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Cry me a fucking river.
Ven 27 Mai 2016 - 23:47
38 ans •Américain • ouvrier du bâtiment (spécialisation travail du bois) • Evergreen Ridge
Il existe des gens dont le caractère est flou. Eux même ne sauraient pas se décrire. Parce qu'ils sont homme, ils ont une soif insatiable de compagnie, d'ami francs et loyaux. Parce qu'ils sont bestiaux, ils ont besoin de sang et de chaos. Joseph Joey est ce genre de gars là. Intelligent mais ignorant. Blagueur dépité. Pessimiste volontaire. Tout se passe comme si son esprit se mettait en lutte perpétuelle avec tout ce qu'il est. Comme s'il s'était trompé de vie. Avec tout le monde, il est fuyant, sans pour autant paraître froid ou hostile. Il aurait aimé être cette figure de loup solitaire. Mais il sait trop bien que les chiens vivent en meute. Sans doute qu'une peur non avouée lui noue la gorge lorsqu'il s'agit de sentiments. Il n'aime plus qu'on s'intéresse à lui, même s'il a longtemps recherché une forme de reconnaissance. Et il a horreur des drames. Joey a un profond dégoût pour les personnalités dramatiques. Pleurer, geindre, se plaindre, montrer ses sentiments, Joey ne peut pas le supporter bien longtemps. En général il part. Parfois il en devient violent. Une seule personne arrive à lui ôter un temps cette carapace là. Son ami Garry Warren. C'est pourquoi il se montre sous un jour blagueur et travailleur avec les autres, évitant toute situation trop dure. Car il sait que, habitué à l'horreur depuis son enfance, il perd la maîtrise de lui même dans ces situations, devenant agressif comme un animal traqué. Il est stratège et a appris dans la vie a faire des combines pour s'en sortir indemne s'il faut. Il n'a pas une utilisation très visible de sa vivacité d'esprit. Mais il possède une habilité incontestable à se sortir des situations merdiques par cette porte là. Il tient le coup quand tout va mal, mais il a deux démons qui ne le lâchent jamais: il est torturé par la peur de tout perdre, et il se drogue. Le fait d'avoir été responsabilisé jeune, bizarrement l'a rendu très altruiste. Il ne peut s'empêcher d'aider ceux qui l'entourent, quitte à se prendre des claques violentes.
Joseph Joey possède un physique quelconque. Il aurait sans doute été très beau si les années de travail et de souci ne lui avaient pas marqué le visage. Ce dernier est un peu cabossé, striés de vieilles cicatrices. Les rides sont apparues tôt chez lui, à cause du stress et de la fatigue. Il est plutôt élancé et agile, avec son 1mètre85, pour 78kg. Sa démarche un peu voûté, les bras arqués, informe tout de suite le voyageur qu'il a affaire à un ancien des quartiers pauvres. Et ses mains calleuses et larges ne peuvent pas tromper : ce gars là a bossé dur, de ses mains, comme ouvrier de chantier. Son aspect général transpire la fatigue et l'agilité à la fois. On voit aussi qu'il s'est drogué longtemps. Ses bras ont un aspect froissé, et sont couverts de petites cicatrices, à cause des anciennes piqûres d'héro. Même s'il est un peu effacé, on a tendance à aller vers lui, car il semble être un type bien, sur qui on peut compter. Si on se méfie de lui, ça peut être seulement pour deux raisons, et il le sais. Soit il est dans une phase où ça va pas trop bien dans sa tête, soit c'est qu' on a peur de ses origines et de son aspect. En général, ceux qui passent outre son style "mauvais genre sorti du ghetto" voient direct qu'il mord pas trop, et qu'il est plutôt obéissant comme gars. Joey en a fait une astuce pour repérer les connards prétentieux (même si y'en a jamais eu beaucoup près de chez lui) : si il est bien dans ses pompes, et qu'on lui fait quand même pas confiance, c'est parce qu'il fait mauvais genre. Donc, ce "on" est un crétin.
Equipement:
Joey est pas vraiment du genre gris-gris et armes fétiches. Il a le strict nécessaire: un Smith&Wesson M45 , qui est un revolver passe partout, populaire aux US. Pas original mais efficace. Il l'a pris au club. Et puis il a une sorte de poignard de chasse, qu'il a récupéré sur le terrain, le troisième jour de sa fuite vers un centre de réfugiés. A part ça, c'est tout. Les fringues, il en change quand il peut. Joey n'est attaché à rien.... à part aux gens.
Equipement:
Joey est pas vraiment du genre gris-gris et armes fétiches. Il a le strict nécessaire: un Smith&Wesson M45 , qui est un revolver passe partout, populaire aux US. Pas original mais efficace. Il l'a pris au club. Et puis il a une sorte de poignard de chasse, qu'il a récupéré sur le terrain, le troisième jour de sa fuite vers un centre de réfugiés. A part ça, c'est tout. Les fringues, il en change quand il peut. Joey n'est attaché à rien.... à part aux gens.
Joseph a toujours eu le sentiment que quelqu'un, là haut, se foutait de sa gueule. Vous connaissez Phoenix? Plus grande ville d'Arizona, beaucoup de job de merde. C'est grand, moche, ça pue. Et ça se surnomme "Valley of the Sun". Joey voyait le tableau: grande maison avec piscine, dans la "vallée du soleil", avec des cocotiers... Oui, il aurait pu avoir cette vie là. Mais non. Maryvale, le voilà l'ancien quartier de Joey, celui qui l'a vu grandir, se faire tabasser.
Maryvale, c'est le genre de trou à rat dont on se remet jamais vraiment. Mais ça marque à vie, et on reconnaît direct un gosse de Mayvale. Dans son jargon, et puis dans sa manière de se tenir aussi. Normalement, on y naît, on y saigne et on y meurt. Et l'univers entier s'en fout des pauv'gens qui vivent là, comme des chiens.
C'est donc dans un taudis du ghetto de Maryvale que Joseph Harris a vu le jour. La maison d'enfance ressemblait à peu près à ceci: c'était un lieu miteux, en parpaing recouvert de plâtre de mauvaise qualité. Les murs s'effritaient d'année en année et se recouvraient de moisissures. Joseph s'était habitué à l'odeur infecte qui régnait partout, mais surtout, dans le salon. L'endroit n'était pas bien grand, un trois pièce: une cuisine, un salon, et un piaule pour les gosses. Les parents vivaient dans le salon: Bruce et Merry qu'ils s'appelaient. Ce qu'il y a de terrible dans la misère, c'est son effet domino. Un jour, quelqu'un a des bricoles, devient pauvre. Et c'est toute sa descendance qui mange dans les dents. La famille Harris, c'était ça. Un long roman de gare, bourré de péripéties pathétiques et monotones, qu'on jette avant d'en avoir lu la fin tellement c'est déprimant et ennuyeux. Bruce, le père de J oseph, était alcoolique, bordélique, déprimé, violent, et manipulateur. Spécialiste du chantage affectif et des crochets du droit. C'était pas sa faute: pauvre gars. Il avait fait un peu la guerre, puis il était devenu sdf. La guerre, c'est toujours une horreur. Et on en revient jamais. Il était resté en stress post traumatique pendant une bonne dizaine d'années, puis l'alcool avait achevé le reste. Merry, très croyante, en était tombée amoureuse, de ce gars tout paumé. « My street cat » qu'elle l’appelait. La mère de Joseph avait essayé de changer Bruce. Et Joseph lui même, aussi. La famille c'est sacré, surtout dans un gettho. T'es loyal ou t'es mort. Et puis, Joseph aimait encore son père quand il était gosse. Un enfant ça ressent la détresse. Plusieurs fois, il avait essayé d'arracher la bouteille du padre, de lui tenir la main pour l'emmener prendre l'air. Le gosse Joseph avait pas froid aux yeux. Il aidait comme il pouvait, planquait son père bourré dans la chambre quand des monsieur venaient pour de l'argent. Le salon était rempli de poubelles, de mégots partout, à même le sol. L'urine et le vomit, l'alcool et le tabac, tout ça piquait les narines dès qu'on pénétrait chez les Harris. Merry était devenue obèse en noyant son chagrin dans la nourriture bon marché. Bruce et Merry avaient eu trois enfants: Claudia, Joseph et Tracy.
On le sait. L'alcool ça rend con. Parfois violent... D'année en année, on peut pas dire que Bruce était sur la bonne pente. Il avait déjà levé la main sur sa femme quand elle était en cloque la première fois. Mais Merry était du genre a se laisser marcher dessus. Elle avait pas de force mentale et imaginait que son connard de mari pouvait changer, et changerait quand il serait père. Le premier enfant était né. Les pleurs, le manque d'argent, la mine patibulaire de Merry, ça agaçait le papa, tout ça. Ça l'empêchait de bien entendre son émission en buvant son verre. Ça gâchait son plaisir. Alors il se levait, foutait une tarte à Merry, prenait et secouait le gamin, en leur demandant d'aller voir ailleurs dans Maryvale ou de se la fermer. Quand Joseph vint au monde, et puis Tracy, le padre se mit à taper plus fort encore. Il en pouvait plus du boucan, trop fatigué de tout ça....
En grandissant, Joey n'avait plus supporté de voir sa mère et ses sœurs se prendre les coup de Bruce. Petit à petit, il prenait la place d'une seconde figure d'autorité. Mais dès qu'il se mettait entre Bruce et les filles, le père entrait dans une rage encore plus noire, ne voyant en son fils qu'un traître bon à rien, faible et insolent. Chaque année, c'était plus violent. Une côté fêlée, puis une commotion cérébrale. Des hématomes de tentative d'étouffement. Mâchoire fracturée..... A Phoenix, une rivière coule. L'eau en est salée. Parfois il allait voir, et songeait à la chanson "cry me a river...". Cet eau impure, ces larmes. Putain de vallée du soleil.
J'ai dis que la vie de Joey c'était un roman gris, chiant et malheureux. Car tout aurait pu s'arranger. Il aurait pu partir à ce moment là. Mais on ne laisse pas trois filles avec un Bruce. Joey resta encore. Il eu treize ans. Puis quatorze. Plus son paternel tapait, plus il défiait l'autorité. Il commença a délaisser l'école, tout en se mettant à traîner dans les rues avec des copains. C'est vers cet âge là qu'il eu ses premiers ennuis, d'abord avec les profs. Joseph était pas réellement un cancre. Il s'en foutait pas non plus. Non, ce gosse était intelligent et vif d'esprit. C'est pour ça qu'il traînait dans les rues au lieu d'apprendre : l'école c'était pas pour lui. C'était pour ceux qui pouvaient se payer l'université, ou qui étaient assez fort pour faire des études en bossant en même temps, pour ceux qui parlaient bien, qui avaient une bonne tronche. Lui, il misait sur ses mains. Il ferait un truc cool quand il serait plus grand, un truc d'homme fort. A la télé, il voyait souvent des émissions sur des gros bûcheron en Alaska. Il aurait aimé avoir un papa comme eux, grand et fort qu'on emmerde jamais, qui n'a pas peur et qui n'a pas besoin de taper sur des faibles. Quelqu'un qu'on ose même pas chercher.
Ses sœurs aussi s'étaient mises à vagabonder. Joseph avait quinze ans. Il avait ce côté rieur et un peu blasé des ados des rues. C'était la période bénie où il piquait de l'alcool, empruntait des voitures pour rouler à fond dans les rues. Sa grande sœur Claudia était partie faire une soirée un peu plus près des quartiers riches. Elle aimait bien draguer et se faire payer des verres dans les "bars de bourges". Joey ne comprenait pas ça, mais il respectait. Lui son truc c'était plutôt d'aller dans les zones désaffectées avec les copains. Cette nuit là, Maryvale semblait en suspend. D'habitude, on entendait toujours des sirènes de flic, des engueulades, une sono à fond quelque part. Ce soir là, rien. Et c'est dans cette atmosphère de solitude qu'on entendit une explosion. De grandes flammes rouges éclairèrent un bout du ghetto. Une voiture avait percuté un camion citerne, et les véhicules avaient fait s'écrouler des poteaux électrique. Joseph et ses potes étaient montés en haut d'un immeuble, par les escaliers de secours. Ils voyaient la scène au loin. Les secours donnèrent cette explication: l'électricité des poteaux renversés avait dû mettre le feu à la voiture, qui perdait de l'essence suite au choc. Ce premier feu était la cause de l'explosion du camion citerne éventré. Claudia était dans la voiture, morte sur le coup probablement. Joey se retrouva seul. Sa grande sœur l'avait souvent conseillé. Elle avait un peu plus de vingt ans et était restée à Maryvale pour aider sa mère. C'était une personne sur qui Joseph avait toujours pu compter. C'est elle qui s'en était occupé la plus part du temps. Là, il était tout à coup le capitaine d'un bateau qui coule. Pendant un ans,il s'enfonça dans un mutisme effrayant. Ses yeux brûlaient de vide, rien ne transparaissait à part la violence. Il voulait détruire, broyer et déchiqueter tout: les alcooliques, ses parents, les camions citernes, les filles qui allaient dans les quartiers bourgeois, les femmes trop grosse, les animaux. Il se mit à en vouloir à la terre entière et s'éloigna de ses anciens potes. Le chagrin le consumait. C'était un ado endeuillé, battu, fils de rien, sans avenir. Il se sentait seul, seul et insignifiant. A qui demander de l'aide ? Aucune aide possible. Il fallait qu'il trouve un moyen d'exister.
A cette période, il changea. Il se trouva un surnom, « Joey », et se mit en quête de faire voir aux gens qu'il prendrait une place dans le monde, même si on lui en avait pas donné. Il commença par taguer son surnom où il pouvait : arrêt de bus, école, ponts, routes, façades de maison. Puis, toujours en solitaire, il se mit à chercher de l'adrénaline. Il voulait qu'on le remarque. Par exemple, il attendait que les flics entrent dans une supérette ou un immeuble, pour taguer leur caisse avec ces quatre lettres : J.O.E. Y.
Mais il ne se fit pas arrêter. Alors il se mit à réfléchir. Que faire pour qu'on le remarque ? A ce moment là, il se mit à casser des trucs. D'abord des petits trucs, comme rayer des voitures ou crever des pneus. Mais là encore, c'était pas suffisant. Alors il se mit à casser des vitrines la nuit, des vitres de voiture, des rétroviseurs. Toujours rien. Il redoubla d'efforts, cassa des gouttières, dévasta des jardins. Il tenta d'allumer des feux. Mais personne ne remarqua ce gamin qui se débattait contre l'oubli.
Par désespoir, il fit ce que fait un gamin. Quelque chose de pas réfléchi, quelque chose de débile et qui marche. Il devait être 22h. Il chercha une grosse pierre, et maqua au style noir, sur un papier :« JOEY without E, it's JOY. ». Il emballa le caillou dans la feuille, enroula le paquet de scotch, puis se dirigea vers le commissariat. Arrivé là bas, il se planqua derrière une des voitures à l'arrêt, pris son élan, et envoya la pierre dans une fenêtre éclairée. Son regard scrutait un mouvement des locaux attaqués, et il ne vit pas le policier arriver derrière lui. Une grosse main lui empoigna le bras et le tira violemment. Sans comprendre, il était au sol, immobilisé par une clé de bras, et on lui passa les menottes.
Joey fut envoyé devant une policière, qui l'interrogea longuement sur son acte. On fit venir ses parents. Joey était persuadé que c'était sa mère qui viendrait. Malheureusement pour lui, ce fut un Bruce un peu éthéré, en belle chemise pour l'occasion, qui vint chercher le p'tit délinquant. Bruce s'excusa du dérangement et de son état d'ivresse, prétextant une fête de mariage. Arrivé à la maison, il frappa son fils pendant une heure. Joey s'était pris la plus grosse dérouillée de sa vie. Merry dû même l'emmener à l’hôpital, et passa son temps à râler sur Joey, comme quoi il coûtait cher avec ses conneries.
Joey avait sans doute atteint ses limites. Il cherchait à présent des solutions pour se faire de l'argent et se casser de là avec sa petite sœur. Il était trop jeune pour trouver un vrai job, il était trop faible pour fuguer avec Tracy sur les bras. Alors, il se dirigea vers le plus vieux moyen d'avoir ce qu'on ne peut pas gagner : le vol.
Il travaillait toujours en solo. Sa confiance en autrui était réduite à néant. Il se mit à cambrioler des voitures. C'était facile et pas dangereux. Il brisait une fenêtre ou crochetait la porte avec un cordon quand il y avait une alarme. Puis il fouillait la boite à gans, les portières, le coffre en passant par l'intérieur. Ce qu'il trouvait, il le revendait chez un brocanteur. Guitares, raquettes de tennis, vêtements, cd, radios, lunettes de soleil, bijoux....
Les mois passèrent, et puis il décida de s'attaquer à plus gros. Le cambriolage en solo c'est toujours du suicide, mais ça, il ne le savait pas. Les deux premiers coup, il avait pris toutes ses précautions. Les proprios n'étaient pas là, il n'y avait pas d'alarme, et son méfait fut un succès. Mais à la troisième fois, il fut moins prudent. Il avait pris un peu trop d'assurance. Il oublia se laisser sa lampe torche vers le sol. Quelqu'un vit les lumières suspectes, et décida d'appeler la police. On le fit passer devant le juge, il avoua ses crimes, et se prit un avertissement et des travaux obligatoires. Il devrait repeindre des locaux du commissariat et ne devrait sécher aucun cours.
Lorsqu'il avait seize ans, il déroba une bouteille d'un mauvais whisky chez un voisin. Même s'il ne cambriolait plus, il n'éprouvait aucune gêne à prendre ce qui lui faisait envie chez des gens. Le voisin avait fait un barbecue auquel la famille Harris avait été invitée. Joey était entré subrepticement pour sois disant aller aux toilettes. Sa rage avait fait place à une tristesse compacte, dure et pragmatique. Il était toujours en quête de solutions. La fête s'acheva, tout le monde rentra, mais Joey décida d'aller se balader. Il s'enfila le whisky et l'ivresse s'empara de son esprit. C'était comme un rêve bizarre. Tout semblait bouger par séquences, les lumières oscillaient. Il se sentait rempli d'une chaleur étrange et ses problèmes semblaient pouvoir être résolu, facilement, là, tout de suite. Un idée lui traversa l'esprit. Bruce, son incapable de père, ce type qui lui gâchait la vie... il allait mourir ce soir. Et tout irait mieux. Il lui fallait une arme.
D'abord, il pensa à trouver un flingue. Mais c'était pas vraiment possible. Il fallait connaître une planque pour la voler chez quelqu'un... ou tuer un flic. Joey rigola de son idée. Il avait jamais tué personne et s'attaquer à un gars entraîné c'était stupide. Il rentra chez lui dans l'espoir d'y trouver quelque chose.
Sa mère tentait de faire la cuisine, mais mangeait les saucisses crues en attendant que l'eau boue. Sa petite sœur dormait dans la chambre. Et Bruce était étalé dans son fauteuil, entre les bouteilles et les poubelles. Il semblait somnoler en cuvant. Joey s'approcha. Le vieux avait l'air ...pfff. Dégueulasse, inoffensif, minable. Un raté, une ordure, une souillure de l'humanité. Une tare. Tandis que les insultes traversaient l'esprit de Joey, son envie de meurtre s'empara de son cerveau. Près de la porte d'entrée il y avait une boite à outil ouverte. Joey vit le tournevis posé là, comme ça. Sans réfléchir, il s'en empara, et enfonça l'arme dans le cou de Bruce. Le vieux se réveilla et se tordit de douleur en portant ses mains à sa jugulaire. Il y avait du sang partout. Merry arriva en courant, les doigts pleins de gras de saucisse, et la petite se mit à pleurer en rentrant dans la pièce. Les filles regardèrent Joey avec effroi et le père tomba dans les pommes.
"Ben quoi! C'est un connard. Ils nous frappe tous, il fallait que je fasse ça.... je devais le faire. Me regardez pas comme.... je ne suis pas un bâtard de monstre. P'tin..."
La tête de Joey se mit à tourner, il gerba sur le sol et se mit à pleurer, avant de s'élancer vers Bruce pour stopper l'hémorragie. Merry appela les secours et emmena Tracy plus loin.
Joey fut mis en examen. Bruce s'en était sorti de peu, mais devrait rester un bon bout de temps à l’hôpital. On décida du sort du gamin lors d'un procès rapide. Il fut condamné à deux ans de prison ferme pour « tentative d'homicide avec arme par destination ». Durant ses deux ans de tôle, il n'eut aucune visite, ni de ses anciens amis d'enfance, ni de ses parents et de sa petite sœur, ni de ses voisins. La vie était dure à la prison, d'autant qu'il était un « recluse ». Dans la prison, les recluse, c'était les sans gang, sans club, sans rien. C'est à dire qu'il n'avait aucune protection. En général, un recluse ça tenait deux mois grand max, avant d'avoir une langue coupée, le sida, ou d'être tabassé à mort. Mais Joey était débrouillard. Il savait pas faire grand chose, mais il savait chiper des trucs en douce et inventer des plans sérieux. Il avait réussi à rendre intéressant son rôle de recluse. Comme il avait aucun intérêt ni parti pris, il était un outil confortable et sûr pour faire passer des infos dans tous les sens. Il était neutre et fermait sa gueule. Ça en faisait quelqu'un de confiance. Son boulot c'était de transmettre des infos sans que ça se sache. Quand un membre d'un groupe voyait quelqu'un de l'extérieur, il y avait forcément une surveillance énorme. Alors Joey fit le pigeon voyageur. Les groupe envoyaient des filles de l'extérieur, et il se faisait facilement passer pour un ancien coureur de jupon. Personne ne se méfiait chez les gardiens de la prison. Il passait entre les mailles de tous les filets. Les gang étaient content, l'info circulait bien dans et hors de la prison. Il passa les deux ans presque les mains dans les poches, car personne n'avait intérêt à perdre l'oiseau voyageur. Il s'était rendu indispensable pour tout le monde. Au fond de lui, il était toujours triste. Comment il en était arrivé là ? Il était toujours seul, aussi. Indispensable aux autres, mais seul. Au final, c'était pas bien différent de quand il était chez lui, indispensable pour sa mère et ses sœurs, mais seul. A part qu'en prison, il avait maté les Bruce par sa stratégie.
Joey eu 18 ans. Il sortit de prison, et sa première envie fut de revoir sa petite sœur Tracy. Il n'avait pas d'argent, et se tapa la route de la prison jusqu'à chez ses parents, à pieds. C'est Merry qui ouvrit la porte, et la ferma presque aussi tôt. Merry ne voulait plus voir son "assassin de fils". Elle lui demanda de partir et de ne plus jamais foutre les pieds à Maryvale. Lorsque la porte claqua, Joey se mit à rire fortement. Tout ça pour ça. Tout ça pour ça... Il entra dans une nouvelle phase. Après la colère, puis la tristesse, il goûtait pour la première fois au charme doux-amère du vide intérieur. Il n'était plus qu'un misérable cafard incapable de sauver sa petite sœur de ce cauchemars. Il n'avait même pas pu la voir. Même pas une seconde.
Abandonné, trahi... Joey se voyait comme la coque vide d'un tatou écrasé sur la route. Mort à l'intérieur, piquant à l'extérieur.
Il était là, comme un con, sur le perron. Il n'avait plus rien, et nulle part où loger. Il se mit à marcher en direction d'un ailleurs. Un panneau indiquait le quartier d'Estrella, au sud de Maryvale, le quartier où se trouvait la prison. Il fit donc demi-tour.
Il se mit à vivre comme un sdf. Il fouillait les poubelles, buvait ce qu'il trouvait, faisait la manche un peu. Il marchait depuis plusieurs jours,et se trouvait au bord d'une grande route déserte, quand tout à coup une moto passa à toute vitesse. Au même instant, Joey vit une bestiole qui traversait, une sorte de chèvre. La ville s'étendait aux abords de grandes montagnes terreuses et sablonneuses. Le motard n'eut pas le temps d'éviter l'animal, et la chute fut inévitable. Joey se mit à courir pour porter secours au type. Au loin, il entendit des sirènes. Le gars devait être en fuite. Même si c'était pas son problème, il était comme ça le Joey. Depuis la prison, il avait appris un truc : il était dans le camps de tous ceux qui étaient contre les flics. Le gars était inconscient. Et les sirènes approchaient. De part et d'autre de la route, on voyait des buissons épineux. Il pris le gars sur les épaules difficilement. Il pesait quand même un bon poids. En courant comme il pouvait, il s'enfonça dans le buisson épineux. Il posa le type et eu tout juste le temps d'aller rechercher la moto, et de tout planquer, y compris lui, dans le buisson. Il se mit à plat ventre et observa la route. Une minute de plus et c'était trop tard. Trois voitures de flic passèrent en trombe. Puis plus rien.
Joey attendit un moment, le cœur prêt à exploser. Il était en nage. Son regard alternait entre le motard et la route. Quand il se calma, il tira le corps du buisson, et fouilla le gars. Il avait un téléphone sur lui, un prépayé. Il retourna la bête et regarda son blouson. « Eagles Blues », 1%. Le mec était d'un gang. Joey tenta de se calmer. Si il appelait pas, le gars risquait de crever de ses blessures ou de soif. Si il appelait et que le gars mourrait quand même, on pourrait penser qu'il l'avait buter. Mais alors, pourquoi aurait-il appelé ?.... Ouais, il allait faire ça. Il ouvrit le téléphone. Le gars n'avait aucun contact, mais il y avait plusieurs appels d'un même numéro. Il tenta et tomba sur un certain Graam. Il expliqua la situation.
Une heure plus tard, il vit au loin une grosse bagnole aux vitres teintées. Elle s'arrêta à son niveau et une vitre se baissa. Un mec le braquait.
-c'est toi Joey ? Il est où notre pote ?
Joey fit un signe de la main et montra les buissons. Il fut fouillé, et emmené au club pour lui poser des questions. Heureusement pour lui, le gars qu'il avait secouru s'en sorti. Le patron, Graam, vint voir Joey dans la soirée. Il lui servit une bière, et lui demanda de lui raconter sa vie. Joey s’exécuta. Il n'avait rien à perdre, et c'était la première fois que quelqu'un semblait s'intéresser à lui. Graam lui demanda alors s'il avait des projets dans la vie. Quand Joey lui confia à quel point il était paumé, Graam lui proposa d'entrer dans le club, à l’essai. D'abord, il fut un peu mis à l'écart. Il bossait pour le club mais ne trempait dans rien de trop secret. Il était pas dans les affaires importantes. Il faisait des travaux chez les membres, de la peinture, de la compta, et quelques extra comme par exemple, se débarrasser d'un corps. Peu à peu, on le mêla à des missions plus périlleuses comme suivre un mec, prendre des infos sur un gang, parlementer ou apporter du fric à quelqu'un. Il fut promu « prospect », c'est à dire membre à l'essai officiel.
Joey se fit entraîner dans des plans foireux, et se mit à consommer des trucs douteux. Il admirait un peu les autres gars, ceux qui avaient du cran, qui semblaient se plaire dans l'ambiance glauque du coin, qui avaient pas peur des histoires et qui assumaient tout. Il montait très lentement dans la hiérarchie. Dans le club, il fallait faire ses preuves. Mais lui s'en foutait. Il était loyal mais n'en faisait pas trop. Il jouait pas au héro et ne cherchait pas à se faire bien voir. Il s'écrasait pas plus que nécessaire pour « monter ». Il devint un membre officiel à vingt et un ans. Graam avait préféré attendre sa majorité. Normalement, on restait prospect un ans à peu près. Mais Graam voulait protéger un peu le p'tit, et le tenir loin des décisions du club.
Tout allait un peu mieux pour Joey. C'était pas la vie de rêve, mais il avait une famille, un toit et de la bière. Manquait plus que la fille.
Joey avait un dégoût des nanas. Quand il se rapprochait d'une gazelle, c'était une prostituée. Et il lui fallait bien trois grammes dans chaque bras pour bander. Sinon, à jeun, si la fille était un peu trop en chaire il avait en tête l'horrible image de sa mère obèse et triste, soumise et pleine de bleus. A chaque fois, il avait eu une panne. Si la fille était canon, avec des jambes fuselées et si elle était douce, il repensait à Claudia, sa grande sœur morte. Il devenait rouge, crachait, et s'arrêtait de suite. Ça finissait par un "c'est bon, casse toi." suivi d'une liasse balancée à la gueule de la fille qui n'avait rien demandé.
Dans sa jeunesse, il tomba amoureux. Une seule fois. Elle s’appelait Juliana. C'était une hispanique, immigrée clandestine, qu'il avait trouvé en pleurs complètement défoncée, assise devant un bar de nuit. Il était bourré et l'avait ramené chez lui en la portant. Le Joey normal l'aurait allongé et baisé. Mais quelque chose l'empêchait de faire ça. Il l'allongea sur son canapé et lui apporta de l'eau. Il la veilla toute la nuit. Le lendemain, personne ne vit Joey au club, et il inventa une excuse nulle, du genre qu'il était malade. Un des gars du club lui l’appela pour lui demander si elle était jolie. Personne n'était jamais malade au point de pas se traîner jusque au club. Ne serait-ce que pour voir les potes en cuvant sa grippe dans de la bière. On vit Joey changer, devenir souriant et toujours de bonne humeur, faire les magasins pour ramener des cadeaux à la nana. Il se mit à cuisiner, à rentrer tôt et sobre. Un seul sourire de Juliana suffisait à Joey pour être heureux une semaine. Il n'osait pas la toucher, se montrait doux face à elle. C'était à mourir de rire, ce type qui était d'habitude un connard avec les filles, devenir le toutou d'une gonzesse avec qui il ne faisait rien. Souvent, le soir Juliana lui racontait sa vie. Elle était bavarde maladive. Joey, de son côté, écoutait sans broncher, le regard plongé dans les yeux noirs de Juliana, et souvent aussi plongés dans son décolleté.
Un soir, il rentra un peu plus tard, et un peu bourré. Il avait pu louer une petite maison non loin du club. Juliana l'attendait en sous vêtements sur le canapé. Elle avait visiblement compris qu'il n'oserait rien tenter, et avait décidé de prendre les choses en main. Elle s'approcha de lui, et Joey, au lieu de l'embrasser comme l'aurait fait n'importe qui, l'enlaça longuement. Le couple s'en alla dans la chambre et il dévora Juliana. Elle avait de magnifiques fesses et des seins lourds, aux bouts sombres. Il plongeait son visage dans sa chevelure noire, pour en sentir le parfum. Ses grandes mains couraient le long du ventre de sa poupée. Il mordillait ses lèvres et son cou, ses lobes d'oreille. De sa voix rauque et fracturée, il lui murmura un "Je t'aime." Il adorait se mettre sur elle et la regarder jouir. Pour la première fois de sa vie, il se sentait important et nécessaire. Il se sentait puissant et viril. Il apportait quelque chose de profond et d'important à quelqu'un.
Ils restèrent deux ans ensemble. Mais hélas, au bout de deux ans, la vie du club vint empiéter sur celle de Joey. Il y avait eu une embrouille avec un gang ennemi, qui accusaient à tort les Eagles de l'enlèvement et du meurtre de la femme d'un membre. Joey avait passé la journée sur un autre problème : une livraison difficile d'héroïne avec un cartel de drogue mexicain. Il fallait organiser le passage de la frontière. Il rentra tard, épuisé. Joey éteignit le moteur de sa moto, enleva son casque, et s'approcha de sa maison. C'est alors qu'il vit la porte défoncée. Il se précipita dans le salon. Juliana était étalée sur le sol. Sa robe blanche était teintée de trois énormes taches rouges, et une flaque sombre s'étendait jusqu'à ses cheveux. La pauvre clandestine baignait dans une mare de sang. Joey mit sa main sur son visage, horrifié. Il tenta de s'approcher. Recula. Fondit en larme et se mit à serrer le plus fort possible Juliana dans ses bras.
Jusqu'à ses 25 ans, Joey resta sombre. Il continuait son travail au club. De toute façon, il n'avait nulle part ou aller. Et quitter une organisation du genre, c'était quasiment impossible. Le temps effaça peu à peu son amour de jeunesse, et referma les plaies. La drogue aussi. Il se mit à en consommer assez régulièrement. Mais d'autres choses aidèrent Joey à se remettre de la mort de Juliana. Cette année là, Joey eu des nouvelles de sa petite soeur Tracy. Elle était partie vivre à Atlanta, et se mit à l'appeler régulièrement. Elle avait une nature douce et enjouée, et le remercia. Il avait fait ce qu'il avait pu pour la sortir de là. Finalement, elle s'en était tirée toute seule.
Il fit également connaissance avec quelqu'un d'important la même année.
On dit souvent qu'un chien choisit son maître. C'est un peu ce qui s'est passé quand le "briseur de crâne" est arrivé. Un jour, un gars super grand est entré dans le groupe de Graam. Il s’appelait Gary. Joey l'avait d'abord trouvé louche. C'était le genre à avoir l'air taré mais imposant. C'était clair: Gary voulait se faire une place dans la ville. Il avait ce truc du mâle alpha qu'il faut pas emmerder. Comme tous les autres, sa vie c'était un gros chaos bien dégeu. Joey était intrigué. Un soir, il y eu une bringue au club, et tout le monde alla se coucher sauf Gary et Joey. Alors, ils discutèrent. Longtemps. Jusqu'à l'aube. Ce jour là, c'était clair: Gary serait son maître et son meilleur pote. Ils étaient différents... Gary s'était barré de chez lui, Joey avait attendu de se faire foutre à la porte de chez ses parents. C'était comme ça : Gary avait du cran et savait ce qu'il voulait. Pas Joey. Gary avait l'air fou et fort, il avait du charisme. Pas Joey. On dit souvent qu'on s'attache au autres, parce qu'ils ont un truc qui nous manque. Clairement, Joseph Joey voyait en Gary ce qu'il aurait aimé être.
Graam, le patron, vit rapidement que les deux bonhomme s'entendaient comme jamais. Il se mit à les foutre en duo pour les affaires. A partir de ce moment, le duo Joey-Gary se fit connaître. Pour les embrouilles d'affaires et d'amour, c'était Joey qui aidait Gary. Pour les embrouilles de flic et de drogue, c'était Gary qui aidait Joey.
Les deux lurons ne se quittaient plus. Ils bossaient le jour et sortaient dans des bars le soir, regardaient des match de football américain, et s'amusaient d'un rien. Un soir, ils avaient décidé de se bourrer la gueule pour fêter la fin d'une mission. Pour marquer le coup, Gary avait proposé d'aller dans le centre de Phoenix, dans les quartiers un peu moins crades de la ville. Ils firent la connaissance de deux amies : Rose et Lara. Gary tomba immédiatement fou de Rose. C'était une infirmière souriante et plutôt gentille, avec un sacré caractère. Joey, voyant Gary et Rose en pleine idylle, décida de s'occuper de cette charmante Lara. C'était une fille un peu sauvage, type croqueuse d'hommes. Elle avait pas l'air chiante et ne semblait pas vouloir un truc sérieux. Joey ne pouvait pas retomber amoureux. Le souvenir de Juliana était encore trop frais. Mais il acceptait volontiers de se changer les idées. Lara lui paraissait parfaite pour ce projet. C'était une fille sexy et pas prise de tête. Un vrai jouet. Ils couchèrent ensemble le premier soir. Et se fréquentèrent très souvent. Elle avait un caractère bien trempé, et lui susurrait des mots du genre "Prends moi là, mon loup." Ouais, c'était le genre carnassière, qui aimait le cambouis et la transpiration. Joey et Lara se voyaient comme deux bon potes qui prennent du plaisir ensemble. Rien de vraiment sérieux. Au début, Joey trouvait ça cool. Lara avait tout pour plaire, c'était une chic fille avec un caractère de teigne. Mais on s'en foutait de ce qu'elle pouvait penser, quand elle avait ses lubies de latex et de plumes. C'était une vraie chaudière à la croupe de pure-sang. Une baby-doll à l'ancienne, pas très douce. A chaque fois que Joey se la tapait, il plongeait dans un autre monde, et ça atténuait ses souvenirs de sa mère et de sa sœur. Grâce à Lara, il oubliait peu à peu son dégoût des femmes et son histoire avec Juliana. Lara avait ce don incroyable de faire fermer la gueule à l'inconscient de Joey. Mais peu à peu, la relation devint malsaine. Lara était du genre dominatrice, avec quelques penchants bizarres. Une cochonne un peu hard, remplie de sadisme. Le jeu sado-maso vira lentement à quelque chose de trash, et parfois elle forçait un peu la main à Joey. Une authentique timbrée, nymphomane comme pas deux, toujours souriante et ouverte. Joey dû plusieurs fois prendre ses distance, mais à chaque fois la belle nymphette l'appelait, et lui donnait rendez-vous, une bouteille et de la coke, en petit string à dentelle sous son manteau.
Mais le bonheur dans la vallée du soleil, ça ne survit pas. Le jour où Gary rendit visite à Joey avec un sourire jusqu'au oreilles, pour lui annoncer -une bouteille à la main- qu'il allait être père, Joey mima un sourire. Il se bourra la gueule avec Gary pour fêter ça. Mais lorsqu'il fut seul, il se mit à chialer comme un putain de gosse. Quelque chose s'était passé dans sa tête, et pendant plusieurs jours, il eu du mal à détacher l'image de son propre père de celle de Gary. L'image paternelle lui était insupportable. Il savait que Phoenix, c'était la pire des villes pour un gamin. Que dirait-il au gosse de Gary? Comment un gamin s'en sortirait au milieu des Eagles, alors même que le groupe n'avait pas pu protéger Juliana ? Et si Gary pétait un plomb ? Mais l'entrain de Gary fini par rassurer Joey. Non,Gary ne se changerait jamais en Bruce. Il était tordu et un peu porté sur la boisson, mais Joey aussi, au fond... Ouais, ils étaient violents. Mais Gary avait jamais levé la main sur Rose, et ne le ferait jamais. Joey le savait. Les seules fois ou Gary se battait avec Joey, c'était parce que Joseph Joey avait déconné sec. Jamais Gary ne tabassait gratuitement. De plus, Joey avait appris. Il pourrait protéger le gosse de son pote. Il le devait, coûte que coûte.
Rose accoucha dans l'année, et Joey pu tenir un bébé pour la première fois. Norman, le mini-Gary. Parfois, on laissait Joey s'en occuper, et il était ravi. A cette période, le club fut étonné de voir Joey s'adoucir. Il consommait moins, et semblait vivre au travers du bonheur de Gary et Rose.
Pourtant, la misère guettait, attendant le bon moment. Joey avait toujours l'impression qu'une chose tapie dans l'ombre attendait que tout ce petit monde ait à nouveau assez d'espoir et de bonheur, pour anéantir d'un coup ce qui avait été construit. Il se demandait, au fond de lui, jusqu'à quand ce bonheur durerait. Il avait ce caractère torturé contre lequel il luttait. Quand tout allait mal, il gérait. Il avait pris des habitudes et était réactif. Le nez dans l'action, tout roulait. Mais dans ces périodes d'accalmie, il devenait soucieux, angoissé de l'avenir. Il avait du temps pour penser... penser qu'il avait des choses à perdre. Joey avait atteint la trentaine, et Norman, le petit de Gary, avait à présent sept ans.
Rose avait commencé à en vouloir au club. La vie de hors la loi débordait trop souvent sur sa bulle familiale, et parfois sa relation avec Gary en était ternie. La rivière salée de Phoenix s'assécha. Le club eu des emmerdes lourdes cette fois, avec des problèmes financiers, des problèmes de justice, et un danger pour les familles à cause d'une livraison ayant mal tourné. Rose se cassa avec son amie Lara et son fils Norman à Seattle pour se protéger. Gary devint sombre et Joey devint dangereux. Il reprit sa consommation plus fortement. Joey se mit à fréquenter des prostituées pour remplacer Lara. Bizarrement, le fait que tout aille mal rapprocha encore les deux amis, qui se mirent à s'appeler "frangin!" "frérot" et "mon frère". Sans oublier le " Hey connard" affectif.
Il n'avait pas définitivement coupé les ponts avec Lara. Lara était sa meilleure amie, mais parfois, Joey avait envie de la cogner. C'était une fille, alors pas touche, qu'il se répétait dans sa tête. Mais c'était pas l'envie qui lui manquait. Pour se défouler et éteindre cette colère, il la baisait encore plus. Et le cercle vicieux continuait indéfiniment. Et puis.... Joey savait au fond de lui que Lara était dérangée. Elle était comme ça à cause d'un manque affectif flagrant. Et il savait trop ce que c'était d'être abandonné, pour faire subir ça à quelqu'un d'autre. Alors il restait auprès d'elle, et continuait d'aller lui faire ses petites visites à Seattle. Enfin, petites visites... Joey n'aimait pas l'avion. Parfois il était obligé pour gagner du temps, mais sinon il préférait encore se taper la route. 44 heures qu'il fallait pour l'aller-retour Pheonix-Seattle en moto. Autant dire que même si Lara voulait le voir souvent, c'était pas si facile. Ça, c'était le bon côté.
Les jours passaient rapidement. Joey ne s'ennuyait pas. Il consolait Gary du départ de Rose et Norman, faisait son boulot pour le club, et développa un passe temps: la sculpture sur bois. Il fit un totem pour le club, une table sculptée. Mais malgré toute ces activités, Joey se sentit lasse de tout, vieux. Un avait l'impression que tout le club sombrait dans un train-train chiant et que les beaux jours étaient à présent révolu. Le temps avait posé sur son univers de longues ailes grises, et il sentait les premiers signes d'un ennui inconnu, transformant toute activité en quelque chose de morne. Même les filles lui semblaient fanées. C'était peut être ça, la crise de la quarantaine?
A 38 ans, sans gosse, célibataire mais pompé jusqu'au sang par Lara, Joey se dit qu'il fallait qu'il se bouge un peu. Déjà, il fallait qu'il mette un terme à sa relation avec Lara. Il ne voulais pas le faire par téléphone, mais en face à face, ça serait trop dur. Hors de question d'écrire une lettre. Il n'avait jamais fait ça, et trouvait l'idée ridicule. Il opta à reculons pour le téléphone quand même.... Il devait être midi quand il composa le numéro. La jolie voix de Lara se fit entendre. Il fut prompt et directe. Il ne voulait plus coucher avec elle, mais elle resterait son amie. Il ne l'abandonnait pas, et l'aiderait à trouver quelqu'un de bien, mais pas lui. Lara n'était pas du genre à pleurer ni même supplier, auquel cas elle n'aurait probablement jamais plu à Joey. Il se fit incendier, elle le traita de connard, d'opportuniste, de macho, puis elle lui annonça que de toute façon, il reviendrait vers elle quand il en aurait besoin.
Joseph Joey raccrocha le combiné en souriant. Il s'était attendu à bien pire. Il passa son après midi au club. Le soir arriva vite, et tandis que le soleil déclinait, il prit sa moto pour aller jusqu'à un terrain vague aux abords de la ville. Il voyait les montagnes brunes d'un côté, et les tours du centre de Phoenix de l'autre. Il s'allongea à même le sol et se mit à méditer sur sa vie. La quarantaine approchait, et aucun de ses modeste rêve ne s'était réalisés. Le ciel étincelait d'une lumière rougeoyante, on aurait dit que Phoenix était baigné de flammes. Au loin, les chiens aboyaient. Joey murmura calmement....
"Dieu, j'crois même pas en toi. Mais si t'existes, t'es quand même un sacré trou duc. Je t' demande juste un signe, n'importe quoi. Un truc qui fasse bouger les culs de chez eux. Un truc qui change définitivement ma vie. Je sais pas, oblige moi à quitter Phoenix. Crame cette ville. Invoque un putain de cataclysme que même le président il pourra rien faire. Bah... j'dis ça comme ça. T'façon t'es qu'un trou duc. J'vois pas pourquoi tu m'écouterais.... mon bon vieux salopard. Amen."
Il resta là un moment, jusqu'à ce que le ciel vire au bleu, puis au noir. Il repris ensuite sa moto, et rentra chez lui. Ce soir là, Joey se sentait étrangement apaisé, comme si quelque chose allait se passer. Il était dans une attente sereine. Il aimait bien écouter la radio en sculptant dans son garage. C'était les infos. Il n'écoutait pas vraiment.... ça parlait d'intoxication alimentaire et de violence. Il ignorait qu'une chose effroyable était en marche depuis deux jours. Joey était absorbé par sa sculpture. Il avait du mal à faire les dents d'un chien sur lequel il bossait depuis deux semaines
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Tandis que le monde partait en couille, peu à peu les autorités diffusèrent des messages à la population comme quoi il fallait rejoindre des camps de réfugiés gardés par l'armé. La loi martial fut déclarée. Graam et le reste du groupe de motard n'avaient jamais eu une grande confiance envers la police et l'état. On dressa un état des lieux, et Graam demanda aux gars de rester soudés. Un flic, ça servait au mieux à cacher des meurtres pour calmer le jeu quand le ghetto était à feu et à sang. Un flic, c'était tantôt un ennemi, tantôt un demi-allié, l'affaire de quelques jours. Hors de question donc de traiter avec les poulets. Encore moins d'aller leur quémander une protection civile. Joey et Gary n'avaient pas vu ce truc venir. Tout semblait trop rapide. D'abord un truc sois disant alimentaire, puis c'était devenu un virus inconnu... qu'ils avaient dit.... et en deux trois jours, les premières émeutes, les barrages, les hélico, tout ça avait débarqué de nulle part.
Graam restait auprès de sa famille. Il avait un fils, Max, 14 ans. Et sa femme. Mais plus on voyait le grand patron inquiet pour sa famille, plus Joey remarquait que Gary était pensif. Et pour Joey, c'était pas difficile de deviner pourquoi. Il fallait que Gary retrouve Rose et Norman. De son côté, ça arrangeait Joey. Il n'avait pas parlé à Lara depuis qu'il avait mis un terme à leur relation, et ne voulait pas en prendre de peur que ça passe pour une excuse. Il ne voulait pas retomber dans ses griffes, mais son inquiétude pour Lara, Rose et Norman augmentait de jours en jours.
Un matin, Graam, le patron du club, annonça que sa femme avait chopé le virus, elle mourut peu de temps après. Graam enveloppa le corps dans un linge, et le mis dans sa voiture. Il voulait qu'on l'enterre dans la journée. C'était l'anarchie en ville, donc le club s'en occuperait. Il avait laissé la bagnole dans la cours, avec le corps de sa femme à l'arrière. Manque de chance, la portière était restée entr'ouverte. Joey de son côté était chez lui, et préparait ses affaires au cas où.. en suivant les infos, il voyait bien que la situation obligeait les gens à se tenir prêts à partir à tout moment. Les frontières étaient fermées, et plus aucun trafic aérien n'existait, à part pour les autorités.
Graam tint une réunion. Il fallait choisir entre rejoindre un camp de réfugiés, ou rester au club et se barricader. La discussion était houleuse, et le ton montait. Gary exprima son devoir de rejoindre sa femme Rose et son fils Norman. Tandis que les motards se foutaient sur la gueule verbalement, et se disputaient au sujet de la confiance qu'on pouvait ou non avoir envers les autorités, l'épouse de Graam entra dans la pièce. Elle semblait atteinte de cécité, et elle grognait. Personne ne savait vraiment si elle était consciente de son état. Le patron essaya de la retenir par les épaules, en lui disant de se calmer. Mais quelques motards échangèrent un regard dépité, plein de pitié pour Graam. C'était plus sa femme, c'était une chose, un démon ou autre. Un truc sauvage et diabolique. Ils étaient terrifiés. Et tendis que les gars communiquaient par les yeux, la bête se jeta sur Graam et arracha la jugulaire. Du sang gicla dans toute la pièce. Graam ne cria même pas. On entendit un gargarisme gluant, et il tomba, masse inerte, sur le sol. Le fils de Graam, Max, n'avait que quatorze ans. Il venait déjà de perdre sa mère. Il était à présent orphelin. La bestiole plongea sa tête aux yeux livides dans l'abdomen, et déchiqueta la chaire, prenant les entrailles à pleine mains pour les bouffer. Max resta bouche bée: sa mère était entrain de bouffer son père. Ça sentait une forte odeur métallique, à cause du sang. Ça sentait aussi la mort. Et puis a cause des entrailles de Graam, ça sentait la merde. Un des gars du club prit un fusil et tenta de tirer dans la poitrine de la femme de Graam. Mais rien ne semblait pouvoir venir à bout de la créature. Lorsqu'une balle se ficha dans la tête, elle explosa comme une pastèque. Couvert de sang, les gens se mirent à discuter de plus belle de la situation. C'était donc ça, le fameux virus. Discuter n'est peut être pas le mot. C'était l'anarchie. Le gang n'avait plus de chef. Quelques un se mirent a régler de vieux comptes, et on entendit des tabourets et des bouteilles voler. Pendant une heure, on discuta de ce virus. Chacun y allait de son commentaire, de ce qu'il avait entendu ou vu. C'était n'importe quoi. Certains parlaient de guerre bactériologique, d'autres d'extra-terrestres. Les théories du complot se mêlaient à de la science fiction... ça dura bien une heure. De son côté, Gary essayait d'appeler Rose, et Lara, tout en rassurant Max. Tout à coup, un râle se fit entendre, suivit d'un bruit étrange. C'était Graam. L'un des gars s'approcha, en murmurant de terreur: "putain de merde." Graam s'était mis à grogner, et avait ouvert les yeux. Mais ses pupilles semblaient vides. Il gesticulait des bras, l'abdomen a moitié dévoré, prisonnier sous le cadavre de sa femme. On lui colla une balle entre les deux yeux. Dans toute cette pagaille, Gary n'essaya plus de parlementer avec les autres. Il remis son téléphone dans sa poche, empoigna Max qui était piqué sur place, complètement tétanisé par l'horreur. C'était qu'un gosse, et Gary, en tant que père, n'avait pas réfléchi plus que ça: il fallait qu'il protège l'adolescent, et c'était le moment de se barrer. Il savait pas si c'était contagieux par l'air. Il venait d'y penser. En tout cas, rester au milieu des autres avec deux macchabées dans la même pièce, c'était pas une bonne idée.
Gary monta dans une voiture du club, plaça Max derrière, et fonça à 180km/h vers la maison de Joey. Il ne frappa même pas et entra directement dans la maison. Joey vit l'état de Max, les yeux de Gary, et les taches de sang partout. Aucun mot ne fut échangé. Pas besoin: Joey savait que le club était tombé, et si Graam était encore en vie, il aurait été là, avec son fils Max.
Il était temps de partir.
Joseph Joey pris donc la fuite avec Gary et Max en direction de Seattle. Rapidement, la ville de Phoenix fut rayée de la carte...elle et ses un million cinq cent milles habitants. Dans le tumulte de la survie, Joey perdit tout contact avec sa petite sœur Tracy. Il savait qu'elle était toujours à Atlanta. Joey songea à la rejoindre, avant de se raviser: elle était débrouillarde, pas comme Lara. Tracy était du même sang que lui. Elle finirait par le rejoindre tôt ou tard. Ils survivraient chacun de leur côté. Et puis.... la vie s'était chargée de les séparer. Joey songea un instant que lui et sa soeur n'étaient peut être pas fait pour vivre côte à côte. Après tout, ils n'avaient jamais eu de très longues conversations au téléphone. Il pensa au plus urgent: retrouver Rose, Lara, et Norman.
Le voyage vers Seatle fut rude. Ils étaient parti mi-octobre. L'hivers venait, c'était le bordel dans toutes les villes. Joey et Gary avaient vite compris qu'il serait plus prudent de prendre des petites routes et d'éviter les lieux peuplés. De nombreuses hordes se formaient un peu partout. Les premiers temps, on voyait encore des hélico et des tank. Mais peu à peu, les survivants se firent plus rare. Et le froid arriva. Heureusement, Joey et Gary avaient pris l'habitude des cambriolages et des situations tendues. Piller n'était pas un problème. Ils mettaient toujours Max à l'abri, bien planqué, puis partaient à deux. Hors mis cette histoire d'apocalypse, un autre problème de taille tomba sur Joey: l'addiction. Trouver de l'héroïne était presque mission impossible. Dans les pharmacies, il y avait parfois de la méthadone. Il fouillait tous les cadavres des gars avec une gueule de toxico dans l'espoir de trouver un fix. Leur voyage vers Seattle fut grandement ralentit par l'état de Joey. Gary et Norman se retrouvaient à devoir gérer des crises de manque terribles. Plusieurs fois, Joey avait proposé à Gary de le laisser derrière, et de les rejoindre plus tard à Seattle. Mais la réponse de Gary restait la même: "on reste à trois."
Mi-décembre, ils arrivèrent au Centurylinks Field. Le petit groupe pu s'y reposer un peu. Joey, Max et Gary retrouvèrent Rose, Lara et Norman. Dans ce camps, plus moyen de se procurer quoi que ce soit comme drogue. Les entrées et sorties étaient sous haute surveillance. Il décida alors de se sevrer à la dure. Il demanda à Gary de l'attacher à un poteau électrique. Gary étendit quatre draps autour de son ami, tenus par des bâtons et des fils, pour lui donner un peu d'intimité. Et là, Joey passa les dix jours les plus horribles et les plus violents de sa vie. Son corps réclamait. Il vomissait, il avait la chiasse. Des courbatures électriques lui traversaient le corps. Il se tordait. Gary montait la garde et expliquait aux gens. Tout le monde avait peur que ça soit un mordeur ou un contaminé. Il transpirait de partout et abondamment. Lara, Rose, Gary, tous les trois s'occupaient comme ils pouvaient de Joey. Ils lui avaient fait une espèce de paillasse, et passaient leur temps à changer et laver les draps et les habits dans des petites bassines. Joey était en nage, plongé dans des délires et des cauchemars indescriptibles. Lara le faisait boire à petite gorgées, et tentait de lui donner de petits bouts de pains. Parfois ça passait, parfois il vomissait. Joey perdit beaucoup de poids. Le sevrage à la dure pouvait être mortel. Gary avait d'ailleurs un couteau, et avait passé le deal avec Joey: s'il mourrait en sevrage, Gary devait faire ce qu'il avait à faire. Mais Joey avait une bonne condition physique. Il devait survivre, il le pouvait. Le 25 décembre, alors que le camps tentait tant bien que mal de se souhaiter un joyeux noël, Joey réussi à se mettre debout. Il se leva lentement. Son teint était livide, de grandes cernes bleues s'étendaient sous ses yeux fatigués, et ses lèvres étaient d'une pâleur et d'une sécheresse effrayante. Il avait les joues creuses. Revenu des morts, il enlaça ses amis, et se remit à manger. Hélas, il eu à peine le temps de récupérer.
En janvier, le camps fut touché par une épidémie. Le nombre de rôdeurs augmenta encore. Et la situation devint vite ingérable. Les morts entraient, la contamination se fit rapide. Il y eu des émeutes. Dans la panique générale, Joey fit la connaissance de Kassandra. Pendant l'invasion du camp, Joey, Gary, Kass, et Max réussirent à s'enfuir. Hélas, dans le tumulte, le groupe perdit de vue Rose, et elle fut considérée comme morte.
Les survivants réussirent à atteindre la station de ski Evergreen Ridge.
Joey n'avait jusqu'alors jamais eu de problème d'intégration. On voyait de suite que c'était un type bien, loyal, marrant, pas chiant. Mais à Evergreen, il rencontra le monde. Il avait toujours évolué au milieu des crevards, des gangsta, des rebelles et des marginaux. Il avait intégré les codes. A Centurylinks Field, il navait pas trop fricoté avec les autres survivants, se contentant de suivre Gary partout, de rire avec Gary, de manger avec Gary. Mais depuis sa rencontre avec Kass, une nouvelle chose l'obsédait: son origine. Comparé à ceux qui avaient eu une vie bourgeoise, pleine de voyages et d'aventures, il se sentait minable. Malgré le chaos dans lequel le monde était plongé, et alors même qu'il aurait du se sentir Survivant, et doublement survivant suite à son sevrage..., dans le miroir il ne voyait que trois mots. "beauf" "drogué" "crétin.". Les débuts avaient donc été difficile. Son caractère restait jovial et plutôt courtois. Il se concentrait, comme d'hab, sur les solutions à apporter aux problème de clan. Il était l'ouvrier, quoi. Comme d'hab. Ouais... comme d'hab. Il suivait. Mais ça le rongeait de l'intérieur, et de plus en plus. Il ne voulait pas devenir un pingouin en costard, ça non. Mais il voulait être accepté comme une espèce de héro, comme un homme fort. Etre un Graam, ou encore un Gary. Il voulait qu'on le respecte et ne savait pas trop comment s'y prendre. Par exemple, il était conscient que si l'envie lui prenait un jour de draguer Kassandra, il aurait du fil a retordre. Dans la base, il y avait tout de même Abel, l'ancien agent artistique, ou même Alan, le demi sudéois fan de vieux bouquins fantastiques. Ça serait chaud. Pour se détendre et penser à autre chose, il s'amusait à faire des figurines dans du bois glané ici et là. La montagne n'offrait pas beaucoup de combustible. Mais une seule branche lui suffisait à faire une dizaine de minuscule petites sculptures.
L'apocalypse l'avait changé aussi sur d'autres points. Il était devenu blasé de la tuerie. Au club, il avait déjà dû ouvrir le feu sur des gang, sur des familles ennemies. Il avait dû tuer. Ceci étant dit, ça l'avait toujours affecté. Il n'était pas né pour tuer. Mais planter un couteau dans le crâne d'un zombie, c'était devenu presque banal. S'il avait ressenti du dégoût au début, et un peu de pitié pour ces choses, ça lui était définitivement passé. Pour la première fois, il se sentait sortit du Ghetto. Ça le prenait, des fois, les pensées stupides... oui, il y pensait souvent : l'apocalypse avait changé sa vie. Avant il était paumé, complètement. Il se sentait prisonnier dans son existence. Mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, il était libéré de ses chaines sociales, et putain.... il adorait ça. Alors il y songeait. Peut être que Dieu l'avait entendu le jour où il avait médité au pied des montagnes. Peut être que tout ça, c'était pour brûler la vallée du soleil,, et pour que les fils de pute de Maryvale finissent tous en enfers. Voilà, peut être que Dieu avait entendu ce pauv' type, Joey, et qu'il avait réalisé ses souhaits en comprenant tout de travers.
Graam restait auprès de sa famille. Il avait un fils, Max, 14 ans. Et sa femme. Mais plus on voyait le grand patron inquiet pour sa famille, plus Joey remarquait que Gary était pensif. Et pour Joey, c'était pas difficile de deviner pourquoi. Il fallait que Gary retrouve Rose et Norman. De son côté, ça arrangeait Joey. Il n'avait pas parlé à Lara depuis qu'il avait mis un terme à leur relation, et ne voulait pas en prendre de peur que ça passe pour une excuse. Il ne voulait pas retomber dans ses griffes, mais son inquiétude pour Lara, Rose et Norman augmentait de jours en jours.
Un matin, Graam, le patron du club, annonça que sa femme avait chopé le virus, elle mourut peu de temps après. Graam enveloppa le corps dans un linge, et le mis dans sa voiture. Il voulait qu'on l'enterre dans la journée. C'était l'anarchie en ville, donc le club s'en occuperait. Il avait laissé la bagnole dans la cours, avec le corps de sa femme à l'arrière. Manque de chance, la portière était restée entr'ouverte. Joey de son côté était chez lui, et préparait ses affaires au cas où.. en suivant les infos, il voyait bien que la situation obligeait les gens à se tenir prêts à partir à tout moment. Les frontières étaient fermées, et plus aucun trafic aérien n'existait, à part pour les autorités.
Graam tint une réunion. Il fallait choisir entre rejoindre un camp de réfugiés, ou rester au club et se barricader. La discussion était houleuse, et le ton montait. Gary exprima son devoir de rejoindre sa femme Rose et son fils Norman. Tandis que les motards se foutaient sur la gueule verbalement, et se disputaient au sujet de la confiance qu'on pouvait ou non avoir envers les autorités, l'épouse de Graam entra dans la pièce. Elle semblait atteinte de cécité, et elle grognait. Personne ne savait vraiment si elle était consciente de son état. Le patron essaya de la retenir par les épaules, en lui disant de se calmer. Mais quelques motards échangèrent un regard dépité, plein de pitié pour Graam. C'était plus sa femme, c'était une chose, un démon ou autre. Un truc sauvage et diabolique. Ils étaient terrifiés. Et tendis que les gars communiquaient par les yeux, la bête se jeta sur Graam et arracha la jugulaire. Du sang gicla dans toute la pièce. Graam ne cria même pas. On entendit un gargarisme gluant, et il tomba, masse inerte, sur le sol. Le fils de Graam, Max, n'avait que quatorze ans. Il venait déjà de perdre sa mère. Il était à présent orphelin. La bestiole plongea sa tête aux yeux livides dans l'abdomen, et déchiqueta la chaire, prenant les entrailles à pleine mains pour les bouffer. Max resta bouche bée: sa mère était entrain de bouffer son père. Ça sentait une forte odeur métallique, à cause du sang. Ça sentait aussi la mort. Et puis a cause des entrailles de Graam, ça sentait la merde. Un des gars du club prit un fusil et tenta de tirer dans la poitrine de la femme de Graam. Mais rien ne semblait pouvoir venir à bout de la créature. Lorsqu'une balle se ficha dans la tête, elle explosa comme une pastèque. Couvert de sang, les gens se mirent à discuter de plus belle de la situation. C'était donc ça, le fameux virus. Discuter n'est peut être pas le mot. C'était l'anarchie. Le gang n'avait plus de chef. Quelques un se mirent a régler de vieux comptes, et on entendit des tabourets et des bouteilles voler. Pendant une heure, on discuta de ce virus. Chacun y allait de son commentaire, de ce qu'il avait entendu ou vu. C'était n'importe quoi. Certains parlaient de guerre bactériologique, d'autres d'extra-terrestres. Les théories du complot se mêlaient à de la science fiction... ça dura bien une heure. De son côté, Gary essayait d'appeler Rose, et Lara, tout en rassurant Max. Tout à coup, un râle se fit entendre, suivit d'un bruit étrange. C'était Graam. L'un des gars s'approcha, en murmurant de terreur: "putain de merde." Graam s'était mis à grogner, et avait ouvert les yeux. Mais ses pupilles semblaient vides. Il gesticulait des bras, l'abdomen a moitié dévoré, prisonnier sous le cadavre de sa femme. On lui colla une balle entre les deux yeux. Dans toute cette pagaille, Gary n'essaya plus de parlementer avec les autres. Il remis son téléphone dans sa poche, empoigna Max qui était piqué sur place, complètement tétanisé par l'horreur. C'était qu'un gosse, et Gary, en tant que père, n'avait pas réfléchi plus que ça: il fallait qu'il protège l'adolescent, et c'était le moment de se barrer. Il savait pas si c'était contagieux par l'air. Il venait d'y penser. En tout cas, rester au milieu des autres avec deux macchabées dans la même pièce, c'était pas une bonne idée.
Gary monta dans une voiture du club, plaça Max derrière, et fonça à 180km/h vers la maison de Joey. Il ne frappa même pas et entra directement dans la maison. Joey vit l'état de Max, les yeux de Gary, et les taches de sang partout. Aucun mot ne fut échangé. Pas besoin: Joey savait que le club était tombé, et si Graam était encore en vie, il aurait été là, avec son fils Max.
Il était temps de partir.
Joseph Joey pris donc la fuite avec Gary et Max en direction de Seattle. Rapidement, la ville de Phoenix fut rayée de la carte...elle et ses un million cinq cent milles habitants. Dans le tumulte de la survie, Joey perdit tout contact avec sa petite sœur Tracy. Il savait qu'elle était toujours à Atlanta. Joey songea à la rejoindre, avant de se raviser: elle était débrouillarde, pas comme Lara. Tracy était du même sang que lui. Elle finirait par le rejoindre tôt ou tard. Ils survivraient chacun de leur côté. Et puis.... la vie s'était chargée de les séparer. Joey songea un instant que lui et sa soeur n'étaient peut être pas fait pour vivre côte à côte. Après tout, ils n'avaient jamais eu de très longues conversations au téléphone. Il pensa au plus urgent: retrouver Rose, Lara, et Norman.
Le voyage vers Seatle fut rude. Ils étaient parti mi-octobre. L'hivers venait, c'était le bordel dans toutes les villes. Joey et Gary avaient vite compris qu'il serait plus prudent de prendre des petites routes et d'éviter les lieux peuplés. De nombreuses hordes se formaient un peu partout. Les premiers temps, on voyait encore des hélico et des tank. Mais peu à peu, les survivants se firent plus rare. Et le froid arriva. Heureusement, Joey et Gary avaient pris l'habitude des cambriolages et des situations tendues. Piller n'était pas un problème. Ils mettaient toujours Max à l'abri, bien planqué, puis partaient à deux. Hors mis cette histoire d'apocalypse, un autre problème de taille tomba sur Joey: l'addiction. Trouver de l'héroïne était presque mission impossible. Dans les pharmacies, il y avait parfois de la méthadone. Il fouillait tous les cadavres des gars avec une gueule de toxico dans l'espoir de trouver un fix. Leur voyage vers Seattle fut grandement ralentit par l'état de Joey. Gary et Norman se retrouvaient à devoir gérer des crises de manque terribles. Plusieurs fois, Joey avait proposé à Gary de le laisser derrière, et de les rejoindre plus tard à Seattle. Mais la réponse de Gary restait la même: "on reste à trois."
Mi-décembre, ils arrivèrent au Centurylinks Field. Le petit groupe pu s'y reposer un peu. Joey, Max et Gary retrouvèrent Rose, Lara et Norman. Dans ce camps, plus moyen de se procurer quoi que ce soit comme drogue. Les entrées et sorties étaient sous haute surveillance. Il décida alors de se sevrer à la dure. Il demanda à Gary de l'attacher à un poteau électrique. Gary étendit quatre draps autour de son ami, tenus par des bâtons et des fils, pour lui donner un peu d'intimité. Et là, Joey passa les dix jours les plus horribles et les plus violents de sa vie. Son corps réclamait. Il vomissait, il avait la chiasse. Des courbatures électriques lui traversaient le corps. Il se tordait. Gary montait la garde et expliquait aux gens. Tout le monde avait peur que ça soit un mordeur ou un contaminé. Il transpirait de partout et abondamment. Lara, Rose, Gary, tous les trois s'occupaient comme ils pouvaient de Joey. Ils lui avaient fait une espèce de paillasse, et passaient leur temps à changer et laver les draps et les habits dans des petites bassines. Joey était en nage, plongé dans des délires et des cauchemars indescriptibles. Lara le faisait boire à petite gorgées, et tentait de lui donner de petits bouts de pains. Parfois ça passait, parfois il vomissait. Joey perdit beaucoup de poids. Le sevrage à la dure pouvait être mortel. Gary avait d'ailleurs un couteau, et avait passé le deal avec Joey: s'il mourrait en sevrage, Gary devait faire ce qu'il avait à faire. Mais Joey avait une bonne condition physique. Il devait survivre, il le pouvait. Le 25 décembre, alors que le camps tentait tant bien que mal de se souhaiter un joyeux noël, Joey réussi à se mettre debout. Il se leva lentement. Son teint était livide, de grandes cernes bleues s'étendaient sous ses yeux fatigués, et ses lèvres étaient d'une pâleur et d'une sécheresse effrayante. Il avait les joues creuses. Revenu des morts, il enlaça ses amis, et se remit à manger. Hélas, il eu à peine le temps de récupérer.
En janvier, le camps fut touché par une épidémie. Le nombre de rôdeurs augmenta encore. Et la situation devint vite ingérable. Les morts entraient, la contamination se fit rapide. Il y eu des émeutes. Dans la panique générale, Joey fit la connaissance de Kassandra. Pendant l'invasion du camp, Joey, Gary, Kass, et Max réussirent à s'enfuir. Hélas, dans le tumulte, le groupe perdit de vue Rose, et elle fut considérée comme morte.
Les survivants réussirent à atteindre la station de ski Evergreen Ridge.
Joey n'avait jusqu'alors jamais eu de problème d'intégration. On voyait de suite que c'était un type bien, loyal, marrant, pas chiant. Mais à Evergreen, il rencontra le monde. Il avait toujours évolué au milieu des crevards, des gangsta, des rebelles et des marginaux. Il avait intégré les codes. A Centurylinks Field, il navait pas trop fricoté avec les autres survivants, se contentant de suivre Gary partout, de rire avec Gary, de manger avec Gary. Mais depuis sa rencontre avec Kass, une nouvelle chose l'obsédait: son origine. Comparé à ceux qui avaient eu une vie bourgeoise, pleine de voyages et d'aventures, il se sentait minable. Malgré le chaos dans lequel le monde était plongé, et alors même qu'il aurait du se sentir Survivant, et doublement survivant suite à son sevrage..., dans le miroir il ne voyait que trois mots. "beauf" "drogué" "crétin.". Les débuts avaient donc été difficile. Son caractère restait jovial et plutôt courtois. Il se concentrait, comme d'hab, sur les solutions à apporter aux problème de clan. Il était l'ouvrier, quoi. Comme d'hab. Ouais... comme d'hab. Il suivait. Mais ça le rongeait de l'intérieur, et de plus en plus. Il ne voulait pas devenir un pingouin en costard, ça non. Mais il voulait être accepté comme une espèce de héro, comme un homme fort. Etre un Graam, ou encore un Gary. Il voulait qu'on le respecte et ne savait pas trop comment s'y prendre. Par exemple, il était conscient que si l'envie lui prenait un jour de draguer Kassandra, il aurait du fil a retordre. Dans la base, il y avait tout de même Abel, l'ancien agent artistique, ou même Alan, le demi sudéois fan de vieux bouquins fantastiques. Ça serait chaud. Pour se détendre et penser à autre chose, il s'amusait à faire des figurines dans du bois glané ici et là. La montagne n'offrait pas beaucoup de combustible. Mais une seule branche lui suffisait à faire une dizaine de minuscule petites sculptures.
L'apocalypse l'avait changé aussi sur d'autres points. Il était devenu blasé de la tuerie. Au club, il avait déjà dû ouvrir le feu sur des gang, sur des familles ennemies. Il avait dû tuer. Ceci étant dit, ça l'avait toujours affecté. Il n'était pas né pour tuer. Mais planter un couteau dans le crâne d'un zombie, c'était devenu presque banal. S'il avait ressenti du dégoût au début, et un peu de pitié pour ces choses, ça lui était définitivement passé. Pour la première fois, il se sentait sortit du Ghetto. Ça le prenait, des fois, les pensées stupides... oui, il y pensait souvent : l'apocalypse avait changé sa vie. Avant il était paumé, complètement. Il se sentait prisonnier dans son existence. Mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, il était libéré de ses chaines sociales, et putain.... il adorait ça. Alors il y songeait. Peut être que Dieu l'avait entendu le jour où il avait médité au pied des montagnes. Peut être que tout ça, c'était pour brûler la vallée du soleil,, et pour que les fils de pute de Maryvale finissent tous en enfers. Voilà, peut être que Dieu avait entendu ce pauv' type, Joey, et qu'il avait réalisé ses souhaits en comprenant tout de travers.
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wentworth miller ♦ <bott>(Joey)</bott>
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♦ Harris
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Re: Cry me a fucking river.
Sam 28 Mai 2016 - 8:45
Come on bro !
Bienvenue dans l'coin et merci d'prendre le scénario de Joey !
Bienvenue dans l'coin et merci d'prendre le scénario de Joey !
Si vient l'orage, le tonnerre et la foudre, le cœur solide
- Connor G. Shepard
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Re: Cry me a fucking river.
Sam 28 Mai 2016 - 10:25
Joeeey trop contente que tu ai pris le scénario de notre Gary nationale, j'viendrais sans doute pour un lien vu qu'ils ont un peu causer lui et Kass. J'ai adoré lire ce que tu as déjà écrit BIENVENUE SUR WD.
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