Le vacarme autour d'elle était assourdissant. On se battait encore, on tentait de prendre le dessus, de survivre. Thalia n'y prêtait plus attention. Son univers venait de s'écrouler devant elle. Les images restaient imprégnées sur sa rétine, même si elle refusait de les croire. Elle allait se réveiller, bientôt, et se rendre compte que son mari était là, à la regarder dormir, blotti contre elle. Elle sentirait ses doigts se glisser entre les siens, et une main protectrice se poser sur son ventre. Tout ça n'était que le reflet de ses peurs, de ses angoisses, un jeu pervers de son cerveau pendant son sommeil... Et pourtant. On disait que la douleur était absente du royaume des rêves. Or, le sang coulait encore de son bras blessé, même si la plaie n'était plus si cuisante que ça. La douleur physique n'était rien comparée à celle de son cœur. Elle serrait convulsivement le corps encore chaud de son mari contre le sien, cherchant bien inutilement à le protéger de la tourmente. Elle le voyait à peine, à travers le brouillard de ses larmes désespérées qui ne voulaient pas se tarir. D'une main tremblante, elle caressait ses cheveux courts, son visage désormais figé. Ses yeux ouverts ne contemplaient plus rien. Elle ne voyait pas la balle qui avait frappé l'arrière de son crâne en y laissant un trou, ne remarquait pas le sang qui maculait sa main droite.
La zoologiste entendit vaguement une voix lui parler d'un ton énergique. Maxine. Mais il lui était impossible de bouger. Et soudain, la vérité la frappa avec la violence d'un train venant percuter un mur à pleine vitesse. C'était entièrement de sa faute. Si elle n'avait pas voulu le rejoindre, impulsivement, il n'aurait pas eu à s'interposer pour la protéger. Et il serait toujours en vie. Figée par cette constatation, elle sentit Maxine poser sa propre main contre son ventre. Des sanglots plus profonds encore l'agitèrent, la faisant trembler.

D'autres arrivèrent. Elle crut reconnaître Lysbeth... et la petite famille Gallow. Tout le monde la pressait de la même façon. Il ne fallait pas rester là, où ils finiraient tous par être criblés de plomb. La jeune femme était tiraillée. Quelque chose dans sa tête lui criait de bouger, de se lever, mais son corps lui semblait trop lourd. Et elle ne voulait pas abandonner Morgan au milieu de tout ce chaos. Au milieu des tous ces morts. Elle voulait l'avoir près d'elle, lui offrir ce qu'il méritait... mais hélas, ce n'était pas le moment. Comme sur tout champ de bataille, il faudrait honorer les morts une fois le retour au calme effectué... s'il y avait encore suffisamment de réfugiés en vie pour cela. Tournant la tête vers tout le monde, des mèches de ses cheveux collés à son visage par les larmes versées, elle articula difficilement.

« Je... je veux pas le laisser là... »

De nouvelles détonations l'y décidèrent pourtant. Et une voix insidieuse, qui lui souffla qu'assez de monde était mort par sa faute. Avec difficulté et après avoir refermé les paupières de Morgan, elle s'appuya sur Maxine et Jessie pour se relever, avec l'impression que ses jambes ne la supporteraient pas. Elle vit deux nouveaux corps tomber. Le massacre continuait. Un nouveau coup de feu siffla non loin d'eux, faisant éclater une bouteille en verre posée non loin de là. Thalia fut touchée par les éclats, écopant de nombreuses coupures au bras et au visage, heureusement superficielles et sans gravité. Puisqu'il le fallait, elle allait les suivre. Elle allait vivre, puisque son mari s'était sacrifié pour elle. Ce ne serait pas en vain.

Des visages plus ou moins familiers chez les civils continuaient de perdre la vie, c’était pire que ce à quoi Sally aurait pu s’attendre. Comment était-il possible de s’en sortir alors qu’il y avait tant de pertes humaines ? La brune avait l’impression qu’à chaque mort du côté de leurs anciens gardiens, il y avait facilement cinq fois plus de civils qui tombaient sous les balles. Malheureusement, cela suivit une certaine logique étant donné que d’un côté on trouvait des Hommes entraînés à tuer et de l’autre, des personnes n’ayant pour la plus part jamais réellement maniées d’armes. Il ne fallait pas oublier non plus les blessures, ce qui était impossible de toute manière tant elles se rappelaient sans cesse aux esprits et aux corps. Sally tentait tant bien que mal d’appuyer sur son épaule afin de limiter au maximum la perte de sang, mais non seulement, elle ne parvenait pas à le faire trop longtemps à cause de la douleur que ça lui infligeait, mais aussi parce qu’elle avait un pistolet dont elle devait se servir.

Elle aperçut de l'autre côté du gymnase Ian et Rosaleen semblant se diriger vers Bernadette qui restait immobile derrière son abri de fortune. Elle n’était pas morte, heureusement, mais elle semblait ne pas parvenir à se mouvoir. Sally resserra sa main sur celle de son fils pour ne pas le laisser ici seul, surtout que Thalia venait de partir, mais ça ne la rassurait vraiment pas de devoir être à découvert. « Si je te dis de courir et d’aller vers telle personne, tu le fais d’accord !? » lui dit-elle d’une voix posée. Les deux Lockharts présents allèrent à la rencontre de l’urgentiste et de la rouquine, Sally tentait de protéger au mieux son fils en pointant son arme sur les militaires présents partout dans le gymnase. A chaque fois qu’une balle partait de celui-ci, le recul engendrait une vive douleur dans son autre épaule la faisant se tordre un instant de douleur. Elle vit l’un de ses tirs faire mouche.

La brune essayait de s’appliquer le mieux possible pour ne pas se retrouver sans munitions. Un autre militaire s’écroula entraînant dans sa chute un civil de plus qui prit une balle perdue. Arrivée auprès de Bernie, Sally s’accroupit et bloqua le visage de Russell contre elle afin d’éviter qu’il fasse une crise de panique, ce n’était vraiment pas le moment. Relevant sa tête afin de tirer de nouveau pour couvrir l'arrivée de ses amis, la brune se rendit compte de la gravité de la blessure de l'urgentiste qui était sévèrement touché à la jambe. En tournant sa tête une nouvelle fois, elle aperçut Daniel et d’autres civils faire leur entrée. Elle ne pût retenir un soupir de soulagement, l’espoir qui s’égrenait au fil des minutes, renaissait. Maintenant, c’était bel et bien eux qui avaient l’avantage car les soldats seraient dans un premier temps surpris pour au final devoir gérer deux fronts à la fois.

Hors course, après une seule foutue balle. Trey se foutrait bien de sa gueule si elle parvenait à s'en sortir. Et ou étaient-ils tous à présent ? Drew, Bernadette, Trey, Ian ? Elle retint un gémissement de douleur alors qu'Emy la traînait ailleurs, hélant sa fille pour lui rapporter de quoi faire. Quoi, comment ça ? Une compression suffirait pas ? Son coeur semblait ne jamais vouloir cesser de cogner contre sa poitrine, alors qu'elle sentait perler à son front un peu de sueur. Elle croisa le regard d'Emy, alors qu'elle relevait son débardeur sans ménagements.

La balle n'est pas ressortie, je vais devoir l'enlever. Kaycee, tiens lui bien les épaules pour l'empêcher de bouger.

Elle annonça dans la foulée que l'opération ne serait pas sans douleur, alors qu'elle sortait une pince qui ressemblait plus à un instrument de torture qu'à une sonde.

Ca va... J'ai déjà connu pire hein, j'ai pas d'exemples à l'esprit mais -

La fin de ses mots mourut dans sa gorge alors que la pince de métal torturait son ventre, trifouillant à l'intérieur jusqu'à heurter un point métallique. Un tressautement la prit, rapidement stoppé par Kaycee qui malgré ses 13 ans, la maintint fermement au sol alors qu'elle hurlait sa douleur au plafond de la tente, fermant les yeux en suppliant Emerson d'arrêter cette torture. La tige de fer semblait chauffée au rouge, alors qu'elle entendait la femme médecin marmonner sans comprendre, ses murmures noyés sous les rafales et les hurlements des civils. Tout n'était que chaos, et les larmes de douleur noyant ses yeux ne l'aidaient pas à garder l'esprit clair. A l'inverse, il lui semblait que son énergie vitale s'échappait en même temps que le sang qui dégoulinait le long de son ventre, la plongeant dans une étrange transe entre l'éveil et l'inconscient. Elle n'était pas taillée pour la guerre, elle n'avait pas payé pour ça. Elle était faite pour l'espace et le calcul des risques, pas pour savoir comment réagir quand on observait son propre sang imbiber son débardeur, alors que les gémissements des mourants résonnaient à ses oreilles comme une lancinante musique l'invitant à les rejoindre. Ses ongles s'enfoncèrent dans la chair de ses paumes alors qu'impuissante, elle ne pouvait que subir la torture de la sonde cherchant à retirer de son ventre ce petit bout de métal.

Arrêtes, arrêtes ça !
Je l'ai !

Ce fût tout ce qu'elle comprit, alors que la délivrance arrivait enfin, lui arrachant un hurlement. Il lui sembla qu'on lui retirait directement un morceau d'elle même plutôt qu'une balle intact, et que son ventre était ouvert en deux. Un sanglot déchira sa gorge alors que l'adolescente lui murmurait des paroles qui se voulaient réconfortantes, ramenant en arrière ses cheveux humides, et que sa respiration s'accélérait à nouveau. Même le bandage qu'elle posa contre la plaie semblait transformé en fibre de verre éraflant à nouveau sa peau à vif, ne pouvant toujours pas bouger à cause de la gamine lui broyant les épaules pour la maintenir allongée. Puis, le noir total. Elle entendit bien Emy lui hurler de rester consciente, mais l'abîme l'attirait en son sein, alors que le décor se faisait flou autour d'elle. Le silence, enfin. Du moins, de courte durée. Une autre douleur vive la tira à nouveau de son sommeil presque bénéfique, alors qu'un liquide brûlant coulait sur sa peau, rapidement suivi d'un nouveau point de compression. Les paroles d'Emerson lui semblaient floues, mais la pression de sa main contre la sienne lui fit comprendre qu'elle ne devait pas se laisser aller à cette idée de dormir là tout de suite. Pourtant, l'envie n'en manquait pas. Au moins, la douleur se serait estompée un moment. Il lui sembla bien entendre vaguement la voix de la jeune femmelui dire qu'elle s'en sortirait, sans pour autant réussir à lui répondre, alors qu'elle levait les yeux au plafond, ne sachant plus vraiment si elle pleurait de douleur, ou si elle était trop épuisée pour parvenir à dire quoi que ce soit.

J'te l'ai dis... J'ai connu pire. Parvint-elle à articuler pour tenter de rester éveillée, quitte à balancer des conneries plus grosses qu'elles.

Peut-être était-ce le contrecoup car elle avait l’impression que cela faisait de très longues heures qu’elle n’avait pas pu rester plus de deux minutes au même endroit, toujours était-il que sa blessure lui faisait un mal de chien. Le plus dur pour elle, à ce moment-là, était de rester un tant soit peu lucide. Le sang continuait de couler le long de son bras gauche et de sa poitrine, les cheveux blonds de Russell prenaient une teinte rosée. Déjà que de base elle n’était pas douée avec une arme, là c’était encore pire. Il fallait absolument faire quelque chose avant de devenir un fardeau pour les autres et d’abandonner son fils.

Son bras finit par relâcher la pression exercée sur son fils, elle n’en avait plus la force. Sally devait mettre toute sa concentration et ses forces dans son autre bras afin de viser au plus juste. Visant un soldat qui s’était retourné, elle lui tira dessus à deux ou trois reprises avant de le voir tomber, mais la balle suivante termina sa course dans le torse d’un habitant qui venait de passer devant Sally. Elle ne fit pas le rapprochement entre ses tirs et cette mort, se disant simplement que ce vieil homme lui avait peut-être même sauvé la vie en se transformant en bouclier humain. Elle était sûre de ne pas l’avoir touché, alors elle continua à tirer en direction des militaires avec cette douleur toujours aussi profonde à chaque coup de feu.

Sally regardait dans toutes les directions, il était compliqué de savoir où la menace était la plus forte car finalement, elle était tout autour d'eux. Heureusement que d'autres civils arrivaient, même si certains de ces sauveurs avaient eux aussi besoin d'être sauvé à l'image de Daniel et de son bras. La brune vit un soldat tirer sur une femme au sol, mais ce n'était pas n'importe quel militaire, il s'agissait de celui qui quelques semaines plus tôt l'avait totalement ignoré en lui lançant un regard hautain et suffisant alors qu'elle lui posait une simple petite question, ce qui l'avait fortement énervée d'autant plus que ce n'était pas la première fois qu'il agissait ainsi auprès des réfugiés. Le voir agir de la sorte ne fit qu'augmenter cette haine présente en elle.

Prenant une grande inspiration, elle cibla la tête de ce sous-Homme et pût le voir s'écrouler. Peu importait la manière ou l'endroit où elle l'avait visé, le principal était de le voir au sol, inerte et à jamais espérait-elle. Sally se recroquevilla quelques secondes, le temps d'encaisser une piqûre de rappel de la part de son épaule. Regardant l'urgentiste, elle l'interpella et lui dit simplement « Ian… J’ai besoin de ton aide. » en penchant sa tête sur son épaule gauche, bien que sa blessure était plus que visible. Elle eût le sentiment que chaque mot employé lui avait demandé une énergie folle. Mais il fallait tenir bon, encore un peu plus.

Ses pensées se tournèrent vers son mari. Elle savait qu'il était toujours en vie, elle le sentait sinon quelque chose en elle se serait brisé, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Sally avait une confiance totale en lui et ses capacités à se défendre, pourtant elle craignait le pire. Si autant de militaires s'étaient aventurés dans le stade, c'est qu'à l'extérieur ils devaient certainement avoir le dessus... Wade, reviens je t’en supplie, j’ai besoin de toi… On a besoin de toi mon amour, ne nous abandonne pas. Plus que jamais, Sally avait besoin de sa moitié pour passer cette épreuve.

Je suis pas soldat moi putain ! J'avoue que c'est excitant, que frôler la mort c'est une sensation folle, mais là c'était abusé... Je comprenais même pas comment on faisait pour arriver à en tuer, à gagner du terrain... On était face à des vrais miliaires ! Des gens qu'on paie pour s'entraîner à tuer bordel ! Moi j'étais payé à courir pour rattraper un ballon et esquiver les joueurs qui veulent me niquer... J'avais beau courir j'étais pas flash, j'allais pas esquiver les balles ! Tenant fermement mon arme contre ma poitrine, je commençais à avoir mal aux articulations à force de serrer le truc comme un débile mental... Mais c'était plus fort que moi, j'avais le sentiment que ma vie tenait à ce bout de métal...

Il fallait pas sortir la tête, il fallait rester contre le humvee et réfléchir au prochain mouvement. Mais c'est le prochain mouvement qui me trouva... Daaaaamn ! Ça venait de faire un bordel du tonnerre derrière nous et Willyboo s'était redressé pour gueuler qu'on se faisait baiser par derrière au gymnase. Mon sang ne fit qu'un tour. Cassidy Senior avait beau être un dur à cuir, il allait pas faire le poids contre des militaires armés... Et ces chiens n'allaient pas hésiter à toucher ma sœur... Je me redressai sur mes pieds mais retombais sur le cul en voyant le poing rouge dans le front de William... Fuck ! C'mon Troubleman, c'est pas le moment de faire ton puceau, porte tes couilles, t'es un king ma gueule. Tu te lèves et tu les défonces !

Inspirant à fond, je piquais un sprint comme j'étais payé à faire à l'époque... Pouuuuh à ce jeu là, j'étais imbattable chérie ! C'est marrant comment quelque chose d'aussi ridicule que sprinter sur quelques dizaines de mètres pouvait me redonner toute confiance en moi et me faire oublier tout ces putains de parasites, les militaires derrière moi, les gens que je ne connaissais pas vraiment qui jonchaient le sol... Quand je courais, j'avais l'impression que rien ne pouvait m'atteindre... J'entendis une voix masculine hurler mon nom derrière mais je ne la reconnaissais pas et m'en battais franchement les couilles.

It's on now mathafuckers !

Arrivant comme une balle dans le couloir qui menait au gymnase, je rentrais l'épaule directement dans le flan du militaire qui gardait a moitié l'entrée, et ouais PD, le danger vient pas de dedans ! Emporté contre le mur puis au sol avec le poids de son équipement, je terminais le travail avec un coup de Jordan dans la bouche... Ouais fais chier, des J's toutes neuves... Mais ça en valait la peine ! Un coup d'œil rapide dans la salle et je voyais mon père se prendre un coup de crosse dans le ventre et tomber au sol, la main en direction de ma sœur qui partait serrée dans la main de Vaughn, ma mère était introuvable et je voyais deux femmes tombaient au sol sous le poids des balles. Bordel c'était un cimetière ici...

Lock and load

Serrant les dents, je courus derrière ce fils de salope qui avait fait le malin à Noël... On avait un compte à régler lui et moi, et prendre ma sœur n'arrangeait pas son cas. Je passais à travers le bordel sans me faire cramer et plaquais Vaughn au sol par derrière. Écrasant sa main forte avec mon pied, je lui chopais l'arrière  du crâne et le balançais deux fois contre le sol.

- Tu te souviens de moi fils de pute ?! Relève toi !!!!

Je me reculais d'un pas de lui, je devais le dessouder dans les règles de l'art, comme j'aimais. Le poussant avec le pied, je lui gueulais dessus.

- LÈVE TOI P'TITE PUTE !

Ça faisait bizarre de se retrouver la gueule en sang et de pas avoir ses sbires qui nous sauvent hein ? Le chopant par le col, je le redressais et le collais contre le mur, si cet enculé ne voulait pas se battre, j'allais le finir ici et maintenant. Frappant mon genoux dans sa cuisse, je le baissais et remontais à nouveau mon genou, dans sa gueule cette fois. Puis le lançais au sol comme le tas de merde qu'il était. Je vis sa main de lâche se diriger vers son holster de cuisse et je rigolais, frappant dans sa main de la pointe du pied.

- Bah alors Vaughmerde, on est faible sans ses copains !? On a besoin de son pistolet !? Ta mère doit être fière de toi, chien !

Les mots précédèrent les coups, un genou posé dans la saignée de son épaule, l'autre sur sa cage thoracique, et je frappais du poing droit dans sa gueule, la remettant droite avec ma main gauche... Je le voyais se défigurer à chaque coups que je lui mettais, mais c'était plus fort que moi, une rage bestiale, un animal sauvage, une bête. Je sentais les os de son visage craquer sous mes phalanges et j'aimais ça, je n'étais même pas sur qu'il respirait encore, à ce niveau, ce n'était qu'un punching-ball humain...

Puis je sentis des mains me saisir,  je tirais en arrière, je mis un coup de coude derrière moi sans regarder et continuais mon manège, frappant à m'en fracturer la main... Les mains se changèrent en bras et m’enlacèrent, je sentis un poids dans mon dos et je me laissais tirer en arrière... J'avais mis un coup de coude dans la joue de ma sœur, elle qui criait et me suppliait d'arrêter depuis plusieurs secondes... Tremblant de rage, elle se mit devant moi et plongea son regard dans le mien, puis me prit dans ses bras et me serra contre elle... Les tremblements s'apaisèrent petit à petit, mon souffle toujours intense... Qu'est ce que j'avais fait ? Qu'est ce que j'avais fait...

This is the point of no return i could never go back...

Rosaleen avait accompagné Ian jusqu'à Bernadette, l'aidant à avancer tant bien que mal en le laissant prendre appui sur elle telle une béquille. Elle avait laissé une boule de mouchoir dans son nez pour que le sang ne coule pas trop ; elle ne savait pas vraiment si c'était utile et c'était en réalité le dernier de ses soucis. Alors qu'elle laissait l'urgentiste s'occuper de la femme, la rousse vit Sally revenir avec son fils ; ne trouvant pas ses mots tant la panique était grande elle se contente de poser un instant la main sur la sienne, en signe de réconfort. Si toute fois un réconfort était encore possible. Voyant que son amie était elle aussi blessée, elle secoua la tête et s'adressa à Ian.

« Quand tu en auras finit avec Bernadette, il faudrait voir pour la blessure de Sally, elle a l'air de souffrir. »

La galloise vit l'air étonné de son amie, peut-être qu'elle se demandait à quoi ça servait de s'occuper des blessures alors que d'autres choses étaient en jeu, mais il était évident qu'ils avaient besoin que les civils sachant tirer gardent leurs armes. La rousse aurait tout le temps plus tard de se poser des questions quant à ses attitudes. Elle n'avait toujours pas vraiment encaissé le fait que Ian avait tué un militaire pour elle ; c'était comme rentré par une oreille et ressorti par une autre, mais le subconscient de la jeune femme avait bien recueillit l'information. Elle s'était à ce moment contenté de hocher la tête, ne souhaitant pas en rajouter d'avantage à l'angoisse que devait ressentir le brun quant au fait de viser un de ses semblables.

Les tirs fusaient toujours et, alors qu'elle faisait de son mieux pour rester relativement à l'abri, elle ne pu s'empêcher de voir cette femme qui était dans la ligne de mire d'un militaire ; elle ne pouvait pas sauver tout le monde, c'était évident... Elle se releva néanmoins, sentant une balle lui entailler le bras ; cette même balle qui vint atteindre le buste de cette femme avait qui elle avait à peine prit le temps de discuter ces quelques mois.

« Attention !! »

C'était trop tard, le corps inanimé de la femme se retrouvait déjà un sol alors que Rosaleen avait à peine eut le temps de tendre le bras. Dans l'agitation, elle remarqua que Trey les avait rejoint, elle le vit surtout s'acharner sur un militaire, le tabassant jusqu'à pratiquement lui ôter la vie. Les mains plaquées sur sa bouche, la rousse ne réagit même pas quand elle croisa vaguement le regard de l'ancien footballer. Elle n'aimait pas Trey depuis le début, c'était viscérale, et même s'il leur venait en aide à ce moment précis, elle ne pouvait s'empêcher de le détester en plus haut point, ne comprenant pas comment il avait pu laisser le dessus à son instinct animal.

C'était donc à cela qu'ils en étaient tous réduits ? Se battre les uns contre les autres pour garder leur pain, leur droit de liberté ou qu'importe. Entre cet homme qui en frappait un autre, les phalanges à sang à cause des coups, son amie qui tirait à vue alors que son épaule était en mauvais état, et ces enfants qui avaient sûrement déjà perdus leurs parents. C'était donc ça, leur perspective d'avenir ?

Elles ne pouvaient pas rester là, en plein milieu du champ de bataille, totalement à découvert. Mais d'un coup, elles ne furent plus seules. Les Gallow venaient de les rejoindre, ordonnant la même chose que Maxine. Il fallait partir, tout de suite. Et lorsque Daniel s'adressa à elle, elle hocha la tête énergiquement en commençant à se mettre en mouvement. « Je sais mais..je sais ! » Bredouilla elle. Mais comment faire ? Finalement, Thalia s'appuya sur elle pour se relever mais Maxine la laissa entre les mains de Jessie. Comme Daniel, elle avait une arme et elle devait s'en servir pour les protéger jusqu'à ce qu'ils soient tous en sécurité.

A peine relevée, elle n'eut pas le temps de relever l'arme en direction des militaires qu'une violente douleur la fit hurler tout en portant la main vers l'endroit douloureux. Une balle venait de lui arracher un peu de peau sur l'avant bras et le sang commençait déjà à se déverser sur ses vêtements. Dans un réflexe, elle releva l'arme et se mit à tirer. Un premier corps s'écroula, laissant un peu de répit au petit groupe pour avancer vers les murs. Thalia et Jessie en premier, couvertes par Daniel et elle même, ils devaient continuer comme ça. Tout en reculant, elle pointa une nouvelle cible qu'elle toucha en pleine joue. « ALLEZ ALLEZ ALLEZ. » Hurla elle pour presser un peu plus le groupe. Et alors qu'ils avançaient vers les murs, Maxine se décolla d'eux. « JE DOIS RÉCUPÉRER ANNA. » En quelques pas, elle alla récupérer sa belle mère, prenant fermement sa main dans la sienne pour la tirer vers le groupe. Les tirs les obligèrent à se baisser tout en continuant de courir et une nouvelle douleur vint lui arracher un cri. La cuisse cette fois. Mais la peur prit le dessus. Elle ne devait pas s'arrêter et surtout elles devaient toutes les deux se mettre à l'abri avec Thalia, Jessie, Lysbeth et les Gallow.

Ils étaient tous parvenus à se cacher derrière le mur que constituaient les tapis de gyms empilés les uns sur les autres. Sans attendre quoi que ce soit, Maxine se laissa tomber, le dos contre le mur, pour regarder sa cuisse qui saignait déjà beaucoup. « Max.. » Et lorsqu'elle vit l’affolement d'Anna, elle s'empressa d'ajouter. « C'est rien. C'est rien. C'est superficiel. » Mais sa belle mère ne regardait pas uniquement sa jambe, elle la regardait tout entière. Et elle faisait peur à voir. Son nez cassé lui avait recouvert une grande partie des lèvres et du cou de sang, ses mains, son bras, sa cuisse, étaient recouverts de sang également. De nombreuses éraflures étaient visibles sur son front, en bref elle n'était pas très belle à voir. L'institutrice déglutit et se repositionna, tournant la tête vers Daniel. « Un de chaque côté ? » Proposa elle en désignant les deux extrémités du mur de tapis. Ils devaient se remettre en position et continuer à tirer.