En Septembre 2015 Kenny Ashford vivait seul dans son petit appartement, fréquentait peu d'amis, s'éloignait de sa famille et se consacrait entièrement à son patron. Avocat, ce dernier recevait de nombreuses demandes. Rien de surprenant en soi mais, ni lui ni son patron ne firent mis au courant du véritable problème. A ce moment-là, un avocat et son secrétaire étaient inutiles pour résoudre ce que l'on pensait être une simple maladie, curable dans l'ombre du monde entier. Bien sûr Seattle était concerné mais, malgré les jours qui passèrent et la multiplication des rôdeurs, Kenny ne s'est jamais retrouvé auprès de l'un d'entre eux et n'en a pas croisé. Il était toujours au bon endroit au bon moment. Ce n'est qu'en Octobre que sa survie n'était plus dû à la chance mais, à sa loyauté. et ce fut à cet instant qu'il comprit que quelque chose clochait. Mais, l'homme était loin de la vérité, se contentant simplement de se mettre à l'abri, convaincu que ce n'était que temporaire.

L'avocat Nelson et ses proches ont été appelé à Fort Ward afin d'y être mis en sécurité. L'aîné des Ashford fut aussi convié sous l'insistance de son supérieur qui exigeait sa présence afin de l'assister au camp. Une bouche en plus à nourrir était acceptable, surtout que la présence d'un avocat permettait de réguler l'ordre, d'instaurer une hiérarchie rassurante auprès des autres rescapés. A ce moment-là, Kenny commençait à comprendre que la situation floue et inexplicable devenait incontrôlable et que tout le monde courait un danger plus grand qu'on ne voulait l'avouer. Naturellement, il gardait contact avec son père, sa mère, son frère et sa soeur en s'assurant de la survie de chacun d'entre-eux avant de faire une promesse : de les emmener avec lui au camp afin que tout le monde soit en sécurité La procédure était longue, car de simples civils n'étaient pas prioritaire sur les chercheurs et leurs proches. Officieusement, nourrir quatre bouche en plus jugés inutiles n'était pas acceptable et qu'un secrétaire n'avait pas les privilèges de le demander. D'un commun accord avec son patron, on préféra le faire attendre et lui donner de faux espoirs tout en laissant ses proches à la merci du danger. Il ne fallait pas beaucoup de temps pour que Kenny le comprenne et c'était déjà trop tard. Sa famille était dehors et lui était dedans.

Quand les communications avec l'extérieur furent coupées, l'aîné des Ashford abandonna son rôle au sein de sa famille et se concentra uniquement sur lui. Réaliste, il avait conscience que plus les jours passèrent, moins sa famille avait des chances de survivre face à ce grand danger inexplicable. Aucun n'était un soldat. Et, s'il se concentrait sur eux, il plongerait dans une profonde détresse et déprime et ne deviendrait qu'un fardeau pour les membres de son camp. Ce n'était pas facile la vie à Fort Ward, au contraire. C'était utile d'être secrétaire pour soutenir son supérieur, pour faire l'inventeur, pour gérer les papiers administratifs mais, on lui demandait de donner entièrement de sa personne.Alors, se voulant être utile, Kenny devint un homme à tout faire, transporter des choses, ravitailler, jouer les guets. Kenny doutait, avait peur et se tairait dans un profond silence. La joie de vivre qui l'animait avait disparu. Il fallait s'adapter à un danger immense, grouillant dehors, par delà les frontières du camps. Plus les mois passèrent, plus il fut qualifié d'anciens et plus on le remarquait. Il devenait utile. Rassuré sur son sort, rassuré de ne plus être inutile, Kenny souffla et se concentra d'avantage sur la vie du camp et ses membres. Il était très intéressant de constater avait de bonnes oreilles et une chance naturelle pour se trouver là où les rumeurs jasaient. Tantôt de la bouche de simples citoyens, tantôt de la bouche de militaire. Les nouvelles n'étaient pas bonne mais, les potins divaguaient complètement. Certains parlaient d'Alien, d'autres de catastrophes naturelles - c'était illogique que le camp soit épargné et quelques uns de mort-vivant. C'était très étrange comme concept, des morts qui bougent et c'était certainement moins crédible qu'une menace extraterrestre. Face à la vérité, comme tout le monde, Kenny fit la sourde d'oreille. Ce n'était pas logique pour que cela existe. Le monde continua ainsi à tourner.


Quand les pilleurs sont arrivés de la mer en août 2016, Kenny réussit à se cacher et à attendre que tout se passe avant de ressortir. A sa manière, il avait tout de même aider ses concitoyens. C'était le premier à comprendre que quelque chose clochait, le premier à fuir et le premier à crier à tout le monde de se mettre à l'abri. Après cela, il pensa que les pilleurs avaient agi sous le poids du désespoir, qu'ils n'étaient pas méchant et souhaitaient simplement vivre. Oui, il continuait de vivre dans le monde des bisounours quand il s'agissait des être-humains. Par contre, en Octobre, quatre mois plus tard, quand les rôdeurs infestèrent le camp parce qu'un membre de la communauté s'était suicidé, Kenny Ashford fut pour la premier fois de sa vie confronté à un mort-vivant. Son instinct de survie lui avait rappelé toutes les rumeurs entendues : immunité à la douleur, viser la tête, endurance inflexible. Comme un fou, il s'était caché tout en étant convaincu de faire un cauchemar. Mais, jamais il ne se réveilla, car il ne dormait pas. Il avait faillit se faire manger à plusieurs reprises car ces nouveaux zombies, tous récents, couraient également ! Il rejoignit les militaires, se laissa protéger et survécu une nouvelle fois.

Kenny Ashford comprit après ce jour-là que la menace dont on essayait de se protéger, c'était de tous les anciens que nous avions, morts, transformés en créature assoiffés de sang. Sa famille avait été abandonné à une armée de morts-vivants. Au fond de lui, il avait toujours nourri l'espoir de les revoir mais, maintenant il était clair, qu'à moins d'un miracle, aucun n'ait survécu durant toute cette année. Il passa par le deuil et l'absence d'espoirs avant d'assimiler ce nouveau monde. Les morts ne ressentaient pas d'émotions et n'étaient que des créatures de sciences-fictions. On ne pouvait pas les raisonner et il était difficile de les tuer. Kenny comprit que c'était soi lui, soit eux mais, que ses faibles compétences ne lui permettraient pas de venir à bout d'un seul rôdeur. On essaya à plusieurs reprises de l'entraîner, de le convaincre que tenir une arme à feu était utile pour sa vie. Mais, rapidement on abandonna. Parcequ'il était incompétent quand il s'agissait de sortir l'arme, de viser, d'enlever la sécurité et de tirer dans la tête. Le pistolet lui glissait des mains, il prenait deux minutes à viser, utiliser sa seconde main pour enlever la sécurité et tirer dans le vide en fermant les yeux. Alors on lui donna une simple lance métallique pointue, lourde, inconfortable et encombrante. Quelques fois mais, très rarement, il s'entraînait à la manier et terminer toujours par se blesser. Au moins, s'il ratait son coup, la portée de l'arme lui permettrait de la laisser planter dans un rôdeur et de prendre la fuite. C'était une manière de voir une seconde chance face à un ennemi impossible à éviter. Alors on préféra mettre Kenny Ashford en éclaireur en lui donnant de bonnes jumelles. Il était très observateur et réagissait au moindre bruit suspect. Tant bien que mal, on lui avait trouvé une utilité pour subvenir aux besoins du camps remplis à moitié de civils peu habitués aux morts-vivants. Kenny n'a pas l'habitude de se battre contre eux et n'a développé aucun méchanisme de défense ou de stratégie pour les repérer, fautes d'expériences.

Quand il eut un problème de pouvoir, que le sénateur enchaînait les erreurs et que le patron de Kenny le soutenait sans retenu tout en demandant les services de son ancien secrétaire. L'homme comprit qu'il fallait faire un choix, choisir un camp, se faire des amis et des ennemis. Et là, il eut enfin l'occasion de se venger de ces personnes qui avaient laissé toute sa famille à l'extérieur. Il ne choisit pas le camp de Nelson et se rebella tout en faisant preuve de sincérité. Le secrétaire exprima ses pensées, ses émotions et prit congé de son ancien employeur qui lui avait sauvé la vie. Toutefois, il ne participa pas activement, se contentant de relayer quelques informations ici et là auprès des bonnes personnes et n'a pas conscience de ce qu'il se trame entièrement mais, voit bien que les choses ont changé. En parlant de changement, d'ailleurs, la nouvelle politique du groupe d'exterminer tout personne non-ami lui déplaît terriblement. C'est trop violent et extrêmiste et les militaires sont censés protéger, tout simplement et ne pas attaquer ! Ca lui fait terriblement peur, il ne veut pas être complice de cela et aimerait partir. Mais, pour aller où ? Ici, il survivra, dehors, il mourra. Cela le pousse à rester au campement et lentement, à se persuader que c'est d'avantage une prison. Sa position n'est pas très légitime par rapport à certains et ses pensées s'opposent à celle de son camp. Si l'hiver devenait rude, s'il faudrait sacrifier une partie pour en sauver la majorité, Kenny y passerait. Il en est sur. Sa bonne humeur n'est pas suffisante et on peut facilement le remplacer. Alors, dernièrement, il hésite à sortir, à gagner des places dans les listes de sacrifiés pour ne pas terminer premier. Oui c'est de la psychose mais, n'est-ce pas légitime quand on n'est pas habitué à l'enfer ?

Un secrétaire a toujours besoin d'un patron influent, puissant qui pourra le protéger en échange de ses loyaux services sans limite. C'est ainsi que Kenny se considère, d'avantage comme un serviteur que comme un être humain, car il est prêt à tout pour survivre. A tout.