Blablabla... L’image d’un visage rond et jaune ne tarda pas à se manifester dans l’esprit de John. Le smiley affichait un air particulièrement ennuyé et agacé, sa main imitant une personne en train de parler. Ennuyé, le brun l’était tout autant après le commentaire de la naine n°2. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre de toute façon si il défonçait d’autres portes ? Ça ne serait certainement pas elle qui allait les réparer. À la limite, si quelqu’un devait râler ici, c’était bien Samuel. C’était lui le plus à même de bricoler la porte. Une chance que le militaire se soit bien entendu avec le menuisier. Ce dernier était l’un des rares à avoir fait preuve de patience à l’égard de John et de ses accès de colère dont il se faisait une nouvelle fois le témoin. S’il voyait rouge depuis que Lucy était venu le trouver, Callaghan préféra ne pas relever la remarque de la brune et rentra directement dans la maison que les quatre hommes devaient nettoyer.

Comme à chaque fois qu’il se retrouvait sur un terrain inconnu, John avança prudemment, gardant un œil tant sur ce qu’il avait devant que sur ce qu’il avait derrière lui. Même s’il doutait que l’un d’entre eux puisse se faire surprendre aussi facilement, dans un espace fermé et avec la discrétion habituelle des infectés, le sergent de première classe préférait surveiller ses arrières par simple souci de précaution. Énervé, mais pas suicidaire. Son couteau bien en main, il avait presque envie qu’un rôdeur arrive. S’il maintenait suffisamment sa colère sous contrôle, avec l’image de Blake tournant les talons imprimée dans un coin de sa tête, la porte n’avait pas été suffisante pour que ses nerfs se calment complètement. Casser du mort aurait pu aider mais non, rien au rez-de-chaussée. Pour lui en tout cas. À voir le métal sali des armes d’Alan et de James, eux en avaient croisé. Ne restait plus que l’étage.

Ouvrant la marche, Samuel sur ses talons, John grimpa à l’étage rapidement. À peine avait-il mis le pied sur le plancher qu’il entendait déjà quelques râles se manifester. Tandis que le menuisier et le professeur partaient respectivement sur la gauche et sur la droite, Callaghan traversa directement le couloir pour aller inspecter les pièces du fond. L’ingénieur de combat poussa une première porte, donnant sur une salle de bain et... Rien. Refermant la porte derrière lui, il posa la main sur la poignée d’une autre avant d’arrêter son geste. Dans le semblant de silence qui régnait dans la maison, le grattement des ongles sur le bois s’était fait entendre facilement. John appuya sur la poignée et ouvrit la porte d’un coup sec pour repousser la créature qui se trouvait derrière. La mort ayant privé la carcasse de ses réflexes, elle trébucha, sa tête heurtant violemment le sol. L’autre décrépi hantant la pièce tenta bien d’attraper le militaire mais le vivant se montra plus rapide. En un claquement de doigts, la lame du MPK Mission s’enfonça dans le crâne de ce qui avait été autrefois un homme et la femme eut rapidement droit au même sort.

Après avoir inspecté la pièce pour être certain de n’en avoir oublié aucun, John retrouva les deux autres. Devant la mine déconfite d’Alan, Callaghan passa la tête dans la pièce pour essayer de comprendre ce qui s’était passé. Et il n’eut aucun mal à le faire en voyant le corps décharné de l’enfant.

- Je crois que j’ai eu les parents, commenta l’homme, ravalant par la même occasion la boule de nerfs qu’il avait au fond de la gorge. Va falloir qu’on sorte les corps. Tu viens m’donner un coup de main avec les deux là-bas ? demanda-t-il au scandinave. On a qu'à les balancer par la fenêtre, on s'emmerdera moins.

    Croisant John en sortant, je serrais les dents en regardant le couloir, encore bien trop secoué pour lui expliquer ce qu'il s'était passé. Nul doute cependant qu'il le comprendrait de lui-même, et tant pis s'il jugeait que j'avais merdé, rares étaient ceux qui n'avaient pas la moindre faiblesse. Reportant mon attention sur le militaire, je hochais la tête à sa demande.

« Je vais m'occuper du gamin. »

    Lançant un regard reconnaissant à Samuel, je suivis John dans la pièce où se trouvaient les cadavres de ceux qui devaient être les parents. Ouvrant la fenêtre qui donnait sur l'avant, je me retournais vers le premier corps, m'abaissant pour prendre la femme au niveau des épaules. Patientant que John prenne les pieds, nous avions rapidement laissé choir par la fenêtre le Coyote sans vie, réservant le même sort au deuxième. Je n'avais pu m'empêcher de grimacer doucement en entendant le son qu'ils provoquaient mais pas le temps de m'en formaliser plus que cela, plus vite nous terminions tout cela et plus vite les nôtres pourront essayer de reconstruire un semblant de vie ici.

    Cela fait, nous avions rejoint le rez-de-chaussée où James, rejoint par Samuel, avait également sorti les cadavres. Apercevant les deux femmes, je leur signifiais que l'étage était sûr. Il ne nous restait désormais plus qu'à nous charger de cette maison tout au fond. Ressortant la rue, je lançais un rapide regard alentours, m'assurant qu'il n'y avait pas de soucis et que tout le monde évoluait convenablement ; pas de cris, pas de pleurs, chacun faisait ce qu'il avait à faire.

    Si la nervosité emmagasinée avait fait naître une forte envie de cigarette, je pris néanmoins sur moi pour ne pas céder, pas avant d'avoir terminé la prochaine maison. Après, je pourrais souffler un peu, peut-être. En espérant qu'il n'y ait aucun accroc dans celle-ci.

Spoiler:

Au-dessus d'Ethan, l'enfant rôdeur s'agitait en poussant des râles infâmes, ses mandibules claquant en direction du visage de sa proie. La créature manquait de force, mais compensait par une plus grande vigueur que les individus adultes. Sa chair pourrie était gluante, glissante, et il semblait à l'agent fédéral qu'il tentait de maintenir une anguille, alors qu'il lui avait saisi les poignets. Son couteau se trouvait à terre près de lui, inutile à moins qu'il ne lui pousse spontanément un troisième bras. Faire face à un enfant transformé était toujours un crève-coeur, d'autant plus lorsqu'on était soi-même parent. Mais avec cette vision cauchemardesque qui semblait bien décidée à emporter un morceau de son visage, le jeune homme avait perdu toute notion d'empathie. S'il l'avait pu, il aurait abattu la chose sans hésiter. En l'état, il ne pouvait même pas s'en défaire, tant elle gigotait.
Ce fut Connor qui le tira de ce mauvais pas en écartant le rôdeur, non sans mal, avant de l'abattre. Dès que cela fut fait, il revint pour tendre la main à Ethan et l'aider à se relever. Celui-ci accepta sans hésiter, se hissant sur ses pieds en ramassant au passage son couteau de sa main libre. Par réflexe, il essuya ses vêtements du revers de la main, tout en secouant la tête pour rassurer son équipier.

« Non ça va. Plus de peur que de mal. Il n'a pas réussi à me mordre, et la chute n'était pas si terrible. Merci pour le coup de main ! Ça se serait sans doute moins bien fini sans toi... »

Ensemble, l'équipe put reprendre l'exploration et le nettoyage de la maison. Déjà trois rôdeurs abattus, un homme et une femme adultes, un enfant... Peut-être qu'il leur restait encore un membre de la famille. Effectivement, en explorant les étages, ses équipiers tombèrent sur un dernier rôdeur, adolescent visiblement, et l'abattirent. Après avoir effectué un tour complet des lieux, ils furent assurés qu'il n'y avait plus aucune créature à l'intérieur. Même pas dans la cave. Dans ces conditions, le groupe d'hommes put se diriger vers la seconde maison qui leur avait été assignée. Celle-ci semblait déjà plus obscure à priori, rien qu'à voir ses volets fermés. La tâche allait sans doute être plus compliquée, car ils n'allaient pas s'amuser à prendre le risque de tout ouvrir...

La première maison n'avait pas été non plus une dure mission.

Enfin il avait d'abord fallu passer l'obstacle de la porte fermée, et les trois hommes s'étaient regardés, dépités. Il fallait trouver une solution pour entrer, et défoncer la porte n'était absolument pas une option envisageable, parce qu'ils ne pouvaient pas prendre le risque d'attirer à eux un nombre incertain de rôdeurs qui pouvaient se trouver à l'intérieur.

- Hé les gars.

Joshua attendit qu'ils se retournent pour lever victorieusement une clé brillante. Son sourire s'élargit, et il haussa les épaules.

- Ma mère faisait toujours ça. Une clé de secours sous un pot de fleurs.

Ainsi ils entrèrent, et Joshua se dirigea vers la cuisine. Mais à peine avait-il atteint l'entrée qu'il fut attaqué par un rôdeur sorti de nulle part, ou presque. Il n'eut pas trop de peine à l'abattre, et ils continuèrent leur fouille de manière précautionneuse.

Mais ils avaient été déstabilisés par l'enfant rôdeur qui avait attaqué Ethan. A tout bien y réfléchir, c'était sans doute la chose qui dérangeait le plus Joshua, qui le mettait le plus mal à l'aise comme situation. Les hommes, les femmes, il s'y était habitué. Mais les enfants, à chaque fois ça lui retournait le cœur et les tripes. Si bien que cette fois, même en étant témoin de l'attaque d'Ethan, il avait été incapable de réagir, figé en imaginant la pauvre Emily à la place de cet enfant mort-vivant.

Ils passèrent à la deuxième mission qui leur avait été assignée. Arrivant devant la façade, le docker la détailla. Tout était fermé, et la première idée qui lui vint fut que c'était sans aucun doute pour contenir quelque chose à l'intérieur. Et ça n'avait rien de rassurant...