La situation semble dégénérer petit à petit. Les coups portés à Louve ne font que remplir Waban d’une culpabilité grandissante alors qu’il se retient de répéter encore et encore qu’il est désolé. La petite claque condescendante sur sa joue l’oblige à lever les yeux vers Dwayne. Waban le fusille du regard sans pour autant arriver à se contrôler.

- Regarde toi à croire que tu as une chance de survivre.

Que grogne Waban. La main sur son épaule le fait tourner la tête et lorsque Dwayne indique que l’autre à une demi-heure, Waban n’est pas dupe. Il ignore déjà s’il va repartir en vie, malgré tout. Ou dans quel état. Le natif est à nouveau tiré hors de la cellule de Louve, espérant qu’elle aille bien… Mais pas de répit si tôt que Waban entre dans la pièce avec son tortionnaire. Bobby se déchaine d’une violence que Waban aurait presque oublié, frappant coup sur coup et Waban ne que tenter de contracter ses muscles pour pouvoir encaisser les chocs que son corps peut bien subir. La douleur est vive et lancinante et Waban refuse de supplier quelqu’un d’autres que les esprits. Le brun réclame à ce que les coups s’arrêtent sans prononcer le moindre mot. Que la torture cesse, que la douleur s’évapore. Il prie à passer de l’autre côté, à rejoindre Lana et Waneta plutôt que de continuer à subir chaque jour. Et sous cette envie du plus profond de son être, Waban sert sa main, comme si quelqu'un d'autres prenaient la sienne. Pourvu qu'il n'ouvre plus les yeux.

L’inconscience le prend rapidement et il ignore lui-même si les coups ont continué après qu’il n’ait fermer les yeux. Probablement pas. Son regard papillonne alors qu’il a l’impression de ne plus rien ressentir du tout, il peine à ouvrir les yeux, son corps refusant finalement de faire ce simple geste. Papillonnant des yeux, il remarque deux silhouettes et s’il devine Charlie d’un côté dû à son timbre de voix, rien ne lui indique qu’il connait la seconde. « Il me demande trop de soins. Je peux pas prendre le risque d’en flamber autant, encore moins pour un putain de membre de cette réserve. » « Tu as tout intérêt à le garder vivant. » « Mais Colonel, le protocole… » « Si tu ne le fais pas. Je me charge d’exposer ton cadavre sur l’allée des pendus. » Waban peine à comprendre tout ce qui se trouve autour de lui. Mais l’inconscience le force à nouveau à fermer les yeux.
Au moins, dans ce noir, Waban n’a pas mal et le temps passe. Sans qu’il ne sache réellement à quel point. Lorsqu’il ouvre les yeux une seconde fois, le natif se permet de prendre une inspiration profonde, sans se sentir obstrué par quoi que ce soit. Il n’a pas bougé, est toujours persuadé d’être au même endroit alors que les deux voix sont encore autour de lui. « Je ne pourrai pas connaître son immunité avec une simple prise de sang, on manque de matériel d’analyse. » « Celui là même qu’une de leur leader à su vider, quand tu m’assurais que nous aurions trop de pertes ? » « Je peine encore à comprendre comment ils ont pu réussir, mais même en dehors de ça. Sans un laborantin ou un expert en infectiologie, je suis incapable de répondre à cette question, Colonel. ».

Le temps passe à nouveau et lorsqu’il réouvre les yeux, deux semaines plus tard, Waban se sent mieux. Et s’il ne se sent pas encore de bouger, il sent une net amélioration dans sa respiration et dans les douleurs moins violentes de son corps. Le brun glisse une main tremblante sur le côté de son lit de fortune pour pouvoir se redresser avec lenteur. Le natif remarque toujours la même personne devant la cellule, un type qui ne bronche jamais quand quelqu’un lui rentre dedans. Et Waban préfère mettre ça dans un coin de son esprit.

Retour dans la cellule, Waban remarque bien que Rick ne semble pas vraiment comme les autres. A en juger par l’eau et la nourriture dont la quantité est bien plus élevé que celle apporté par les anciens geôliers. Alors, lorsque le repas arrive, Waban tente.

- Merci pour ce que tu fais... D'où tu viens ? T'as toujours été ici?

Qu'il vient murmurer. Rick se tend et Waban comprend rapidement une certaine peur, pourquoi aurait-il peur de lui ? Rick agite la tête, murmure un simple non. Pas suffisant pour Waban.

- Pourquoi tu ne pars pas...

Il a l'air différent, là parce qu'il le faut. Et Waban aimerait utiliser ça à son avantage. Le natif fixe le brun, la peur qu'il lui inspire le rend perplexe. Qu'est ce qui à été dit à Rick pour qu'il ait autant peur de Waban ? ''Bientôt'' C'est la seule chose que murmure Rick et Waban hoche la tête, préférant tirer son plateau pour manger.

Spoiler:

Le spectacle qu’offre son passage à tabac doit être aussi insoutenable que la douleur qui la fait se recroqueviller sur elle-même, incapable de bouger son bras blessé, parce que Waban finit par supplier Dwayne d’arrêter avant de lui donner les informations demandées. Avec des mots, et une voix qu’elle entend pour la toute première fois. Est-ce que c’est vraiment en train d’arriver ? Elle réalise assez rapidement que les sévices dont elle vient d’être victime l’ont plongée en état de choc, et elle a l’impression d’entendre tout ce qui se passe comme si elle avait la tête plongée sous l’eau. Elle sent son cœur s’agiter comme un damné dans sa cage thoracique, et elle n’a pas besoin d’aller y glisser ses doigts qui tremblent pour savoir que ses cheveux sont plaqués sur son visage à cause de la transpiration. Elle tressaille de manière visible lorsqu’une main vient se poser sur son épaule valide, et elle se replie encore un peu plus sur elle-même dans l’espoir de protéger son ventre des coups. Mais rien ne vient. Malgré les larmes qui lui brouillent la vue, elle reconnait le visage de Charlie à ses côtés, et elle a vaguement conscience du départ des autres, comprenant malgré tout que le natif risque de payer très cher ses précédents mensonges. Le médecin ne la malmène pas, mais il la redresse sans vraiment s’embarrasser de sa douleur, et lorsqu’il attrape finalement son bras blessé pour le plier vers l’extérieur afin le remettre en place suite à sa luxation, la brune se crispe en gémissant doucement. « Ça va faire mal. » Son ton est froid, clinique. « Attends – » Il lui remboite l’épaule d’un geste sec, et un dernier hurlement vient s’échapper des lèvres de l’obstétricienne, aggravant encore davantage la douleur provoquée par ses côtes brisées. Elle rend le peu de chose qui lui reste dans l’estomac avant de s’évanouir pour de bon.



C’est finalement le seul qui se donnera un minimum de mal pour la traiter de manière convenable au fil des semaines, se positionnant même parfois entre elle et les autres pour la protéger autant que possible de leur violence. Elle l’entend même une fois se disputer avec Bobby, dont la voix seule suffit à l’irriter de manière physique, avant que Charlie ne vienne mettre un terme à leur querelle en se positionnant en tant que leur supérieur à tous les deux, les réduisant au silence. Impossible de savoir ce qui s’est passé dans leur petit groupe, mais le médecin de bord a visiblement pris du galon depuis leur dernière entrevue, et ce n’est surement pas grâce à la qualité médiocre de ses soins. La brune tente de garder le fil des jours qui s’égrènent avec lenteur, ballotée sans cesse entre plusieurs cellules, s’accrochant à l’idée que le natif est encore en vie et qu’ils seront peut-être bientôt libres – ou morts – dans un futur proche. Parce qu’elle a surpris des bribes de conversation, concernant ce Manson dont elle avait déjà entendu parler une première fois, et sur une expédition qui aurait mal tourné à la réserve. Une mission de reconnaissance peut-être, ou bien une attaque. Impossible de savoir. On la remet finalement en cellule avec Waban, mais le soulagement est de courte durée lorsqu’elle remarque les stigmates qu’il porte des suites de la correction administrée par Bobby. La brune n’a pas le temps de lui faire part des choses qu’elle a entendu, parce qu’ils sont rapidement rejoints par Rick, qui vient comme à son habitude leur apporter de quoi se nourrir en bonne quantité. « Ami. » Elle signe discrètement ce mot en direction du natif, à défaut d’en connaitre un plus approprié, et le fixe lorsqu’il s’adresse à Rick. Elle n’avait donc pas rêvé. « Ça n’a pas l’air d’aller. » Une véritable empathie dans la voix, pour celui dont elle porte encore la chemise et rien d'autre.

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