Ils avançaient toujours plus pour déloger les derniers monstres qui se repaissaient des humains qu'ils avaient attrapé. Dans une tente, Edwin en avait trouvé un particulièrement gourmand et qui ne s'était pas retourner pour le croquer. Sans hésitation, le fauconnier tira une balle dans le crâne proche de son canon. Nouvelle éclaboussure de sang. Putain, la plaie. En se relevant, l'ancien boulanger eut le réflexe de regarder l'entrée du stade et là, il se figea. Une vague s'écrasait sur les troupes de militaires, déferlant tel un tsunami cherchant à avaler entièrement une île. Impossible... Les hurlements explosèrent alors de toutes parts. Bordel ! Les infectés avaient les autres gradins. Bientôt, Century ne serait qu'un cimetière géant. A moins que ce ne soit déjà le cas.

Dans un réflexe fou, le fauconnier prit ses jambes à son cou et se mit à faire marche arrière. Il fallait se casser, trouver une sortie et se tirer. La communauté était à sauvée, mais fallait savoir penser à son cul de temps en temps. Bordel, bordel, bordel ! Avant d'aller en direction du chenil, Ed s'arrêta au niveau de Gary. Il ne s'était stoppé qu'une demi seconde pour parler à son camarade de combat mais il se doutait bien que celui-ci savait déjà qu'il devait rejoindre les siens. De son côté, Ed allait à toute allure pour rejoindre les animaux. Bon sang, combien perdraient leurs maîtres ? Ça lui fendait le coeur de savoir que certains, si ce n'était la plupart, finirait par mourir, bien qu'il les savait assez malin pour pouvoir s'en sortir s'ils en avaient la possibilité. Enfin, après tout ce temps, Ed recommençait à sentir le poids de son sac sur ses épaules. Ah oui, c'est vrai qu'il avait fait ses préparatifs. Ouvrant le conteneur, il récupéra son gant et le petit cache-tête. Arrivant à la hauteur de la porte, il put constater qu'un bon nombre d'animaux étaient excités, inquiets et la plupart devenaient dangereux. Même son rapace criait d'inquiétude. Sora montrait sa peur en s'agitant et Ed savait parfaitement que son volatil aurait du mal à monter sur le gant qu'il enfilait. Pourtant, l'oiseau grimpa sans histoire, agitant nerveusement les ailes.

- Tout doux ma belle. On s'en va. Et si jamais je suis bloqué, toi au moins, tu t'en iras. Tu es assez jeune pour vite retrouver ton instinct animal.

Lentement, précautionneusement, il enfila le chapeau pour mettre son rapace dans le noir. Enfin elle se calmait malgré son anxiété. Ouvrant alors son sac, l'homme la plaça tant bien que mal pour éviter de la blesser, laissant une ouverture pour qu'elle ait la tête dehors. La petite boule de plumes enfin sauvée, il observa les autres animaux, ouvrit les cages, coupant les cordes ou tout ce qui les empêchaient de fuir avant de lui-même décamper. Advienne que pourra.

Revenant dans les gradins, un nouveau poids sur les épaules, Edwin chercha une éventuelle sortie du regard, constatant tout de même l'état du stade. Il empirait de secondes en secondes. Puis il la vit, plus bas. Lilou, la blonde qu'il avait laissé aux bons soins du groupe de rescapés. Elle s'était éloignée, récupérer ses armes sans doute. La panique n'aidait pas à savoir quoi faire. Il ne la laisserait certainement pas là. Descendant alors quelques marches, il lui prit la main.

- On se casse ! On trouve une sortie, on se casse ! On crèvera pas ici !

Ça gigotait dans son dos mais l'homme prit sur lui-même, tenant fermement les doigts de la blonde entre les siens. Qu'importe s'il lui défonçait les phalanges, l'important, à présent, était de se tirer. Pourtant, il ne vit pas arriver un malade et celui-ci l'agrippa, prêt à mordre. La jeune femme n'osa pas se servir de ses armes et Ed, luttant, tentait de tenir bon, pour ne pas tomber sur le dos, sans quoi, son petit camarade aviaire risquait gros. Le brun résistait autant que possible sans pour autant parvenir à repousser son assaillant et la blonde ne parvenait pas non plus à l'aider. Qu'il était putain de baraquer celui là ! Putain, il aurait pas du ranger son flingue à sa ceinture ! Et la providence arriva. Un autre mec, vivant celui là, l'aida, le dégageant enfin de l'horreur. Dégainant son arme, Edwin visa la tête et tira pour empêcher le mordeur de se relevé. Il croisa le regarde de l'homme, l'air de dire "J'avais pas le choix."

Enfin, il se présenta et hocha la tête. Arthur, Izzy, noté.

- Ouais ça va. Lilou, Ed, Sora dans mon dos. J'suis d'accord, cassons nous et vite !

Gardant son arme en main, Edwin suivit le duo face à lui, prêt à les défendre en cas d'attaque. Pourquoi fallait-il que ça arrive maintenant ? Et les autres, ils étaient où ? Est-ce qu'ils avaient pu s'en sortir ou il fallait aussi leur mettre une balle dans le crâne ? L'idée de devoir achever ceux qu'il avait sauvé plus tôt fit avoir une remontée à Ed. Pas le moment de vomir. La survie avant, les remords et le dégout après. Courir. Encore. Encore. Survivre.

Je sentais la culpabilité monter en moi. Je n’avais pas pu sauver cet homme. J’avais beau me dire tout un tas de choses à son sujet, que je n’y étais pour rien et que j’avais déjà sauvé mes amis. Une main se posait sur mon épaule. Je venais limite de sauter à la gorge de Nara et voilà qu’une personne osez me toucher. Je fis de mon mieux pour prendre sur moi. Y en a vraiment qui ne tienne pas à leur vie ici ou bien ? J’entendis alors la douce voix de mon elfette préférée. J’étais rassuré de l’entendre parler plutôt que grogner. Je fis de mon mieux pour faire un sourire, d’habitude il était si naturel chez moi, mais aujourd’hui, il était plutôt crispé et difforme.

- Ne t’inquiète pas. J’ai besoin de temps pour encaisser.

Voir un premier mob à visage humain ce n’est pas un truc très plaisant en fait. Kassandra se rapprochait de moi et posa doucement ses mains sur mes épaules. J’avais l’impression que c’était bien différent du contact de Rebecca. Elle ne fit que murmurer mon prénom, mais je me sentais presque apaisé. Comme sur un petit nuage. Mes émotions faisaient des aller-retour entre le paroxysme et le cratère le plus profond imaginable. J’avais l’impression que cette sensation allait me faire tout simplement vomir.

J’assistais impuissance à l’arrivée des mobs à l’intérieur du stade. Les militaires ne pouvaient visiblement plus rien faire. La ligne reculée de plus en plus. J’avais bien l’impression qu’on était foutu. Les militaires étaient submergés. J’étendais le vacarme autour de moi cesser un instant pendant que mes yeux étaient figés sur cette vision d’horreur. Il fallait que je me reprenne, moi qui avais rassuré Kass un peu plus tôt, elle en faisait de même avec moi maintenant. Mes yeux réussirent à la fixer un instant. J’étais de nouveau en pleine position de mes moyens.

- On doit trouver un moyen de rester en vie ! Je piquerais ma crise quand on sera en sécurité…

J’ajoutais cette phrase avec une pointe d’ironie. Je savais que ça aurait lieu et que je ne serais pas capable de l’arrêter. Cependant, si on est en sécurité, j’aurais le droit de pleurer toutes les larmes de mon corps ou de hurler ma douleur. J’aurais certainement envie de deux ou trois émotions fortes, mais la question n’était pas là pour le moment. Nara et Buzz nous avaient visiblement rejoints. D’un groupe de quatre nous venions de passer à six.

- Il vaut mieux qu’on reste groupés tous ensemble, on aura plus de chance de s’en sortir.

On partait donc tous ensemble dans la direction opposée à celle des mobs. Nous étions tous en train de chercher la moindre brèche dans cette prison de ciment. Je regardais du côté de Nara avec des yeux curieux, son arme m’intriguait beaucoup. Je me demandais comment elle avait eu l’idée de fabriquer une telle arme. Je replaçais par la même occasion ma dague à ma ceinture. Je tapais alors dans la casserole de notre sauveur qui pendouillait à mon sac. Je me demandais bien ce qu’il était devenu. Je m’arrêtais un instant le temps de reprendre ma respiration, il fallait trouver un endroit où aller. Il nous fallait absolument une sortie.

- Des sorties de secours ! Tu as raison, il doit bien en avoir une dans le coin. Il faut trouver un plan d’évacuation.

Je remarquais plus loin un groupe avec l’homme, celui qui nous avait sauvés. Avec lui, il y avait trois autres personnes. Je reconnaissais vaguement la blonde, je crois qu’on a tous deux fait des trucs pas très nets. C’est d’ailleurs très appréciable de discuter de ça avec elle. J’avais l’impression que l’autre homme qui les accompagnées avaient la même flemme que Gary dans son regard, celui de l’homme qui sait se battre et faire de son mieux pour garder son sang-froid, c’est comme s’il connaissait les mobs avant même qu’il existe. Je ressentais qu’il avait tout le potentiel pour être un bon meneur.

- Je pense qu’on devrait les rejoindre eux.

Je pointais du doigt les quatre rescapés. Voir la façon dont il tenait son arme ne faisait que me rassurer. J’attrapais la main de Dante d’un côté et celle de Kass de l’autre. Il fallait y aller, qu’importe le reste. Trouver quelqu’un capable de nous apprendre des choses qu’on ignorait, de nous entrainer et de nous défendre et vu comment il avait mis hors d’état de nuire une mob juste avec la crosse de son arme, je savais que c’était une bonne idée.

- L’union fait la force comme on dit. On se joint à vous pour trouver la sortie ?

Je faisais de mon mieux pour sourire. J’étais fière de moi, cette fois-ci, il était plein de hargne. J’avais l’intention de survivre et de faire en sorte que tous mes compagnons de route le soient aussi. Je n’étais pas vraiment une meneuse, mais je savais ouvrir ma gueule et du coup, je me sentais un peu responsable de chacun d’entre eux. Si quelqu’un disparaissait, je m’en voudrais certainement longtemps. Il fallait continuer d’espérer. Tant qu’on est en vie, il y a encore une chance. Alors, haut les cœurs les amis car au bout du chemin nous attend la liberté.

Ethan se trouvait toujours dans les gradins, en train d'aider des civils à s'extraire des tentes sans tomber aux mains des infectés, lorsque la situation bascula. Des détonations en série se firent entendre près de la porte sud, et il se figea. Simultanément, une voix paniquée et grésillante s'éleva du talkie-walkie à la ceinture d'un militaire proche. Les infectés avaient réussi à entrer dans le stade. À partir de ce moment-là, il ne fut plus question pour lui que de rejoindre sa famille et de garantir leur sécurité. Même s'ils allaient être exposés dehors, ils allaient devoir fuir. Le stade envahi, ce ne serait qu'une question de temps avant que cela ne devienne une boucherie. Alors que tout s'accélérait, une voix s'éleva et amena un silence temporaire parmi la foule. Un homme se mit à clamer des conseils pour maximiser les chances des réfugiés. L'agent fédéral hocha la tête, puis il se remit à progresser dans les gradins dès que chacun s'activa à nouveau.
Il pressa le pas pour rejoindre la loge où il avait laissé sa famille. À mesure que le chaos prenait possession des lieux, il devenait plus compliqué de progresser. Il parvint malgré tout à monter et sans trop de souci à rejoindre les siens. Mais cette fois, c'était l'urgence qui l'animait. Il avait trop à protéger pour se permettre de mettre tout le monde en danger. Il fut toutefois satisfait de voir que rien n'était venu attaquer sa famille durant son absence. Se glissant par la porte, il entoura les adultes d'un regard sombre, heureux au moins de voir qu'ils étaient prêts à partir.

« Ca se complique. On risque de perdre le contrôle. Il faut qu'on se rapproche pour pouvoir évacuer le moment venu. Même si le contrôle était repris... Enfin, on ne peut plus se permettre de rester éloignés.

Le jeune homme s'interrompit. Il mit ses chiens à la laisse, pour les tenir près de lui pendant qu'ils seraient dehors. De toute façon, il y avait de fortes chances pour que les infectés s'intéressent d'abord aux humains, avant les bêtes... Le plan était simple. Protéger tout le monde, en commençant par les plus faibles. Au moins, Brooke et son père savaient se défendre, et étaient d'excellents tireurs. Il observa ses fils, encore à moitié endormis. Nolan surtout était à deux doigts du profond sommeil dans les bras de sa grand-mère.

- On reste ensemble, on ne s'expose pas. Une morsure suffit. Il faut viser la tête avant tout, c'est la seule chose qui les arrête. »

Cette fois c'était la bonne. Il précéda les autres au dehors, afin d'assurer leur sécurité. Il resta près de Brooke, gardant un œil sur ses fils. Tant qu'ils se tenaient calmes, tout était pour le mieux. Sentant la nervosité se nicher comme un poing glacé au creux de son estomac, il tâcha de l'évacuer au mieux pour que cela ne vienne pas entacher son jugement. Ethan guida sa famille en direction de ceux qui pourraient les aider puisque tout était définitivement perdu. Il y avait encore quelques importantes figures qui résistaient dans le chaos qui s'installait.

    Je tentais de reprendre mes esprit quand Sven hurla à nouveau et qu'en me tournant je vis Christy tentant de s'attaquer à un Coyote qui s'approchait de moi ; sans vraiment réfléchir je lui collais ma hache dans le crane et, cette fois-ci, elle fit mouche du premier coup. Cette fois s'en était trop, je voulais bien faire mon possible pour aider ces gens, rester ensemble et s'en sortir, ensemble. Mais voir Christina risquer sa vie ainsi... ce n'était juste pas possible. Il fallait qu'on sorte, par n'importe quel moyen. Reprenant sa main dans la mienne, puis agrippant le bras de Sven, je dis d'une voix légèrement tremblotante par le stress :

« Ca va aller, mais il faut qu'on parte, vraiment. »

    Je m'en voulais, énormément. C'était de ma faute si nous étions encore là, à risquer nos vies, et il ne me fallut que d'un rapide coup d’œil aux alentours pour m'apercevoir que la plupart des personnes avec qui nous étions auparavant s'étaient également agités pour trouver une sortie. D'après les échos, les portes principales étaient désormais envahies et tous les Coyotes qui y cognaient ne tarderaient pas à arriver. J'eus beau chercher autour de moi. Je ne parvenais pas à trouver Rebecca dans toute cette agitation, je ne pouvais donc qu'espérer qu'il ne lui soit rien arrivé et que nous allions nous retrouver. Jetant un dernier regard vers la tente dans laquelle nous avions passé ces quelques mois, laissant nos souvenirs et le peu que nous avions emporté avec nous, j'entraînais les miens à travers les tentes et les cadavres qui jonchais le sol. Je fus légèrement arrêté dans ma course par un macchabée qui m'agrippa la jambe ; une nouvelle fois ma vieille hache qui n'avait désormais plus rien d'une décoration fut de la partie. Il fallait que je reste lucide, pour les sortir d'ici, au moins eux... c'est à ce moment que j'aperçus Buzz de loin, accélérant le pas tout en resserrant mon emprise sur les mains de Christy et Sven.

« Là-bas ! »

    A cet instant, le principale pour moi était sans aucun doute ma famille, mais si nous avions l'opportunité de nous en sortir avec les gens que nous avions rencontrés ici et que nous appréciions alors autant rester ensemble, nous aurons probablement plus de chance de nous en sortir. Ils semblaient se diriger vers les vestiaires et étaient non loin de Tam et les siens, Rebecca était avec eux ce qui me rassura. En arrivant à hauteur de Nara et Buzz, j'annonçais d'une voix claire :

« Vous êtes là. Faut qu'on sorte, rapidement. »

    Sur chaque visage pouvait se lire l'angoisse, l'appréhension de ne pas savoir ce que nous allions trouver, ni si nous allions pouvoir sortir d'ici. Alors qu'il y a quelques temps je me demandais de quoi serait fait demain, j'étais au point de ne même plus savoir s'il y aurait une prochaine heure à vivre. Fermant un instant les yeux pour reprendre un peu mes esprit, je les posais finalement sur les deux mains que je tenais. Il fallait qu'on sorte, et nous y arriveront, quoi qu'il arrive je ferais mon possible pour qu'ils soient dehors, en sécurité. Quelques secondes à peine après notre arrivée, Tam et les autres partirent en direction d'autres survivants. J'étais partagé entre aller plus loin dans les vestiaires ou les suivre, mais l'effet de masse fit le reste et trouver une idée tous ensemble semblait plus appropriée. Jetant un regard à Nara, Buzz, puis aux miens, je lançais :

« On devrait y aller aussi, plus on sera nombreux mieux on pourra se défendre. »