Le magasinier fixait son dernier adversaire masculin qui n'avait pas bougé d'un cil. Il était peut être effrayé par la puissance de Duncan ? De toute façon, le musicien n'en avait que faire. Il devait absolument profiter de la situation pour faire pencher la balance en sa faveur. Oui, mais c'était sans compter sur Emma qui ne resta pas sans rien faire. En effet, la jeune femme tira aussitôt un coup de feu sur Sarah. Surprit par ce tir, Duncan eut juste le temps de se pencher pour récupérer sa hache et de voir en même temps la blonde s'effondrer un genou à terre. Son amie  était touchée et elle criait de douleur ! Cette fois ci les choses commençaient à dégénérer et tourner salement au vinaigre. Sa camarade était certes blessée mais pas encore inoffensive. La blonde ouvrit le feu à son tour mais par manque de chance, elle loupa sa cible.

Le barbu voulut alors demander de ses nouvelles mais n'en eut pas le temps puisque les tirs venaient à nouveau d'attirer une quantité non négligeable de cadavres. - « Fais chier ! » Hurla t'il pour lui même. Duncan et Sarah étaient maintenant en sale posture. Pris en tenaille entre une femme qui n'arrêtait pas d'ouvrir le feu sur eux et des macchabées affamés. Le grand gaillard qui était resté immobile jeta un rapide coup d’œil de droite à gauche. Et d'après ce qu'il pouvait en juger la situation n'évoluait pas de manière positive ? Ils devaient maintenant faire un choix et vite : s'occuper des macchabées ou des vivants ?

Eliminer les vivants paraissait être la meilleure option pour le barbu, alors il s'écria à gorge déployée en direction de Sarah : - « On s'occupera des morts après ! On règle leur compte à ces gus en premier ! » Oui mais voilà, Duncan, qui avait perdu un temps précieux à exprimer ses pensées, était devenu une proie facile pour la tireuse embusquée. Une nouvelle détonation résonna et cette fois elle était destinée au barbu. La jeune femme semblait douée car la balle atteignit son objectif au niveau de la cuisse gauche. Le choc causé par le projectile causa une terrible brûlure au musicien. Celui-ci sous l'impact s'écroula aussitôt au sol. Sans doute déstabilisé par la douleur ? Blessé mais pas impotent, il réussit néanmoins à ramper jusqu'au véhicule le plus proche et ainsi se mettre à couvert. La blessure n'avait pas l'air grave et ne l'empêcherais pas de de marcher ? Mais cette fois ci la situation était vraiment merdique car les dépouilles arrivaient elles aussi sur lui.

Foutue pluie, et foutus étrangers, la situation n'allait définitivement pas évoluer positivement...La blonde avait fini par faire feu sur Emma, mais sa blessure l'empêchait toutefois d'être précise, réussissant toutefois à s'abriter derrière une voiture, Duncan était moins exposé qu'elle et avait un meilleur point de vue sur tout ce qu'il se passait. Les coups de feux qu'ils avaient tirés n'avaient d'ailleurs pas tardé à attirer d'autres rôdeurs. " Et merde... " dit-elle alors qu'elle tenait toujours en joue l'homme qui était toujours debout.

C'est alors que Duncan lui cria qu'il valait mieux qu'il s'occupe des personnes qui leur faisaient face tout d'abord, en effet, ils pourraient certainement ensuite prendre un peu de distance pour se débarrasser plus facilement des rôdeurs. " Bonne idée !" sauf qu'en pratique, elle ne savait pas trop comment s'y prendre pour le moment. Bien qu'elle en tenait toujours un en joue, Emma était plutôt adroite et ne leur donnait aucune marge de possibilité pour la déborder...

D'ailleurs, une nouvelle détonation retentit, et c'est Duncan qui en fut la cible, blessé à la cuisse, celui-ci tomba alors au sol, blessé et à découvert " Duncan , attention ! " lui cria-t-elle , inquiète de le voir si exposé, il parvint toutefois à ramper à l'abri, alors que l'autre homme avait fini par profiter de son manque d'attention pour battre en retraite et retourner auprès d'Emma qui lui confia une arme... Ils étaient maintenant deux contre deux, -le troisième, toujours inconscient- ce qui, tout en équilibrant la situation, la compliquait d'autant plus... Des pertes, il y en aurait certainement...  Le contact visuel avec Duncan fut rétabli , mais Sarah vit également les silhouettes des rôdeurs qui se trouvaient à une centaine de mètres d'eux se rapprocher. Ils allaient devoir faire vite, si ils ne voulaient pas se retrouver coincés entre deux feux...

Ok, ils avaient affaire à des idiots. Pas uniquement parce qu’ils signaient leur arrêt de mort, mais parce qu’ils donnaient des excuses qui n’en étaient pas : le groupe de Selene ne les avait pas « menacés ». Ils s’étaient montrés prudent, ce que n’importe qui ferait à ce jour. Les autres avaient été les premiers à tirer et de ce qu’elle pouvait entendre malgré la pluie qui martelait le camion, d’autres coups de feu retentissaient. La jeune femme ne reconnaissait pas le son du Desert Eagle qu’utilisait Sarah, mais elle supposait tout de même qu’ils allaient s’en sortir. Tous autant qu’ils étaient dans sa « famille », ils savaient y faire désormais.

Avant de se faire enfermer dans le noir, la musicienne avait défié du regard ses geôliers jusqu’au dernier moment. S’ils s’attendaient à la voir se recroqueviller et attendre comme une âme en peine, c’était une sévère erreur de calcul. Elle était trempée, gelée, désarmée, mais cette captivité n’était rien à côté de ce qu’elle avait vécu avec Jonah. Son corps s’en souvenait. Son âme s’en souvenait. La chaleur de l’horreur sur sa peau.

Le temps que ses yeux bleus s’habituent aux ténèbres, la pianiste avait essayé d’ouvrir l’arrière du camion – on ne sait jamais. Ça ne fonctionna pas mais elle ne s’avouait pas vaincue. Faisant volte-face, elle vit la petite fenêtre qui tenait sur l’avant. Cette dernière était trop étroite pour qu’elle puisse s’y faufiler malgré sa taille gracile, mais n’était pas pour autant inutile. S’aidant de ses mains pour tâtonner sur le sol humide, ses doigts finirent par se resserrer sur un objet suffisamment lourd pour l’aider. Sans attendre une seconde, Selene se rua sur la vitre et frappa dessus à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’elle éclate. Elle jeta alors un regard précautionneux en arrière : il était probable que la pluie ait couvert le bruit, mais on ne savait jamais…

Une fois dissimulé derrière la voiture, le magasinier se redressa suffisamment pour pouvoir s'asseoir. Puis, il s'adossa contre la carrosserie en fixant les macchabées qui se rapprochaient dangereusement. Il détourna ensuite son regard sur ce qui se passait derrière lui. La situation empirait. L'homme tenu en joue par Sarah venait de se faire la malle et en plus il venait semble t'il de récupérer une arme de la part de sa collègue ?

Le musicien jura une nouvelle fois dans ses moustaches. Il faut dire qu'au fur et à mesure que le temps passait, la situation empirait. Instinctivement, il regarda plus en détails sa blessure à la cuisse. Le sang coulait certes et commençait à se répandre au sol se mélangeant en même temps avec la pluie mais la plaie ne semblait pas bien méchante ? Elle était plutôt handicapante.

Toujours est il qu'il se plaindrait plus tard. Après un nouveau coup d’œil par dessus le capot du véhicule, le barbu se décida à changer de cachette. Il devait absolument se rapprocher de ses ennemis. Sa seule chance d'éliminer ces gens était un combat au corps à corps. Et puis, de toute façon, il n'avait pas d'armes à feu.  Alors la décision était facile à prendre.

Le musicien qui avait décidé de bouger, fit un rapide signe à Sarah pour lui faire comprendre ses intentions. Puis, il tenta de se redresser. Mais il avait été un peu trop optimiste. En effet, la douleur de sa blessure le fit se déséquilibrer. Il devenait évident qu'il serait beaucoup moins rapide dans ses déplacements.

Tentant d'oublier la douleur, il s'appuya sur sa hache jusqu'à se mettre debout et commença à se mouvoir avec difficultés en direction de son objectif. Un nouveau coup de feu résonna entre les gouttes de pluie. Décidément ces personnes avaient du pratiquer le tir de précision car cette fois ci c'est au niveau du biceps droit que le musicien se fit blesser. Celui-ci se laissa aussitôt tomber derrière une camionnette. Une fois à l'abri il regarda son bras. La balle n'avait visiblement fait qu'entamer la chaire mais si cela continuait de cette manière il finirait ses jours sur ce pont en étant criblé de balles ?

Il n’avait suffi que du bruit des pas pressés dans les flaques pour lui annoncer que les geôliers revenaient. Pressée par l’urgence, Selene jeta un œil aux sièges de l’autre côté de la vitre cassée pour voir un glock et ce qui ressemblait à une bombe au poivre. Pas le temps de s’équiper correctement, ils étaient déjà devant la porte arrière du camion. Elle attrapa le flingue, non sans érafler son manteau en faux-cuir sur les débris de verre, et bondit vers la couverture dont elle avait enregistré l’emplacement un peu plus tôt.

Au moment où la porte s’ouvrit, la pianiste attrapait le tissu pour le balancer sur ceux qui étaient désormais ses ennemis. La danse maladroite du voile qui leur retomba dessus leur masqua la vue suffisamment longtemps pour qu’elle dresse son arme et tire dans le tas. BLAM. Clic. Clic. Clic.

- Et merde ! ragea la jeune femme en constatant que son arme était déjà vide.

Qu’importe : elle en avait déjà grièvement touché un des deux ; l’homme, il s’était effondré. Comme un félin enragé, elle franchit la distance qui la séparait de l’extérieur et se jeta sur la femme. Toutes les deux basculèrent en arrière. Choc douloureux sur le bitume détrempé. La chute de Selene fut amortie par le corps de son adversaire. Elle lui flanqua alors un coup en pleine figure, néanmoins pas assez fort pour la sonner, et roula sur le côté pour s’écarter et se précipiter derrière une rangée d’épaves de voiture.

Essoufflée, de retour sous l’averse, ses yeux écarquillés étudiaient son environnement pour essayer de dénicher quelque chose qui lui servirait. Elle était dehors mais pas encore tirée d’affaire.

La jeune femme essaya de ne pas porter trop d'attention aux râles et bruits de pas des rôdeurs qui se rapprochaient d'eux, dans un premier temps, comme l'avait recommandé Duncan, il valait mieux se débarrasser de leurs opposants directs, ceux qui étaient encore doués de conscience, mais qui n'étaient pas forcément les plus intelligents. Tout le monde avait des failles, restait à découvrir quelles étaient les leurs.

Toutefois, ils ne tiendraient pas très longtemps comme ça, Sarah observa rapidement les lieux, de leur côté, il y avait un ensemble de carcasses de voiture qui contournaient les lieux, jusqu'à Emma et l'autre homme qu'elle tenait il y a encore quelques instants en joue. Peut-être pourraient ils les occuper suffisamment jusqu'à ce qu'elle puisse faire le tour et leur permettre de reprendre l'avantage ?

Duncan lui indiqua toutefois que ça commençait à chauffer de son côté et qu'il souhaitait changer de planque, il commença alors à se relever, essayant de faire abstraction de sa blessure pour se diriger vers un autre abri, la blonde surveillait ses mouvements, le Glock 17 armé et prêt à tirer s'il le fallait. Une première balle fila alors, et Sarah fit feu à son tour, pour permettre à son partenaire de gagner assez de temps pour aller se cacher ailleurs.

Les coups de feux fusaient entre les deux camps, et elle s'efforça de ne pas faillir, malgré son épaule blessée, l'homme qui avait été mis KO quelques minutes plus tôt s'était relevé et avait couru entre les tirs pour aller se mettre à l'abri près des autres. Trois contre deux... Tout en éjectant son chargeur pour en insérer un autre, et elle remarqua que la balle l'avait touché, cette fois-ci au bras... Elle le savait fort, mais il ne pourrait certainement pas en encaisser beaucoup plus. La jeune femme lui fit alors plusieurs signes, pour lui faire comprendre qu'il fallait qu'il la couvre, le temps qu'elle fasse le tour, mais pouvait-t-elle se le permettre désormais ? Un bref coup d’œil lui fit comprendre que les trois étaient désormais armés et toujours aussi déterminés à en découdre... Pas de chance pour eux, ils avaient le même but à leur égard.

Selene ne savait pas si la femme allait immédiatement se jeter à sa poursuivre ou d’abord s’occuper de son ami blessé. Dans le doute, elle ne s’attarda pas sur place : s’éloignant de plusieurs mètres, se faufilant derrière les voitures, courbée pour rester hors de vue. La musicienne regrettait presque d’avoir emporté son arbalète : avec un flingue, elle aurait certainement eu dans ses poches de quoi recharger l’arme qu’elle avait récupéré. Là, elle lui était aussi utile qu’une bouteille de shampoing.

« L’autre » s’était dissipée, toujours dans un coin de sa tête pour lui insuffler une rage démente, mais silencieuse. Elle n’avait plus besoin de parler, parce que l’étudiante était en accord avec elle-même : elle et ses amis avaient essayé le dialogue, ça n’avait pas marché. Ils allaient accorder une chance à Emma et les siens… voilà comme ça avait tourné. Ces gens avaient voulu la menacer, jouer les plus forts, la blesser même. Ils étaient morts.

Se calant entre deux épaves de taxi au jaune délavé, Selene s’aperçut qu’elle n’était pas seule : il y avait là un cadavre. Sans doute étendu depuis des mois, en décomposition bien avancée, la pluie faisant couler les restes de graisses sur ses os à nues. Après un coup d’œil pour s’assurer qu’elle n’était pas déjà débusquée, elle coinça le revolver volé dans sa ceinture et écarta de sa poitrine les vêtements rongés de la charogne.

Ses doigts se refermèrent autour d’une côte apparente et elle tira, secoua, agita, frappa, jusqu’à ce qu’elle se décroche. Non sans une esquisse de grimace dégoutée, elle étudia que l’os s’était bien cassée de manière à comporter un bout suffisamment pointu. Convaincue, elle se mit alors en position, prête à retourner en découdre, armée avec les moyens du bord…