Regard noir à mon Fère, mais il marquait un point, il me manquait un truc sur la tête. D’un geste de la main, je tentais de vérifier et sentait bien mes cheveux sur ma tête, il manquait définitivement un chapeau entre ma tête et ma main. J’utilisais mon cerveau un moment pour tenter de me rappeler ce qu’il était devenu.

- Putain c’est vrai ça ! J’ai oublié de le récupérer et merde…

C’était Casey qui l’avait, c’était vrai. Enfin, tant pis, je le chercherais à mon retour. Il était malin c’est connard qu’on avait en face. Jason l’avait bien fait remarquer. Il ne nous fallut pas longtemps pour nous concerter d’un bref regard. Je savais ce qu’il me restait à faire et lui aussi. Pour le coup, j’avais arrêté de tirer parce que c’était devenu totalement inutile et puis gaspiller des munitions pour rien ce n’était sans doute pas le meilleur plan.

- Faut pas les perdre, traces la route.

Je complétais toujours mon frère alors qu’on était en train de se faire enfumer, c’était vraiment des putains de chieur c’est mecs ça leur apportait quoi de nous faire un truc comme ça ? Je restais dubitatif alors qu’on s’engageait dans une route beaucoup trop étroite pour ce véhicule.

Spoiler:

La fumée me piquait les yeux alors que je tentais des frotter pour faire disparaitre la sensation. De quoi est-ce qu’il était question ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais une chose était certaine, il fallait décoller d’ici parce que je n’avais pas envie de rester dans cette fumée beaucoup plus longtemps. Je regardais mon frère alors qu’on sortait finalement du nuage.

- Accélère bordel, on va les perdre de vue.

La voiture était loin devant déjà, il fallait dire aussi que la route était assez étroite et qu’il n’était pas évident pour notre véhicule de passer. Jason semblait en pleine concentration alors que je remplaçais toujours son bras qui lui manquait. Ce n’était pas évident, mais on était bon pour travailler ensemble, aujourd’hui ne ferait pas exception. Alors qu’on approchait d’un virage et sachant que mon frère avait arrêter d’accélérer pour débrayer. Je passais rapidement la vitesse inférieure pour pouvoir plus facilement l’appréhender. Sauf que ce n’était pas vraiment le cas et je devais tout de même me tenir à la poignée de la porte alors que je râlais.

- Fais gaffe on a failli se manger le mur.

J’avais vu le mur se rapprochait beaucoup trop dangereusement de ma tête et pour le coup, j’en avais presque eu quelque sueur froide. Je savais que Jason ne souhaitait pas notre mort, mais je savais également qu’un jour notre inconscience nous couterait sans doute la vie. Mais pour le moment hors de question d’y réfléchir. Je regardais la route et remarquais alors tout un tas de connards qui avait décidé de se joindre à la fête.

- Tu t’en sors sans moi ? Je peux tenter de les canarder ? Faut qu’on essaye de se rapprocher et avec ce mur de mort entre nous et eux ça risque d'être un peu compliqué.

J’attendais la réponse de mon frère avant de lâcher le levier de vitesse et reprendre mon arme. Heureusement, j’avais toujours utilisé mon œil droit pour viser, l’état de l’autre n’était donc pas vraiment un handicap. Du moins, j’arrivais à tirer en visant un peu tout de même.

Spoiler:

"Okay." J'souffle, las, à la demande d'April. Qu'on reste groupés si ça la rassure. J'lui dois bien ça. Puis tant qu'à avoir élu des représentants, autant se servir de son autorité pour mieux s'organiser.

On traverse donc la rue sans trop d'mal. De l'autre côté, on passe dans une allée entre deux maisons pour atteindre le Worldwide HQ : un petit hôtel sur deux étages seulement, coupé en plusieurs bâtiments. La porte d'entrée baille misérablement dans ses gonds : signe que l'endroit ne serait pas désert.

"J'passe en premier, Caly, tu m'suis ? Mark, reste en retrait deux s'condes. On va faire un peu d'ménage." J'échange le flingue que j'ai au poing par mon couteau. On va essayer d'faire ça en silence pour n'pas s'attirer encore davantage de problèmes.

J'pousse la porte, qui grince doucement. Dans l'même instant, deux corps nécrosés s'tournent vers moi : c'qui semble avoir été un homme et une femme de la cinquantaine, tous les deux assez larges en bon américains nourris aux menus Bigmac. J'claque la langue comme pour attirer un chien. Ils se traînent assez mollement pour être facilement évincés : un coup de lame dans la tempe pour le premier, l'arme aussitôt ressortie pour fondre dans le visage de la seconde. Les deux cadavres retombent l'un sur l'autre. Mais tout autour, ça gronde. Une vibration gutturale grave et sourde, mêlée à une odeur de mort qui suggère qu'il y en a encore un petit paquet à s'faire.

J'lance un signe du menton à Calypso pour l'inviter à visiter prudemment la salle qui s'ouvre sur sa gauche. Moi, j'ouvre l'accès sur notre droite : le bureau du gestionnaire, apparemment. J'm'y engouffre rapidement, sans vouloir laisser la brune seule trop longtemps. Juste le temps d'accéder à la petite salle de bains privée, y découvrir un autre mort coincé et gesticulant entre le mur et les chiottes. J'repère une armoire à pharmacie collée au mur, abats le mort en difficulté pour abréger ses peines et retourne dans l'entrée pour aviser Mark de ma découverte, "A droite, y a d'quoi la soigner, c'est libre." Et j'file rejoindre Caly pour la suite du nettoyage.

Spoiler:

Jason n'avait pas l'intention de lâcher leur cible des yeux. Tant pis si la voiture avait réussi à reprendre un peu de distance, il malmena son accélérateur pour combler son retard, et ce malgré la présence de murs par moments qui se rapprochaient d'eux. Par endroits, la route se faisait moins large, mais cela restait suffisant pour leur permettre le passage. Il entendit Merl grommeler et râler à côté de lui parce qu'ils avaient failli toucher un mur, mais il se contenta de répondre par un sourire tordu alors que toute son attention était rivée devant lui. On aurait cru qu'il s'accrochait au volant comme à une bouée de sauvetage, comme si sa vie en dépendait. Son frère lui demanda finalement s'il pouvait plutôt se concentrer sur les tirs contre l'ennemi.

« Ouais. Fais donc ça. Moi j'vais essayer de garder la même vitesse.

C'était sans compter avec l'arrivée de rôdeurs qui tenaient de prendre le convoi en chasse. Même dans les pires films hollywoodiens, on n'aurait pas assisté à une telle surenchère de problèmes dans une simple poursuite. Heureusement pour les deux frères, leur camion était plus à même de rouler sur les chairs putréfiées en mouvement que la voiture qu'ils poursuivaient. En revanche, le faire à leur vitesse actuelle n'était pas la meilleure idée. Avec une grimace alors qu'il forçait sur son bras, Jason rétrograda afin d'éviter que leur véhicule ne finisse par patiner sur l'amas de chairs qui allait sans aucun doute s'agglutiner sous leurs pneus. Le blond commençait doucement à perdre patience et à se lasser. Même si laisser tomber la poursuite l'énervait par avance, question de fierté, il se sentait comme un chien qui courait derrière un leurre. Pas trop sa tasse de thé, en somme...

- Ils font quoi les autres au talkie ? Ils les ont tous paumés ? Y a plus que nous ou quoi ? »

Il lança un coup d'oeil à Merl, comme s'il voulait qu'il en profite pour s'assurer de ce qui se passait avec les autres camions. Maintenant, le jeune homme avait la ferme intention de mettre les gaz dès que les morts-vivants auraient suffisamment libéré le passage, histoire de rattraper les fuyards pour de bon et envoyer leur voiture valser dans le décor. Simple, clair, efficace, facile à se rappeler et à mettre en œuvre.

Spoiler:

L'encrée ne put répondre que par un regard plein d'insolence pour la doyenne et pour le mexicain, en revanche, ce fut un regard entendu. Oui, c'était dangereux mais à son stade, celui où l'on a plus rien à perdre mais énormément à rattraper, tout était permis. Rongée par le remord suite à la chute du lycée, elle se sentait coupable avec son escapade et se devait de faire quelque chose d'utile ou tout du moins dans ce goût la. Éviter une mort certaine à April lui semblait alors être une bonne chose, entre sa vie et celle de la sienne, son choix fut vite fait.

Victime de frissons, la russe était gelée dans son véhicule au passage de vitesse automatique malgré la chaleur étouffante, elle ne pétait pas la forme. Semer ses assaillants allaient être une tâche bien trop difficile et contre laquelle elle ne gagnerait pas dans cet état où chaque coup de volant était douloureux au plus haut point. Maudite balle. Chaque mètres parcouru avait cependant ce don de la rassurer, c'était toujours une nouvelle distance imposée entre elles, ses amis et les assaillants.

À cause des rôdeurs, elle ne réussit pas à prendre le chemin souhaité et du se rabattre vers le nord à la 17th Ave S et braqua dans un hurlement de douleur vers la S Massachusetts Street pour un retour à la case départ. Face à la ligne droite qui s'étendait face à elle, elle jaugea son avance d'un coup d’œil dans le rétro et ralentit pour bloquer l'accélérateur a l'aide du goulot de sa précieuse bouteille d'alcool qu'elle cala à l'horizontale, derrière le frein. La voiture continua alors sa route, seule. Le subterfuge ne ferait pas long feu avec les tarés derrière elle et les nombreux obstacles qu'elle allait rencontrer sur le chemin. Quittant alors le véhicule bien lancée, elle puisa ensuite dans ses derniers ressources pour déambuler vers la barrière la plus proche et s'y cacher le temps de se remettre de sa folie et prier pour ne pas avoir été vue. La suite allait être compliquée, le point de rendez-vous était encore à une bonne heure de marche et dans cet état, elle ne pouvait pas se permettre une randonnée aussi longue.

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