention de quelques personnes. « L’estrade. » On doit rejoindre l’estrade. Et pour le coup, j’oublie momentanément ma colère à son égard. Benjamin. S’il est là, je dois le trouver.

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Elle jette un regard inquiet à Hailey, qui finit par se saisir de sa main et se relever : « Ça va ? Tu n'es pas blessée ?» Il n'est pas bon d'être bousculée en étant enceinte. Jena a peur que cela déclenche le travail et dans ce climat... Ce n'est juste pas envisageable. Mais Hailey est si pâle... et son ton haché. Pourtant, elle parle simplement de retrouver Maelys et Anjali. « Oui. » Jena hésite quelques secondes avant de murmurer : « Je crois avoir vu River... » Enfin non, elle ne le croit pas, elle est convaincue de l'avoir vue, mais ce n'est pas possible, il est à Spokane. Benjamin, le mari de Hailey aussi d'ailleurs.

Mais une voix masculine résonne alors, interrompant les deux femmes. Bouche bée, Jena constate que c'est Armand Philips qui est sur l'estrade désormais. Où est l'Adonaï ? Bon sang qu'est-ce qu'il se passe ? Et si il est là... se peut-il que les Trônes soient revenus de Spokane, ce qui expliquerait qu'elle ai vu son époux ? Mais dans ce cas où est-il ? A-t-il seulement entendu son hurlement désespéré ? Confuse, Jena ne peut qu'acquiescer aux paroles de la jeune femme à côté d'elle. « Oui c'est lui, mais... il ne devrait pas être là... »

En son for intérieur, Jena pressent qu'il se passe quelque chose de grave. Elle jette un regard apeuré sur les miliciens, puis les militaires. Trop de nervosité dans l'air... Elle soutient la future maman qui s'accroche à elle. Il n'y a toujours aucune trace de Maelys... Où est-elle ? Dieu fasse qu'elle se trouve avec des personnes capables de la protéger... Rejoindre l'estrade ? Oui... Non... Elle hésite, ne souhaitant pas être une cible d'une balle perdue, alors que la tension monte encore. Mais River... Il était là bas. « D'accord. Doucement. » Pas de gestes brusques.

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Il fallait de longues secondes à la petite fleuriste pour retrouver ses esprits, complètement sonnée par le mur sur lequel elle avait été malencontreusement projetée. Il y avait énormément de bruit autour d’elle, difficile de discerner quoi que ce soit. Enfin, jusqu’à ce que la voix paniquée d’Anjali ne lui parvienne. Battant un peu des cils en essayant de revenir à elle, Nell comprenait finalement ce qu’il semblait se passer soudainement.

- Oh non. Non, non, non, non, non… Maladroitement, la petite brunette se trainait au sol pour se mettre devant son amie, afin de la protéger de la foule.

Il ne fallait surtout pas qu’Anjali se prenne un coup. Il ne fallait pas qu’elle accouche ici. Il y a une voix qui s’élevait au-dessus de la foule à cet instant. Armand… Nell ne tient plus et cède complètement à la crise de panique qu’elle essayait de contrôler jusqu’ici. Qu’est-ce qu’il se passe ?! Anjali ! Steve ? Adonaï… Armand ? Nell cherchait son air et commençait à hyperventiler. La foule était hystérique tout autour d’elle et d’Anjali et c’est bien malgré elle que la trentenaire ne pouvait bouger d’un millimètre pour se protéger, comme figée dans sa propre panique intérieure. De toute façon, jamais elle ne laisserait Anjali à découvert contre ces gens affolés.

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La tension palpable au sein de la ville leur parvient malgré tout. Jacob ne peut pas s'empêcher d'appréhender, il ne peut pas non plus décider, devant le fait accompli, de tourner les talons quand cette ville a besoin justement d'un cadre dans cette période désespérée. Il se résigne sans doute, après cette nuit infernale, à suivre cette cadence infernale qui s'impose pour tout le monde. Alors, peut-être est-il fatigué, physiquement comme émotionnellement, mais il tâche de tenir le choc. Sur place, durant cette cérémonie qui aurait dû augurer de "bonnes" choses, l'ambiance semble désespérée.

Et il l'entend aux cris, il le sent à ce mouvement de foule, alors que le Grand Général Phillips essaie de prendre la parole. La masse ne le permet pas, la panique sur la disparition d'Adonaï laisse augurer le pire. Et puis, les miliciens perdent leurs nerfs, et en voyant l'un d'entre eux s'en prendre à des innocents, Jacob essaie de s'interposer : Arrêtez ! Il n'a pas le temps de l'en empêcher, au contraire : son arrivée surprise semble prendre de cours son vis-à-vis, qui, dans la panique, fait pire que mieux... Bon sang...

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J’ai un soupir, alors que je me retourne pour la énième fois en direction de la maison. Je n’ai pas envie de partir, j’aimerais rester avec la nourrice et le milicien qui surveille la maison. Mais j’ai aussi besoin de prendre un peu l’air et je sais à quel point cet évènement a de l’importance pour les personnes de cette ville. Même si j’ai l’esprit passablement troublé depuis le départ de papa. Et que j’aimerais qu’il soit là. Il me manque encore plus que d’habitude et je n’ai pas vraiment le cœur à la fête. C’est l’inquiétude qui semble guider chacun de nos faits et gestes depuis que j’ai pu lire ces dossiers.

Finalement, la maison est trop loin pour que je puisse l’apercevoir. Et je remonte les rues d’un bon pas, avant de me figer quand je commence à entendre des cris. Si au début, je me contente de penser que ce sont des cris de joie, la réalité se rappelle bien vite à moi alors que je me rapproche. Et je sens mon cœur qui se met à battre à vive allure alors que j’accélère le pas. Il y a ma famille là-bas. Maelys. Jena. Jordane. Je ne peux pas repartir en arrière, même si j’ai terriblement peur de ce que je pourrais trouver là-bas.

Et, une fois sur place, j’ai l’impression que tout se bouscule. « Oh mon Dieu… » Soufflé dans un murmure incrédule alors que je cherche les miens des yeux, sans succès. C’est tout juste si je prête attention à l’homme qui semble avoir pris la parole plus loin, mon regard scrutant la foule. « Maelys ! Jordane ! Jena ! Je… » Pas le temps d’en dire plus que j’ai l’impression de me faire submerger, comme la première fois que j’ai mis les pieds dans l’océan. Cette sensation de ne pas pouvoir se relever, d’étouffer, alors que la foule en panique s’est précipitée dans ma direction.

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Les choses ne s’arrangent pas, au contraire. Daisy n’a plus qu’une seule idée en tête, c’était de retrouver un semblant d’équilibre sur ses deux jambes. Une voix, celle d’Ela, s’élève comme un phare, elle lui tend une main accidentée, se relevant. L’oxygène revient dans ses poumons, elle garde sa main autour de son ventre, alors qu’elle prend la main d’Ela.

Merci, merci.. fit-elle, alors qu’elle avait l’impression de respirer à nouveau. Elle tente tant bien que mal d’essuyer son visage, certainement plein de poussière avec sa manche, mais vu l’état de ses vêtements, elle ne parviendrait à rien. Armand, Armand Phillips, semblait vouloir prendre la parole et la proposition d’Ela de se rendre sur l’estrade lui semblait autant une mauvaise qu’une bonne idée. La confusion était contagieuse, Daisy ne savait plus bien ce qu’elle devait faire pour se sortir de ce pétrin terrible. que ce passait-il ? Ou était l'Adonaï, pourquoi Phillips se trouvait sur l'estrade ?

C’est à ce moment qu’elle voit l’ombre d’un milicien, le coup part, elle ne pouvait y croire, se collant contre Ela, elle parvient à éviter le coup de matraque qui part. Mais vous êtes complètement fou ! Je suis enceinte ! Sombre.. Daisy fait de grands yeux, avant de regarder Ela. Partons, je te suis, partons, avant que l’on ne finisse tabassées par ces fous !  

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