« Sérieusement, pourquoi on a un civil dans les effectifs de nos patrouilles cette nuit ? » Jusqu’à preuve du contraire, Yuan n’était pas un soldat, ou même encore un de nos éclaireurs ou de nos pilotes. En bref, il devait se contenter de faire des beaux sourires à qui de droit en tant que diplomate et laisser les patrouilles s’organiser sans lui. Je soupirai, avant d’affecter les équipes. J’en parlerais plus tard à Arizona. Je n’avais personne pour le remplacer au pied levé dans l’immédiat, avec tous les malades. Je l’affectai avec Ashley pour que le courant passe, dans la surveillance de la partie civile. Il pourrait être aux premières loges pour les scènes de ménage de cette façon.

« Tu restes à la radio ? » Indiquai-je à Logan, avant de m’apprêter à partir en compagnie de Stanley. J’avais cru comprendre que le courant ne passait plus trop entre eux, alors autant éviter les situations conflictuelles. Je n’avais pas tous les détails, et je m’en fichais pas mal au-delà du fait de constituer ces équipes.

Je récupérai tout mon barda avant de mettre en route en direction des barricades. Le ciel était clair ce soir, la lune et les étoiles bien visibles. « Rien à l’horizon. » Commentai-je simplement. Je remontai les barricades en silence, avant de me décider de le rompre pour mettre les deux pieds dans le plat avec le chef : « C’est quoi le problème entre vous deux exactement ? » C’était le moment idéal pour rattraper quelques épisodes de retard, non ?

Dés/Résumé:

Mode/Equipement:

« Si vous avez une réponse à cette question, je serais ravi de la connaitre. Je n’ai pas demandé à venir. » Lâché d’un ton froid à l’attention de Reid alors que ce dernier semble plus qu’agacé par sa présence. Autant dire que le sentiment est plus que partagé, mais l’asiatique met un point d’honneur à remplir correctement la mission qui lui est assigné.

Un sourcil levé alors qu’ils passent près du Summer, alors que l’ambiance détendue qui en émane lui permet de relâcher, un peu, la pression. Pour autant, il est passablement soulagé que Locklan l’envoie faire une dernière ronde loin de lui. Ce n’est pas lui qui va se plaindre de faire équipe avec Ashley, qu’il a déjà pu côtoyer. Et il ne se fait pas prier pour s’éloigner d’un bon pas en direction des civils, sans un regard en arrière pour l’autre duo.

Et, après quelques mètres, il s’arrête devant une maison, alors qu’un bruit de bris de glace, suivi d’un cri d’enfant, attirent son attention. « Ashley ? Vous avez entendu ? » Un signe de tête à la jeune femme alors qu’il se rapproche, sa lampe de torche en main, pour essayer de voir ce qui se passe.

Spoiler:

- Ça s’appelle l’entre-aide. Y a pas d’raison qu’ce soit toujours les mêmes qui s’tapent le boulot, avait ajouté Stanley à l’évocation de la présence de Yuan parmi eux. Une remarque qui faisait écho aux premières années Remnants, quand les militaires étaient les seuls à trimer pendant que les civils se la coulaient douce.

Aujourd’hui, tout n’était pas rose non plus, loin de là. Il y avait la menace New Eden, toujours présente. Il y avait la mort de Phelbs. Puis il y avait cette maladie sournoise, qui semblait avoir déserté leurs corps, mais sans complètement quitter leurs têtes. Avant de se séparer des autres, Stanley passa d’ailleurs un doigt dans son oreille, qu’il agita vivement trois secondes. Le bourdonnement était fréquent depuis quelques semaines, il ne s’y faisait pas vraiment. Il ne dura que deux ou trois minutes cette fois-là.

Ils se séparèrent et le trentenaire prit ainsi le chemin des barricades en compagnie de Locklan pour poursuivre leur ronde. C’était une nuit comme les autres. Un peu plus festive que d’ordinaire au Summer's, mais il n’y avait rien de particulier à déclarer. Près des barricades du moins, rien ne se dessinait, comme l’affirmait son coéquipier. Le fusil en bandoulière, le militaire tendait l’oreille à la nuit silencieuse. Son regard partit vers son voisin.

- Tu veux dire : en dehors du fait qu’c’est un abruti et qu’on n’peut pas compter sur lui ? Répliqua-t-il, un brin râleur. Parce qu’il parlait du mec qui lui avait souvent sauvé la mise, il y avait évidemment dans ses propos une mauvaise foi implacable. Même si Stan n’avait pas complètement tort sur ce coup-là. Sous prétexte qu’il est rev’nu d’sa p’tite virée avec les bras plein d’trucs, faudrait lui baiser les pieds et n’pas l’faire chier. Tu l’crois, ça ? Rouspétait-il.

Spoiler:

J’crois qu’dans c’campement, y a personne qu’râle plus qu’moi… Sinon Locklan. C’type, à chaque fois qu’il ouvre sa jatte, c’pour commencer par s’plaindre, râler, ou pour savoir l’derniers ragots. Sans dec, si c’type était un sacré corniaud qu’aime s’foutre sur la gueule, j’pense que j’l’aurais déjà cané. Mais j’l’aime bien. J’me souviens qu’on a passé d’sacrées soirées à c’biturer la gueule, et qu’on s’est d’jà battu : et il cogne fort l’enfoiré ! Ouais, j’l’aime bin’.

D’coup, quand il m’dit qu’je reste à la radio, j’acquiesce. D’toute manière, j’n’allais pas faire une énième patrouille avec un civil, ou d’autres types à qui qu’j’ai rien à dire ; et j’n’allais pas non plus m’foutre sur la gueule avec Stanley au beau milieu d’tout c’bordel… Alors… Bon.

D’coup, j’pose un cul. Autant profiter d’être à l’aise et tranquille, maint’nant qu’c’est pas mon tour d’faire des kilomètres à scruter des civils qu’pensent à tout sauf s’protéger et s’préparer au pire. P’tain d’privilégiés… D’là où qu’je suis, j’peux tout mirer : l’civils, l’camp, l’murailles, et même quand l’ciel est dégagé, un peu d’nos côtes histoire d’voir venir. Et l’ciel, bin’ sûr. Faut pas oublier qu’ces fils d’putes d’New Eden ont d’quoi v’nir du ciel…

Mais rien. Rien sur les ondes, rien sur l’talkies, rien dans l’ciel ni sur mer. C’tranquille. Et j’commencerais presque à m’faire chier. Mais y a un truc qui m’titille au niveau d’campement, j’saurais pas trop dire quoi pour l’instant, mais c’comme-ci qu’mes poils m’disaient d’me tenir prêt. J’crois qu’j’ai même des frissons, et c’pas l’froid, ça, c’sûr ! Donc, j’me met en position d’tir : fusil sur bipied, yeux dans la mire, j’regarde l’campement et les civils… Et y a bin’ d’trucs qui s’passent, qui s’préparent… j’mettrais ma pogne à couper qu’un truc va s’passer d’côté des civils.

« Logan à patrouilles, Logan à patrouilles… » J’laisse grésiller l’talkie, histoire d’être bin’ sûr qu’les autres zigotos ont bin’ compris que j’les appelle et qu’j’ai un truc à leur dire. « Y semble avoir d’mouvement d’côté des civils. J’ai pas une bonne visibilité mais ç’sent l’roussi, faudrait aller voir les gars. Terminé. »

Et parce qu’mon intuition m’trompe jamais, j’retire la sécurité d’mon fusil, prêt à tirer. J’ai d’quoi faire, et d’bon matos.

Résumé:

Equipement:

Que pour Yuan, c'est notre secret:

Equipement:

Résumé:

Il se contente d’un froncement de sourcils imperceptibles quand Ashley lui confirme qu’elle a aussi entendu le bruit dans la maison. Et il hoche la tête quand elle lui fait signe de faire le tour de la maison, avant d’avoir un temps d’arrêt devant la fenêtre tachée de sang. Autant dire que ce n’est pas du tout bon signe. Mais il a un haussement d’épaules en direction de la pilote, sans trop comprendre dans l’immédiat à quoi les traces correspondent.

Une fois dans la maison, d’autres traces de sang, mais tout semble calme. Anormalement calme d’ailleurs après le cri qu’ils ont entendu. C’est à ce moment-là que le talkie grésille et que la voix de Logan résonne dans l’obscurité. L’asiatique attrape son talkie et presse le bouton pour souffler, à mi-voix. « Bien reçu. On a un souci ici. Côté maison, un cri et du sang. On va… »

Il n’a pas le temps d’en dire plus qu’il se fait agripper sans qu’il n’ait le temps de voir d’où ça vient. Projeté contre le mur, son crâne frappe en premier et il sonné sur place, titubant alors qu’il porte sa main à sa tempe. Du sang. Merveilleux. « Wǒ kào…* » Soufflé entre ses dents, alors qu’il a du mal à faire le point.

C’est là qu’il réalise qu’Ashley est en train de lui parler. « Quoi ? C’est… vous ? » Il bat des cils, incrédule, la main toujours à sa tête, reculant d’un pas pour s’éloigner de la blonde par réflexe.

Spoiler: