Je sentais Kass de plus en plus affaibli à côté de moi, mais je l’étais tout autant en réalité, mon accouchement avait eu lieu moins d’une semaine avant ça et je n’avais pratiquement pas eu l’occasion de m’en remettre. Cependant je tenais le coup parce que je n’avais pas le choix. Je voulais qu’on ait une superbe maison pour pouvoir accueillir ma fille. J’avais envie de croire que demain serait un jour meilleur. Je ne trouvais cependant plus la force de parler. Il était temps pour moi de garder un peu mes forces.

Je titubais légèrement sous le poids de Ludwig, lui aussi était au bout du rouleau et cela n’avait rien d’étonnant. Je pouvais dire merci les grilles de m’avoir aidé à rattraper Ludwig, parce que sans elles, nous aurions sans doute tous les deux le cul par terre. J’étais surtout heureuse qu’aucune mob malfamée n’en profite pour nous croquer un bout de doigt au passage. Il n’y aurait pas eu plus con comme mort. Enfin, si y avait la mort de Justin, elle était vraiment magique celle-là. Enfin, j’avais préféré en rire parce que j’en avais marre de pleurer les gens. La vie était beaucoup trop triste en ce moment pour en rajouter une couche et puis ça avait été au niveau des Darwin Awards quand même. En tout cas, moi j’avais rigolé en lisant certains de ses articles improbables. Je regardais alors Ludwig faire une folie. Je restais un instant à le regarder avec un air perplexe.

- Oh ! Par Crôm ! Je suis sûre qu’il reviendra en vie…

J’avais envie de croire qu’il reviendrait en vie. Je ne voulais pas que Voltaire disparaitre pour de bon. C’était un peu la mascotte du groupe et sans lui ce serait sans doute un peu triste. Je me reconcentrais un peu sur les mobs pour planter celui qui venait à ma portée.

    Si la situation n'avait pas déjà été aussi catastrophique et que le silence était de mise, je n'aurais sans doute pu retenir un léger sursaut au hurlement de Blake qui rappelait son berger allemand. Au lieu de cela, je m'étais contenté d'un rapide coup d’œil vers elle, simplement pour m'assurer qu'il n'y avait pas d'autre problème ; pas que je doutais de ses capacités, loin de là, mais au vu du manque de forces dont nous étions tous victimes, un accident pouvait être bien trop vite arrivé.

    Me détournant rapidement, j'agrippais au col un Coyote qui s'était approché du dos d'Ethan pour lui faire perdre l'équilibre. La masse pitoyablement étendue dans la neige, je lui assenais rapidement le coup fatal. Combien y en avait-il encore ? L'impression que cette marée ne finirait jamais me tordait l'estomac ; outre la nervosité de ce qui pouvait arriver si nous ne parvenions pas à défendre le coin, la fatigue n'aidait en rien dans cette entreprise. Mais ce n'était pas le moment de baisser les bras et de se laisser submerger, pas après tant d'efforts. Il nous fallait faire de cet endroit ce qu'il était censé être, ne pas avoir pris tous ces risques pour rien, au moins en mémoire de nos morts.

J’avais eu envie de dire un truc à Lilou, lui dire de retourner dans la voiture à l’abri, mais j’avais été prise de cours par Richard. J’étais bien contente de pas l’avoir fait vu la réponse que Lilou lui avait donnée. Dans le fond, je pouvais la comprendre ce ne devait pas être facile pour elle de nous regardait faire alors qu’elle était assise dans une voiture. La tension était palpable. Je me contentais de la regardait un instant avant de me tourner vers Elena. Elle avait pris ma place depuis de longues minutes et je sentais bien qu’elle commençait à faiblir. Je me tournais donc vers elle et appuyais de nouveau mes mains contre la grille.

- A ton tour de plante des mobs. Repose-toi un peu, on rechange après.

Sourire crispé sur le visage, je commençais déjà à ne plus sentir mes bras. C’était tellement dur de supporter ça et je voyais Arthur qui donnait son maximum dans son coin. C’était un homme, il était fort, mais quand même, j’avais l’impression qu’il n’avait aucune limite et qu’il pourrait faire ça encore longtemps, mais je savais surtout qu’il ne voulait pas flancher parce que c’était lui qui nous tirait vers le haut.

Je regardais alors les autres et je remarquais bien qu’il était tous épuisé, l’idée de Ludwig avait sans doute légèrement diminué le nombre de mobs, mais c’était encore loin d’être suffisant. Mon cœur ce serait un instant en réalisant que nous avions définitivement besoin d’un miracle pour nous sortir de cette mauvaise passe. Est-ce que Dieu avait décidé de nous idée ? Je n’étais pas convaincu, sinon, il l’aurait fait bien plus tôt. Il avait quitté le bateau depuis longtemps, du moins c’était l’impression que j’avais et je n’étais pas convaincu d’avoir tort…