Sally était tétanisée, elle tremblait de peur de voir ou d'apprendre la mort d'un de ses proches. Wade était parti combattre les militaires et bien qu'elle ne soit pas croyante, elle priait intérieurement en demandant à n'importe quel Dieu possible de protéger son époux pour qu'il lui revienne en entier et que ce Dieu l'aide à sauver leur fils. Sans son mari, elle perdait ses repères et ne savait pas comment agir en cas de besoin. Pourtant, l'heure était venue de se défendre, pas seulement elle et son enfant, mais de défendre la vie de chaque civil présent dans le gymnase. « Mon chéri, reste bien derrière maman et surtout fait bien ce que je te demande s'il te plaît. » lui dit-elle en tenant l'avant-bras de Russell afin qu'il ne s'échappe pas dans la panique. Elle lui sourit pour le rassurer au maximum, mais il n'était pas possible pour elle de réussir à masquer complètement son inquiétude. De toute façon il n'était pas idiot, comme tout enfant il avait conscience de bien plus de choses que les adultes ne pouvaient s'imaginer. Sally préférait le savoir à ses côtés pour tenter de se concentrer au maximum sur la tâche qui venait de lui être confiée.

La brune tenait fermement de sa main droit une arme, un pistolet, après, n'allez pas lui en demander plus, elle n'y connaissait rien. Elle s'était exercée à de rares reprises, mais il fallait maintenant réussir à toucher sa cible car il était temps de tirer, sur des Hommes. Les civils présents dans le gymnase pensaient être plutôt préservés des combats, mais les militaires ne l'entendaient pas de la sorte, ils avaient fait sauté les portes et les rares protections mises en place pour tenter de faire barrage avaient cédé sous le souffle de l'explosion.

Russell hurlait, les balles sifflaient et passaient tout près d'eux, le danger était d'un coup concret. Elle qui s'imaginait réussir à le protéger, semblait maintenant beaucoup moins sûre de la chose. Thalia était à l'abri et Sally décida que la meilleure des choses pour son fils était d'être auprès de cette femme plutôt que de sa mère. C'était un déchirement pour la brune d'en être séparé, mais il le fallait. Elle tira en direction des militaires jusqu'à arriver à la hauteur de la femme enceinte « Faites attention à lui s'il vous plaît. » et sans attendre une quelconque réponse de sa part,elle partit. Sally ne savait plus où donner de la tête, elle était totalement perdue et dès qu'elle croisait le regard d'un civil, celui-ci s'éteignait la seconde d'après. D'abord Tom, puis Georges et sa fille.

Son cœur s'emballait, la situation semblait être désespérée, pourtant la quadragénaire ne voulait pas abdiquer, elle ferait tout son possible pour ne pas être une nouvelle fois un boulet totalement inutile. Elle pointa son arme vers des militaires qui entraient par une porte et tira à trois reprises. Les balles se logèrent dans les murs, elle inspira un grand coup pour calmer ses tremblements et fit de nouveau feu. Elle pensait ralentir simplement les Hommes armés, mais l'un d'eux tomba et ne se releva pas. Etait-ce réellement elle qui l'avait atteint ? Elle s'en fichait pas mal et surtout n'avait pas le temps d'y penser, d'autant plus qu'elle sentit une énorme douleur dans son épaule gauche et ne pût retenir un hurlement de douleur. Elle lâcha maladroitement son arme pour porter sa main à la hauteur de son débardeur qui prenait une teinte rougeâtre.

Je suis là près de la porte, toujours pas sereine mais Meg est avec moi. Ça me réconforte un peu, sa présence arrive même à m'arracher un ou deux sourire, à me détendre. Et puis l'instant d'après c'est la catastrophe, des bruits suspects derrière la porte.
J'ai le palpitant qui s'emballe immédiatement. L'idée que ça pourrait être nos hommes ne m'effleure même pas l'esprit tant je doute qu'une victoire soit possible. Paniquée, je reste immobile pendant quelques minutes, à moins que ce ne soient des secondes, tout est flou, confus. Tout arrive extrêmement vite, et extrêmement lentement à la fois. Un...

« À terre... » je glapit, les mots à moitié étouffés dans ma gorge malgré que j'ai la bouche grande ouverte. Un bruit assourdissant retentit, quelque chose, un débris de notre maigre barricade probablement, m'aurait privé d'une moitié de visage s'il avait été projeté quelques centimètres de plus sur la droite. Le sifflement causé a au moins le mérite de me faire réagir. Les premiers de nos assaillants pénètrent déjà dans le gymnase. Deux...

« À terre ! » je hurle, à l'intention de qui ? De tous ? De Meg qui est encore derrière moi ? Peut-être de moi-même, étant donné que je m'affaisse déjà, trouvant une protection sommaire derrière un meuble dont la nature m'importe peu.
Plus ou moins abritée, je trouve un instant pour observer. Ils sont entrés, ils sont nombreux, et sans plus attendre, ils ouvrent le feu sur nous. Trois...

Je suis terrifiée, mes bras tremblants entourent mes genoux alors que je les ramène contre ma poitrine. Ah ! Elle est belle la dernière ligne de défense !
De mes yeux ecarquillé, je vois le carnage. Les animaux abattus qui s'effondrent les uns après les autres. Pour une raison que j'ignore, mon regard s'arrête sur deux jeunes adolescents, un jeune homme, Garett, et une blonde que j'imagine être sa petite amie. Il l'attire avec lui vers le fond de la salle, encore quelques mètres et ils auront droit à un répit, une couverture.
Hélas, elle tombe et il s'arrête pour la ramasser, leur sort est alors scellé de cinq balles. Je grimace, mais c'était évident qu'ils ne pourraient y arriver, il y avait tant de mètres, et trop de balles. Ils ne pouvaient rien faire.

C'est là que je me souviens. Moi, il y a encore quelque chose que je peux faire, quelque chose que je veux faire. Je veux choisir. Je refuse toujours que mon avenir soit entre les mains de quelqu'un d'autre, celles de Jaden, celles de ces pourris... C'est du pareil au même. Je décide. Et si je dois mourir, ce ne sera pas dans une posture aussi ridicule.
Alors après un regard en l'air en expirant un bon coup, je me redresse, le buste dépassant de ma couverture le temps d'une balle. Une balle qui part, siffle, et va se loger en plein dans l’œil d'un gros tas de fumier prénommé Heathcliff. Il a l'air malin maintenant, borgne et rendant son dernier souffle, rattrapé par un de ses collègues. Moi, ça me fait pas grand-chose sur le moment. En fait, j'en ai tellement rien à faire que j'ai déjà son petit copain dans le viseur et le doigt sur la détente.

Ian regrettait amèrement d’avoir laissé la rousse derrière lui. Si seulement il avait su, il serait resté avec elle. Il n’avait pas d’arme et ne pouvait rien faire pour la protégée, mais au moins, il ne serait pas aussi seul que maintenant. Il avait longtemps hésité entre essayer de la retrouver ou partir à la rencontre de son fils, mais la deuxième option l’avait remporté. Il n’aurait jamais pensé que les militaires s’en prendraient a eu. Il aurait dû prévoir les choses. L’explosion l’avait laissé sourd quelques instants comme un bruit de batterie un peu fort dans un concert. La comparaison n’était pas géniale, mais il n’avait rien de mieux sous le coude.

Avant qu’il ait le temps de réagir, il vit pour la première fois un homme se faire tuer devant lui. Une balle arriva en pleine tête à une femme à la longue chevelure blonde qui devait se prénommait Taylor d’après ses souvenirs. Elle avait pleuré de ne plus avoir de maquillage un jour. Il n’avait pas vraiment compris et avait passé son chemin sans vouloir connaitre plus de détail. La peur le tétanisait alors que tout le monde crier qu’il fallait se coucher. Il en avait décidé autrement.

Il fit alors demi-tours et il courait vers l’autre bout du bâtiment, il observait les gens autour de lui, ils étaient tellement nombreux ici et il était évident que beaucoup n’allaient pas survivre. Il continuait de courir, encore plus vite encore plus loin. Il voulait retrouver Jared et il donnerait tout pour ça. Il entendit une balle siffler pas loin de lui et elle finit sa course en plein dans la carotide d’un vieil homme qu’il connaissait bien. C’était un ancien libraire qui était né dans une famille allemande qui s’était réfugié à Seattle dans les années quarante. Il s’appelait Kristoph, l’urgentiste n’était pas choqué de le voir se vider de son sang, il savait que c’était normal. Il avait vu des choses pires, mais au fond de lui, il s’en voulait de ne pas pouvoir tous les sauver.

Enfin, il aperçut Jared et il l’attrapa par le poignet sans qu’il ait le temps de dire quoi que ce soit. Il fallait maintenant se mettre en sécurité ou du moins se cacher. Il s’élança vers le mur ou un carton était collé, cependant, il se réceptionna mal et sa jambe droite céda sous son poids. La douleur était tout simplement horrible. Il ne pouvait plus se lever. Il craignait le pire pour sa jambe. Alors qu’il était allongé par terre son fils l’avait regardé sans comprendre ce qu’il ça passait. Il avait envie de hurler sa douleur, mais il n’en fit rien. Il regardait le garçon droit dans les yeux avant de lui annoncer fièrement. « Je crois que je viens de me casser la jambe. » Il ne pouvait en être sûr pour le moment, il devait vérifier. Il se tira tant bien que mal vers l’abri de fortune et fit de son mieux pour remonter la jambe de son pantalon.

Après de longues secondes de douleur. Il observait sa jambe. Oui, il avait mal, mais visiblement, si fracture il y a, elle n’est pas ouverte. Il n’avait pas le choix, attendre. Si un hématome se formait sur sa jambe, cela ne ferait que conforter le diagnostic. Quelques minutes plus tard, il pouvait en voir un se dessiner doucement à derrière son tibia. C’était visiblement son péroné qui venait de céder. Il devait faire un bandage compressif pour limiter les dégâts. Il avait toujours sa cravate autour du cou, visiblement, se détail allait être plutôt utile.

Les choses s'enchaînaient vite, beaucoup trop vite, et Rosaleen avait l'impression que les secondes étaient des minutes ; elle ne savait pas depuis combien de temps elle était restée assise auprès du corps désormais sans vie de la vieille Johnson. Elle avait été comme déconnectée un instant, s'entêtant à prier pour cette pauvre âme, n'entendant qu'à peine les cris qui l'entouraient. Quand elle repris ses esprits et que tout se fit plus clair, elle entendit et vit tout plus distinctement ; les gens qui criaient en essayant de s'abriter. Peu d'entre eux y arrivaient.

Se relevant, elle tourna dans tous les sens, paniquée de ne pas voir où était Ian, ni Sally, ni personne à part des connaissances. Elle regardais compulsivement à droite et à gauche tout en avançant, jusqu'à ce qu'elle fonce dans un homme ; Wayne. D'abord prise sur le fait elle allait s'excuser au moment où des balles atteignirent l'homme, le réduisant également à un cadavre inanimé ; l'une de ces balles vint frôler la hanche de Rosaleen qui ne sentit qu'un léger picotement tant l'adrénaline était forte. Elle aurait tout le temps de s'en rendre contre plus tard.

Elle n'avait pas le temps de s'arrêter, pas cette fois-ci ; il lui fallait continuer à avancer, trouver les autres. C'est à ce moment là qu'elle aperçut la femme enceinte, cachée dans un coin. Russell était avec elle également ainsi qu'une jeune femme du nom de Jessie, si ses souvenirs étaient bons. Sans plus réfléchir, elle se précipita dans leur direction, entendant les balles fuser autour d'elle sans toutefois l'atteindre. Était-ce une chance ou cela retardait-il simplement le destin ? Qu'importe, elle ne voulait pas mourir. Quand elle arriva à la hauteur du petit groupe, elle se cacha auprès d'eux tant bien que mal et posa une main sur le bras de la femme tandis que le fils de son amie s'était accroché à elle le regard larmoyant.

« Vous n'avez rien ? »

C'était une question banale, mais il n'y en avait aucune autre qui lui était venue pour le moment. Regardant alentours, elle n'avait toujours pas trouvé signe des autres, mais ce n'était pas le moment de craquer. Passant machinalement sa main dans le dos de Russell pour tenter tant bien que mal de l'apaiser, elle regarda à nouveau Thalia et lui dit d'une voix qui se voulait rassurante malgré la nervosité.

« Je vais rester avec vous, d'accord ? Je ne les laisserai pas approcher. »

Elle avait ponctué sa phrase d'un semi sourire un peu crispé. La galloise était bien consciente qu'elle ne pourrait pas faire grand chose, elle arrivait à peine à se défendre elle même. Mais elle avait bien l'intention de défendre cette femme et l'espoir de vie qu'elle portait, ainsi que Russell et Jessie. Certes, elle ne pouvait pas faire grand chose, mais ils auraient à passer sur son corps s'ils voulaient les atteindre, elle n'avait pas l'intention de rechigner devant cette éventualité.

Les balles fusaient de toute part. A plusieurs reprises, la brune tenta de se relevé pour tirer à nouveau, mais les balles qui venaient trouver le bois du bureau obligeaient Maxine à rester à couvert. Elle allait mourir, elle en était certaine. Et Jaden était mort. Ils étaient tous morts. Si les militaires étaient arrivés jusqu'ici et leur tiraient dessus, c'était que les combattants avaient échoués. Ils ne restaient qu'eux même pour se sortir de ce merdier.

Sa première tentative de tir fut un véritable échec et les yeux rivés vers l'arme qu'elle tenait entre les mains, Maxine se détestait. « Concentre toi. » Siffla elle pour elle même les dents serrées. Mais pour l'instant, elle devait sortir de là et trouver une autre cachette. Mais où aller ? Le mobilier présent dans la salle n'était pas franchement les meilleurs cachettes qu'ils pouvaient avoir. Maxine profita, malheureusement, d'un court moment où les militaires tiraient dans la direction opposée à la sienne pour pouvoir courir jusqu'à la table renversée où un couple s’était réfugiés. L'institutrice fut obligée de rentrer la tête dans les épaules pour éviter le tir d'un militaire qui l'avait vu se mettre à courir. Il la traquerait jusqu'à la fin, comme tous ceux présents dans la salle.

C'était le moment de faire une nouvelle tentative. Maxine réitéra la même opération. Sortir la tête pour observer la position, se redresser, se concentrer et tirer. Et rien. Encore une fois. En se remettant à couvert, elle râla à nouveau, enragée contre elle même.

Le couple la fixait, les yeux paniqués, attendant qu'elle agisse de nouveau. Mais l'institutrice avait autre chose à faire. Elle devait retrouver sa belle mère. « ANNA ? » Osa elle crier même s'il y avait peu de chance qu'elle l'entende. Quand soudainement, une tête dépassa de derrière un lit retourné. Elle était là, elle était en vie. Maxine ne put empêcher un soupire de soulagement. Elle devait la rejoindre et sans mourir, de préférence. En glissant une nouvelle fois la tête sur le côté pour observer l'endroit où se trouvait les militaires, son regard croisa celui d'une jeune femme, allongée au sol, non loin d'elle. Si elle restait là, allongée, elle serait morte dans quelques secondes.

Un dilemme. Courir retrouver Anna ou venir en aide à la rouquine qu'elle avait croisé quelque fois dans l'enceinte du lycée ? Poussée par son instinct, elle s'extirpa de sa cachette, l'armée pointée vers l'avant, pour courir en direction de Lysbeth. Une ligne droite, de quelques mètres seulement. Rien de bien compliqué, sauf lorsqu'un homme vous fonce littéralement dessus. Le crack qui accompagna la collision n'était pas bon signe, ni le liquide chaud et épais qu'elle sentit dégouliner sur ses lèvres alors qu'elle était allongée au sol, sonnée. La collision aurait pu paraître anodine, dans l'agitation et la panique. Mais il n'en était rien. L'homme lui avait délibérément foncé dessus pour prendre l'arme que lui avait confié Drew. Mais à peine eut il le temps de se relever que son corps retomba lourdement à côté de la brune, une balle lui avait traversé la gorge. Les doigts recouvert de son propre sang, elle récupéra son arme et rampa jusqu'à la rouquine pour lui tirer le bras. « Viens ! » Voyant qu'elle s'obstinait à vouloir secouer le cadavre de ce qui devait être son amie quelque minutes auparavant, Maxine haussa le ton. « DÉPÊCHE TOI OU ON VA CREVER ICI. »

Maxine réussit à se relever et tenta d'attraper Lysbeth par les vêtements. D'un coup d'oeil par dessus son épaule elle put voir que le couple qui était resté derrière la table n'en était plus un. L'homme baignait dans son propre sang.