L’envie de presser sur la détente était forte. Ce chien venait de s’en prendre à une simple enfant – à mon enfant – de façon complètement gratuite. Je n’imaginais pas un monde où Maelys aurait pu mériter qu’on fasse preuve d’une telle violence à son encontre, alors qu’elle était prostrée au sol, apeurée et affaiblie. « Pour qui tu te prends ? Ce n’est qu’une enfant, bon sang ! Tu ne mériterais même pas que je fasse preuve de clémence envers toi… » Lâchai-je d’une voix grondante. Il aurait dû la protéger, les mettre à l’abri. Ce monde était devenu complètement fou. Le milicien devait sentir à quel point j’étais proche du point de rupture, car il se tint tranquille, suspendu à ma décision.

Ce furent les cris de Maelys qui m’empêchèrent de répondre à la violence par la violence. Elle appelait son père, avec l’accent de la détresse. Non… elle m’appelait. Je réussis enfin à détourner le regard du milicien pour la retrouver, encore à terre. « Ça va aller, Maelys. Je suis là maintenant. » Soufflai-je d’une voix plus douce, tentant de lui sourire pour la rassurer un peu.

L’instant d’après, je retournai mon arme pour abattre un violent coup de crosse sur la tempe du milicien. Il ne l’avait pas volé après ce qu’il venait de faire à Jordane. Un genou planté entre ses omoplates, je lui attachai les mains dans le dos avant de le traîner un peu à l’écart de la foule. Je revins rapidement ensuite pour entendre Armand clamer son discours en fond, auquel je ne prêtais qu’une oreille peu attentive. Toute mon attention était focalisée sur les femmes qui m’entouraient.

Je relevai immédiatement Maelys pour la prendre dans mon bras, tout en conservant une main ferme sur mon arme de service. « Ça va aller… où est ta mère ? Et Lynn ? April ? » Je fouillai du regard la foule sans les voir, posant un regard interrogateur sur Jordane ensuite. Ce fut Sienna qui revint de façon presque providentielle, avec ma fille dans son sillage. « Lynn ! Tu vas bien ? » Soufflai-je avec soulagement, en passant une main légère sur sa joue. Je commençais enfin à mieux respirer, même si toute ma famille n’était pas encore réunie. « Il faut vous mettre à l’abri. » Il n’y avait subitement plus que ça qui comptait à mes yeux.

Dés/Résumé:

Mode/Equipement:

La foule semble comme se figer d’un coup, alors qu’une voix s’élève un peu plus loin. J’ai un froncement de sourcils alors qu’il me semble reconnaitre le général Phillips, mais ses paroles semblent tellement… improbables, que je me demande si je n’ai pas pris un violent coup sur la tête. Une meilleure distribution des ressources ? Plus de mariages forcés ? Et… l’Adonaï ne nous dirige plus ? C’est de la folie. Tout simplement.

Je n’ai pas vraiment le temps d’assimiler ce qu’il vient de dire que je sens qu’on m’aide à me relever. « S… Sienna ? Oh, je suis heureuse de te voir. » Je la serre contre moi, les larmes aux yeux et je me laisse entrainer avec elle, rassurée quand elle me dit que papa est là, pas loin. J’aurais presque l’impression de revivre mon cauchemar habituel, s’il n’y avait pas tant de disparités. Je boite difficilement, m’appuyant sur la brune, alors que nous nous rapprochons des autres. Et je me fige en voyant Jordane, les larmes roulant sur mes joues. « Oh non, non, non… »

Il me faut bien quelques secondes pour comprendre que papa est en train de me parler, qu’il est bien là. Je sens sa main passer sur ma joue et je hoche la tête, incapable de parler, tremblant des pieds à la tête. Comme au stade, il est venu me chercher. Il vient toujours. Et, après quelques secondes je finis par souffler, d’une voix tremblante. « Qu’est-ce qui se passe bon sang ? »

Spoiler:

« Je… ça va, je vais bien. » Inutile d’être plusieurs à paniquer. Je ne panique pas d’ailleurs, je contrôle parfaitement bien la situation. Non, absolument pas. Est-ce que le fait de ne rien contrôle me fait davantage paniquer que la foule autour ou même les contractions ? C’est fort possible. Tout à fait stupide, mais possible.

Je fronce les sourcils quand elle parle de River, mais rapidement, c’est une voix bien connue qui prend le dessus. Et si lui est là, peut-être a-t-elle réellement aperçu son époux. Et il y a donc des chances que le mien soit là aussi. « Il y a peut-être eu un problème. » Sans doute même, sinon, ils seraient effectivement à Spokane. Mais le fait est qu’ils sont là. Nous nous rapprochons lentement de l’estrade et je tente de me concentrer sur la voix d’Armand qui reprend.

Et je m’arrête, levant la tête. Oh Seigneur. Il n’y a pas eu de problème. Ils sont là exprès. Il prend le pouvoir. Non pas lui tout seul. Mais vu la tension actuelle… Je me mords la lèvre, me pliant en deux quand une nouvelle contraction me saisit. Je serre les poings et me force à respirer aussi calmement que possible. Pas maintenant. Pas. Maintenant. Le brouhaha s’est tu, nous laissant quelques instants de répit. Mais ça ne va pas durer.

Je me redresse, la mâchoire crispée, bien trop pâle, et je fixe les personnes sur l’estrade. D’accord. « Tout va bien. » Je murmure, pour ma fille, pour moi, pour Jena.  Les mains posées sur mon ventre, j’inspire profondément alors que la contraction finit de passer. D’accord. Un pas en avant.

« Général Philips. Puis-je prendre la parole ? » Je lève le menton et hausse la voix. « Je crois… La peur a été instillée depuis longtemps, il est difficile d’imaginer qu’il puisse ne pas y avoir de sanctions. Il est difficile de songer que les choses puissent se passer pacifiquement, même si je m’efforce d’y croire. Néanmoins, je crois que chacun d’entre nous craint pour sa vie, son avenir, sa famille. Pour tout ce qui a été bâti ici. » Je déglutis et reprends, sur ce ton toujours un peu haché, un peu essoufflé, mais aussi calme et posé que possible. « Nous voulons tous être en sécurité et manger à notre faim. Nous voulons tous plus d’égalité et de justice. Nous voulons un foyer. Nous voulons que cet endroit redevienne l’arche et le sanctuaire qu’elle était censée être, comme vous l’avez dit. » Je fais un geste des bras, englobant tout ceux qui m’entourent. « Aurons-nous la possibilité, civils, miliciens, militaires, femmes et hommes, la possibilité de nous exprimer ? De faire valoir nos droits et nos désirs ? Nous écouterez-vous ? » Est-ce que sa promesse suffira à calmer tout ce monde ? « Vous parlez d’équité, et je comprends qu’il faille du temps pour réussir à tout mettre en place… Mais être plus juste implique la suppression des districts. Plus de bidonville. Ni Colville. » Je darde mes prunelles sur Armand. « Nos familles, nos amis, seront-ils libérés et ramenés parmi nous ? »

Spoiler:

Equipement:

Résumé:

Equipement & armes:

Ela va pour se diriger vers l’estrade mais Daisy lui échappe quelques secondes alors que prise dans la panique générale, un milicien tente de s’en prendre à elle. Choquée, l’israélienne attire son amie à elle et ensemble, elles tentent autant qu’elles peuvent de rejoindre le noyau près de l’estrade, s’éloignant de ces miliciens à la main leste. « Daisy, ça va ? » Lui demande-t-elle, avant d’entendre la voix d’Armand s’élever et promettre… Est-ce qu’il pouvait réellement tenir cette promesse ? Mais Ela avait toujours cru en lui, en ce qu’il faisait. Ce n’était pas maintenant qu’elle allait douter.

C’est ensuite la voix d’Hailey qui se pose et interroge, fermement. Egalité. Justice. Pourraient-ils, tous autant qu’ils sont sur cette estrade, leur promettre que l’histoire ne se répèterait pas ? C’était tout nouveau. Fragile également. Mais puisqu’il est question de changement, l’israélienne ne peut s’empêcher elle aussi de prendre la parole : « Le changement doit s’opérer ici même et maintenant. » Lance-t-elle, durement, avec son bras entourant l’épaule de Daisy, inquiète pour sa sécurité et celle de son enfant. « Que nos miliciens reculent et baissent leurs armes… » Pose-t-elle ensuite, en jetant un coup d'œil à la ronde. « De quoi avons-nous peur ? Vous êtes ici entourés de familles, de femmes et d’enfants,  VOS FAMILLES, VOS ENFANTS. Vous êtes les seuls responsables du chaos qui règne encore ici... Général Philips… » Fit-elle soudain, en se tournant vers l’estrade pour regarder l’homme droit dans les yeux. Elle ne cille pas, malgré un battement fébrile de son coeur. L’enjeu est trop important. « Rappelez-les à l’ordre. Avant de parler de ces changements, avant de nous demander d’écouter, ramenez la paix sur cette place. » La tension est toujours là, elle le sent, en est témoin alors que la foule hésite encore à s'enfuir ou à rester là, sans bouger. Un troupeau de brebis égarées, voilà ce qu’ils tous en cet instant. Mais si l’excès de zèle de ces miliciens continuait, elle n'hésitera pas à répliquer cette fois.

Résumé :

Equipement:

Je ne me savais pas si agile, fit-elle, en reprenant un peu de contenance. L’instinct sûrement. Elle avait eu peur, peur pour son bébé, peur pour elle.

Les annonces ont l’effet d’une bombe dans l’esprit de Daisy. Ce n’était pas anodin, rien ne l’était. Ce qu’elle avait connu ces sept dernières années partaient en fumée sous ses yeux. Le système et le régime autoritaire c’était la seule chose qu’elle comprenait et aujourd’hui, peut-être, une évolution ? Elle pouvait dire sans difficulté que son cerveau était encore un train de digérer la fin d’une ère. Qu’on le veuille ou non, la transition ne serait pas simple pour tout le monde. La liberté avait certainement du bon, encore fallait-il savoir quoi en faire.

Hailey prend la parole, puis Ela. Elles avaient raison, le zèle n’avait que trop duré. Elle, femme enceinte avait failli prendre des coups de matraques. Ces hommes sensé représenté l’ordre et l’autorité n’était que des amoureux de la violence, avide de sang, peu importe le prix.

Rappelez vos miliciens à l’ordre !   fit-elle, en écho à Ela Ils s’en prennent à des femmes, des mères, des enfants, l’un d’entre eux n’a pas hésité une seconde à lever sa main sur moi, alors que je porte la vie! s’insurge t-elle, prenant la main d’Ela, pour se donner un peu de courage et de contenance. Elle s’était toujours pliée à toutes les contraintes, sans broncher, elle jouait le jeu qu’ils avaient instauré, mais tous, tous ils trichaient, se justifiant devant Dieu comme la main qui sert le tout-puissant.

Spoiler:

Alors c'est ça ? Un putsch, rien de moins ? Elle regarde, surprise, Armand qui prend la parole et assure que l'Adonaï ne sera pas là aujourd'hui. Il ne sera plus jamais là. Elle est partagée entre le soulagement, alors qu'elle ai clairement identifié la dangerosité de cet homme qui s'est pris pour un dieu et n'a fait que renforcer la répression sur les plus faibles... On dirait que les choses se sont mises à changer, plus rapidement encore que River et elle ne l'avaient envisagé. Mais si Philips est là, alors cela veut dire que River est bien présent et qu'elle n'a pas halluciné... L'aurait-il soutenu pour destituer celui qui a élevé cet arche du salut ? Alors qu'il lui était complètement fidèle ? Elle n'y comprend rien. Mais il y a ici, des hommes et des femmes qui ne sont sans doute pas près à perdre ce qu'ils connaissent tant ils ont un foi aveugle en leurs sauveurs. Hailey à ses côtés, lui semble tendue. « Hailey... tu es sûre ? » Mais elle lui répète que ça va, déterminée.

Déterminée aussi à prendre la parole. Jena lui murmure simplement qu'elle doit trouver Maelys. Elle craint le calme avant la tempête. Pour le moment, il y a la sidération, mais ça ne va pas durer. Fendant la fouler, elle se démanche le cou pour aviser l'adolescente... Et finalement, son cœur manque un battement quand elle reconnaît l'attroupement... Lynn, Maelys. River. Elle sent ses jambes trembler de soulagement, avant de se mettre à courir vers eux, venant attraper sa fille pour la serrer contre elle. « Oh Maelys, dieu merci, tu es là. Tu vas bien ? » Elle la dévisage, puis pose sa main sur l'épaule de Lynn pour l'observer elle aussi attentivement. « Vous allez bien ? » Enfin, son regard noisette termine son inspection sur River, tandis qu'elle lui sourit. Ce n'est pas le moment mais... impulsivement, elle entoure sa nuque de ses bras et lui vole un baiser rapide. « Si tu savais comme je suis soulagée que tu sois là. Je crains que ça dégénère...» Déjà, certaines élèvent la voix contre les violences commises. Armand se poste en sauveur, mais il ne saura le faire sans fermeté... Ni brutalité. En ont-ils tous seulement conscience ? « Tu as confiance en lui ? » Elle murmure à l'adresse de son mari. Il ne fait pas de doutes qu'il est derrière lui...

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