Tout était subitement devenu flou , sitôt qu’elle avait pu retrouver Remo. S’agrippant à lui en devinant ses jambes céder sitôt que l’adrénaline avait quitté ses veines, la basculant dans des abysses qu’elle n’avait plus connu depuis longtemps. Et dans un sens, était-ce peut-être une félicité de ne plus rien ressentir dans l’immédiat, tant la douleur avait manqué de la submerger au même titre que le chaos environnant la prison.

Peinant à distinguer le rêve et la réalité, désagréable mélange de flou et d’éclats de voix mêlés de panique peinant à s’extirper de cette torpeur alors qu’on lui parle, qu’on évoque cette perte de sang ou le sérum dans son sac. Il lui semble percevoir la voix de Xander, qu’on lui retire sa veste quand quelqu’un vient réclamer de la lumière, mais rien d’assez cohérent pour qu’elle ne soit pas sûre de rêver. Et c’est finalement la douleur brûlante qui vient naître à son abdomen, lui arrachant un cri de douleur qui la ramène violemment à la réalité. Dure, froide et lui donnant la sensation qu’on vient à nouveau la torturer alors que son corps se refuse à se débattre correctement dans ce mélange d’émotions contradictoire. Se refusant à rester immobile, avant de reconnaître la voix de Remo. Cherchant à l’appeler sans être sûre d’y parvenir réellement, quand la douleur lui laisse à penser à une aiguille qui vient s’enfoncer dans sa peau, s’arc boutant malgré elle en essayant de juguler la douleur. Resserrant faiblement sa main dans celle de Remo, à défaut d’être apte à articuler un seul mot se retenant à lui comme une naufragée en pleine tempête. Etouffant un nouveau sanglot de douleur dès que l’aiguille vient une nouvelle fois se ficher dans sa peau et les abysses semblent l’inviter à basculer. La douleur semblant s’atténuer de manière presque salvatrice, jusqu’à ce qu’à nouveau l’obscurité ne la submerge, l’invitant à rejoindre les profondeurs.

Ne rouvrant les yeux que par instinct, sitôt que tout alentour lui avait semblé trop calme. La tiédeur d’un drap, la quiétude de la pièce contrebalançant radicalement avec l’odeur de sang et la panique dans chaque son qu’elle avait entendu. Sa vision se faisant plus nette, reconnaissant la faible lueur de bougies allumées et l’odeur de la lavande séchée qu’elle avait ramené. Peinant à savoir si elle était désormais éveillée, avant que la douleur ne revienne à elle sitôt qu’elle amorce un mouvement, un gémissement s’échappant de ses lèvres dès lors qu’elle essaie de se tourner sur le côté, distinguant aussitôt une silhouette qui achève de lui confirmer qu’elle est revenue à la réalité. Remo ? Sa voix n’est qu’un souffle hasardeux alors que sa gorge tiraillée n’est pas sans lui rappeler la peur des derniers instants éveillés. Et c’est un soulagement intense qui la gagne, sitôt qu’elle réalise qu’il est ici. Avec elle. Tu n’as rien ? C’est bien la seule question qui lui vient à l’esprit dans l’immédiat, alors qu’elle amorce avec difficulté un mouvement pour essayer de s’asseoir.

Il lit la ligne pour la troisième fois sans parvenir à en saisir le sens. A-t-il seulement retenu quelque chose des pages qu’il vient laborieusement de passer cette dernière heure ? Le livre n’est qu’un exutoire, et plutôt médiocre, au stress qui le ronge. Dans cet environnement maintenant si familier - le lit et ses coussins accueillants, le fauteuil de lecture, les bougies, cette odeur constante de lavande : leur nid qu’ils ont aménagé au sein de l’ancienne prison - l’incertitude rôde. A chaque mouvement de Phoebe, Remo lève le nez de son roman, l’estomac pincé à la fois par la hâte de la voir enfin s’éveiller et par l’appréhension que cela puisse signifier quelque chose de terrible. Depuis les événements, il ne se donne pas de repos - arriverait-il seulement à le faire - et ce n’est pas uniquement parce que les travaux sont nombreux, à l’infirmerie comme ailleurs. Non, il ne peut dormir sans avoir peur que dans son sommeil il perde soudainement Phoebe, presque par maladresse, après avoir été si proches tous les deux de la mort.

Et s’il se rappelle avec précision les mots de Magnus, sa terreur à la vue de sa propre arme braquée sur Phoebe, le dénouement final et la chute de la jeune femme entre ses bras, la suite est un chaos flou de cris et d’urgences. Jusqu’ici, dans le silence de coton de cette chute, anxieux toujours même après que Gabriel et Xander lui ait assuré qu’elle serait tirée d’affaire. Au calme maintenant, les bribes de ces dernières heures lui reviennent progressivement : l’intervention d’urgence pour suturer la plaie de son abdomen, le transport d’une Phoebe inerte dans l’infirmerie dévastée. Et toujours ces crocs plantés dans son ventre à lui donner envie de vomir. Il y a bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti une telle peur.

Alors lorsqu’elle recouvre ses esprits, il laisse tomber brusquement son livre pour s’approcher du lit où il l’a déposée et bordée avec précaution, quelques heures plus tôt. « Phoebe, » a-t-il murmuré mais il ne s’en est même pas apperçu. « Ne bouge pas, » dit-il en lui prenant doucement la main, scrutant son visage, pâle à la lueur des bougies, mais intact. La souffrance se lit entre ses sourcils, mais au moins ne se tord-elle plus de douleur comme lorsqu’ils avaient dû passer le fil dans sa chair. A ce moment-là, Remo aurait tout donné pour lui épargner ce supplice, pour subir à sa place. La voir ainsi torturée lui avait arraché le cœur. « Je suis là, tout va bien, » murmure-t-il en lui carressant les cheveux de sa main valide. « Comment tu te sens ? » il demande finalement, les larmes aux yeux, contenant difficilement le retour de flamme des émotions amassées ces dernières heures.

C'est comme si subitement, toute les douleurs ressenties s'étaient envolées à sa vue. A ce regard couleur d'ambre à la lueur des bougies, alors que sa main à ses cheveux l'apaise instantanément. Sans doute aurait-elle fermé les yeux de bien être, en d'autres circonstances. Mais pas maintenant, pas après ce qu'ils viennent de vivre.  

Devinant sans mal la brûlure des larmes face au soulagement de le revoir, après la panique des dernières heures. Venant avec douceur effleurer sa main de la sienne pour s'assurer de ne pas voir cet instant disparaître. Craignant qu'il ne s'agisse que d'un rêve venu adoucir sa réalité, quoi que cette caresse à ses cheveux ou cette voix qu'elle aimait tant ne la confortent dans l'idée qu'il était bien ici. Dans cette atmosphère bien à eux, cette bulle qu'ils étaient capable de créer. Et s'il lui intime de ne pas bouger, s'autorise t-elle à au moins se relever sur un coude. Jugulant la douleur au mieux, pour pouvoir mieux l'observer, s'assurer qu'il allait bien. Mieux que tout à l'heure, je crois. Ou d'avant ? Difficile de savoir quand avait eu lieu l'attaque, alors que les souvenirs se ramènent à elle avec force. L'homme qui avait imité sa voix, qu'elle avait frappé à coup de pierres. L'état de nerfs de Nick, la silhouette inanimée de Reed à même les dalles de la prison. Et cet instant ou Magnus l'avait relâchée, qu'elle n'avait rouvert les yeux que sous la morsure de la douleur.

C'est promis. Je suis même sûre d'avoir connu pire. précise t-elle dans un faible sourire avant qu'il ne la soupçonne de feindre une quelconque assurance, grimaçant en parvenant enfin à se relever sur un coude, veillant à ne pas penser à ces pansements qu'elle devine sous le tissu. Qu'est-ce qu'il s'est passé... Ou sont les autres ? Le calme de leur chambre, l'odeur de lavande. Tout semble assurer que les pillards ont disparus, mais pouvaient-ils en être sûrs ? Liant doucement ses doigts aux siens pour s'assurer qu'il ne disparaisse pas de nouveau, alors que les souvenirs de la veille lui reviennent doucement en tête. Tu... Tu es là depuis longtemps ? Qu'elle s'enquit alors, touchée de voir sa présence à son réveil. N'était-ce pas sa main, qu'elle avait serré dans la sienne plus tôt dans la nuit quand on l'avait suturé ?

J'ai eu tellement peur ... de ne pas le revoir, après qu'il ait disparu au cours de la soirée; Mais les mots se perdent dans son esprit sitôt qu'elle revient croiser son regard, s'efforçant de ne pas laisser le sien s'embuer de larmes trop vite. Sans grands succès, sans doute.

Au contact de sa main contre la sienne, la tension de son visage se brise soudain en un sourire de soulagement. Comme si l’avoir devant ses yeux, entendre le son de sa voix, n’était pas suffisant pour lui garantir qu’elle était bien là devant lui, vivante encore, malgré tous ces événements. Remo l’accompagne d’un regard prudent lorsqu’elle se relève à demi, préférant qu’elle reste tranquillement alitée mais n’osant pas lui imposant quoi que ce soit après l’épreuve qu’elle vient de traverser. Qu’elle ait connu pire, le plus terrible est que cela est sans doute vrai et qu’il le sait. L’union forcée avec cet enfoiré de Luke, l’acharnement d’Alec, la descente au bidonville, les mois de survie au bordel… La liste pourrait faire pâlir n’importe qui. Mais lorsqu’il avait retrouvée Phoebe, Remo s’était promis de la protéger coûte que coûte. De toute évidence, et bien malgré lui, il a échoué dans cette mission. « Ne bouge pas trop, ce n’est pas le moment de jouer les dures à cuire, » fait-il sur le ton de la rigolade, sans cesser toutefois de carresser doucement son visage et ses cheveux. « Ça fait… une quinzaine d’heures, maintenant ? Qu’ils sont partis. J’sais pas. Il fait nuit à nouveau alors… On s’est occupé des blessés. Pas mal de gens ont fui dans le chaos… mais on a tenu la prison. » A quel prix, il n’ose pas encore le lui dire. Ni évoquer l’incendie. Elle l’apprendrait bien assez tôt ; il n’est pas utile de l’accabler de malheur à son réveil. « Je… On t’a soignée tout de suite. Tu saignais beaucoup, j’ai eu vraiment peur. Après, j’ai aidé Xander avec les blessés… T’étais pas loin de moi. J’voulais plus te lâcher de l’œil. Tu m’as fait une frayeur… » Cela, il ne voulait pas le lui cacher. Et pourtant les mots sont si faibles pour exprimer cette terreur si puissante, à en avoir la nausée. « Dès qu’on a stabilisé tout le monde, j’ai pu te ramener ici, » conclut-il avec un sourire, et il n’est pas difficile de comprendre, au vu de ses yeux rougis par les larmes et la fatigue, et les cernes qui bariolent sa peau, qu’il n’a pas fermé l’œil depuis cet instant. La voyant plus à l’aise, maintenant qu’elle s’est tirée des limbes de l’inconscience, il se penche pour lui embrasser les lèvres. Délicatement d’abord, puis plus fort, lorsque lui revient la peur de l’avoir perdue. « Je… j’aurais préféré que tu sois pas mêlée à tout ça mais… merci. C’est peut-être, quoi, la quatrième fois que tu me sauves la vie ? »

Ah ça, je ne peux pas le garantir. Même si tout son être lui intime de rester immobile, pour ne plus sentir les sutures malmener sa peau. Au moins la remarque de Remo à le mérite de lui arracher un sourire et une réplique, ne pouvant que redécouvrir avec bonheur le contact de sa peau contre la sienne. Sa main rejoignant la sienne pour ralentir l'instant des retrouvailles, fronçant les sourcils à cette attente. Quinze heures ? Dans un sens, cela expliquait-il cette sensation de migraine à ses tempes. Se doutant sans mal d'à quel point les événements avaient pu inciter d'autres à prendre la fuite, quoi qu'un sourire ne naisse à ses lèvres quand il assure que la prison à tenu. Je ne suis même pas surprise, avec ta ténacité légendaire. souligne la brune non sans une étincelle d'amusement dans le regard, qui disparaît sitôt qu'il évoque les soins dont elle à bénéficié. Les hommes qu'on à croisé n'étaient ... Pas disposés à discuter. Par chance, Nick et Xander avaient su maintenir le cap et éviter un drame. Et d'entendre cette frayeur dans ces mots ou ce regard rougi, sent-elle une pointe de culpabilité lui transpercer le coeur. Je suis désolée, je ne voulais pas t'inquiéter... Ce qu'elle pouvait s'en vouloir, de simplement imaginer la peur qui avait pu lui tordre le ventre, comme elle avait su lui tordre le sien. Seulement te retrouver, quand j'ai compris que cet homme n'était pas toi. Essayer d'aider. Avait-il entendu parler de cette capacité malsaine qu'ils avaient eu, à se faire passer pour des proches ?

Merci, d'avoir été là. Cette main dans la sienne, de l'instant ou il l'avait réceptionné, quand la douleur l'avait submergée, ou jusqu'à son réveil. Et ses mots disparaissent sitôt que ses lèvres rejoignent les siennes avec une infinie douceur. Glissant une main contre son haut sitôt que le geste se fait plus intense, désireuse de ne plus le lâcher; D'oublier dans ce baiser la peur des dernières heures au profit de retrouvailles à la lueur ambrée des bougies. Ne rompant l'échange que pour le laisser reprendre la parole, relevant le regard sa remarque. Je serai toujours là, dès lors que tu es concerné. Esquissant un sourire coupable à l'idée, quoi que lui même ne soit pas en reste la concernant. Et sa remarque lui arrache un rire léger qui s'étouffe rapidement quand la douleur vient se rappeler à elle. N'en perdant pas pour autant ce sourire, alors qu'elle reprends à son attention;

Je pourrai te faire la même remarque, pour m'avoir assisté jusqu'à mon réveil, alors ... Disons qu'on est quittes ? Sans doute ne se rendait-il même pas compte d'à quel point il avait réussi à la sauver, de toutes les manières possibles et envisageables.

Quand tu as pris le risque de te sacrifier... Les mots lui manquent, pour évoquer la terreur qui avait vrillé en elle. Dans chaque fibre de son corps à l'idée d'un nouveau lever de soleil sans sa présence, alors que ses lèvres viennent trouver les siennes avec la même force que précédemment, à défaut de terminer sa phrase. Retrouvant un souffle de vie supplémentaire à chaque nouveau contact du brun, venant effleurer sa joue de sa main libre. Je t'ai cherché. Qu'est-ce qu'il s'est passé, quand ... Tu as disparu ?

« Ne t’excuse pas, ne t’excuse surtout pas. Ce que tu as fait c’était… c’était vraiment super courageux, » dit-il, faute de trouver des mots plus élégants. « Quand j’ai vu ce type… ils nous ont bâillonnés, avec Nick, et quand je l’ai entendu te répondre et descendre vers toi… Putain, j’ai eu si peur qu’il te fasse du mal… » Il se frotte les yeux, grimaçant plus encore en sentant ses doigts malmenés rouspéter - il n’a pas encore plus l’habitude de laisser ses mains au repos. Mais la douleur s’oublie bien vite dans l’étreinte de sa main puis la douceur de ses lèvres. « Je s’rai toujours là, moi aussi, » fait-il avec un sourire qui rejoint son rire, tant ils se savent tous deux incorrigibles lorsqu’il s’agit de prendre des risques pour protéger l’autre. « Ok, alors, on est quittes, » répond-il en se doutant cependant que ce sentiment de gratitude ne le quitterait jamais. Son air s’assombrit, toutefois, en voyant Phoebe se crisper, se remémorant la frayeur de leur dernière altercation avec les skinwalkers. Et si la culpabilité l’étreint - il voudrait trouver un moyen de ne jamais la faire soufrir -, il reste encore persuadé que son choix était le seul possible. « Je… je suis désolé pour ça. Mais j’pouvais pas les laisser partir. Je voulais pas. Ils allaient revenir, c’est sûr, et c’était trop dangereux pour vous… pour toi… mais finalement ça s’est pas passé comme ça. » La menace de Magnus, le SIG Saueur à quelques centimètres de la tempe de Phoebe, à quelques secondes de l’irréparable… Rien qu’à y penser de nouveau, il en a la nausée. Il ne se rappelle pas exactement sa réaction, à ce moment-là - une fraction de secondes - mais Nick lui a dit que comme lui, il a réagi au quart de tour pour que tout cela s’arrête. Peu importe les conséquences ensuite, puisque ce qui importait vraiment était sur le point de disparaitre devant lui. « Moi aussi, j’ai entendu ta voix, quand on a pu se libérer et descendre des remparts. Enfin plutôt, j’ai cru l’entendre. Et j’suis rentré dans une pièce où ils avaient déjà choppé Xander. Et là… ils nous ont menacé tous les deux pour avoir des infos. Ils voulaient les clés du bâtiment principal. J’crois qu’au départ, leur idée c’était pas forcément de tout crâmer, mais de prendre la prison. Enfin… j’sais pas, c’est difficile à dire avec ces tarés. Comme tu dis, ils étaient pas très disposés à discuter. » Des amoureux du chaos ? Certainement. Mais la rousse lui semblait déterminée à prendre possession des lieux, peu importe la quantité de sang à verser sur leur passage. Ils voulaient se faire discrets, mais tout simplement parce qu’ils savaient qu’une fois l’alerte générale donnée, ils ne feraient pas le poids. Alors, ils ont préféré éliminer en silence et dans l’ombre, un à un, les obstacles qu’ils trouvaient sur leur chemin. Jannet, Ben, Michelle, Jackson… et sans doute n’auraient-ils pas cillé bien longtemps avant d’éliminer Xander aussi. Ou… ou Phoebe, si Remo avait tenu tête trop longtemps. « On va les retrouver. Pour pas qu’ils reviennent. Mais ne te préoccupe pas pour ça maintenant, » ajoute-t-il sans cesser de lui caresser les cheveux, le visage, comme un besoin essentiel. « Mais dis-moi… on m’a dit quelques mots de tes exploits. C’est vrai que tu lui as cassé le crâne à coups de caillou, à cet enfoiré ? »

Ses mots lui en rappellent d'autres, lui arrachant un sourire fugace. Est-ce que c'était super cool au moins? parvient-elle à oser souffler avec une lueur amusée dans le regard, qui à tôt fait de disparaître sitôt qu'il évoque les débuts de leur enfer. Venant ramener sa main à elle avec douceur sitôt qu'il semble ressentir une tension, effleurant sa peau avec douceur. Il ne m'a rien fait. C'est promis. murmure la brune avec l'espoir de le rassurer quelque peu, revenant quérir un baiser avec tendresse sitôt qu'il assure qu'il serait toujours là également. Tirant sur son haut pour l'inviter à venir à côté d'elle plutôt que mal installé sur ce fauteuil, se décalant volontiers pour lui laisser la place.

Et ses excuses l'amènent à relever le regard vers lui, à la recherche d'un nouveau contact alors qu'elle vient redessiner le contour de sa mâchoire avec une infinie douceur dans l'espoir de retirer cet air tourmenté. Toi non plus, tu n'as pas à t'excuser, tu sais ? Il avait agi sur le coup de l'impulsion, comme elle l'avait elle aussi. C'est juste cette peur ... De le perdre, de ne plus se réveiller à ses côtés. D'y songer lui serre le ventre, fermant les yeux pour masquer son trouble à l'idée. Se taisant pour le laisser évoquer son propre vécu, qui lui fait se promettre à elle même de se surpasser dans les entraînements de Filipa, pour qu'ils n'aient plus jamais à subir les affres d'un tel chaos; La prison est une bonne zone de campement quand on y pense, peut-être... Peut-être qu'ils la voulaient pour leur groupe, après tout. Et il était hors de question que cela puisse arriver; C'est Xander qui m'a dis que tu étais partie avec leur cheffe. J'ai voulu t'aider, te retrouver et ... Ca ne s'est pas passé comme ça non plus finalement. Regrette t-elle en reprenant ses mots quelques instants plus tôt, se blottissant contre lui pour glisser une main à ses cheveux, savourant chaque contact supplémentaire de sa présence en réalisant chaque fois avec un peu plus de force à quel point elle se refusait au risque de le perdre.

On les retrouvera. La promesse est soufflée avec toute la détermination qu'il peut lui rester, resserrant un peu plus son étreinte à l'idée; Ils n'étaient pas passé par l'horreur et les privations, pour se voir retirer ces instants paisibles qu'i'ls avaient pris tant de temps à construire. De ces liens qui les unissait, aux murs rassurants de cette chambre. Et sa nouvelle question lui arrache un rire qu'elle ne peut achever sous la douleur des sutures, quoi qu'elle ne s'efforce de conserver son sourire pour ne pas l'inquiéter.

Ca n'a rien d'un exploit tu sais. Mais ... Il y à un peu de vrai. L'homme qui est descendu vers moi. Celui qu'il avait mentionné un peu plus tôt. Pinçant les lèvres, avant de reprendre; C'est étrange dit comme ça mais... Quand je l'ai vu, j'ai su qu'il n'était pas toi. Dans ses gestes, cet accent légèrement différent. Cet empressement à l'entraîner dans l'ombre. Ce regard qui n'avait rien à voir avec celui qu'elle aimait tant contempler. J'en aurai parié tout ce que je possède.
Même si elle peinait encore à comprendre comment son instinct avait pu être si clairvoyant. J'étais prête à le frapper, mais j'avais tellement peur de me tromper, alors ... J'ai demandé des nouvelles d'Alicia.S'excusant d'un regard d'avoir utilisé l'argument de sa soeur disparue, avant de reprendre; Sa réponse m'a confirmé que j'avais raison, alors j'ai frappé. Et j'ai frappé encore, jusqu'à' ce qu'il me dise ou te trouver. Mais ... Je n'ai pas pu me résoudre à le tuer. Avait-elle mal fait ? Le doute lui étreint la poitrine une seconde, avant de ramener son regard vers Remo. Le plus impressionnant reste ton sang froid. Je connais peu de personnes qui auraient su tenir tête à un leader de ce genre comme tu as su le faire. De ce qu'on m'a raconté. Il n'était pas le seul après tout, à avoir des informations intéressantes.