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Maximilien Ritter - Reloaded
Mar 24 Mai 2016 - 1:38
23 ANS• SUISSE • ETUDIANT •EMERALD FREEDOM
J’ai toujours été fier, aussi loin que je puisse me rappeler. Je me suis toujours senti obligé de cacher, de maquiller mes faiblesses et de ne montrer que mes points forts. Je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à paraître plus fort que je ne le suis vraiment, c’est comme une obligation instinctive. Cela vient peut-être du fait que j’ai une certaine propension à chérir mon honneur plus que tout. Sembler fort, courageux, honnête et loyal me permet ainsi de prétendre être quelqu’un d’honorable de chevaleresque. Cela m’a poussé petit à petit à devenir imprudent, quand on veut paraître fort et courageux au-delà de ses compétences on ne peut pas laisser la place à une quelconque prudence, celle-ci freinerait considérablement les ambitions de ma fierté.
Fierté et honneur obligeant, je ne peux qu’être têtu et rancunier. J’éprouve parfois de la peine à accepter un avis contraire au mien. Je campe très facilement sur mes positions, persuadé d’avoir raison. L'honneur quant à lui, m’oblige à être rancunier, je ne peux pas me contenter de pardonner bêtement quelqu’un ayant entaché mon honneur volontairement.
A contrario de ces vestiges de ma fascination passée pour la chevalerie, je suis un excellent comédien. J’ai un talent naturel pour l’improvisation et le jeu d’acteur. Je tire de ce don une telle fierté que je l’utilise à tout va. Que ce soit pour amuser ou pour mentir dans le but de masquer mes faiblesses. Cette facette de moi-même n’est pas vraiment en accord avec mon sens de l’honnêteté, mais mon pragmatisme semble justifier un mensonge pour couvrir mes arrières.
Je suis d’une patience à toute épreuve. Je n’ai développé celle-ci que tardivement, lors de mon service militaire. Nous évoluions souvent en escouades réduites, nous obligeant à être de quart durant une éternité lors de nos sorties en campagne. A raison d’au moins une nuit par semaine pendant six mois, je vous garantis que vous devenez patient, très patient. Je n’ai pas fait exception à la règle.
Il y a de cela quelques années, je me suis lié d’amitié à quelqu’un d’extraordinaire qui m’a complétement changé. Il était d’une bonté telle qu’il en dégageait une sorte d’aura, une aura qui semblait transformer toute personne le côtoyant quelque peu. Il s’appelait Nathan
Nathan, me transmit son amitié, son amour des autres et sa générosité, il me montra que l’on pouvait aider volontairement sans aucune contrepartie ou encore que l’on pouvait voir le bien partout, même dans l’obscurité la plus totale. A force de traîner à ses côtés, je me mis petit à petit à adopter ses manières, ses attitudes sociales, j’avais presque l’impression de découvrir une nouvelle facette de ma personnalité. Il laissa une telle empreinte dans mon esprit, que je continue à me comporter comme lui.
Aujourd’hui, chaque fois que j’aide quelqu’un, j’ai l’impression de le faire revivre un petit peu. C’est une forme d’immortalité.
Fierté et honneur obligeant, je ne peux qu’être têtu et rancunier. J’éprouve parfois de la peine à accepter un avis contraire au mien. Je campe très facilement sur mes positions, persuadé d’avoir raison. L'honneur quant à lui, m’oblige à être rancunier, je ne peux pas me contenter de pardonner bêtement quelqu’un ayant entaché mon honneur volontairement.
A contrario de ces vestiges de ma fascination passée pour la chevalerie, je suis un excellent comédien. J’ai un talent naturel pour l’improvisation et le jeu d’acteur. Je tire de ce don une telle fierté que je l’utilise à tout va. Que ce soit pour amuser ou pour mentir dans le but de masquer mes faiblesses. Cette facette de moi-même n’est pas vraiment en accord avec mon sens de l’honnêteté, mais mon pragmatisme semble justifier un mensonge pour couvrir mes arrières.
Je suis d’une patience à toute épreuve. Je n’ai développé celle-ci que tardivement, lors de mon service militaire. Nous évoluions souvent en escouades réduites, nous obligeant à être de quart durant une éternité lors de nos sorties en campagne. A raison d’au moins une nuit par semaine pendant six mois, je vous garantis que vous devenez patient, très patient. Je n’ai pas fait exception à la règle.
Il y a de cela quelques années, je me suis lié d’amitié à quelqu’un d’extraordinaire qui m’a complétement changé. Il était d’une bonté telle qu’il en dégageait une sorte d’aura, une aura qui semblait transformer toute personne le côtoyant quelque peu. Il s’appelait Nathan
Nathan, me transmit son amitié, son amour des autres et sa générosité, il me montra que l’on pouvait aider volontairement sans aucune contrepartie ou encore que l’on pouvait voir le bien partout, même dans l’obscurité la plus totale. A force de traîner à ses côtés, je me mis petit à petit à adopter ses manières, ses attitudes sociales, j’avais presque l’impression de découvrir une nouvelle facette de ma personnalité. Il laissa une telle empreinte dans mon esprit, que je continue à me comporter comme lui.
Aujourd’hui, chaque fois que j’aide quelqu’un, j’ai l’impression de le faire revivre un petit peu. C’est une forme d’immortalité.
Je suis un type lambda d’un mètre soixante-quinze et de soixante-dix kilos. J’ai des cheveux bruns et des yeux bleus plus cernés que Vercingétorix à Alésia. Je suis mince sans être une allumette pour autant. Je fais partie de ceux qui sont « en bonne forme physique » sans pour autant crouler sous une montagne de muscle.
Je me distingue de la masse par mon absence totale de barbe, à vingt-trois ans. Complexant un peu à ce sujet, je fais mine de me raser chaque matin, histoire de laisser penser que je pourrais facilement en avoir, si je laissais mon rasoir de côté quelques temps.
Durant la révolte à Emerald Freedom, j’ai été touché par deux balles, la première m’a arraché deux phalanges à l’annulaire gauche et la seconde m’a laissé une cicatrice dans l’épaule droite. Depuis ce jour, je porte constamment un gant dans lequel j’ai glissé deux morceaux de bois qui font office de prothèse et qui cachent partiellement mon infirmité. Un observateur attentif verra toutefois que je ne peux bouger ce "doigt" qu’à l’aide de ma main droite.
Je suis généralement vêtu d’un hoodie surmonté d’une veste en cuir et d’un jeans. Ce sont des vêtements solides et adaptés à la plupart des météos. Je portais déjà ce genre de fringues avant l’apocalypse, c’est une des rares choses que l’apogée des rôdeurs n’aura pas changée chez moi.
Je porte une machette à la ceinture dans l’enceinte d’Emerald Freedom. Machette qui migre sur mon sac à dos lors de sorties et qui est rejointe par un 9mm et un couteau de chasse, tous deux rangés dans un holster accroché à ma cuisse gauche.
Je me distingue de la masse par mon absence totale de barbe, à vingt-trois ans. Complexant un peu à ce sujet, je fais mine de me raser chaque matin, histoire de laisser penser que je pourrais facilement en avoir, si je laissais mon rasoir de côté quelques temps.
Durant la révolte à Emerald Freedom, j’ai été touché par deux balles, la première m’a arraché deux phalanges à l’annulaire gauche et la seconde m’a laissé une cicatrice dans l’épaule droite. Depuis ce jour, je porte constamment un gant dans lequel j’ai glissé deux morceaux de bois qui font office de prothèse et qui cachent partiellement mon infirmité. Un observateur attentif verra toutefois que je ne peux bouger ce "doigt" qu’à l’aide de ma main droite.
Je suis généralement vêtu d’un hoodie surmonté d’une veste en cuir et d’un jeans. Ce sont des vêtements solides et adaptés à la plupart des météos. Je portais déjà ce genre de fringues avant l’apocalypse, c’est une des rares choses que l’apogée des rôdeurs n’aura pas changée chez moi.
Je porte une machette à la ceinture dans l’enceinte d’Emerald Freedom. Machette qui migre sur mon sac à dos lors de sorties et qui est rejointe par un 9mm et un couteau de chasse, tous deux rangés dans un holster accroché à ma cuisse gauche.
Je naquis en 1992 dans une petite commune de Suisse. Fils unique de parents divorcés alors que j’avais à peine trois ans, je jouis malgré tout d’une enfance tout à fait normale. Malgré leur divorce, mes parents avaient su garder bon contact et je pus ainsi profiter pleinement des deux personnes qui m’avaient donné la vie. Je m’entendais bien avec eux, ainsi qu’avec leur nouveau concubin. Je me complaisais ainsi à dire, que j’avais deux pères et deux mères.
J’étais un enfant heureux, je croquais la vie à pleines dents et ne me souciais guère de toutes les misères de ce triste monde. Le destin m’avait doté d’une imagination sans borne que je renforçais tous les jours en lisant une multitude de romans. Je vivais tellement dans l’imaginaire que je fus persuadé très longtemps d’être un chevalier perdu dans les temps modernes. Ma maison était un château, mes habits une armure et la ville un royaume. J’étais au service de deux maisonnées, celle de mon père et celle de ma mère qui étaient des alliées de longues dates. A cette époque, je pensais pouvoir me contenter de cette existence durant un siècle.
Il ne fallut toutefois qu’attendre mes quatorze ans pour que cette lubie du moyen-âge cesse. Je gardai toujours une petite part chevaleresque au fond de moi, alors que la réalité me rattrapait doucement. Je continuai de lire énormément, même si mes lectures ne me transformaient plus en personnage d’aventures épiques.
C’est cette année-là que je découvris la joie des hauteurs. Aidé par mon beau-père, je m’initiai à l’escalade. Quelles sensations incroyables que d’être collé à une paroi à plusieurs dizaines de mètres du sol, cherchant de mes petites mains des prises convenables pour grimper plus haut, toujours plus haut, afin atteindre le ciel et de regarder en bas. On se sent si puissant et invincible dans ces moments-là, rien n’aurait pu m’arrêter. J’étais jeune et naïf, je ne comprenais pas que le monde changeait, je ne savais pas qu’il changerait.
A quinze ans je découvris finalement la puberté, il m’avait fallu attendre tout ce temps pour que dame nature décide enfin que j’étais digne de grandir un peu plus. Peut-être que j’avais pris du retard à force de crapahuter sur mon cheval à deux roues dans les rues d’un royaume imaginaire. C’est ce que je pensais tout du moins. Cette anarchie hormonale qui m’atteint me fit enfin comprendre l’attirance qu’éprouvaient mes amis pour les filles. Ces créatures étranges, qui jusqu’alors n’avaient éveillé aucune source d’intérêt pour moi, devinrent l’objet d’un désir puissant que je ne pouvais ni comprendre ni contrôler. Cette transformation sembla atteindre son apogée lorsque je rencontrai Sarah, une splendeur rousse semblant venir d’un autre monde. Tout s’effaça autour de moi lorsque je la vis pour la première fois. Dieu ce qu’elle était belle. Je n’arrivais pas à rester normal un instant en sa présence. Lorsque je la voyais, mon assurance habituelle prenait la tangente et un singe équipé d’un marteau prenait place dans mon estomac pour taper tout ce qu’il avait à portée. J’aurais pu rester des heures en ne faisant rien d’autre que de la regarder. J’aurais tout fait pour l’impressionner, à vrai dire j’ai tout fait. Au point de me casser le bras en voulant lui montrer à quel point j’étais un habile grimpeur. Qu’est-ce que j’ai pu être con. Je crois que le seul choc mental qui égala celui qui m’agita en la voyant la première fois, fut celui que je reçu lors d’un cinglant refus de sa part. Un monde s’écroula ce jour-là, je ne comprenais pas ce qu’il s’était passé. Allez expliquer à un garçon de quinze ans qui découvre l’amour et son nouveau corps, qu’une attirance n’est pas toujours réciproque. Dès lors, je ne voulus plus aimer, c’était une évidence pour moi, je pensais pouvoir décider d’arrêter d’aimer comme ça, sur un coup de tête, et j’y ai cru pendant plus de cinq ans.
Puis vint le lycée, je tombai de nouveau amoureux. Pas d’un être vivant cette fois-ci, mais d’un art, d’une science, de la chimie. Je ne pensais pas que quelque chose en ce monde puisse égaler ma passion des livres et des hauteurs, mais je dus rapidement l’accepter. La découverte de cette branche scientifique remplit un vide en moi qui, s’il me semblait évident maintenant, ne s’était jamais manifesté avant. J’avais l’impression que je m’étais toujours questionné sur la matière et les changements qui régissaient notre monde alors que ce n’était pas le cas. C’était comme trouver son âme sœur. J’étais un élève moyen dans les autres branches, mais la chimie me donna une irrésistible envie de travailler d’arrache-pied pour pouvoir profiter d’une place de choix dans une université renommée. Je n’y arrivai que partiellement, mais l’évolution de ma moyenne me satisfit.
Après mon bac vint le service militaire, une étape obligatoire pour la plupart des jeunes hommes en Suisse. Dix mois à courir dans la boue pour la sécurité d’un pays qui ne risquait pas de sortir ses caisses de munitions pour autre chose que du tir sur cible. Lors de mon recrutement, je fus recommandé, à mon grand dam, pour devenir cadre. Cela signifiait certes une paie plus importante, mais aussi un rallongement de mon service militaire de plusieurs mois, m’empêchant ainsi de commencer l’université l’année suivante. Je servis dans l’infanterie durant un certain temps avant de recevoir mes premiers galons. J’avais réussi à convaincre mes supérieurs que le terrain me convenait d’avantage que les bureaux, me garantissant ainsi un avancement raisonnable. Je finis mon service avec le grade de sergent, ce qui me convenait parfaitement. J’avais apprécié le service militaire dans son ensemble, même si j’avais quelques réticences envers l’autorité excessive de mes chefs qui s’imaginaient que la guerre mondiale serait pour demain. Ils n’avaient pas complétement tort au final. L’apocalypse représentait une guerre mondiale en soit, une guerre contre la nature elle-même.
Le retour à la vie civile fut plus dur que je ne l’aurais cru, je passais d’un emploi du temps très chargé à une absence de projets autres que l’attente du semestre prochain. Je suivis quelques cours de chimie en auditeur libre dans l’université la plus proche de mon domicile, prenant ainsi une certaine avance sur mon futur programme. Je trouvai aussi un petit job, je travaillais désormais comme agent de sécurité un week-end sur deux. Je surveillais des festivals ou des camps de requérants d’asile. Un travail ennuyeux qui avait le mérite d’être bien payé.
Et puis un beau jour, je décidai de faire mon sac à dos et de partir découvrir l’Irlande à pied. Un caprice d’adulte que je me décidai à assouvir. Je me souviens de tous les détails marquant de ce voyage. Les paysages, l’architecture, l’histoire du pays et surtout des gens. Les mentalités étaient si différentes. Ils étaient ouverts et tolérants, d’une amicalité sans pareil et accueillant, extrêmement accueillant. Aucun rapport avec la Suisse. Je me fis quelques amis de passage, j’eus des aventures dénuées de tous sentiments et revint finalement dans ma terre natale des étoiles plein les yeux et des images plein la tête. Il m’arrive souvent de repenser à ce voyage et de me dire que j’aurais voulu qu’il ne s’arrête jamais, qu’il y ait toujours de nouvelles choses à découvrir dans ce pays.
Une semaine à peine après mon retour en Suisse, je dus ressortir mon fusil d’assaut de sous mon lit. Je devais participer à des cours de répétitions. Chaque année jusqu’à mes trente-cinq ans, je devrais, comme tout conscrit, passer trois semaines en caserne pour « garder la forme ». On m’assigna au corps formateur de nouvelles recrues. Une des pires assignations que l’on pouvait recevoir selon les dires, mais heureusement pour moi, il n’en fut rien. J’y fis même une très belle rencontre. C’était une soirée pluvieuse. J’étais assis devant un baraquement, à l’abri sous une corniche.
-Excusez-moi, Sergent ?
Je tournai la tête sans empressement, il pleuvait si fort que je n’étais même pas sûr d’avoir vraiment entendu quelqu’un ou s’il s’agissait de mon imagination. Une recrue se tenait sous la pluie, il devait faire partie des premiers à être sortie de la cantine, le brouhaha incessant du repas de ses camarades se faisait encore entendre. Il était à peine moins âgé que moi, deux ans tout au plus, l’obscurité m’empêchait de voir son nom cousu sur son torse mais j’avais déjà remarqué son visage, un visage enfantin aux traits tirés par la fatigue.
-Oui Soldat ? Que me veux-tu ?
-Je pourrais vous piquer une cigarette, Sergent ? J’en ai déjà plus.
Je haussai un sourcil et lui jetai un regard interrogateur. Son visage se crispa, il devait sans doute se demander s’il avait fait une bourde, je lui jetai mon paquet et l’invitai à s’abriter
-Comment tu t’appelles, Soldat ?
-Nathan, Nathan Girard, Sergent
-Enchanté, tu connais déjà mon nom j’imagine…
C’est comme cela que je rencontrai Nathan, qui devint rapidement l’un de mes plus proches amis. Il était venu vers moi car on lui avait dit que j’étais originaire du même patelin que lui et l’absence de compatriote dans la caserne semblait lui peser. Le protocole militaire exigeait que je n’entretienne pas de rapports trop amicaux avec lui en caserne, mais, une fois mes répétitions terminées, nous passâmes une bonne partie de ses permissions ensembles. C’était un personnage intéressant, il était à la fois un enfant de douze ans et un adulte responsable, il intervertissait ces deux aspects de sa personnalité avec une certaine aisance. Il essayait toujours de voir la vie sous un angle heureux et il y arrivait plutôt bien. Il était impossible de ne pas avoir le sourire au bord des lèvres en sa présence. C’était une boule de bonté pure, un ami que je n’aurais laissé partir sous aucun prétexte. Il me fit beaucoup réfléchir sur la façon de voir la vie, sur la façon de traiter les autres. Nathan changea mon existence en me transmettant sa générosité, sa joie de vivre et son humour de toutes circonstances. Mais surtout, il me fit rencontrer Charlotte.
La première fois que je l’ai aperçue, j’ai cru voir le monde fondre littéralement autour d’elle. Un sentiment qui semblait enfoui au fond de moi depuis ma naissance surgit brusquement de mon estomac et se mit en tête de rebondir sur toutes les surfaces possibles de mon être. C’était une émotion étrange, elle semblait vouloir m’attirer irrémédiablement vers cette personne sans autre explication que : « Tais–toi et fonce ». Il n’y avait même pas une once de désir sexuel dans cette attirance, j’avais juste l’impression d’avoir découvert la plus belle créature qui vivait dans ce monde. Ce n’était sans doute pas le cas si l’on se base sur les critères répandus dans le monde, mais la beauté étant une science subjective, personne ne pourra jamais m’ôter cette impression.
Charlotte et lui étaient des amies d’enfance, ils se connaissaient, depuis près de dix-sept ans et se considéraient comme frère et sœur, il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre eux. Ils étaient voisins à l’époque de leur rencontre, ce qui expliquait, en partie, la longueur de leur amitié. Elle était son aînée d’un an seulement et ils avaient ainsi pu faire toute leur scolarité obligatoire ensemble. Ils étaient plus liés que les doigts d’une main. Ils se ressemblaient beaucoup au niveau du caractère et je me suis longtemps demandé qui avait influencé la personnalité de l’autre. Nathan ? Charlotte ? S’étaient-ils construits ensemble ? Je ne leur ai jamais posé la question.
Le 15 août 2015, presque deux ans après notre rencontre, alors que je me demandais toujours ce que Charlotte avait pu me trouver au point de désirer sortir avec moi, trois amis partirent en voyage aux Etats-Unis.
J’étais un enfant heureux, je croquais la vie à pleines dents et ne me souciais guère de toutes les misères de ce triste monde. Le destin m’avait doté d’une imagination sans borne que je renforçais tous les jours en lisant une multitude de romans. Je vivais tellement dans l’imaginaire que je fus persuadé très longtemps d’être un chevalier perdu dans les temps modernes. Ma maison était un château, mes habits une armure et la ville un royaume. J’étais au service de deux maisonnées, celle de mon père et celle de ma mère qui étaient des alliées de longues dates. A cette époque, je pensais pouvoir me contenter de cette existence durant un siècle.
Il ne fallut toutefois qu’attendre mes quatorze ans pour que cette lubie du moyen-âge cesse. Je gardai toujours une petite part chevaleresque au fond de moi, alors que la réalité me rattrapait doucement. Je continuai de lire énormément, même si mes lectures ne me transformaient plus en personnage d’aventures épiques.
C’est cette année-là que je découvris la joie des hauteurs. Aidé par mon beau-père, je m’initiai à l’escalade. Quelles sensations incroyables que d’être collé à une paroi à plusieurs dizaines de mètres du sol, cherchant de mes petites mains des prises convenables pour grimper plus haut, toujours plus haut, afin atteindre le ciel et de regarder en bas. On se sent si puissant et invincible dans ces moments-là, rien n’aurait pu m’arrêter. J’étais jeune et naïf, je ne comprenais pas que le monde changeait, je ne savais pas qu’il changerait.
A quinze ans je découvris finalement la puberté, il m’avait fallu attendre tout ce temps pour que dame nature décide enfin que j’étais digne de grandir un peu plus. Peut-être que j’avais pris du retard à force de crapahuter sur mon cheval à deux roues dans les rues d’un royaume imaginaire. C’est ce que je pensais tout du moins. Cette anarchie hormonale qui m’atteint me fit enfin comprendre l’attirance qu’éprouvaient mes amis pour les filles. Ces créatures étranges, qui jusqu’alors n’avaient éveillé aucune source d’intérêt pour moi, devinrent l’objet d’un désir puissant que je ne pouvais ni comprendre ni contrôler. Cette transformation sembla atteindre son apogée lorsque je rencontrai Sarah, une splendeur rousse semblant venir d’un autre monde. Tout s’effaça autour de moi lorsque je la vis pour la première fois. Dieu ce qu’elle était belle. Je n’arrivais pas à rester normal un instant en sa présence. Lorsque je la voyais, mon assurance habituelle prenait la tangente et un singe équipé d’un marteau prenait place dans mon estomac pour taper tout ce qu’il avait à portée. J’aurais pu rester des heures en ne faisant rien d’autre que de la regarder. J’aurais tout fait pour l’impressionner, à vrai dire j’ai tout fait. Au point de me casser le bras en voulant lui montrer à quel point j’étais un habile grimpeur. Qu’est-ce que j’ai pu être con. Je crois que le seul choc mental qui égala celui qui m’agita en la voyant la première fois, fut celui que je reçu lors d’un cinglant refus de sa part. Un monde s’écroula ce jour-là, je ne comprenais pas ce qu’il s’était passé. Allez expliquer à un garçon de quinze ans qui découvre l’amour et son nouveau corps, qu’une attirance n’est pas toujours réciproque. Dès lors, je ne voulus plus aimer, c’était une évidence pour moi, je pensais pouvoir décider d’arrêter d’aimer comme ça, sur un coup de tête, et j’y ai cru pendant plus de cinq ans.
Puis vint le lycée, je tombai de nouveau amoureux. Pas d’un être vivant cette fois-ci, mais d’un art, d’une science, de la chimie. Je ne pensais pas que quelque chose en ce monde puisse égaler ma passion des livres et des hauteurs, mais je dus rapidement l’accepter. La découverte de cette branche scientifique remplit un vide en moi qui, s’il me semblait évident maintenant, ne s’était jamais manifesté avant. J’avais l’impression que je m’étais toujours questionné sur la matière et les changements qui régissaient notre monde alors que ce n’était pas le cas. C’était comme trouver son âme sœur. J’étais un élève moyen dans les autres branches, mais la chimie me donna une irrésistible envie de travailler d’arrache-pied pour pouvoir profiter d’une place de choix dans une université renommée. Je n’y arrivai que partiellement, mais l’évolution de ma moyenne me satisfit.
Après mon bac vint le service militaire, une étape obligatoire pour la plupart des jeunes hommes en Suisse. Dix mois à courir dans la boue pour la sécurité d’un pays qui ne risquait pas de sortir ses caisses de munitions pour autre chose que du tir sur cible. Lors de mon recrutement, je fus recommandé, à mon grand dam, pour devenir cadre. Cela signifiait certes une paie plus importante, mais aussi un rallongement de mon service militaire de plusieurs mois, m’empêchant ainsi de commencer l’université l’année suivante. Je servis dans l’infanterie durant un certain temps avant de recevoir mes premiers galons. J’avais réussi à convaincre mes supérieurs que le terrain me convenait d’avantage que les bureaux, me garantissant ainsi un avancement raisonnable. Je finis mon service avec le grade de sergent, ce qui me convenait parfaitement. J’avais apprécié le service militaire dans son ensemble, même si j’avais quelques réticences envers l’autorité excessive de mes chefs qui s’imaginaient que la guerre mondiale serait pour demain. Ils n’avaient pas complétement tort au final. L’apocalypse représentait une guerre mondiale en soit, une guerre contre la nature elle-même.
Le retour à la vie civile fut plus dur que je ne l’aurais cru, je passais d’un emploi du temps très chargé à une absence de projets autres que l’attente du semestre prochain. Je suivis quelques cours de chimie en auditeur libre dans l’université la plus proche de mon domicile, prenant ainsi une certaine avance sur mon futur programme. Je trouvai aussi un petit job, je travaillais désormais comme agent de sécurité un week-end sur deux. Je surveillais des festivals ou des camps de requérants d’asile. Un travail ennuyeux qui avait le mérite d’être bien payé.
Et puis un beau jour, je décidai de faire mon sac à dos et de partir découvrir l’Irlande à pied. Un caprice d’adulte que je me décidai à assouvir. Je me souviens de tous les détails marquant de ce voyage. Les paysages, l’architecture, l’histoire du pays et surtout des gens. Les mentalités étaient si différentes. Ils étaient ouverts et tolérants, d’une amicalité sans pareil et accueillant, extrêmement accueillant. Aucun rapport avec la Suisse. Je me fis quelques amis de passage, j’eus des aventures dénuées de tous sentiments et revint finalement dans ma terre natale des étoiles plein les yeux et des images plein la tête. Il m’arrive souvent de repenser à ce voyage et de me dire que j’aurais voulu qu’il ne s’arrête jamais, qu’il y ait toujours de nouvelles choses à découvrir dans ce pays.
Une semaine à peine après mon retour en Suisse, je dus ressortir mon fusil d’assaut de sous mon lit. Je devais participer à des cours de répétitions. Chaque année jusqu’à mes trente-cinq ans, je devrais, comme tout conscrit, passer trois semaines en caserne pour « garder la forme ». On m’assigna au corps formateur de nouvelles recrues. Une des pires assignations que l’on pouvait recevoir selon les dires, mais heureusement pour moi, il n’en fut rien. J’y fis même une très belle rencontre. C’était une soirée pluvieuse. J’étais assis devant un baraquement, à l’abri sous une corniche.
-Excusez-moi, Sergent ?
Je tournai la tête sans empressement, il pleuvait si fort que je n’étais même pas sûr d’avoir vraiment entendu quelqu’un ou s’il s’agissait de mon imagination. Une recrue se tenait sous la pluie, il devait faire partie des premiers à être sortie de la cantine, le brouhaha incessant du repas de ses camarades se faisait encore entendre. Il était à peine moins âgé que moi, deux ans tout au plus, l’obscurité m’empêchait de voir son nom cousu sur son torse mais j’avais déjà remarqué son visage, un visage enfantin aux traits tirés par la fatigue.
-Oui Soldat ? Que me veux-tu ?
-Je pourrais vous piquer une cigarette, Sergent ? J’en ai déjà plus.
Je haussai un sourcil et lui jetai un regard interrogateur. Son visage se crispa, il devait sans doute se demander s’il avait fait une bourde, je lui jetai mon paquet et l’invitai à s’abriter
-Comment tu t’appelles, Soldat ?
-Nathan, Nathan Girard, Sergent
-Enchanté, tu connais déjà mon nom j’imagine…
C’est comme cela que je rencontrai Nathan, qui devint rapidement l’un de mes plus proches amis. Il était venu vers moi car on lui avait dit que j’étais originaire du même patelin que lui et l’absence de compatriote dans la caserne semblait lui peser. Le protocole militaire exigeait que je n’entretienne pas de rapports trop amicaux avec lui en caserne, mais, une fois mes répétitions terminées, nous passâmes une bonne partie de ses permissions ensembles. C’était un personnage intéressant, il était à la fois un enfant de douze ans et un adulte responsable, il intervertissait ces deux aspects de sa personnalité avec une certaine aisance. Il essayait toujours de voir la vie sous un angle heureux et il y arrivait plutôt bien. Il était impossible de ne pas avoir le sourire au bord des lèvres en sa présence. C’était une boule de bonté pure, un ami que je n’aurais laissé partir sous aucun prétexte. Il me fit beaucoup réfléchir sur la façon de voir la vie, sur la façon de traiter les autres. Nathan changea mon existence en me transmettant sa générosité, sa joie de vivre et son humour de toutes circonstances. Mais surtout, il me fit rencontrer Charlotte.
La première fois que je l’ai aperçue, j’ai cru voir le monde fondre littéralement autour d’elle. Un sentiment qui semblait enfoui au fond de moi depuis ma naissance surgit brusquement de mon estomac et se mit en tête de rebondir sur toutes les surfaces possibles de mon être. C’était une émotion étrange, elle semblait vouloir m’attirer irrémédiablement vers cette personne sans autre explication que : « Tais–toi et fonce ». Il n’y avait même pas une once de désir sexuel dans cette attirance, j’avais juste l’impression d’avoir découvert la plus belle créature qui vivait dans ce monde. Ce n’était sans doute pas le cas si l’on se base sur les critères répandus dans le monde, mais la beauté étant une science subjective, personne ne pourra jamais m’ôter cette impression.
Charlotte et lui étaient des amies d’enfance, ils se connaissaient, depuis près de dix-sept ans et se considéraient comme frère et sœur, il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre eux. Ils étaient voisins à l’époque de leur rencontre, ce qui expliquait, en partie, la longueur de leur amitié. Elle était son aînée d’un an seulement et ils avaient ainsi pu faire toute leur scolarité obligatoire ensemble. Ils étaient plus liés que les doigts d’une main. Ils se ressemblaient beaucoup au niveau du caractère et je me suis longtemps demandé qui avait influencé la personnalité de l’autre. Nathan ? Charlotte ? S’étaient-ils construits ensemble ? Je ne leur ai jamais posé la question.
Le 15 août 2015, presque deux ans après notre rencontre, alors que je me demandais toujours ce que Charlotte avait pu me trouver au point de désirer sortir avec moi, trois amis partirent en voyage aux Etats-Unis.
Une langue râpeuse caressant mes joues me réveilla. J’ouvris les yeux lentement pour découvrir un visage poilu me fixant de ses grands yeux verts: Charly. J’esquissai un sourire et saisis le chaton en me relevant. La lumière filtrait à travers les stores de la salle de classe, le jour était levé depuis un moment déjà. Je rejetai ma couverture sur le côté et une odeur rance m’agressa les narines aussitôt. Qu’est-ce que c’était que ça ? Je cherchai la source de cette infection des yeux et découvris rapidement un étron sur le tapis qui se trouvait devant la porte. Qu’elle mouche avait piqué cet animal. Je le fixai d’un air de papa qui vient de surprendre son fils en train de finir un pot de Nutella à la cuillère.
-Charly…
Je reposai le chat sur le matelas pour aller nettoyer l’œuvre du félin. Quoi de mieux pour commencer une journée ?
-Tu sais que j’ai failli crever pour te ramener une putain de litière ? J’étais à deux doigts de devenir une de ses loques puantes qui traîne dehors. Alors tu me feras le plaisir de l’utiliser à l’avenir.
Je m’étais adressé au chat en français, c’était l’une des rares créatures vivant dans ce monde à qui je faisais l’honneur de parler la langue de Molière. Je me baissai pour ramasser la puanteur dans un mouchoir en papier en réprimant un hoquet de dégout. Sale bête.
En me relevant je tombai nez à nez avec une dizaine de photos qui montraient un groupe d’amis devant un camping-car dans de diverses environnements. Il y avait Nathan, moi… et Charlotte, la fille qui avait donné son nom au chat. Je restai en contemplation devant les vestiges d’une époque heureuse. Une époque qui semblait tellement lointaine à mes yeux maintenant. Une époque dans laquelle ils étaient en vie.
Ça avait commencé le 10 octobre de l’année passée. Charlotte, Nathan et moi venions de traverser les Etats-Unis de long en large à bord d’un camping-car. Nathan venait d’avoir vingt et un ans, le coup d’envoi pour un splendide voyage à travers l’Amérique. De New York à Seattle en passant par un bon nombre de lieux fantastiques, ce fut le voyage le plus parfait qu’il m’avait été donné de faire.
Mais alors que nous étions à Seattle depuis quelques jours, la situation passa d’un rêve merveilleux à un cauchemar sordide en quelques heures seulement. Charlotte et moi étions dans une chambre d’hôtel près du centre-ville lorsque nous reçûmes un appel de Nathan. Sa voix était faible et il semblait apeuré. Il avait été attaqué par un passant fou et on l’avait emmené à l’hôpital.
Nous nous empressâmes d’aller le voir, j’étais très inquiet, sans doute autant que le serait sa mère. Je fus soulagé de le voir souriant dans son lit d’hôpital, il était blafard et semblait fatigué. Un imposant bandage couvrait son avant-bras, mais son état était stable. Selon l’infirmier qui s’occupait de lui, Nathan n’était pas un cas isolé, plusieurs agressions du même type avaient été recensées la veille et dans la journée.
Le lendemain, quand je me rendis de nouveau à l’hôpital pour le voir, un médecin nous interdit de lui rendre visite. Il nous garantit que son état était stable et qu’il pourrait sortir d’ici peu. Une maladie, dont je ne connaissais la traduction en français, sévissait apparemment dans l’hôpital et le personnel voulait éviter une propagation inutile. Il nous informerait quand nous pourrions de nouveau le voir. Durant l’après-midi, je tentai de joindre Nathan par téléphone, sans succès.
Le jour suivant, les médias et internet relataient d’étranges rumeurs, les morts reviendraient à la vie, quelle farce. Qui pouvait imaginer des sottises pareilles. Je n’arrivais toujours pas à joindre Nathan, Charlotte et moi commencions à nous inquiéter. Mais j’essayais de positiver, il devait sans doute dormir quand nous tentions de le joindre, son forfait était peut-être bloqué, il y avait sans doute une explication…
Le temps passa et la situation semblait dégénérer, les agressions se multipliaient, des patrouilles de police sillonnaient les rues de la ville, mais le gouvernement assurait toutefois que tout était sous contrôle. Je tentai une fois encore de rendre visite à Nathan mais l’hôpital était cerné par des forces de police, j’essayai d’obtenir des informations sans résultat. Je craignais de céder à la panique, me demandant sérieusement si ces rumeurs de morts étaient vraies. J’avais peur pour la sécurité de Nathan.
Quand tout explosa, que les rumeurs se confirmèrent et que je dus me rendre à l’évidence que nous ne reverrions jamais notre ami, Charlotte et moi nous rendîmes, le cœur en peine, dans le refuge le plus proche que le gouvernement avait mis à disposition, un lycée sous commandement militaire.
Les premiers jours, le climat militaire me rappela mes classes dans l’armée suisse et ce souvenir heureux, ravivé chaque jour par la présence omniprésente de l’armée, m’aida à surmonter la mort de Nathan. Charlotte, quant à elle, semblait désespérée, elle ne parlait presque plus et se repliait sur elle-même. Elle dépérissait de l’intérieur, la mort de son ami de longue date l’affectait profondément. Je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour l’aider, sans succès. Seul le temps lui fit retrouver un semblant de sourire.
Au fil des mois la situation devint tendue entre civils et militaires. Les gardiens de la paix se montraient de plus en plus méprisant vis-à-vis de la communauté civile, le sentiment de sécurité que j’avais pu éprouver il y a quelques temps s’effritait chaque jour un peu plus, remplacé par une haine profonde pour nos « anges gardiens ». La tension monta petit à petit et ce qui devait arriver arriva.
Je ne fus pas d’un grand rôle dans la réussite de la révolte. En effet, je fis les frais d’une rafale dans les premières minutes de l’affrontement. Cloué au sol, je ne pus que prier pour que mes camarades réussissent leur coup. Je ne crois pas m’être rendu compte que j’avais perdu un doigt, j’étais trop choqué pour raisonner. Je restai dans un état second pendant de longues heures, l’annonce de la victoire ne réussit pas à me tirer de cette sorte de stase. En revanche, quand j’appris le sort que les militaires avaient réservé à ceux qui, comme Charlotte, étaient restés dans le gymnase, j’ai cru devenir fou.
Le mois qui a suivi cet évènement n’a été qu’une longue et lente dépression. Je faisais des cauchemars toutes les nuits. Je voyais le cadavre de mes proches se relever pour me dévorer, indéfiniment. Mes journées semblaient toutes pareilles, je ne faisais que broyer du noir, à ressasser des souvenirs qui, au lieu de m’aider, dévalorisait ma vie actuelle. Plusieurs fois on me proposa un soutien, mais j’étais trop fier pour accepter.
Et puis je commençai à penser que ce n’est pas ce qu’ils auraient voulu, qu’ils voudraient sans doute que je continue de vivre malgré l’adversité, que je cesse de me morfondre à toutes heures. Je mis du temps à appliquer cette pensée qui germait doucement dans mon esprit, mais au fil du temps, je commençai enfin à accepter mes pertes, à revivre. Je me rendis compte que Nathan n’était pas vraiment mort, qu’il vivait par mes actes. Charlotte, elle, vivait dans l’amour que je donnais à un chaton que j’avais adopté. Je l’avais appelé « Charly » en son honneur. C’est une forme d’immortalité
Je me mis enfin à être utile à la communauté. Je me rendais compte que je n’avais été qu’une bouche à nourrir dépressive et asociale jusqu’alors. Je commençai d’abord par participer activement aux patrouilles de surveillance. Une activité que j’avais déjà remplie à maintes reprises dans le passé et qui me donnait parfois l’impression que le monde n’avait pas réellement changé. Douce illusion. Patrouiller me faisait du bien, cela me permettait de renouer petit à petit des liens avec les survivants d’Emerald Freedom, que j’avais négligé ce dernier mois.
Je n’entretenais pour l’instant que des « relations de travail » avec le reste du groupe. Je ne voulais pas me lier trop étroitement avec des personnes qui risquaient de mourir à un moment ou à un autre. La mort d’un collègue est plus acceptable que celle d’un ami.
Au fond de moi, je savais que cette décision de rester distant avec les membres du groupe ne durerait pas éternellement, je savais que je ne pourrais pas me contenter d’une camaraderie de bureau indéfiniment et que je finirais par m’ouvrir aux autres.
-Charly…
Je reposai le chat sur le matelas pour aller nettoyer l’œuvre du félin. Quoi de mieux pour commencer une journée ?
-Tu sais que j’ai failli crever pour te ramener une putain de litière ? J’étais à deux doigts de devenir une de ses loques puantes qui traîne dehors. Alors tu me feras le plaisir de l’utiliser à l’avenir.
Je m’étais adressé au chat en français, c’était l’une des rares créatures vivant dans ce monde à qui je faisais l’honneur de parler la langue de Molière. Je me baissai pour ramasser la puanteur dans un mouchoir en papier en réprimant un hoquet de dégout. Sale bête.
En me relevant je tombai nez à nez avec une dizaine de photos qui montraient un groupe d’amis devant un camping-car dans de diverses environnements. Il y avait Nathan, moi… et Charlotte, la fille qui avait donné son nom au chat. Je restai en contemplation devant les vestiges d’une époque heureuse. Une époque qui semblait tellement lointaine à mes yeux maintenant. Une époque dans laquelle ils étaient en vie.
Ça avait commencé le 10 octobre de l’année passée. Charlotte, Nathan et moi venions de traverser les Etats-Unis de long en large à bord d’un camping-car. Nathan venait d’avoir vingt et un ans, le coup d’envoi pour un splendide voyage à travers l’Amérique. De New York à Seattle en passant par un bon nombre de lieux fantastiques, ce fut le voyage le plus parfait qu’il m’avait été donné de faire.
Mais alors que nous étions à Seattle depuis quelques jours, la situation passa d’un rêve merveilleux à un cauchemar sordide en quelques heures seulement. Charlotte et moi étions dans une chambre d’hôtel près du centre-ville lorsque nous reçûmes un appel de Nathan. Sa voix était faible et il semblait apeuré. Il avait été attaqué par un passant fou et on l’avait emmené à l’hôpital.
Nous nous empressâmes d’aller le voir, j’étais très inquiet, sans doute autant que le serait sa mère. Je fus soulagé de le voir souriant dans son lit d’hôpital, il était blafard et semblait fatigué. Un imposant bandage couvrait son avant-bras, mais son état était stable. Selon l’infirmier qui s’occupait de lui, Nathan n’était pas un cas isolé, plusieurs agressions du même type avaient été recensées la veille et dans la journée.
Le lendemain, quand je me rendis de nouveau à l’hôpital pour le voir, un médecin nous interdit de lui rendre visite. Il nous garantit que son état était stable et qu’il pourrait sortir d’ici peu. Une maladie, dont je ne connaissais la traduction en français, sévissait apparemment dans l’hôpital et le personnel voulait éviter une propagation inutile. Il nous informerait quand nous pourrions de nouveau le voir. Durant l’après-midi, je tentai de joindre Nathan par téléphone, sans succès.
Le jour suivant, les médias et internet relataient d’étranges rumeurs, les morts reviendraient à la vie, quelle farce. Qui pouvait imaginer des sottises pareilles. Je n’arrivais toujours pas à joindre Nathan, Charlotte et moi commencions à nous inquiéter. Mais j’essayais de positiver, il devait sans doute dormir quand nous tentions de le joindre, son forfait était peut-être bloqué, il y avait sans doute une explication…
Le temps passa et la situation semblait dégénérer, les agressions se multipliaient, des patrouilles de police sillonnaient les rues de la ville, mais le gouvernement assurait toutefois que tout était sous contrôle. Je tentai une fois encore de rendre visite à Nathan mais l’hôpital était cerné par des forces de police, j’essayai d’obtenir des informations sans résultat. Je craignais de céder à la panique, me demandant sérieusement si ces rumeurs de morts étaient vraies. J’avais peur pour la sécurité de Nathan.
Quand tout explosa, que les rumeurs se confirmèrent et que je dus me rendre à l’évidence que nous ne reverrions jamais notre ami, Charlotte et moi nous rendîmes, le cœur en peine, dans le refuge le plus proche que le gouvernement avait mis à disposition, un lycée sous commandement militaire.
Les premiers jours, le climat militaire me rappela mes classes dans l’armée suisse et ce souvenir heureux, ravivé chaque jour par la présence omniprésente de l’armée, m’aida à surmonter la mort de Nathan. Charlotte, quant à elle, semblait désespérée, elle ne parlait presque plus et se repliait sur elle-même. Elle dépérissait de l’intérieur, la mort de son ami de longue date l’affectait profondément. Je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour l’aider, sans succès. Seul le temps lui fit retrouver un semblant de sourire.
Au fil des mois la situation devint tendue entre civils et militaires. Les gardiens de la paix se montraient de plus en plus méprisant vis-à-vis de la communauté civile, le sentiment de sécurité que j’avais pu éprouver il y a quelques temps s’effritait chaque jour un peu plus, remplacé par une haine profonde pour nos « anges gardiens ». La tension monta petit à petit et ce qui devait arriver arriva.
Je ne fus pas d’un grand rôle dans la réussite de la révolte. En effet, je fis les frais d’une rafale dans les premières minutes de l’affrontement. Cloué au sol, je ne pus que prier pour que mes camarades réussissent leur coup. Je ne crois pas m’être rendu compte que j’avais perdu un doigt, j’étais trop choqué pour raisonner. Je restai dans un état second pendant de longues heures, l’annonce de la victoire ne réussit pas à me tirer de cette sorte de stase. En revanche, quand j’appris le sort que les militaires avaient réservé à ceux qui, comme Charlotte, étaient restés dans le gymnase, j’ai cru devenir fou.
Le mois qui a suivi cet évènement n’a été qu’une longue et lente dépression. Je faisais des cauchemars toutes les nuits. Je voyais le cadavre de mes proches se relever pour me dévorer, indéfiniment. Mes journées semblaient toutes pareilles, je ne faisais que broyer du noir, à ressasser des souvenirs qui, au lieu de m’aider, dévalorisait ma vie actuelle. Plusieurs fois on me proposa un soutien, mais j’étais trop fier pour accepter.
Et puis je commençai à penser que ce n’est pas ce qu’ils auraient voulu, qu’ils voudraient sans doute que je continue de vivre malgré l’adversité, que je cesse de me morfondre à toutes heures. Je mis du temps à appliquer cette pensée qui germait doucement dans mon esprit, mais au fil du temps, je commençai enfin à accepter mes pertes, à revivre. Je me rendis compte que Nathan n’était pas vraiment mort, qu’il vivait par mes actes. Charlotte, elle, vivait dans l’amour que je donnais à un chaton que j’avais adopté. Je l’avais appelé « Charly » en son honneur. C’est une forme d’immortalité
Je me mis enfin à être utile à la communauté. Je me rendais compte que je n’avais été qu’une bouche à nourrir dépressive et asociale jusqu’alors. Je commençai d’abord par participer activement aux patrouilles de surveillance. Une activité que j’avais déjà remplie à maintes reprises dans le passé et qui me donnait parfois l’impression que le monde n’avait pas réellement changé. Douce illusion. Patrouiller me faisait du bien, cela me permettait de renouer petit à petit des liens avec les survivants d’Emerald Freedom, que j’avais négligé ce dernier mois.
Je n’entretenais pour l’instant que des « relations de travail » avec le reste du groupe. Je ne voulais pas me lier trop étroitement avec des personnes qui risquaient de mourir à un moment ou à un autre. La mort d’un collègue est plus acceptable que celle d’un ami.
Au fond de moi, je savais que cette décision de rester distant avec les membres du groupe ne durerait pas éternellement, je savais que je ne pourrais pas me contenter d’une camaraderie de bureau indéfiniment et que je finirais par m’ouvrir aux autres.
passeport :♦ recensement de l'avatar. - Code:
Logan Lerman ♦ <bott>Maximilien Ritter</bott>
♦ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
♦ Maximilien (Max')
♦ Ritter (nom utilisé uniquement)- Code:
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Re: Maximilien Ritter - Reloaded
Mar 24 Mai 2016 - 1:58
J'ai tout vu, mais je ne dirais rien avec bonne rémunération.
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Re: Maximilien Ritter - Reloaded
Mar 24 Mai 2016 - 8:24
Toutes mes excuses Max², je n'avais pas vu ton dernier message é_è
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Re: Maximilien Ritter - Reloaded
Mar 24 Mai 2016 - 11:18
Pas de problème, tu as vu un deuxième Max, un rival potentiel... J'aurais fait pareil
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Re: Maximilien Ritter - Reloaded
Mar 24 Mai 2016 - 14:09
Tu as vu clair dans mon jeu...
Je suis démasquée
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