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Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 11:51


GABRIELLA-LIINA ELLINSON
   
21 y.o • Américaine • Mannequin • Traveler

i've got a war in my mind

   
Dis-moi Gaby. Dis-moi qui tu es, aujourd'hui. Toi qui, avant tout ça, n'avait cas lancer un regard, pour qu'on se plie à tes désirs ? Dans le milieu de la mode, le mannequin n'est certes pas Roi, mais satisfaire leur demande est tout de même quelque chose auquel l'on prête grande attention. Et aujourd'hui, Gabriella se demandait où était passée cette petite fille imbue d'elle-même, tempétueuse et susceptible au plus haut point, comme elle avait pu l'être avec la plupart des gens. Certes, certains traits de caractère demeuraient, mais d'autres avaient si facilement désertés, que c'en était à peine croyable. Jusqu'au commencement, tout était facile, en fin de compte. Ces voyages, si fatiguant, c'était finalement de la rigolade. Maintenant, elle le savait.

Si l'on devait revenir sur sa personne aujourd'hui, histoire de faire un point, ou encore pour la comparer à ce qu'elle était avant … c'est indéniable, elle n'est plus la même. Mais en même temps, qui aurait pu rester le même, après ce qui nous est arrivé, à nous, à la race humaine ? Tous ceux qui s'en vantaient, devaient être morts : on était dans l'obligation de changer, si on voulait rester en vie.

Alors elle s'accroche, et elle ne compte pas lâcher : c'est une battante, et dans les moments les plus durs, elle essaie de rester motivée, dynamisant au mieux son petit frère, Mattéo, tentant dans le même temps de lui faire garder la tête sur les épaules, de rester tout autant réaliste, sans s'égarer vers des principes qui ne sont pas les leurs. Se serrer les coudes, c'est tout ce qu'il leur reste ; et pourtant parfois, elle voudrait lâcher prise ; mais elle le sait pertinemment : c'est impossible. Si elle veut leur donner une chance, elle doit toujours rester prudente, aux aguets, pour les maintenir en vie comme elle le peut : de nos jours la vie ne tient qu'à un fil, un fil qui peut très vite se faire briser, déchiqueter et avaler par ce troupeau de charognard qu'on appelle rôdeurs. Ses chers voisins qui jouent avec la mort et s'en délectent, ne sont cependant pas sa seule peur, sa seule appréhension. Depuis quand n'ont-ils rencontré personne ? Habituellement, ils se cachent. Qui sait si ceux qu'elle trouvera sur sa route, ne seront pas du même acabit que ceux venus leur prendre leur maison ? Des voleurs, des assassins.

Il n'y a qu'une seule personne avec qui Gaby peut s'ouvrir, la seule qu'il lui reste en ce monde : Mattéo. Bien que téméraire dans ses actes et dans sa manière d'être, elle est en fait très maladroite dans ses relations humaines. Se fermant dès le départ, elle reste très méfiante vis-à-vis de ceux de sa race, presque tout autant que des rôdeurs ; provoquant au  mieux les personnes en face d'elle, grande gueule au possible. Peut-être bien pour les pousser à révéler leurs intentions, à se montrer comme elles sont réellement. Et pourquoi pas, pour éviter de s'attacher, pour repousser les gens : bouclier dont elle s'arme contre les autres. Pourtant, derrière cette facette, elle reste une personne compréhensive de la souffrance des autres, et elle ne pourrait laisser quelqu'un à son sort sans tenter quelque chose, aussi dangereux soit-il. Têtue, une fois qu'elle a une idée en tête, elle ne l'a pas ailleurs : du moment qu'elle a confiance en elle et en ce qu'elle fait, peu importe les risques.

Franche, elle n'hésitera pas à vous balancer de manière assez vive vos quatre vérités en face, alors qu'elle se sera énervée contre vous, pour x raison : elle est colérique, Gaby, une phrase mal placée venant de quelqu'un, et elle le lui fera payer. La vengeance est un plat qui se mange froid. Et le plat de Gabriella, c'est l'un de ceux qui peuvent mettre des années à se préparer. Non pas qu'elle ne sache pas faire la part des choses : elle ne tient juste pas rigueur aux choses futiles, du moins sa rancune peut vite s'estomper, selon le niveau de gravité de ce qu'on a pu lui faire, ou lui dire.

   

   
and blood on my hands

   
Mannequin de ce qu'elle use à appeler l'ancien monde, Gabriella n'a pas pris beaucoup en corpulence depuis le début de tout ça. Son corps est sec, ses muscles fins et bien dessinés, résultat de ses nombreux passages à la salle, qui lui permettaient d'entretenir sa ligne, et de se garder en forme. Encore aujourd'hui, elle essaie de réaliser quelques exercices régulièrement : ça pourrait lui servir, plus que jamais, après tout. La dernière fois, elle faisait 1m62 pour 48 kg, mais elle jurerait ne pas avoir pris un centimètre. Par rapport à toutes ses concurrentes, ou amies, - selon les situations -, elle était de petite taille, parfois cela la complexait, d'autres non : les stylistes cherchaient de plus en plus des tailles aléatoires, voire des petits modèles, et cela l'avantageait. Aujourd'hui, ça n'avait plus d'importance, qui se souciait de sa taille ?, les problèmes étaient bien plus grands.

Un visage long mais poupin marquant son peu d'expérience de la vie, c'est ce qu'on y voit au premier coup d’œil ; entouré d'une chevelure légèrement ondulée, d'une couleur aussi noisette que ses yeux. Et sous ces derniers, deux poches violacées qui marquent sa fatigue, et sa lassitude : toujours se cacher, ne pas pouvoir se poser à un endroit, survivre à longueur de temps. Pourtant, ils brillent, ses yeux, parce qu'elle s'accroche, parce qu'elle en veut, et qu'elle n'est pas prête d'abandonner de si tôt. Définissant son regard, des sourcils broussailleux qui restent bien dessinés : pour ça, elle avait toujours eu de la chance, et les maquilleuses se plaisaient à ne pas avoir à trop redessiner les parties les plus importantes de son visage, avant : un peu de blush, d'higlighter, une touche de bronzer, et s'en était fini. Pour terminer, une touche de gloss parfois, histoire de sublimer ses lèvres pêche, mais ça restait plutôt rare. Le naturel, c'était quelque chose auquel Gabriella-Liina tenait durant les shootings photos. A ses yeux, c'était l'intensité du regard, la posture, ce que le mannequin devait faire ressortir, pas sa figure chargée de maquillage, qui, au final, faisait de la photographie une réussite. Certes, elle se confrontait parfois à son agent à cause de ça, et elle devait souvent faire des concessions et se plier à la demande, mais c'étaient là les risques du métier, surtout quand on était une tête brûlée.

Durant les shooting, les défilés, et toutes autres facettes du métier, elle portait les vêtements que l'on lui disait d'enfiler, sans rechigner des associations, des couleurs, des styles souvent bien différents. Tout lui allait, peu importe ce que vous décidiez de lui faire enfiler. Ah ce mirage des vêtements vus sur les mannequins, que vous enfiliez après achat à la maison, sans que ça ne rende jamais pareil ! Avec Gaby, aucun soucis à ce niveau-là.
Dans la vie quotidienne, derrière le rideau, elle préférait cependant allier des couleurs pastel, passe-partout, voire jouer les dominos en revêtant du noir et blanc ; tout en restant dans une optique de confort. Elle n'aimait pas se sentir serrée, elle voulait toujours pouvoir être libre de ses mouvements.

Même si de nos jours on n'est plus vraiment maître de ce que l'on souhaite porter, dès qu'elle trouve des vêtements appropriés, elle les embarque. Ils finissent souvent tâchés de cervelle, de boyau, le sang séché s'y imprègne, mais c'est mieux que rien. Le maquillage, elle a oublié ce que c'était, de toute façon ça n'avait jamais été une nécessité pour elle, bizarrement.
Avec les événements, des cernes sont apparues, sûrement quelques bleus de-ci de-là si l'on fait bien attention. Ses cheveux se sont un peu ternis, fourchés au bout des mèches. Alors pour éviter qu'ils ne l'embêtent, et pour ne pas trop y prêter attention, elle en fait souvent soit une queue de cheval, soit une longue tresse. Quelques mèches retombent sur son visage, alors elle les cale tant bien que mal derrière ses oreilles.

Elle ne dispose actuellement que d'un pistolet, et seulement trois balles, son frère, lui, d'un fusil de chasse mais plus aucune munition. Durant leur voyage, ils ont aussi dénicher des dagues, résistantes, dont ils se servent souvent.

a storm is coming

   
Aînée d'une famille de deux enfants, Gaby (comme son frère aime l'appeler) est née à New York. Ses parents n'étaient alors déjà plus ensemble, la séparation remontant peu après qu'ils apprennent qu'ils allaient devenir parents. Sa mère, fille d'une famille aisée, s'était éprise trois ans plus tôt d'un jeune fermier alors qu'elle était en voyage d'affaire pour repérer des jeunes filles susceptibles de devenir mannequin. Elle avait fait la rencontre de la sœur de ce jeune homme et n'ayant nul part où dormir, la famille l'avait accueillie sous son toit. Une histoire d'amour de près de trois ans avait alors débuté, et de cet amour, est née Gabriella-Liina. Un nom bien particulier qui suscite l'intérêt et la curiosité, n'est-ce pas ? C'est ce que ses parents ont cherché à faire, parce qu'ils la voulaient exceptionnelle, et extraordinaire. La mère de Gabriella est repartie vivre à New York, pour élever Gabriella-Liina dans les meilleures conditions possibles, disait-elle. De temps à autres seulement, la petite fille allait rendre visite à son père, qui vivait dans les environs de Portland, à l'ouest de la chaîne des Cascades. Il y avait repris la ferme familiale, petite structure bio contrastant fortement avec celles des environs, paraissant miteuse et minuscule en comparaison ; destinée d'abord à ce que la famille puisse vivre de ses propres moyens, en vendant de temps à autres à des amis, des voisins. Ils avaient ainsi de petits troupeaux constitués de vaches à viande, de porcs, de chevaux de course - dont la vente les aidait à arrondir les fins de mois -, quelques poules ; et y cultivaient diverses céréales, pour nourrir leurs bêtes principalement. Une entreprise familiale, sur seulement une quarantaine d'hectares. Chapeau de cowboy, bottes en cuir, - et pour faire dans la caricature -, jusque la tige de blé pincée entre ses lèvres : son père était un rustre par rapport à la vie de ville que Gaby connaissait, et où elle grandissait. Elle fuyait donc les visites, les vacances, jusqu'à ce dernier rencontre une femme qui lui donna un petit frère. Gabriella avait alors 7 ans et demi. Dès que ses yeux ont plongé dans ceux de Mattéo, ç'a été le déclic : elle demandait elle-même à aller passer plus de jours chez son père. Elle ne voulait pas perdre une miette de ce petit frère. Ils ont appris à monter à cheval ensemble, elle lui a fait découvrir la ville, … un lien particulier les unissait. Lorsqu'elle partait à l'étranger pour son travail, il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne l'appelle, pas un voyage sans qu'elle ne lui envoie une carte postale, et elle pensait toujours à lui ramener un petit quelque chose. Alors que le temps séparait la plupart des fratries, eux se rapprochaient un peu plus chaque instant.

Sa mère étant une ancienne mannequin, dont le travail consistait depuis plusieurs années à repérer de potentielles nouvelles figures de mode en dehors de ses défilées ; elle commença très tôt à lui donner goût au monde de la mode, en espérant pouvoir un jour l'y voir s'épanouir. Et ça ne manqua pas. Dès son plus jeune âge, Gabriella fut très demandée dans le monde de la mode, conseillée par sa mère et quelques amies de cette dernière. Mais alors que les années passaient, à treize ans elle ne grandissait pas assez pour entrer dans standards ; et elle fut mise à l'écart : les grandes silhouettes étaient préférées alors qu'elles ressemblaient de plus en plus à des jeunes filles, si ce n'est des jeunes femmes. Elle n'en tînt pas rigueur, déçue, mais cherchant tout de même à percer, enchaînant shootings personnels, et restant très active sur les réseaux sociaux, notamment tumblr. Heureusement pour elle, les recherches de mannequin ont fini par s'ouvrir aux personnes plus petites, plus rondes aussi : il y avait enfin une évolution dans les standards de beauté, pour le plus grand bonheur d'une grande partie de la population internationale. Ça n'en était que les prémices, et pourtant, son agenda était chargé, et la galerie internet qu'elle tenait, fortement visionnée. Elle qui était alors scolarisée comme une jeune fille normale de son âge, ne put plus suivre les horaires imposés par les établissement, et reprit les cours à domicile pour allier mannequinat et études, alors âgée de dix-sept ans. De même, cette vie à cent à l'heure ne lui permettait pas de se faire des amis en dehors du monde fermé de la mode, elle perdit donc contact avec les personnes avec qui elle avait passé de bons moments, ces quatre dernières années. Cependant, dans ce monde, Gabriella trouvait la plupart des mannequins très faux, et trop confortés dans l'image que dans ce qu'ils étaient vraiment, au fond d'eux ; et c'était une chose qui ne lui plaisait pas. Aux côtés de son frère et de son père, quand elle pouvait leur rendre visite, elle appréciait ce vrai. Sa relation aux autres en pâtissait certes, mais ça n'avait que très peu d'importance à ses yeux : elle n'avait pas besoin de toutes ces personnes dans sa vie.

Enchaînant voyages sur voyages, shooting sur shooting, que ce soit au sein des Etats-Unis d'Amérique, jusque dans le monde - notamment en Europe -, elle n'avait que peu de moments pour elle, et en imposait donc de temps à autres, disparaissant à la ferme de son père, la plupart du temps. Elle n'avait pas vraiment de relation mère-fille comme on pouvait rêver d'en avoir une. Pour sa mère, elle était son bijou certes, mais derrière les feux des projecteurs, elle semblait n'être fière d'elle et ne l'aimer seulement qu'à travers ses réussites. Cela blessait Gabriella, rien d'autres ne les liait en dehors de leur métier respectif. Elles avaient beau passer énormément de temps ensemble, elles n'étaient pas proches. Certes, elle veillait sur elle, lui interdisait certaines choses, la conseillait sur d'autres ; mais jamais elle ne prenait le temps de faire quelque activité avec sa fille, juste elles deux, loin de leur vie d'égérie. Et pourtant, Gabriella pouvait la remercier de l'avoir élevée ainsi : oui, elle n'avait pas eu de relation mère-fille comme on pouvait en voir dans les films ; mais grâce à sa mère, à cette éducation qu'elle lui avait donnée, elle était devenue cette forte tête, prête à encaisser et ne se laissant embobiner par le premier venu. Ainsi, elle s'était tenue loin des relations à problème, de la drogue, et de toutes ces bêtises que pouvait faire un ado, ou qu'on pouvait trouver dans le bas fond du mannequinat.

Tu reviens quand Gaby ?, pouvait-elle lire sur l'écran de son iPhone, qui venait de vibrer. C'était Mattéo. Elle demanda un instant à son agent et quitta les feux et les flashs des appareils photos du studio. Elle déverrouilla son téléphone pour le placer très vite à son oreille, en profitant pour renvoyer ses cheveux vers l'arrière.

« Oui, c'est moi. »

S'en suit une conversation entre la fratrie. A peine raccrocha-t-elle qu'elle lançait à son agent, encore dans l'ombre :

« J'ai besoin de quelques jours, Juan. »
« Nan Poupée, impossible, t'as regardé ton agenda récemment ? T'es overbookée. Not po-ssi-ble. », s'évertuait-il à dire en détachant les syllabes.
« Je t'ai déjà dit de pas m'appeler Poupée. Repousse ce qu'il y a, lundi prochain je me prends deux semaines. »

Il souffla : de toute façon, il savait qu'il n'avait pas le choix. C'était ça, ou risquer de ne pas la voir aux différents rendez-vous déjà pris. Nous étions début Octobre, avant que tous ces événements funestes ne viennent chambouler nos vies.

   
on the highway to hell

   
Le 4 Octobre au matin, l'avion de Gabriella atterrissait à Portland, en provenance de Miami, où son dernier shooting photo avait été réalisé. Rien ne présageait encore l'apocalypse à venir. Comme la tradition le voulait, dès lors qu'elle grimpa dans la voiture de son père, elle éteignit son téléphone : pas de réseaux sociaux durant ses visites, ç'avait toujours été la règle d'or à la maison.

« Mattéo n'est pas avec toi ? », lança-t-elle simplement, après une étreinte légère mais sincère.
« Non, il avait à faire à la ferme. »
« Ménage-le, Papa, j'ai pas envie que mon p'tit frère attrape des problèmes de dos à force de porter des trucs plus lourd que lui. »
« Pas comme ton vieux père, c'est ça ? », en riait-il alors que le 4x4 démarrait pour filer plus vite qu'il n'y paraissait à travers les champs.

La porte claqua derrière la mannequin qui, dès son arrivée, mettait un pied dans la boue. Elle le secoua légèrement, haussa les épaules, et ouvrit le coffre de l'épave qui leur servait de 4x4. Quand elle demandait à son père quand il comptait en changer, plutôt que de crouler sous les réparations, il s'évertuait à dire que cela faisait un bon entraînement pour Mattéo, de réparer cette vieille chose.
Elle tombe vraiment en ruine, c'est pire à chaque fois que je viens ....

« Hey ! Gabyyyyy ! »

C'était sa voix. Ne prenant pas la peine de sortir sa valise, Gabriella partit en courant vers son frère, bras grands ouverts, lui sautant dessus, le faisant tomber à la renverse dans le même temps. Elle se plaignit avec ironie de ne pas être si lourde que ça.

« Non ça, c'est sûr. T'es aussi fine et légère qu'un brin de foin. »

Lui envoyant un petit coup dans l'épaule, les deux se relevèrent. Son petit frère avait encore grandi, et il la dépassait déjà d'une bonne tête. Mattéo ne tarda pas à l'inviter à le suivre. « J'ai une surprise. », disait-il avec empressement, l'emmenant jusqu'à deux chevaux sellés, prêts à partir faire une belle balade sous le couché du soleil.

« Ne rentrez pas trop tard. »

Le père déposa avec engouement un chapeau de cowboy, blanc aux reliures d'un brun clair, sur la tête de sa fille, alors que Mattéo enfilait le sien par habitude. Et c'est dans un nuage de poussières que les deux jeunes gens disparaissaient pour la soirée.

A peine quelques jours plus tard, alors que la seule chose qui les reliait au monde extérieur était le journal télévisé du soir, un flash info bouleversa la maisonnée : un nouveau virus aurait fait son apparition, et il était demandé à la population de garder son calme, et d'essayer de ne pas sortir de chez soi. A Seattle, la ville la plus proche, à quelques kilomètres seulement de chez eux, des patrouilles militaires étaient mises en place. C'était soit-disant sous contrôle. Soit-disant.
Alors que les jours passaient, la situation s'empirait. La petite famille s'attendait au pire, et le père commença dès lors à sortir les armes du placard, à la plus grande surprise de Gabriella :

« Si ça continue, avec les pillages, les fermes vont être touchées. On va vouloir nous prendre ce qu'on a. Soyez prudents. Plus de sorties à cheval, je vous veux dans les alentours de la ferme. »

Mise en place d'un couvre-feu dans cette partie du territoire non protégée des forces de l'ordre. Le père de famille prit les choses en main sur ses terres, rapatriant ses bêtes au plus vite, et préparant un stock de nourriture d'origine végétale, animale, … Gabriella repoussa son départ, ne voulant pas laisser son frère seul. Sa mère s’inquiétait, elle tenta de la rassurer, et un jour, plus aucune nouvelle.

A la fin du mois, la radio, la télé, tous les moyens de communication ne ressassaient plus qu'un message, ne lançant qu'un seul appel. Ce qui était sous contrôle ne l'était pas, en vérité.

Et la peur s'installa.

Aussi longtemps qu'ils l'ont pu, la petite famille a protégé comme elle le pouvait sa ferme, ce qui aura coûté la vie de la mère de Mattéo. Face à ce chagrin, le père s'en prit de plus en plus aux rôdeurs, ces êtres dont Gabriella et Mattéo ne comprenaient pas encore l'existence, ni même le but. Le jeune garçon apprit de son père, Gabriella en fit de même : elle savait qu'à essayer de toujours plus en tuer, son père y laisserait la vie, et ce jour-là, ce serait à elle de prendre la relève : pour Mattéo. Ils comprirent assez vite que le bruit les attirait, et expérience après expérience, que la tête devait être visée.

Au cœur de l'hiver, la fratrie finit par se retrouver seul. Dans le jardin, deux croix étaient plantées à même le sol. Ils survirèrent comme ils le pouvaient, épuisant le moins vite possible leurs provisions, jusqu'au jour où un groupe d'individus débarque, et s'en prit à eux.

Gabriella et Mattéo, cachés sous les lits, se regardaient : la peur était lisible sur leur visage. Alors que l'homme quittait la pièce sans s'attarder sur les détails, de la cuisine au rez-de-chaussée, ils pouvaient entendre un de ses complices réfléchir à voix haute au fait qu'une ferme si bien entretenue était obligatoirement occupée à l'heure actuelle. A peine la porte fermée et les bruits de pas dévalant les escaliers, ils sortirent à toute vitesse de leur cachette, ouvrant doucement la fenêtre pour se laisser glisser le long du toit, faisant tomber quelques tuiles au passage.
Deux chevaux sellés les attendaient à l'écurie : ils ne les avaient pas descellés, par chance, en revenant de leur tour de garde, plus tôt dans la matinée.
Et, alors qu'un bruit suspect alerta Gabriella, Mattéo avait empoigné son fusil de chasse et entamait leur défense, répondant aux coups de feu, par des coups de feu. Lançant son cheval au galop, Gabriella se baissa pour attraper les deux sacs de provision qu'elle gardait toujours aux portes de l'écurie. Elle avait déjà pensé à la possibilité d'un départ comme celui-ci.
Les deux pur sang, galopant librement, furent cependant vite poussés au galop de course, devant tenir la distance face au pick-up de leur ravisseur. Sautant par dessus les barrières, ils affolèrent les quelques vaches restantes, passant au milieu de quelques rôdeurs qui étaient passés par la faille créée par les individus qui les forçaient à partir. Gabriella posa ses yeux une dernière fois sur les vaches : bientôt, elles seraient dévorées, et cela lui créait un véritable pincement au cœur. Elle cria à son frère de pousser plus son cheval, et ils disparurent, laissant le pick-up en plan devant des clôtures qu'il ne pouvait pas franchir.

« Il faut trouver un endroit où dormir. » fit-elle, essoufflée de sa course, alors que le cheval de Mattéo rentrait presque dans le sien, qui sursauta, trempé de sueur.
« Non, on reste à cheval, peut-être qu'ils vont chercher à nous poursuivre. »

Mattéo disait vrai, c'était une bonne idée.

« Tu as raison. Essayons de rester un ou deux jours sur les sentiers battus et isolés. »
« Et si on croise des rôdeurs ? »
« On les bute. »

Et, en même temps qu'elle entamait sa prochaine phrase, elle accrocha une longe au mors du cheval de son frère :

« Dors, je nous fais avancer. On échangera dans quelques heures. »

Il acquiesça, et c'est ainsi que débuta la manière dont ils vivraient désormais.

D'abord, ils cherchèrent à rejoindre Portland, passant par les routes les moins empruntées, longeant le Columbia par le Sud dès qu'ils le purent, descendant de leurs chevaux seulement lorsqu'il était question d'aller chercher de nouvelles provisions, alors que les leurs étaient presque terminées. Ils apprirent à défoncer des portes, à se fondre parmi les rôdeurs en se barbouillant du reste de corps en putréfaction des créatures, alors qu'ils laissaient leurs chevaux à des endroits stratégiques leur permettant de les rejoindre au plus vite, tout en les mettant hors de portée des rôdeurs. Parfois, s'il n'y avait nul part où les laisser en sécurité, alors Gabriella restait avec eux, tandis que Mattéo s'occupait du reste. Se camoufler ainsi n'était certes pas des plus ragoutants, et avait tout d'abord rebuté Gabriella, mais l'idée était ingénieuse : elle leur venait d'un groupe de trois personnes, qu'ils avaient aperçu, ainsi barbouillés,  passer sous leurs yeux au travers d'un groupe d'une trentaine de rôdeurs, pour rejoindre un camion rempli de provisions.

En arrivant aux environs de Portland, ils se rendirent compte que la ville était encore d'avantage rongée par les montres : c'était logique pourtant, se disait-elle. Là où il y avait le plus de densité de population, il devait aussi y avoir, désormais, les points les plus assaillis par les rôdeurs. Les semaines passées à rejoindre Portland étaient donc vaines. Ils ne trouveraient rien ici. Alors ils prirent les routes du Nord, obligés de traverser le pont par la 205. Ce jour-là fut sûrement celui où ils durent le plus tuer des rôdeurs : Mattéo s'occupait de ça, pendant que Gabriella, pied à terre, tirait les chevaux pour les faire passer sans encombre. Parfois, un rôdeur se dirigeait vers elle sans que son frère n'ait le temps de l'intercepter : alors, de son poignard, elle plantait la lame dans la tempe.

Un jour, le cheval de Gabriella se fit attraper par la queue, et le monstre planta ses dents dans le couard de l'animal. Il fallut le lui couper : sur le coup, Gabriella vomit jusque ses tripes alors que Mattéo, impassible, tentait de calmer l'équidé. Il fallut fuir au plus vite ce jour-là, les cris de détresse du cheval amenant d'autres rôdeurs à leur rendre visite.

Rejoignant la 503, ils décidèrent de se diriger vers le lac Riffe, s'aidant d'une carte qu'ils avaient récupéré dans un magasin touristique de Fairview, avant de rejoindre Portland.
Ils dévièrent par Hockinson pour quitter la grande route, commençant dès lors à se poser quelques jours avant de continuer leur route, plusieurs fois. Reprenant leur chemin, ils firent quelques zigs et quelques zags, déviant parfois de leur itinéraire, vivant selon les troupeaux de monstre qu'ils pouvaient croiser, évitant au plus possible de rencontrer d'autres Hommes. Beaucoup de détours certes, mais des détours qui leur semblaient utiles et surtout, plus sécuritaires.

Les mois filèrent, chaque jour était le même que celui d'avant.

Passant par Longbeach, ils contournèrent plus tard Seattle, où ils eurent une altercation avec un homme, seul, qui finit en casse-croûte pour les rôdeurs : ni Gabriella, ni Mattéo, n'avait pu faire quelque chose, non pas qu'ils n'aient pas essayé.

Chargeant leurs chevaux du plus possible, ils se sont ensuite rendus à la forêt nationale du Mont Baker-Snoqualmie, pensant y trouver des amis de la famille - ils avaient souvent été passer quelques jours de vacances chez eux -, qui y avait une résidence secondaire où ils se trouvaient normalement lors du commencement de la fin du monde. Et ils y étaient, du moins ce qu'il restait d'eux. Les cachets sur le rebord de la boîte à pharmacie laissaient à penser que la mère s'était suicidée, et revenant à elle après sa mort, avait entrepris de dévorer son mari. Cherchant la petite fille de huit ans à peine, ils n'osèrent pas ouvrir l'armoire qui bougeait et d'où les râles du corps putréfié sortaient en souffle nauséabond. Ce fut elle, celle qu'ils eurent le plus de mal à tuer, non pas qu'elle était plus résistante que tous les autres, mais la revoir courir dans le jardin, ou encore rechigner à faire ses devoirs ; c'était trop difficile. Les enterrant dans un coin de la forêt où ils aimaient aller pique-niquer, ils y laissèrent des fleurs.
Ils restèrent quelques jours dans la maisonnée : il n'y avait plus grande provision dans les placards, et ils étaient trop éloignés d'endroits où se ravitailler. Alors, enfourchant leurs chevaux, ils se décidèrent à repartir vers le Sud, sans un regard en arrière. Ils devaient continuer d'avancer.

Lorsque les panneaux indiquant Everett commencèrent à affluer, la jeune femme resserra ses mains sur les rênes. Par réflexe peut-être bien, Mattéo et Gabriella tournèrent leur tête vers l'autre : on y voyait très clairement leur appréhension. Tout ce chemin, pour revenir sur leurs pas. Qu'est-ce qui allait, la prochaine fois, leur tomber dessus ?

time to meet the devil

   
• pseudo › yelonia / Alice
   • âge › bientôt 20 bougies

   • comment as-tu découvert le forum ? › Google, mon ami  :smile12:
   • et tu le trouves comment ? › sombre bien !
   • présence › régulière ? 1x/j mini

   • code du règlement › Ok - Jay
   • crédit › hmm je graphe moi-même, photos prises sur internet bien entendu ! (tumblr principalement)
passeport :

   fiche (c) elephant song.
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Re: Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 12:21

Très joli début de fiche, bienvenue parmi nous et bonne rédaction pour la suite Sun goes down -  4215398240 !
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Re: Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 12:26

Merci bien ! Je vais essayer de la terminer d'ici ce soir :138:
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Re: Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 12:37

Bienvenue par ici et bonne rédaction de fiche =)
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Re: Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 12:40

Bienvenue est bon courage pour la suite Very Happy
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Re: Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 14:55

Merci à tous ! :smile42:
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Re: Sun goes down -

Lun 29 Aoû 2016 - 16:18

Bienvenue ! Bon courage pour ta marche vers la validation Smile
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Re: Sun goes down -

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