Tu sais mon fils, tu as hérité du caractère de cochon de ta mère. C'est d'ailleurs pour cette raison que je te trouve bien trop tendre et que tu as décidé de faire des études de médecine. Tu as toujours été vers les autres et même quand il s’en prenait à toi ou se moquait, ta seule réaction était de tendre l’autre joue. Tu as une foi en l’humanité tellement grande que rien ne t’ébranle on pourrait te passer à tabac que tu te relèverais aussitôt en souriant. Ce sourire aussi nié que tes paroles, tu es toujours là à dire un mot gentil, tu n’oublies jamais les règles de politesse. Tu as tout de même développé quelque qualité utile avec ton métier. Tu as une logique implacable, bien que par moment un peu trop terre à terre et une réactivité hors du commun, il faut croire que toujours travailler dans le stress aide pas mal.

À côté de ça, je te trouve par moment trop perfectionniste, mais bon je suppose qu’il faut savoir viser juste lorsqu’on essaye de sauver la vie des gens. Heureusement que tu as ce métier, car sinon tu n’es rien. Tu as toujours été le fantôme des groupes. Personne ne te remarque et pour cause tu ne parles jamais de toi. Il faut vraiment que tu grandisses un peu dans ta tête au lieu de t’inquiéter pour la moindre de tes paroles. Si seulement n’y avait que ça ! Tu es incapable de prendre une décision seul. Il y a qu’un choix dans toute ta vie que tu as su faire, c’est celui de tes études et dans la continuité celui de ton métier. Il ne faut pas que tu t’étonnes après si les gens te marchent dessus et impose leurs propres volontés. Arrête d’avoir peur du monde qui t’entoure et fait un pas en avant ! Il ne te manque que ça pour pouvoir avoir une vie stable. Je sais que ce n’est pas simple et que la peur est dure à combattre, mais c’est le dernier obstacle pour que tu aies une vie de rêve.

→ qualities.
Affectueux
Magnanime
Sincère
Logique
Courtois
Réactif → defects.
Tatillon
Secret
Nerveux
Hésitant
Influençable
Craintif

Tu aurais pu hériter du corps d’athlète de ton père, c’est-à-dire moi, au lieu de ça tu n’es qu’un caca qui préfère entretenir son cerveau plutôt que son corps. Résultat, tu es un petit maigrichon avec des idées plein la tête, mais pas assez de cran pour assumer ce que tu penses. Je te regarde souvent avec des cheveux en vrac qui sont à  mon gout bien trop long, une barbe de quelques jours que tu ne prends même pas la peine de raser et des yeux bleus exorbités quelques fois tachetés de sang, mais toujours soulignés de cerne, tu fais vraiment peine à voir. Dois-je parler de ta démarche désinvolte, des grimaces que tu fais apparaitre sur ton visage pour rire ? Et cette manie que tu as de porter une bague sur le majeur de ta main gauche.

Je ne peux pas te retirer le fait que tu es toujours bien habillé et propre sur toi, une chemise blanche, un costume noir et un trench beige. Il faudrait vraiment que tu diversifies ta garde de robe, c’est un peu tristounet tout ça. Par moment, je t’ai vu avec ta blouse blanche et un stéthoscope autour du cou. J’avoue que tu avais l’air dans ton élément et plus serein que le reste du temps. Je sais que tu caches chez toi un Beretta 92, je t’ai transmis ma peur des terroristes depuis le 11 septembre 2001 et je sais que tu l’as acheté. Tu auras au moins une arme pour te défendre. Il y a aussi la vieille batte en baseball accroché sur la porte d’entrée. Tu prendras également avec toi ta mallette noire qui contient un nécessaire médical avec un stéthoscope de secours et une bonne dose de médicament.

Papi a déjà raconté beaucoup de choses sur toi, mais tu le connais, il perd un peu la mémoire c'est dernier temps. Il se rappelle à peine de ce qu’il a fait hier alors je le vois mal raconter ta vie. Avant tout ça je ne t'aimais pas. Tu n'étais pas vraiment mon papa, uniquement l'homme qui m'a conçu avec qui ma mère n'est pas restée. Je crois même que tu n'étais même pas au courant qu'elle était enceinte quand elle t’a quitté. Tu étais trop occupé par tes études et ton futur métier pour avoir une famille. C’est maman qui a choisi mon prénom que tu n’as jamais été capable de retenir, tu t’es alors mis en tête de m’appeler Junior, tu n’avais pas tort en soit étant donné que j’ai hérité de Ian en second prénom, il faut croire que maman t’aimait beaucoup tout de même. Des qu'on a su la vérité, elle me forçait à t’appeler cinq minutes pour te souhaiter ton anniversaire le sept septembre, la plupart du temps on est tombé sur le répondeur, car tu étais toujours en service. Ce petit manège dure depuis cinq ans en maintenant, et oui j’en ai déjà quinze même si tu ne le sais même pas.

Je ne connais pas grand-chose de ta vie à part que tu as passé ton enfance à étudier. Tu étais un brillant élève et tu as fait des études de médecine. Il parait que tu aimais beaucoup le monde qui t’entourait et que c’est pour cette raison que tu as voulu t’orienter dans cette discipline. Tu aurais mieux fait de t’intéresser aux gens qui t’aiment avant. Tu as tout de même pris un peu de temps pour participer aux soirées étudiantes qu’ils organisaient et c’est là-bas que tu as rencontré ma maman, elle était en dernière années de fac, mais elle voulait devenir institutrice, et elle a évidemment réussi sans ton aide. Vous avez flirté ensemble pratiquement un an puis elle t’a quitté pour un autre mec. On a longtemps pensé que c’était lui le père, mais quand ils sont séparés, il a demandé un test de paternité, le résultat était négatif donc on est revenu vers toi.

Tu avais alors qu'une trentaine d’années, ton petit appartement un métier stable, quelques nuits de folie avec les anciens et nouveaux étudiants en médecine de ton ancienne école. Tu avais déjà des rides creusées et des cernes de cinq pieds de long. Ton métier te pompait toute ton énergie, mais il te plaisait, même s’il était bien plus stressant que ton corps et ton esprit avait l’habitude de supporter. Tu m’as tout de même avoué que tu avais souffert lorsque tu as perdu pour la première fois la vie d’un homme et que son visage restera marqué dans ton esprit. Cependant, tu continues pour toutes les vies que tu as réussi à sauver. J’avoue que je te respecte pour ça, même si je ne t’aime pas.

Voilà que ma mère et moi on débarquait dans ta vie pour te montrer que j’existe. Il y a eu beaucoup d’engueulades entre vous et finalement plus tu me regardais plus tu m’aimais alors que moi pas. Tu aurais voulu t’occuper de nous et te remettre avec maman, mais elle ne voulait pas. Elle ne te supportait pas toi et toute ta bonne volonté. On a tout de même déménagé à Seattle pour se rapprocher de toi. Résultat, tu as gâché toute mon enfance. Par moment, ma mère se débarrassait de moi pour que tu me gardes. Le plus souvent, tu étais obligé de prendre des congés, pour mon confort. Je sentais tout de même que ton métier était tout pour toi et que tu avais du mal à rester loin de ton hôpital. Tu essayais de faire des activités avec moi toute plus ringarde les unes que l’autre.

Je ne t’ai jamais vu avec une fille, certains de mes amis disaient que tu aimais les hommes et que c’est pour cette raison que tu te cachais. Moi je me disais que si j’étais là c’est que tu savais aimer les femmes et que tu n’avais juste pas le temps d’en trouver une. Vu les gouts de chiotte que tu as ça ne m’étonnait qu’à moitié, entre ton humour assez pourri et le faite que tu aimes des groupes qui date des années soixante-dix ou quatre-vingt c’est vraiment, tu pourrais faire l’effort de te mettre à la page quand même. Je ne sais pas si tu étais malheureux d’être seul, mais en tout cas tu ne laissais rien paraitre pendant que ma mère enchainait les hommes tous plus débiles les uns que les autres. Je crois que la voir galérer comme ça te faisait un peu de peine, tu as essayé à plusieurs reprises de lui tendre le bras, mais à chaque fois elle t’envoyait bouler et toi tu continuais à sourire sans rien dire.

J’avais l’impression qu’entre chacune de mes absences tu ne vivais pas. Je retrouvais ta maison pareille au détail prêt. Cependant, tu étais toujours un peu plus fatigué que lorsque je partais. Comme si ma présence et tes vacances te donnaient de l’énergie. Cette fois-ci, je réussis à obtenir ce que je voulais de toi, pouvoir rencontrer tes parents. Tu semblais bien t’entendre avec eux, en tout cas, il était adorable avec moi. Il était fier que tu aies un enfant, tu ne leur avais pas caché, mais il croyait que tu leur mentais pour leur faire plaisir. Maintenant, il faudra que tu deviennes propriétaire et que tu te maries pour qu’ils soient encore plus fiers de toi. On n’est pas resté ensemble, mais l’après-midi passé là-bas, j’ai eu l’impression d’avoir un semblant de famille.

Tu faisais de ton mieux pour me créer une famille, tu avais même pensé à prendre ma garde totale. Cependant, tu n'avais pas le temps de t'occuper de moi et de toute façon, je n'en avais pas envie. Je savais qu’il y avait cette fille Lilou qu’elle s’appelait. Je ne savais pas si c’était un vrai prénom m’enfin, tu l’avais rencontré sur internet. Vous sortiez de temps en temps ensemble, mais tu n’auras malheureusement pas le temps de concrétiser plus que ça.

Tu avais pris des vacances pendant que je venais te voir et visiblement c’était une bonne chose. Tu n’étais pas dans ton service pendant que ses horreurs étaient en train de remplir le monde. Tu t’occupais de moi alors que tu t’inquiétais de tes collègues qui travaillaient tous comme des fous dans ton service. Tu t’en aies certainement voulu à partir d’un moment puis c’est moi qui ai dû supporter ta mauvaise humeur. Secrètement, je sais qu’un jour tu me remercieras d’avoir été là. Alors j’attends sagement que mon heure de gloire vienne pendant que tu t'agites dans tous les sens comme un lion en cage. Doucement, tu te calmes et commences à t’inquiéter de plus en plus. Ce que nous pensions être temporaires semblait ne pas vouloir disparaître.

Des émeutes commençaient à naître aux quatre coins de la ville. Les gens volaient et tapaient les uns sur les autres. Tu n'avais pas d'explication à me fournir et je n'en demandais pas donc ce n’était pas plus mal. Je n'arrivais pas à avoir des nouvelles de ma mère. Pour me faire plaisir, tu as essayé de rentrer en contact avec elle également, mais tu n'y arrivais pas non plus. Tu m'as réconforté pour la première fois de ma vie, me disant qu'elle irait bien et que nous nous retrouverons tous le trois. Je savais que tu fuirais certainement lors qu'on la retrouvera, mais tu faisais tellement pour moi actuellement que je ne pouvais pas t'en vouloir.

Tu avais une arme à feu caché dans ton secrétaire, tu avais décidé de t'en munir. Tu m'avais mis une batte de Baseball en acier dans les mains sans que je puisse protester. Tu avais également pris avec toi un couteau de cuisine, j'étais assez étonné pour quelqu'un qui ne fait jamais à manger. Pour finir, tu as pris avec toi ta mallette noire que je n'ai jamais eu le droit d'ouvrir. Je crois qu'il s'agit de ta trousse à pharmacie avec tout ton matériel de Docteur, mais je n’ai jamais eu le droit d'aller vérifier. Tu as fait de ton mieux pour me protéger, j'avais peur tout de même. On est monté dans ta voiture et tu m'as emmené en direction de mon lycée. Je ne sais pas pourquoi nous y sommes allés et malgré les questions que je te posais, tu restais silencieux et refusais de me répondre.

On a été pris en charge par des militaires, ils nous ont fouillés et pris nos armes. Tu n'as pas non plus pu garder ta mallette, même s'ils se sont rendu compte que tu pouvais être utile. Tu n'as rien fait pour protester et tu as préféré te taire pour protéger ta vie et la mienne.