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volatile times → kasper
Jeu 27 Avr 2017 - 13:31
31 ANS≡ DANOIS≡ COMMERCIAL≡ EMERALD FREEDOM
C'est un chouette type, Kasper. Mais il est possible qu'il vous fasse malencontreusement tuer parce qu'il sera bien trop occupé à se chier dessus pour se lancer à l'attaque.
C'est une chochotte, une poule mouillée qui depuis toujours se fait avoir par les blagues de "bouh" surprises. C'est pas tant qu'il ne voudrait pas aider. Sincèrement, il aimerait être utile. Il a une loyauté hors norme, peut se faire traîner dans la boue et continuer d'être présent. Mais voilà, il est peureux, préfère ne pas s'engager quand il le peut. Juste par prudence, dit-il.
Il s'est déjà imaginé le scénario catastrophe tristement plausible ; il se ferait surprendre un jour par un mort en décomposition, sursauterait, lâcherait son arme ainsi qu'un cri qui alerterait ses copains. Il s'y casserait le pied, s'écroulerait pitoyablement. Et il se ferait bouffer.
Pourtant, il en a dans le crâne. Quand il parle -chose qui arrive rarement dans un groupe-, il lui arrive souvent d'avoir des réflexions sensées, des bonnes idées. Il a juste pas assez de foi en son expérience, peut arriver à se dire qu'il avait tort parce qu'un glandu le lui aura dit. A une époque où les morts-vivants ne sont plus la seule menace, c'est sacrément emmerdant de se dire qu'il pourrait se faire retourner la cervelle si on lui soufflait de belles paroles et des arguments bien aiguisés.
Enfin, pour ça, faut-il encore l'approcher. C'est le genre discret dans tous les sens du terme, souvent effacé. Il n'aime ni s'imposer, ni se faire remarquer. Il lui faut souvent un peu de temps pour trouver un sujet de discussion, et ce n'est certainement pas lui qui va commencer. Le tout est de venir lui parler pour réaliser qu'il est d'une gentillesse incommensurable, aux bonnes intentions à n'en plus savoir que faire. S'il se met les gens à dos, c'est probablement parce qu'il n'a pas de filtre. Sa sincérité est une grande qualité autant que l'un de ses pires défauts ; il va toujours mettre les pieds dans le plat, réagir maladroitement dès qu'il est face à un sujet pointu.
Mais on pourra toujours lui parler à Kasper. Il comprend, il compatit, parfois un peu trop. Les émotions non plus, il n'a jamais su les gérer.
Kasper ne fait pas partie de ces types imposants. 1m85, un corps qui a tendance à se la jouer maigrichon malgré les muscles qui aiment transparaître. Ce n'est pas forcément derrière cet homme qu'on ira se cacher en cas d'attaque. Au camp, c'est le monsieur tout le monde. Il avait attiré quelques sourires ironiques quand il est arrivé avec sa chemise et ses chaussures en cuir, mais l'envie lui a bien passé. Il s'est rapidement fait aux sweats larges et aux baskets sombres qui lui permettent de se dissimuler où ça lui chante. Maintenant, il peut se mettre à fuir sans être coincé par sa tenue vestimentaire. Un progrès notable.
Il se balade avec un maillet en caoutchouc en guise d'arme. Une entaille a été faite au manche pour qu'il puisse l'accrocher à sa ceinture. D'une, ça le fait ressembler à Bob de bricoleur qui aurait perdu son casque. Et ensuite, il a en permanence une partie de la cuisse bleuie à cause de l'outil de malheur qui vient cogner contre sa jambe quand il marche.
Il est aussi l'heureux propriétaire d'un vieux couteau suisse qui mériterait d'être huilé. Décapsuleur, tire-bouchon, lumière qui ne fonctionne plus, ciseaux fichus de donner le tétanos, stylo à court d'encre... A moins qu'on ait besoin d'une pauvre lame de couteau, cela lui sera tristement inutile.
Kasper est né à Copenhague, il y a trente-et-un ans de ça. Fils unique des Aagesen, arrivé dans une famille normale, il n'a jamais été un gosse à plaindre. Mieux encore, il n'avait pas connu de drames avant l'apocalypse. Certes, son hamster, Boble, est mort quand il avait 12 ans. Et puis sa grand-mère quand il avait 14 ans. Pas des pertes dont on ne se remet jamais. C'est probablement pour cette raison qu'il n'a jamais aguerri son caractère, s'est laissé bouffer par les autres. On lui piquait son goûter gamin, on le bousculait dans les couloirs ado. Et il s'en foutait pas mal, continuait avec le sourire. Il y avait toujours un abruti pour cent personnes normales. Il y croyait plutôt bien et quand on y réfléchi, c'était beau.
Il a commencé des études en commerce. A ses vingt ans, il a même eu l'occasion de partir un an à Atlanta, aux États-Unis, pour apprendre la langue et valider un bachelor. Il est rentré finir ses études chez lui. Sans avoir le tempérament de commercial, il avait le cerveau. Cela a suffit, il semblerait.
A 22 ans, il s'est marié avec Edvia. Sa petite voisine depuis qu'il était gosse, sa première et seule petite ami au lycée, et ensuite à l'université. Naïf et amoureux, il n'a pas attendu quand elle lui a fait comprendre qu'elle pourrait être sienne. Un genou à terre et un mariage en bonne et due forme à l'église. Deux ans plus tard, son ventre s'arrondissait pour donner naissance à une magnifique petite fille, Annja. Trois ans plus tard, Esper, son petit frère, suivait.
Et si on lui demandait, Kasper affirmait être heureux avec un large sourire d'abruti. Sans réaliser que son patron le traitait comme un moins que rien incapable, que sa femme mettait un point d'honneur à le rabaisser dès qu'ils se trouvaient en public pour montrer qui menait la danse dans leur couple. Il faut croire que les attentes de l'homme qu'il était étaient pourries de simplicité ; travail, épouse, enfants. Un combo gagnant.
Tout ce qu'il a perdu.
L'épidémie a été le summum de l'ironie dans la vie de Kasper. Il n'était pas supposé aller aux États-Unis. Il n'était clairement pas le plus qualifié pour négocier un contrat d'une telle ampleur avec un gros client Américain. Mais il était le seul à avoir vécu aux États-Unis et à ne pas savoir dire non quand il s'agissait de lâcher toutes ses affaires en cours du jour au lendemain pour prendre un avion. C'est ce qu'il a fait, donc. Date d'aller, le 13 octobre 2015. Retour prévu le 16 octobre. Il est parti quand les choses ont dégénérées, aurait dû revenir quand les frontières ont été fermées. L'ambassade danoise n'a pas cherché à le rapatrier et dans un sens, il n'a jamais eu beaucoup d'espoirs là-dessus.
Il s'agit donc de replacer les événements ; le 13 octobre dans l'après-midi, Kasper a atterri à l'aéroport de Seattle. Il s'est senti flatté en voyant la pancarte avec son nom, a volontiers suivi le pas pressé qui les a mené jusqu'à la voiture noire sur le parking. Le chauffeur l'a conduit directement au centre-ville, dans l'hôtel où il séjournerait. C'est ici qu'il aura passé la fin de la journée ainsi que la soirée. Monsieur Soderberg, le client avec qui le contrat devait être fait, avait loué la salle de conférence au tout dernier étage pour une raison pratique, disait-il. Le soir, ils sont allés dîner dans le restaurant désert. Il a pris un soin particulier à épuiser Kasper pour qu'une fois dans sa chambre, il s'affale comme une masse. Il n'avait pas grand chose à faire d'autre de toute manière. La chambre était immaculée, aucun magazine pour l'occuper, une télé apparemment en panne. Il a été tenté de rallumer son téléphone mais ne l'a pas fait. Il se doutait que s'il le faisait, il allait appeler à la maison. Edvia l'aurait engueulé. Elle lui avait répété plusieurs fois, soit il était là, soit il ne l'était pas. Avec ses grands airs de princesse, il la voyait très bien lui demander de lui ficher la paix pour une fois qu'elle pouvait être tranquille, loin de lui. S'il avait été moins amoureux, peut-être qu'il aurait pu songer au fait qu'effectivement, son épouse était bien occupée en son absence. Que cela justifierait, plus tard, sa chance inopinée. Quant à son patron... Il ne voudrait de ses nouvelles qu'une fois le contrat conclu, certainement.
Et naïf, le blond n'a pas vu le mal non plus quand il a été réveillé tôt le matin, sorti rapidement de sa chambre pour le petit-déjeuner, puis une nouvelle entrevue pour parler affaires. C'est seulement le soir qu'il a commencé à s'irriter, s'énerver de se voir à ce point retenu. Quelque chose n'allait pas dehors, c'était un bordel sans nom. Si au début il avait pensé que ce n'était que l'agitation de la ville, des détails clochaient. Les militaires, les sirènes, les cris, les violences qu'il pouvait voir tout en bas du building. Soderberg a lâché le morceau à la fin de la journée, à moitié, contrit. Des émeutes policières, des voitures brûlées. Mieux valait ne pas prendre de risques inutiles à sortir vu le climat social actuel, disait-il. La politique et les tensions sociales, quelle histoire. Encore une fois, Kasper a gobé l'excuse. Il était même content, en fait. Soderberg avait des choses à se faire pardonner et il le retenait, c'était juste une excellente chose pour le contrat. Les choses penchaient en la faveur du blond.
Sauf que le 15 octobre, le danois a fini par avoir une once de jugeote et à ne plus croire les excuses. La télé de sa chambre ne fonctionnait plus, les lieux étaient déserts, les employés nerveux. Ce jour là, enfin, Kasper a pu voir une chaîne d'informations. Il a fait comme tout le monde, a paniqué. Au prix d'une dispute plus violente qu'il ne l'aurait fallu, il a réussi à emprunter une voiture dans le but d'aller jusqu'à l'aéroport, rentrer chez lui le plus rapidement possible. Il n'a pas voulu allumer son téléphone de peur d'entendre la voix paniquée d'Edvia, n'a pas voulu non plus la rassurer. S'enfuir semblait bien plus important à ce moment précis. Sauf qu'il n'a jamais réussi à s'approcher de son issue de secours, accueilli par un militaire qui lui a ordonné de rentrer se mettre à l'abri. Son vol à lui avait été annulé, il aurait fallu s'en douter. Pas d'autres prévus, un aéroport pris dans la panique générale et internationale. S'il fallait protester contre le gouvernement, s'il fallait attaquer, ce serait un lieu de choix pour quelques tarés. Alors Kasper s'est fait docile, est rentré à l'hôtel que Soderberg n'avait pas quitté, trop apeuré à l'idée de se faire agresser. Un homme paranoïaque à juste raison, pour une fois dans sa vie.
Ils ont tenu quelques jours dans cet hôtel, une semaine peut-être, à se regarder dans le blanc des yeux, à dire que « ça passerait » sans la moindre conviction.Ils étaient le 22 ou peut-être le 23 octobre. Des chambres, les rues désertes ne s'animaient généralement que pour un nouveau carnage ou pour voir un courageux passer. Soderberg aimait dire qu'il avait tout prévu, qu'il n'y aurait pas de problèmes. Mais le fait est que la sécurité n'a duré qu'un temps. A l'accueil, il n'y avait plus personne. Les cuisines ont été pillées pendant la nuit et même pire que ça ; pour la première fois, Kasper a vu un corps mort. Il en a gerbé ses tripes et boyaux, a frôlé l'arrêt cardiaque quand les restes de cette serveuse sont revenus à la vie. Un mort-vivant, dans le sens littéral du terme. Ils n'ont pas demandé leur reste pour fuir en direction du parking. Ils ont eu de la chance que le portail électrique ait été forcé et ont pu partir. Ils ont roulé directement hors de la ville. Et si le danois aurait rêvé de les voir quitter l'État, voir même le pays, cela n'a pas été le cas. Une quarantaine de kilomètres à tout casser, pour arriver face à ce charmant panneau vert annonçant la ville de Mukilteo.
Ils se sont réfugiés dans une vieille maison en bois, affublée d'un ancien phare. Rien de solide aux premiers abords, mais Soderberg a voulu lui montrer sa fierté au sous-sol. Un bunker. « On savait que la fin du monde arriverait. Si ce n'était pas en 2012, c'est aujourd'hui. » Pour la première fois dans sa vie, Kasper a été heureux de rencontrer l'un de ces fous furieux avec un bunker rempli de bouteilles d'eau et de conserve. Il a rencontré par la même occasion Erin, la fille Soderberg. L'habitante de la maison depuis plusieurs années, et visiblement la moins angoissée par la situation actuelle. Elle était infirmière, Erin. C'était certainement pour ça qu'elle avait un peu plus d'espoirs en la médecine pour trouver un remède. Ils auraient juste besoin d'un peu de temps, le temps que les chercheurs trouvent.
Alors ils se sont barricadés, ont intérieurement remercié la paranoïa du père Soderberg qui l'aura poussé à demander à un employé de dévaliser une partie de supermarché. En se serrant de la ceinture, ils avaient bien de quoi vivre pendant trois mois en restant barricadé. Sur papier, cela semblait bien. Dans l'idéal, la situation se réglerait toute seule, le quotidien reprendrait son cours malgré les pertes humaines. C'était ce qui devait se passer.
Et puis, la situation s'est dégradée. L'eau du robinet a cessé d'arriver propre, l'électricité a été coupée. Des mort-vivants ont été aperçu dans le voisinage, ce qui les a forcé à définitivement s'enfermer et vivre grâce à la lumière du jour à l'étage, ou grâce aux bougies qui ont finies par manquer.
Sortir était dangereux. Et ils n'étaient pas armés, chose qui un jour, a commencé à titiller l'esprit de Kasper. Un vieux parano, une jeune femme toute frêle, et lui. En cas de problème, ils seraient définitivement foutus. Le danois n'avait pas envie de penser au pire, d'imaginer être violent. D'imaginer tuer même un mort-vivant. Les messages sur les ondes radio n'avaient rien d'encourageant. Et à vrai dire, il préférait largement se voiler la face, imaginer qu'au Danemark tout allait bien, plutôt que de penser à un chaos collectif.
Le pire restait quand même la cohabitation. Si au début ils discutaient, arrivaient à rire et à apprendre des autres, l'ennui a fini par les tuer à petit feu. Tous les livres avaient été lus, tous les jeux de société joués de mille manières possibles, tous les sujets de discussions essayés. Et la batterie du téléphone du blond avait rendu l'âme. Elle ne servait plus à rien, vu l'absence de réseau. En tout cas, ils sont arrivés doucement à leurs limites.Assez pour ne plus pouvoir se supporter et avoir envie de partir. Soderberg a été le premier à céder ; il a quitté la maison. Les a tous exposé au danger en claquant la porte. C'était ils étaient à la mi-décembre, quand pour la première fois de sa vie Kasper était bien heureux de ne pas voir le moindre flocon de neige. Le voisinage n'était malheureusement pas sans risques et la petite escapade lui a valu une mort certainement douloureuse. C'est ce que Kasper a déduit en entendant les hurlements qui ont fait écho à ceux de sa fille. Il l'a retenue de s'approcher de la porte ou des volets, a puisé dans toutes les forces qu'il avait pour l'étouffer contre lui afin que ses sanglots ne soient pas audibles dehors. Le bruit a fini par cesser, tout autant, pour redevenir ce silence menaçant. Car dans ce nouveau monde, le bruit était synonyme de vie, et menait irrémédiablement à la mort.
Ils se sont encore enfoncé dans la solitude et la claustrophobie. Erin a arrêté de vraiment parler, Kasper a relu pour la énième fois tous les bouquins de la maison. Même le dictionnaire, car il n'y avait plus que ça pour faire perdurer un minimum d'optimisme. Il y avait des centaines et centaines de mots qu'il ne connaissait pas. Les vérités de la science et de la médecine allaient au même train. Un jour, on viendrait les trouver ici avec un sourire rassurant, leur annoncer que tout était fini. Une théorie difficile à entretenir quand l'une n'avait plus d'espoir, et l'autre perdu le fonctionnement de l’interaction sociale.
Mais quand enfin on a toqué à la porte, ce n'était pas une bonne nouvelle. Ils étaient à la fin du mois de décembre, passaient le plus clair du temps dans la nuit. En silence, bien souvent. Assez pour qu'il se souvienne de sa gorge sèche quand il devait parler. Le manque d'activité leur faisait restreindre leur alimentation au point que des réserves pour au moins trois mois commençaient à laisser penser qu'ils pourraient tenir jusqu'au printemps. Avec un peu de chance. Chance qu'ils n'ont pas eu. Kasper se souvient juste avoir été réveillé en sursaut par la porte qui claque, les pas qui envahissent la maison, les hurlements aigus de la jeune femme. Il a paniqué comme le dernier des cons, a roulé sous le lit qu'il occupait pour se planquer. Et dieu sait que ça a duré longtemps, longtemps. Quand enfin le silence est revenu, le danois a osé sortir de sa planque pour aller voir les dégâts. Il était seul. La maison avait été pillée, de la salle de bain de l'étage jusqu'au bunker tellement accueillant. Ils n'ont rien laissé, ont bouffé jusqu'à la conserve de baked beans entamée qui traînait sur la table basse.
On ne lui a pas laissé beaucoup de choix, ce jour là. Kasper a dû sortir de son trou, porter ses couilles pour affronter le monde. Le plus triste dans l'histoire est sûrement qu'il a pensé à sa femme, dans ces moments là. Pas à ses bras réconfortants, à leur lit conjugal ou à sa famille. Mais juste au fait que Edvia, elle ne se serait pas laissé faire. Elle les aurait tous sortis de là. En attendant, il a dû faire ses armes parmi ce qu'une maison propose de plus simple. Le maillet en caoutchouc qui avait un jour servi à planter des clous et décorer la maison de cadres. Un vieux couteau suisse qui lui donna la confiance d'un jeune McGyver pendant environ trente secondes. Un couteau à viande, trouvé dans le tiroir de la cuisine. Un manteau noir qu'il soupçonnait d'être féminin, des baskets qui traînaient au fond du placard et la moitié de bouteille d'eau qui restait sous son lit. Il n'avait rien d'une machine de guerre, Kasper. Mais c'est comme ça qu'il est enfin allé affronter la merde qu'était devenu le monde.
Contrairement à ce qu'il aurait souhaité, l'extérieur n'était pas désert. Et malgré les films d'actions qu'il avait pu regarder, il n'avait toujours aucune foutre idée de comment voler une voiture ou comment charger une batterie rapidement. Ça lui aurait bien été utile, mais à court de moyen de locomotion, il s'est retrouvé avec une alternative un brin plus rapide que ses jambes : un vélo. Un vieux VTT, trouvé sur la route. Pneus presque neufs, un luxe inespéré. Le moyen parfait de réaliser qu'il n'avait nulle part où aller. Pas un repère, pas un endroit aux alentours qui semble vraiment épargné. Les quelques maisons résidentielles crachaient parfois un ou deux infectés. L'école primaire aussi. Ce centre d'art qui semblait vouloir être un pôle culturel, de même.
Cette chose pathétique sur ses roues s'en est quand même tirée. Il a roulé, roulé. Deux heures, peut-être plus. Il s'est fait des putains de frayeur, a dû esquiver ces choses autrefois humaines à plus d'une reprise. Leur lenteur l'a sauvé ; l'a piégé aussi. Il était suivi en permanence. Dès qu'une ombre bougeait, il savait que c'était pour lui. Au bout de plus d'une heure, il n'en pouvait plus. Mais il a dû continuer, rouler, rouler. La peur l'a tenu en haleine pendant longtemps, au point de passer en pilote automatique sur son pauvre vélo. Il avait fini par se refuser à réfléchir pour ne pas envisager la possibilité qu'il roulait vers sa propre mort.
Et il a eu de la chance. Encore.
Il a été forcé de s'arrêter quelque part au milieu de nulle part. Les panneaux annonçaient Northgate, plus très loin. Mais en plus de n'avoir aucune idée d'où cela pouvait être, il n'y avait rien d’encourageant sur cette route. A peine un entrepôt et un amas de morts-vivants acharnés à l'idée d'entrer, franchir le rideau de fer. Tout a été vite ; Kasper qui saute de son vélo, titube comme un ivrogne à cause de ses jambes épuisées, le cerveau qui essaye de se reconnecter et de chercher une issue fiable. Le bruit d'un moteur qui vrombit, un camion qui vient joyeusement défoncer le tas de cadavres ambulants comme si c'était un jeu de quilles. Une jeep aux motifs militaires qui suit, pile devant ses yeux. Le danois n'a pas eu besoin d'encouragements, encore moins de présentations. Il est monté là-dedans, s'est trouvé une place sur la banquette, complètement hébété. Les militaires l'ont sauvé, ouais. Mais bon sang, s'il avait su. Pour l'heure, il n'avait pas pensé à ce qui pourrait arriver de pire que d'être seule au milieu d'une population de morts-vivants. La présence des hommes en verts ici était assez inespérée. Ils ont entendu parler de ce fameux entrepôt où le Walmart central stockait une grande partie de ses marchandises. Nourriture, vêtements, premiers soins. Ça aurait été une opportunité en or alors que tous les supermarchés étaient quasiment vides.
Par la suite, son arrivée au camp dans les derniers jours de décembre ont été... difficiles. Voir tous ces gens, se faire à de nouvelles règles de vie. Avoir la sensation qu'il n'y avait plus de lutte en place. Il était peut-être stupide, ou trop heureux que quelqu'un les protège. Le fait est que Kasper n'a jamais haussé le ton contre un militaire, ne les a jamais clairement dédaigné. Ce n'était pas si terrible. Ils étaient traités comme des chiens, entassés les uns sur les autre. La sécurité valait, à ses yeux, quelques brimades. Il dit ça parce qu'il a été épargné. Parce que seul, il serait mort depuis bien longtemps. Pourtant, il a dû suivre, prendre parti. Du jour au lendemain, la révolte a commencé. Violente, impitoyable. Les survivants se sont réveillés, féroces, prêts à mordre et déchiqueter. Kasper a eu le cul entre deux chaises. Un combattant à l'arrière, prêt surtout à sauver sa peau. Il aurait plutôt eu sa place dans le gymnase avec les femmes et les gamins. Plutôt que ça, il a juste pu se vanter d'avoir fracassé le crâne d'un militaire déjà blessé et à terre, d'avoir déboîté la mâchoire d'un autre avec la crosse du premier. Il n'a pas fait la différence.
L'homme déjà peu bavard qu'il était a achevé de se renfermer quand il a fallu se débarrasser des corps entassés dans le gymnase. De tous les âges, des deux sexes. La plupart trop fragiles pour avoir pu se défendre. Trop malchanceux et servis par aucune justice. Les plus optimistes auraient dit que finalement, c'était un mal pour un bien car après ce jour, le camp s'est essayé en tant que communauté. Chacun sa place, chacun sa dose de participation journalière. Un effort collectif que Kasper a intégré tant bien que mal. Contrairement à beaucoup, et pour avoir été assez veinard de ne pas les voir en action, il a fini par être plus effrayé par les hommes que par les infectés.
Encore aujourd'hui, c'est le cas. Parce qu'à être au milieu de survivants, il a entendu de sales histoires, des témoignages flippants de comment les êtres vivants ont fait preuve de sadisme pour arriver à leurs fins. Un cadavre ambulant te bouffe s'il t'attrape. Il ne jouera pas, ne te fera pas volontairement croire que tu peux t'en sortir. Et puis au pire, tu meurs rapidement.
C'est quoi la mort, après tout ? C'est une fin, une fin de tout ça. La peur, le sommeil peuplé de cauchemars, les sorties forcées du camp, les coups de panique quand la sécurité est compromise, le manque de sa famille, de tout ce qu'il a pu aimer dans sa vie un jour. Edvia et les enfants vont bien, le verront comme un héros qui a survécu à tout ça. Surtout s'il rentre un jour. Parce que ça se terminera, n'est-ce pas ?
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Votre célébrité ♦ <bott>Votre pseudo</bott>
≡ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
♦ Kasper
≡ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
♦ Aagesen
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♦ Commercial
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Re: volatile times → kasper
Jeu 27 Avr 2017 - 13:39
Encore quelqu'un qui vient grâce à Eli ?! Il va falloir ouvrir une boîte de recrutement à ce rythme
Bienvenue à toi
Bienvenue à toi
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Re: volatile times → kasper
Jeu 27 Avr 2017 - 14:00
Bienvenue parmi nous.
Bonne courage pour la rédaction de ta fiche.
Bonne courage pour la rédaction de ta fiche.
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Re: volatile times → kasper
Jeu 27 Avr 2017 - 14:43
Bienvenue a toi et bon courage pour ta fiche alors
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Re: volatile times → kasper
Jeu 27 Avr 2017 - 15:55
T'ES BEAU EN GARÇON.
c'est beau la faiblesse. on a bien réussi notre coup Eli
c'est beau la faiblesse. on a bien réussi notre coup Eli
And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time
❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞
- Lisandro Sedillo
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