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Jack
Jeu 19 Mai 2016 - 19:16
26 ANS • AMÉRICAINE • SERVEUSE (professionnelle de fmx en stand-by) • OUTLAWS
J'suis une chouette fille.
Non j'me la pète même pas, j'dis juste la vérité. Ça s'voit sur ma trogne que je fais partie des gens sympas, avec le sourire béat que j'porte en permanence, les grands geste que j'fais pour saluer quand il m'arrive de croiser quelqu'un que j'connais dans la rue et qui m'donnent l'air d'une poupée désarticulée. En général quand j'fais ça on me regarde toujours un peu de travers mais bon... C'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire, tu vois ? Être embarrassé, avoir honte, c'est des émotions que j'connais pas. Je suis encore un peu une enfant dans ma tête. Ce qui m'intéresse c'est de faire ce qui me plaît, et qui fait aussi plaisir aux autres. Je suis une rigolote, un vrai clown, alors si j'arrive à mettre un sourire sur un visage avant d'aller me coucher j'ai réussi ma journée. Le ridicule ne tue pas, et même il me rend plus forte.
Mais bon je t'arrête un moment, on fait une pause. Parce que tu m'imagine sans doute comme la petite héroïne de film pour gamine mignonne et que la Jackpot, c'est pas tout à fait ça.
Je suis loin d'être la petite brune en robe barbapapa qui court derrière les papillons. Je ressemble plus à la blonde de taille moyenne que tout le monde prenait pour un garçon jusqu'à ses 8 ans et qui se demande encore à quoi ça peut bien ressembler d'être une Lady. Mais j'ai jamais eu aucun talent pour faire des manières moi. C'est quand j'ai soulevé une tonne de poussière dans la journée et que je rentre chez moi pleine de terre que je me trouve dans mon élément. J'suis pas du tout distinguée. Je jure quand j'me cogne le pied contre le coin de la table, je crie quand j'suis surprise et je grogne quand j'suis pas contente. Je sais pas mentir. Franchement, si je peux pas dire ce que je pense - et faut vraiment une bonne raison pour m'en empêcher - je préfère me taire que raconter des bobards avec ma crédibilité qui tend vers le zéro absolu. En retour j'aime pas non plus qu'on me mente, surtout que j'ai tendance à tomber facilement dans le panneau. J'suis un peu naïve, j'aime bien croire que je suis pas la seule personne vraie sur Terre. J'suis une vraie optimiste !
Bon après, je dois te prévenir si jamais on est amené à se rencontrer dans les circonstances actuelles, y'a moyen que tu m'reconnaisse pas.
Faut dire que passer du jour au lendemain à de la survie pure et dure, ça a quand même tendance à t'remettre les idées en place. Je donne plus trop le bon Dieu sans confession au premier venu parce que ça m'a pas réussi. D'ailleurs je donne plus rien tout court. Je prends. Ça m'enchantais pas vraiment au début, mais c'est comme vivre avec les goules, on finit par s'y faire. Avec les bonnes personnes il arrive même parfois que ça devienne amusant, il suffit d'y mettre la forme et d'oublier un peu l'acte en lui même, comme quand on fait l'avion à un gosse pour mieux lui faire passer la tambouille.
C'est un peu triste, mais bon qu'est-ce que j'y peux moi ? Chaque jour peut être le dernier, on a déjà frôlé la mort plus d'une fois et pas toujours à cause des morts-vivants... Alors finalement, tu te dis que laisser une petite part de ton trésor sur place histoire que celui à qui tu l'as volé ait une chance de s'en sortir, c'est déjà au delà de généreux.
Pour mes partenaires, j'ai pas le même discours. J'donne tout, j'mets ma vie en jeu s'il le faut. En plus d'être inconsciente sur les bords et d'ignorer la notion même de danger, je suis toujours la bonne vieille Jack avec son cœur sur la main, j'ai pas perdu ça. Alors s'il faut que j'me mouille pour une cause qui me touche, pas de problème.
En fait plus j'y pense, plus je me dis que, dans d'autres circonstances, je serai sûrement devenue la Mère Teresa de l'apocalypse, à venir filer mon aide à la veuve et l'orphelin. Mais c'est Stew qui est venu chercher. Et il m'a montré un autre chemin, peut-être un peu moins honorable mais sans doute plus durable. Quand t'as l'impression de vivre dans un monde où presque tout le monde veut t'la faire à l'envers, que la règle c'est manger ou être mangé – littéralement, tu t'dis qu'être le prédateur c'est pas si mal; que garder sa compassion pour ses potes, c'est toujours mieux que de plus en avoir du tout. Tu t'résigne, quoi.
Non j'me la pète même pas, j'dis juste la vérité. Ça s'voit sur ma trogne que je fais partie des gens sympas, avec le sourire béat que j'porte en permanence, les grands geste que j'fais pour saluer quand il m'arrive de croiser quelqu'un que j'connais dans la rue et qui m'donnent l'air d'une poupée désarticulée. En général quand j'fais ça on me regarde toujours un peu de travers mais bon... C'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire, tu vois ? Être embarrassé, avoir honte, c'est des émotions que j'connais pas. Je suis encore un peu une enfant dans ma tête. Ce qui m'intéresse c'est de faire ce qui me plaît, et qui fait aussi plaisir aux autres. Je suis une rigolote, un vrai clown, alors si j'arrive à mettre un sourire sur un visage avant d'aller me coucher j'ai réussi ma journée. Le ridicule ne tue pas, et même il me rend plus forte.
Mais bon je t'arrête un moment, on fait une pause. Parce que tu m'imagine sans doute comme la petite héroïne de film pour gamine mignonne et que la Jackpot, c'est pas tout à fait ça.
Je suis loin d'être la petite brune en robe barbapapa qui court derrière les papillons. Je ressemble plus à la blonde de taille moyenne que tout le monde prenait pour un garçon jusqu'à ses 8 ans et qui se demande encore à quoi ça peut bien ressembler d'être une Lady. Mais j'ai jamais eu aucun talent pour faire des manières moi. C'est quand j'ai soulevé une tonne de poussière dans la journée et que je rentre chez moi pleine de terre que je me trouve dans mon élément. J'suis pas du tout distinguée. Je jure quand j'me cogne le pied contre le coin de la table, je crie quand j'suis surprise et je grogne quand j'suis pas contente. Je sais pas mentir. Franchement, si je peux pas dire ce que je pense - et faut vraiment une bonne raison pour m'en empêcher - je préfère me taire que raconter des bobards avec ma crédibilité qui tend vers le zéro absolu. En retour j'aime pas non plus qu'on me mente, surtout que j'ai tendance à tomber facilement dans le panneau. J'suis un peu naïve, j'aime bien croire que je suis pas la seule personne vraie sur Terre. J'suis une vraie optimiste !
Bon après, je dois te prévenir si jamais on est amené à se rencontrer dans les circonstances actuelles, y'a moyen que tu m'reconnaisse pas.
Faut dire que passer du jour au lendemain à de la survie pure et dure, ça a quand même tendance à t'remettre les idées en place. Je donne plus trop le bon Dieu sans confession au premier venu parce que ça m'a pas réussi. D'ailleurs je donne plus rien tout court. Je prends. Ça m'enchantais pas vraiment au début, mais c'est comme vivre avec les goules, on finit par s'y faire. Avec les bonnes personnes il arrive même parfois que ça devienne amusant, il suffit d'y mettre la forme et d'oublier un peu l'acte en lui même, comme quand on fait l'avion à un gosse pour mieux lui faire passer la tambouille.
C'est un peu triste, mais bon qu'est-ce que j'y peux moi ? Chaque jour peut être le dernier, on a déjà frôlé la mort plus d'une fois et pas toujours à cause des morts-vivants... Alors finalement, tu te dis que laisser une petite part de ton trésor sur place histoire que celui à qui tu l'as volé ait une chance de s'en sortir, c'est déjà au delà de généreux.
Pour mes partenaires, j'ai pas le même discours. J'donne tout, j'mets ma vie en jeu s'il le faut. En plus d'être inconsciente sur les bords et d'ignorer la notion même de danger, je suis toujours la bonne vieille Jack avec son cœur sur la main, j'ai pas perdu ça. Alors s'il faut que j'me mouille pour une cause qui me touche, pas de problème.
En fait plus j'y pense, plus je me dis que, dans d'autres circonstances, je serai sûrement devenue la Mère Teresa de l'apocalypse, à venir filer mon aide à la veuve et l'orphelin. Mais c'est Stew qui est venu chercher. Et il m'a montré un autre chemin, peut-être un peu moins honorable mais sans doute plus durable. Quand t'as l'impression de vivre dans un monde où presque tout le monde veut t'la faire à l'envers, que la règle c'est manger ou être mangé – littéralement, tu t'dis qu'être le prédateur c'est pas si mal; que garder sa compassion pour ses potes, c'est toujours mieux que de plus en avoir du tout. Tu t'résigne, quoi.
À quoi je ressemble ? Ça se voit non ? À une blonde d'à peu près 1m60, pas super grande, pas petite non plus. Pareil pour ma corpulence, j'ai un mini brin de muscles à force de crapahuter partout, mais à part ça pas grand chose. J'étais déjà pas très épaisse avant que ne vienne la disette, depuis c'est encore pire. On voit bien mes côtes, quoi.
Je porte mes cheveux courts depuis que j'ai l'âge de savoir le dire. Petite j'aimais bien ça, j'aimais jouer de ce côté garçon manqué qui me colle encore à la peau aujourd'hui. Et là maintenant, c'est aussi plus hygiénique. Mieux encore, ça fait une prise en moins pour m'attraper.
Je suis tatouée au bas du dos. « Live to ride » que ça dit. Je dis ça comme ça au cas où t'aimerais les détails.
Pour la tenue, je fais aujourd'hui ce que j'ai toujours fait : du pratique plutôt que de l’élégant. Ça tourne le plus souvent autour d'un vieux treillis un peu large que j'ai trouvé une fois et de T-shirts assez grands pour que je puisse bouger comme j'aime. Les fois où la pêche a été fructueuse on peut me trouver en jean du moment que c'est pas un bleu hyper moulant.
À mes pieds on trouve en général des baskets. J'en change autant que possible. Elles s'abîment vite à force de courir dans tous les sens, j'aimerais bien tomber sur des rangers. Je serai tranquille pour quelques temps comme ça.
Dans mon sac on trouve pas grand chose : quelques provisions souvent volées à d'autres, un couteau tout ce qu'il y a de plus banal et des fringues de rechange quand j'en trouve, histoire de remplacer les actuelles si elles venaient à me lâcher.
J'ai aussi un flingue mais c'est pour faire beau. J'sais pas m'en servir.
Je porte mes cheveux courts depuis que j'ai l'âge de savoir le dire. Petite j'aimais bien ça, j'aimais jouer de ce côté garçon manqué qui me colle encore à la peau aujourd'hui. Et là maintenant, c'est aussi plus hygiénique. Mieux encore, ça fait une prise en moins pour m'attraper.
Je suis tatouée au bas du dos. « Live to ride » que ça dit. Je dis ça comme ça au cas où t'aimerais les détails.
Pour la tenue, je fais aujourd'hui ce que j'ai toujours fait : du pratique plutôt que de l’élégant. Ça tourne le plus souvent autour d'un vieux treillis un peu large que j'ai trouvé une fois et de T-shirts assez grands pour que je puisse bouger comme j'aime. Les fois où la pêche a été fructueuse on peut me trouver en jean du moment que c'est pas un bleu hyper moulant.
À mes pieds on trouve en général des baskets. J'en change autant que possible. Elles s'abîment vite à force de courir dans tous les sens, j'aimerais bien tomber sur des rangers. Je serai tranquille pour quelques temps comme ça.
Dans mon sac on trouve pas grand chose : quelques provisions souvent volées à d'autres, un couteau tout ce qu'il y a de plus banal et des fringues de rechange quand j'en trouve, histoire de remplacer les actuelles si elles venaient à me lâcher.
J'ai aussi un flingue mais c'est pour faire beau. J'sais pas m'en servir.
Je suis née dans une famille modeste : un père ouvrier souvent sur les chantiers et quatre grands frères pour expérimenter la vie avant moi. T'as bien lu, quatre, mes parents ont pas chômé en effet, et quand je pense qu'ils étaient un simple couple de la classe moyenne basse, j'suis aussi dubitative que toi. À quoi ils pensaient en élevant autant de gosses dans un micro appart' perdu dans Georgetown ?
Ma mère, on remarquera que j'en parle jamais. C'est tout simplement parce que j'ai jamais eu la chance de la connaître. Elle m'a fait venir au monde et l'instant d'après, elle en était partie. Personne pensait que ça pouvait arriver, après deux mecs bien costauds, elle avait carrément porté des jumeaux sans problème alors ça aurait du bien se passer pour moi. Ça aurait du.
Mais malgré les pleurs, la douleur de chacun, c'est dans une maison pleine de vie, de joie et de bonne humeur que mon père a ramené mon petit corps rose. On tenait bon, même si parfois c'était dur sans argent et sans maman.
Dès qu'ils ont été assez vieux, nos aînés Paul et Ty' ont arrêté l'école pour taffer, aider papa à entretenir sa petite famille et lui laisser l'occasion de rentrer quand même certains soirs la voir grandir.
Moi, j'arrive pas vraiment à savoir si je lui ai facilité la tâche... parce que j'étais infernale. Si le midi à la cantine c'était parti en bataille de purée ou si quelqu'un avait cassé un banc à force de sauter dessus, y'avait de grandes chances que ce soit moi. Mais à défaut d'être une petite fille modèle, j'étais rigolote. Je lui redonnais le sourire quand il rentrait crevé du boulot et qu'il avait juste envie de prendre cinq minutes pour souffler. Les jumeaux et moi, on était fans de catch à l'époque. Alors quand on avait étalé les coussins au sol et qu'on prétendait se faire des souplex en plein milieu du salon, ça le faisait rire. Et pendant une fraction de seconde on pouvait voir son visage sale prendre des couleurs et une petite flamme illuminer son œil terne, un sourire venir sublimer son visage émacié et déjà trop éprouvé par une vie de chien.
Et ça, ça suffisait à faire de moi une gamine heureuse : distribuer des patates à mes frangins et entendre des rires remplacer le ton las de mon père, c'était tout ce dont j'avais besoin.
À l'école, bah comme je l'ai dit, le pitre de la classe c'était moi. J'étais toujours là à faire les quatre cents coups, à me rouler dans la terre après la classe et dire des gros mots quand les oreilles des profs n'étaient pas aux aguets. C'est dans la cours de l'école d'ailleurs qu'on m'a donné mon surnom : Jack. Parce que d'après les autres, j'étais tout comme un garçon. Et moi ça me gênait pas, bien au contraire puisque c'était la vérité.
J'ai continué à grandir dans mon petit monde et même avec l'âge, j'ai pas vraiment mûri. Quand est venu le temps de mettre du vernis, je continuais à rentrer chez moi avec la terre pour fond de teint. C'était ça de squatter des terrains vague sur le BMX que je piquais a mon grand frère.
Quand est venu le temps des soirées et des petits copains, moi j'avais que des potes et de la famille pour m'applaudir après mes premiers backflip.
C'était ça mon adolescence.
Et un beau jour, un 29 avril 2007, elle a été marquée à tout jamais par un cadeau. Un banal cadeau tu vas me dire ? Bah ouais. À condition que tu trouve banale une Honda pour laquelle ta petite famille à probablement cotisé toute l'année. Je disais que c'était un beau jour, bah c'est probablement le plus beau que j'ai vécu en fait. J'étais déjà plus très assidue en cours, mais là t'imagines un peu mon absentéisme après ça. C'est que j'avais des tricks à travailler. J'me suis cassé la gueule quelques fois - pour ne pas dire beaucoup. Et puis petit à petit avec le travail on progresse...
Au point qu'un autre beau jour, je me présente pour la troisième fois à un petit événement annuel, et que mon nom se retrouve au sommet du tableau. T'imagines ça ?! Une petite rien du tout, vingt-et-un ans tous frais, sortie du fin fond de Seattle avec sa bécane déjà amochée et retapée maison ? Ça a plu à la télé puis aux sponsors et de fil en aiguille j'me suis fait un nom. Alors bon, j'en étais pas au point d'être reconnue tous les jours en faisant mes courses mais les connaisseurs eux, ils ont pu voir ma trogne sur pas mal de magazines, dans des reportages... C'était le pied, je galérais plus, on m'offrait du matos gratis, j'suis même sorti une fois avec une de ces starlettes sur deux roues que je regardais avec des yeux brillants à la télé quelques années plus tôt. Bon, ça a duré une semaine. Mais ma foi c'était cool !
Mon père et mes frangins, eux, ils ont toujours été à fond derrière moi, même quand chacun avait sa petite vie rangée, tranquille, que les jumeaux ont quitté Seattle pour se tanner un peu au Nouveau Mexique, que Paul a rencontré une jolie française en voyage dans la ville d'Émeraude et qu'il est reparti avec elle dans l'hexagone avec pas un rond, juste sa gratte dans un étui et l'espoir de trouver son public. On s'est tous un peu séparés en fin de compte, mais ils m'ont jamais perdue de vue. Après tout, on fait parti de la génération qui a découvert les premiers PC mais qui sait encore rédiger une lettre. Bref, on avait que l'embarras du choix, quoique j'avoue ne pas avoir toujours pris le temps de répondre.
Et puis une fois je reçois une lettre un peu particulière, alors que je suis en Californie pour un show immense. Ça fait à peu près trois, peut-être quatre ans que je creuse mon trou à ce moment là. Le fmx est pas très bien connu du grand public mais tous ceux qui s'y intéressent connaissent ma trogne. J'suis Jackpot, la fusée blondie, la starlette de Seattle. Ça me plaît bien, on me chouchoute, je gagne pas des milliards mais j'arrive à la fois à filer un coup de main à la famille et à mettre de côté pour quand mes articulations tiendront plus. Mais j’étais pas partie pour parler de mes revenus là, je parlais de ce foutu bout de papier qui me dit que papa était encore plus fatigué ces derniers mois. Déjà depuis deux ans, ses poumons lui rappellent qu'ils ont bien souffert sur les chantiers. Mais j'suis occupée, je m'inquiète pas plus que ça, c'est surement une autre crise comme les autres, le courrier, c'est juste pour que je sois au courant.
On est la veille de ma grande première, fallait que je sois fraîche au moment du top départ alors j'ai pas appelé ce soir là, ni le lendemain parce que j'étais crevée, ni jusqu'à la fin de la semaine. Il me fallait du repos tu vois, entre mes runs et les petites fiesta derrière... Et puis je gère tout ça comme une reine, j'avais jamais fait plus belle performance. C'est pas tous les jours les doubles back flips à 6m du sol !
Alors j'suis fière, j'appelle mon frangin Ty en premier puisque c'est le seul qui vit encore à Seattle, faut qu'on marque le coup en famille. Mais lui il a pas l'air chaud sur le moment "rentre vite" qu'il me dit. Ok. Il a toujours été un peu lunatique de toute manière. C'est ce que je me suis dit, naïve comme je suis j'imaginais pas ce qui m'attendait à la maison. Toi tu sais exactement ce qui va m'arriver dans la tronche pas vrai ? T'as deviné... Mon paternel est mort. Alors que j'étais dans l'avion, toute fière de mon titre. Et j'ai pas été là pour lui dire au revoir, j'ai même pas passé un coup de fil.
Ça m'a détruite. Penser qu'il avait toujours été derrière moi et que sa petite tête blonde n'a pas daigné le rejoindre, lui tenir la main au moment où il en a eu le plus besoin.
Je suis retournée m'enfermer dans mon appart' tout neuf de North Seattle, et j'ai plus voulu en sortir. J'avais trop honte de me présenter devant le reste de la famille, trop mal. Je suis restée quelques semaines, peut-être quelques mois à me morfondre. Et puis après avoir fêté mes vingt-quatre ans seule avec ma conserve de haricots, j'ai eu à nouveau envie de voir le monde extérieur. Mais plus la moto, je pouvais pas, pas avec ce qui était arrivé. Alors j'ai fait comme j'ai toujours vu faire mon père. Sans vrai diplôme, j'me suis débrouillée, et entre autres petits boulots, j'ai fini par en décrocher un tout simple que j'ai gardé.
J'ai fini serveuse dans un bar. Apparemment, le petit chouchou du patron avait fait fuir un autre employé et la place était à prendre.
Je l'ai donc prise et avec elle, ma chance de retrouver une vie toute simple, d'oublier un peu la Jackpot qui avait laissé mourir son paternel sans un mot pour lui et de retrouver Jackie. Juste Jackie.
Ma mère, on remarquera que j'en parle jamais. C'est tout simplement parce que j'ai jamais eu la chance de la connaître. Elle m'a fait venir au monde et l'instant d'après, elle en était partie. Personne pensait que ça pouvait arriver, après deux mecs bien costauds, elle avait carrément porté des jumeaux sans problème alors ça aurait du bien se passer pour moi. Ça aurait du.
Mais malgré les pleurs, la douleur de chacun, c'est dans une maison pleine de vie, de joie et de bonne humeur que mon père a ramené mon petit corps rose. On tenait bon, même si parfois c'était dur sans argent et sans maman.
Dès qu'ils ont été assez vieux, nos aînés Paul et Ty' ont arrêté l'école pour taffer, aider papa à entretenir sa petite famille et lui laisser l'occasion de rentrer quand même certains soirs la voir grandir.
Moi, j'arrive pas vraiment à savoir si je lui ai facilité la tâche... parce que j'étais infernale. Si le midi à la cantine c'était parti en bataille de purée ou si quelqu'un avait cassé un banc à force de sauter dessus, y'avait de grandes chances que ce soit moi. Mais à défaut d'être une petite fille modèle, j'étais rigolote. Je lui redonnais le sourire quand il rentrait crevé du boulot et qu'il avait juste envie de prendre cinq minutes pour souffler. Les jumeaux et moi, on était fans de catch à l'époque. Alors quand on avait étalé les coussins au sol et qu'on prétendait se faire des souplex en plein milieu du salon, ça le faisait rire. Et pendant une fraction de seconde on pouvait voir son visage sale prendre des couleurs et une petite flamme illuminer son œil terne, un sourire venir sublimer son visage émacié et déjà trop éprouvé par une vie de chien.
Et ça, ça suffisait à faire de moi une gamine heureuse : distribuer des patates à mes frangins et entendre des rires remplacer le ton las de mon père, c'était tout ce dont j'avais besoin.
À l'école, bah comme je l'ai dit, le pitre de la classe c'était moi. J'étais toujours là à faire les quatre cents coups, à me rouler dans la terre après la classe et dire des gros mots quand les oreilles des profs n'étaient pas aux aguets. C'est dans la cours de l'école d'ailleurs qu'on m'a donné mon surnom : Jack. Parce que d'après les autres, j'étais tout comme un garçon. Et moi ça me gênait pas, bien au contraire puisque c'était la vérité.
J'ai continué à grandir dans mon petit monde et même avec l'âge, j'ai pas vraiment mûri. Quand est venu le temps de mettre du vernis, je continuais à rentrer chez moi avec la terre pour fond de teint. C'était ça de squatter des terrains vague sur le BMX que je piquais a mon grand frère.
Quand est venu le temps des soirées et des petits copains, moi j'avais que des potes et de la famille pour m'applaudir après mes premiers backflip.
C'était ça mon adolescence.
Et un beau jour, un 29 avril 2007, elle a été marquée à tout jamais par un cadeau. Un banal cadeau tu vas me dire ? Bah ouais. À condition que tu trouve banale une Honda pour laquelle ta petite famille à probablement cotisé toute l'année. Je disais que c'était un beau jour, bah c'est probablement le plus beau que j'ai vécu en fait. J'étais déjà plus très assidue en cours, mais là t'imagines un peu mon absentéisme après ça. C'est que j'avais des tricks à travailler. J'me suis cassé la gueule quelques fois - pour ne pas dire beaucoup. Et puis petit à petit avec le travail on progresse...
Au point qu'un autre beau jour, je me présente pour la troisième fois à un petit événement annuel, et que mon nom se retrouve au sommet du tableau. T'imagines ça ?! Une petite rien du tout, vingt-et-un ans tous frais, sortie du fin fond de Seattle avec sa bécane déjà amochée et retapée maison ? Ça a plu à la télé puis aux sponsors et de fil en aiguille j'me suis fait un nom. Alors bon, j'en étais pas au point d'être reconnue tous les jours en faisant mes courses mais les connaisseurs eux, ils ont pu voir ma trogne sur pas mal de magazines, dans des reportages... C'était le pied, je galérais plus, on m'offrait du matos gratis, j'suis même sorti une fois avec une de ces starlettes sur deux roues que je regardais avec des yeux brillants à la télé quelques années plus tôt. Bon, ça a duré une semaine. Mais ma foi c'était cool !
Mon père et mes frangins, eux, ils ont toujours été à fond derrière moi, même quand chacun avait sa petite vie rangée, tranquille, que les jumeaux ont quitté Seattle pour se tanner un peu au Nouveau Mexique, que Paul a rencontré une jolie française en voyage dans la ville d'Émeraude et qu'il est reparti avec elle dans l'hexagone avec pas un rond, juste sa gratte dans un étui et l'espoir de trouver son public. On s'est tous un peu séparés en fin de compte, mais ils m'ont jamais perdue de vue. Après tout, on fait parti de la génération qui a découvert les premiers PC mais qui sait encore rédiger une lettre. Bref, on avait que l'embarras du choix, quoique j'avoue ne pas avoir toujours pris le temps de répondre.
Et puis une fois je reçois une lettre un peu particulière, alors que je suis en Californie pour un show immense. Ça fait à peu près trois, peut-être quatre ans que je creuse mon trou à ce moment là. Le fmx est pas très bien connu du grand public mais tous ceux qui s'y intéressent connaissent ma trogne. J'suis Jackpot, la fusée blondie, la starlette de Seattle. Ça me plaît bien, on me chouchoute, je gagne pas des milliards mais j'arrive à la fois à filer un coup de main à la famille et à mettre de côté pour quand mes articulations tiendront plus. Mais j’étais pas partie pour parler de mes revenus là, je parlais de ce foutu bout de papier qui me dit que papa était encore plus fatigué ces derniers mois. Déjà depuis deux ans, ses poumons lui rappellent qu'ils ont bien souffert sur les chantiers. Mais j'suis occupée, je m'inquiète pas plus que ça, c'est surement une autre crise comme les autres, le courrier, c'est juste pour que je sois au courant.
On est la veille de ma grande première, fallait que je sois fraîche au moment du top départ alors j'ai pas appelé ce soir là, ni le lendemain parce que j'étais crevée, ni jusqu'à la fin de la semaine. Il me fallait du repos tu vois, entre mes runs et les petites fiesta derrière... Et puis je gère tout ça comme une reine, j'avais jamais fait plus belle performance. C'est pas tous les jours les doubles back flips à 6m du sol !
Alors j'suis fière, j'appelle mon frangin Ty en premier puisque c'est le seul qui vit encore à Seattle, faut qu'on marque le coup en famille. Mais lui il a pas l'air chaud sur le moment "rentre vite" qu'il me dit. Ok. Il a toujours été un peu lunatique de toute manière. C'est ce que je me suis dit, naïve comme je suis j'imaginais pas ce qui m'attendait à la maison. Toi tu sais exactement ce qui va m'arriver dans la tronche pas vrai ? T'as deviné... Mon paternel est mort. Alors que j'étais dans l'avion, toute fière de mon titre. Et j'ai pas été là pour lui dire au revoir, j'ai même pas passé un coup de fil.
Ça m'a détruite. Penser qu'il avait toujours été derrière moi et que sa petite tête blonde n'a pas daigné le rejoindre, lui tenir la main au moment où il en a eu le plus besoin.
Je suis retournée m'enfermer dans mon appart' tout neuf de North Seattle, et j'ai plus voulu en sortir. J'avais trop honte de me présenter devant le reste de la famille, trop mal. Je suis restée quelques semaines, peut-être quelques mois à me morfondre. Et puis après avoir fêté mes vingt-quatre ans seule avec ma conserve de haricots, j'ai eu à nouveau envie de voir le monde extérieur. Mais plus la moto, je pouvais pas, pas avec ce qui était arrivé. Alors j'ai fait comme j'ai toujours vu faire mon père. Sans vrai diplôme, j'me suis débrouillée, et entre autres petits boulots, j'ai fini par en décrocher un tout simple que j'ai gardé.
J'ai fini serveuse dans un bar. Apparemment, le petit chouchou du patron avait fait fuir un autre employé et la place était à prendre.
Je l'ai donc prise et avec elle, ma chance de retrouver une vie toute simple, d'oublier un peu la Jackpot qui avait laissé mourir son paternel sans un mot pour lui et de retrouver Jackie. Juste Jackie.
Plus d'un an après, je bosse toujours au bar. La réputation de Stew le terrible l'avait précédé, pourtant ça ne nous a pas empêché de nous apprivoiser tous les deux.
Alors quand il devient hypertendu et délire à propos de danger imminent et d'exode, je fais de mon mieux pour le calmer, parce qu'il a le sang chaud le bougre, et que les seules piques sur son côtés parano qu'il veut bien accepter sont celle de Bill et les miennes. Gare aux autres.
Finalement, il disparaît quelques jours au début du mois d'octobre, au grand soulagement de nos clients habituels. Moi j'ai juste hâte qu'il revienne, quand les infos annonceront que la situation est maîtrisée. J'ai hâte de lui dire : « Je te l'avais bien dit, tu flippais pour rien ! ». Mais je n'en aurais pas l'occasion. Car plus ça va, pire c'est. Des hôpitaux en quarantaines, des patrouilles en plein Seattle, il y a même un couvre-feu, pas vraiment officiel au début mais « vivement recommandé ». Et moi comme une idiote je continue de venir travailler au bar. Je gobe quand ils disent que c'est juste passager, qu'on est en sécurité et que les autorités vont vite reprendre le contrôle. Alors quand les jumeaux appellent pour m’annoncer qu'ils s'en vont quelques jours chez Paul, je vais pas avec eux. « Et puis au pire, Ty' reste aussi pour me protéger » je plaisante.
Et puis au fil de la semaine, on passe à la vitesse supérieure. La télé continue de débiter que rien n'est grave et que les scientifiques prévoient de nous pondre un vaccin peut-être pour la fin du mois mais même pour les naïfs comme moi, ça devient difficile à avaler. Dehors, les autorités et ceux qui les affrontent sont incontrôlables et les violences se multiplient. Moi, je reste au chaud avec mes conserves depuis que Bill nous a renvoyés chez nous le 14 octobre, en attendant que ça se tasse.
Mais ça se tasse pas du tout et, inquiète, je me met à harceler Ty' pour qu'il vienne me rejoindre. Au diable ma honte mal placée, je veux être auprès de ma famille. Le frangin me promet d'arriver sur le champ.
Mais il ne vient ni le premier, ni le deuxième, et encore moins la troisième jour. Ça me rend folle, je me retrouve à me tourner et retourner dans mon lit. Je fais les cent pas dans mon appartement en essayant tant bien que mal de le joindre mais je tombe toujours sur ce même répondeur que j'ai appris à détester en quelques heures à peine. Je fonds en larme à intervalles réguliers, je craque.
Et puis alors que le temps passe, je finis par abandonner. Mon frère ne viendra plus, j'en ai la certitude. Alors je continue à me murer seule dans mon appart. J'ose pas sortir, il suffit de regarder par la fenêtre pour comprendre pourquoi.
J'entends régulièrement des tirs, je vois passer de petits groupes surarmés la nuit, pas d'uniforme pourtant. Ça me dit rien qui vaille. Mais la panique finit réellement par s’installer lorsque je finis par les entendre défoncer les portes d'un tabac au bout de la rue et que le cadavre du gérant se trouve sous ma fenêtre le lendemain matin. Peut-être qu'il a voulu se défendre ? Et peut-être qu'ils sont juste cruels.
Au fond peu m'importe, ce que je sais c'est que la présence de plus en plus discrète des autorités ne les empêchera certainement pas un jour de faire le tour de nos appartements si l'envie leur prend.
Alors je cherche quelqu'un a appeler au secours. Mais mon père est mort, mes frères sont partis, ça ne me laisse plus qu'avec un numéro assez improbable à appeler. Qui aurait cru qu'une cadette de famille nombreuse se retrouve à avoir pour seul potentiel sauveur un collègue de travail ?
Et pourtant, c'est bien Stew qui décroche, et c'est Stew qui me récupère deux jours plus tard avant qu'on ne prenne la route pour n'importe où hors de Seattle. La ville c'est dangereux d'après lui et les safezone ne seraient pas fiables. Moi j'ai pas d'avis. Je me contente de le suivre. J'ai confiance.
Rapidement, mi-novembre, on se trouve quand même à court de ressources, et alors pendant un moment, j'arrête de suivre aveuglément mon partenaire. Il veut qu'on pille, moi j'me dis que c'est pas obligé, qu'on peut aussi demander. Et j'arrive à le convaincre... parfois. Mais un jour je me prends une grosse claque, au sens propre j'veux dire. Alors à partir de là on commence à moins compter sur la gentillesse des autres et plus sur nous même. J'ai un peu de mal à m'y faire au début mais force est de constater que ça paie mieux, du coup je m'habitue avec le temps. Ma seule condition c'est d'éviter les violences et de pas priver nos proies de tout. J'peux pas être aussi mauvaise moi.
Notre petite routine s'installe, on devient plutôt doués, comme de vrais prédateurs. On choisit, on observe, on frappe. C'est toujours très rapide. En 10 minutes on est repartis. En même temps, on est que deux, peu armés, et même si on mange souvent, c'est pas toujours à notre faim, alors autant faire vite, avant que nos victimes aient le temps d'apprécier nos failles. Pour les morts-vivants c'est un peu différent. On a finit par s'apercevoir à force de les combattre qu'il fallait leur percer le crâne pour s'en débarrasser. Petit à petit je m'y fait, mais j'avoue que je les laisse encore parfois aux mains de Stew quand il peut les gérer seul.
On tient bon comme ça jusqu'à l'hiver mais celui-ci est rude. J'tombe malade et c'est handicapant. Ça m'énerve, j'ai l'impression de peser à nouveau sur les épaules du Jenkins, comme au tout début quand je savais rien faire d'autre que le suivre en le regardant comme mon super héros.
Mais que je sois agacée ou non, ça change rien. Je suis totalement KO et malgré tous ses efforts, en plein froid, mon partenaire ne peut pas prendre soin du binôme tout seul alors quand on rencontre un autre groupe de survivants plutôt bien portants, il va à l'encontre de sa nature et c'est lui même qui leur demande de l'aide. Leur leader c'est une petite blonde comme moi, et peut-être même qu'elle a aussi mon naturel généreux parce qu'elle accepte sans conditions de nous prendre sous son aile et de nous héberger. Je fais des sourires en coin à Stew de temps en temps. « Tu vois que j'avais raison, pas tout le monde est pourri ».
Mais j'ai pas raison, et quand Stew vient me voir totalement paniqué un jour pour m'annoncer que nos protecteurs bouffent des gens, j'ai du mal à croire que c'est pas une blague. On prévoit de s'en aller avant qu'ils ne commencent à nous trouver à leur goût mais ils nous devancent et emprisonnent Stew. Moi il me jettent juste dans une autre pièce mais ils oublient de m'attacher. Après tout j'ai pas encore bien récupéré, j'suis une petite maigrichonne encore affaiblie par la fièvre. J'suis pas une menace tant que je suis enfermée.
Mais franchement, m'oublier comme ça dans la baraque, c'est une erreur de débutant, et c'est une insulte que je prend très mal. Un matin, les cannibales sont surement encore endormis pour la plupart. Y'en a un qui vient me donner de l'eau. Ils se servent des verres de la maison pour ça. Deuxième erreur. Avec une gourde je l'aurais eu dans l'os mais là j'ai qu'à le laisser tomber au sol et poser mon pied sur le plus gros morceau, ni vu ni connu. Celui qui me garde ramasse les débris et s'en retourne vers la porte en grognant. C'est mon moment. Alors pendant une seconde, au diable mes principes, au diable la morale. J'vais pas faire preuve de pitié envers ce type. De toute manière il mange des gens, c'est qu'un mort-vivant avec une gueule plus potable.
D'un bond je couvre la distance entre lui et moi et je frappe à la gorge -c'est le point le plus haut que j'arrive à atteindre- puis dans le dos, autant de fois que je peux. Ensuite je file, il a réussi a crier malgré mon coup alors j'ai pas beaucoup de temps. Mais ça joue pour moi, ça attire le gardien de Stew derrière lequel je me faufile. Mon ami est donc seul quand je finis par le trouver et le libérer.
Ensuite, c'est direction la cuisine et là tout est flou. Je sais pas en détail ce qu'on a fait. Je pense que j'ai préféré l'oublier. La seule chose que je sais c'est qu'une fois le soleil bien levé, on était plus que deux, rouges de sang et prêts à mettre les voiles. J'ai juste vomi une ou deux fois avant, parce que même si je suis persuadée de ne pas être celle qui y a mis le plus d'efforts, j'ai largement fait ma part du massacre. J'ai tué des hommes et des femmes pour la première fois.
Après ça, tout a été un peu différent. Y'avait une tension palpable suite à ce qu'on avait fait, et sans doute qu'elle était aussi due au fait que je me suis débarrassée de la collection de téléphones de Stew dans son dos. Jusque là, j'avais rien dit quand il s'était obstiné à les collecter un par un et à appeler Bill, même lorsque les lignes ont cessé de relayer. Je pensais que ça lui faisait du bien. Mais il devenait chelou avec ça, c'était dérangeant, pas sain. Le mauvais climat a duré jusqu'à février. Et puis on s'est remis, comme des adultes. Il était tant qu'on arrête d'être l'ombre de nous même. Notre duo était de retour.
Direction: Seattle, en chemin on est tombé sur une armurerie et on a pas eu besoin de se dire un mot pour comprendre que c'était l'heure de la pause ravitaillement. Y'avait probablement un paquet de trucs super cool là dedans dont j'sais pas me servir. Mais ça reste trop classe de les avoir. Et puis j'apprendrai. Alors on s'est éclaté à tout dévaliser.
Et ensuite on sort, tous contents. Et là on tombe sur deux autres gus à qui Stew manque d'écraser la tête. Mais pendant l'altercation, y'en a un qui lâche un gros morceau. Apparemment, ils font parti d'un groupe. Le même type de groupe que nous. Alors bon, avec ce qu'on avait traversé le mois précédant, j'étais pas nécessairement prête à copiner de nouveau. Pourtant, pour une raison inconnu, mon instinct me dit que c'est un bon filon. Du coup j'essaie de tempérer Stew pendant que les autres se décident à nous présenter au reste de la bande.
Il me plait plus ou moins, à mon partenaire il plait carrément pas du tout. Et on finit par repartir de notre côté pour « en discuter ». En réalité je passe juste tout le temps à lui rabâcher que même si on est un super binôme, y'a un tas de trucs qu'on sait pas faire, qu'on apprendra avec eux, qu'à plusieurs on sera plus forts. Mais il cède vraiment qu'au moment où je lui dit qu'on a qu'à tester, les rejoindre seulement pour une petite période histoire profiter de ce qu'ils ont à nous apporter. Je lui promets que si ça nous convient plus à un moment on s'en ira, ou qu'on fera pire.
La dernière fois on a eu de la chance, c'est vrai. Mais puisqu'on a déjà fait, on peut recommencer.
Pourtant jusqu'à maintenant, mon instinct ne semble pas m'avoir trahi. C'est loin d'être tout rose chez eux, surtout avec Stew. Mais au fond c'est pas si mal non plus. En fait, je crois même qu'on pourrait bien rester.
Alors quand il devient hypertendu et délire à propos de danger imminent et d'exode, je fais de mon mieux pour le calmer, parce qu'il a le sang chaud le bougre, et que les seules piques sur son côtés parano qu'il veut bien accepter sont celle de Bill et les miennes. Gare aux autres.
Finalement, il disparaît quelques jours au début du mois d'octobre, au grand soulagement de nos clients habituels. Moi j'ai juste hâte qu'il revienne, quand les infos annonceront que la situation est maîtrisée. J'ai hâte de lui dire : « Je te l'avais bien dit, tu flippais pour rien ! ». Mais je n'en aurais pas l'occasion. Car plus ça va, pire c'est. Des hôpitaux en quarantaines, des patrouilles en plein Seattle, il y a même un couvre-feu, pas vraiment officiel au début mais « vivement recommandé ». Et moi comme une idiote je continue de venir travailler au bar. Je gobe quand ils disent que c'est juste passager, qu'on est en sécurité et que les autorités vont vite reprendre le contrôle. Alors quand les jumeaux appellent pour m’annoncer qu'ils s'en vont quelques jours chez Paul, je vais pas avec eux. « Et puis au pire, Ty' reste aussi pour me protéger » je plaisante.
Et puis au fil de la semaine, on passe à la vitesse supérieure. La télé continue de débiter que rien n'est grave et que les scientifiques prévoient de nous pondre un vaccin peut-être pour la fin du mois mais même pour les naïfs comme moi, ça devient difficile à avaler. Dehors, les autorités et ceux qui les affrontent sont incontrôlables et les violences se multiplient. Moi, je reste au chaud avec mes conserves depuis que Bill nous a renvoyés chez nous le 14 octobre, en attendant que ça se tasse.
Mais ça se tasse pas du tout et, inquiète, je me met à harceler Ty' pour qu'il vienne me rejoindre. Au diable ma honte mal placée, je veux être auprès de ma famille. Le frangin me promet d'arriver sur le champ.
Mais il ne vient ni le premier, ni le deuxième, et encore moins la troisième jour. Ça me rend folle, je me retrouve à me tourner et retourner dans mon lit. Je fais les cent pas dans mon appartement en essayant tant bien que mal de le joindre mais je tombe toujours sur ce même répondeur que j'ai appris à détester en quelques heures à peine. Je fonds en larme à intervalles réguliers, je craque.
Et puis alors que le temps passe, je finis par abandonner. Mon frère ne viendra plus, j'en ai la certitude. Alors je continue à me murer seule dans mon appart. J'ose pas sortir, il suffit de regarder par la fenêtre pour comprendre pourquoi.
J'entends régulièrement des tirs, je vois passer de petits groupes surarmés la nuit, pas d'uniforme pourtant. Ça me dit rien qui vaille. Mais la panique finit réellement par s’installer lorsque je finis par les entendre défoncer les portes d'un tabac au bout de la rue et que le cadavre du gérant se trouve sous ma fenêtre le lendemain matin. Peut-être qu'il a voulu se défendre ? Et peut-être qu'ils sont juste cruels.
Au fond peu m'importe, ce que je sais c'est que la présence de plus en plus discrète des autorités ne les empêchera certainement pas un jour de faire le tour de nos appartements si l'envie leur prend.
Alors je cherche quelqu'un a appeler au secours. Mais mon père est mort, mes frères sont partis, ça ne me laisse plus qu'avec un numéro assez improbable à appeler. Qui aurait cru qu'une cadette de famille nombreuse se retrouve à avoir pour seul potentiel sauveur un collègue de travail ?
Et pourtant, c'est bien Stew qui décroche, et c'est Stew qui me récupère deux jours plus tard avant qu'on ne prenne la route pour n'importe où hors de Seattle. La ville c'est dangereux d'après lui et les safezone ne seraient pas fiables. Moi j'ai pas d'avis. Je me contente de le suivre. J'ai confiance.
Rapidement, mi-novembre, on se trouve quand même à court de ressources, et alors pendant un moment, j'arrête de suivre aveuglément mon partenaire. Il veut qu'on pille, moi j'me dis que c'est pas obligé, qu'on peut aussi demander. Et j'arrive à le convaincre... parfois. Mais un jour je me prends une grosse claque, au sens propre j'veux dire. Alors à partir de là on commence à moins compter sur la gentillesse des autres et plus sur nous même. J'ai un peu de mal à m'y faire au début mais force est de constater que ça paie mieux, du coup je m'habitue avec le temps. Ma seule condition c'est d'éviter les violences et de pas priver nos proies de tout. J'peux pas être aussi mauvaise moi.
Notre petite routine s'installe, on devient plutôt doués, comme de vrais prédateurs. On choisit, on observe, on frappe. C'est toujours très rapide. En 10 minutes on est repartis. En même temps, on est que deux, peu armés, et même si on mange souvent, c'est pas toujours à notre faim, alors autant faire vite, avant que nos victimes aient le temps d'apprécier nos failles. Pour les morts-vivants c'est un peu différent. On a finit par s'apercevoir à force de les combattre qu'il fallait leur percer le crâne pour s'en débarrasser. Petit à petit je m'y fait, mais j'avoue que je les laisse encore parfois aux mains de Stew quand il peut les gérer seul.
On tient bon comme ça jusqu'à l'hiver mais celui-ci est rude. J'tombe malade et c'est handicapant. Ça m'énerve, j'ai l'impression de peser à nouveau sur les épaules du Jenkins, comme au tout début quand je savais rien faire d'autre que le suivre en le regardant comme mon super héros.
Mais que je sois agacée ou non, ça change rien. Je suis totalement KO et malgré tous ses efforts, en plein froid, mon partenaire ne peut pas prendre soin du binôme tout seul alors quand on rencontre un autre groupe de survivants plutôt bien portants, il va à l'encontre de sa nature et c'est lui même qui leur demande de l'aide. Leur leader c'est une petite blonde comme moi, et peut-être même qu'elle a aussi mon naturel généreux parce qu'elle accepte sans conditions de nous prendre sous son aile et de nous héberger. Je fais des sourires en coin à Stew de temps en temps. « Tu vois que j'avais raison, pas tout le monde est pourri ».
Mais j'ai pas raison, et quand Stew vient me voir totalement paniqué un jour pour m'annoncer que nos protecteurs bouffent des gens, j'ai du mal à croire que c'est pas une blague. On prévoit de s'en aller avant qu'ils ne commencent à nous trouver à leur goût mais ils nous devancent et emprisonnent Stew. Moi il me jettent juste dans une autre pièce mais ils oublient de m'attacher. Après tout j'ai pas encore bien récupéré, j'suis une petite maigrichonne encore affaiblie par la fièvre. J'suis pas une menace tant que je suis enfermée.
Mais franchement, m'oublier comme ça dans la baraque, c'est une erreur de débutant, et c'est une insulte que je prend très mal. Un matin, les cannibales sont surement encore endormis pour la plupart. Y'en a un qui vient me donner de l'eau. Ils se servent des verres de la maison pour ça. Deuxième erreur. Avec une gourde je l'aurais eu dans l'os mais là j'ai qu'à le laisser tomber au sol et poser mon pied sur le plus gros morceau, ni vu ni connu. Celui qui me garde ramasse les débris et s'en retourne vers la porte en grognant. C'est mon moment. Alors pendant une seconde, au diable mes principes, au diable la morale. J'vais pas faire preuve de pitié envers ce type. De toute manière il mange des gens, c'est qu'un mort-vivant avec une gueule plus potable.
D'un bond je couvre la distance entre lui et moi et je frappe à la gorge -c'est le point le plus haut que j'arrive à atteindre- puis dans le dos, autant de fois que je peux. Ensuite je file, il a réussi a crier malgré mon coup alors j'ai pas beaucoup de temps. Mais ça joue pour moi, ça attire le gardien de Stew derrière lequel je me faufile. Mon ami est donc seul quand je finis par le trouver et le libérer.
Ensuite, c'est direction la cuisine et là tout est flou. Je sais pas en détail ce qu'on a fait. Je pense que j'ai préféré l'oublier. La seule chose que je sais c'est qu'une fois le soleil bien levé, on était plus que deux, rouges de sang et prêts à mettre les voiles. J'ai juste vomi une ou deux fois avant, parce que même si je suis persuadée de ne pas être celle qui y a mis le plus d'efforts, j'ai largement fait ma part du massacre. J'ai tué des hommes et des femmes pour la première fois.
Après ça, tout a été un peu différent. Y'avait une tension palpable suite à ce qu'on avait fait, et sans doute qu'elle était aussi due au fait que je me suis débarrassée de la collection de téléphones de Stew dans son dos. Jusque là, j'avais rien dit quand il s'était obstiné à les collecter un par un et à appeler Bill, même lorsque les lignes ont cessé de relayer. Je pensais que ça lui faisait du bien. Mais il devenait chelou avec ça, c'était dérangeant, pas sain. Le mauvais climat a duré jusqu'à février. Et puis on s'est remis, comme des adultes. Il était tant qu'on arrête d'être l'ombre de nous même. Notre duo était de retour.
Direction: Seattle, en chemin on est tombé sur une armurerie et on a pas eu besoin de se dire un mot pour comprendre que c'était l'heure de la pause ravitaillement. Y'avait probablement un paquet de trucs super cool là dedans dont j'sais pas me servir. Mais ça reste trop classe de les avoir. Et puis j'apprendrai. Alors on s'est éclaté à tout dévaliser.
Et ensuite on sort, tous contents. Et là on tombe sur deux autres gus à qui Stew manque d'écraser la tête. Mais pendant l'altercation, y'en a un qui lâche un gros morceau. Apparemment, ils font parti d'un groupe. Le même type de groupe que nous. Alors bon, avec ce qu'on avait traversé le mois précédant, j'étais pas nécessairement prête à copiner de nouveau. Pourtant, pour une raison inconnu, mon instinct me dit que c'est un bon filon. Du coup j'essaie de tempérer Stew pendant que les autres se décident à nous présenter au reste de la bande.
Il me plait plus ou moins, à mon partenaire il plait carrément pas du tout. Et on finit par repartir de notre côté pour « en discuter ». En réalité je passe juste tout le temps à lui rabâcher que même si on est un super binôme, y'a un tas de trucs qu'on sait pas faire, qu'on apprendra avec eux, qu'à plusieurs on sera plus forts. Mais il cède vraiment qu'au moment où je lui dit qu'on a qu'à tester, les rejoindre seulement pour une petite période histoire profiter de ce qu'ils ont à nous apporter. Je lui promets que si ça nous convient plus à un moment on s'en ira, ou qu'on fera pire.
La dernière fois on a eu de la chance, c'est vrai. Mais puisqu'on a déjà fait, on peut recommencer.
Pourtant jusqu'à maintenant, mon instinct ne semble pas m'avoir trahi. C'est loin d'être tout rose chez eux, surtout avec Stew. Mais au fond c'est pas si mal non plus. En fait, je crois même qu'on pourrait bien rester.
passeport :recensement de l'avatar. - Code:
Keira Knightley <bott>Jackie Telford</bott>
recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
Jackie
recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
Telford
recensement du métier. - Code:
Serveuse
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Re: Jack
Jeu 19 Mai 2016 - 20:10
OH MON DIEU *meurs*
JACKIE LE RETOUR
C'EST LE CHOIX DE TA VIE.
Rebienvenue sinon.
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Rebienvenue sinon.
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Re: Jack
Jeu 19 Mai 2016 - 20:25
HAN HAN HAN HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN
JACKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ♥ ♥ ♥
JACKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ♥ ♥ ♥
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