Si la tatouée était favorable à une fusion entre les deux camp, ce fut immédiatement la débandade quand celle-ci entendit parler de déménagement. Elle imaginait pourtant une belle collaboration avec des conseillers dans chaque camp, une coopération utile et sur des bases solides. Et comme si ça suffisait pas, la tension grimpa d'un cran quand ils affirmèrent qu'ils n'avaient pas le luxe de se réunir pour prendre le temps de réfléchir à la question. Les nouveaux chefs pour leur part continuaient de poser les bonnes questions alors que la tension devenait palpable. L'encrée avait envie de l'ouvrir, mais ce n'était pas son rôle, elle préféra alors reculer à petits pas pour se rendre à la réserve et s'armer de deux talkies-walkies. En chemin, elle s'approcha des filles, Rosaleen, Emy, Calypso et le reste de la bande. Celle-ci en glissa alors un dans les mains de son amie l'amazone et garda le second pour elle qu'elle accrocha à sa ceinture.

"Caly... Tu donnerrras ça à Eli, discrrètement. Quand il serra plus collé par l'autrre tatoué. Merrci... Je vais fairre le tourr et voirr si je peux capter les converrsations de leurrs soldats, c'est trrop louche, ça me plait pas."

Sans même attendre une réponse de sa part, elle traversa le lycée pour sortir par l'arrière le cœur battant et entamer un petit tour au pas de courses en espérant se faire le plus discrète possible. Entre temps, elle éteint son téléphone de luxe afin que la voix de Eli ne puisse pas trahir sa future position. On ne lui avait certes donné aucun ordre mais c'était tout du Roza ça, elle n'en faisait qu'à sa tête et avec la disparition de Cheyenne, elle n'avait de toute façon plus rien à perdre. À pas plus discret à mesure qu'elle approchait de la bande elle avança avec prudence en espérant pouvoir se positionner au coin d'une maison et plus précisément sous une voiture qui se trouvait non loin. N'étant pas suicidaire pour autant, si le champ ne serait pas libre, elle irait tenter le coup ailleurs.

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Accroupis sur le toit d'un immeuble en face du lycée, Davis tirait lentement sur son joint, ne quittant pas des yeux la scène qui se déroulait plus en bas. Comme souvent ses traits étaient tirés et son air relativement fermé, maintenant encore plus que d'habitude. La cause ? Le manque depuis sommeil depuis plus de vingt quatre heures. La veille, il avait laissé le soin aux concernés de préparer tout ce dont ils avaient besoin pour leur arrivée ici, et la nuit il avait été bien trop absorbé par son travail pour se résigner à aller se coucher. Et le jour s'était levé, annonçant ainsi leur départ imminent. Sans doute qu'il aurait pu faire sa tête de mule et rester sur l'île, que ç'aurait même été mieux que d'avoir à assurer sa sécurité hors du camp, mais l'envie de sortir avait été plus forte ; et qui sait, peut-être qu'il pourrait rentrer avec de nouveaux échantillons à analyser.

Apercevant enfin Alec et Donovan sortir du premier véhicule, il lança un regard rapide à Mason juste à côté de lui, aux aguets. Le virologue avait décidé pour cette sortie de rester aux côtés de celui qu'il considérait comme un ami -le seul à dire vrai-, notamment parce-qu'il avait suffisamment confiance en lui et en ses compétences. Se recentrant sur la discussion qui avait débuté devant le lycée, il continuait de fumer tranquillement, laissant posé à côté de lui le semi-automatique qu'on lui avait attribué ; inutile de dire qu'il était un piètre tireur et de toute façon, à quoi bon se donner cette peine ? D'autres se débrouillaient nettement mieux, il gardait juste l'arme au cas où. Ce n'était pas qu'il craignait de prendre la vie de quelqu'un, ce fait ne le rebutait en rien, simplement que ce n'était pas son boulot, chacun son terrain.

Après de longues minutes, le ton avait commencé à monter ; entre ceux qui s'insurgeaient de la proposition qui avait été lancée et ceux qui simplement en comprenaient pas. Les choses risquaient fort de dégénérer mais, pour l'instant, la situation était en leur avantage, chose que ne savait probablement pas les survivants d'en face. Le virologue aperçut cependant du mouvement plus bas, là où, normalement, il n'aurait dû y avoir personne. Inutile de s'attarder trop longtemps pour comprendre que c'était un membre de l'autre groupe qui venait de se faire attraper par un groupe des leurs, caché. Donnant un coup de coude à Mason pour attirer son attention, le quarantenaire prend le talkie-walkie de ce dernier. « Jensen, ils en ont chopé une qui a essayé de faire le tour. »

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Oh ce doux petit frais et bien rond à l'arrière du crâne... ! Ça a le don de l'arrêter net sur place. Elle n'avait rien vu venir malgré sa position depuis le toit alors qu'ils faisaient leurs entrées de gros dur. Ces salauds avaient du envoyer des petits commandos à pieds et bien discrètement avant de faire leur arrivée en mode bourrin. Fait chier, où comment se sentir sacrément conne en quelques secondes. Elle balaya d'un regard circulaire la troupe qui l'encerclait sans bouger la tête d'un millimètre et constata bien vite la merde dans laquelle elle s'était fourrée. Levant alors les deux mains en l'air avec une extrême lenteur elle souffla un petit rire nasal au travers d'un étrange rictus du à la nervosité qui la traversait alors qu'on lui prenait son talkie.

"Vous prrrendrre à reverrrs ? Bah voyons, je suis toute seule, le futé." Elle espérait sauver les miches de son camp, après tout, elle n'aurait pas filé seule si ils avaient prévus de charger les vilains et leur couper l'herbe sous le pied. "Nan nan c'est juste que ma rréserrve de vodka est pas loin, j'passais juste cherrcher les bouteilles pour trrinquer et détendrre l'atmosphère, on fait comme ça chez moi !" Mais quelle conne... mettons ça sur le dos du stress, elle n'avait rien trouvé de mieux à répondre à la bande. Elle aurait aimé dire qu'elle prenait simplement la fuite mais avec un itinéraire pareil, c'était grillé d'avance comme mensonge. Vite, il fallait rebondir pour étouffer cette petite boutade. "Vous êtes nombrrreux en fait.. vous venez pas vrraiment pour fairrre la paix, hein ?" Elle n'osait toujours pas esquisser le moindre geste et ses mains restaient toujours bien en évidence. A ce stade, la seule chose qu'elle s'efforçait de faire c'était le compte des têtes présentes avec une douloureuse boule au ventre, comme si elle avait avalé un pot d'acide juste avant d'essayer de la jouer à la Solid Snake.

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Son air revêche ne s'était pas atténué avec le voyage. Il ne s'était senti bien que lorsqu'il était sur les hauteurs de l'immeuble. La vision qu'il avait du lycée était quasiment parfaite et elle était idéale pour guetter la moindre réaction hostile des survivants de l'école. La version militaire du MSG90 A2 qu'il possédait fut installé sur son pied en quelques minutes à peine alors qu'il ajustait avec une nervosité dissimulée la lunette de l'arme. Tester cet outil n'était pas une nouveauté, mais l'utiliser sur des êtres humains à cette distance était une chose nouvelle. Il ne considérait pas cela comme une expérience audacieuse et sensationnelle, il restait assez détaché à ce propos. On l'avait assigné sur les toits pour une excellente raison : il maîtrisait cette arme de précision. Ses réflexes étaient plus utiles dans l'ombre.

L'objectif de protéger les siens avec ce fusil de précision arrivait aux premières loges. Sa concentration était difficile à mettre à mal. Si l'odeur piquante du joint de Lawrence lui donnait sans cesse envie de tourner la tête vers lui pour le lui piquer, il n'en fit rien. Il jetait quelques brefs coups d'oeil au scientifique qui avait insisté pour se joindre au groupe. Le savoir sur le toit plutôt qu'en bas le rassurait assez. C'était moins le cas pour l'arme aux pieds du scientifique. Il ne connaissait pas les compétences de l'ami et le savoir avec une arme le rendait sceptique. Lorsqu'un coup de coude vint perturber son observation dans le viseur, il leva un regard de reproche vers son camarade : Quoi ? Son talkie se retrouva entre les doigts du scientifique qui laissa filer une information intéressante. Mason fronça les sourcils et repéra au contrebas l'élément perturbateur. Il se focalisa rien qu'une seconde sur la scène avant de reprendre son observation du groupe adverse et surtout de Donovan. 'Sont pas très malins en face avec leur louve solitaire suicidaire. Marmonna t-il sans ciller. Mais au fond, il s'en moquait pas mal. La tension était montée d'un cranc, et il devait rester concentré plus que jamais.

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Quelle situation de merde, elle ne pouvait pas toucher davantage le fond et abaissa lentement les mains alors qu'on la dépouillait de ses deux pistolets et de ses précieux couteaux. De ce temps, un homme d'une stature imposante s'avançait tranquillement face à elle, l'air de rien. Il avait reconnu son accent, sa connerie sur la vodka avait sans nul doute du aider en ce sens. Pas bien vilain, il s'empressa de remettre les choses en place avec une belle mise en garde en l'invitant à ne pas faire la maligne. Et ça allait être dur, Roza ne savait faire que ça, ou presque, c'était vraiment pas le meilleur des conseils à lui refiler. La boule qui lui rongeait les boyaux allait cependant l'aider en ce sens et elle l’interpella en retour quand ce dernier affirma que la balle était dans leur camp. Tout n'était pas encore perdu, mais le groupe de l'encrée manquait encore cruellement d'informations, alors autant essayer de faire passer le message, ça pouvait encore changer la donne, après tout.

D'une voix calme et sur un ton qui se voulait neutre, elle lui répondit alors sans détour et sans la moindre hésitation : "M'alorrrs dis à ton copain de me rrrefiler le talkie, si je leurr dis que vous êtes ainsi positionnés, ils rrisquent de mieux rréfléchirr à la question. Qui ne tente rien, n'a rien. "La guerrrre, les morrts, c'est pas ce qu'on cherrche, alors autant éviter de compter les cadavrres, et pourr ça, il faut bien qu'ils sachent dans quelle situation ils sont. C'est imporrtant d'avoirr tous les éléments en mains pour fairre le bon choix." Un petit soupir quitta ses lèvres et elle ajouta le point final : "Si ce que vous voulez, c'est bien éviter les prroblèmes.. Alors évitons les, nan ?"

Il avait l'air plus ouvert à la discussion que le gros malin qui lui avait attrapé son talkie et lui, il souriait en plus ! Avec un peu de chance, il pourrait répondre favorablement à la demande et sa sortie loupée aurait au moins le mérite d'informer son groupe quant à la merde dans laquelle ils baignaient. Il ne fallait surtout pas que ça dégénère ou ils tomberaient à coup sûr, tout du moins c'est ce que la russe en conclue et c'était bien ce qui l'alarmait.

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