Elle n'avait qu'onze ans lorsque le monde nous a montré sa face la plus sombre mais heureusement, elle arrive encore à garder les pieds sur Terre. Alexa est une adolescente considérablement téméraire, boudeuse, impulsive et capricieuse, à qui la violence ne fait pas peur, elle aime d'ailleurs l'utiliser selon son humeur, ses émotions. Si elle est énervée, soit elle utilisera des mots pour exprimer sa colère, soit elle se mettra à taper dans tout ce qui bouge. Avant, elle avait peur des rôdeurs, aujourd'hui, en décapiter un lui fait limite plaisir, elle aime se défouler. Il peut lui arriver de se comporter comme une 'gamine', c'est ce que son entourage lui dit en tout cas. Elle ressent une très grande haine envers les hommes depuis que son père s'est tiré comme un lâche, sans lui dire au revoir. Elle se méfie énormément d'eux.

Plutôt généreuse, elle peut se priver de repas pour donner une ou deux boîtes de conserves à quelqu'un qui en aurait plus besoin qu'elle. Elle le sait, elle a de la chance de s'en être autant sortie, d'en être arrivée là et elle est consciente que certains éprouvent plus de difficultés qu'elle à survivre. Même si elle n'aime pas le montrer, Alexa c'est une grande sensible. Il lui suffit simplement de penser à son père, à sa mère pour fondre en larmes. Elle aime faire la fille insensible, qui n'a peur de rien mais si vous saviez...

Assez intelligente et mature pour son âge, elle sait ce qui se passe là-dehors, ce que certaines personnes sont obligées de faire pour survivre et elle le comprend très bien. Elle y a elle-même déjà été confrontée et est prête à tout pour sauver sa vie, même s'il faudrait que quelqu'un perde la sienne en échange. Quand elle était encore avec Emily, elle faisait tout pour la rassurer, lui éviter des crises d'angoisses. Ça fonctionnait.

Le monde a beau s'être détérioré, elle espère un jour pouvoir vivre comme elle le faisait il y a encore quelques années, tranquillement et normalement, sans avoir peur de perdre la vie à chaque chose qu'elle ferait.  Ayant passé pas mal de temps seule lorsque ses parents n'étaient pas là pour s'occuper d'elle, Alexa est très dégourdie et pense pouvoir se gérer seule. Elle a une très haute estime d'elle-même et déteste se remettre en question... Elle a toujours raison, et puis c'est tout. Si elle vous propose quelque chose et que vous dites non, elle le fera obligatoirement derrière votre dos. Très susceptible, elle déteste qu'on lui reproche certaines choses, qu'on dise que ce qu'elle fait est mal... C'est ça, Alexa.

Alexa est une adolescente comme les autres. Elle fait près d'1m45 (ce qui est loin d'être avantage au combat) mais ne connaît aucunement son poids. Inutile de préciser qu'elle est fine et assez maigre. Comme pratiquement tout le monde, elle ne peut manger à sa faim et mange très peu pour garder le plus de provisions pour le lendemain. Elle est seule, elle sait à quel point c'est compliqué de trouver de la nourriture alors elle essaye de consommer le moins possible. Elle a de jolis yeux marrons qu'elle a hérité de sa mère. Elle se coupe les cheveux tous les deux mois... ça repousse vite, et elle déteste les voir long. Elle s'est toujours vue comme un garçon, pas une fille. Les robes, les jupes, ce genre de trucs, ça lui a jamais plu. Alexa se balade le plus souvent vêtue d'une petite veste en jeans à manches longues ou d'un sweat ainsi que d'un jean déchiré. C'est son genre.

Au fond de son sac de cours, elle a deux/trois fringues de rechange, une paire de jumelles, une vieille carte complètement froissée et déchirée sur les coins, une paire de ciseaux, du scotch, un couteau de survie qu'elle a trouvé dans un magasin geek et qu'elle adore... Elle a aussi un walkman avec une paire d'écouteurs qu'elle écoute de temps en temps.

Alexa Sickleman est née le seize mars deux mille quatre dans un hôpital de Calgary, très célèbre ville du Canada et aurait pu ne jamais voir le jour. Sa mère était assez jeune, pas encore majeure lorsqu’elle a appris sa grossesse. Son père avait quelques mois de plus que la jeune femme. Ils ne se connaissaient pas, du moins pas assez pour élever un enfant ensemble. Alexa était tout simplement le fruit d’un coup d’un soir. Les deux jeunes s’étaient rencontrés à l’occasion d’une grande soirée entre étudiants chez un ami commun, ils avaient bu, ils avaient discuté puis ils s’étaient retrouvés dans une chambre à l’étage pour faire leur affaire, tous les deux lucides, conscients de ce qu’ils étaient en train de faire. Cette nuit-là, ils l’ont passée ensemble et ne se sont plus jamais revus.

Un mois plus tard, Betty se doutait que quelque chose n’allait pas, qu’elle était probablement malade. Elle était plus fatiguée que d’habitude alors qu’il n’y avait aucune raison à ça, elle avait régulièrement des nausées puis… un retard de règles. Inquiète, totalement effrayée à l’idée même d’être tombée enceinte, elle est allée voir un médecin, suivant les conseils de sa meilleure amie de lycée. Un test de grossesse plus tard, le verdict est tombé : elle était enceinte.

Elle l’a premièrement gardé pour elle. Elle n’avait que dix-sept ans, dix-huit après quelques mois. Elle ne se voyait pas mettre un enfant au monde, encore moins l’élever. Elle était bien trop jeune pour ça, c’était pas du tout dans ses projets de vie. Elle voulait juste s’amuser, profiter de la vie, voyager… Elle comptait avorter. C’était la seule solution possible à ses yeux, pourtant… quelques jours après avoir appris sa grossesse et l’avoir avoué à sa meilleure amie, un garçon débarquait chez elle, un bouquet de fleurs à la main. Ce garçon, c’était celui avec lequel elle s’était amusé un mois plus tôt, celui qui l’avait mise enceinte.

Elle l'a fait entrer, complètement surprise de le voir-là, sous son porche. Ils ont discuté, il lui a avoué qu'il savait tout, que son amie lui avait vendu la mèche. Puis ils ont commencé à se rapprocher, à traîner ensemble, à se confier l'un à l'autre. Après quelques jours, ils étaient les meilleurs amis du monde, vraiment. Elle ne s'attendait pas à tomber amoureuse, ni à commencer à vivre avec lui. Elle appréciait juste leur très forte amitié, et c'est probablement ce qui a motivé Betty à ne pas avorter, ce qu'elle ne fit d'ailleurs pas.

Josh a pris soin de son amie durant tout le long de sa grossesse. Lui ramenant ses cours lorsqu'elle souffrait trop pour quitter la maison de ses parents, l'emmenant et l'accompagnant à chacune de ses échographies, il était très souvent aux petits soins avec elle, il voulait qu'elle se sente le mieux possible. C'était son enfant, et il était excité comme un fou à l'idée d'avoir un petit garçon avec lequel jouer au foot. C'était le bonheur pour les deux jeunes qui passaient maintenant le plus clair de leur temps ensemble. Les parents des deux futurs parents avaient plutôt bien pris la nouvelle et s'étaient mis d'accord sur le fait qu'ils seraient toujours là en cas de besoin.

C'est donc quelques mois plus tard qu'Alexa est née. C'était un joli bébé sans le moindre problème de santé particulier. Elle avait un poids dans les normes, elle allait très bien. Les parents, grands-parents étaient très heureux. Tout le monde l'était. Alexa fut élevée par ses parents, mais surtout en grande partie par ses grands-mères chez qui elle passait la plupart de son temps, ses parents voulant continuer de profiter de leur jeunesse malgré leur enfant. La petite fille n'a jamais manqué de rien, elle était même un peu pourrie gâtée. Jouets, vêtements, elle a toujours eu ce dont elle avait besoin, ce qu'elle voulait grâce à sa petite famille.

À l'école, tout se passait bien pour elle malgré les nombreux rendez-vous qui étaient organisés entre sa mère et le principal de son école. Alexa avait hérité du caractère de son père, se battait et se disputait énormément avec ses camarades de classe... Alexa n'a jamais compris pourquoi elle s'était à ce point rebellée dès un si jeune âge, pourtant... Plus les années passèrent, plus elle voyait ses parents s'éloigner. Ils ne vivaient pas ensemble, ils n'étaient pas amoureux, ils le lui avaient bien expliqué, et elle, elle détestait ça. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était la seule parmi ses amis à ne pas avoir de parents qui s'aiment, pourquoi son père ne venait jamais la chercher à l'école, pourquoi elle le voyait de mois en moins. Elle n'avait que sept ans et elle voulait une famille normale.

Elle n'avait que huit ans lorsque son père décida de déménager à l'autre bout du pays, voulant un nouveau départ, une nouvelle vie loin de sa fille et de sa mère. Il n'a jamais dit au revoir à la petite, et Betty lui en a toujours voulu pour ça. Elle a tenté d'expliquer à sa famille tant bien que mal que son père était parti, même si la petite ne comprenait pas vraiment pourquoi, comment il avait pu leur faire ça. Elle n'a plus jamais revu son père, il n'est jamais revenu la voir, n'a jamais appelé, n'a jamais envoyé la moindre lettre. Elle lui en veut énormément, et c'est probablement de sa faute si aujourd'hui, elle n'a jamais accepté un seul des nombreux petits copains que sa mère amenait à la maison. Elle les déteste tous, se dit qu'ils finiront tous par se casser un jour, les laissant à nouveau seules. Sa mère a toujours essayé de lui expliquer que les hommes ne sont pas tous les-mêmes, mais c'est comme ça qu'Alex le voit. C'est tout.

Après le départ de son père, sa mère s'est démenée seule pour élever sa fille, changeant de jobs et de mecs tous les deux mois, rien n'était stable, que ce soit dans sa vie personnelle ou dans sa vie professionnelle... Sa mère avait pas mal de problèmes d'argent alors faisait de plus en plus d'heures supplémentaires chaque soir, laissant Alexa chez ses grands-parents ou chez des amis de sa mère... Elle détestait se retrouver loin de sa mère mais elle a fini par s'y habituer, se doutant que travailler autant n'était peut-être pas une partie de plaisir pour sa mère.

Vendredi 9 octobre 2015 – Alexa a onze ans.

« Allez, Alexa. C’est le grand jour… » Betty souleva légèrement les draps de sa fille pour la dé-couvrir, pour l’aider à se réveiller comme elle le faisait pratiquement chaque matin sauf que ce jour-là, elle avait préféré la réveiller à six heures du matin. Depuis quelques mois déjà, la classe d’Alexa correspondait avec des élèves américains par courrier. Chaque élève s’était vu attribué un élève américain avec lequel il échangeait par courrier avec les parents à la maison. De nombreux courriers furent envoyés de la part d’Alexa qui était toujours excitée à l’idée d’essayer de nouvelles choses. L’enfant avait donc fait la connaissance d’Emily à travers les lettres que la jeune Américaine lui envoyait. Elles étaient rapidement devenues amies toutes les deux, se racontant leurs vacances, leur vie de famille, leurs fêtes et anniversaires. Le but de cette première expérience réalisée par le proviseur était de faire rencontrer à chaque enfant un autre enfant d’un âge similaire et d’échanger avec lui à propos de sa vie, de ses passions, de choses personnelles pour pouvoir se rendre compte à la fin que chacun a une vie et une vision différente du bonheur que celle de son camarade. « Tu vas enfin voir Emily, contente ? », la mère caressait les cheveux de sa fille encore endormie avant de déposer un baiser sur son front. C’est en entendant le nom de sa camarade Américaine qu’elle avait hâte de rencontrer qu’Alexa s’est soudainement réveillée et a sauté hors de son lit pour dévaler les escaliers et aller déjeuner avant de finalement aller se préparer pour les six heures de bus qui l’attendaient…

C’est donc bien habillée, les cheveux lissés, la main serrant celle de sa mère qu’Alexa arrivait devant l’école où un grand bus était stationné. Certains élèves entraient déjà dans l'aéroport après avoir dit au revoir à leurs parents, se faisant compter par les instituteurs. Certains avaient la banane, d’autres étaient déjà en pleurs à l’idée de quitter leurs parents pour les quatorze prochains jours. Alexa elle, elle souriait. Elle était très attachée à sa mère, elle l’aimait plus que tout, mais elle savait que tout allait bien se passer et qu’elle reverrait sa mère d’ici quelques jours. La mère enlaça sa fille, embrassa sa petite joue rose de nombreuses fois. « Fais bien attention à toi, d’accord ? Je t’appellerai chaque soir pour que tu me racontes ta journée, si tout se passe bien… », Alexa elle, marchait déjà pour rejoindre l'aéroport, saluant sa mère d’un signe de main avant de suivre le groupe d'élèves à l'intérieur, heureuse de ne pas faire de caprices comme de nombreux enfants le faisaient à ce moment-là. Si Alexa n’était pas autant ravie à l’idée d’aller rencontrer son amie à Yakima, la mère aurait sûrement gardé sa fille chez elle auprès d’elle. Elle détestait s’éloigner d’elle, surtout durant de nombreux jours… Mais elle grandissait et se détachait peu à peu d’elle. Elle n’avait qu’onze ans mais ça se voyait déjà, Alexa voulait être 'une grande', elle voulait pouvoir se gérer toute seule et faire ce qu'elle voulait sans qu'aucun adulte ne soit là pour la surveiller...

Après quatre heures d'avion à chanter des chansons pour enfants, à rire avec les instituteurs, à discuter avec sa voisine de siège, Alexa descendait de l'avion puis entra dans l'aéroport de Yakima, tenant la main de son amie de classe comme on l'avait demandé. Les premières familles vinrent chercher le correspondant de leur enfant. Les parents d'Emily vinrent chercher Alexa, se présentant d'abord aux professeurs comme demandé avec leur carte d'identité... puis quelques minutes plus tard, les deux parents étaient à l'avant de la voiture et les deux filles faisaient ample connaissance sur la banquette arrière... on les entendait déjà rire ensemble.

Mercredi 14 octobre 2015 – Alexa a onze ans.

Cela faisait cinq jours qu'Alexa vivait chez les Montgomery et il est inutile de préciser que les deux filles s'entendaient très bien, tellement bien qu'on aurait pu se demander si elles n'étaient pas sœurs... Alexa et son amie n'étaient en aucun cas au courant de ce qu'il se passait à l'extérieur, de ce qu'on disait à la télé puisque les adultes se montraient silencieux à ce sujet, ne voulant aucunement inquiéter les enfants. Et puisque sa correspondante avait l'école à la maison, ça ne les aida pas. Alexa recevait chaque soir un appel de sa mère, s'assurant que celle-ci aille bien, que tout se passe bien chez sa nouvelle meilleure amie, Betty essaye toujours de faire durer l'appel mais celui-ci ne dure jamais plus de quinze minutes. Alexa ne pensait qu'à s'amuser avec son amie et elle avait probablement raison... Elle ignorait ce qu'il se passait à l'extérieur, ces fameuses rumeurs sur l'existence de zombies, sur les nombreuses agressions... et c'était tant mieux. Une petite fille comme elle n'avait pas à penser à ce genre de choses, pas à cet âge-là.

Lundi 19 octobre 2015 – Alexa a onze ans.

C'était la panique. Les agressions se multipliaient de plus en plus à Yakima, le père d'Emily s'était fait attaquer en sortant faire les courses histoire de remplir les armoires qui étaient presque vides mais heureusement, celui-ci était sain et sauf. Les parents de la petite s'inquiétaient. L'institutrice d'Alexa n'était plus joignable, sa mère non plus. Ils ne savaient pas quoi faire. Étaient-elles aussi victimes de tout ce bordel... ? Ils n'en étaient pas sûrs mais se doutaient que quelque chose n'allait pas.

C'est en pleine nuit, aux alentours de quatre heures du matin que les deux gamines furent tirées hors de leur sommeil et allongées à l'arrière de la voiture familiale. À moitié éveillées, à moitié endormies, elles se demandaient ce qui était en train de se passer, pourquoi elles prenaient la route à une heure aussi tardive. Les parents bégayaient, tentaient en vain de créer un mensonge qui pouvait s'avérer logique, probable mais peinaient à expliquer la situation. Heureusement pour eux, les filles se rendormirent quelques minutes plus tard et ne se réveillèrent que le lendemain matin.

Quand Alexa ouvrit les yeux, elle ne reconnut pas l'endroit dans lequel elle se trouvait. Elle se leva, marchant jusqu'à la cuisine de cette grande maison tout en se frottant les yeux, fatiguée. Toute la famille de son amie se trouvait assise à table ainsi qu'un autre homme, un inconnu. En entrant dans la pièce, elle venait de stopper leur conversation. Est-ce qu'on lui cachait quelque chose, est-ce qu'elle avait fait quelque chose de mal... ?

« Les filles, on va rester chez oncle Jackson quelques jours… Il y a quelques soucis à la maison, à Yakima. À Holmes, ici, tout est calme... Des gens sont malades, deviennent agressifs. Ne vous inquiétez pas, on rentrera bientôt à la maison et tout rentrera dans l’ordre. Alexa, j’ai pu discuter avec ta mère. Son téléphone est cassé, elle t’appellera bientôt, promis princesse. » Hein. La petite brune ne comprit pas grand-chose à ce qu’on venait de lui annoncer mais hocha quand même la tête. Ils étaient chez l’oncle d’Emily, il y avait des problèmes dans la ville d'Emily, ce qui expliquait les sirènes de police qu’elles entendaient encore constamment quelques jours plus tôt, puis Betty, la mère de la petite avait des problèmes de téléphone et allait bien… D’accord. Alexa ne s’inquiéta pas vraiment sur le coup, faisant confiance à cette femme qui était gentille avec elle depuis son arrivée, puis elle continua de vivre comme une enfant de son âge, à jouer avec sa copine sans pour autant se préoccuper de ce qu’il se passait là-dehors… Ah, qu’est-ce que c’est bien d’être innocent et naïf…

Novembre 2015 – Alexa a onze ans.

On leur avait promis qu'ils pourraient rentrer chez eux, on leur avait dit que tout se passerait bien. Mais bien sûr, il ne faut jamais faire confiance aux adultes, il ne faut jamais croire leurs mensonges. Alexa n'était plus à Holmes mais à Tacoma, ville de Washington, à une heure d'Holmes. Elle n'était plus dans ce bon lit douillet qui lui manquait atrocement. Alexa avait peur, elle s'inquiétait pour sa mère, pour son amie, pour elle-même. Une semaine plus tôt, ils avaient dû quitter la maison de l'oncle d'Emily d'urgence, en pleine nuit. Une bête les avait attaqués. Alexa n'avait pas eu le temps de voir ce que c'était, ce à quoi ce monstre ressemblait mais elle en avait entendu les cris, les grognements et elle en faisait encore des cauchemars, allongée sur cette couverture qu'on lui avait distribué dans cette grande salle de sport qui servait de refuge à un bon nombre d'habitants de la ville de Tacoma. Bien que les adultes n'en parlaient pas beaucoup devant les enfants, de nombreux ados racontaient que c'était la fin du monde, que les morts se réveillaient et tuaient les vivants en les mordant... C'était horrible. Tous paniquaient alors que certains essayaient de trouver des solutions de s'en sortir, de réussir à vivre ensemble, à près d'une cinquantaine de personnes dans ce gymnase. Des militaires étaient arrivés et essayaient de gérer la situation, de calmer tout le monde, mais plus le temps passait et plus les gens pétaient les plombs. Beaucoup avaient apporté des provisions, certains organisaient de petites sorties en villes pour réapprovisionner le stock général... C'était super. Tout le monde s'entraidait, tout marchait sur des roulettes bien que la peur régnait. Tout le monde parvenait à rester en vie... Oui, tout se passait très bien. Ils sont restés sains et saufs dans le gymnase pendant trois bons mois avant qu'une autre menace ne fasse son apparition.

Février 2016 – Alexa a onze ans.

Les humains détestent suivre les ordres d'autres personnes. Alexa le sait très bien puisqu'elle-même hait quand sa mère lui dit de faire telle chose ou lui interdit de faire ceci ou cela. Pourtant, elle aurait aimé réentendre sa voix, voir sa mère la punir parce qu'elle n'a pas rangé sa chambre ou parce qu'elle n'a pas fait ses devoirs. C'était impossible, ça n'arriverait probablement plus jamais. Elle l'avait réalisé, elle en avait parlé avec d'autres enfants. La situation, ce cauchemar était bien plus grand qu'on le laissait croire. Les militaires, le gouvernement semblait lui-même dépassé par la situation. Les chances de la gamine de revoir sa mère était mince, elle s'en doutait, elle n'était pas bête. Elle regardait chaque soir cette photo de sa mère avant de s'endormir. Elle lui manquait atrocement. Les résidents du gymnase n'ont ni fêté Noël ni Nouvel-An. La joie et l'ambiance habituelle des fêtes de fin d'année n'étaient pas présentes...

Début février, un incident majeur s'est produit. C'est arrivé en pleine nuit. Tout le monde ou presque dormait lorsque les premiers coups de feu retentirent. Une balle dans la tête, une deuxième, une troisième. Les militaires enchaînaient les meurtres, commençaient par les adultes. Presque tout le monde fut réveillé par le bruit des armes à feu, et ce fut le chaos total. Les militaires ouvrirent le feu sur tout le monde, tuant de nombreux civils. Alexa est l'une des seules à s'en être sortie, accompagnée d'une adulte du groupe dont elle ne connaissait même pas le prénom, elle réussit à se hisser à l'extérieur de la salle de sport pour fuir loin de ce cauchemar. Elle disait au revoir à sa meilleure amie, à ses nouveaux amis, à sa 'nouvelle famille', à ses affaires, à la photo de sa mère... Putain, qu'est-ce qu'elle avait mal au cœur.

Alexa et Jena, la blonde qui l'avait prise sous son aile réussirent à se cacher à l'intérieur d'une vieille usine désinfectée où elles passèrent le reste de la nuit à discuter, totalement affectées par ce qu'elles venaient de voir. Les corps, le sang, les tirs. Puis les rôdeurs, les monstres à l'extérieur qu'elles venaient d'éviter. Elles ne savaient pas, ne pouvaient pas expliquer ce qu'il s'était passé mais se doutaient que ça s'annonçait rien de bon. Et si les militaires avaient reçu l'ordre de tous les tuer ? Et si il n'y avait plus aucun espoir, que c'était fini ?

Mai 2016 – Alexa a douze ans.

Douze ans, Alexa avait douze ans mais elle ne s'en doutait même pas. Elle ignorait la date qu'il était et elle s'en fichait d'ailleurs un peu. Elle n'avait pas de rendez-vous, elle n'avait rien à faire à part survivre et c'était déjà une lourde tache. Elle traînait avec Jena depuis maintenant trois mois, peut-être quatre. Les filles n'avaient plus aucune notion du temps. Beaucoup de choses avaient changées : Alexa avait découvert le monde extérieur, les monstres, les rôdeurs. Elle fut premièrement effrayée, puis elle a rapidement appris à vaincre cette peur. Elle a même tué ses premiers infectés à l'aide d'une sorte de machette trouvée dans l'une des maisons abandonnées qu'elles fouillaient toutes les deux. Elles marchaient, arpentaient les rues sans vraiment savoir où aller. Elles ne parlaient que très peu d'elles, de leur vie, de leur famille. Elles se donnaient juste les moyens, le minimum pour s'en sortir. La jeune adolescente avait certaines responsabilités qu'elle n'avait jamais pensé avoir avant un bon bout de temps, elle se sentait déjà devenir adulte et ça lui procurait un très bon sentiment. Elle avait une arme, elle participait à sa survie et ne restait plus assise dans une pièce fermée... Elle faisait quelque chose, elle et la blonde formaient une équipe, une très jolie équipe.

Elles passaient leurs journées à fouiller les maisons qu'elles trouvaient, ramassant ce qui pourrait s'avérer utile tout en privilégiant les vivres ainsi que les vêtements. Elles ne passaient jamais leur nuit au même endroit, pouvaient s'endormir un soir sous le toit d'une boulangerie et le lendemain soir dans une cabane au fond d'un jardin. Elles se déplaçaient sans cesse et c'était une très bonne stratégie qui leur permettaient de ne pas se faire mordre. Si elles voyaient que l'endroit craignait, elles n'y passaient pas plus d'une nuit.

Alexa ne l'avouait pas mais elle commençait à s'attacher à la jeune femme. Elle devait avoir aux alentours d'une vingtaine d'années, peut-être un peu plus, mais elle aimait son style 'gothique', son caractère de merde. Elle ne fixait que très peu de règles à la petite et c'est peut-être ce qui lui plaisait le plus dans tout ça. Elle était libre.

Juillet 2016 – Alexa a douze ans.

Les filles s'en sortaient plutôt bien. Elles avaient trouvé un bel endroit plutôt bien sécurisé, une grande maison, un manoir dans lequel elles s'étaient installées depuis près d'un mois. Elles s'étaient emménagé une chambre, avaient posé leurs affaires, faisaient comme chez elles. Jena et Alexa étaient très proches, la plus grande considérait la plus jeune comme la petite sœur qu'elle n'avait jamais eue et inversement. En l'espace de quelques mois, elles étaient devenue la famille de l'autre, se serraient les coudes comme pas possible. C'était vraiment beau à voir. Elles ne se voyaient limite plus vivre l'une sans l'autre même si elles savaient qu'un malheur pouvait arriver à tout moment.

Novembre 2016 – Alexa a douze ans.

Les deux filles fouillaient une vieille maison abandonnée comme elles le faisaient quotidiennement. Son sac sur le dos, une lampe torche dans la main, Alexa poussait la porte de l'une des chambres à l'étage après avoir fouillé le rez-de-chaussée de fond en comble avec Jena. Elles avaient l'habitude de se répartir les tâches, de se séparer lorsqu'elles entraient dans un nouvel endroit, ce qui n'était pas une très bonne idée puisque n'importe quoi pouvait arriver, à n'importe quel moment. C'est ce qui s'est passé ce jour-là. Alexa n'eut le temps de pousser la porte de cette chambre pour l'ouvrir qu'un homme à l'intérieur de la chambre passa son bras hors de la chambre pour l'agripper. Alexa se mit aussitôt à hurler, Jena monta rapidement les yeux pour retrouver l'homme aux vêtements sales, les bras enroulés autour de la gamine, une arme sur sa tempe. « Tu vas enlever ton sac et doucement me le filer. Je déconne pas, tu fais le moindre faux pas, elle explose. » le quadragénaire s'adressa à la blonde qui s'exécuta, se débarrassant de son sac qu'elle lui lança gentiment sans même hésiter. Il le saisit d'un bras, Alexa lança un discret regard à Jena puis... soudainement, elle lui mordit horriblement le bras ce qui le fit hurler de douleur. Il relâcha son emprise autour d'elle puis elle se mit à courir hors de la pièce pour se mettre en sécurité. « Putain de merde ! » criait-il, laissant tomber son arme à terre. Jena, toujours dans la chambre ne perdit pas la moindre seconde, se lançant sur l'arme qui traînait à terre pour l'attraper la première et le tuer... Se doutant de ce qu'elle allait faire, il l'agrippa par les cheveux avant qu'elle ne puisse atteindre l'arme, puis il la claqua violemment contre le mur, ses grosses mains fermement enroulées autour de son cou... Jena était décédée.

Quelques mois plus tard...

Aujourd'hui, Alexa ère seule avec son sac à dos et son couteau de chasse. Elle est seule et veut le rester. Elle a rencontré certaines personnes depuis le début de l'apocalypse, elle s'y est attachée mais a remarqué qu'elle termine toujours seule, alors... elle préfère le rester. Elle ne veut pas mettre d'autres personnes en danger, elle ne veut plus s'attacher à qui que ce soit. Elle reste actuellement dans une baraque abandonnée de Seattle où elle est installée depuis quelques jours maintenant. Elle n'a pas visité toute la ville, elle sait qu'elle n'est pas la seule à y passer mais est sûre et certaine de pouvoir trouver des vivres... Elle le doit, puisque si elle ne trouve rien, elle va probablement mourir de faim d'ici quelques semaines. Avoir traversé autant de choses pour mourir de faim... ? C'est pas possible.

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