Edwin ramenait le survivant trouvé plutôt et dirigea immédiatement ses pas vers le petit attroupement qu'il avait vu plus bas dans les gradins. S'apprêtant à retourner chercher d'autres survivants, il se stoppa bien vite quand les militaires se cassèrent suite à un ordre de leur officier. Totalement perdu, le fauconnier comprit enfin qu'ailleurs, c'était aussi la merde. Inquiet quant à la situation, ne sachant s'il devait rester ou aller les aider. Finalement ce fut un autre homme, muni d'un arbalète, qui donna les directives. Il le connaissait. Très peu, mais suffisamment pour savoir qu'il pouvait lui faire confiance. Toujours armé de son flingue, Ed soupira. Le calvaire ne finirait donc jamais.

Bien, les mêmes directives que les soldats. On fait gaffe à son cul, on vise la tête, on fait gaffe à ses munitions. Déjà qu'il savait même pas combien il lui en restait... Puis il était drôle lui, c'était pas évident d'utiliser qu'une balle. Un one shoot quand on était totalement novice en la matière, à moins d'être très chanceux, c'était pas évident. Pourtant, il avait compris le truc. Il se sentait plus de rester là et laisser les autres faire. Mais son regard tomba sur la petite blonde qu'il avait sauvé par deux fois, ainsi que l'autre homme qui était avec elle. Nah. Pas question de rien faire et de les laisser dans ce merdier. Plus loin, il avait vu Lilou aussi, la blonde avec qui il avait parlé juste après Noël. Il l'aimait bien et elle avait l'air un peu paumé aussi. Et y en avait d'autres, à qui il avait causé. Non, vraiment, pas question de les laisser risquer leur peau.

Sans en demander plus, l'employé de zoo se rangea aux côtés de Gary, lui faisant un signe simple destiné à lui faire comprendre qu'il le suivrait dans cette foutue bataille. C'était bien leur veine ça, deux champs de batailles, au plus grand désespoir de tous. L'agitation n'était pas prête de retomber et c'était putain de mal barré pour le coup. Suivant le chef de bataille, posant son regard sur ceux qui s'étaient portés volontaires pour aider à ratisser la zone, Ed sourit en coin, tapotant Jonah dans sa poche. Au moins, s'il devait crever, il se serait battu jusqu'au bout. Enfin, dans la zone qu'il avait décidé d'explorer, il vérifia la première tente. Rien à signaler. Suivant. Bon sang, ça s'annonçait être long.

Le grésillement de la radio quelques mètres plus bas annonçait la fin. Ou bien une partie de cette fin si on ne faisait rien. Plus tôt, en arrivant à proximité des petits groupes en sureté, elle avait finalement lâché la main de Dante. Elle avait tenté de manger ce que lui avait gracieusement tendu la jolie tatouée, mais elle n'avait pris qu'une brève bouchée. Tout c'était accéléré, et elle s'était réellement cru en sécurité une seconde, sous le tir protecteur des coups de feu. Lorsque les explications brèves des complications de la porte sud arrivèrent à ses oreilles, il avait été évident pour elle qu'elle devait prendre une de ces armes... Faire quelque chose pour éviter de voir mourir des amis, pour montrer qu'elle était capable même de tenir une arme. Elle n'avait qu'à se remémorer leur fonctionnement, elle avait bien vu de nombreux films, elle avait observer les militaires et même l'homme près de sa famille tirer.

La voix portante d'un homme à qui on venait de donner la responsabilité du stade ne faisait que renforcer son envie de prêter main forte. Elle ne pouvait pas simplement rester là à les regarder éliminer ces choses qui continuaient d'attaquer les civils. Leurs voisins, leurs amis.

La blonde se tournait vers ses trois amis en sifflant :

« On peut pas rester là. Moi j'descend. »

Elle aurait pu attendre que Dante, Tam et June accepte de la suivre, mais elle était déjà sur les talons de quelques autres. Fallait qu'ils aillent chercher leurs armes. Mais lesquels ? Elle n'en avait pas ramené, jamais tenu. Tirer dans la tête. Dans quoi elle s'embarquait, elle ne savait pas exactement si elle allait gâcher des munitions et tirer juste dans la tête.

Kassandra venait de jouer des coudes pour attraper un sac au hasard, il était lourd et elle avait eu du mal à retourner à l'extérieur pour s'approcher de l'homme qui avait commandé. Un orateur, comme on en voit pas souvent... Avait-il fait son service militaire ? Des études particulières ? Est-ce que cela avait la moindre importance ? En tout cas, ce qu'avait dit l'homme l'avait suffisamment motivée pour prendre les armes et ouvrir prestement ce sac. Ses doigts moites avaient à plusieurs reprises glissés sur la tirette mais elle avait fini enfin par l'ouvrir. Vite. Elle en sortit une arme plutôt massive d'après elle, elle glissait le chargeur dans sa poche avant tout en remarquant que l'arme était déjà chargée. Le couteau, c'était ce qu'elle maîtriserait sans doute le mieux, elle la glissait dans le sac. Elle n'avait rien pour le tenir. Après avoir manipuler l'arme et enclencher ce qu'elle supposait être la sécurité, elle se rendait compte de la présence proche de ses amis, June qui essayait de se démerder comme elle avait ce qu'elle avait reçu.

« Dante... Tam... C'est bien là qu'on appuie ? Non... Dites-moi vite fait comment marche ce truc... »

Elle avait trouvé où était le chargeur en tentant de comprendre le fonctionnement de l'arme. Les tirs plus loin la firent légèrement sursauter alors qu'elle levait les yeux vers ses amis. Vite, il fallait faire vite. Elle se fichait de pas bien faire, elle saurait forcément viser la tête si... elle se rapprochait le plus près possible de ses choses. Il ne fallait pas gaspiller de munitions... Comment faire lorsqu'on n'avait jamais tiré de sa vie ? Et l'arme était tellement lourde dans ses mains moites ?

« Vous savez comment ça marche pas vrai... Comme vous êtes sorti le mois dernier... Et June ? Faut que vous lui expliquer aussi... »

    Alors qu'on se disait qu'on s'en sortait pas trop mal, malgré le nombre encore relativement élevé de Coyotes et les cris qui ne cessaient pas, un bruit de plus en plus persistant se faisait entendre venant des portes ; il y eut comme un moment de flottement, puis des cris, encore plus fort. On pouvait percevoir les grésillement des talkie-walkie des militaires, et l'agitation semblait reprendre de plus belle. Me précipitant vers les miens, je remarquais que le petit groupe de 4 que nous étions au départ s'était bien agrandi et je ressenti un profond soulagement en voyant que Rose et sa famille nous avaient rejoint. Elle semblait occupée avec l'enfant qui avait été mordu un peu plus tôt. Alors que j'arrivais à hauteur de ma femme, je lui pris la main et lui parla d'une voix assez forte pour qu'elle m'entende.

« J'ai l'impression que ça se corse... »

    L'angoisse montait et j'avais le sentiment qu'on ne pourrait jamais s'en sortir, comme si on allait finir ici, bloqués par ces morts ambulants. La pression ne faisait qu'augmenter et elle ne baissa pas quand Gary monta sur une caisse non loin ; fixant toute mon attention sur lui, j'écoutais sans broncher ce qu'il avait à nous dire et ce n'était pas très glorieux. La situation s’aggravait et il semblait que les corps armés avaient quelques difficultés à la porte sud. Pesant le pour et le contre, je ne savais pas si le plus judicieux était de rester là, garder les miens à l’œil en attendant que la menace approche, ou aller de l'avant et essayer de nous sortir de tout ce foutoir en s'attaquant à ceux qui restaient. Je ne pouvais quitter ma famille, mais si je ne faisais pas mon possible pour mettre hors d'état de nuire ceux qui se baladaient encore dans le stade et qu'un venait à notre hauteur... je ne me le pardonnerais jamais. Me tournant vers Christina, je pris cette fois-ci sa main dans la mienne et lui déposa le Beretta que j'avais eut quelques instants plus tôt ; nous pouvions avoir accès à l'armurerie et il était évident pour moi de récupérer mes biens. Posant un instant mon front contre celui de ma femme, je lui dis d'une voix à peine audible :

« Je dois le faire, pour nous, pour moi. Prends ça et protégez vous tous les deux. »

    Je savais qu'elle avait peur, je pouvais sentir son angoisse à l'idée de me voir m'éloigner, mais également d'avoir à prendre une vie ; même s'ils n'étaient plus à proprement parler ''en vie'', ce n'était pas une évidence facile à accepter. Me détachant d'elle, je pressais le bras de Sven en passant et lui lançais un regard qui lui signifiait de faire attention à lui, ainsi qu'à sa mère. J'espère que tous les gens que j'avais appris à connaître depuis ces quelques mois s'en sortent indemne, nous avions désormais plus de chances de notre côté étant donné qu'un plus grand nombre d'entre nous serait armé ; mais malheureusement il était impossible que tout le monde soit prêt à ce qui arrivait et je ne pouvais qu'espérer les revoir en forme. M'avançant également vers Gary, je lui adressais un regard entendu ainsi qu'à Edwin, avant de prendre le chemin de l'armurerie, le cœur lourd, pour récupérer mes armes ; à savoir ma carabine et ma hache.

 

EVENT DE JANVIER | Nara & Buzz

 Les ordres. Le gamin mordu. L’affolement général. Nara était trop occupée à bien serrer les liens de sa lance pour voir si elle tiendrait les coups. Étonnement, c’était le cas. Elle l’enfonça dans le sol pour constater qu’elle ne cédait pas au poids de son corps. Elle aurait tout le temps d’améliorer la chose une fois qu’ils seraient dans le calme. Pour l’instant, l’idée était d’aider les gens à éliminer les infectés qui arrivaient en masse. Alan avait laissé son arme à sa femme. Nara se redressa en déglutissant avec difficulté, avant de voir Buzz courir vers l’armurerie. Elle s’affola un instant en le voyant s’éloigner sans lui dire quoi que ce soit. En fait, ce qu’elle n’avait pas vu pendant qu’elle s’occupait de sa lance, c’était les presque-larmes de l’artiste qui ne supportait pas de voir cet enfant se tordre de douleur. Plus Rose appuyait sur sa plaie, plus la douleur semblait forte. Nara savait que Buzz adorait les enfants. De plus, il avait raison, il fallait se bouger et suivre les autres, ou rester en arrière avec Rose.

Nara ne pouvait pas rester en place. Elle avait été plutôt casse-cou dans l’adolescence, il était temps de faire appel à cette partie de sa personnalité, pour sa propre survie. Elle acquiesça pour elle-même et pour ceux qui l’entourait avant de partir en courant. À la sortie de l’armurerie, elle aperçut enfin Buzz qui tenait un espèce de fusil qu’elle n’avait jamais vu avant autre part que dans les bras des militaires. Un  HK MP5 que Buzz empoignait avec étrangement un réel enthousiasme. Nara arqua un sourcil en faisant tourner sa lancer entre ses doigts. « Oui okay je pose pas de questions j’ai comprit. » Il avait un petit sourire en coin avant d’ébouriffer les cheveux courts de son ami. Ils étaient parti. Parce qu’ils étaient une équipe. Alors, le binôme pouvait s’allier à Gary et les autres, ils seraient efficaces. Nara adressa un signe de main à Gary d’une mine décidée avant de les rejoindre, accompagnée de Buzz.

Mais quand ce dernier arriva à hauteur des infectés qui avançaient dangereusement vers eux, il tira et se prit la crosse de son arme dans l’épaule. « C’EST PAS UN JOUET BORDEL ! » S’exclama Nara en fronçant les sourcils avant de s’avancer prudemment avec sa lance armée. Elle jeta un regard inquiet à Alan qui s’était élancé comme un héros en laissant sa famille derrière. Est-ce qu’elle devait lui en vouloir ? C’était sa vie après tout, mais elle imaginait sa femme et son fils survivre seuls s’ils devaient être séparés d’une manière ou d’une autre. Elle secoua la tête  en le voyant s’éloigner vers l’armurerie et plissa les yeux en s’efforçant de ne pas sursauter en entendant les coups de feu. « Soit c’est nous, soit c’est eux. » Murmura-t-elle pour elle-même avant en scrutant également le sol. Sa plus grande peur ? Se faire attraper par les jambes.

L’ambiance était chaotique. Ce n’est que plus tard que Nara emploiera le terme de Post-Apocalypsia. Pour le moment, c’était bel et bien l’apocalypse. On entendait des cris, les gargouillements immondes de ces infectés qui n’avaient plus rien d’humain. Il n’y avait plus de regret, plus de mélancolie ni d’espoir dans les yeux de Nara. Simplement l’envie de se débarrasser de la menace, pour protéger les personnes avec qui elle vivait depuis un long moment maintenant. Il fallait que le maximum de personne survive. Coûte que coûte.

Je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. La porte sud était tombée, c’était la CA-TA-STROPHE. Qu’est-ce qu’on allait bien devenir ? Comment s’en sortir maintenant qu’on était dans la merde jusqu’au cou… Je regardais partout autour de moi, le broua était monté d’un coup, beaucoup se demandaient ce qu’il allait advenir de nous. J’avais peur, j’avais envie de croire que si je fermais les yeux tout disparaitrait et que je me réveillerais au fond de mon lit. Cependant, le bruit ne bougeait pas et je restais debout dans ce stade. J’avais une boule au ventre, je faisais de mon mieux pour rester neutre et ne rien laisser paraitre.

- On est dans la merde… C’est officiel.

C’est Gary qui prit la parole. Il serait visiblement l’homme à obéir et à suivre. Pourquoi lui plus tôt qu’un autre ? Je savais qu’il venait de dehors et qu’il avait certainement beaucoup plus d’expérience que n’importe qui ici. Je me poserais plus tard des questions concernant sa légitimité dans l’immédiat on n’avait pas le temps. Il prit la parole comme un chef de guerre pour motiver les troupes et donner ses indications. Les militaires nous avaient abandonné, tant pis de toute façon, je n’avais jamais pu les apprécier.

- J’arrive. Kurtis vient avec nous si tu veux, on sera mieux avec de vraies armes.

Je tirais Dante par la manche, il fallait y aller. J’avais qu’une hâte récupérer mes armes chéries. Je n’avais pas d’arme à feu ce qui pour le moment était certainement un léger handicapé. Je n’avais vraiment pas envie de gaspiller mes flèches. Je me faufilais agilement entre les gens pour récupérer mes affaires et celle de Dante. C'était une compétence bien utile pour être première dans les files d'attente avant les soldes. Je lui mis dans les mains quand j’arrivais à m’extirper de la pièce. J’attachais mes deux fourreaux à la ceinture. Je mis rapidement le carquois et l’arc à leur place sur mon dos. Je me dirigeais alors vers Kass qui semblait vraiment galérer avec son sac d’armes. Elle ne savait vraiment pas comment s’en sortir et je pouvais comprendre.

- Alors tu fais attention avec ton viseur. Tu essayes de mettre la tête des zombies ici. Visiblement tu as bien enlevé le cran de sureté. Une fois que tu te sens prête, tu tires. Et normalement, si tu ne t’es pas foiré il y a un zombie de moins sur la terre.

J’essayais de ne pas faire dans le mélodramatique c’était tout simplement inutile. Je n’avais vraiment pas envie de la stresser plus qu’elle n’était déjà. Le plus simple c’était qu’elle essaye de tuer un rodeur. J’avais qu’une envie sortir ma lame pour voir dans l’état où elle était. J’avais peur que la rouille l’ait oxydée, mais je m’inquiéterais plus tard. Je laissais l’épée en place et sortit uniquement la petite dague. Ce serait utile si les rodeurs se rapprochent trop sans pour autant l’empêcher de me mouvoir comme je le souhaite. Dante semblait plutôt content de récupérer ses armes aussi. J’affichais un sourire rassuré. Il pourrait certainement nous protéger aussi.

- Bon du coup, maintenant on est armé et ensemble alors surtout on prend soin des uns et des autres.

J’entendais un bruit derrière moi, je fis volte-face et voilà une horreur visqueuse qui me tombait dessus. Ni une ni deux. Je lui plantais ma dague dans l’œil. En la retirant, j’entendis un bruit bizarre, je sentis un haut-le-cœur remonter en moi. Je me rappelais alors du premier truc que j’avais tué. C’était toujours aussi horrible de mettre fin à la vie d’une de ses choses. Un frisson me parcourait le corps et j’essuyais la lame sur son haut.

- Au moins, il ne nous embêtera plus celui-là.

Finalement June avait trouvé comment son arme fonctionnait. J’attendais les directives des autres pour savoir ce qu’ils voulaient faire maintenant.