J’étais rassuré de voir Nara et Buzz encore en vie. J’avais envie de leur faire un câlin, mais visiblement, le moment était mal choisi. Ils étaient tous deux très réactifs vis-à-vis du petit monde qui les entourent ce qui en soit et une bonne chose. Pas la peine de leurs crier quoi faire, ils avaient déjà un demi-manche à balai chacun et Nara avait fait une lance de fortune grâce à celui-ci. J’admirais son sens pratique incapable que j’étais de me trouver de quoi me défendre. Je suivais son exemple en essayant de trouver un truc qui pourrait me servir d’arme. J’échouais lamentablement dans ma quête et préférais m’intéresser aux autres personnes autour de moi.

- Nara, prends soin de toi. Je n’ai pas envie de te retrouver découpé en petit morceau éparpillé aux quatre coins du stade.

Cette idée était loin d’être très appétissante, mais qu’importe. Elle avait besoin de sortir des horreurs, c’était sa façon d’être après tout. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche et assumée chaque mois qu’elle disait tout haut. Même si les gens autour d’elle faisaient des grimaces par les atrocités qu’elle sortait, elle n’en avait strictement rien à carrer de leurs états d’âme. C’est avec son sourire sadique qu’elle regardait un zombie se faire tuer plus loin.

- Avec un peu de chance, ils seront tous disparus dans l’heure. On va y croire.

Petit à petit de plus en plus de monde venait en leur direction. Elle avait bien vu Michaela partir dans l’autre direction en compagnie d’Adam et ce n’était pas plus mal. Elle devait déjà supporter cette aristocrate aigrie. C’était le stéréotype même de la femme qui n’était pas comblée que ce soit dans son métier ou dans sa vie plus intime… Bref la meuf qui trouve l’herbe plus verte chez son voisin alors qu’elle ne prend pas la peine d’arroser la sienne.

- Whoua utilisé des mots compliqués pour se sentir supérieur. C’est ça qui plait au jeunot qui te suit comme un petit chien ? Oups, pardon se doit être ton fils…

J’affichais un sourire satisfait de ma bêtise, j’étais en train de me servir d’elle comme un punchingball, c’était presque plus jouissif que la plupart des expériences sexuelles que j’avais tentées. C’est pour dire à quel point j’étais en train d’apprécier les évènements qui se dérouler. Chacun à une façon différente d’échapper a l’horreur du moment. J’avais une image de l’horreur bien différente que ce qui se déroulait sous mes yeux est pourtant, c’était tout simplement horrible…

- Chritina, je pense que vous n’avez pas besoin de moi, vous êtes en sécurité avec tous ses gens de confiance. Je vais tâcher de retrouver mes amis. Je n’arrive pas à revoir Dante et Kassandra.

J’étais inquiète, je ne les voyais plus autour de moi. Avait-il subi un échec en tentant de me rejoindre ? Je devais partir à leurs recherches avant que la situation ne devienne réellement pire. Je pris une grande inspiration avant de réajuster les sangles de mon sac à dos. Je crus entendre la voix de June m’appeler non loin. Je partis donc à sa recherche en priorité tout en restant assez proche du petit groupe.

Ah... Le bruit de balles, les cris, les grognements... Le monde devenait flou pour Ed. Putain, mais quel merdier... Bien qu'il ait trouvé une once de force et de courage pour pouvoir aider au mieux les gens. Au bout de cinq minutes à chercher l'ennemi, le fauconnier avait perdu de vue le militaire qui l'accompagnait. Fais chié ! Il était complètement novice dans la matière et le voilà paumé au milieu de ce bordel ingérable. De part et d'autre, il entendait distinctement les coups de feux. Après quelques coups d'oeil, l'homme pu constater qu'effectivement d'autres civils avaient été réquisitionnés, tout comme lui. Plus loin, un groupe immobile. Edwin en concluait qu'il s'agissait alors de quelques rescapés. Bien. Il dirigerait les survivants là bas.

D'ailleurs, en déambulant lentement entre les tentes, la gorge serrée, les mains tremblants toujours autant, le coeur battant la chamade, le soigneur priait pour que ce cauchemar cesse aussi vite qu'il avait commencé. A chaque fois qu'il passait prêt d'une toile, il la secouait du pied pour voir s'il y avait un monstre a éclater. Merde, merde, merde. Il fallait les buter. Il les aurait sur la conscience... Pourtant c'est à ce moment qu'il les vit. Le mec qui l'avait sauvé et la fille que lui, Ed, avait sauvé. S'approchant rapidement, baissant son arme il vint s'assurer que ça allait.

- Hey, ça va ? Pas de blessures ? Y a un groupe plus bas, rejoignez les. Vite, restez pas là !

L'homme aida l'autre à soulever la blonde, au sol, qui semblait tétanisée par la peur. Le fauconnier ne pouvait que la comprendre. Délicatement, Ed lui prit le menton pour la forcer à la regarder et plongea son regard dans le sien, alors même qu'il tentait de contrôler sa respiration pour calmer sa terreur.

- Regarde moi. Il faut que tu bouges. Il faut retrouver les autres. Descendez. Je vous couvre.

Les derniers mots étaient adressé au survivant et il lui fit signe d'avancer. Lui fermait la marche. Pourtant, après quelques pas, une masse humaine lui tomba dessus, le chargeant à sa vitesse, annonçant son arrivée d'un bruit gutturale. Surpris, Ed glissa et tomba sur le dos, imité par la chose qui s'étala sur lui. La chose bougeait contre lui, essayant de lui mordre le visage. L'ancien boulanger gardait difficilement une distance entre eux , sa main libre sur la gorge et le genou bloqué contre l'estomac du malade.  Un regard vers Dante et Kassandra, un grognement d'effort pour résister tant bien que mal en essayant de ramener l'arme jusqu'au crâne de l'infecté.

- Barrez vous ! Allez ! Rejoignez les autres, bordel !

Ne pas jouer les héros qu'avait dit le soldat. Bah putain c'était raté et le pire dans tout ça, c'est qu'il n'avait pas volontairement prit le rôle. Ses forces commençaient à disparaitre et le truc bougeait toujours plus, l'empêchant de défaire son bras pour lui exploser le crâne. Ces machins ne se fatiguaient donc jamais ?! Que faire ? Que faire ?! Pour le coup, l'adrénaline aidant, Edwin eu l'idée de tirer entre les côtes de son agresseur. L'impacte de balle le fit avoir un soubresaut, le soulevant et cela suffit à l'ornithologue pour repousser son assaillant, le faisant basculer sur le dos. L'avantage reprit, au dessus de l'immondicité, le brun colla le canon contre le crâne, s'excusa et enclencha le mécanisme. La balle partie et la tête de l'individu explosa comme une vulgaire pastèque. Le bruit et les jets de cervelles, ainsi que le sang le firent se relever et vomir. Immonde. Dégueulasse. Juste... Oh y avait pas de mots.

Une fois le contenu de ses tripes déversé, il se releva, une crampe à l'estomac et chercha du regard le duo. Il espérait qu'ils avaient pu rejoindre les quelques non infectés. Fallait se mettre à la recherche des autres et surtout, en finir rapidement avec ces malades. Enfin, il venait de comprendre qu'il ne devait plus hésiter à les neutraliser.

    Peu de temps après que le jeune homme qui était venu se présenter ainsi que la brune qui l'accompagnait avaient rejoint les miens, malgré tous mes efforts pour me concentrer sur les bruits alentours, un brouhaha bien plus important commençait à s'élever derrière moi. Me retournant prestement, je vis qu'une nouvelle famille avait rejoint le groupe, mais que l'un des enfant était blessé. Je ne chercha pas directement à en connaître la raison, me contentant d'avancer pour leur dire de la mettre en veilleuse et de ne pas attirer trop l'attention sur eux ; peut-être aussi pour être plus proche d'eux au cas où plusieurs Coyotes venaient à être intéressés par toute cette chaire fraîche. Il fallait absolument faire descendre la tension d'un cran, les dangers étaient déjà bien trop élevés, ce n'était pas encore le moment d'en rajouter une couche. C'est à ce moment là que j'entendis et vis Tamara s'adresser à Christy avant de s'en aller ; je m'étais contenté de lui jeter un regard, espérant qu'il ne lui arrive rien dans tout ce bordel. Derrière toutes ces têtes, j'aperçus Nara et Buzz qui nous avaient eux aussi rejoint. Souriant légèrement, je passais derrière Christina en posant une main sur son épaule pour lui signaler ma présence, puis la posait tour à tour sur les épaules des deux arrivants.

« Content que vous soyez là. Il faut rester groupés, on sera plus en sécurité en masse. »

    La plupart des personnes qui m'étaient devenues chères ces derniers temps étaient là, il ne manquait au tableau que quelques personnes, dont Rose et sa famille. J'osais me dire qu'ils allaient bien eux aussi mais je ne pouvais le garantir. Secouant la tête pour m'ôter ces mauvaises pensées, je m'apprêtais à jeter un œil derrière les tentes près du groupe quand j'entendis la raison de la blessure de l'enfant ; ainsi il avait été mordu... à dire vrai je n'étais pas sûr de ce que cela provoquait, mais comme dans toute infection, un tel mélange de fluides propageait souvent le virus donc il y a avait de grandes chances qui devienne l'un d'eux. A cette pensée mon regard se fit plus triste, plus sombre. Comment tout cela pouvait simplement se passer ainsi sans que nous ne puissions rien y faire ? Cet enfant ne pouvait pas simplement perdre la vie alors qu'il était si jeune... et cette femme que je n'avais qu'aperçu jusqu'à présent qui s’affairait à soigner sa plaie. N'étant cependant certain de rien, je jugeais plus utile pour le moment de m'occuper des alentours ; nous aurions le temps de nous pencher sur le cas du jeune Eliott une fois que la plus grosse partie de la menace serait éliminée.

    Avançant prestement j'entendis un nouveau coup de feu retentir dans l'assemblée. Me figeant, je tentais de trouver d'où venait la détonation et aperçus un homme que je ne connaissais également que de vue, un civil tout comme moi. Le mieux aurait été que nous nous rejoignions tous, armés ou non, afin d'établir une barrière de protection, mais la panique était telle qu'il serait délicat de confiner toutes ces personnes derrières nous ; nous avions déjà tous été confinés depuis trop longtemps. Pris dans ma réflexion, je ne vis pas immédiatement le Coyote qui s'approchait d'entre les tentes et ce n'est qu'un sifflement volontaire dans la direction d'où il venait qui me fit tourner la tête. Quelques secondes de plus et il aurait été trop tard. Ne prenant pas le temps de chercher des yeux la personne qui avait émis ce son, je me contentais de remercier les dieux ; il me fallut toutefois deux balles pour mettre le cadavre bel et bien hors d'état de nuire.

note:

C'est un frisson qui me parcourt l'échine, alors que je suis persuadée que la fin est arrivée. Je suis paralysée, terrorisée à l'idée de me retrouver face aux malades, qui doivent sans doute se précipiter par ici après avoir entendu l'alarme de ce foutu réveil, qui d'ailleurs a pu prendre son temps pour générer un bordel sonore pas possible, puisque j'ai tellement été surprise sur le coup que je n'ai pas pu réagir comme il l'aurait fallut, c'est à dire de l'éteindre. Alors que je peux entendre que les choses s'agitent à l'extérieur, je suis tout bonnement incapable de faire le moindre mouvement, je suis là, prostrée au fin fond de ma tente, comme une enfant apeurée de la nuit, cherchant à se protéger du croque-mitaine venu de sous le lit. Sauf que là, il ne s'agit pas d'une légende, ces gens là, ils sont bien réels, et ils n'ont qu'une seule envie, c'est de tous nous bouffer sans exception.

Lorsque je sens une présence dans la tente, j'ai les yeux fermés, prête à accepter mon destin. Mais c'est une voix masculine qui me tire de mes réflexions, me ramenant tout doucement vers la réalité. Il n'a pas la dégaine d'un civil, je le vois au fait qu'il n'a pas du tout l'air d'être paniqué, et peut être aussi à cause de l'arme en sa possession. Je hoche la tête en guise de réponse lorsqu'il me demande si tout va bien. Quand il prends les directives, j'arrive petit à petit à me débloquer, et parvient à le suivre à l'extérieur. Mais je n'ai pas le temps de le remercier qu'il me laisse en compagnie d'un de ses collègues.

Le type me donne un flingue. Non mais c'est sérieux ? Qu'est-ce que je dois faire de ça ? Enlève la sécurité qu'il me dit... COMMENT ?! Génial, déjà que je ne suis pas très douée de mes mains, que je serais capable de blesser quelqu'un avec une fourchette, je n'imagine même pas ce dont je suis capable de faire avec une arme à feu. Puis, je ne vais pas tirer sur des gens quand même ? Pourtant, c'est bien à ça que ses instructions font références. Tirer dans la tête, ne pas se faire mordre... Mes questions doivent rester en suspend, le militaire s'éloigne pour aller prêter main forte à un groupe de survivant. Prise de vitesse, je n'ai pas le temps de partir avec lui, et il est hors de question que je l'attende ici. Je me mets donc en route sans trop d'hésitations.

Sur le chemin, je tombe sur une autre fille. Mais ce n'est pas vers elle que mon regard se pose en premier, je suis tout de suite attirée vers celui qui l'a poursuit, un de ces malades. Il est lent, il traîne du pied, mais il ne la lâchera pas. Il a l'air bien décidé à atteindre sa proie. Prenant une grande inspiration, je me mets en travers de sa route, pointant le pistolet dans sa direction. Mais rien à faire, je ne parvient pas à appuyer sur la détente. Je me fige à nouveau.