De mon état de stase, je n’entendais plus rien, ni les coups de feu, ni les hurlements. Il n’y avait plus rien d’autre, juste le silence, un silence que je trouvais parfaitement apaisant, peut être que c’était ça la fin. Peut-être que ce serait mes dernières minutes sur le sol de cette terre. Si je dois mourir aujourd’hui, ça ne changerait rien, j’avais toujours fait de mon mieux pour partir le cœur serein et vu le massacre que j’avais fait, je pouvais comprendre que Dieu estime que je n’avais plus ma place parmi les vivants.

Sauf que visiblement, ce n’était pas le plan qui m’était destiné, je n’entendais plus rien et il m’avait été donc impossible d’entendre les pas de mon frère, mais j’avais tout de même entendu dans le lointain cette voix que je connaissais par cœur et qui évidement était en train de fois de plus de mal parler de moi. Enfin, ça, c’était juste des suppositions, mais je le voyais mal s’inquiéter de mon sort. La gifle que je sentais sur mon visage déjà meurtri par mon assaillant d’avant me fit mal. C’est la douleur qui me réveilla. J’ouvrais alors les yeux presque aveuglés par la lumière du jour. Je mis un bras au-dessus de ma tête avant de dire d’une voix sans doute encore un peu faible.

- Mais ta gueule ! Ça me fera des vacances.

Oui, j’essayais de me faire un peu piquant, mais c’était relativement dur vu les derniers évènements. Le cœur et l’envie n’y étaient pas. Je savais que mon frère ne comprendrait pas, mais je finis tout de même par me redresser en position assise. Devant moi, il était là. Le gamin que j’avais tué d’une balle dans la gorge et qui avait fini par se vider de son sang. Dans mes yeux, on pouvait lire toute la culpabilité que je ressentais au plus profond de mon âme. J’avais tué un gosse. Oui, c’était un dommage collatéral, mais c’était quand même un ado. Il ne méritait pas de subir la haine des adultes. Je regardais mon frère avec une mine déconfite que je n’avais pas arborée depuis plus d’un an.

- J’ai tué ce gosse…

J’avais prononcé ses mots dans un murmure. Je n’avais jamais tué d’enfant avant lui, enfin, j’avais mis un terme aux souffrances de ma fille après qu’elle se soit fait mordre, mais ce n’était pas similaire à ça.

- J’AI TUÉ CE GOSSE PUTAIN !

Il y avait de la rage dans mon corps du désespoir dans mes mots et de la culpabilité dans ma tête. J’avais commis l’impardonnable, alors oui, c’était la guerre, mais il y avait des limites que je n’aurais jamais voulu franchir. Alors que je n’avais toujours pas été capable de me relever complètement, j’avais attrapé le corps à présent sans vie pour lui planter mon couteau dans la tête, à défaut de le faire vivre à nouveau, je l’empêcherais de le faire revenir en rôdeur ce qui était le minimum que je pouvais faire.

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Finn confirma à Thalia que Ian était avec April, et qu'il était en route pour les véhicules qui leur permettraient de fuir. C'était plus que jamais la seule option à envisager, la seule direction à prendre. La jeune femme opina du chef pour notifier qu'elle avait compris et qu'elle allait suivre le mouvement, tout en berçant légèrement Evelynn contre elle pour tâcher de calmer ses pleurs. Toute la petite troupe se remit en marche à un rythme soutenu, finissant enfin par atteindre les véhicules alors que d'autres survivants de leur groupe les rejoignaient dans le même mouvement. Mais pas tous. Parmi les visages familiers comme ceux de Rowen, Rosaleen ou d'autres encore, elle ne voyait pas celui qu'elle cherchait le plus.
La zoologiste fut tirée par le bras par Nans, qui l'entraîna vers une voiture avant d'ouvrir une portière. Avant toute chose, il lui fallait mettre en lieu sûr ses proches, c'était certain. Elle fit monter Amarok et Nakoma, avant de confier Evelynn à son beau-père le temps pour elle d'observer une fois de plus les alentours. Et cette fois fut la bonne. Elle vit April et enfin Ian qui arrivait vers eux. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, avec un immense sentiment de soulagement. Mais elle savait qu'ils n'étaient pas tirés d'affaire pour autant. Après avoir convaincu Nans de s'installer dans la voiture avec la petite, elle fit quelques pas pour rejoindre son mari qui venait dans sa direction.

« Tu es là... J'ai vraiment eu peur... Tu n'as rien ? »

Thalia se mordilla la lèvre en l'observant, sachant qu'elle n'avait pas le temps de grandement s'attarder. Il fallait fuir, tant qu'ils en avaient l'occasion. Autour d'eux, les survivants du massacre montaient dans les voitures restantes, on ne peut plus conscients du peu de temps qui leur restait. Son cœur cognant follement contre ses côtes, elle saisit la main de Ian pour l'entraîner à sa suite, en direction des voitures. Ce fut à ce moment-là que de nouvelles détonations retentirent. Alors que des phares explosaient, la zoologiste sentit la brève morsure d'une balle qui lui effleurait la cuisse, traçant un sillon sanglant qui n'était toutefois qu'une éraflure colorée d'écarlate. Elena n'eut pas cette chance, car un tir la cueillit en pleine tête alors qu'elle s'installait dans la voiture où Nans se trouvait déjà. Lorsque le projectile ressortit, il emporta la vitre avec lui, le bris de verre couvrant le cri de la jeune femme qui ressentait plus que jamais le danger pour ses proches. Il fallait mettre les voiles en urgence. Elle retint un hoquet en refermant la porte qu'Elena n'avait pu claquer sur elle. Tirant son compagnon plus fermement, faisant fi de son égratignure sans importance, elle monta dans la voiture sur le siège passager arrière, récupérant sa fille alors que Nans était au volant, tout en enjoignant à Ian de s'installer sans tarder. Il était temps de filer.

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Et l'encrée continuait sa course folle en direction des terrains de sports, pas question de ralentir le rythme, si ce n'est pour une gorgée de whisky tous les cent mètres. Sa blessure lui faisait un mal de chien et elle n'avait rien trouver de mieux pour atténuer la douleur que ce fort breuvage. Elle aurait tué pour de la vodka, encore fallait-il qu'elle possède un pistolet... ce qui n'était pas le cas.

Armée essentiellement de sa minette, de ses couteaux et de sa bouteille de whisky, elle arrivait enfin aux fameux terrains de sport ou elle put revoir plusieurs visages familiers, que du bonheur ! En oubliant la douleur quelques secondes, elle amorça un sprint pour vite les rejoindre et fut aussitôt ralenti par une pluie de balles. Les assaillants étaient là eux aussi, quelle merde ! S'abaissant en vitesse, elle crapahuta toute courbée jusqu'à la première voiture qui se présentait à elle, guidée par la douce voix de April qui semblait en bien piteuse état.

Sans se faire prier, elle s'installa sur la banquette arrière et en profita pour lever un beau doigt d'honneur encré en direction du petit con qui gueulait pour ses copains (Swan), alors que Mark prenait la place conducteur. Elle esquiva de peu une balle dans sa connerie et s'empressa de cacher son petit bras à l'intérieur. Calypso arrivait en renfort à l'arrière pour siéger à ses côtés et aider April à se glisser dans la voiture. Le mexicain pour sa part débarqua à son tour et s'installa sur le siège passager, la caisse était au complet.

"Démarrrre !! GO GO GO !"

Ni une, ni deux, Mark s'occupa de faire décoller le véhicule et d'entamer une course folle vers la sortie. De ce temps, l'encrée se débarrassa de sa bouteille de whisky qu'elle déposa sur les genoux de la blonde et en profita pour se saisir de l'arme de celle-ci, un troc équitable. De là, elle abaissa sa fenêtre et vida le peu de balles qu'il restait dans le chargeur vers la troupe d'inconnus pour couvrir leur fuite.

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Fuir, c'est tout perdre. Pas que nos ressources d'eau, de bouffe et d'armes ; aussi et surtout les souvenirs. Tous mes dessins accumulés ces deux dernières années, les quelques vêtements de Kate, ma peinture, mes BDs, ma dope, cette piaule que je déteste. Son odeur, que je m'efforçais à sentir encore sur les draps. En un claquement de doigts, il faut se résoudre à tout abandonner pour survivre.

J'suis Alex et Clive à l'intérieur. L'ennemi a pénétré les murs, et les balles fusent tout près. Quand elle me dit d'partir, j'hésite une seconde, la considère un moment et finis par me résigner. Faut que j'trouve Roza, putain. "Faites vite." Et j'cours, aussi vite que j'le peux, sens parfois un sifflement m'effleurer, enfonce les portes. Un simple détour, vers l'armurerie.

Arrivé dans la petite salle déserte, j'me hâte vers les étagères, balaie les boites de munitions en panique, en chope quelques unes du bon calibre, tourne, repère le sac de Roza - imprimé SWAG en lettres capitales blanches sur noir - l'chope, le remplis, trébuche, m'rattrape, y fourre trois flingues au hasard. Dehors, j'entends déjà les moteurs vrombir. J'ai pas l'temps d'me charger davantage, j'balance le bagage sur mon épaule.

Puis j'trace pour ma vie, bordel.

Ignorant totalement la pression d'une tonne qui m'comprime les poumons, j'me jette à l'intérieur de la première voiture que j'vois. J'y r'trouve la russe, Calypso, April, et Mark au volant. "Damn." Essoufflé, j'me pose sur le siège passager, laisse le Docker démarrer. J'adresse un simple, "Baissez vous." aux trois blessées, balance son sac à Roza et ouvre la vitre, ne m'privant pas de la moindre fenêtre de tir pour caner un de ces bâtards.

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