C'était un véritable enfer qui déferlait sur le CenturyLink. De partout, la peur était omniprésente, et quelques coups de feux commencèrent à résonner. Elle venait tout juste de récupérer Gary et Norman, que son regard s'attarda sur une silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien. Alan, de dos, qui n'avait pas encore repéré le malade qui s'approchait un peu trop près de lui, et certainement pas pour lui faire un câlin.
Faisant signe à sa famille d'attendre, elle se releva à peine, le temps d'émettre un court sifflement, suffisament audible pour que l'ex professeur puisse tourner la tête et dévier sa trajectoire de tir. Tant mieux. A défaut d'être une héroïne, elle pouvait toujours essayer de filer un coup de main quand le destin lui en laissait l'opportunité...

Rejoindre la pelouse fût un premier soulagement, alors que Lara lui tombait dans les bras, ses grands yeux bleus teintés d'angoisse.

Comment ça à pu arriver ? Souffla t-elle avec panique, observant la débandade autour d'eux, sans que Rose ne parvienne à émettre une réelle réponse.
Ce fût un mouvement sur sa gauche qui attira son regard en reconnaissant la famille Karlson, leur faisant signe pour qu'ils rejoignent leur petit groupe, alors que l'agitation lui permettait tout de même d'entendre que le gosse avait besoin de soins. Mais la remarque de son mari lui glaça le sang, alors qu'elle observait le garçon se tordre de douleur.

Il va se transformer c'est ça ?

Quand d'ailleurs ? Ce n'était pas dans ses principes de laisser mourir quelqu'un. Encore moins quand il s'agissait d'un gosse. Mais Gary lui avait raconté tellement de choses sur l'extérieur... Elle n'avait pas oublié le sort de la femme de Graam, qui était morte suite à une morsure avant de revenir dévorer son mari. Sans compter les militaires qui éloignaient mystérieusement tout civil présentant une marque de morsure, de l'époque ou le stade fonctionnait bien... Avisant Alan avec un regard contrit, elle secoua un instant la tête avant de déclarer au petit groupe.

J'peux pas le sauver. Je suis désolée...

C'était qu'un gossse. Un enfant qui n'avait rien demandé à personne dans ce monde, qui se retrouvait victime d'une maladie incurable, alors qu'il aurait dû profiter de son enfance. Elle évita le regard des autres alors qu'elle l'annonçait, réalisant qu'elle n'avait même pas sur elle de quoi apaiser la douleur. En dehors de vêtements sur le dos, et du sac dans lequel elle avait récupérer a laa va vite quelques fringues rien d'autre de fonction médicales. Elle se prit la tête dans les mains un instant. C'était un cauchemar. Et puis c'était qui cette nana avec un balais dans le cul qui faisait genre de connaître son boulot la ?

La seule chose que j'puisse faire, c'est tenter de stopper l'afflux de sang, mais pas plus.

Et tout comme elle en parlait, elle se pencha vers l'enfant en faisant signe à la brune de se pousser, récupérant un de ses débardeurs dans son sac pour compresser la morsure.
Elle devait au moins essayer.
Il le fallait.

Un soupir profond venait de s'échapper des lèvres du fauconnier. Il avait encore vu la mort de près et encore une fois, la Faucheuse ne l'avait pas emporté. S'amusait-elle avec lui ? Se moquait-elle de lui ? Enfin il comprenait l'importance de viser la tête ou tout bêtement de les abattre. Ces choses, bien qu'ayant une apparence humaine, ne l'étaient plus. Ça se voyait dans leur regard, leur façon de marcher, de communiquer. Des bêtes sauvages, voilà ce qu'ils étaient. Des choses n'écoutant que leur instinct primaire. Se nourrir à n'importe quel prix et ce prix, c'était les bien portant.

À ce niveau du camp, Edwin, s'avançait lentement, un pied devant l'autre. Il utilisait la technique de bouger une tente pour voir si un infecté n'y était pas bloqué, le bruit des armes couvrant par moment les râles des monstruosités. Mais rien. Toujours rien. Ni ici, ni là. Le cœur battant, le fauconnier tentait mentalement de ne pas flancher. Déjà qu'il avait degobillé son repas de la veille, c'était pas le moment de juste rester là dans l'attente de se faire croquer. Il était armé. Il avait compris le fonctionnement du mécanisme. Il fallait s'en servir. Les remords prendraient un ticket avant d'infester à nouveau son esprit. Ils attendraient au moins la fin de ce calvaire.

Pourtant, il ne put cacher sa surprise et son agacement lorsque le duo qu'il avait aidé à s'enfuir revint le chercher. Pourquoi ? Ils avaient perdu la tête ?! L'ancien boulanger les avait envoyé à l'abris et ce n'était pas pour qu'ils reviennent se mettre en danger. Se pinçant les lèvres, il soupira aux dires de la jeune femme. Non, ils ne pouvaient pas rester. Il y avait d'autres gens à aider.

- Retournez avec les autres ! Je ne pourrai pas protéger tout le monde ici et il y a encore des gens à aider et d'autres à...

Éliminer. Mais ça, il ne put se résoudre à le dire. Quoiqu'il en soit, il profita que la jeune femme guide son compagnon jusqu'à un autre point pour s'éloigner. Merde, un autre civil rejoignait le duo. Sans doute un ou une ami-e. Maintenant qu'ils étaient trois en plein milieu du foutoir, il se faisait un devoir de veiller sur eux en assurant un périmètre de sécurité. Aussi, il s'éloigna pour définir ce périmètre et, au passage, ramener certains rescapés. Alors que l'homme qui se faisait trainer l'observa quelques secondes, Ed lui fit comprendre qu'il les rejoindrait vite. En tout cas, il espérait pouvoir les rejoindre.

Plus bas, au détour d'une tente, entre les quelques cadavres étendus sur le sol, Ed se retourna vivement, le doigt sur la gâchette, prêt à tirer s'il s'agissait d'un cannibale. Mais non, à son regard, il vit qu'il s'agissait d'une personne comme lui, qui tentait de survivre du mieux possible. Conscient qu'il pouvait faire peur, puisqu'il était couvert du sang de sa dernière victime, il essuya tant bien que mal son visage d'une manche avant d'abaisser son arme. Enfin, il murmura.  

- Ça va ? Viens avec moi. Mes amis sont a quelques pas. Je vais te couvrir. Tout se passera bien.

Suite à quoi, il fit exactement ce que le militaire qui était venu le secourir avait fait. Il s'assura que le périmètre était sécurisé puis il entreprit la marche, vérifiant à chaque pas les alentours. D'ailleurs, combien de balles il lui restait. Il en avait utilisé six, à tout casser. Mais combien pouvait en contenir le chargeur de ce flingue ? N'en ayant jamais tenu avant ce jour, il aurait été complètement difficile d'estimer le nombre de coup possible. Qu'importe, ce n'était pas le moment. S'il parvenait à croiser d'autres tireurs, il demanderait, voilà tout. Pour le moment, tout ce qui importait, c'était la sécurité du civil.

HRP:

J’étais au bord de la crise de nerfs depuis quelques minutes. Impossible de retrouver qui que ce soit. C’était tout bonnement rageant. J’avais envie de hurler mon désespoir, mais je savais que c’était une très mauvaise idée. Je m’écroulais une minute par terre, mes jambes ne pouvaient plus me porter. Trop de pression accumulée, trop d’inquiétude, trop de bien trop de trucs… Alors que je cachais mon visage entre mes mains, j’entendis au loin une voix m’appeler. Je me redressais d’un coup apercevant au loin de silhouette que je connaissais que trop bien. Enfin j’aperçus mes deux amis arriver. Kass avait l’air vidé de toute son énergie vitale, leur chemin avait dû être semé d’embuche jusqu’ici.

J’avais envie de rire, pleurer, les engueuler et tout un tas d’autres trucs… Ils étaient en vie c’était le principal non ? C’est à ce moment-là que mon antenne de paparazzi se mit en route. J’étais souvent à la recherche de scoop concernant les diverses relations des habitants du stade. Si j’avais eu un appareil photo entre les mains, j’aurais certainement mitraillé la main de Kass dans celle de Diabo. Je préférais leurs laisser le bénéfice du toute et ressortir ce détaille plus tard.

- Dieu merci vous êtes en vie.... Je ne voulais pas dire Dieu, mais plutôt Odin.

Tout le monde savait que j’étais bien plus intéressé par la mythologie nordique que par notre culture du christ. Pour moi ce n’était que des chimères comme ce qui se promenait actuellement autour de nous. Je poussais pratiquement Kassandra et Diabo pour qu’ils avancent plus vite et arrive rapidement en sécurité. La blonde remarquait alors ce que Christina avait vu plus tôt. Les militaires étaient attroupés devant la porte sud. Je ne saurais pas vraiment dire s’ils étaient plus inquiets que quelques minutes plus tôt.

- On ne sait pas trop ce qui se passe là-bas, mais ça fait quelques moments qu’ils s’agitent comme ça.

Des nouveaux avaient rejoint leurs groupes pendant que je m’étais éclipsé pour trouver mes amis. Tout le monde était attroupé autour du gamin qui avait été mordu. Visiblement, Rose avait pris la situation en main. J’avais entendu parler d’elle, a priori c’était un des rares véritables médecins du camp. Visiblement, certains avaient dit que le gamin était condamné et qu’il finirait par mourir de la morsure. Je ne pouvais pas deviner ce qui se passait ni qu’il allait y passer j’avais un poids sur la conscience.

Doucement la blonde semblait doucement prendre des couleurs. Je fouillais dans mon sac à main pour ressortir une vieille boite gâteau que j’avais pu garder. Si elle mangeait quelques choses peut-être que mon amie pourrait reprendre un peu de couleur. Quelques secondes après, je chuchotais à Dante et Kassandra pour éviter que les autres entendent, ma question était un peu débile, mais j’avais besoin de parler et d’exprimer mon ressenti sur les évènements récents.

- Visiblement, les militaires ont du mal à tout gérer, certains civils ont même une arme… Vous croyez qu’on va récupérer les nôtres un jour ?

C’était une question certainement pertinente, mais personne ne pouvait y répondre à part peut-être l’avenir et la force. On oublie bien trop souvent le pouvoir de la force. Je regardais alors autour de moi, j’avais mes amis et mes affaires. Tant qu’on serait tous en vie, j’aurais avec moi tout ce dont j’ai besoin.

Je me souviens de ce bordel qu'il y avait à Chicago. De la peur qui lentement et sournoisement a grandi en chacun. Personne ne pouvait s'attendre à ce qui s'est passé. Le mot d'ordre a toujours été que chacun s'occupe de ses petits problèmes, en pensant de temps en temps aux problèmes qui pouvaient toucher les autres parties du monde. Mais quand d'un coup tout ce qu'on connait s'effondre, c'est comme si on redevenait enfant. En tout cas c'est de cette façon que je l'ai vécu. La situation semblait gérable au début, puis chaque jour qui passait ressemblait un peu plus à un mauvais scénario de film catastrophe. Quand on se retrouve enfermée pendant des jours dans son appartement, on a vraiment beaucoup de temps pour réfléchir à ce qu'on a fait ou ce qu'on aurait voulu faire. A ce que l'on veut faire. A ce que l'on doit faire. Plus d'une fois, j'ai pensé que Hope et moi allions mourir dans cet endroit. Soit on finirait par devoir sortir parce qu'on aurait plus de quoi subsister chez nous, soit on serait mortes avant. Mais par chance, on avait réussi à atteindre Seattle et quand nous nous sommes réfugiées dans le stade de la ville, je pensais sincèrement qu'on serait tranquilles pour un bon moment. Qu'on serait en sécurité. Comme je m'y attendais, je n'avais vu aucun membre de ma famille ici. Après tout, je ne sais pas pourquoi ils seraient venus. En tout cas, je n'aurais jamais pensé que l'on se retrouve dans une situation telle que celle ci. Qu'à nouveau, tout s'écroulerait sous nos pieds.

Moi qui m'étais promis de ne pas perdre Hope de vue lorsque nous sommes sorties de notre tente pour tenter de retrouver son frère et sa famille, je me rends compte que j'ai pas vraiment tenu promesse. En une fraction de seconde, elle avait disparu. Heureusement que je savais où elle comptait se rendre et que je savais où se trouvait la tente de son frangin et sa famille. Du coup, ce qui semblait le plus logique était de reprendre ma route et de me frayer discrètement un chemin jusqu'à destination. Concentrée dans ma course, essayant d'être la plus silencieuse possible, je tentais de faire abstraction du fait que j'entendais peu à peu des coups de feu et des cris résonner dans l'air. Il fallait que j'avance au plus vite, que j'essaie de ne pas me faire avoir à mon tour. D'un coup, je manque de tomber quand je me stoppe d'un coup en voyant cette ombre avancer à une dizaine de mètres devant moi. Je plaque ma main sur ma bouche pour faire le moins de bruit possible malgré le fait que je sois essouflée, mais ce qui me choque c'est qu'il semble poursuivre quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Sans vraiment savoir pourquoi je fais ça, j'avance dans sa direction. Et d'un coup, j'entends une voix masculine que je connais trop bien pour ne pas la reconnaître. C'est le frère de Hope. C'est lui qui se fait poursuivre. Et à ce que j'ai entendu, il n'est pas seul. Je regarde autour de moi et aperçois une canne semblant assez solide, à côté d'un vieillard gisant dans une flaque de sang, ne se débattant presque plus. Je me penche, récupère l'objet et me rue vers le rôdeur qui se trouve face à moi. Je le sais, c'est l'adrénaline qui guide mes pas. Mais Hope est peut-être avec lui. J'ai certes eu l'impression d'entendre sa voix tout à l'heure, je ne sais pas où elle est exactement. Et je ne peux tout simplement pas rester là à rien faire. Je fais tomber l'agresseur au sol, et entends un râle qui n'a absolument rien d'humain sortir de sa gorge. C'est la même chose qu'à Chicago. Trait pour trait. Je me redresse rapidement, évite de justesse un coup de dents et commence à abattre la partie la plus résistante de la canne sur le crâne de l'homme. Enfin... En tout cas s'en était un. Lorsque je me redresse, je remets mes cheveux en arrière et essuie le sang que j'ai sur la joue. Mes habits en sont couverts eux aussi. Je pose mon regard sur Daryl et constate qu'il n'y a que lui et sa famille.

« Daryl, faut que vous me suiviez. Il faut qu'on fasse demi-tour, qu'on trouve Hope. Je sais qu'elle est pas loin, et je sais qu'elle me pardonnerait pas que je te ramène pas entier. Alors fait bien gaffe à ton cul et à celui de ta famille. Moi je m'occupe du mien. »

J'allais continuer de parler, mais je me stoppe net en entendant des coups de feu. Mon instinct me crie que Hope a besoin de moi. Que je dois aller dans la direction de là d'où proviennent ces coups de feu. Et puis d'un autre côté, si j'arrive à me procurer une arme, je serai en bien meilleure position. Après tout, c'est mon dada ce truc là. Je fais signe au frère de ma meilleure amie et me mets immédiatement à courir, me plaçant en tête du groupe et le guidant entre les tentes. J'ai toujours eu un très bon sens de l'orientation et ça me permet de vite retrouver l'endroit d'où j'ai entendu quelqu'un tirer. Je ne sais pas par quel miracle je n'ai croisé aucun autre truc comme celui dont j'ai éclaté le crâne, mais je ne vais absolument pas m'en plaindre. Quand j'arrive enfin à destination, je vois Hope. Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche, mais je me fiche en voyant qu'elle est couverte de sang.

« Hope! »

Oui je sais, je fais du bruit. Mais avec les coups de feu qui ont été tirés, ce n'est certainement pas ma voix qui risque de plus les attirer qu'ils ne l'étaient déjà. Je me précipite vers ma meilleure amie, les yeux emplis de crainte, et la serre dans mes bras rapidement avant de la regarder de haut en bas en recherchant une quelconque blessure.

« Qu'est-ce qui s'est passé? T'es couverte de sang! »

Oui bon, moi aussi je suis couverte de sang, mais ce n'est pas le mien. Et ce n'est d'ailleurs déjà plus quelque chose à laquelle je pense. Je lâche un nouveau soupir de soulagement en ne constatant aucune blessure sur elle. Je comptais lui annoncer que j'avais retrouvé son frère mais ce dernier arriva immédiatement après et me poussa un peu pour pouvoir retrouver sa soeur. Bon, je comprends qu'il soit heureux de la voir mais... Enfin, je ne suis pas objective. Pourquoi je ne le suis pas? Disons que... à l'époque, au lycée, j'étais vraiment, vraiment très attirée par lui. Et il m'a fait espérer jusqu'à ce qu'il ne rencontre son actuelle femme. Aujourd'hui je m'en fiche pas mal, mais j'ai la rancune tenace. Du coup, je lui en veux encore un petit peu, malgré le fait que plus de quinze ans aient passé. Je soupire et détourne le regard. Ce n'est vraiment pas le moment de penser à ça. Ce n'est qu'en voyant arriver Sally que je constate qu'elle boite. Et que je vois la trace de sang sur le bas de son pantalon. Cela ne me dit pas grand chose qui vaille...