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Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 2:17
17 ans • Américaine • Lycéenne • Sanctuary Hills
Dehors, il pleut. Les gouttes d’eau tapent inlassablement contre la fenêtre de la chambre. Nola est assise sur une chaise, accoudée sur un bureau et regarde les gouttes d’eau tomber. Dehors, le ciel est sombre, orageux, menaçant. Dehors, il fait froid, le monde est hostile, les morts marchent, et les vivants se cachent. Il en faut peut pour que Nola parte vagabonder dans ses pensées les plus lointaines, elle est maintenant envahie d’une profonde mélancolie.
Ce soir, Nola est en sécurité, elle est seule, elle peut faire un point sur qui elle est, d’où elle vient, et où elle peut aller.
Parfois, je me dis que j’ai eu de la chance, que j’ai vécu heureuse, que tout allait parfaitement bien dans ma vie. Mais je sais très bien que c’est faux, je n’ai pas eu l’enfance et l’adolescence que je méritais, à cause de ces deux misérables personnes que je devais appeler « parents ». Même si aujourd’hui ils sont sûrement morts tous les deux, je ne pourrais jamais leur pardonner ce qu’ils m’ont fait. Je me souviens que ma grand-mère me le reprochait souvent, elle me disait que j’étais trop rancunière, que je devais leur pardonner, passer à autre chose et me rapprocher d’eux. Elle avait sûrement raison, mais généralement, ce sujet me faisait déraper, et je partais dans ma chambre. De mes sentiments personnels, je n’en parlais jamais, même pas à mes amies (comme toutes les ados normales sont censées faire), alors on disait que j’étais trop introvertie, taciturne, voir silencieuse … Ce genre de réflexion a toujours eu le chic de me mettre en rogne, c’est mon droit le plus légitime que de refuser de parler de mes sentiments à qui que ce soit. Certes j’ai toujours eu cette fâcheuse habitude de répondre aux questions par des hochements de têtes, des « oui » ou « non » discrets, parce que comme aujourd’hui je m’enfermais dans ma chambre pour oublier la journée que je venais de passer et je rêvais d’une vie parfaite, riche et heureuse, alors je dessinais ce rêve inaccessible sur mon carnet que je gardais secret. Mais n’est-ce pas ce que tous les ados font ?
Il faut dire que la fin du monde n’a pas arrangé mes défauts, loin de là. Alors qu’autrefois j’affrontais le monde sans crainte, aujourd’hui, je suis envers et contre tous. La chance m’a fait rencontrer Happy, Shawna, et même si je n’oserais pas l’avouer en public Carmen, mais je ne sais plus à qui me fier, je ne sais plus si je dois suivre ou tuer tous ceux qui se présentent face à moi. Non seulement méfiante, je sais que je suis également devenue agressive, Happy en sait quelque chose. Il y a encore un peu plus d’un an, je ne faisais pas de mal à une mouche, et aujourd’hui, un geste brusque ou déplacé me ferait prendre les armes.
Mais il y a bien quelque chose que je m’accorde, une qualité, ou peut-être deux … La vie que m’ont imposé mes parents aux côtés de ma grand-mère m’a donné de nombreuses responsabilités. J’ai alors tout appris, et à 15 ans je devais me comporter comme une adulte, aller faire les courses, régler tous les problèmes extérieurs, et bien sûr m’occuper d’elle. Et ça ne m’a pas empêché de m’éclater avec mes amies, loin de là, j’ai tout de même pu profiter de l’innocence de l’enfance, et pendant quelque temps la nonchalance de l’adolescence. Grâce à cette autonomie et maturité, je suis arrivée à survivre seule, en apprenant certains mécanismes de survie sur le tard, et j’ai réussi à organiser mes priorités : d’abord survivre en économisant mes provisions et en étant consciencieuse, et ensuite me venger. Mais ce dernier objectif me semble aujourd’hui hors de portée, et si mes parents sont en vie, je dois essayer de les retrouver, c’est bien plus qu’une question de rancune.
Nola Hughes est bien plus que mature et autonome, mais je veux vous parler de qualités qu’elle n’oserait s’avouer. Vous comme moi savez qu’elle n’a pas survécu par chance, en fait, la chance n’a plus grand-chose à faire dans ce monde : qui est le plus chanceux ? Le mort, ou le survivant ?
L’apocalypse a privé de vie les plus faibles, ceux qui n’ont pas réussi à s’adapter aux changements. Sans un but, Nola aurait également été tuée, elle n’avait plus rien qui la retenait, plus que ses yeux pour pleurer devant le cadavre de sa seule véritable famille. Mais il n’en est rien, et l’adolescente s’est reprise en main, pour se venger des pillards. Ces hommes sans pitié qui ont osé anéantir tout ce qui retenait Nola sur Terre. C’est là que sont ressortis les deux traits de caractère indispensables à la survie : le courage d’affronter la mort chaque jour, de devoir se convaincre à tuer n’importe quelle menace, d’accepter la faim et la soif, et de n’être animé que par ses instincts les plus primaires. Et la détermination : Nola est déterminée d’une part à se venger, à tuer un à un les pillards encore vivant qui s’en sont pris à sa famille, et d’autre part à retrouver ses parents, sa dernière famille. Mais la vengeance ne s’accomplit pas en un claquement de doigts, et la fan de Tarantino le sait mieux que personne.
Alors tel était le destin tragique de Nola Hughes, vivre animée par le désir de vengeance, survivant au jour le jour, se déshumaniser au fil du temps pour finalement être plus proche du mort vivant, que de l’humain.
Pour cela, il ne fallait pas compter sur Happy. Sans lui, qui sait ce qu’elle serait aujourd’hui ? C’est donc cet homme qui a réveillé ce qui restait d’humain en Nola : son côté protectrice. Certes, les premiers jours aux côtés de l’étranger étaient difficiles, renouer avec l’Homme était plus dure qu’il n’y paraît. Mais « Sonic » - comme l’appelait Happy – est très vite attachante, car les gens heureux voient que derrière ses yeux méfiants se cache une jeune femme aimante et protectrice. Maintenant que Nola a renoué avec l’humanité, elle ne se bat plus pour la vengeance, mais pour les gens qu’elle aime. C’est dans ce seul but qu’elle trouve une raison pour survivre.
Un happy ending me diriez-vous ? Non, l’enfer ne laisse que peu de place au bonheur.
Ce soir, Nola est en sécurité, elle est seule, elle peut faire un point sur qui elle est, d’où elle vient, et où elle peut aller.
***
Qui suis-je ?
Qui suis-je ?
Parfois, je me dis que j’ai eu de la chance, que j’ai vécu heureuse, que tout allait parfaitement bien dans ma vie. Mais je sais très bien que c’est faux, je n’ai pas eu l’enfance et l’adolescence que je méritais, à cause de ces deux misérables personnes que je devais appeler « parents ». Même si aujourd’hui ils sont sûrement morts tous les deux, je ne pourrais jamais leur pardonner ce qu’ils m’ont fait. Je me souviens que ma grand-mère me le reprochait souvent, elle me disait que j’étais trop rancunière, que je devais leur pardonner, passer à autre chose et me rapprocher d’eux. Elle avait sûrement raison, mais généralement, ce sujet me faisait déraper, et je partais dans ma chambre. De mes sentiments personnels, je n’en parlais jamais, même pas à mes amies (comme toutes les ados normales sont censées faire), alors on disait que j’étais trop introvertie, taciturne, voir silencieuse … Ce genre de réflexion a toujours eu le chic de me mettre en rogne, c’est mon droit le plus légitime que de refuser de parler de mes sentiments à qui que ce soit. Certes j’ai toujours eu cette fâcheuse habitude de répondre aux questions par des hochements de têtes, des « oui » ou « non » discrets, parce que comme aujourd’hui je m’enfermais dans ma chambre pour oublier la journée que je venais de passer et je rêvais d’une vie parfaite, riche et heureuse, alors je dessinais ce rêve inaccessible sur mon carnet que je gardais secret. Mais n’est-ce pas ce que tous les ados font ?
Il faut dire que la fin du monde n’a pas arrangé mes défauts, loin de là. Alors qu’autrefois j’affrontais le monde sans crainte, aujourd’hui, je suis envers et contre tous. La chance m’a fait rencontrer Happy, Shawna, et même si je n’oserais pas l’avouer en public Carmen, mais je ne sais plus à qui me fier, je ne sais plus si je dois suivre ou tuer tous ceux qui se présentent face à moi. Non seulement méfiante, je sais que je suis également devenue agressive, Happy en sait quelque chose. Il y a encore un peu plus d’un an, je ne faisais pas de mal à une mouche, et aujourd’hui, un geste brusque ou déplacé me ferait prendre les armes.
Mais il y a bien quelque chose que je m’accorde, une qualité, ou peut-être deux … La vie que m’ont imposé mes parents aux côtés de ma grand-mère m’a donné de nombreuses responsabilités. J’ai alors tout appris, et à 15 ans je devais me comporter comme une adulte, aller faire les courses, régler tous les problèmes extérieurs, et bien sûr m’occuper d’elle. Et ça ne m’a pas empêché de m’éclater avec mes amies, loin de là, j’ai tout de même pu profiter de l’innocence de l’enfance, et pendant quelque temps la nonchalance de l’adolescence. Grâce à cette autonomie et maturité, je suis arrivée à survivre seule, en apprenant certains mécanismes de survie sur le tard, et j’ai réussi à organiser mes priorités : d’abord survivre en économisant mes provisions et en étant consciencieuse, et ensuite me venger. Mais ce dernier objectif me semble aujourd’hui hors de portée, et si mes parents sont en vie, je dois essayer de les retrouver, c’est bien plus qu’une question de rancune.
***
Qui est-elle ?
Qui est-elle ?
Nola Hughes est bien plus que mature et autonome, mais je veux vous parler de qualités qu’elle n’oserait s’avouer. Vous comme moi savez qu’elle n’a pas survécu par chance, en fait, la chance n’a plus grand-chose à faire dans ce monde : qui est le plus chanceux ? Le mort, ou le survivant ?
L’apocalypse a privé de vie les plus faibles, ceux qui n’ont pas réussi à s’adapter aux changements. Sans un but, Nola aurait également été tuée, elle n’avait plus rien qui la retenait, plus que ses yeux pour pleurer devant le cadavre de sa seule véritable famille. Mais il n’en est rien, et l’adolescente s’est reprise en main, pour se venger des pillards. Ces hommes sans pitié qui ont osé anéantir tout ce qui retenait Nola sur Terre. C’est là que sont ressortis les deux traits de caractère indispensables à la survie : le courage d’affronter la mort chaque jour, de devoir se convaincre à tuer n’importe quelle menace, d’accepter la faim et la soif, et de n’être animé que par ses instincts les plus primaires. Et la détermination : Nola est déterminée d’une part à se venger, à tuer un à un les pillards encore vivant qui s’en sont pris à sa famille, et d’autre part à retrouver ses parents, sa dernière famille. Mais la vengeance ne s’accomplit pas en un claquement de doigts, et la fan de Tarantino le sait mieux que personne.
Alors tel était le destin tragique de Nola Hughes, vivre animée par le désir de vengeance, survivant au jour le jour, se déshumaniser au fil du temps pour finalement être plus proche du mort vivant, que de l’humain.
Pour cela, il ne fallait pas compter sur Happy. Sans lui, qui sait ce qu’elle serait aujourd’hui ? C’est donc cet homme qui a réveillé ce qui restait d’humain en Nola : son côté protectrice. Certes, les premiers jours aux côtés de l’étranger étaient difficiles, renouer avec l’Homme était plus dure qu’il n’y paraît. Mais « Sonic » - comme l’appelait Happy – est très vite attachante, car les gens heureux voient que derrière ses yeux méfiants se cache une jeune femme aimante et protectrice. Maintenant que Nola a renoué avec l’humanité, elle ne se bat plus pour la vengeance, mais pour les gens qu’elle aime. C’est dans ce seul but qu’elle trouve une raison pour survivre.
Un happy ending me diriez-vous ? Non, l’enfer ne laisse que peu de place au bonheur.
Une éclaircie. Quelques rayons blancs transpercent le ciel gris et mettent fin au rêve. Nola décide de faire quelque chose d’utile : son inventaire. La fin du monde a impliqué un changement vestimentaire radical : plus de jupes, de shorts, plus de débardeurs même quand il fait chaud.
Sonic en profite pour prendre son carnet dans lequel elle notera toutes ses affaires : vêtements et objets. Elle commence par son T-shirt noir, simple, sobre, efficace, ce vêtement la suit depuis le début de l’apocalypse, et à l’arrivée au campement, il était dans un piteux état. Elle a également une chemise couleur camouflage qu’elle a trouvé sur un militaire qui … n’était pas tout à fait mort. De ce militaire elle a également pu garder le treillis et les rangers, certes un peu grands pour elle. Nola ne se sépare presque jamais de sa veste rouge « porte-bonheur », sa grand-mère la lui avait achetée juste avant l’apocalypse. Généralement elle a un pantalon noir, tout à fait classique qui est résistant et des chaussures bordeaux, mais quand elle doit prendre des risques et se retrouver dans des situations compliquées, elle préfère quand même porter ses vêtements militaires plus confortables et résistants, même s’ils sont trop larges (l’adolescente fait tout de même un bon mètre 63).
En hiver, Nola garde ses rangers et porte un large manteau noir qui la protège du froid et des intempéries. Mais ce dont la jeune femme ne se sépare jamais, c’est de son bonnet des « Seattle Supersonics », une équipe de NBA qui fut déplacée dans les années 2010. Ce couvre-chef est arrivé par hasard dans les mains de Nola, une nuit, cachée dans un appartement dévasté, elle l’avait trouvé par terre au milieu des décombres à côté d’une écharpe qu’elle a également pris. Non seulement elle a pu se réchauffer, mais le vêtement lui a également rappelé quelques souvenirs : quand elle allait, enfant, voir une fois par an un match de basketball avec ses parents. C’est d’ailleurs son seul souvenir heureux avec eux. Et plus récemment, l’importance du bonnet aux couleurs vertes et jaunes a augmenté car Happy a décidé de surnommer Nola « Sonic » en référence au nom de l’ancienne franchise sportive. Tout à fait récemment, la jeune femme a également trouvé un bonnet noir qui lui a plu, elle a décidé de le garder.
La jeune femme trace un trait pour distinguer ses deux parties : vêtements et objets.
C’est maintenant cette dernière partie qui nous intéresse. Nola n’est partie de presque rien : un sac bleu (pas très discret, il faudrait le changer) avec à l’intérieur trois boîtes de conserves (aujourd’hui vides évidemment), une gourde d’eau, un couteau de cuisine mal aiguisé et en partie rouillé et une fourchette qui est loin d’être en meilleur état. C’est tout ce qu’elle avait quand sa grand-mère et ses amis ont été tué. Durant sa survie, elle a réussi à trouver d’autres conserves, quelques cachets plus ou moins utiles (les pharmacies étaient presque entièrement dévalisées évidemment), et plus les jours passaient, plus la vie devenait hostile, alors l’objectif de Nola était de trouver une arme plus dissuasive qu’un couteau rouillé et surtout en état de marche. Elle inscrit donc sur son carnet « Fusil d’assaut M16 », trouvé sur un militaire mort (puis revenu), au bord de la route, près d’une jeep accidentée. Mais Sonic n’oublie pas de rajouter à côté « Chargeur vide, arme de dissuasion » (il ne faut pas trop en demander). Elle n’avait pas encore trouvé de munitions, et elle s’en servait surtout pour faire fuir un tueur isolé, comme Happy … Une chance qu’Happy ne soit pas un tueur isolé, en fin de compte.
Sonic en profite pour prendre son carnet dans lequel elle notera toutes ses affaires : vêtements et objets. Elle commence par son T-shirt noir, simple, sobre, efficace, ce vêtement la suit depuis le début de l’apocalypse, et à l’arrivée au campement, il était dans un piteux état. Elle a également une chemise couleur camouflage qu’elle a trouvé sur un militaire qui … n’était pas tout à fait mort. De ce militaire elle a également pu garder le treillis et les rangers, certes un peu grands pour elle. Nola ne se sépare presque jamais de sa veste rouge « porte-bonheur », sa grand-mère la lui avait achetée juste avant l’apocalypse. Généralement elle a un pantalon noir, tout à fait classique qui est résistant et des chaussures bordeaux, mais quand elle doit prendre des risques et se retrouver dans des situations compliquées, elle préfère quand même porter ses vêtements militaires plus confortables et résistants, même s’ils sont trop larges (l’adolescente fait tout de même un bon mètre 63).
En hiver, Nola garde ses rangers et porte un large manteau noir qui la protège du froid et des intempéries. Mais ce dont la jeune femme ne se sépare jamais, c’est de son bonnet des « Seattle Supersonics », une équipe de NBA qui fut déplacée dans les années 2010. Ce couvre-chef est arrivé par hasard dans les mains de Nola, une nuit, cachée dans un appartement dévasté, elle l’avait trouvé par terre au milieu des décombres à côté d’une écharpe qu’elle a également pris. Non seulement elle a pu se réchauffer, mais le vêtement lui a également rappelé quelques souvenirs : quand elle allait, enfant, voir une fois par an un match de basketball avec ses parents. C’est d’ailleurs son seul souvenir heureux avec eux. Et plus récemment, l’importance du bonnet aux couleurs vertes et jaunes a augmenté car Happy a décidé de surnommer Nola « Sonic » en référence au nom de l’ancienne franchise sportive. Tout à fait récemment, la jeune femme a également trouvé un bonnet noir qui lui a plu, elle a décidé de le garder.
La jeune femme trace un trait pour distinguer ses deux parties : vêtements et objets.
C’est maintenant cette dernière partie qui nous intéresse. Nola n’est partie de presque rien : un sac bleu (pas très discret, il faudrait le changer) avec à l’intérieur trois boîtes de conserves (aujourd’hui vides évidemment), une gourde d’eau, un couteau de cuisine mal aiguisé et en partie rouillé et une fourchette qui est loin d’être en meilleur état. C’est tout ce qu’elle avait quand sa grand-mère et ses amis ont été tué. Durant sa survie, elle a réussi à trouver d’autres conserves, quelques cachets plus ou moins utiles (les pharmacies étaient presque entièrement dévalisées évidemment), et plus les jours passaient, plus la vie devenait hostile, alors l’objectif de Nola était de trouver une arme plus dissuasive qu’un couteau rouillé et surtout en état de marche. Elle inscrit donc sur son carnet « Fusil d’assaut M16 », trouvé sur un militaire mort (puis revenu), au bord de la route, près d’une jeep accidentée. Mais Sonic n’oublie pas de rajouter à côté « Chargeur vide, arme de dissuasion » (il ne faut pas trop en demander). Elle n’avait pas encore trouvé de munitions, et elle s’en servait surtout pour faire fuir un tueur isolé, comme Happy … Une chance qu’Happy ne soit pas un tueur isolé, en fin de compte.
Nola soupire. L’éclaircie a disparu, l’orage s’intensifie, l’heure tourne, et le ciel est sombre. Elle regarde son carnet « Qui suis-je ? » … Elle trace un trait sous la description de son caractère, et griffonne sur son carnet un titre et une date : 26/05/1999, Là où tout a commencé.
Je suis née le 26 mai 1999 à Seattle, de Monsieur Howard Benjamin Hughes, un Américain ayant fait fortune dans l’aéronautique et les relations diplomatiques de la compagnie Boeing, et Madame Katelyn Lily Hughes, issue d’une famille d’ouvriers anglais ayant immigré aux Etats-Unis durant les années 1960, femme extrêmement intelligente, comptable de renommée.
Si je devais décrire en quelques mots mes parents, je dirais, pour mon père : Egoïste, pressé, inaccessible, mais parfois aimant, quand cela ne lui fait pas perdre trop de temps. Et pour ma mère : Narcissique, avare, colérique, mais parfois aimante, quand cela ne lui demande pas trop d’intentions. Mes parents, tous les deux issus de la classe moyenne ont eu loisir à savourer chaque centime de leur fortune (construite, il faut le reconnaître, sur des années de travail acharné). Mais comme la richesse ne peut aller de pair avec l’amour et la patience, l’arrivée incongrue d’une petite fille a quelque peu bouleversé le planning de mes parents, alors une solution miracle était de mise, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et totalement gratuite : la grand-mère. Lily Rose est une ancienne femme de chambre anglaise qui a immigré aux Etats-Unis pour faire fortune avec son mari, l’alcoolique et violent Edgar Rose, un ancien minier, parti conquérir le rêve américain. Sa grande besogne fut récompensée par la gloire : ils n’étaient plus minier et femme de chambre anglais, ils étaient devenu minier et femme de chambre américains.
Tué par la silicose et le mauvais vin, la mort d’Edgar a libéré sa femme de son joug violent et macho. Lily a pu se donner à sa passion : élever et aimer les enfants. Elle devint alors assistante maternelle, tenant seule ses comptes, réglant seule chacun de ses problèmes, elle acquit une renommée importante dans la ville d’Aberdeen. Sa profession libérale tenant ses promesses, et revendant tout ce qu’elle pouvait de son méprisable et bien malheureux misérable mari, elle parvint à rassembler une petite fortune, qu’elle consacra d’abord à sa fille pour ses études, puis qu’elle utilisa afin de se faire construire une petite maison de 80 mètre² avec un petit jardin, et de charmants voisins, dans un lotissement semblable à des milliers d’autres. 40 ans après son arrivée aux Etats-Unis, elle accédait enfin à une légère saveur de rêve américain.
Tout ça pour dire que j’ai grandi certes sans parents, mais dans un milieu où prônent l’amour, la confiance et le respect (avec une touche de « bonne éducation » à l’anglaise qui me satisfaisait moins).
Bref, pendant dix ans, j’ai grandi dans le confort de la « haute » classe moyenne américaine, aimée, chouchoutée par ma grand-mère. J’ai fait des caprices, j’ai été punie, j’ai jouée avec des amies, je suis tombée à vélo et je me suis relevée, j’ai jouée aux jeux-vidéos sur Nitendo Ness, puis Playstation 1 avant de me consacrer pleinement au dessin vers l’âge de 8 ans. Je suis allée à l’école de la ville, j’y ai trouvée des amis, et tandis que je réussissais en Histoire et en Maths, j’échouais en Anglais et en Sport. J’avais parfois des très bons bulletins, que je lisais fièrement à ma grand-mère, et parfois ils étaient si médiocres que je tentais de les cacher et j’étais privée de sortie. Mais pourquoi je raconte cela ? N’est-ce pas l’enfance que des millions d’enfants ont eue ? Voilà l’anomalie : quand j’étais invitée chez un ou une amie, j’étais reçue par les parents, parfois seulement la mère, d’autrefois uniquement le père, mais jamais par la grand-mère, en tout cas jamais en tant que tuteur légale. Alors vers 10, 11 ans j’ai commencé à me poser de réelles questions. A quoi rimaient ces longs séjours de plus d’un mois, en été à Seattle, dans le luxe et la démesure qui m’étaient étrangers, pourquoi je voyais mes parents comme des amis qui m’offraient ce que je voulais à condition que je ne leur fasse pas perdre trop de temps. Pourquoi ma grand-mère m’offraient une fois tous les deux mois une place de cinéma à 10 dollars tandis que mes parents m’invitaient chaque année voir un match des Seattle Supersonics dans des loges privées à 2000 dollars par personne, avec sodas, champagne, et caviar à volonté ?
Alors je continuais à grandir normalement, mais au plus profond de moi grandissait une rancœur envers mes parents qui m’avaient abandonné à une grand-mère fatiguée, un sentiment d’injustice que je ne pouvais expliquer par des mots. Mes premiers pas dans l’adolescence furent les plus compliqués, ma grand-mère n’a pas tout de suite réalisé le trouble dans lequel j’étais, et les vices du monde réel m’étaient alors grand ouverts : j'étais rentré dans une profonde dépression, et ce durant pratiquement deux ans, et plus les semaines passaient, plus je dégénérais, jusqu’à finir agressée violemment à la sortie du collège, à cause d'une dispute à propos de mes parents. C’est là que ma grand-mère a compris, et elle a tout de suite pris les choses en main. En l’espace d’un an, j’avais tout arrêté, elle m’avait enfermée dans un cocon d’amour et de partage. J’ai pu remonter la pente (en changeant de collège évidemment), les problèmes se sont réglés, et j’ai pu me remettre à travailler, dessiner, mais également ma dernière passion : photographier. Je photographiais tout ce que je trouvais beau : des gens, des paysages, des immeubles, alors je faisais développer les photos et je les mettais un peu partout dans ma maison, dans des albums. Je m'intéressais également au cinéma et j'étais devenue complètement fan de la saga Star Wars, notamment le personnage Anakin Skywalker. De plus, depuis toute petite, je vouais un véritable culte à l'Ice Tea (ce qui est toujours d'actualité mais terriblement dur à trouver !) … Et pour relâcher ce sentiment d’injustice et calmer ma rancœur, (en plus d’apprendre à me défendre), ma grand-mère m’a proposée le judo. J’ai commencé en 2013, et je n’étais pas particulièrement douée mais ça me faisait un bien fou, et mon professeur m’avait inscrit plusieurs fois pour des compétitions, au point de remporter une médaille de bronze en 2014. Je me souviens que nous avions organisé une superbe fête pour la médaille, et également la fin d’année et mon accession au lycée, il y avait ma grand-mère, tous mes amis, toutes les personnes qui comptaient pour moi. Quant à mes parents … J’ai eu le droit à un SMS commun « nous te félicitons et t’embrassons, à cet été ». Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple.
L’été s’est passé comme tous les autres étés, j’ai vu (ou plutôt aperçu) mes parents, j’ai dormi dans une chambre gigantesque, dans le lit le plus grand et le plus confortable dans lequel je n’avais jamais dormi. Et pourtant, je passais mes nuits éveillée. Il y avait un jacuzzi dans le gigantesque loft, une vue magnifique, mais je n’avais pas envie de dessiner, car je n’étais pas inspirée, et je n’avais pas envie de photographier, car rien ne me semblait beau. Loin de ma grand-mère, de mes amies, le luxe ne remplaçait en rien l’amour, et mes parents n’étaient pas faits pour éduquer un enfant, alors même si, je le sais, au fond d’eux ils m’aimaient, ils n’ont jamais su me le montrer et encore moins le partager.
De retour chez moi, je me ressentais vivre. L’année de lycée fut formidable : mes talents en dessin étaient de plus en plus probants et mes professeurs me parlaient d’une éventuelle école d’illustration, j’avais mon groupe d’amies, j’étais de loin la plus silencieuse, mais j’adorais écouter tranquillement leurs discussions stériles et délirantes, j’écoutais avec elles de la musique insipide et commerciale, et au fond j’aimais ça.
Ma relation avec ma grand-mère ne changeait guère, elle m’aimait plus que sa propre fille, et je l’aimais bien plus que ma mère, c’était elle, ma véritable mère. Mais Lily a travaillé toute sa vie, et arrivée à 75 ans, elle avait du mal à se déplacer, elle comprenait mal les nouvelles technologies … Alors j’ai commencé à avoir de nombreuses responsabilités : faire les courses, régler les problèmes de réseau, de communication, d’erreurs informatiques, j’ai commencé à apprendre la comptabilité, comment régler les impôts et toute la « paprasse » comme le disait ma grand-mère en rigolant. C’était à moi de vérifier les vaccins, d’amener ma grand-mère chez le médecin, et parfois à l’hôpital, c’était à moi d’aller au magasin de bricolage pour réparer cette tables bancale, cette chaise cassée, à moi de faire le grand nettoyage de printemps et laver régulièrement les 80 mètres² de maison disposé en duplexe, devenant trop fatiguant pour les jambes usées de ma grand-mère. C’était également à moi de passer la tondeuse et m’occuper du petit bout de terre sur lequel je m’amusais naïvement, enfant. Tout ça en pensant à mon avenir et en réussissant mon année scolaire. Toutes ces responsabilités m’ont fait grandir et m’ont beaucoup apporté, c’est certain, mais ce n’est pas l’adolescence que j’aurais dû avoir.
Malgré tout, je restais une adolescente, alors je rêvais d’une vie à la fois riche et heureuse, et je pleurais mes premiers amours gâchés, alors je griffonnais sur ce même carnet la vie que je n’ai jamais eu, une vie avec des parents qui m’aiment, une grand-mère présente mais pour les vacances et les dîners de famille, je déprimais en pensant à la vie que j’aurais pu avoir. De plus ma relation avec mes parents était, depuis quelques années, de plus en plus mauvaises, on se voyait moins souvent (le basketball n’était plus possible, la franchise de Seattle avait déménagée vers l’Oklahoma et je détestais le football américain), et ne supportant plus mon caractère « taciturne » j’imagine, ils s’étaient offerts deux mois de vacances, pour faire le tour du monde en amoureux. Deux parents richissimes qui parcourent le monde comme ils l’ont fait toute leur vie, tout ça pour ne pas voir leur fille désagréable faire la moue pendant un mois. Mais moi, vous imaginez bien que cela m’arrangeait, et de loin. L’été s’est donc résumé à du dessin, de la photographie, des séries, du bronzage, quelques fêtes et de la oisiveté. Et ce fut de loin mes meilleures vacances d’été.
Alors a débuté une nouvelle année scolaire, et malgré une pression liée aux examens plus importante, tout se passait bien. Puis l’apocalypse a commencé. Au début, on n’a rien vu venir, ça ressemblait à un simple fait divers, puis tout a dégénéré. La vie que je m’étais reconstruite s’effondrait à nouveau, mais cette fois, je n’étais pas sûre d’y survivre.
***
Qui étais-je ?
Qui étais-je ?
Je suis née le 26 mai 1999 à Seattle, de Monsieur Howard Benjamin Hughes, un Américain ayant fait fortune dans l’aéronautique et les relations diplomatiques de la compagnie Boeing, et Madame Katelyn Lily Hughes, issue d’une famille d’ouvriers anglais ayant immigré aux Etats-Unis durant les années 1960, femme extrêmement intelligente, comptable de renommée.
Si je devais décrire en quelques mots mes parents, je dirais, pour mon père : Egoïste, pressé, inaccessible, mais parfois aimant, quand cela ne lui fait pas perdre trop de temps. Et pour ma mère : Narcissique, avare, colérique, mais parfois aimante, quand cela ne lui demande pas trop d’intentions. Mes parents, tous les deux issus de la classe moyenne ont eu loisir à savourer chaque centime de leur fortune (construite, il faut le reconnaître, sur des années de travail acharné). Mais comme la richesse ne peut aller de pair avec l’amour et la patience, l’arrivée incongrue d’une petite fille a quelque peu bouleversé le planning de mes parents, alors une solution miracle était de mise, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et totalement gratuite : la grand-mère. Lily Rose est une ancienne femme de chambre anglaise qui a immigré aux Etats-Unis pour faire fortune avec son mari, l’alcoolique et violent Edgar Rose, un ancien minier, parti conquérir le rêve américain. Sa grande besogne fut récompensée par la gloire : ils n’étaient plus minier et femme de chambre anglais, ils étaient devenu minier et femme de chambre américains.
Tué par la silicose et le mauvais vin, la mort d’Edgar a libéré sa femme de son joug violent et macho. Lily a pu se donner à sa passion : élever et aimer les enfants. Elle devint alors assistante maternelle, tenant seule ses comptes, réglant seule chacun de ses problèmes, elle acquit une renommée importante dans la ville d’Aberdeen. Sa profession libérale tenant ses promesses, et revendant tout ce qu’elle pouvait de son méprisable et bien malheureux misérable mari, elle parvint à rassembler une petite fortune, qu’elle consacra d’abord à sa fille pour ses études, puis qu’elle utilisa afin de se faire construire une petite maison de 80 mètre² avec un petit jardin, et de charmants voisins, dans un lotissement semblable à des milliers d’autres. 40 ans après son arrivée aux Etats-Unis, elle accédait enfin à une légère saveur de rêve américain.
Tout ça pour dire que j’ai grandi certes sans parents, mais dans un milieu où prônent l’amour, la confiance et le respect (avec une touche de « bonne éducation » à l’anglaise qui me satisfaisait moins).
Bref, pendant dix ans, j’ai grandi dans le confort de la « haute » classe moyenne américaine, aimée, chouchoutée par ma grand-mère. J’ai fait des caprices, j’ai été punie, j’ai jouée avec des amies, je suis tombée à vélo et je me suis relevée, j’ai jouée aux jeux-vidéos sur Nitendo Ness, puis Playstation 1 avant de me consacrer pleinement au dessin vers l’âge de 8 ans. Je suis allée à l’école de la ville, j’y ai trouvée des amis, et tandis que je réussissais en Histoire et en Maths, j’échouais en Anglais et en Sport. J’avais parfois des très bons bulletins, que je lisais fièrement à ma grand-mère, et parfois ils étaient si médiocres que je tentais de les cacher et j’étais privée de sortie. Mais pourquoi je raconte cela ? N’est-ce pas l’enfance que des millions d’enfants ont eue ? Voilà l’anomalie : quand j’étais invitée chez un ou une amie, j’étais reçue par les parents, parfois seulement la mère, d’autrefois uniquement le père, mais jamais par la grand-mère, en tout cas jamais en tant que tuteur légale. Alors vers 10, 11 ans j’ai commencé à me poser de réelles questions. A quoi rimaient ces longs séjours de plus d’un mois, en été à Seattle, dans le luxe et la démesure qui m’étaient étrangers, pourquoi je voyais mes parents comme des amis qui m’offraient ce que je voulais à condition que je ne leur fasse pas perdre trop de temps. Pourquoi ma grand-mère m’offraient une fois tous les deux mois une place de cinéma à 10 dollars tandis que mes parents m’invitaient chaque année voir un match des Seattle Supersonics dans des loges privées à 2000 dollars par personne, avec sodas, champagne, et caviar à volonté ?
Alors je continuais à grandir normalement, mais au plus profond de moi grandissait une rancœur envers mes parents qui m’avaient abandonné à une grand-mère fatiguée, un sentiment d’injustice que je ne pouvais expliquer par des mots. Mes premiers pas dans l’adolescence furent les plus compliqués, ma grand-mère n’a pas tout de suite réalisé le trouble dans lequel j’étais, et les vices du monde réel m’étaient alors grand ouverts : j'étais rentré dans une profonde dépression, et ce durant pratiquement deux ans, et plus les semaines passaient, plus je dégénérais, jusqu’à finir agressée violemment à la sortie du collège, à cause d'une dispute à propos de mes parents. C’est là que ma grand-mère a compris, et elle a tout de suite pris les choses en main. En l’espace d’un an, j’avais tout arrêté, elle m’avait enfermée dans un cocon d’amour et de partage. J’ai pu remonter la pente (en changeant de collège évidemment), les problèmes se sont réglés, et j’ai pu me remettre à travailler, dessiner, mais également ma dernière passion : photographier. Je photographiais tout ce que je trouvais beau : des gens, des paysages, des immeubles, alors je faisais développer les photos et je les mettais un peu partout dans ma maison, dans des albums. Je m'intéressais également au cinéma et j'étais devenue complètement fan de la saga Star Wars, notamment le personnage Anakin Skywalker. De plus, depuis toute petite, je vouais un véritable culte à l'Ice Tea (ce qui est toujours d'actualité mais terriblement dur à trouver !) … Et pour relâcher ce sentiment d’injustice et calmer ma rancœur, (en plus d’apprendre à me défendre), ma grand-mère m’a proposée le judo. J’ai commencé en 2013, et je n’étais pas particulièrement douée mais ça me faisait un bien fou, et mon professeur m’avait inscrit plusieurs fois pour des compétitions, au point de remporter une médaille de bronze en 2014. Je me souviens que nous avions organisé une superbe fête pour la médaille, et également la fin d’année et mon accession au lycée, il y avait ma grand-mère, tous mes amis, toutes les personnes qui comptaient pour moi. Quant à mes parents … J’ai eu le droit à un SMS commun « nous te félicitons et t’embrassons, à cet été ». Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple.
L’été s’est passé comme tous les autres étés, j’ai vu (ou plutôt aperçu) mes parents, j’ai dormi dans une chambre gigantesque, dans le lit le plus grand et le plus confortable dans lequel je n’avais jamais dormi. Et pourtant, je passais mes nuits éveillée. Il y avait un jacuzzi dans le gigantesque loft, une vue magnifique, mais je n’avais pas envie de dessiner, car je n’étais pas inspirée, et je n’avais pas envie de photographier, car rien ne me semblait beau. Loin de ma grand-mère, de mes amies, le luxe ne remplaçait en rien l’amour, et mes parents n’étaient pas faits pour éduquer un enfant, alors même si, je le sais, au fond d’eux ils m’aimaient, ils n’ont jamais su me le montrer et encore moins le partager.
De retour chez moi, je me ressentais vivre. L’année de lycée fut formidable : mes talents en dessin étaient de plus en plus probants et mes professeurs me parlaient d’une éventuelle école d’illustration, j’avais mon groupe d’amies, j’étais de loin la plus silencieuse, mais j’adorais écouter tranquillement leurs discussions stériles et délirantes, j’écoutais avec elles de la musique insipide et commerciale, et au fond j’aimais ça.
Ma relation avec ma grand-mère ne changeait guère, elle m’aimait plus que sa propre fille, et je l’aimais bien plus que ma mère, c’était elle, ma véritable mère. Mais Lily a travaillé toute sa vie, et arrivée à 75 ans, elle avait du mal à se déplacer, elle comprenait mal les nouvelles technologies … Alors j’ai commencé à avoir de nombreuses responsabilités : faire les courses, régler les problèmes de réseau, de communication, d’erreurs informatiques, j’ai commencé à apprendre la comptabilité, comment régler les impôts et toute la « paprasse » comme le disait ma grand-mère en rigolant. C’était à moi de vérifier les vaccins, d’amener ma grand-mère chez le médecin, et parfois à l’hôpital, c’était à moi d’aller au magasin de bricolage pour réparer cette tables bancale, cette chaise cassée, à moi de faire le grand nettoyage de printemps et laver régulièrement les 80 mètres² de maison disposé en duplexe, devenant trop fatiguant pour les jambes usées de ma grand-mère. C’était également à moi de passer la tondeuse et m’occuper du petit bout de terre sur lequel je m’amusais naïvement, enfant. Tout ça en pensant à mon avenir et en réussissant mon année scolaire. Toutes ces responsabilités m’ont fait grandir et m’ont beaucoup apporté, c’est certain, mais ce n’est pas l’adolescence que j’aurais dû avoir.
Malgré tout, je restais une adolescente, alors je rêvais d’une vie à la fois riche et heureuse, et je pleurais mes premiers amours gâchés, alors je griffonnais sur ce même carnet la vie que je n’ai jamais eu, une vie avec des parents qui m’aiment, une grand-mère présente mais pour les vacances et les dîners de famille, je déprimais en pensant à la vie que j’aurais pu avoir. De plus ma relation avec mes parents était, depuis quelques années, de plus en plus mauvaises, on se voyait moins souvent (le basketball n’était plus possible, la franchise de Seattle avait déménagée vers l’Oklahoma et je détestais le football américain), et ne supportant plus mon caractère « taciturne » j’imagine, ils s’étaient offerts deux mois de vacances, pour faire le tour du monde en amoureux. Deux parents richissimes qui parcourent le monde comme ils l’ont fait toute leur vie, tout ça pour ne pas voir leur fille désagréable faire la moue pendant un mois. Mais moi, vous imaginez bien que cela m’arrangeait, et de loin. L’été s’est donc résumé à du dessin, de la photographie, des séries, du bronzage, quelques fêtes et de la oisiveté. Et ce fut de loin mes meilleures vacances d’été.
Alors a débuté une nouvelle année scolaire, et malgré une pression liée aux examens plus importante, tout se passait bien. Puis l’apocalypse a commencé. Au début, on n’a rien vu venir, ça ressemblait à un simple fait divers, puis tout a dégénéré. La vie que je m’étais reconstruite s’effondrait à nouveau, mais cette fois, je n’étais pas sûre d’y survivre.
La pluie s’intensifie. Nola regarde par la fenêtre et voit le ciel s’assombrir encore, la nuit commence à tomber. Pour Sonic, la nuit est tombée il y a 7 mois. Elle trace un trait pour écrire le dernier chapitre, celui de l’apocalypse.
Pour Nola, comme pour l’ensemble de la population moyenne américaine, ce qui était les prémices de la fin du monde ne semblaient être que des faits divers : des disparitions, des attaques isolées dans des quartiers pauvres, on soupçonne des cas de folie après la consommation de stupéfiants, les médias nationaux restent discrets. Après quelques jours, l’adolescente se pose des questions et décide d’aller voir sur internet. Elle y découvre d’étranges articles à propos de morts-vivants, des vidéos qu’elle croit d’abord truquées, et finalement, le mouvement sur le net se décrédibilise. Mais pour Nola et sa grand-mère, les choses s’accélèrent rapidement. En effet, quelqu'un du voisinage serait devenu fou et aurait tué sa propre femme. Une enquête est ouverte, et des violences éclatent, des coups de feux sont tirés. C’est Lily qui décide d’aller demander des nouvelles à un policier, et ce dernier, d’abord silencieux, conseille la vieille dame de se cacher dans un endroit sûr, être accompagnée de personnes de confiance, faire des provisions, suivre les nouvelles et n’ouvrir à personne.
C’est ainsi que Nola et sa grand-mère se sont retrouvées dans la villa voisine le 13 octobre, en compagnie de leurs deux jeunes voisins : une puéricultrice, Mary et un professeur de musique, Chris. Sommairement barricadée, le groupe d’amis arrive à faire des provisions, ils achètent de nombreuses conserves, des aliments sous vides et des fruits secs. Ils ont également une arme : un glock 17 appartenant au couple. Comme le leur a conseillé le policier, ils suivent les informations, et ne sortent pas de la maison. Pour eux, le début du mois d'octobre se passe sans encombres, mais voyant la situation dégénérer à Seattle et également en ville, ils prévoient début de novembre de partir à Weikel, un minuscule hameau, à une centaine de kilomètres de Seattle où la puéricultrice a de la famille dans une maison isolée. Malheureusement, début novembre, la police ne contrôle plus la ville, les militaires n’arrivent jamais jusqu’au lotissement, et le groupe d’amis se trouve isolé, avec de moins en moins de vivres.
A partir du 4 novembre, en l’absence d’autorité, des groupes de pillards se forment, très violents et sans pitié, ils profitent de la situation pour récupérer des biens, de l’argent, des armes et assouvir leur soif de violence. Des pillard arrivent justement jusqu’au lotissement, et ils décident d’attaquer les survivants s’y trouvant, ils finissent alors par trouver le groupe d’amis. Nola les avait vus venir depuis sa fenêtre, elle décida de se cacher dans une armoire après avoir prévenu tout le monde. Les pillards entrent, saccagent tout le rez de chaussé, prennent ce qu’ils désirent, et montent à l’étage, ils ouvrent chaque chambre, une par une, en tombant d’abord sur le couple. Quelques coups de feu sont tirés, Nola entend des cris, ceux du professeur et de sa femme. Ils poursuivent leurs recherches et découvrent la vieille dame, qui apparemment ne tente même pas de se défendre. Nola l’entend demander pitié depuis sa chambre, mais le sort semble inéluctable, le pillard tire, et ses amis rigolent. L’adolescente a peur. L’un d’eux rentre dans la chambre où Nola est cachée, il fouille un peu, trouve et vole quelques bijoux, et s’avance doucement vers la grande armoire aux deux portes. La jeune femme se retient de pleurer et évite de respirer, elle commence à étouffer et est morte de peur. A travers l’espace entre les deux portes, elle peut le voir, il est grand, habillé comme un militaire, il a les cheveux noirs, une large barbe et des yeux terrifiants, d’un noir profond. Et tandis que l’homme est prêt ouvrir la porte, son ami l’appelle «Steph’ on s’casse ! ». Le pillard tourne légèrement la tête, il semble partir mais décide quand même d’ouvrir une des portes. Nola est juste à côté, elle peut l’entendre respirer. « Steph’ bordel qu’est-ce que tu fous ? » Un autre homme entre, le brun vole un manteau, ferme la porte et part, Sonic en profite pour voir à quoi ressemble son compagnon : il est plus petit, porte un bonnet noir, il a les yeux bleus, est rasé de près, est tatoué d’une lettre « E » sur le cou et a la main couverte de sang.
Ils partent enfin.
Après une demi-heure enfermée en état de choc, Nola sort de sa cachette. Elle marche doucement, en pleurant, arrive devant la porte de la chambre où était cachée sa grand-mère. Elle ouvre la porte, et découvre une scène macabre. Lily Hughes, allongée par terre, dans une mare de sang, tuée d’une balle dans la tête à bout portant (sûrement l’homme tatoué). L’adolescente fond en larme devant le cadavre de sa seule véritable famille. Elle reste quelques minutes assise devant le macchabé de Lily, elle pleure, complètement déboussolée, puis elle entend du bruit dans la pièce d’à côté, des gémissements, là où le couple s’est fait abattre. Peut-être que l’un d’eux n’est pas mort, cela rend un peu d’espoir à Nola qui se précipite dans la chambre conjugale. Elle voit le professeur à genoux devant sa femme, « Chris ! », l’homme s’arrête soudainement de bouger, il se lève et se retourne. Chris a le visage ensanglanté, le corps transpercé par trois balles de revolver. Il a le visage blanc et les yeux livides. Derrière lui, sa femme apparaît, vidée de ses entrailles, elle finit d'agoniser en crachant du sang, les pillards ne l'avaient pas tué. Le mort-vivant s’approche doucement de Nola qui commence à paniquer, elle ne comprend pas, répète son prénom, lui demande de se réveiller. Puis le monstre accélère le pas et lui attrape le bras. L’adolescente se débat comme elle peut et parvient à s’échapper, elle descend l’étage et se munit d’un couteau de cuisine. Le monstre, après quelques minutes arrive également dans la cuisine où Nola est repliée, pleurant doucement, sa main tremble, le mort-vivant approche, la jeune femme supplie, mais il ne s’arrête pas, et quand l’adolescente ne peut plus reculer, elle n’a d’autre choix que de lui planter le couteau dans le cœur. Mais le monstre ne bronche pas et se fait plus menaçant, il est proche de son visage, Nola crie, elle prend le monstre par la gorge, et lui plante le couteau dans l’œil. Cette fois, il est bel et bien mort.
J’étais couverte de sang, en état de choc, j’ai jeté mon couteau et suis tombée par terre. Je suis restée plusieurs heures, peut-être trois, ou quatre au même endroit, à pleurer, de peur, de tristesse, puis de colère et enfin de haine. J’ai décidé de me reprendre en main, et animée par un désir soudain de vengeance, je me suis équipée, j’ai pris un sac dans lequel j’ai mis tout ce dont j’avais besoin : quelques outils, conserves, eau … Et un couteau que j’ai mis à ma ceinture. J’ai décidé de partir et de me réfugier pour la nuit dans mon ancienne maison qui était à quelque mètre. Celle-ci n’avait pas été pillée et j’avais les clés pour rentrer. Je me suis essuyée le visage, changée et rééquipée, et après une semaine à survivre et prendre mes repères dans le lotissement, livrée à moi-même, j’ai décidé de partir en ville.
Notre lotissement était en banlieue, alors j’ai dû emprunter une route de 3 ou 4 kilomètres pour atteindre le centre. Sur celle-ci, j’ai trouvé un véhicule militaire accidenté, qui fumait encore, cela devait dater de la veille. Une jeep hors d’état de marche encastrée contre un arbre, et quelques mètres plus loin, un militaire revenu à la vie, avec dans son dos un fusil d’assaut. Je me suis dit qu’une arme de gros calibre me serait sûrement utile dans le centre-ville. J’ai réussi à tuer le mort-vivant dans le dos, en lui enfonçant mon couteau dans le crâne. J’ai pris ses affaires : ses vêtements et ses rangers, et évidemment son fusil d’assaut, une M16 avec un viseur laser, le chargeur malheureusement vide. Une arme plus dissuasive qu’un couteau il faut le reconnaître.
La nuit tombant, je me suis cachée dans un appartement en bordure du centre-ville. Il était dévasté, mais j’y étais en sécurité. Cependant, je crevais de froid, alors j’ai cherché quelques affaires, et j’ai fini par trouver une écharpe et un bonnet par terre, aux couleurs des Seattle Supersonics, l’équipe de basket que j’allais voir jouer avec mon père il y a 5 ou 6 ans. Je me souviens que cette trouvaille m’avait amusée.
Je suis arrivée dans le centre d'Aberdeen le 10 novembre, j’ai passé plusieurs jours à chercher des épiceries, armureries, superettes et pharmacies non-dévalisées en vain. Il n’y avait pas énormément de morts-vivants, mais je n’ai rencontré pratiquement aucun vivant. Pratiquement parce que j’en ai croisé un quelques fois, un grand type blond très débrouillard, qui passait de temps en temps dans l’avenue principale. Il était seul et n’avait pas l’air fou ni particulièrement agressif. Mais je devais tout faire pour éviter un survivant.
Je me suis faite particulièrement discrète, et j’ai pu éviter les quelques morts-vivants errants. Ma première destination était le supermarché, qui évidemment était dévalisé, puis l’armurerie, même-si je ne fondais aucun espoir dessus. J’y suis arrivée après quelques heures à éviter toute menace, je suis rentrée par une vitre brisée, le rideau métallique ayant été forcé. Il n’y avait plus rien, sinon quelques chargeurs par terre, et des babioles inutiles. A peine commençais-je à inspecter le magasin que j’entendais du bruit à l’extérieur. Je m’étais planquée à côté de la vitre brisée, pour tuer le mort-vivant de dos. Mais ce qui est entré à l’intérieur n’était pas mort. C’était un homme d’assez grande taille, blond, armé et bien équipé, le fameux survivant que j’avais vu durant la semaine. Ma première réaction a bien évidemment été de l’assommer, alors je me suis rapidement approchée de lui, mais il m’a entendu, et au moment de mettre mon coup de crosse, il s’est retourné à moitié et s’est protégé avec son bras et son épaule. Le coup étant assez violent, le type a reculé de quelques mètres et s’est retrouvé désarmé, alors je lui ai pointé mon arme entre les deux yeux.
J'avais peur qu'il soit un pillard. J'étais enragée, et j'aurais tiré directement si j'avais encore eu des munitions. Alors que je l'insultais et que je le condamnais à rester loin de moi, sa réaction fût surprenante. Au lieu d'ajouter de l'huile sur le feu, il s'est montré calme, gentil, et même drôle. Assez pour me calmer, alors je baissais mon arme. J'avais pas vraiment confiance en lui mais.. c'était pas un pillard. Ca je voulais bien le croire. Il a commencé à me parler de ce qu'il faisait ici, pourtant j'en avais rien à foutre et je lui montrais. Il disait se faire appeler Happy depuis toujours. Moi, je ne lui ai pas donné mon nom. Alors il m'a surnommée Sonic. Juste à cause de mon écharpe et de mon bonnet.
Il voulait aller à Seattle, et moi aussi. Je voulais retrouver mes parents. Je voulais savoir ce qu'ils étaient devenu. Car même si je les détestais d'avoir été aussi cons avec moi, ils étaient ma seule famille encore en vie. Enfin, peut être. Alors j'ai accepté de le suivre. Au début, j'faisais toujours la gueule avec lui. Distante, froide et fermée, alors qu'il était toujours souriant, enjoué et bavard. Trop bavard. Pour moi c'était juste un bâton de marche, sur lequel m'appuyer.
Nous nous sommes arrêté plusieurs fois, dans des maisons vides, des appartements, des garages. Nous vivions de ce que nous trouvions. Nous avons passé un peu plus de temps dans une fermette abandonnée sur la route qui menait à Seattle. C'est à partir de là que j'ai commencé à changer d'avis sur lui.
Nous avons repris la route ensemble, encore. Il était digne de confiance et bienveillant. Je commençais à l'apprécier, et il semblait m’apprécier aussi. Plus le temps passait et mieux on s’entendait, on arrivait à compter sur l’un et l’autre. Parfois, il arrivait à me faire rire, et je parlais de plus en plus souvent. Je retrouvais un peu d’humanité, et mon désir de vengeance disparaissait peu à peu. On se protégeait l’un l’autre, il m’a plusieurs sauvé la vie, il m’apprenait certaines techniques de survie, et parfois, on discutait de sujets banals, comme si il n’y avait jamais eu la fin du monde. Après plusieurs mois, je voyais en Happy le père que je n’ai jamais eu. Mais malgré tout, je n’arrivais pas à le lui dire.
Au mois de mars 2016, nous étions à une fouille à Tacoma quand nous sommes tombés sur un groupe de survivants. Nous sommes arrivés à communiquer sans violence, alors ils nous ont proposé de les suivre et d’intégrer leur faction : « Sanctuary Hills ». Le courant étant bien passé avec les survivants, nous avons accepté de les rejoindre. Désormais, Happy et moi vivons en communauté. Nous avons rencontré de nombreux autres survivants, dont Shawna, avec qui je m’entends particulièrement bien, nous sommes très amies et j’arrive à discuter facilement avec elle, j’ai notamment pu lui raconter quelques points de ma vie avant l’apocalypse. Il y a également Carmen, la chef, que j'aime bien, mais qui me fait chier quand elle donne des ordres et que j'ai pas la tête à ça. Et évidemment, je ne passe pas une journée sans voir au moins une fois Happy, mais j’ai beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens pour lui.
Je pourrais rester ici, avec mes nouveaux amis, mais le souvenir de ma grand-mère, de Mary, Chris, et les pillards me hante chaque nuit. Je fais cauchemar sur cauchemar, et ma soif de vengeance ne s’est pas assouvie. J’espère que le temps me fera oublier petit à petit cet horrible souvenir, mais je crains qu’il soit ancré en moi pour jamais, et que quoi que je fasse, il continuera de me hanter chaque nuit.
Nola ferme son carnet et part se coucher. La pluie continue inlassablement de tomber, et le ciel est maintenant complètement noir. Notre jeune héroïne au destin tragique est désormais tiraillée entre le repos, ou la vengeance. Mais vous le savez aussi bien que moi, tout ceci n’est que le prologue d’une longue et périlleuse aventure dans le monde des mort-vivants.
***
L’apocalypse
L’apocalypse
Pour Nola, comme pour l’ensemble de la population moyenne américaine, ce qui était les prémices de la fin du monde ne semblaient être que des faits divers : des disparitions, des attaques isolées dans des quartiers pauvres, on soupçonne des cas de folie après la consommation de stupéfiants, les médias nationaux restent discrets. Après quelques jours, l’adolescente se pose des questions et décide d’aller voir sur internet. Elle y découvre d’étranges articles à propos de morts-vivants, des vidéos qu’elle croit d’abord truquées, et finalement, le mouvement sur le net se décrédibilise. Mais pour Nola et sa grand-mère, les choses s’accélèrent rapidement. En effet, quelqu'un du voisinage serait devenu fou et aurait tué sa propre femme. Une enquête est ouverte, et des violences éclatent, des coups de feux sont tirés. C’est Lily qui décide d’aller demander des nouvelles à un policier, et ce dernier, d’abord silencieux, conseille la vieille dame de se cacher dans un endroit sûr, être accompagnée de personnes de confiance, faire des provisions, suivre les nouvelles et n’ouvrir à personne.
C’est ainsi que Nola et sa grand-mère se sont retrouvées dans la villa voisine le 13 octobre, en compagnie de leurs deux jeunes voisins : une puéricultrice, Mary et un professeur de musique, Chris. Sommairement barricadée, le groupe d’amis arrive à faire des provisions, ils achètent de nombreuses conserves, des aliments sous vides et des fruits secs. Ils ont également une arme : un glock 17 appartenant au couple. Comme le leur a conseillé le policier, ils suivent les informations, et ne sortent pas de la maison. Pour eux, le début du mois d'octobre se passe sans encombres, mais voyant la situation dégénérer à Seattle et également en ville, ils prévoient début de novembre de partir à Weikel, un minuscule hameau, à une centaine de kilomètres de Seattle où la puéricultrice a de la famille dans une maison isolée. Malheureusement, début novembre, la police ne contrôle plus la ville, les militaires n’arrivent jamais jusqu’au lotissement, et le groupe d’amis se trouve isolé, avec de moins en moins de vivres.
A partir du 4 novembre, en l’absence d’autorité, des groupes de pillards se forment, très violents et sans pitié, ils profitent de la situation pour récupérer des biens, de l’argent, des armes et assouvir leur soif de violence. Des pillard arrivent justement jusqu’au lotissement, et ils décident d’attaquer les survivants s’y trouvant, ils finissent alors par trouver le groupe d’amis. Nola les avait vus venir depuis sa fenêtre, elle décida de se cacher dans une armoire après avoir prévenu tout le monde. Les pillards entrent, saccagent tout le rez de chaussé, prennent ce qu’ils désirent, et montent à l’étage, ils ouvrent chaque chambre, une par une, en tombant d’abord sur le couple. Quelques coups de feu sont tirés, Nola entend des cris, ceux du professeur et de sa femme. Ils poursuivent leurs recherches et découvrent la vieille dame, qui apparemment ne tente même pas de se défendre. Nola l’entend demander pitié depuis sa chambre, mais le sort semble inéluctable, le pillard tire, et ses amis rigolent. L’adolescente a peur. L’un d’eux rentre dans la chambre où Nola est cachée, il fouille un peu, trouve et vole quelques bijoux, et s’avance doucement vers la grande armoire aux deux portes. La jeune femme se retient de pleurer et évite de respirer, elle commence à étouffer et est morte de peur. A travers l’espace entre les deux portes, elle peut le voir, il est grand, habillé comme un militaire, il a les cheveux noirs, une large barbe et des yeux terrifiants, d’un noir profond. Et tandis que l’homme est prêt ouvrir la porte, son ami l’appelle «Steph’ on s’casse ! ». Le pillard tourne légèrement la tête, il semble partir mais décide quand même d’ouvrir une des portes. Nola est juste à côté, elle peut l’entendre respirer. « Steph’ bordel qu’est-ce que tu fous ? » Un autre homme entre, le brun vole un manteau, ferme la porte et part, Sonic en profite pour voir à quoi ressemble son compagnon : il est plus petit, porte un bonnet noir, il a les yeux bleus, est rasé de près, est tatoué d’une lettre « E » sur le cou et a la main couverte de sang.
Ils partent enfin.
Après une demi-heure enfermée en état de choc, Nola sort de sa cachette. Elle marche doucement, en pleurant, arrive devant la porte de la chambre où était cachée sa grand-mère. Elle ouvre la porte, et découvre une scène macabre. Lily Hughes, allongée par terre, dans une mare de sang, tuée d’une balle dans la tête à bout portant (sûrement l’homme tatoué). L’adolescente fond en larme devant le cadavre de sa seule véritable famille. Elle reste quelques minutes assise devant le macchabé de Lily, elle pleure, complètement déboussolée, puis elle entend du bruit dans la pièce d’à côté, des gémissements, là où le couple s’est fait abattre. Peut-être que l’un d’eux n’est pas mort, cela rend un peu d’espoir à Nola qui se précipite dans la chambre conjugale. Elle voit le professeur à genoux devant sa femme, « Chris ! », l’homme s’arrête soudainement de bouger, il se lève et se retourne. Chris a le visage ensanglanté, le corps transpercé par trois balles de revolver. Il a le visage blanc et les yeux livides. Derrière lui, sa femme apparaît, vidée de ses entrailles, elle finit d'agoniser en crachant du sang, les pillards ne l'avaient pas tué. Le mort-vivant s’approche doucement de Nola qui commence à paniquer, elle ne comprend pas, répète son prénom, lui demande de se réveiller. Puis le monstre accélère le pas et lui attrape le bras. L’adolescente se débat comme elle peut et parvient à s’échapper, elle descend l’étage et se munit d’un couteau de cuisine. Le monstre, après quelques minutes arrive également dans la cuisine où Nola est repliée, pleurant doucement, sa main tremble, le mort-vivant approche, la jeune femme supplie, mais il ne s’arrête pas, et quand l’adolescente ne peut plus reculer, elle n’a d’autre choix que de lui planter le couteau dans le cœur. Mais le monstre ne bronche pas et se fait plus menaçant, il est proche de son visage, Nola crie, elle prend le monstre par la gorge, et lui plante le couteau dans l’œil. Cette fois, il est bel et bien mort.
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J’étais couverte de sang, en état de choc, j’ai jeté mon couteau et suis tombée par terre. Je suis restée plusieurs heures, peut-être trois, ou quatre au même endroit, à pleurer, de peur, de tristesse, puis de colère et enfin de haine. J’ai décidé de me reprendre en main, et animée par un désir soudain de vengeance, je me suis équipée, j’ai pris un sac dans lequel j’ai mis tout ce dont j’avais besoin : quelques outils, conserves, eau … Et un couteau que j’ai mis à ma ceinture. J’ai décidé de partir et de me réfugier pour la nuit dans mon ancienne maison qui était à quelque mètre. Celle-ci n’avait pas été pillée et j’avais les clés pour rentrer. Je me suis essuyée le visage, changée et rééquipée, et après une semaine à survivre et prendre mes repères dans le lotissement, livrée à moi-même, j’ai décidé de partir en ville.
Notre lotissement était en banlieue, alors j’ai dû emprunter une route de 3 ou 4 kilomètres pour atteindre le centre. Sur celle-ci, j’ai trouvé un véhicule militaire accidenté, qui fumait encore, cela devait dater de la veille. Une jeep hors d’état de marche encastrée contre un arbre, et quelques mètres plus loin, un militaire revenu à la vie, avec dans son dos un fusil d’assaut. Je me suis dit qu’une arme de gros calibre me serait sûrement utile dans le centre-ville. J’ai réussi à tuer le mort-vivant dans le dos, en lui enfonçant mon couteau dans le crâne. J’ai pris ses affaires : ses vêtements et ses rangers, et évidemment son fusil d’assaut, une M16 avec un viseur laser, le chargeur malheureusement vide. Une arme plus dissuasive qu’un couteau il faut le reconnaître.
La nuit tombant, je me suis cachée dans un appartement en bordure du centre-ville. Il était dévasté, mais j’y étais en sécurité. Cependant, je crevais de froid, alors j’ai cherché quelques affaires, et j’ai fini par trouver une écharpe et un bonnet par terre, aux couleurs des Seattle Supersonics, l’équipe de basket que j’allais voir jouer avec mon père il y a 5 ou 6 ans. Je me souviens que cette trouvaille m’avait amusée.
Je suis arrivée dans le centre d'Aberdeen le 10 novembre, j’ai passé plusieurs jours à chercher des épiceries, armureries, superettes et pharmacies non-dévalisées en vain. Il n’y avait pas énormément de morts-vivants, mais je n’ai rencontré pratiquement aucun vivant. Pratiquement parce que j’en ai croisé un quelques fois, un grand type blond très débrouillard, qui passait de temps en temps dans l’avenue principale. Il était seul et n’avait pas l’air fou ni particulièrement agressif. Mais je devais tout faire pour éviter un survivant.
Je me suis faite particulièrement discrète, et j’ai pu éviter les quelques morts-vivants errants. Ma première destination était le supermarché, qui évidemment était dévalisé, puis l’armurerie, même-si je ne fondais aucun espoir dessus. J’y suis arrivée après quelques heures à éviter toute menace, je suis rentrée par une vitre brisée, le rideau métallique ayant été forcé. Il n’y avait plus rien, sinon quelques chargeurs par terre, et des babioles inutiles. A peine commençais-je à inspecter le magasin que j’entendais du bruit à l’extérieur. Je m’étais planquée à côté de la vitre brisée, pour tuer le mort-vivant de dos. Mais ce qui est entré à l’intérieur n’était pas mort. C’était un homme d’assez grande taille, blond, armé et bien équipé, le fameux survivant que j’avais vu durant la semaine. Ma première réaction a bien évidemment été de l’assommer, alors je me suis rapidement approchée de lui, mais il m’a entendu, et au moment de mettre mon coup de crosse, il s’est retourné à moitié et s’est protégé avec son bras et son épaule. Le coup étant assez violent, le type a reculé de quelques mètres et s’est retrouvé désarmé, alors je lui ai pointé mon arme entre les deux yeux.
J'avais peur qu'il soit un pillard. J'étais enragée, et j'aurais tiré directement si j'avais encore eu des munitions. Alors que je l'insultais et que je le condamnais à rester loin de moi, sa réaction fût surprenante. Au lieu d'ajouter de l'huile sur le feu, il s'est montré calme, gentil, et même drôle. Assez pour me calmer, alors je baissais mon arme. J'avais pas vraiment confiance en lui mais.. c'était pas un pillard. Ca je voulais bien le croire. Il a commencé à me parler de ce qu'il faisait ici, pourtant j'en avais rien à foutre et je lui montrais. Il disait se faire appeler Happy depuis toujours. Moi, je ne lui ai pas donné mon nom. Alors il m'a surnommée Sonic. Juste à cause de mon écharpe et de mon bonnet.
Il voulait aller à Seattle, et moi aussi. Je voulais retrouver mes parents. Je voulais savoir ce qu'ils étaient devenu. Car même si je les détestais d'avoir été aussi cons avec moi, ils étaient ma seule famille encore en vie. Enfin, peut être. Alors j'ai accepté de le suivre. Au début, j'faisais toujours la gueule avec lui. Distante, froide et fermée, alors qu'il était toujours souriant, enjoué et bavard. Trop bavard. Pour moi c'était juste un bâton de marche, sur lequel m'appuyer.
Nous nous sommes arrêté plusieurs fois, dans des maisons vides, des appartements, des garages. Nous vivions de ce que nous trouvions. Nous avons passé un peu plus de temps dans une fermette abandonnée sur la route qui menait à Seattle. C'est à partir de là que j'ai commencé à changer d'avis sur lui.
Nous avons repris la route ensemble, encore. Il était digne de confiance et bienveillant. Je commençais à l'apprécier, et il semblait m’apprécier aussi. Plus le temps passait et mieux on s’entendait, on arrivait à compter sur l’un et l’autre. Parfois, il arrivait à me faire rire, et je parlais de plus en plus souvent. Je retrouvais un peu d’humanité, et mon désir de vengeance disparaissait peu à peu. On se protégeait l’un l’autre, il m’a plusieurs sauvé la vie, il m’apprenait certaines techniques de survie, et parfois, on discutait de sujets banals, comme si il n’y avait jamais eu la fin du monde. Après plusieurs mois, je voyais en Happy le père que je n’ai jamais eu. Mais malgré tout, je n’arrivais pas à le lui dire.
Au mois de mars 2016, nous étions à une fouille à Tacoma quand nous sommes tombés sur un groupe de survivants. Nous sommes arrivés à communiquer sans violence, alors ils nous ont proposé de les suivre et d’intégrer leur faction : « Sanctuary Hills ». Le courant étant bien passé avec les survivants, nous avons accepté de les rejoindre. Désormais, Happy et moi vivons en communauté. Nous avons rencontré de nombreux autres survivants, dont Shawna, avec qui je m’entends particulièrement bien, nous sommes très amies et j’arrive à discuter facilement avec elle, j’ai notamment pu lui raconter quelques points de ma vie avant l’apocalypse. Il y a également Carmen, la chef, que j'aime bien, mais qui me fait chier quand elle donne des ordres et que j'ai pas la tête à ça. Et évidemment, je ne passe pas une journée sans voir au moins une fois Happy, mais j’ai beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens pour lui.
Je pourrais rester ici, avec mes nouveaux amis, mais le souvenir de ma grand-mère, de Mary, Chris, et les pillards me hante chaque nuit. Je fais cauchemar sur cauchemar, et ma soif de vengeance ne s’est pas assouvie. J’espère que le temps me fera oublier petit à petit cet horrible souvenir, mais je crains qu’il soit ancré en moi pour jamais, et que quoi que je fasse, il continuera de me hanter chaque nuit.
***
Nola ferme son carnet et part se coucher. La pluie continue inlassablement de tomber, et le ciel est maintenant complètement noir. Notre jeune héroïne au destin tragique est désormais tiraillée entre le repos, ou la vengeance. Mais vous le savez aussi bien que moi, tout ceci n’est que le prologue d’une longue et périlleuse aventure dans le monde des mort-vivants.
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Chloé Grace Moretz♦ Jimy
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♦ Nola
♦ recensement du nom (nom utilisé uniquement)- Code:
♦ Hughes
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♦ Lycéenne
PS : J’étais également présent sur le forum avant le reboot sous le pseudo de Jimy Resolwess, mais je n'avais pas pu terminer mon nouveau profil en raison du temps que je consacrais exclusivement au lycée à la préparation au bac. Me voilà donc de retour !
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Re: Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 8:10
Bon retouuur !
Et avec Sonic en plus, ça gère
(bon courage pour nous supporter tous dans la faction )
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Re: Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 8:23
Mercii
Ah ça va le faire, parler avec des gens ça va me changer x)
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Re: Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 9:01
Re'Bienvenue avec la jolie Sonny !
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Re: Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 10:31
Yeah! Trouve une guitare que je puisse venir te la prendre xD
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Re: Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 13:09
Merci Jasper
Mdr Tam dans ce cas j'en volerais une à Erik
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Re: Nola Hughes - Le prologue d'une longue aventure [Terminé]
Sam 2 Juil 2016 - 13:23
Coucou et (re)bienvenue =)
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