Alec Jensen
Mar 30 Mai 2017 - 2:01
39 ans ≡ Américaine ≡ PMC Contractor ≡ The Remnants
Certains disent que nous sommes tels que nous sommes parce que la vie nous a ainsi faits. Que notre comportement est un reflet de notre nature profonde. D’autres avancent que personne ne naît particulièrement bon ou mauvais, courageux ou couard, fier ou modeste et que c’est notre environnement qui détermine, avant tout autre chose, le genre de personnes qu’on va définir. Et si personne ne pourrait réellement se vanter de connaître la nature profonde d’un homme, il est en revanche certain que le cadre dans lequel Alec a vécu a énormément contribué à faire de lui celui qu’il est aujourd’hui.
Ayant grandi dans un milieu particulièrement défavorisé, Jensen a dû apprendre très tôt qu’il n’existait qu’une seule et véritable loi en ce monde : celle du plus fort. À n’importe quel endroit, à n’importe quelle époque, il y a toujours eu des faibles. Et il y a toujours eu des forts pour les dominer. Alec a décidé de faire partie de ceux-là. En résulte un comportement relativement belliqueux. Beaucoup disent que la force ne résout rien. Il n’est pas de cet avis là, aussi n’hésite-il pas à montrer les crocs dès lors que le besoin s’en fait sentir. Quelques menaces bien claires suffisent généralement à calmer les moins vaillants. Et lorsque ce n’est pas le cas, il ne rechigne jamais à faire montre de force. Le mercenaire n’ira que rarement chercher la merde mais avec lui, on la trouve rapidement.
La rue aurait dû développer chez lui un sens aiguë de la loyauté pourtant la sienne est relativement changeante. Oui, Alec est capable de tout faire pour ceux qu’il considère comme faisant partie de ses proches. Oui, il exècre la trahison et a la rancune particulièrement tenace. Mais en cela, il est un homme de contradiction puisque sa propre loyauté n’en est pas pour autant indéfectible. Ce n’est pourtant ni une question de traîtrise ni de "sa peau avant celle des autres" mais de pragmatisme. Si la situation l’exige et que des sacrifices doivent être faits, il n’aura aucun scrupule à faire ce qu’il faut. Des scrupules, il n’en a de toute façon pas beaucoup. Il n’aura par exemple aucun mal à cogner un gringalet binoclard. Ou à tuer. Ce n’est pas ce genre de choses qui l’empêcheront de dormir la nuit. Les cas de conscience, très peu pour lui.
Son comportement brutal va de paire avec ses manières. Le Chicagoan n’a pas reçu une éducation des plus poussées et les leçons de bienséance ne figuraient pas vraiment au programme. Rustre, il se montre parfois grossier et ses gestes font preuve d’autant de délicatesse que ses mots. Au moins a-t-il le mérite de dire ce qu’il pense sans détours. Pourtant, s’il n’a pas fréquenté les grandes écoles, Alec est loin d’être bête. Ce qu’il a vécu a été bien plus formateur que tout ce qu’on aurait pu tenter de lui inculquer. Son intelligence n’est donc pas de celle qu’on apprend dans un livre ou dans l'amphithéâtre d'une université mais de celle qu’on développe dehors, quand on est confronté à ce qu’il a été confronté au cours de ses jeunes années. Ses capacités et ses connaissances sont applicables dans la vie, la vraie vie. Jensen sait faire preuve de bon sens, tout simplement. Il comprend comment le monde tourne et arrive rapidement à juger tant l’environnement dans lequel il évolue que les personnes qui l’entourent. Le presque quarantenaire se fie d’ailleurs beaucoup à ses intuitions, souvent bonnes, parfois mauvaises. Résolu, déterminé, sa volonté de fer lui a d’ailleurs permis de se sortir de pas mal de mauvais pas. Endurant, s'il s'est mangé des coups dans la gueule tout au long de sa vie, il n'a jamais baissé les bras. Conscient de ses lacunes, le mercenaire n’en reste pas moins un homme fier. Alec sait ce qu’il vaut. Et il déteste qu’un petit merdeux le prenne de haut sous prétexte qu’il n’a aucun diplôme à accrocher sur son mur.
Ayant grandi dans un milieu particulièrement défavorisé, Jensen a dû apprendre très tôt qu’il n’existait qu’une seule et véritable loi en ce monde : celle du plus fort. À n’importe quel endroit, à n’importe quelle époque, il y a toujours eu des faibles. Et il y a toujours eu des forts pour les dominer. Alec a décidé de faire partie de ceux-là. En résulte un comportement relativement belliqueux. Beaucoup disent que la force ne résout rien. Il n’est pas de cet avis là, aussi n’hésite-il pas à montrer les crocs dès lors que le besoin s’en fait sentir. Quelques menaces bien claires suffisent généralement à calmer les moins vaillants. Et lorsque ce n’est pas le cas, il ne rechigne jamais à faire montre de force. Le mercenaire n’ira que rarement chercher la merde mais avec lui, on la trouve rapidement.
La rue aurait dû développer chez lui un sens aiguë de la loyauté pourtant la sienne est relativement changeante. Oui, Alec est capable de tout faire pour ceux qu’il considère comme faisant partie de ses proches. Oui, il exècre la trahison et a la rancune particulièrement tenace. Mais en cela, il est un homme de contradiction puisque sa propre loyauté n’en est pas pour autant indéfectible. Ce n’est pourtant ni une question de traîtrise ni de "sa peau avant celle des autres" mais de pragmatisme. Si la situation l’exige et que des sacrifices doivent être faits, il n’aura aucun scrupule à faire ce qu’il faut. Des scrupules, il n’en a de toute façon pas beaucoup. Il n’aura par exemple aucun mal à cogner un gringalet binoclard. Ou à tuer. Ce n’est pas ce genre de choses qui l’empêcheront de dormir la nuit. Les cas de conscience, très peu pour lui.
Son comportement brutal va de paire avec ses manières. Le Chicagoan n’a pas reçu une éducation des plus poussées et les leçons de bienséance ne figuraient pas vraiment au programme. Rustre, il se montre parfois grossier et ses gestes font preuve d’autant de délicatesse que ses mots. Au moins a-t-il le mérite de dire ce qu’il pense sans détours. Pourtant, s’il n’a pas fréquenté les grandes écoles, Alec est loin d’être bête. Ce qu’il a vécu a été bien plus formateur que tout ce qu’on aurait pu tenter de lui inculquer. Son intelligence n’est donc pas de celle qu’on apprend dans un livre ou dans l'amphithéâtre d'une université mais de celle qu’on développe dehors, quand on est confronté à ce qu’il a été confronté au cours de ses jeunes années. Ses capacités et ses connaissances sont applicables dans la vie, la vraie vie. Jensen sait faire preuve de bon sens, tout simplement. Il comprend comment le monde tourne et arrive rapidement à juger tant l’environnement dans lequel il évolue que les personnes qui l’entourent. Le presque quarantenaire se fie d’ailleurs beaucoup à ses intuitions, souvent bonnes, parfois mauvaises. Résolu, déterminé, sa volonté de fer lui a d’ailleurs permis de se sortir de pas mal de mauvais pas. Endurant, s'il s'est mangé des coups dans la gueule tout au long de sa vie, il n'a jamais baissé les bras. Conscient de ses lacunes, le mercenaire n’en reste pas moins un homme fier. Alec sait ce qu’il vaut. Et il déteste qu’un petit merdeux le prenne de haut sous prétexte qu’il n’a aucun diplôme à accrocher sur son mur.
Le problème des personnes au caractère belliqueux, c’est que s’ils n’ont pas le physique qui suit, ils sont bons pour passer de sacrés mauvais quarts d’heure. Chance pour Alec, sur le plan physique, la nature l’a plutôt bien pourvu. S’il reste dans les normes, un bon mètre quatre-vingt standard pour à peu près soixante-quinze kilos, il a tout de même le physique nécessaire pour mettre en application les menaces que sa bouche profère. Le fait qu’il se soit mis à la musculation assez tôt n’y est pas non plus pour rien. Il n’a guère eu trop le choix de toute façon, c’était soit ça soit risquer de se faire démonter au coin d’une rue par une bande rivale. Pas que ça l’aurait aidé à encaisser les balles qu’il entendait parfois siffler dans son quartier mais c’était déjà mieux que rien.
Alec a ce qu’on pourrait appeler la gueule de l’emploi. Le visage large, Les traits de sa mâchoire et son menton, carrés, sont d’ordinaire dissimulés derrière une barbe fournie. Tantôt épaisse tantôt courte, sa longueur varie selon les circonstances et ses envies. Contrairement à ses cheveux d’ailleurs, qu’il laisse rarement pousser. Bruns, ils font ressortir des yeux clairs et expressifs, marqués de légères pattes d’oies. Des rides, il en a d’autres. À bientôt quarante ans, son visage commence depuis quelques années à afficher le poids des ans. Sa bouche charnue dissimule une dentition qui est loin d’être parfaite. Forcément, lorsque vous grandissez dans un milieu défavorisé, les frais dentaires ne sont pas la priorité. Si ses dents ne sont pas particulièrement abîmées, elles ne sont pas pour autant droites. Ni blanches mais pour le coup, c’est davantage dû aux quantités astronomiques de café qu’il ingurgitait chaque jour et aux cigarettes qu’il fumait qu’à son hygiène personnelle. Autant dire que ce n’est pas lui qu’on aurait sélectionné pour faire la pub de Colgate, mais d’une certaine manière, cela ne fait que renforcer l’image de gueule cassée que l’homme dégage.
De nombreux tatouages sont venus marquer sa peau au fil des ans, tous sur le haut de son corps : pectoraux, épaules et bras. Aussi divers que variés, les significations s’entremêlent et deviennent presque impossible à déchiffrer pour toute autre personne que lui. Certains sont ce qu’on pourrait qualifier des erreurs de jeunesse, comme le tribal qu’il porte sur son bras droit, d’autres moins, comme le portrait de la Vierge à l’opposé du premier. Corbeau sur le pectoral gauche, masques de théâtre sur le droit, inscriptions diverses, il y a de tout et pour tout les goûts.
Jensen reste un homme simple comme en témoigne ses goûts vestimentaires. Il ne porte jamais rien d’excentrique ou d’extravagant et va d’ordinaire au plus simple, au plus pratique et au plus confortable. Des jeans, des t-shirts, des pulls. Les quelques costumes qu’il avait n’ont servi qu’en de très rares occasions. Il en a tout de même un dans son armoire qui, évidemment, ne lui appartenait pas avant l’épidémie mais a été récupéré dans l’une des maisons qu’il a eu l’occasion de "visiter" depuis. Il ne le porte que lorsqu’il se tient aux côtés du sénateur lors de ses discours ou des soirées mondaines que le politicien donne de temps à autres.
Dirigeant les forces armées des Remnants, Alec a naturellement accès à leur arsenal au complet. Si il lui arrive de varier son équipement selon ce qu’il a à faire, il ne quitte que rarement son revolver automatique Mateba, son arme fétiche, issue de sa collection personnelle ainsi qu’un couteau de chasse, fabriqué presque sur mesure par un artisan coutelier. Ce sont un peu ses objets fétiches, ceux qui le suivent partout.
Au même titre que la bête qui suit son maître à la trace. Hammer, et autant dire qu’il porte bien son nom, est un Tosa de six ans qu’il a récupéré il y a autant d'années. Le chien est rapidement devenu son plus fidèle compagnon et la mascotte de ses hommes. Musculeux, sa corpulence a de quoi intimider puisque le Tosa atteint presque 80 centimètres au garrot et pèse pas loin de 75 kilos. Une gueule énorme, le poil court et lisse, de couleur fauve sauf son museau, noir comme la plupart des membres de sa race. Hammer est un molosse puissant, comme le sont ses mâchoires, mais il n’en demeure pas moins une force tranquille et un gros nounours avec les enfants.
Alec a ce qu’on pourrait appeler la gueule de l’emploi. Le visage large, Les traits de sa mâchoire et son menton, carrés, sont d’ordinaire dissimulés derrière une barbe fournie. Tantôt épaisse tantôt courte, sa longueur varie selon les circonstances et ses envies. Contrairement à ses cheveux d’ailleurs, qu’il laisse rarement pousser. Bruns, ils font ressortir des yeux clairs et expressifs, marqués de légères pattes d’oies. Des rides, il en a d’autres. À bientôt quarante ans, son visage commence depuis quelques années à afficher le poids des ans. Sa bouche charnue dissimule une dentition qui est loin d’être parfaite. Forcément, lorsque vous grandissez dans un milieu défavorisé, les frais dentaires ne sont pas la priorité. Si ses dents ne sont pas particulièrement abîmées, elles ne sont pas pour autant droites. Ni blanches mais pour le coup, c’est davantage dû aux quantités astronomiques de café qu’il ingurgitait chaque jour et aux cigarettes qu’il fumait qu’à son hygiène personnelle. Autant dire que ce n’est pas lui qu’on aurait sélectionné pour faire la pub de Colgate, mais d’une certaine manière, cela ne fait que renforcer l’image de gueule cassée que l’homme dégage.
De nombreux tatouages sont venus marquer sa peau au fil des ans, tous sur le haut de son corps : pectoraux, épaules et bras. Aussi divers que variés, les significations s’entremêlent et deviennent presque impossible à déchiffrer pour toute autre personne que lui. Certains sont ce qu’on pourrait qualifier des erreurs de jeunesse, comme le tribal qu’il porte sur son bras droit, d’autres moins, comme le portrait de la Vierge à l’opposé du premier. Corbeau sur le pectoral gauche, masques de théâtre sur le droit, inscriptions diverses, il y a de tout et pour tout les goûts.
Jensen reste un homme simple comme en témoigne ses goûts vestimentaires. Il ne porte jamais rien d’excentrique ou d’extravagant et va d’ordinaire au plus simple, au plus pratique et au plus confortable. Des jeans, des t-shirts, des pulls. Les quelques costumes qu’il avait n’ont servi qu’en de très rares occasions. Il en a tout de même un dans son armoire qui, évidemment, ne lui appartenait pas avant l’épidémie mais a été récupéré dans l’une des maisons qu’il a eu l’occasion de "visiter" depuis. Il ne le porte que lorsqu’il se tient aux côtés du sénateur lors de ses discours ou des soirées mondaines que le politicien donne de temps à autres.
Dirigeant les forces armées des Remnants, Alec a naturellement accès à leur arsenal au complet. Si il lui arrive de varier son équipement selon ce qu’il a à faire, il ne quitte que rarement son revolver automatique Mateba, son arme fétiche, issue de sa collection personnelle ainsi qu’un couteau de chasse, fabriqué presque sur mesure par un artisan coutelier. Ce sont un peu ses objets fétiches, ceux qui le suivent partout.
Au même titre que la bête qui suit son maître à la trace. Hammer, et autant dire qu’il porte bien son nom, est un Tosa de six ans qu’il a récupéré il y a autant d'années. Le chien est rapidement devenu son plus fidèle compagnon et la mascotte de ses hommes. Musculeux, sa corpulence a de quoi intimider puisque le Tosa atteint presque 80 centimètres au garrot et pèse pas loin de 75 kilos. Une gueule énorme, le poil court et lisse, de couleur fauve sauf son museau, noir comme la plupart des membres de sa race. Hammer est un molosse puissant, comme le sont ses mâchoires, mais il n’en demeure pas moins une force tranquille et un gros nounours avec les enfants.
Les dés étaient pipés depuis le début. Un sentiment, une impression que Jensen a ressenti à divers moments de sa vie. Celle que quoi qu’il se passe, quoi qu’il arrive, quelque chose s’acharnerait contre son sort, que les dés ne joueraient jamais en sa faveur.
Il faut dire que ça a plutôt mal commencé. Alec est né le 5 juin 1978 au Mercy Hospital de Chicago, l’un des pires hôpitaux de la ville. Sa mère, Nancy Jensen, venait d’un milieu très modeste. Sa plus grande réussite dans la vie aura d’ailleurs été de ne pas se faire engrosser avant sa majorité. C’est du moins ce que le fils, peut-être un peu ingrat sur les bords, finira par penser de sa mère. La seconde, d’être un jolie brin de fille, si tant est qu’une bonne génétique puisse être considéré comme une réussite. En tout cas, c’est certainement à cause de ça qu’Alec est venu au monde. Du reste... Il n’y avait vraiment rien de notable à son sujet. Nancy était l’américaine moyenne, ayant du mal à terminer les fins de mois avec son maigre salaire de serveuse.
Quant à son père, c’était un fantôme. Littéralement. Le père d’Alec n’a pas plus été présent le jour de la venue au monde de son fils que n’importe quel autre jour de sa vie. Un fantôme donc, brillant de par son absence. Ce qui explique pourquoi l’enfant a pris le nom de sa mère. Forcément en grandissant, Jensen a cherché à savoir qui était l’homme qui avait pris part à sa conception. Nancy n’a jamais pu lui apporter la réponse. En réalité, elle-même l’ignorait. Peut-être était-ce ce garçon avec qui elle avait passé un moment sympa après une soirée qui l’avait été tout autant. Peut-être était-ce ce quarantenaire, un homme charmant mais de passage, qui avait réussi, sans grande difficulté il faut bien l’avouer, à la ramener dans la chambre d’hôtel qu’il occupait le temps de son colloque après lui avoir offert un verre à la fin de son service. Évidemment, comme pratiquement toute mère dans la même situation, elle a menti, au début, par égard pour son fils. Ton papa a dû partir mais il reviendra, disait-elle alors, illustrant ainsi parfaitement le concept de "pieux mensonge". Puis les mensonges ont peu à peu laissé place à l’énervement puis la colère, jusqu’à ce que la question ne se pose même plus. Alec n’avait tout simplement pas de père.
Nancy a donc porté les deux casquettes. Et même si le fils l’a oublié avec le temps, elle s’en est plutôt pas mal sortie. Les premières années. La jeune mère a fait d’énormes sacrifices pour pouvoir élever son enfant. Elle cumula de nombreux petits boulots en plus de son travail de serveuse à cette période. Ménage, baby-sittings, et autres. Si elle n’hésitait pas à confier Alec à ses propres parents, elle s’est toujours refusée à leur demander une quelconque aide financière, aide qu’ils n’auraient de toute façon pas pu lui apporter. Peut-être que ce fut là son erreur. Ne pas avoir demandé d’aide. Nancy Jensen a sacrifié sa vie, son temps et sa santé pour une misère. Et le courage l’a abandonnée.
Alec devait avoir huit ans lorsque sa mère commença à se réfugier dans l’alcool. Ce n’était pas grand chose. Au début, une fois encore. Juste une petite bière en rentrant le soir, après qu’elle ait fini le travail. Son père retournait chez lui, le petit était déjà couché, ses devoirs étaient faits, elle était seule, tranquille. Il n’y avait pas vraiment de mal. Ce n’était pas une bière qui allait la mettre d’équerre et elle serait d’attaque pour emmener son fils à l’école le lendemain. L’école justement, Jensen n’aimait pas trop ça. Le jeune garçon manifesta rapidement un certain retard pour la lecture et l’écriture, retard qui ne fit que devenir de plus en plus important au fil des ans. Forcément, lorsque les bases sont mauvaises, il devient difficile de construire dessus. Ce fut peu de temps après son entrée dans le secondaire que les choses se dégradèrent pour lui et pour sa mère.
Les doses avaient augmenté, tout comme le degré alcoolique des boissons consommées. La Budweiser du soir n’était plus suffisante. Nancy était passée à la vitesse supérieure. Un processus lent et progressif. À la bière se substituait la vodka, le gin et la tequila dégueulasses mais économiques. La perte de ses parents n’avaient pas aidé, l’enfermant dans la mélancolie et la dépression. Sa tête peu à peu plus déterrée et les relents d’alcool qui l’accompagnait lui avait fait perdre son emploi. Mère et fils avaient dû déménager, quittant leur bicoque modeste pour une autre qui prenait l’eau, littéralement, dans un quartier mal famé. Ce fut à cette période qu’Alec dût réellement se prendre en main. Il devait avoir une douzaine d’années quand il se mit à ramasser sa mère pour la coucher. À jeter les cadavres de bouteilles qu’elle laissait derrière elle. À leur faire à manger comme il pouvait. Généralement, c’était des pâtes. La viande était un divin caprice et la plupart du temps, c’était à l’école qu’il pouvait en manger. Ses fréquentations, déjà pas forcément reluisantes, devinrent mauvaises. Il dût se battre. Plusieurs fois. C’était le nouveau gosse du quartier après. Il se devait de faire ses preuves pour ne pas se faire marcher dessus.
Le temps passa et rien ne changea, si ce n’est qu’Alec et la bande de potes qu’il s’était fait tombèrent lentement mais sûrement dans la délinquance. Les petits larcins de leurs débuts prirent de l’ampleur sans qu’ils s’en rendent réellement compte. Les paquets de bonbons furent remplacés par des lecteurs cds, des petits caméscopes et autres. Vol à l’étalage. Recel aussi, puisque ce n’était pas pour eux qu’ils volaient mais pour se faire un peu d’argent. Et puis il y avait les affrontements avec les quartiers rivaux. Alec mis la main sur sa première arme à feu à seize ans, quand au même âge, d’autres jeunes, plus fortunés, obtenaient leur première voiture. C’était un revolver. Un colt calibre 38. Sa mère n’a jamais su. Il le gardait cacher sous une latte du plancher. Même aujourd’hui, il ne sait encore pas par quel miracle il n’en a pas fait usage. Il aurait pu pourtant, notamment sur les connards que Nancy fréquentait de temps à autre. Sa bonne étoile certainement, celle-là même qui le préserva de soucis avec la Justice.
Ce fut à ses dix-neuf ans qu’il eut le déclic, qu’il comprit que, s’il ne changeait rien, il finirait percé de balles au fond d’un caniveau. Servir s’imposa comme une évidence. Il finirait toujours percé de balles oui, mais au moins, il aurait fait quelque chose d’utile. Il intégra l’US Army en 1997, à 19 ans, après avoir suivi un programme spécial permettant aux jeunes des quartiers défavorisés et sans diplôme d’obtenir un GED et d’intégrer les rangs. Jensen voulait tout laisser derrière lui. Il n’avait parlé de ses intentions à personne, pas même sa mère. Il ne lui fit aucun adieu de vive voix, se contentant de lui laisser une simple lettre expliquant son départ. Alec doit énormément à l’Army. Ce fut cette dernière qui lui permit de s’extraire de sa condition. Ce fut grâce à elle qu’il corrigea son analphabétisme, grâce à elle qu’il put connaître autre chose que la merde des quartiers.
C’était presque un travail facile. Au début. C’est toujours plus simple d’être soldat en temps de paix. Et puis il y a eu les tours et soudain, avec l’entrée en guerre des États-Unis, être soldat prenait une toute autre dimension. Jensen fut déployé pour la première fois en Afghanistan quelques temps à peine après l’attaque sur le World Trade Center. Après ses classes, le jeune homme avait choisi d’intégrer la 10th Mountain Division, basée à Fort Drum, New-York. L’état donc, proche de la frontière canadienne, pas la ville. S’il ne considérait pas la dixième division de montagne comme une "planque" où il pourrait se la couler douce, il ne se doutait pas que sa spécialisation en ferait une personne toute désignée pour se battre dans les montagnes afghanes. Il ne se doutait pas que sa division serait l’une des plus mobilisées de toute l’Army, avec une vingtaine de déploiements à son actif en moins de quinze ans. Il ne se doutait pas non plus du rôle prépondérant qu’elle jouerait au cours de la guerre. Et pourtant. Opération Anaconda. Bataille de Mazar-i-Sharif. Mutinerie de Qala-i-Jangi. Autant de combats, durant les premiers mois de la guerre, qui permirent aux États-Unis d’assurer leur position sur le sol afghan. Jensen ne rentra au pays qu’en juin 2002, après que la 82ème division aéroportée ait été déployée pour les relever.
Alec rencontra celle qui deviendrait son épouse, quatre ans plus tard, en 2006, au retour d’un autre déploiement, le cinquième déjà. Samantha. C’était une belle femme. Si on lui demandait aujourd’hui comment elle était, c’est sans doute la seule chose qu’il trouverait à dire à son sujet. Elle était belle oui. Pas conne, pour une fois. En tout cas, comparée à ses précédentes conquêtes. Elle travaillait pour le compte d’une grande entreprise. Ils se sont rencontrés dans l’un des bar branchés d’Albany, sur Madison Avenue, dans lequel Alec s’était rendu avec quelques potes de sa brigade, pour fêter dignement leur retour. Le genre d’endroits qu’il n’aurait jamais pu fréquenter avant d’intégrer les rangs donc. Ils passèrent la nuit ensemble et, leurs numéros échangés, se retrouvèrent quelques jours plus tard le temps d’un déjeuner sur Empire State Plaza. Le courant passa. Elle disait que c’était son bagout et ses manières un peu rustres qui lui plaisait, avançant qu’elle était certaine qu’il y avait un gros nounours qui se cachaient derrière celles-ci. D’une certaine manière, elle avait tort. D’une autre, elle avait complètement raison.
Les choses s’accélèrent pour le couple dès l’année suivante, lorsque Samantha tomba enceinte. La demande en mariage arriva la semaine suivant l’annonce de sa grossesse. Organisée à-la-vite, la cérémonie n’en fut pas moins belle. En tout cas pour la nouvelle madame Jensen. Pour Alec, c’était... Différent. Aucun membre de la famille. Pas d’amis de longues dates. Beaucoup de copains en revanche, de frères d’armes en uniforme. Si Samantha avait pleinement accepté les origines de son époux, même ce jour-là, sa famille elle, avait encore du mal à les mettre de côté. Et elle n’eut aucun mal à les rappeler aux bons souvenirs de la cadette de la famille lorsqu’elle demanda le divorce quatre ans plus tard, en 2011.
Alec avait pourtant tout fait pour Sam et pour leur petite fille, Madison, appelée ainsi pour faire un petit clin d’œil à cette rue où le couple s’était rencontré. Il s’était révélé être un véritable papa ours. Aimant. Attentionné. Un bon père de famille, très loin du piètre exemple qu’il avait reçu de sa mère. Mais ce n’était pas suffisant. Cela ne comblait pas ses absences, longues et répétées. Samantha n’avait tout simplement pas les épaules pour être l’épouse d’un militaire. Les déploiements à répétition, le manque, la tension. Si elle avait réussi à les encaisser les premiers temps, les choses avaient fini par changer. À chacun de ses retours, Jensen constatait à quel point la situation se dégradait. Jusqu’à ce qu’elle les conduise devant un juge pour affaires matrimoniales. Bien qu’Alec se soit battu bec et ongles, il n’obtint rien du tout. Ni la maison dans laquelle ils avaient emménagé, ni la garde de sa Maddie, ni quoi que ce soit d’autres. Son avocat l’avait prévenu de toute façon. Avec son métier de militaire, il ne ressortirait jamais gagnant. Les dés étaient pipés depuis le début.
Mentalement lessivé, Jensen n’eut pas d’autres choix que de se remettre rapidement de son divorce puisqu’il fut de nouveau mobilisé peu de temps après. Un autre déploiement, dans la région de Kandahar celui-ci, jamais la même routine sur le terrain. Alec avait beau aimer son métier, ce fut au cours de ces quelques mois qu’il prit la décision de quitter l’armée. Il refusait de baisser les bras. Il refusait de perdre sa fille. Il refusait de la voir élever par un autre homme que lui. Alec ne savait que trop bien ce que l’absence d’un père, d’un vrai père, pouvait faire. Il quitta les rangs de l’Army à son retour et déposa plusieurs candidatures auprès d’agences de sécurités et de compagnies militaires privées. S’il aurait aimé pouvoir changer de branche, se battre était la seule chose qu’il savait faire au final. Rentrer dans le privé lui était donc apparu comme la seule solution viable. La paye était bien meilleure. Le travail moins dangereux. Selon les affectations, évidemment. Ce fut finalement Academi, une société militaire privée anciennement connue sous le nom de Blackwater, qui le recruta.
Une société militaire privée. Un joli nom pour cacher le fait que les employés étaient simplement des mercenaires glorifiés. Et leur plus gros employeur n’était autre que le gouvernement des États-Unis, qui sous-traitaient de plus en plus son travail de Défense. Les gens qui avaient fondé ces compagnies avaient compris que peu de choses rapportaient plus d’argent que la guerre. Renseignement, espionnage. Service de protection et d’escorte. Envoie de troupes et de matériels sur le terrain. Entraînement de personnel militaires. Ils étaient partout et profitaient d’une législation qui les avantageaient grandement. Ce fut dans ce milieu-là qu’Alec évolua les années suivantes. Son background militaire et l’expérience accumulée au cours de ses déploiements furent très appréciés de sa hiérarchie et on lui promit qu’il pourrait rapidement grimper les échelons grâce à cela.
Bien que ce fut le cas, Jensen ne put jamais récupérer la garde de sa fille. Ce ne fut pas faute d’avoir essayé pourtant. Malheureusement, la décision du juge qui s’occupa de son appel resta la même que celle prise lors de son divorce. Travail encore jugé trop instable en raison des deux déménagements qu’il avait déjà du faire. Et dangereux. Une seule fois. Il n’avait été déployé en Irak qu’une seule fois depuis son recrutement, et pourtant, ça avait suffi pour jouer en sa défaveur. Pour couronner la décision du magistrat, son ex-femme, elle, ne trouva rien de mieux à faire que d’accepter une mutation en Angleterre, le privant davantage de sa fille. Alec n’avait pas vu Madison depuis deux ans lorsque les premiers faits divers, reliés plus tard à l’épidémie, apparurent dans les journaux. À trente-sept ans, lorsqu’il regardait en arrière, il se disait qu’il ne s’en sortirait jamais réellement. Que quelque chose finirait toujours par lui tomber sur le coin de la gueule. D’une certaine manière, il se trompait.
Les dés n’étaient pas pipés.
Il faut dire que ça a plutôt mal commencé. Alec est né le 5 juin 1978 au Mercy Hospital de Chicago, l’un des pires hôpitaux de la ville. Sa mère, Nancy Jensen, venait d’un milieu très modeste. Sa plus grande réussite dans la vie aura d’ailleurs été de ne pas se faire engrosser avant sa majorité. C’est du moins ce que le fils, peut-être un peu ingrat sur les bords, finira par penser de sa mère. La seconde, d’être un jolie brin de fille, si tant est qu’une bonne génétique puisse être considéré comme une réussite. En tout cas, c’est certainement à cause de ça qu’Alec est venu au monde. Du reste... Il n’y avait vraiment rien de notable à son sujet. Nancy était l’américaine moyenne, ayant du mal à terminer les fins de mois avec son maigre salaire de serveuse.
Quant à son père, c’était un fantôme. Littéralement. Le père d’Alec n’a pas plus été présent le jour de la venue au monde de son fils que n’importe quel autre jour de sa vie. Un fantôme donc, brillant de par son absence. Ce qui explique pourquoi l’enfant a pris le nom de sa mère. Forcément en grandissant, Jensen a cherché à savoir qui était l’homme qui avait pris part à sa conception. Nancy n’a jamais pu lui apporter la réponse. En réalité, elle-même l’ignorait. Peut-être était-ce ce garçon avec qui elle avait passé un moment sympa après une soirée qui l’avait été tout autant. Peut-être était-ce ce quarantenaire, un homme charmant mais de passage, qui avait réussi, sans grande difficulté il faut bien l’avouer, à la ramener dans la chambre d’hôtel qu’il occupait le temps de son colloque après lui avoir offert un verre à la fin de son service. Évidemment, comme pratiquement toute mère dans la même situation, elle a menti, au début, par égard pour son fils. Ton papa a dû partir mais il reviendra, disait-elle alors, illustrant ainsi parfaitement le concept de "pieux mensonge". Puis les mensonges ont peu à peu laissé place à l’énervement puis la colère, jusqu’à ce que la question ne se pose même plus. Alec n’avait tout simplement pas de père.
Nancy a donc porté les deux casquettes. Et même si le fils l’a oublié avec le temps, elle s’en est plutôt pas mal sortie. Les premières années. La jeune mère a fait d’énormes sacrifices pour pouvoir élever son enfant. Elle cumula de nombreux petits boulots en plus de son travail de serveuse à cette période. Ménage, baby-sittings, et autres. Si elle n’hésitait pas à confier Alec à ses propres parents, elle s’est toujours refusée à leur demander une quelconque aide financière, aide qu’ils n’auraient de toute façon pas pu lui apporter. Peut-être que ce fut là son erreur. Ne pas avoir demandé d’aide. Nancy Jensen a sacrifié sa vie, son temps et sa santé pour une misère. Et le courage l’a abandonnée.
Alec devait avoir huit ans lorsque sa mère commença à se réfugier dans l’alcool. Ce n’était pas grand chose. Au début, une fois encore. Juste une petite bière en rentrant le soir, après qu’elle ait fini le travail. Son père retournait chez lui, le petit était déjà couché, ses devoirs étaient faits, elle était seule, tranquille. Il n’y avait pas vraiment de mal. Ce n’était pas une bière qui allait la mettre d’équerre et elle serait d’attaque pour emmener son fils à l’école le lendemain. L’école justement, Jensen n’aimait pas trop ça. Le jeune garçon manifesta rapidement un certain retard pour la lecture et l’écriture, retard qui ne fit que devenir de plus en plus important au fil des ans. Forcément, lorsque les bases sont mauvaises, il devient difficile de construire dessus. Ce fut peu de temps après son entrée dans le secondaire que les choses se dégradèrent pour lui et pour sa mère.
Les doses avaient augmenté, tout comme le degré alcoolique des boissons consommées. La Budweiser du soir n’était plus suffisante. Nancy était passée à la vitesse supérieure. Un processus lent et progressif. À la bière se substituait la vodka, le gin et la tequila dégueulasses mais économiques. La perte de ses parents n’avaient pas aidé, l’enfermant dans la mélancolie et la dépression. Sa tête peu à peu plus déterrée et les relents d’alcool qui l’accompagnait lui avait fait perdre son emploi. Mère et fils avaient dû déménager, quittant leur bicoque modeste pour une autre qui prenait l’eau, littéralement, dans un quartier mal famé. Ce fut à cette période qu’Alec dût réellement se prendre en main. Il devait avoir une douzaine d’années quand il se mit à ramasser sa mère pour la coucher. À jeter les cadavres de bouteilles qu’elle laissait derrière elle. À leur faire à manger comme il pouvait. Généralement, c’était des pâtes. La viande était un divin caprice et la plupart du temps, c’était à l’école qu’il pouvait en manger. Ses fréquentations, déjà pas forcément reluisantes, devinrent mauvaises. Il dût se battre. Plusieurs fois. C’était le nouveau gosse du quartier après. Il se devait de faire ses preuves pour ne pas se faire marcher dessus.
Le temps passa et rien ne changea, si ce n’est qu’Alec et la bande de potes qu’il s’était fait tombèrent lentement mais sûrement dans la délinquance. Les petits larcins de leurs débuts prirent de l’ampleur sans qu’ils s’en rendent réellement compte. Les paquets de bonbons furent remplacés par des lecteurs cds, des petits caméscopes et autres. Vol à l’étalage. Recel aussi, puisque ce n’était pas pour eux qu’ils volaient mais pour se faire un peu d’argent. Et puis il y avait les affrontements avec les quartiers rivaux. Alec mis la main sur sa première arme à feu à seize ans, quand au même âge, d’autres jeunes, plus fortunés, obtenaient leur première voiture. C’était un revolver. Un colt calibre 38. Sa mère n’a jamais su. Il le gardait cacher sous une latte du plancher. Même aujourd’hui, il ne sait encore pas par quel miracle il n’en a pas fait usage. Il aurait pu pourtant, notamment sur les connards que Nancy fréquentait de temps à autre. Sa bonne étoile certainement, celle-là même qui le préserva de soucis avec la Justice.
Ce fut à ses dix-neuf ans qu’il eut le déclic, qu’il comprit que, s’il ne changeait rien, il finirait percé de balles au fond d’un caniveau. Servir s’imposa comme une évidence. Il finirait toujours percé de balles oui, mais au moins, il aurait fait quelque chose d’utile. Il intégra l’US Army en 1997, à 19 ans, après avoir suivi un programme spécial permettant aux jeunes des quartiers défavorisés et sans diplôme d’obtenir un GED et d’intégrer les rangs. Jensen voulait tout laisser derrière lui. Il n’avait parlé de ses intentions à personne, pas même sa mère. Il ne lui fit aucun adieu de vive voix, se contentant de lui laisser une simple lettre expliquant son départ. Alec doit énormément à l’Army. Ce fut cette dernière qui lui permit de s’extraire de sa condition. Ce fut grâce à elle qu’il corrigea son analphabétisme, grâce à elle qu’il put connaître autre chose que la merde des quartiers.
C’était presque un travail facile. Au début. C’est toujours plus simple d’être soldat en temps de paix. Et puis il y a eu les tours et soudain, avec l’entrée en guerre des États-Unis, être soldat prenait une toute autre dimension. Jensen fut déployé pour la première fois en Afghanistan quelques temps à peine après l’attaque sur le World Trade Center. Après ses classes, le jeune homme avait choisi d’intégrer la 10th Mountain Division, basée à Fort Drum, New-York. L’état donc, proche de la frontière canadienne, pas la ville. S’il ne considérait pas la dixième division de montagne comme une "planque" où il pourrait se la couler douce, il ne se doutait pas que sa spécialisation en ferait une personne toute désignée pour se battre dans les montagnes afghanes. Il ne se doutait pas que sa division serait l’une des plus mobilisées de toute l’Army, avec une vingtaine de déploiements à son actif en moins de quinze ans. Il ne se doutait pas non plus du rôle prépondérant qu’elle jouerait au cours de la guerre. Et pourtant. Opération Anaconda. Bataille de Mazar-i-Sharif. Mutinerie de Qala-i-Jangi. Autant de combats, durant les premiers mois de la guerre, qui permirent aux États-Unis d’assurer leur position sur le sol afghan. Jensen ne rentra au pays qu’en juin 2002, après que la 82ème division aéroportée ait été déployée pour les relever.
Alec rencontra celle qui deviendrait son épouse, quatre ans plus tard, en 2006, au retour d’un autre déploiement, le cinquième déjà. Samantha. C’était une belle femme. Si on lui demandait aujourd’hui comment elle était, c’est sans doute la seule chose qu’il trouverait à dire à son sujet. Elle était belle oui. Pas conne, pour une fois. En tout cas, comparée à ses précédentes conquêtes. Elle travaillait pour le compte d’une grande entreprise. Ils se sont rencontrés dans l’un des bar branchés d’Albany, sur Madison Avenue, dans lequel Alec s’était rendu avec quelques potes de sa brigade, pour fêter dignement leur retour. Le genre d’endroits qu’il n’aurait jamais pu fréquenter avant d’intégrer les rangs donc. Ils passèrent la nuit ensemble et, leurs numéros échangés, se retrouvèrent quelques jours plus tard le temps d’un déjeuner sur Empire State Plaza. Le courant passa. Elle disait que c’était son bagout et ses manières un peu rustres qui lui plaisait, avançant qu’elle était certaine qu’il y avait un gros nounours qui se cachaient derrière celles-ci. D’une certaine manière, elle avait tort. D’une autre, elle avait complètement raison.
Les choses s’accélèrent pour le couple dès l’année suivante, lorsque Samantha tomba enceinte. La demande en mariage arriva la semaine suivant l’annonce de sa grossesse. Organisée à-la-vite, la cérémonie n’en fut pas moins belle. En tout cas pour la nouvelle madame Jensen. Pour Alec, c’était... Différent. Aucun membre de la famille. Pas d’amis de longues dates. Beaucoup de copains en revanche, de frères d’armes en uniforme. Si Samantha avait pleinement accepté les origines de son époux, même ce jour-là, sa famille elle, avait encore du mal à les mettre de côté. Et elle n’eut aucun mal à les rappeler aux bons souvenirs de la cadette de la famille lorsqu’elle demanda le divorce quatre ans plus tard, en 2011.
Alec avait pourtant tout fait pour Sam et pour leur petite fille, Madison, appelée ainsi pour faire un petit clin d’œil à cette rue où le couple s’était rencontré. Il s’était révélé être un véritable papa ours. Aimant. Attentionné. Un bon père de famille, très loin du piètre exemple qu’il avait reçu de sa mère. Mais ce n’était pas suffisant. Cela ne comblait pas ses absences, longues et répétées. Samantha n’avait tout simplement pas les épaules pour être l’épouse d’un militaire. Les déploiements à répétition, le manque, la tension. Si elle avait réussi à les encaisser les premiers temps, les choses avaient fini par changer. À chacun de ses retours, Jensen constatait à quel point la situation se dégradait. Jusqu’à ce qu’elle les conduise devant un juge pour affaires matrimoniales. Bien qu’Alec se soit battu bec et ongles, il n’obtint rien du tout. Ni la maison dans laquelle ils avaient emménagé, ni la garde de sa Maddie, ni quoi que ce soit d’autres. Son avocat l’avait prévenu de toute façon. Avec son métier de militaire, il ne ressortirait jamais gagnant. Les dés étaient pipés depuis le début.
Mentalement lessivé, Jensen n’eut pas d’autres choix que de se remettre rapidement de son divorce puisqu’il fut de nouveau mobilisé peu de temps après. Un autre déploiement, dans la région de Kandahar celui-ci, jamais la même routine sur le terrain. Alec avait beau aimer son métier, ce fut au cours de ces quelques mois qu’il prit la décision de quitter l’armée. Il refusait de baisser les bras. Il refusait de perdre sa fille. Il refusait de la voir élever par un autre homme que lui. Alec ne savait que trop bien ce que l’absence d’un père, d’un vrai père, pouvait faire. Il quitta les rangs de l’Army à son retour et déposa plusieurs candidatures auprès d’agences de sécurités et de compagnies militaires privées. S’il aurait aimé pouvoir changer de branche, se battre était la seule chose qu’il savait faire au final. Rentrer dans le privé lui était donc apparu comme la seule solution viable. La paye était bien meilleure. Le travail moins dangereux. Selon les affectations, évidemment. Ce fut finalement Academi, une société militaire privée anciennement connue sous le nom de Blackwater, qui le recruta.
Une société militaire privée. Un joli nom pour cacher le fait que les employés étaient simplement des mercenaires glorifiés. Et leur plus gros employeur n’était autre que le gouvernement des États-Unis, qui sous-traitaient de plus en plus son travail de Défense. Les gens qui avaient fondé ces compagnies avaient compris que peu de choses rapportaient plus d’argent que la guerre. Renseignement, espionnage. Service de protection et d’escorte. Envoie de troupes et de matériels sur le terrain. Entraînement de personnel militaires. Ils étaient partout et profitaient d’une législation qui les avantageaient grandement. Ce fut dans ce milieu-là qu’Alec évolua les années suivantes. Son background militaire et l’expérience accumulée au cours de ses déploiements furent très appréciés de sa hiérarchie et on lui promit qu’il pourrait rapidement grimper les échelons grâce à cela.
Bien que ce fut le cas, Jensen ne put jamais récupérer la garde de sa fille. Ce ne fut pas faute d’avoir essayé pourtant. Malheureusement, la décision du juge qui s’occupa de son appel resta la même que celle prise lors de son divorce. Travail encore jugé trop instable en raison des deux déménagements qu’il avait déjà du faire. Et dangereux. Une seule fois. Il n’avait été déployé en Irak qu’une seule fois depuis son recrutement, et pourtant, ça avait suffi pour jouer en sa défaveur. Pour couronner la décision du magistrat, son ex-femme, elle, ne trouva rien de mieux à faire que d’accepter une mutation en Angleterre, le privant davantage de sa fille. Alec n’avait pas vu Madison depuis deux ans lorsque les premiers faits divers, reliés plus tard à l’épidémie, apparurent dans les journaux. À trente-sept ans, lorsqu’il regardait en arrière, il se disait qu’il ne s’en sortirait jamais réellement. Que quelque chose finirait toujours par lui tomber sur le coin de la gueule. D’une certaine manière, il se trompait.
Les dés n’étaient pas pipés.
Les dés n’étaient pas pipés, non. Mais ça, Alec ne le comprit pas immédiatement. Cela faisait déjà quelques mois que les hommes qu’il avait sous son commandement et lui étaient stationnés dans l’état de Washington, près de la base jointe de Lewis-McChord. Comme beaucoup, il n’avait pas prêté attention aux multiples faits divers sensationnalistes qui apparaissaient aux quatre coins du globe. Jensen n’avait jamais trop suivi les informations. Le mercenaire avait toujours eu trop de choses dans sa vie pour s’inquiéter de ce qui se passait à l’autre bout du globe. Pourtant, lorsqu’un des hauts placés d’Academi l’appela pour le convoquer vers la fin du mois de septembre, force est de reconnaître qu’il dû rapidement prêter une attention particulière à ces anecdotes qui, petit à petit, envahissaient leur quotidien. Comme beaucoup de chefs de section, Jensen dût prendre un vol pour se rendre à McLean, Virginie, dans le quartier général de la compagnie. Les informations que tous reçurent ce jour-là dépassaient de loin le cadre de son accréditation mais ils n’avaient guère trop le choix. Les données, classifiées et sensibles, parlaient d’un virus, un virus qui allait à l’encontre de toutes les lois de la Nature. Et d’un contrat. Un énorme contrat passé avec le DoD, engageant Academi à fournir des hommes et du matériel pour appuyer les efforts du gouvernements à maintenir l’ordre et la sécurité dans le pays en cas de pandémie. Alec aurait préféré croire à un mauvais canuler et pourtant, quelque chose au fond de lui murmurait que tout ceci n’avait rien d’une mauvaise blague.
L’atmosphère pendant son vol retour à Seattle fut pesante. Jensen s’était isolé, tentant à plusieurs reprises de contacter son ex-femme pour la pousser à mettre leur fille en sécurité. Il n’eut aucune réponse. Ni à ce moment-là ni les jours qui suivirent, lorsque les choses commencèrent à s’accélérer. Et Dieu sait qu’elles s’accélérèrent. Ses hommes briefés, ils partirent tous en direction de la base de Lewis McChord, à la rencontre du colonel Norwood avec qui ils devraient coordonner leurs efforts. Les instructions qu’ils avaient reçu du DoD étaient simples. Sécuriser Fort Ward sur l’île de Bainbridge. Monter un camp. Y rapatrier toute une liste de personnes pour les mettre en sûreté jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre. La liste contenait des tas de noms. Un sénateur. Des scientifiques. Quelques dignitaires étrangers travaillant dans les ambassades. L’élite de la société, ceux censés représenter l’avenir. Les hélicoptères noirs d’Academi sillonnèrent le ciel pendant plusieurs jours pour les récupérer. Sur l’île, les hommes s’affairaient à contrôler la situation. Surveiller la population, couper les communications, interrompre les transports. Pour mieux assurer leur survie, le camp de Fort Ward devait rester secret. Isolés du reste du monde, Alec, comme tous les autres habitants du fort, assista à la déchéance de leur société et à la montée en puissance des morts.
Les SMPs avaient toujours eu un rôle particulier auprès des forces armées et de leur hiérarchie. Ni vraiment supérieur ni vraiment subordonné. Leur position était... Floue. Aucun texte, aucune loi ne spécifiait qu’un soldat devait obéir à un contractant militaire ou l’inverse. Et Jensen n’eut aucun mal à en tirer parti. Il se devait de le faire de toute façon, une bonne partie des forces armées de l’île était des hommes à lui. Et puis, il fallait bien quelqu’un pour contrebalancer l’avis du colonel. Norwood était un idéaliste. Le genre de type qui suivait le manuel à la lettre. Il avait besoin d’une hiérarchie, d’un chef des armées, d’un leader. Et sans aucune nouvelle de la ligne de succession directe, Chambers était ce qu’ils avaient de plus ressemblant à un chef d’état. Alec, lui, partageait pas vraiment l’engouement du colonel vis-à-vis du sénateur. Pour sûr, l’homme savait rassembler. Il avait bien été élu. Mais rassembler et gouverner étaient deux choses bien distinctes. S’il ne pensait pas pouvoir mieux faire, le mercenaire était tout de même d’avis que, dans ce nouveau monde, ils auraient dû avoir voix au chapitre. C’était grâce à eux que Fort Ward tournait après tout. C’était eux qui assuraient la sécurité du camp. Eux qui prenaient tout les risques en affrontant les morts à l’extérieur. Eux qui quittaient le confort de l’île et s’absentaient à chaque fois plusieurs jours. Eux qui firent face à la rudesse de l’hiver pour ravitailler le camp afin que tous aient l’estomac plein. Dans ce nouveau monde, ils n’étaient pas que des outils, de vulgaires pions aux mains des puissants. Mais ça, Chambers, sa bourgeoise de bonne femme qui assistait parfois à leur réunion et même Norwood ne semblaient pas le comprendre.
Ils ne se rendaient pas compte de la menace. Ils ne se rendaient pas compte à quel point les choses avaient changé dehors. Si Jensen pensait que la loi de la Jungle régnait dans son vieux quartier de Chicago, ce n’était rien en comparaison avec la situation actuelle. Il savait que les morts n’étaient pas le seul danger. Qu’acculé, l’être humain était bien pire. L’attaque d’août 2016 en était la preuve la plus concrète. D’ordinaire, à l’extérieur, avec leur puissance de feu, c’était eux qui imposaient leur loi, eux qui menaient la danse. Mais pas cette fois-ci. Alec avait pourtant insisté plusieurs fois pour que les côtes soient davantage surveillées. Les pertes qu’ils subirent ce jour-là auraient pu être évitées. Celle d’octobre, un peu moins. Ou peut-être que si. Le mercenaire ne connaissait pas le faible qui s’était suicidé. Peut-être y avait-il des signes avant coureurs et peut-être pas. Ce n’était pas vraiment important au final. Que ce soit encore une fois grâce à l’intervention rapide des paramilitaires et autres militaires que le camp échappa au pire, ça l’était davantage, important. En tout cas aux yeux d’Alec puisque cela le confortait dans l’idée qu’ils avaient leur mots à dire dans la gestion du camp.
Et l’opportunité se présenta bien rapidement, avec la mort du colonel en décembre, tombé aux mains des rôdeurs au cours d’une expédition mal préparée. Être un homme du "bas peuple" avait ses avantages. Alec n’avait eu aucun mal à tisser des liens avec les soldats de l’Army. Et comme ses hommes représentaient désormais la majeure partie des forces armées de Fort Ward, il s’imposa rapidement à la tête de ces dernières. Quoiqu’il advienne, les choses allaient changer. Jensen n’avait nullement l’intention de terminer de la même manière que Norwood. En revanche, il ne s’attendait pas à ce que les choses changent comme ça. Le mercenaire n’avait jamais trop discuté avec M. Kane, le beau-père du sénateur. Il le savait riche, puissant. Et il le savait intelligent. Ce qui, par conséquent, faisait de lui un homme dangereux. Peut-être pas de la façon dont lui l’était mais dangereux tout de même. Dans tout les cas, Alec ne s’attendait pas vraiment à voir le sexagénaire passer l’encadrement de la porte. Pas plus qu’il ne s’attendait à entendre le message qu’il était venu transmettre pour le compte de sa fille.
Siobhán Chambers. La bourgeoise de bonne femme. Force était de reconnaître que Jensen s’était trompé à son sujet. Ce n’était pas qu’une bonne femme. Ce n’était pas qu’une bourgeoise. Enfin si, au sens strict du terme, pas au sens péjoratif qu’Alec sous-entendait jusqu’à présent. C’était une femme rusée. Et très entreprenante. La brune avait compris que si son mari n’était pas contrôlé, ils finiraient par aller droit dans le mur. Sauf que ça, elle ne pouvait le faire seule. Elle avait besoin de leur appui. Celui du docteur Davis pour les scientifiques. Et le sien pour les militaires. Ce ne serait qu’ensemble qu’ils pourraient exercer suffisamment de pression sur le sénateur. Ayant dû déjà côtoyer Davis et convaincu que le sénateur devait être tenu en laisse pour assurer l’avenir du camp, Alec accepta.
L'équilibre fut difficile à trouver les premiers temps. Le rapport de force n'était pas nécessairement le même et Alec avait ses doutes. Notamment sur Mrs Chambers. Elle avait révélé son vrai visage et son habilité pour les intrigues. Son comportement lui faisait penser qu'elle tentait de l'évincer. Pour la seconde fois, la brune mit sa capacité à jauger les gens rapidement en défaut. Il se trompait. Elle aussi semblait avoir compris la même chose que lui concernant leur entête : chacun d'entre eux était nécessaire au bon déroulement de leur entreprise. Sans le soutien des militaires, impossible d'assurer la sécurité du camp. Sans les scientifiques, impossible de garder son image. Sans Siobhán, impossible de tenir réellement en laisse son mari. Ils devaient rester ensemble, unis. Et ce fut ensemble qu'ils décidèrent de la direction du groupe. L'attaque d'août ne devait pas se reproduire. Ils avaient de quoi fédérer. Ils devaient fédérer pour n'avoir rien à craindre de personnes. Quitte à attaquer les premiers.
Les dés n'étaient pas pipés non. Il fallait juste attendre que le monde change. Qu'il devienne un endroit où un homme comme lui aurait sa place.
L’atmosphère pendant son vol retour à Seattle fut pesante. Jensen s’était isolé, tentant à plusieurs reprises de contacter son ex-femme pour la pousser à mettre leur fille en sécurité. Il n’eut aucune réponse. Ni à ce moment-là ni les jours qui suivirent, lorsque les choses commencèrent à s’accélérer. Et Dieu sait qu’elles s’accélérèrent. Ses hommes briefés, ils partirent tous en direction de la base de Lewis McChord, à la rencontre du colonel Norwood avec qui ils devraient coordonner leurs efforts. Les instructions qu’ils avaient reçu du DoD étaient simples. Sécuriser Fort Ward sur l’île de Bainbridge. Monter un camp. Y rapatrier toute une liste de personnes pour les mettre en sûreté jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre. La liste contenait des tas de noms. Un sénateur. Des scientifiques. Quelques dignitaires étrangers travaillant dans les ambassades. L’élite de la société, ceux censés représenter l’avenir. Les hélicoptères noirs d’Academi sillonnèrent le ciel pendant plusieurs jours pour les récupérer. Sur l’île, les hommes s’affairaient à contrôler la situation. Surveiller la population, couper les communications, interrompre les transports. Pour mieux assurer leur survie, le camp de Fort Ward devait rester secret. Isolés du reste du monde, Alec, comme tous les autres habitants du fort, assista à la déchéance de leur société et à la montée en puissance des morts.
Les SMPs avaient toujours eu un rôle particulier auprès des forces armées et de leur hiérarchie. Ni vraiment supérieur ni vraiment subordonné. Leur position était... Floue. Aucun texte, aucune loi ne spécifiait qu’un soldat devait obéir à un contractant militaire ou l’inverse. Et Jensen n’eut aucun mal à en tirer parti. Il se devait de le faire de toute façon, une bonne partie des forces armées de l’île était des hommes à lui. Et puis, il fallait bien quelqu’un pour contrebalancer l’avis du colonel. Norwood était un idéaliste. Le genre de type qui suivait le manuel à la lettre. Il avait besoin d’une hiérarchie, d’un chef des armées, d’un leader. Et sans aucune nouvelle de la ligne de succession directe, Chambers était ce qu’ils avaient de plus ressemblant à un chef d’état. Alec, lui, partageait pas vraiment l’engouement du colonel vis-à-vis du sénateur. Pour sûr, l’homme savait rassembler. Il avait bien été élu. Mais rassembler et gouverner étaient deux choses bien distinctes. S’il ne pensait pas pouvoir mieux faire, le mercenaire était tout de même d’avis que, dans ce nouveau monde, ils auraient dû avoir voix au chapitre. C’était grâce à eux que Fort Ward tournait après tout. C’était eux qui assuraient la sécurité du camp. Eux qui prenaient tout les risques en affrontant les morts à l’extérieur. Eux qui quittaient le confort de l’île et s’absentaient à chaque fois plusieurs jours. Eux qui firent face à la rudesse de l’hiver pour ravitailler le camp afin que tous aient l’estomac plein. Dans ce nouveau monde, ils n’étaient pas que des outils, de vulgaires pions aux mains des puissants. Mais ça, Chambers, sa bourgeoise de bonne femme qui assistait parfois à leur réunion et même Norwood ne semblaient pas le comprendre.
Ils ne se rendaient pas compte de la menace. Ils ne se rendaient pas compte à quel point les choses avaient changé dehors. Si Jensen pensait que la loi de la Jungle régnait dans son vieux quartier de Chicago, ce n’était rien en comparaison avec la situation actuelle. Il savait que les morts n’étaient pas le seul danger. Qu’acculé, l’être humain était bien pire. L’attaque d’août 2016 en était la preuve la plus concrète. D’ordinaire, à l’extérieur, avec leur puissance de feu, c’était eux qui imposaient leur loi, eux qui menaient la danse. Mais pas cette fois-ci. Alec avait pourtant insisté plusieurs fois pour que les côtes soient davantage surveillées. Les pertes qu’ils subirent ce jour-là auraient pu être évitées. Celle d’octobre, un peu moins. Ou peut-être que si. Le mercenaire ne connaissait pas le faible qui s’était suicidé. Peut-être y avait-il des signes avant coureurs et peut-être pas. Ce n’était pas vraiment important au final. Que ce soit encore une fois grâce à l’intervention rapide des paramilitaires et autres militaires que le camp échappa au pire, ça l’était davantage, important. En tout cas aux yeux d’Alec puisque cela le confortait dans l’idée qu’ils avaient leur mots à dire dans la gestion du camp.
Et l’opportunité se présenta bien rapidement, avec la mort du colonel en décembre, tombé aux mains des rôdeurs au cours d’une expédition mal préparée. Être un homme du "bas peuple" avait ses avantages. Alec n’avait eu aucun mal à tisser des liens avec les soldats de l’Army. Et comme ses hommes représentaient désormais la majeure partie des forces armées de Fort Ward, il s’imposa rapidement à la tête de ces dernières. Quoiqu’il advienne, les choses allaient changer. Jensen n’avait nullement l’intention de terminer de la même manière que Norwood. En revanche, il ne s’attendait pas à ce que les choses changent comme ça. Le mercenaire n’avait jamais trop discuté avec M. Kane, le beau-père du sénateur. Il le savait riche, puissant. Et il le savait intelligent. Ce qui, par conséquent, faisait de lui un homme dangereux. Peut-être pas de la façon dont lui l’était mais dangereux tout de même. Dans tout les cas, Alec ne s’attendait pas vraiment à voir le sexagénaire passer l’encadrement de la porte. Pas plus qu’il ne s’attendait à entendre le message qu’il était venu transmettre pour le compte de sa fille.
Siobhán Chambers. La bourgeoise de bonne femme. Force était de reconnaître que Jensen s’était trompé à son sujet. Ce n’était pas qu’une bonne femme. Ce n’était pas qu’une bourgeoise. Enfin si, au sens strict du terme, pas au sens péjoratif qu’Alec sous-entendait jusqu’à présent. C’était une femme rusée. Et très entreprenante. La brune avait compris que si son mari n’était pas contrôlé, ils finiraient par aller droit dans le mur. Sauf que ça, elle ne pouvait le faire seule. Elle avait besoin de leur appui. Celui du docteur Davis pour les scientifiques. Et le sien pour les militaires. Ce ne serait qu’ensemble qu’ils pourraient exercer suffisamment de pression sur le sénateur. Ayant dû déjà côtoyer Davis et convaincu que le sénateur devait être tenu en laisse pour assurer l’avenir du camp, Alec accepta.
L'équilibre fut difficile à trouver les premiers temps. Le rapport de force n'était pas nécessairement le même et Alec avait ses doutes. Notamment sur Mrs Chambers. Elle avait révélé son vrai visage et son habilité pour les intrigues. Son comportement lui faisait penser qu'elle tentait de l'évincer. Pour la seconde fois, la brune mit sa capacité à jauger les gens rapidement en défaut. Il se trompait. Elle aussi semblait avoir compris la même chose que lui concernant leur entête : chacun d'entre eux était nécessaire au bon déroulement de leur entreprise. Sans le soutien des militaires, impossible d'assurer la sécurité du camp. Sans les scientifiques, impossible de garder son image. Sans Siobhán, impossible de tenir réellement en laisse son mari. Ils devaient rester ensemble, unis. Et ce fut ensemble qu'ils décidèrent de la direction du groupe. L'attaque d'août ne devait pas se reproduire. Ils avaient de quoi fédérer. Ils devaient fédérer pour n'avoir rien à craindre de personnes. Quitte à attaquer les premiers.
Les dés n'étaient pas pipés non. Il fallait juste attendre que le monde change. Qu'il devienne un endroit où un homme comme lui aurait sa place.
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Tom Hardy <bott>Alec Jensen</bott>
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Re: Alec Jensen
Mar 30 Mai 2017 - 12:08
T'es moche. Tu pues et je te déteste...
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