Re: Animation Evergreen - Dead Ablaze

Son prénom crié par Blake lui fit instantanément tourner la tête vers la blonde qui déjà hurlait ses consignes pour s'en aller. S'en aller, c'était bien le plan. Quitter Tacoma pour lequel ils avaient tant souffert, et dont le départ se solderait aussi par des deuils. Ils allaient laisser derrière eux les cadavres calcinés des McLeod, les tombes de Dante, Lauren, Elie, Abel, et tous les autres... La grecque hocha vivement la tête aux ordres de Blake, avant de balayer d'un regard les personnes autour d'elles. Les visages étaient tous embrouillés, paniqués. D'une voix forte elle lança « Il me faut du monde pour aller chercher les voitures ! » fit-elle en s'avançant déjà vers le fond de l'allée où étaient stationnés les véhicules. Les grilles allaient céder, et sans armes, ils seraient impuissants face à la foule de cadavres ambulants. Connor apparut alors devant elle, son sac dans ses mains devant lui avant de lui balancer dessus. Fronçant les sourcils, la jeune femme réceptionna le sac, sans s'encombrer de paroles inutiles. Elle lui avait juste adressé un regard qui suffisait en lui-même. Ce même regard qu'elle lança à tous ceux qu'elle croisa.

Il fallait faire vite, et si la brune n'était pas sincèrement rassurée quant à l'idée de laisser Blake, John, et les autres jouaient les appâts vivants, elle faisait suffisamment confiance aux initiatives des deux militaires pour ne pas les remettre en question. Malgré tout, l'angoisse s'était greffée dans le creux de son ventre quand elle les quitta définitivement des yeux pour s'occuper de la mission qui lui avait été confiée. Sans regarder qui s'étaient élancés à sa suite, la brune s'était précipitée pour ouvrir la première voiture, dans laquelle elle jeta le sac du sportif. Les crépitements sinistres du feu qui continuait sa progression ne parvenaient même pas à étouffer les râles affamés.

La brune se laissa tomber sur le siège conducteur pour allumer le contact et s'assurer que tout fonctionnait bien. La jauge d'essence n'était certes pas dans son meilleur jour, mais elle suffirait à les dégager d'ici. Et justement en parlant d'essence... « Les jerricans sont où ? Faut vérifier le niveau d'essence de toutes les bagnoles ! » cria la grecque en regardant les personnes s'activer tout autour. Elle se passa une main dans les cheveux, se mordant la lèvre inférieure. C'était un putain de bordel. Son sac toujours précieusement accroché sur ses épaules, elle pouvait entendre malgré le raffut les miaulements incessants de Alpha. Hors de question de la laisser dans la voiture. Elle leva le bras pour interpeller Tamara et les Walker « Ludwig, il est où ? » s'inquiéta la brune, les sourcils froncés.

Kassandra était partie avec Texas. Connor et Elena avaient aussi disparu, il ne restait plus qu’elle dans la maison dévorée par l’enfer. Avec son sang-froid habituel, l’urgentiste se précipita dans sa chambre, face à celle de la gamine et attrapa le sac caché dans une armoire. A l’intérieur s’y trouvait déjà un petit couteau, une carte et une gourde. Elle y ajouta la lampe-torche qu’elle tenait et chopa l’étui de sa machette militaire qu’elle passa en bandoulière. Daphne était toujours prête à partir en vitesse mais jusqu’à lors, elle pensait que ce paquetage lui servirait pour s'en aller de son plein gré.

La prochaine étape était la cuisine, pour récupérer quelques réserves, mais c’était sans compter sur les flammes voraces qui s’étiraient férocement sur la moquette. La fournaise lui faisait plisser les yeux, la fumée piquait sa gorge, la route vers l’escalier était bloquée. Elle voulut pester mais s’étrangla dans une quinte de toux. Si seulement ils avaient l’eau courant, la trentenaire aurait pu espérer franchir la barrière flamboyante sous un drap humide, mais le contenu de sa gourde ne suffirait pas.

Réfléchissant au quart de tour, elle revint alors dans sa chambre et ouvrit l’une des fenêtres. L’air frais était bien plus respirable mais paraissait douloureux sur sa peau chauffée par l’incendie. Elle était à l’étage, mais ça devrait aller. Il y avait quoi, trois mètres ? Daphne balança d’abord son sac, puis suivit les jambes d’abord. Tenir le bord, pour réduire la distance entre ses pieds et le sol, lâcher, sentir un éclair dans sa cheville. Elle ne semblait pas cassée, ni sévèrement tordue, mais la souffrance suffit à la laisser recroquevillée un instant sur le sol.

En se remettant sur ses pieds, l’urgentiste boitait mais elle ne pouvait pas s’offrir le loisir de faire une pause. En retrouvant la modéliste et sa protégée, elle entendit les ordres de Blake : préparer les voitures, ouvrir les grilles, laisser entrer les rôdeurs pour qu’ils puissent sortir. De toute façon, les cadavres seront principalement attirés par les flammes, sensibles à la chaleur autant qu’aux bruits. La trentenaire ôta son sac de ses épaules et le confia à Kassandra en plongeant dans ses yeux :

- Surveille Texas, ne la laisse pas et ne partez pas sans moi, elle avait insisté sur les derniers mots avant d’emboiter le pas à Connor en ajoutant, je reviens.

Ce soir là, Jefferson ne trouvait pas le sommeil, trop préoccupé par un tas de choses, tellement qu'il se tournait et se retournait dans son lit, agacé de ne pas pouvoir apaiser son esprit. Ce qu'il pourrait faire pour améliorer la vie au refuge, d'essayer de garder le cap malgré leur quotidien parfois difficile. Des choses plus futiles, d'autres plus concrètes, comme toutes les personnes qu'il avait rencontré, et qui n'étaient désormais plus là, ceux tombés au combat, et tous les autres qui n'avaient même plus la chance de respirer, comme lui le faisait présentement.

La fatalité ne semblait pas s'arrêter de s'abattre sur eux.. Il y a quelques jours, Dante venait de mourir, et même si le canadien ne le portait pas forcément dans son cœur, il ne lui aurait jamais souhaité cela. Et ce soir là, alors qu'ils espéraient tous au fond d'eux pouvoir trouver un peu de répit, une sensation de danger imminent lui avaient définitivement fait ouvrir les yeux. Une agitation terrible, des cris... Il n'en avait pas fallu plus pour que Jeff se relève et constate l'incendie par l'une des fenêtres de sa chambre... La maison des McLeod ! C'est paniqué qu'il avait enfilé son pantalon à la hâte, récupérant sa veste et son sac en bandoulière. Sa main ne tarda pas non plus à attraper sa clé à molette et le holster qui contenait son couteau.

Jeff s'était rendu dehors au plus vite, courant précipitamment vers une partie du reste du groupe. Il y avait tellement d'agitation qu'il n'était sûr que d'une chose... Il fallait partir, le brasier gagnerait bientôt chacune des habitations. Il aurait voulu, tout comme Christina, qu'ils puissent faire quelque chose... Mais il fallait surtout qu'ils se sauvent eux... Mais où était Tamara ? et tous les autres d'ailleurs ? ... Blake avait essayé, comme à son habitude de répartir intelligemment des tâches, si certains, accompagnés d'Elena iraient démarrer les véhicules, d'autres pourraient attirer les rôdeurs afin de les concentrer à un autre endroit. Ils pouvaient le faire, ils le devaient !

C'était sans hésiter longtemps qu'il avait décidé de suivre Callaghan, ainsi que Ludwig et Skyler, Connor n'était d'ailleurs pas bien loin plus. " Il y a des bonbonnes de gaz vides et du matériel là bas... " dit-il en désignant un petit local " Avec un peu de chance, on pourra les attirer ! " Ils ne pouvaient même pas compter sur leurs armes à feu d'ailleurs, c'était mal barré, mais pas forcément perdu d'avance. Peu importe, bientôt ils arriveraient au portail, il voulait être là, parce qu'il devait se battre, mais il était inquiet aussi pour les autres, il devait faire de son mieux. " On a déjà fait face à bien pire que ça n'est-ce pas ? On va s'en sortir ! " reste à espérer que les autres soient prudents eux aussi.

Dans l’état actuel des choses, j’étais simplement incapable de me rendre vraiment utile. Il était hors de question de quitter des yeux Victoria. Si elle sortait de mon champ de vision ou si je lâchais la main que je tenais fermement, il se pourrait que plus jamais je n’aie la possibilité de la revoir et c’était tout simplement inconcevable.

- Tout ira bien, tout ira bien…

Oui, j’étais totalement en train d’essayer de me convaincre. Que me restait-il en même temps ? Je n’avais plus personne dans mon champ de vision, Kass avait disparue Melvin était introuvable en train sans doute d’aider quelque part. Une partie de moi se demandait s’il allait prendre le badge en forme de pingouin que je lui avais offert. C’était stupide et inutile, mais ça avait une importance pour moi. Oui, j’étais con. Je voyais une silhouette familière au loin. C’était Ludwig, j’étais contente de voir qu’il allait bien.

Je me dirigeais vers lui, mais à peine que j’ai fait quelques pas que je le vois disparaitre. Putain, ça me faisait rager. Je devais rester forte, il était hors de question de flancher. J’entendais alors l’ordre de Blake pas trop loin, où est ce qu’elle était ? Je n’en savais rien, mais il fallait prendre les voitures et s’enfuir, j’avais entendu et c’était largement à ma portée. Tout en serrant toujours aussi fort la main de Victoria. Il était hors de question qu’on se retrouve séparé.

- Elena, j’arrive. Si tu veux, donne-moi ton sac comme sa Victoria peut s’occuper d’Alpha.

J’attendais de voir sa réponse avant de me réfugier dans le premier véhicule qui me passait sous la main. Il ferait bien l’affaire. La jauge de réservoir était relativement pleine. J’ordonnais à Victoria de s’installer à l’arrière. Je me demandais où était Kass, ou étaient tout ceux pour qui comptait pour moi, mais je savais que la priorité pour le moment, c’était Victoria. Il en fallait des gens pour gérer tout ça, moi j’avais décidé de prendre cette voiture et d’y mettre un maximum de chose à commencer par les affaires de ceux que je croiserais et tant qu’à faire de la nourriture. « Tu ne bouges pas de là. » J’avais signé quelques mots à la petite.

- Ludwig je l’ai vu, il y a quelques minutes, mais je n’ai pas pu le rejoindre.

C’était douloureux rien que d’y penser, mais c’était ainsi, j’avais envie, besoin de croire qu’il s’en sortirait. Déjà voir Jefferson pas loin était tout de même rassurant, je devais le reconnaitre. Son commentaire aurait pu me faire sourire si je n’étais pas au bord de la crise.

- J’espère que s’il y a bien un dieu qui existe, qu’il t’écoute Jeff.

Je me rapprochais de la voiture une nouvelle fois et y laissa mon arc. J’avais oublié de me déséquiper ce qui entravait légèrement mes mouvements.

Entre la fumée, les hurlements de panique et le manque d'oxygène, leur havre de paix devenait une véritable fournaise. Et si ils continuaient à rester ici, nul doute qu'ils finiraient dans le même état qu'Arthur et toute sa clique. Si certains avaient tenté de se jeter à l'assaut des flammes, les cris de détresses avaient pourtant fini par s'interrompre, sans doute étouffés par la fumée.

C'était toujours mieux que de brûler vif...

Elle n'avait pas réussi à retrouver Blake, mais au moins reconnut-elle son timbre de voix quelque part dans la fumée. Toussant, la rouquine stoppa sa course quelques secondes, essayant de reprendre un minimum de souffle. Elle devait déjà s'éloigner de cet endroit ou elle avait finir par crever asphyxiée, faisant demi tour. Au moins, Blake était en vie quelque part, et les râles des morts par delà les murs lui confirmaient qu'ils allaient sérieusement devoir s'enfuir avant de toute perdre.
Enfin, elle réussit à retrouver le visage de son frère dans tout ce bordel, l'attrapant par le bras pour lui faire signe qu'elle était de retour. Dis moi ou est-ce qu'il faut aider.

Et c'était hors de question qu'il lui cause de monter dans une voiture. La situation était plus que critique, chacun devait y mettre du sien.

Ethan ne dormait pas souvent d'un sommeil profond. Depuis le début de l'épidémie plus qu'avant, il était habitué au sommeil partiel, toujours sur le qui-vive. Cette nuit-là cependant, il avait pu goûter à un profond sommeil réparateur. Les événements de la nuit allaient sans doute condamner à jamais toute chance de renouveler l'expérience. Il n'avait même pas remarqué que sa femme avait quitté le lit, mais il ne fut pas bien long à émerger lorsqu'il la sentit le secouer pour le réveiller. Les mots mirent quelques secondes à faire sens dans son esprit. Un incendie, chez Arthur ? Au bruit qu'on pouvait entendre à l'extérieur, c'était le branle-bas de combat. Étouffant un juron, le jeune homme bondit du lit. Il ne lui fallut guère de temps pour enfiler des vêtements d'extérieur. Au passage, il récupéra deux sacs qu'il remplit de quelques affaires, essentiellement des vêtements et quelques effets personnels. Il pensa également à ses armes qu'il avait à portée de main, privilège du responsable de la sécurité. Les sacs pleins, l'essentiel à l'intérieur, il descendit à la suite de sa famille en s'assurant qu'ils étaient tous prêts. Parvenu en bas, il passa colliers et laisses à ses chiens, qui sentaient l'agitation ambiante et étaient nerveux. Bientôt, toute la famille fut à l'extérieur pour contempler le désastre qui s'étendait.

Il fallait agir. L'agent fédéral emmena les siens plus loin, là où d'autres se massaient déjà. Dans son esprit, il lui fallait encore aller voir si Arthur et les siens s'en étaient tirés. Une vive angoisse lui étreignit la poitrine lorsqu'il songea que cela pouvait ne pas être le cas. Avant toute chose, il lui fallait mettre les siens en sûreté. Tout le monde courait partout, et des rôdeurs s'amassaient déjà aux grilles, ameutés par le brasier. Au vu de la vitesse à laquelle tout s'étendait, ils n'avaient plus guère le choix. Il fallait évacuer.

« Tout va partir en flammes... Il faut qu'on se prépare à partir.

Certains couraient déjà aux voitures pour se tenir prêts à évacuer. Ethan aperçut Tam qui venait de mettre Victoria en sécurité dans un véhicule, ce qui lui donna une idée. Tirant légèrement Brooke par le bras, il entraîna les siens dans cette direction, alors que la tatouée venait de ranger son arc dans le véhicule.

- Tam ! On peut laisser ma mère, les petits et les chiens avec Victoria ? Brooke et moi on pourra donner un coup de main, trouver les autres... Tu sais où sont Ludwig, Plutarch... ?

L'agent fédéral laissa également les affaires qu'ils emportaient à sa mère, qui installait les deux petits près de Victoria. Au moins, ils seraient en sécurité le temps que tout se règle. Sa femme et lui allaient pouvoir prêter main-forte pour l'évacuation. Et il y avait les rôdeurs... Ça, c'était plutôt dans ses attributions. Il fallait qu'il puisse attraper Blake ou quelqu'un au vol pour en savoir plus. Maintenant que tous étaient en sûreté dans la voiture, chiens compris, il se retourna vers son épouse pour lui dire ce qu'il avait en tête.

- Brooke, il faut qu'on essaie de trouver le plus de monde possible et leur signaler les voitures. On reste ensemble, d'accord ? Si on trouve de quoi équiper d'autres voitures, on le fait. On ne pourra pas tous tenir dans la voiture de Tam. Et on se rend utiles où on peut... sans se perdre de vue. »

Les directives avaient rapidement été données et tandis que certains allaient chercher leurs affaires, d'autres les voitures, j'avais raffermi ma prise autour du manche de ma hache, me dirigeant vers les grilles. Il allait en effet falloir les ouvrir pour que nous puissions tous nous en aller ; passer par la forêt n'était pas une option envisageable notamment parce-que le chemin serait difficilement praticable pour les véhicules et qu'un nombre important de Coyotes venait de là aussi. La sortie principale était pour l'instant la meilleure option que nous avions.

Adressant un regard entendu aux personnes déjà attelées à la tâche, mes yeux se posèrent une nouvelle fois sur le brasier qui animait le centre du quartier. Les cris, les pleurs, l'angoisse. Je ne pouvais que prier tous les Dieux pour qu'ils nous épargnent encore une fois, qu'ils épargne les miens. Serrant les dents afin de me recentrer sur ce qui devait être fait, j'assenais un premier coup en plein crâne au mort le plus proche. Un parmi tant d'autres. Un parmi trop.

Le temps que j'ôte mon bras de l'extérieur, un autre Coyote l'avait agrippé. Trop occupé à me défaire de sa prise, je ne perçus que trop tard celui qui était parvenu à se faufiler entre les broussailles pour arriver à mes côtés. Des mains se refermant sur mon épaule, une douleur lancinante dans ma nuque. Envoyant mon coude en arrière pour le dégager, je lui réservais le même sort qu'au précédent avant de porter machinalement mes doigts sur ma nuque. Du sang. Beaucoup trop pour que ce ne soit qu'une simple griffure.

Restant pantois quelques secondes, les yeux écarquillés, je revins néanmoins à la réalité en entendant de nouveaux cris non loin. Ce n'était pas le moment de me relâcher, surtout pas. Je devais rester maître de moi-même, tout faire pour permettre à ce groupe de s'en sortir, de ne pas subir plus de perte. Sauver mon épouse, la préserver de tout cela. L'idée d'être condamné s'était imposé dans mon esprit comme une évidence, amenant avec elle la rage de sauver les miens jusqu'à mon dernier souffle. Sans réfléchir, je me remis à ma tâche avec plus de hargne encore.