Quel soulagement de les retrouver tous ici ! Mais River a raison, il faut partir d'ici à tous prix. Si Armand a réussi à capter l'attention, très vite, les esprits s'agitent. Il y a encore des gens convaincus d'agir pour le bien commun et qui obéissent aveuglément à l'Adonaï. Aucune certitude qu'il n'ai pas été tué par Philips d'ailleurs. Jena craint que les choses ne virent au bain de sang. Toutes les forces de l'ordre ne sont pas au service d'Armand... Si il a gagné le soutien des Trônes, il n'a pas celui des miliciens et déjà, autour d'eux, des voix s'élèvent encore, des coups de feu se font entendre. « Je ne sais pas, il faut partir. » Son ton est pressant...

Mais avant qu'elle n'ai pu esquissé le mouvement de repli, un homme surgit et se précipite vers eux. Jena n'a que le temps de le capter du coin de l’œil et esquisser le geste de se mettre devant sa fille... Une douleur fulgurante se fait ressentir au niveau de son flanc gauche. Incrédule, elle porte la main pour la voir se teinter de rouge. Tellement de coups de feu autour d'eux qu'elle n'a pas compris tout de suite que celui-là... Était pour elle. « Qu'est-ce que.. » Choquée, ses jambes flanchent, mais elle garde à l'esprit de poser sa main pour compresser la blessure. « River... » Des larmes de douleur et de panique lui montent aux yeux alors qu'elle vacille, avec l'envie de se recroqueviller pour ne plus être la cible de la violence de ces hommes..

Spoiler:

La situation ne s’apaise pas. Au contraire, la confusion est générale, Armand ne parvient à convaincre, et encore moins Daisy quand ce dernier défend les miliciens. L’un d’entre eux était prêt à lui assené un coup, elle qui ne tentait que de fuir la situation qui n’en finissait plus de dégénérer. Les fautes graves, il y en avait déjà un paquet. Personne n’avait jamais osé hausser les tons, Daisy, encore moins, mais elle avait eu peur pour sa vie et celle de son enfant à naître. C’en était trop.

Un talkie walkie grésille, « Bordel, ici Walsh, vous […] ?? On a une situation d’urgence au Bidon[…], qu’est-ce que vous attendez pour nou… ARGH. »

Daisy n’a pas le temps de dire quoique ce soit, elle se rend bien compte que la transmission n’avait pas été écoutée. D’autres voix s’élèvent dans la foule, celles des miliciens qui refusent de répondre aux directives d’Armand. Des fanatiques, possédées par les idées de l’Adonaï, son absence semble désormais ce qui pouvait arriver de pire. Des coups de feux sont tirés, Daisy à temps, se met en boule à terre, l’ombre d’Ela la protège, alors que celle-ci prend une balle perdue dans le bras. Daisy la regarde, alors qu’elle hoche la tête pour lui signifier qu’elle n’avait rien. La jeune mère l’aide à s’entourer le bras du tissu de sa robe.

Ela, le bidonville… fit-elle, en nouant le bandage autour du bras d’Ela, alors que ses mains tremblaient. Cela ferait l’affaire pour l’instant. Il faut partir, il faut partir tout de suite. Le bidonville, je crois qu’ils sont dépassés, ça risque de dégénérer encore plus ..  

résumé:

Si je suis rassurée par la présence de papa, la tension environnante ne descend pas. Et j’ai juste envie de partir loin d’ici, loin de toute cette violence qui explose un peu plus à chaque seconde. J’écarquille les yeux quand différentes femmes prennent la parole, sans trop savoir quoi penser, avant de me figer quand le milicien bouscule un des militaires et prend la parole. « Seigneur… » Soufflé dans un murmure incrédule alors que je me fige, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture.

C’est à peine si j’entends Sienna me parler. Et j’entends des détonations tout autour de moi, alors que je vois Jena chanceler. « Non ! » Je n’ai pas réalisé qu’il y en a d’autres et que, d’un coup, mon bras me brûle. Je porte ma main à mon bras gauche, fronçant les sourcils quand je vois qu’elle est imbibée de sang.

Et, comme si tout n’était pas assez fou comme ça, j’entends très distinctement un talkie cracher quelques mots. « Ici Cromwell, ramenez des troupes au District 5 et au Bidonville, on a une révolution sur les bras ! On se fait descendre, vite ! » Une révolution ? Je regarde autour de moi, totalement perdue, la tête bourdonnante alors que j’essaie de crier, en direction de mes proches, la main plaquée sur mon bras pour limiter le saignement. « On doit partir d’ici ! Vite ! C’est… c’est pire au Bidonville ! » J’ai l’impression de crier, mais probablement que ma voix est étouffée par tout le chaos ambiant.

Spoiler:

La tension continue de grimper malgré les vaines tentatives pour apaiser tout le monde. Evidemment que ce n’est pas si simple. Evidemment que les miliciens n’apprécient pas ce  genre de remontrances. Sans parler de l’emprise de l’adonai, qui est bien trop forte. Et puis, personne ne veut perdre ses privilèges. Certains miliciens s’agitent encore plus, en colère, devenant plus agressifs encore. Plus dangereux. Trop dangereux.

Je tourne la tête en entendant un talkie, auquel personne ne semble prêter attention, pas même son propriétaire. Je sursaute en entendant une déflagration, et me fige en entendant la voix qui suit. « Je répète, on se fait descendre au District 5, je répète, on se fait descenghhhh… SBAM. » Plus rien. Oh non. Seigneur non, pas maintenant.

Mais personne n’y prête attention. Pas étonnant alors que des coups de feu se mettent à retentir ici aussi. Mes yeux s’écarquillent et je tente de m’écarter pour me mettre à l’abri. En oubliant que je suis enceinte et quelque peu ralentie… C’est une brûlure vive, soudaine qui m’irradie le bras, en m’arrachant un cri. Et je blanchis en voyant le sang maculer la main que j’en retire. Oooh. Non, comment... J’appuie sur la blessure en gémissant et je lève les yeux à la recherche de quelqu’un, n’importe qui. Sauf que n’importe qui, ça n’ira pas. « Benjamin ?! » Il ne doit pas être loin, pas vrai ? Il va me chercher, il doit me chercher. Je me recroqueville près de l’estrade. L'estrade. Le général. « Armand ! Le bidonville ! Il faut aider... les gens. Éviter... Les morts. »

Et un nouveau gémissement franchit mes lèvres alors qu’une nouvelle contraction me plie en deux. Je... Inspie, expire... Mon bras me lance et la douleur concurrence un instant avec la contraction. Des larmes me montent aux yeux. « BENJAMIN ! »

Spoiler:

« C’est un coup d’état. » Livrai-je, sans détour, à ma fille en réponse. Elle avait le droit de savoir ce qu’il se tramait sur cette place, alors que chacun cherchait à prendre la parole pour faire valoir ses droits après le Général Philipps. Celui-ci chercha de nouveau à appeler à l’ordre, mais la situation était électrique. « On doit vraiment s’en aller. Maintenant. » Je ne leur laissais pas vraiment le choix, ni même l’occasion de protester. Ma priorité était de les mettre en sécurité. Ce qui se jouait aujourd’hui ne me concernait plus réellement tant que ma famille était en danger.

J’entraînai Maelys à ma suite, en espérant que Lynn suive sans discuter. Si leurs amies, Sienna et Jordane, souhaitaient venir également, je ferais évidemment en sorte de les protéger. Me frayer un chemin dans la foule amassée n’était pas si évidente. Ils ne s’écartaient pas toujours, même à la vue de mes armes et de ma tenue de Trône. « Ecartez-vous, laissez-nous passer. » Je traquai dans cette foule compacte une seule personne qu’il me manquait à l’instant présent. Quand je sentis quelqu’un sur le point de m’arracher Maelys, je raffermis aussitôt ma prise… avant de réaliser qu’il ne s’agissait de nul autre que sa mère. « Jena… » Soufflai-je avec un soulagement non feint. Mon regard accrocha brièvement le sien, avant qu’elle ne me vole un baiser. Je n’eus même pas le temps de réaliser ce qu’il venait de se passer, pas plus que de répondre à ses interrogations, car déjà des cris révoltés s’élevèrent juste derrière nous. Les fidèles de l’Adonaï, tout juste sonnés par le discours d’Armand, commençaient à réaliser ce qu’il se tramait. La rumeur grondait dans leurs rangs. « On bouge, vite. » Mais déjà, ils ne se limitaient plus aux accusations. Les tirs fusèrent, sonnant le glas de ce rassemblement.

Je réalisais avec un temps de retard que déjà Sienna ne nous suivait plus, puis bientôt ce fut la prise de Jena qui faiblit. Je me retournai pour croiser son regard alarmé, et voir ses mains pleines de son propre sang. « Jena ! Non, non, non… » La panique m’étreignit aussitôt. Je me précipitai sur elle pour la rattraper à temps, mais restait impuissant à la regarder se vider de son sang. Bientôt, ce fut la colère qui prit le pas alors que je traquai du regard dans la foule le responsable. Mon arme de poing atterrit entre mes mains aussitôt. Le tir le faucha. Mon chien s’élança en avant pour terminer de lui régler son compte. Je restais sourd à ses hurlements et ses suppliques. Lynn était en sang, elle aussi. Elle nous intimait pourtant de continuer à fuir. Je me relevai en passant un bras sous les épaules et les jambes de Jena, repartant au pas de course. « Reste avec moi… je t’en prie. Ne meurs pas… J’ai besoin d’un médecin ! » Hurlai-je, en désespoir de cause.

Spoiler:

Bon sang. La réplique est amère, teintée d'un désespoir qu'il ne comprend pas bien. Jacob a tout juste le temps de s'accroupir et en voyant le chaos, avise les personnes à côté de lui : Restez au sol ! Ordonne-t-il. Tous n'ont pas le temps ou la chance de se mettre en sécurité, il s'en veut d'autant plus de conseiller à une jeune femme de s'abriter sous le corps d'un civil tombé au sol et sérieusement blessé, peut-être déjà mort. Kendale ! L'homme est au plus proche des miliciens acculés.

L'organisation ne demande pas beaucoup de temps ou de réflexion, c'est sans doute un geste inconscient de leur part, qui leur coutera cher plus tard. Jacob est le premier à atteindre un milicien pour foncer dans sa direction et le saisir à la taille. Le choc est rude : pour l'autre. Il vient l'écraser au sol, sans aucune vergogne, il en a tenu des plus dangereux par le cou de cette manière, et des bestiaux où il fallait être trois ou quatre pour les maintenir en place. Sauf que désormais, il est aussi au plus proche des ennemis. Mais ça fait moins de bras pour tirer sur des innocents.

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