Il était déjà six autour d’eux. Il fallait réussi à les éliminer, réparer la roue et enfin reprendre la route. Ian n’avait évidemment pas envie de demander à Thalia de les aider. Il se sentait de plus en plus inutile dans cette situation, avec un bras en moins, il devait se rendre à l’évidence qu’il était à peine capable de seconder son père et avec les différents malades qui arrivaient autour d’eux rester dehors ne serait sans doute pas une bonne idée, il était à peine capable de se défendre convenablement. Mais il ne pouvait pas demander à Thalia d’intervenir. Il partit à la rencontre d’un rôdeur isolé et lui planta son couteau dans la tête avec quelques difficultés.

Cependant, s’il avait réussi à s’en sortir c’était uniquement grâce à papa qui était intervenu. Il n’y serait sans doute pas parvenu tout seul. Il sentit rapidement le regard de l’homme sur lui avec un regard noir.

- Ian arrête tu vas te faire tuer.

L’urgentiste devait se rendre à l’évidence, il ne pouvait pas se montrer utile et bien que ça lui faisait mal au cœur, il ne pouvait pas non plus laisser son père seul pour gérer tout ça. Il restait encore cinq monstres qui s’avançaient inexorablement vers eux les empêchant de se concentrer sur le reste. Il s’approchait devant Thalia le cœur lourd et ouvrit la portière légèrement.

- Je sais que je ne veux pas que tu te battes, mais je vois bien comment tu t’inquiètes et je ne suis pas capable de tenir une arme avec mon bras blessé. Je ne veux pas laisser mon père gérer ça tout seul, il a besoin de quelqu’un. Est-ce que tu pourrais l’aider ?

Il avait mal cœur de devoir demander ça à sa femme, il pouvait évidemment s’occuper d’Evie pendant qu’elle viendrait en aide à son père, il n’était pas capable de se battre et pour le coup, les monstres approchaient de plus en plus et il ne voulait vraiment que Thalia que se mette au danger, mais il était au pied du mur incapable de faire autrement.

Thalia observait avec inquiétude l'approche de rôdeurs, qui heureusement n'étaient qu'au nombre de six mais pouvaient tout de même causer un certain nombre de problèmes. Ils arrivaient après tout au pire moment, il fallait bien l'avouer. Avant de penser à poursuivre toute réparation, il fallait d'abord sécuriser les environs immédiats... Il fut très difficile pour la jeune femme de rester calme alors que les deux hommes affrontaient les deux morts-vivants les plus proches. Heureusement, ils en vinrent à bout sans déplorer de blessure. Restait le bras de Ian, qui décidément n'allait pas aller mieux s'il continuait de cette façon...
Pour cette raison, lorsqu'il vint demander à la zoologiste de prendre sa place au combat, elle n'hésita pas une seule seconde. Opinant du chef, sachant que c'était la meilleure et la seule chose à faire, elle glissa quelques mots aux filles O'Connel pour qu'elles restent calmes et continuent à caresser les chiens, puis elle confia à son mari Evelynn qui s'était un peu tranquillisée. En passant, elle déposa un rapide baiser sur la joue de Ian avant de s'extraire complètement de l'habitacle pour le laisser y prendre place.

Les quatre rôdeurs restants avançaient toujours vers eux en rivant dans leur direction leur regard blanc et laiteux. Cela aurait réellement pu être bien pire. Thalia n'était pas prête à parier que d'autres ne pourraient pas surgir à l'improviste. Elle se saisit de son couteau pour accueillir le premier et le plus proche d'entre eux, dans une posture et avec une agilité que l'habitude conférait. En ravitaillement, elle avait connu pire. Elle envoya un coup de pied dans les genoux de la créature, la faisant vaciller et trébucher. Au passage, elle attrapa la chevelure filasse du monstre et lui tira la tête en arrière avant d'enfoncer son couteau dans le crâne avec un geste leste et précis. Elle rejeta ensuite le cadavre sur le côté, alors que Nans venait de fendre la tête d'un autre rôdeur avec sa machette. Tuer les deux derniers morts-vivants ne fut dès lors plus qu'une formalité pour les deux survivants. Dès que le dernier monstre ne fut plus qu'un amas de chairs putrides et sans vie, ils retournèrent à la roue pour la changer au plus vite.

« Ian, essaie de voir s'il y en a d'autres qui rappliquent... Tu n'as rien sous la main pour ton bras, tant qu'on est à l'arrêt en train de remonter la roue ? »

Il était soulagé de voir que Thalia n’avait pas cherché à remettre son idée en question. Sans rien dire, il attrapa Evie de son bras valide. Ce n’était pas facile, mais largement faisable. Il murmurait à l’oreille de sa fille adoptive alors qu’il continuait de s’inquiéter pour sa femme et son père. Il surveillait autour d’eux. Il restait quatre malades à tuer et il espérait que personne ne serait blessé et pour le coup, il avait eu raison d’y croire puisque tout le monde aller bien et que toutes les créatures étaient mortes.

- Ne t’inquiète pas pour mon bras. J’ai limité la casse. Je pourrais sans doute recoudre, mais je n’ai pas le matériel nécessaire. Peut-être dans les différents sacs du coffre.

Il comprendrait évidemment l’inquiétude de tout le monde vis-à-vis de son bras, mais il savait qu’il avait limité les dégâts alors il n’était pas vraiment inquiet. Il pouvait bien rester comme ça pour les trois prochaines heures sans trop de problèmes. Il s’inquiétait évidemment des deux gamines qui étaient avec eux, il les regardait alors qu’il s’était assis à l’arrière toujours avec la portière ouverte puisqu’il n’était pas capable de la fermer. Il finit par dire à Thalia dehors.

- Si tu trouves une trousse médicale, ou un truc comme ça n’hésite pas. Je surveille.

Il était sur la défensive prêt à alerter les deux autres en cas de pépin. Il avait peur, il avait envie de regagner la sécurité de l’endroit où il allait. Tant qu’à faire avoir la possibilité de se soigner même si avec au vu de l’endroit où était la blessure, il serait incapable de le faire totalement seul. Finalement, il entendu vaguement son père parler un peu plus loin. Il savait que son père avait sans doute déjà démonté la roue. Il faut dire qu’en tant qu’ancien mécanicien, il savait y faire avec les voitures.

- On ne va pas prendre la roue avec nous, ce serait inutile, si tu peux remplir à nouveau le coffre pendant que je remonte la roue, nous gagnerons du temps.

Est-ce que Thalia allait obéir. Il avait réussi à vider le coffre avec d’une seule main utile, donc il était certain que les choses n’étaient pas trop lourdes pour elle. Il s’en voulait d’être aussi inutile que ça, mais il n’avait pas le choix. Il regarda les fillettes à côté de lui, il les voyait tenter de sympathiser avec les chiens dans la voiture et il leurs fils un petit sourire avant d’ajouter.

- Ne vous inquiétait pas les filles tout vas bien se passer.

Il avait lui-même envie d’y croire, mais seul l’avenir lui dirait. Heureusement Thalia et Nans avaient fini par remonter la roue, laissant la carcasse de cette dernière sur le bas-côté. Ils pouvaient donc repartir.

Il était resté à l’arrière du véhicule. Il ne pouvait rien faire d’autre de toute façon. Il savait que la route ne serait sans doute plus très longue jusqu’à leur arrivée. Seul problème, il était bien incapable de prendre les clés dans son pantalon avec Evie dans les bras, mais cela ne devait sans doute pas avoir trop d’importance pour l’instant. Lorsque le moment de reprendre la route fut arrivé, Ian se contenta simplement de dire.

- Je reste derrière avec les filles. Ferme la portière s’il te plait.

Pas la peine de se prendre la tête outre mesure. Il fallait de toute façon repartir au plus vite. Il rangea ses pieds derrière le siège conducteur alors que son père claquait la porte. Il ne serait sans doute pas attaché, mais il ne pouvait pas le faire tout seul dans cette configuration. Il tâchait de rester positif, même s’il avait mal au bras et que les petites à côté de lui le regardaient étrangement. Il était évident que de voir cette cravate nouée autour de son bras alors qu’elle avait totalement viré au rouge par endroit ne devait sans doute pas être rassurant.

Finalement, la voiture finit par démarrer et il partait à nouveau en direction de l’endroit qu’il avait indiqué à son père un peu plus tôt dans la journée. Il souffrait toujours autant, mais en faisait mine de rien pour ne pas inquiéter les autres personnes autour de lui. Il ne pouvait pas vraiment se soigner dans la voiture alors il se contenta d’ajouter l’air de rien.

- Lorsqu’on sera à l’abri, j’aurais besoin d’aide pour mon bras.

Il ne pouvait pas rester comme ça c’était une certitude. Il avait les connaissances nécessaires pour guider quelqu’un, mais pas pour le faire lui-même du moins pas sur la partie de la blessure qu’il ne pouvait pas voire directement.

Dès que la roue fut remise en place, personne ne perdit de temps à attendre sur place que d'autres rôdeurs les rejoignent. Puisque Ian était installé à l'arrière, Thalia le laissa là et referma la portière comme il le lui demanda, tandis que Nans s'assurait que le coffre était bien fermé. Elle prit place sur le siège passager avant alors que son beau-père reprenait le volant. Pour ne pas avoir d'ennuis avec les morts-vivants, il était préférable de ne pas traîner dans les parages plus qu'ils ne l'avaient déjà fait.
La voiture reprit la route de leur refuge potentiel, selon les indications de l'urgentiste qui avait apparemment du mal à juguler la douleur de son bras. Il demanda même à obtenir de l'aide une fois arrivé à destination, ce qui montrait bien qu'il en avait besoin. La jeune femme hocha doucement la tête en signe d'assentiment.

« Tu peux compter sur moi. On s'en occupera dès qu'on sera arrivés, je suppose qu'il y aura de quoi te soigner... »

La zoologiste se retourna sur son siège pour considérer tout ce petit monde entassé à l'arrière. Même si les filles O'Connel n'avaient pas l'air rassurées, au moins étaient-elles entières. Quant à Evelynn, elle était plus calme dans les bras de son père adoptif. Les chiens montraient des signes de stress évidents, mais ne bronchaient pas. Tout était au moins pour le mieux. Et comme les choses ne pouvaient pas toujours aller mal, ce fut sans trop de mal qu'ils parvinrent enfin à leur point de rendez-vous qui n'était pas sans leur rappeler leur foyer disparu. Une autre école. Thalia sentit son cœur se serrer. C'était la première fois depuis le début de l'épidémie qu'ils étaient livrés réellement au monde, leur refuge étant tombé. Sa seule consolation, c'était que tout le monde était là et en vie. Le reste viendrait après. Retrouver le reste du groupe serait sans nul doute un de leurs objectifs...