Words & ice tea ?

Les beaux jours étaient de retour et avec eux, la sensation que cela faisait bien trop longtemps que le monde tel qu’ils le connaissaient avait disparu. Swann n’était pas nostalgique à proprement parler : son père lui avait trop souvent dit que les rêveries mélancoliques étaient contraires aux affaires. Le boulot des traders c’était de vivre l’instant, d’être au top tous les jours ; pas de se reposer sur la victoire de la veille. C’était bien pour ça que le jeune homme tenait tant à s’impliquer dans le camp. Il ne pouvait pas tout attendre des militaires, comme s’ils étaient des entités immortelles et éternelles. Chacun devait y mettre du sien pour accomplir le projet des Chambers.

Assis sur les marches de son perron, l’étudiant profitait de l’absence de Joy pour prendre l’air en lisant à l’ombre. Parfois, il levait les yeux, quand il reconnaissait un pas, une voix, un rire. C’était étonnant comme ce qui n’était avant que son voisinage était devenu un « univers ». A croire que leur planète ne comptait plus 7 milliards d’individus mais 200, réunis dans ce camp. Swann aurait aimé dire qu’il avait fait leur connaissance à tous, mais ce serait un mensonge. Les mondanités, ce n’était pas son truc. Moins il avait de contact de complaisance, mieux il se portait.

…Et voilà celle qui allait le faire mentir. Beatriz. Il l’aimait bien Beatriz. Elle était gentille, calme, et émanait d’une douceur indescriptible. Peut-être le fait qu’elle soit nounou ? Va savoir. En tout cas, lui parler changeait radicalement de la compagnie de son aînée. Puisque cette dernière n’était justement pas là pour se moquer de lui – elle adorait le chambrer en prétextant qu’il draguait la mexicaine – il ferma son livre et sauta sur l’occasion de se sortir de sa bulle.

- Salut Beatriz ?

Il attendit qu’elle se tourne vers lui pour aller à sa rencontre. Sans doute repartait-elle vers la résidence des Chambers ? C’était aussi l’une des raisons parfaitement égoïste pour laquelle il l'appréciait d’ailleurs : proche du pouvoir comme elle l’était, l'hispanique pourrait être un atout un jour ou l’autre. C’était le début de soirée, pas encore l’heure de diner, mais peut-être celui de partager une boisson rafraîchissante ? Une vingtaine de degré, c’était déjà beaucoup après l’hiver qu’ils avaient eu.

- Tu vas bien ? Tu as… le temps pour rentrer boire quelque chose ? Il désigna le pavillon dans son dos, le dernier groupe qui a été ramené avait un bon stock de thés froids, il parlait avec une légèreté désarmante d’un camp qui avait été plus ou moins forcé de se rallier à eux et de faire bonne figure, sinon, je peux te proposer autres choses bien sûr.

Il était rarement aussi entreprenant et le pire, c’était que c’était sans sous-entendu. L’étudiant voulait simplement lui offrir une alternative plus confortable que rester debout dans la rue. C’était même plutôt périlleux d’ailleurs, parce que si Joy rentrait avant qu’elle ne soit partie, il aurait droit à une bonne semaine de plaisanteries un peu lourdes. Elle était moins invivable désormais, mais les vieilles habitudes avaient la vie dure.

- Tu n’es pas obligé d’accepter bien sûr, précisa-t-il poliment, je me disais juste… si tu as besoin d’un break ou…

Oui, bon, il avait toujours été nul pour parler aux filles, ça, ce n’était pas une nouvelle. C’était à se demander comment Apple était tombée amoureuse de lui. Il dissipa son léger malaise en lissant son T-shirt aux motifs vieillots et pivota légèrement pour l’inciter à le suivre. Peut-être que c’était lui qui avait besoin d’un échange au fond ? Parler à haute voix pour ne pas devenir fou. Swann n’avait pas vraiment envie de se confier à Joy et Beatriz avec ce truc qui donnait envie de tout révéler.

La voix de Swann l'avait faite se retourner alors qu'elle était perdue dans ses pensées, à essayer de se rappeler d'une de ces chansons latino que sa mère chantait de temps à autre chez elle. Mais rien n'y faisait elle ne trouvait pas le titre. Elvis Crespo en chanteur, et c'était bien tout. Ce serait pour une autre fois. Lui offrant un petit sourire, elle l'avait salué avant de comprendre que l'étudiant semblait vouloir lui dire quelque chose. Et lui proposer du thé d'un groupe ramené de force... Elle avait froncé les sourcils en l'écoutant. Elle n'aimait cette idée de forcer les gens à les rejoindre, avec sa bonne conscience et son libre arbitre bien qu'elle n'en ai jamais parlé à qui que ce soit. Ce n'était pas à elle de juger, et si elle n'aimait pas le concept, elle était tout de même bien contente de la sécurité que lui offrait le camp, elle devait l'admettre.

Et de toute manière, personne n'avait à savoir ce qu'elle pensait. Oui, bien sûr. dit-elle avec un petit sourire. Sio ne l'attendait pas avant une bonne heure pour le dîner, elle avait encore le temps de boire quelque chose de frais après une journée entière en plein soleil. Et le brun avait toujours cette même hésitation qui la faisait doucement s'inquiéter. Certes, il n'était pas le plus avenant du monde, mais à ce stade ? Du thé, ce sera parfait.le rassura t-elle tout de même avec gentillesse, alors qu'il continuait de jouer le chaud et le froid quand à sa proposition.

Non non, je t'assure. Mrs Chambers ne m'attend pas avant une bonne heure, je peux rester boire un verre. Fronçant légèrement les sourcils, elle avait tout de même rajouté. Swann, tu es sûr que tout va bien ?

Parce que clairement, ça n'avait pas l'air. Il avait surtout l'air d'être à deux doigts de l'apoplexie, plutôt que d'être en pleine forme, même pour un type aussi timide que lui. Je m'occupe de nous servir. Le poussant doucement vers l'intérieur de la maison, elle était passée la seconde, posant son sac chargé de livre sur une chaise. Joy n'est pas avec toi ?

- Oh, euh… oui ça va. Enfin…

Ce n’était pas toujours facile à dire. Il s’était habitué à la vie ici, il avait même eu la chance de ne pas avoir à quitter son foyer. Combien étaient ceux qui avaient perdu leurs maisons et leurs repères ? C’était peut-être ça le problème. Cette collision entre l’ancienne vie et la nouvelle. Après tout, il avait vécu une vingtaine d’année entre ces murs avant que l’épidémie change l’ordre des choses. Beatriz le poussa à l’intérieur, il se laissa faire, sans laisser voir qu’il était ravi de la voir accepter son invitation. Le bruit de son sac de livres qui tombaient sur une chaise attira ton attention, l’étudiant le fixa un moment, un peu distrait, avant de répondre à sa question :

- Non-non. Je ne sais pas où elle est d’ailleurs… elle ne me dit pas toujours quand elle sort.

Pour le coup, il arborait un détachement qui n’était pas feint. Les deux frères et sœurs n’avaient pas pour habitude de se tenir au courant de leurs vies respectives et de se laisser des mémos. En vérité, Swann était généralement heureux de constater que la blonde n’était pas là, alors il n’allait pas lui courir après. Laissant son aînée chercher deux verres dans leur cuisine pour les poser sur le bar, il s’occupa de sortir deux canettes d’american hard iced tea. Un peu gênée, il la laissa prendre en main le service. Machinalement, ses yeux gris se posèrent sur la photo de son père, qui traînait au-dessus d’un élégant buffet aux courbes modernes. Il souriait et avait, exceptionnellement, laissé son costume corporate au placard. Le jeune homme se souvenait qu’elle avait été prise pendant l’un des rares week-end que les Blackmore avaient passé ensemble. Chaque membre de la famille avait droit à son cadre en 40*40, d’ailleurs, Swann avait 14 ans sur son cliché – Joy ne ratait jamais une occasion de le charrier sur son appareil dentaire et son acné pourtant raisonnable.

- Merci Beatriz, fit-il en accueillant dans ses mains le verre refroidi par la boisson, régulièrement, je pense à lui…, expliqua l’étudiant alors que son regard était à nouveau attiré vers son géniteur, il n’était pas à la maison quand le fort a été réhabilité. C’était un fou du travail, il n’aurait pas laissé une bombe atomique l’empêcher d’aller au bureau, son ton mêlait étroitement amertume et admiration. Stuart était un modèle, jusqu’à maintenant, on n’a jamais su ce qui lui était arrivé. Oh, pas de soucis, je… on a fait notre deuil, assura-t-il pour éviter tout épanchement compassionnel, mais des fois je me dis…, il but une gorgée de sa boisson et s’humecta les lèvres, s’il est en vie quelque part et qu’il n’a pas pu revenir ici… et s’il avait rejoint un autre groupe ? Si ce groupe ne comprenait pas l’importance de coopérer avec nous ?

Swann fronça les sourcils en consultant son amie du regard avec l’expression de celui qui attendait une solution à un soucis mathématique. Il ne savait pas encore si ce qui le peinait le plus serait que son père soit tué par les personnes qui l’aidaient à vivre ou s’il avait été, contrairement à lui, hermétique aux paroles du sénateur ? Le jeune refusait de penser un instant que sa famille puisse un instant ne pas voir le bien qu’ils représentaient. Sa mère serait d’accord si elle était encore de ce monde.

- Tu vois le… le problème ? voulut-il s’assurer sans se risquer à le concrétiser à haute voix.

Elle voyait parfaitement le problème oui. Fronçant légèrement les sourcils, elle écouta en silence le brun expliquer son malaise quand au fait que son père puisse, si il était encore en vie, se retrouver au sein d'un groupe qui refuserait une alliance avec.
Si son avis sur le chemin de la question restait relativement tranché, la brune n'en avait jamais soufflé mot à personne, préférant se conforter à l'intérieur sécurisant des murs plutôt que d'imaginer ce qui pouvait bien se passer quand des troupes étaient envoyés en extérieur...

Je vois le problème. dit-elle avec douceur, comprenant l'état d'esprit de Swann. Mes parents étaient en Europe quand tout à démarré, et je n'ai jamais su ce qu'ils étaient devenus...

Peut-être que l'Europe s'en était mieux sortie après tout. Ou que ses parents vivaient tranquillement dans un groupe tel que le leur ?
A son tour, l'hispanique prit une gorgée de thé froid, cherchant les mots pour essayer de le rassurer. Il ne faut pas que tu pense à ça. Si tu dis avoir fait ton deuil, il faut que tu essaie de tourner la page...

Que pouvait-elle dire d'autre ? Le sénateur avait été clair sur le sujet. Ceux qui n'étaient pas d'accord pour rejoindre le groupe étaient officiellement des ennemis. Si l'attaque des pillards lui refilait encore quelques cauchemars, elle essayait malgré tout de croire au fait que tous les survivants hors de Fort Ward n'étaient pas devenus des brutes épaisses et sanguinaires...

Peut-être que tu devrais demander à un des militaires ? Si tu as une photo, pourquoi tu n'essaie pas de leur faire passer pour savoir si ils l'ont déjà croisé ?

Si c'était le cas... Elle ne préférait même pas imaginer la réaction du pauvre Swann. Mais si il tenait tant à avoir le fin mot de l'histoire, il n'y avait que ça pour essayer d'en savoir plus malheureusement. Et si elle n'en souffla mot, elle imaginait très mal Donovan ou Mason accepter la requête du brun. Encore moins Alec...

« Hum » avait-il fait sans être certain d’y croire quand Beatriz affirmait qu’elle comprenait. Certes, comme lui, elle ne savait pas ce qu’était devenus ses parents. La différence était pourtant que sa famille ne risquait pas d’être tuée parce qu’ils n’avaient pas su voir ce qu’elle avait vu. Du moins, l’étudiant partait du principe qu’en temps qu’employée au plus proche des Chambers, la nounou cautionnait à plus de 100% l’activité du camp. Swann hocha la tête après avoir à nouveau bu de son thé glacé. « Tourner la page » oui, il devrait… il avait déjà perdu sa mère et sa petite-amie. Mieux valait se concentrer sur ceux qui lui restaient – uniquement sa sœur en fait – plutôt que de se prendre la tête avec l’hypothétique survie de son paternel.

- Oh, oui, c’est… une bonne idée, admit-il à la proposition de montrer la photo de Stuart Blackmore aux militaires.

Bon en vérité, c’était sûrement plus un leurre qu’autre chose. Quand bien même ils l’avaient rencontré en presque deux ans de chaos, rien ne garantissait qu’ils le reconnaîtraient. Même parmi les camps qui avaient fait les frais de leur refus, le jeune homme supposait que les soldats de Bainbridge ne s’attardaient pas à voir le visage de chacun avant de les décimer. Au final, ça demeurait effectivement une impasse. Plutôt que de s’enfoncer sur cette pente, Swann choisit de s’intéresser à une information que Beatriz avait laissé filé.

- Alors… tes parents étaient partis en Europe c’est ça ? C’était simplement pour un voyage ?

Il ne savait pas grand-chose de sa vie en fait. En dépit de sa gentillesse et de sa patience, la nounou excellait dans l’art de ne pas trop s’ouvrir ou trop montrer ses convictions propres. L’étudiant aimait bien ça, il n’était pas vraiment doué pour réagir aux émotions fortes des autres alors au moins : il n’était pas dépassé. Toutefois, dans le même temps, il avait la nette sensation que son aînée était bien plus que ce qu’elle voulait laisser paraître. Qu’il aurait tort de la prendre « que » pour une gardienne d’enfant par exemple – et heureusement : il ne faisait pas cette erreur.

- Et ils étaient où, sans indiscrétion ? Il ne put s’empêcher d’ajouter, j’ai déjà été un peu en Europe alors… je connais certains endroits. Surtout les grandes villes en fait, reconnut-il, hormis en Ecosse. On a été quelques jours dans les Highlands, c’était magnifique, son regard fut magnétisé par la photo de sa grande sœur, dans la série de celles suspendues au-dessus du buffet, je me souviens que là-bas, Joy m’a poussé dans le Lochness juste après m’avoir fait croire qu’elle avait vu Nessy, il eut un petit sourire amer, et elle a réussi à faire gober à nos parents que c’était accidentel.

De toute façon, le couple Blackmore s’en fichait un peu. Les vacances avec eux, ça ressemblait souvent aux enfants livrés à eux-mêmes pendant que les adultes étaient scotchés à leurs ordinateurs et leurs téléphones. Impossible de décrocher du boulot. Swann avait encore une image très précise de sa mère en train de vérifier les clauses d’un contrat au deuxième étage de la Tour Eiffel, pendant que Joy s’accaparait les longues-vues qui permettaient d’admirer Paris.

Un voyage de noce. Précisa t-elle avec un léger sourire au brun, buvant une nouvelle gorgée de son verre. Hank et ma mère n'avaient jamais eu l'occasion d'en profiter, malgré leurs longues années de mariage.

Elle se rappelait parfaitement de ce coup de fil, quelques temps avant que les réseaux ne soient saturés. Sa mère, ravie de pouvoir enfin profiter de sa toute jeune retraite aux côtés de son mari, lui assurant que tout se passerait bien, et qu'elle lui ramènerait une peluche en guise de souvenir, connaissant trop bien sa fille pour savoir qu'elle préfèrerait ce cadeau à un quelconque vêtement hors de prix.
L'hispanique sourit à Swann, repensant à cette période. Celle ou elle était persuadée que tout allait en s'arrangeant, et non pas que quelques semaines plus tard elle se serait retrouvée ici, sauvée de justesse par Siobhan qui avait fait un scandale monumentale pour qu'elle soit ramenée avec Abbi.
Un sourire naquit sur ses lèvres en apprenant que le brun avait voyagé, ses yeux pétillants en entendant parler de l'Ecosse. J'ai toujours voulu visiter cet endroit. admit-elle en buvant à nouveau, ne pouvant s'empêcher d'éclater de rire en l'écoutant parler de cette petite scène avec Joy. A croire que cette dernière avait été égale à elle même tout au long de sa vie. Mes parents devaient visiter Venise la première semaine, et passer ensuite à Rome. En grande catholique, ma mère tenait absolument à voir le Vatican de ses propres yeux, et mon beau-père lui à fait ce cadeau.

Si son sourire n'avait pas disparu, elle baissa les yeux un instant en y songeant. Peut-être que l'Italie avait été épargnée, lui souffla une voix dans sa tête, avant de chasser cette idée de son esprit pour ne pas se démoraliser d'avantage en imaginant ses parents hantant les rues d'une ville morte.

Ta sœur est exceptionnelle. dit-elle avec un petit sourire au brun, comprenant que leurs caractères aux opposés puissent parfois amener au conflit. Vous n'avez jamais été... proches ?

Comme Abbi et elle après tout. Au cours de leurs années ensemble, elles avaient du se disputer une fois à tout casser, et encore... Elle ne s'en rappelait qu'à peine.

Un voyage de noce… vraiment. Dire que les parents de Beatriz partaient célébrer leur union et qu’ils se retrouvaient bloqués par la plus grosse épidémie que connaissait le monde. S’il parlait de la planète, et non pas uniquement de leur pays, c’était bien parce qu’il croyait que si jamais l’Europe avait été épargnée, depuis le temps, elle aurait envoyé des renforts aux Etats-Unis. Le monde occidental était ainsi : prompt à la solidarité au sein de son cercle mais dédaigneux à prendre des vraies mesures pour les pays plus pauvres. Swann n’avait jamais été sensible à cette réalité – il s’en fichait même – mais c’était donc la preuve que si les soldats étrangers n’avaient pas débarqué en masse pour leur venir en aide, c’était bien parce qu’ils avaient leurs propres ennuis à gérer.

Il ne dit rien de cette pensée pessimiste bien sûr, il se contenta de sourire poliment, jusqu’à ce que vienne dans la conversation le fait que Joy était « exceptionnelle ». Pour le coup, il fallait admettre qu’en plus de ne pas être d’accord, le jeune homme était touché dans son amour-propre. C’était la première fois qu’on soutenait un commentaire mélioratif à propos de son aînée. Jusqu’à lors, il n’avait jamais eu la sensation d’avoir tiré de la vanité d’être celui qu’on vantait des deux enfants Blackmore. La nounou venait de lui prouver que, surtout de sa part, ça l’ennuyait de voir qu’il n’était pas l’enfant chéri. Pour une fois. Contenant sa contrariété en buvant de sa boisson, il répondit sur un ton naturel :

- Non, on est… disons que depuis très jeune, Joy dépense beaucoup d’énergie à malmener son entourage et à ruiner sa propre vie, des mots un peu durs qui lui avaient échappé et sans doute emprunté à ses parents, il ne savait plus, mais… elle m’a sauvé la vie, admit-il dans un haussement d’épaule, c’est la seule famille qui me reste. Alors…

Alors quoi ? Lui-même ne savait pas ce qu’il ressentait pour cette sœur qu’il avait pris l’habitude de rejeter. Certes, il avait été son défouloir enfant mais lui, ne s’était jamais proposé d’ouvrir ses bras de cadet quand elle en aurait eu besoin. Toutes ces fois où Stuart et Lilian avaient blâmé la blonde, Swann aurait pu la défendre – ou au moins la soutenir – au lieu de garder le silence en se félicitant d’être « sur la bonne voie ». Il s’éclaircit pour poursuivre en essayant de redresser la barre de son discours mal engagé :

- Ça va mieux maintenant. On a du mal à s’entendre tous les jours mais… je ferai le possible pour qu’il ne lui arrive rien, assura-t-il et pour le coup, il était sincère, comment tu fais toi ? Demanda-t-elle soudainement, pour que ça marche avec ta sœur. Peut-être… peut-être qu’il y a une astuce que je pourrai utiliser avec Joy.

Il sourit, mais dans tout ça, il n’avait pas demandé ce que Beatriz lui trouvait de si extraordinaire. C’était déjà quelque chose de la voir complimentée pour en plus se faire bassiner par les raisons. En plus de ça, Swann se garderait bien de lui répéter les bonnes paroles de la nounous : la concernée risquait de prendre le melon et de lui casser les oreilles pendant un mois.

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