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"This corpse of mine may never be found !"
Dim 3 Sep 2017 - 23:25
36 ans≡ Polynésien≡ Aide-Soignant en EHPAD≡ THE REMNANTS
C'pas le genre de gus avec qui il est facile de parler. Déjà, parce que c'pas possible pour lui de tenir en place plus de cinq minutes. Et parce que, parler, c'est pas son fort. Oh, il est pas du genre à tirer la gueule, au contraire. Y'a toujours ce grand sourire carnassier et un brin casse-couille greffé sur sa face, et il est toujours le premier à sortir une boutade, drôle ou pas, d'ailleurs, ou a faire de la merde pour amuser la galerie, ou s'amuser tout seul. Surtout pour s'amuser tout seul.
Mais on dirait qu'il est pas capable d'aligner plus de trois phrases sans changer de sujet ou d'attitude. Remarque, ça doit pas non plus être facile pour lui, d'toute manière. On dirait qu'il est pas vraiment maître de lui-même. Qu'il se contrôle pas. Là où chaque humain essaie de refouler un peu ses émotions, lui les laisse exploser d'un seul coup, et parfois toutes en même temps. Au fond, ouais, ça doit être une sorte 'd'hypersensibilité' comme on dit.
Ah, c'est assez impressionnant, ça ouais. Il peut passer d'une émotion neutre à une colère aussi violente que brève pour éclater de rire et finalement fondre en larmes. On sait pas vraiment comment l'prendre, le bonhomme.
Alors, bon, du coup, on lui parle pas beaucoup. Mais ça a pas non plus l'air de le contrarier. Y'a juste quelques … 'privilégiés' qui semblent avoir une place pour lui, mais j'sais même pas si c'est une bonne chose. Il aime pas les voir parler à d'autres, les voir rire avec d'autres ni rien. Il est encore jamais tombé sous le charme de quelqu'un – enfin que je sache -, mais tant mieux, vraiment. Tant mieux. À coup sûr que ladite personne se retrouverait séquestrée je n'sais où, 'pour son bien' et pour pas que d'autre l'approche.
Après, nous, tant qu'on le contredit pas et qu'on le vexe pas, il est même plutôt sympathique. J'aurais tendance à le définir comme un enfant pourri-gâté et capricieux. C't'un provocateur, un chercheur d'emmerdes, une bonne tête à claques. Mais nous, on fait rien. Parce que c'est un bon élèment, on va dire, et qu'il fait ce qu'on lui dit de faire, et il le fait bien. Même les tâches les plus ingrates, s'il est dans un bon jour, il les fera en sifflotant s'il le faut. Après, il est pas fou non plus : il a beau être un solitaire ou j'sais pas quelle connerie, il s'écrase un peu devant les supérieurs, se contentant de marmonner dans sa barbe, histoire de pas mettre trop la merde.
Et pis on sait que si un jour il se fait choper par un ennemi ou quoi, il dira rien. Il fermera sa gueule. Parce que sa connerie n'a d'égal que sa fierté, et qu'il pourrait se faire couper un bras qu'il restera toujours le même et ne cillera pas. Au fond, j'me suis déjà demandé si c'était pas une raison valable pour le considérer comme un taré. À ce stade, c'est même plus de la volonté, on est d'accord ? Moi j'trouve ça flippant. On dirait qu'il a pas conscience de pouvoir mourir. Du coup, il a une confiance en lui totalement excacerbée, à tel point que ça en devient ridicule. Et même quand il se fait casser la gueule, ça enlève pas ce sourire fier de son visage. Il s'en branle. Concrètement. Même s'il se maintient un minimum au sein du camp, histoire de dire.
On sait pas comment il était avant de nous rejoindre. Même lui serait pas foutu de s'en rappeler, j'suis sûr. Mais apparemment, errer seul pendant si longtemps ne lui a pas fait de bien. Du tout.
Le rasoir termine son travail, presque à la perfection. La main caleuse qui le manipule s'abaisse et rejoint l'autre pour nettoyer les lames abîmées du mieux possible, avec un morceau de tissu et à peine quelques gouttes d'eau.
Ces mêmes mains passent ensuite sur ce crâne fraîchement rasé. Dès qu'il le peut, Elias le fait. Selon ses envies, la coiffure change. La crète reste l'une de ses favorites. Autrement, tant pis, et les cheveux bruns poussent donc et bouclent.
Son regard mordoré, acéré et encadré de cernes violacées glisse sur son reflet sans vraiment le voir. Une peau mate, couleur miel, constellée de cicatrices et bleus en tout genre. Un visage carré, aux joues qui furent jadis pleines, au nez un brin épaté, aux narines un peu retroussées et qui apportent une expression un peu écœurée à ce visage pas vraiment engageant de base. Ce n'est que lorsqu'il sourit qu'une étrange candeur mêlée à l'amusement peut transparaître.
Le regard descend distraitement sur son torse nu tandis qu'il enfile ses vêtements. Un buste bombé, musclé, dessiné. Des épaules et des bras gonflés, tout comme ses jambes et son dos voûté. Même son fessier rebondi s'adapte à ce corps, qui néanmoins, s'est asséché depuis le début de l'épidémie, donnant une allure quelque peu décharnée à cette silhouette. Des allures de drogué.
Il ressert sa ceinture d'un cran. Enfile ses grosses Rangers et une paire de gants renforcés. Passe un blouson de motard sur ses épaules malgré la chaleur.
Ses gestes sont vifs, impulsifs, nerveux, prêt à partir au quart de tour. Son visage, animé de tics en tout genre. Il ressemble à un boxeur. Du haut de son petit mètre soixante-neuf, Elias parvient tout de même à impressionner, à en imposer.
- Encore une journée au Paradis.
Il ironise, comme souvent. Il adore ça. Sa propre voix lui fait un effet bizarre. Elle perce le silence qui lui tient compagnie. Une voix cassée, pas vraiment grave mais pas non plus suraiguë. Une voix qui pourrait raconter des histoires d'horreur au coin d'un feu. Une voix qui colle les jetons.
Sa main caleuse et gantée attrape le pied de biche et le cran d'arrêt qui l'attendaient sur ce lit qui n'était pas le sien.
Et le voici parti, même s'il ne sait pas où. Il abandonne derrière lui sa maison d'une nuit et ce qu'il reste de leurs occupants.
Il observe avec une fascination presque malsaine les tâches de vieillesses qui parsèment la peau de la vieille dame. Cette peau ridée, desséchée, sur un visage aminci, déformé, figé sur une expression de réflexion qui fait penser à une caricature.
Ses yeux glissent sur les touffes de cheveux grisâtres qui se dressent, hirsutes, sur le crâne dégarni. La vieille, elle, ne fait même pas attention à lui. Ses prunelles fragiles et décolorées restent figées sur un point invisible. Son seul réflexe est d'ouvrir la bouche pour qu'on y fourre une cuillère de purée pas assez chaude. Cerveau reptilien : la survie. Lorsque même ce réflexe ne sera plus là, la vieille pourra de ce pas faire une croix sur son existence.
Et alors que sa vie devrait défiler devant ses yeux à elle, c'est lui, le soignant, qui songe à sa propre évolution. Du pourquoi il a atteri dans ce monde à mourir d'ennuie de blouse blanche, dentier et couches sales.
Il songe à une enfance qu'il a oublié. Aux plages de sable blanc, au Soleil écrasant, aux paysages à couper le souffle. Dans sa mémoire troublée, tout semble merveilleux, là-bas, en Polynésie. Il l'admettra peut-être pas, ou d'ailleurs, ce n'est même pas sûr qu'il en ait conscience, mais il n'était pas un gamin facile. Déjà impulsif et capricieux, il avait la fâcheuse tendance à martyriser son frère et sa sœur, même s'il était le plus jeune, deux ans de moins que sa soeur Paora et quatre de moins que son frère Ari.
Il a fallu attendre que le grand frère ait quinze ans pour que la donne s'inverse et qu'il cesse de se laisser faire. Ça lui avait fait drôle, à Elias, de se prendre une raclée par celui qui fermait toujours sa bouche. Et ça n'allait pas être les parents qui allaient l'en blâmer. Il avait beau être exagérement couvé, le Elias, à onze, il était une sacrée petite teigne, et ses parents avaient du mal à le tempériser.
Plus que le calmer pourtant, ce règlement de compte suffit à décupler le caractère imprévisible du garçon. S'il n'osait plus trop s'en prendre à son frère – et encore -, il se mit à passer ses nerfs sur tout ce qui l'entourait, autres enfants, jeunes ou moins jeunes, animaux … Lui, trouvait cela parfaitement normal. Et puisque personne ne lui disait rien, et bien, il continuait.
C'est à onze ans également, que la famille partie de ce pays qui était le sien. Direction les Etats-Unis, Los Angeles, pour sa mère qui fut engagée en tant qu'hôtesse d'accueil aéroportuaire après de longues et pénibles études par correspondance, études qui ne furent pas vaines. Elle rejoignit l'Aéroport international de Los Angeles. Trois ans plus tard, elle devint hôtesse de l'air. Peu présente pour sa famille, Elias considéra très vite sa mère comme une inconnue, malgré tout l'amour qu'elle continuait à donner à ses enfants.
Son père, quant à lui, fut pompier durant de longues années de sa vie. Après plusieurs drames qui lui firent voir le monde différemment, il arrêta. Il reprit un travail quelques temps après, dans le domaine médical, n'ayant pour but que de couler une vie tranquille et sans prise de tête. Infirmier, il enchaîna pas mal d'hôpitaux avant de s'arrêter en maison de retraite, là où le rythme demeurait plus calme. C'était un homme sans problème, timide et souriant, qui se faisait écraser par ses enfants. Il était plus proche de sa fille Paora que de ses deux fils. Cette dernière s'était trouvée une passion pour les langues étrangères et souhaitait devenir traductrice.
Elias grandit et pratiqua à outrance le sport afin de tempériser ses nerfs. Il suivit une thérapie à ses dix-huit ans qui l'aida grandement et lui permit d'entrer dans la vie professionnel.
Sans diplôme, il enchaîna plusieurs boulots qui, à chaque fois, le mettait hors de lui. Chacun de ses contrats se terminaient avec de sales histoires et Ari sur son dos, qui s'était mis en tête de le calmer 'de tous les moyens possibles'. Ainsi s'enchaîna les réglements de compte, les blagues douteuses, les coups fourrés, du plus innocent au plus malsain possible, certains ayant presque traumatisé le plus jeune de la fratrie.
L'un des pires fut à ses vingt-et-un ans, le jour où, revenant de sa journée de travail – plongeur dans un restaurant -, il s'était fait capturer par trois types cagoulés. Un sac en tissu sur la tête, mains liées, il s'était fait traîner dans un véhicule où ils avaient roulés pendant un moment. Paniqué, Elias ne pouvait que tenter de donner des coups de pieds dans le vide en hurlant de toutes ses forces. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, il fut de nouveau traîné et jeté dans ce que l'odeur lui disait être une grange. Il se retrouva ligoté à un poteau, assis à même le sol. Et laissé là. Une heure. Deux heures. Cinq heures. Toute la nuit. Toute une journée. Elias avait eu le temps de s'uriner dessus, et le fait de s'époumoner ne changeait rien.
Ce fut dans la soirée qu'on vint le chercher. Ari lui-même lui retira son sac de sa tête, libérant ses sens avec douleur. Il encaissa les insultes sans rien dire. Les pleurs d'Elias, sans ciller. Et lorsqu'il l'avait détaché, Elias n'eut même pas le courage de se venger. Il avait continué à pleurer longtemps, s'était cramponné à Ari qui le maintenait debout, et n'avait même pas voulu le balancer à son père. C'était ainsi, entre Ari et Elias : une relation malsaine, ou chacun faisait du mal à l'autre. Même Paora avait cessé de s'y mêler de crainte que ça ne dégénère vraiment. Le chemin du retour s'était fait dans le silence le plus total.
Et Elias se calma. Un peu. Assez pour qu'on parvienne à le fondre dans la population. Assez pour qu'il parvienne à se trouver une petite copine. Puis une deuxième, lorsque la première ne supportait plus son caractère. Et une troisième. Sans jamais se considérer comme un tombeur, Elias enchaîna les conquêtes d'un ou plusieurs soirs. Et ce n'était même pas lui qui les jetait, à la fin. Elles finissaient toutes par prendre peur au vu de la jalousie excacerbée du polynésien.
De son côté, Paora partit très vite de la maison familiale pour pratiquer son métier de traductrice. Ari se trouva un appartement non loin avec la femme qu'il choisit d'épouser.
Lorsqu'Elias eut vingt-huit ans et toujours pas de situation stable, son père lui proposa de venir travailler dans la maison de retraite où il était toujours. Après discussion avec la directrice du lieu, il fut accepté, et Elias dû faire de gros efforts pour s'adapter à ce train de vie qui n'était, une fois de plus, pas pour lui. Il commença par y faire le ménage, avant de passer en cuisine. Au bout de deux ans et une formation offerte par la directrice, il devint aide-soignant. Oh, cela ne lui plaisait pas plus qu'un autre métier. Mais les personnes âgées avaient au moins le mérite de ne pas lui donner envie de faire des histoires. Il gardait un certain respect pour eux, même s'il avait, et a toujours, du mal à comprendre cet acharnement à les garder en vie lorsqu'ils ne sont même plus capables de donner leur prénom.
12/10/2015
- Toutes mes condoléances.
Il le sait, pourtant, que le timbre cassé de sa voix ne les offrent pas, ces précieuses condoléances. Il sait pourtant que personne n'arrive à prendre au sérieux ses intonations, lorsqu'il tente de se montrer poli. Il le sait, et il s'en moque, il s'y est fait.
Il raccroche, glisse le téléphone dans la poche de son uniforme et entre dans la chambre.
Tout est sombre et calme dans l'établissement, à cette heure de la nuit. Même les résidents les plus atteints dorment. Elias devrait pouvoir dormir, aussi, juste trente petites minutes, avant de reprendre. Mais les gens semblaient toujours choisir la pire des heures pour mourir.
Les lumières de la chambre sont toutes allumées. Elles affichent sans pudeur le corps sans vie, repoussant, écoeurant, allongé dans le lit. Les couvertures ont été retirées. Les draps et ses vêtements sont souillés. Une odeur pestilentielle dévore la pièce. Elias aurait tout donné pour ne pas avoir d'odorat, ce n'était pas ce vulgaire masque en tissu qui allait soulager ses narines.
La bassine d'eau savonneuse est posée sur la table de nuit. Des linges reposent, à côté. Le temps que Mina, sa jeune collègue arrive, lui se lave les mains, fait un peu de rangement, en portant un regard dégoûté à la dépouille. Ce n'est pas tant le fait d'être face à un mort qui le répugne. Plutôt le fait d'être face à un vieux mort.
Un vieux, c'est déjà pas terrible, mais un vieux mort, ça bat des records.
- Wow, c'te tête. Tu vas pas faire un malaise en plus, si ?
Mina est pâle comme la mort elle-même. Pas de bol pour elle : première semaine de travail et une toilette mortuaire sous le bras. Elle en aura, des choses, à raconter à ses amis.
- C'est grave si je vomis ?
- Niveau odeur on est déjà servi.
Ils commencent. Elias guide la nouvelle, louche une seconde sur le pendentif qu'elle porte – une goutte d'opaline -, sans savoir pourquoi. Il aurait bien louché sur son décolleté, mais la blouse qu'elle porte n'est pas des plus flatteuse.
- On est déjà habitué, remarque.
- Hm ?
Il rit un peu tout seul, amusé de sa propre remarque. Le vieil homme nu est nettoyé jusque dans les moindres recoins.
- L'odeur. Avant leur mort ils nous donnent un bel avant-goût, les salops.
Le voici qui rigole franchement face à son regard courroucé.
- Ca vaaa, ça va. Il est mort, il s'en branle.
Ils glissent la civière autour du cou du vieillard, afin de tenir la mâchoire fermée.
- Moi le pire j'trouve, c'est leur odeur de pieds. La merde, pisse, sang ,vomis, franchement ça va. On s'y habitue. Mais quand on enlève leurs bas de contention...
Il frissonne. À sa grande surprise, Mina a un petit soufflement de nez qui doit s'apparenter à un rire retenu.
- Ouais, c'est vrai.
- T'es au courant d'ces histoires, là ?
- Lesquelles ?
Il s'arme d'un peigne, tente de redonner un semblant de coiffure à ce crâne dégarni.
- Les cannibales, là. Ceux qui attaquent les gens comme ça, d'un coup.
- Ah … J'sais pas ça me paraît gros.
- P'tin moi ça m'étonne même pas. Le monde part en couilles total. C'est l'évolution. C'est presque normal. Et j'suis sûr que ça ira pas en s'arrangeant.
Il rigole encore, sans vraiment pouvoir se contrôler. Les yeux de Mina le fixent avec une telle intensité qu'il peut lire en elle comme dans un livre ouvert.
- Bon j'vais vider ça. Allume une bougie.
- Une bougie ?
- Ouais, la famille y tient. Connerie ça aussi.
Dans la salle de bain, ses prunelles mordorées croisent son reflet. Il s'adresse un regard tout à fait égal et vide l'eau souillée. Il se retient de justesse de siffloter. S'il avait été seul, il ne se serait pas gêné. D'ailleurs, au final, il siffle quand même.
Et sa mélodie improvisée est coupée nette par le cri strident de Mina. Persuadé qu'elle est parvenue à mettre le feu avec les allumettes, il s'éjecte de la salle de bain pour découvrir le mort, plus si mort que cela.
- Mais t'as fais une incantation ou quoi ?!
Choquée, Mina recule. Le vieillard pousse des râles et autres gargarismes étranges, à la limite du supportable. Ses yeux sont révulsés. Il essaie de se traîner hors du lit.
- Vache c'est quoi ce truc ?! Non, ne … ne bougez pas, monsieur Charlz, vous allez vous faire …
Il retire sa main de justesse. Le dentier claque dans la vide, et le vieux continue de s'agiter comme un beau diable malgré les deux paires d'mains qui le maintiennent au matelas. Elias résiste à l'envie de lui envoyer un soufflet pour se venger.
- Il a voulu me mordre l'enfoiré !
- Ca arrive souvent, ce genre de trucs ?
Il regarde Mina. Sur son visage, c'est bien de la peur qu'il lit. Loin de chercher à l'apaiser, il secoue la tête, rigole nerveusement.
- Pas que je sache.
- Il me fait mal !
Les doigts du mourant sont enfoncés dans la chair de la pauvre fille. Si bien que du sang commence à perler de son avant-bras bronzé.
- On lâche et on sort !
Les deux soignants reculent et laissent le vieil homme tomber au sol. Et, plutôt que de ne plus bouger ou de geindre piteusement, il continue de pousser ses râles affreux en se traînant vers eux.
Le visage tordu, Mina plaque ses mains sur ses oreilles.
- Oh mon dieu ces cris …
Ils referment la porte derrière eux et demeurent un instant ainsi, totalement hébétés.
- Bordel on s'est fait attaquer par un type qu'était censé être mort …
- J'appelle quelqu'un ?
- J'sais pas, putain.
Il s'appuie contre le mur, abasourdi, sans savoir qu'il est bien loin d'être au bout de ses peines.
Il se sent plus à sa place maintenant que le danger est omniprésent. Il se sent plus vivant maintenant qu'il sait que la mort peut s'en prendre réellement à lui. S'il guidait jadis les personnes âgées dans leur dernier soupir, à présent, c'est lui, et lui seul, qui embarque chaque être qui croise sa route et se dresse sur son chemin. Au final, ça ne le change pas de son quotidien. La mort est à ses côtés depuis des années, maintenant.
17/10/2015
- Il va crever j'te dis. Et revenir. Pour tenter de grignoter un autre guignol qui crévera à son tour. Maman c'pareil. J'suis sûr qu'elle est déjà morte. Et Paora, la mê-...
- Mais tu vas la fermer ?!
Elias soupir. Pense à son père, hôspitalisé après avoir été attaqué alors qu'il tentait de venir en aide à une femme en pleine rue, victime de convulsions effroyables.
La conduite d'Ari est nerveuse, vive, dangereuse. À côté, sa femme Alice ne paie pas de mine. Et derrière, leur fils William, dix ans, n'a pas l'air d'avoir réellement conscience de ce qu'il se passe.
Tout avait dégénéré en une poignée de journées. À la maison de retraite, la plupart des résidents y étaient passés, tombés comme des mouches. Et, comme monsieur Charlz, ils s'étaient relevés. Un vrai film d'horreur s'était déroulé, là-bas, si bien qu'Elias, contrairement à ses collègues qui essayaient de gérer ça comme ils le pouvaient, n'avait pas demandé ses restes pour s'échapper. S'ils souhaitaient se changer en monstre cannibal, c'était leur choix. Lui n'avait plus rien à faire ici.
- Ca sert à rien de chercher … Faut qu'on s'tire et c'est tout.
20/10/2015
- J'te l'avais dis, putain !
- Mais bordel tu vas la fermer ?! Tu crois que c'est le moment de te la ramener ?!
- On aurait pas perdu de temps si tu m'avais écouté !
- Tais-toi, tais-toi !
- Calmez-vous à la fin, vous allez faire peur à Will !
- On l'a sonné la grognasse ?
- Oh, tu lui parle pas comme ça !
- Elle a qu'à pas l'ouvrir !
Ils roulèrent. Longtemps, sans savoir où aller. De plus en plus sur les nerfs de constater que le chaos était semblable partout, peu importe la ville. La troupe refusa catégoriquement de rejoindre l'un de ces camps de réfugiés, persuadée qu'il s'agissait d'un buffet à volonté pour les Charlz, comme les appelait à présent Elias, en hommage au premier rôdeur qu'il vit.
Ils roulèrent encore, passèrent à San Francisco, firent une halte en catastrophe à Sacramento après la crevaison d'un pneu. S'arrêtèrent dès qu'ils le pouvaient pour dévaliser des supermarchés, stations essence, voir des maisons lorsqu'ils étaient sûr qu'elles étaient vides. Frappèrent ceux qui tentèrent de prendre leur part. De vrais bêtes. Des animaux prêt à tout pour surivre. La loi de la jungle.
Elias en a conscience, et il l'assume. C'est ainsi que va la vie, et c'est ainsi que la vie semble logique pour lui. C'est ainsi qu'il se sent vivre. Pour la première fois, Elias découvre ce que c'est de se sentir vivant.
25/10/2015
Leur logique était la suivante : retourner à Seattle, là où le danger avait commencé, persuadé qu'il devait être maîtrisé à présent qu'il fut diffusé partout ailleurs. La troupe perdait de plus en plus son calme à ainsi être serré dans la voiture. Même William, l'enfant d'Ari, se mit à craquer et à pleurer, pleurer, pleurer … Si bien qu'Elias peinait de plus en plus à garder son sang-froid, tant envers le gosse, qu'envers la mère.
27/10/2015 - Jacksonville
Des Charlz. Des Charlz de partout autour de la voiture. Qui geignent, qui grognent et qui grattent. Et parmi ces râles inhumains, se sont des pleurs, des hurlements d'enfant qui s'élèvent.
La main d'Elias est pressée contre la bouche d'Alice qui ne peut s'empêcher de couiner et chouiner en regardant la scène. Le parking se fait lentement envahir. Ça sort de tous les côtés, du Walmart aussi. Alors qu'ils avaient juste souhaité remplir leur réserve en laissant l'enfant un instant seul, tout tombait en ruine.
Et Ari, parti pisser, qui se fait attendre …
Simplement caché par un autre véhicule, Elias et Alice regardent la scène, impuissants. Elias tenterait bien de les attirer ailleurs jetant des pierres peut-être, mais il craint que la morue se mette à hurler à la seconde où il la relâcherait.
- Shhhh … lui souffle-t-il à l'oreille alors qu'ils sortent de leur cachette. On avance, doooucement … fais-moi confiance, tu me fais confiance, hein, ma belle ?
De loin, on la croirait ainsi prise en otage. Les doigts de l'homme sentent le mouvement de son menton. Non, non, elle n'a pas confiance. Elle ne lui a jamais fait confiance, bien que ça fait des années qu'elle le connaisse. Elle ne l'a jamais aimé, et n'a jamais compris pourquoi Ari passait encore tant de temps avec lui.
- Ok … ok,ok,ok,ok.
Il souffle, respire. Garde son calme. Essaie d'analyser la situation comme n'importe qui de censé le ferait, en vain. Le corps de la mère résiste contre le sien. Subitement, elle ne veut plus avancer.
- On va pas abandonner Will, pas vrai ? Tu entends ses cris ? Ça me déchire le cœur, bordel. J'ai une idée pour le sauver. Mais j'ai besoin de toi.
Ils ne sont qu'à cinq mètres du véhicule. L'un des Charls lève le nez vers eux, sûrement attiré par l'odeur.
Agrippant fermement les bras d'Alice, il articule enfin :
- Et ça va pas te plaire.
Et, de toutes ses forces, il la jette en avant, en plein cœur de la horde qui se détourne aussitôt de la voiture. Les cris d'Alice s'élèvent, déchirants, et se mêlent à eux des hurlements de douleur, de terreur peut-être.
Pendant une seconde, Elias regarde. Elle n'a même pas pu se débattre. C'est bien triste.
–--------
- Rien de cassé ?
- Maman !
- Elle t'a sauvé la vie, sois fier !
Il démarre, retire le frein à main, passe la première. Détale sans demander ses restes. En chemin, un homme s'interpose, à la sortie du parking. C'est Ari. Il tient dans sa main des mélanges de plantes, sûrement comestibles.
Elias pile, son frère s'éjecte sur le siège passager.
- Où est Alice ?!
- Pas là.
- Elias, où est Alice bordel de merde ?!
Un silence s'installe. Les yeux d'Ari fixe avec un mélange d'espoir et de rage son petit frère.
- Je suis désolé.
Et le voilà qui pleure, qui hurle à son tour, en écho aux pleurs de Will. Et Elias sert les dents pour ne pas leur intimer de se taire. Visage fermé, sourcils froncés, il se concentre sur la route. Ce qui l'emmerde le plus, le Elias, c'est qu'ils ont laissé sur place les provisions qu'ils étaient parvenus à récupérer.
- Ce sont des choses qui arrivent.
Décembre 2015 – Higgins News Horizon Farm
Ils passèrent la fin de l'année enfermés dans cette ferme abandonnée, relativement éloignée de tout, à puiser sur leur réserve et sur ce qu'il y avait sur place. William tombera lourdement malade et, sans médicament, faillit mourir. Il reprendra des forces au début de l'année. Elias, quant à lui, n'arrivera pas à ressentir de la culpabilité pour Alice. Il essaiera de se convaincre qu'il a mal agi, mais sa logique lui dira qu'il s'agissait d'une vie pour une vie. Il ne dira rien à Ari.
Loin de tout, ils ne furent pas au courant des camps de réfugiés qui auraient pu les accueillir. Ils n'en auraient, de toute manière, pas eu l'envie.
Fin janvier 2016
Ils reprirent la route après s'être rendu compte que les Charlz s'approchaient dangereusement de la ferme. Les réserves d'essence étaient basses, le moral aussi. Ari n'arrivait pas à se faire de la perte de sa femme, l'étoile de ses nuits, le soleil de sa vie. Lui et Elias se prirent la tête à plusieurs reprises, au point d'en venir aux mains, à ce sujet, Elias ne supportant plus les pleurs de son frère. Le petit William ne parlera plus à partir de début février, plongé dans le contre-coup de ce qu'il vécut.
Mars 2016 – Portland
La route était longue. Obligés de rouler lentement, trop lentement. De faire de nombreuses pauses pour se réaprovisionner. Ce ne fut qu'à cet instant que le fantôme d'Alice revint hanter Elias. Cauchemars, piques de colère ou élans de tristesse... Son changement d'attitude parvint même à inquiéter son frère qui fut contraint de ne moins montrer son chagrin, tant pour Elias, que pour son propre fils.
Avril 2016 – Olympia
La voiture, déjà bien abîmée, les lâcha. Ils tentèrent d'abord de trouver des pièces de rechangent, avant de se décider à carrément se servir. Les villes ne sont plus que des villes fantômes, habitées par des enveloppes charnelles vides et sans âme. Le trio quitta très vite l'agglomération après avoir attiré l'attention des rôdeurs : l'un des véhicules qu'ils tentèrent de faire fonctionner flamba. La fuite fut éprouvante, ils perdirent une partie de leurs affaires et faillirent de nouveau perdre William. Elias eut la pensée de se servir de lui comme appât, mais Ari se trouva être toujours collé à lui.
Leur route, ils la continuèrent à pieds. Ils choisirent d'éviter les grandes villes à présent. Pour leur objectif de se rendre à Seattle … Il n'y a plus qu'un seul objectif, le plus important de tous. Survivre.
Juin 2016 – Quelque part autour de Seattle
William tomba de nouveau malade. Ce fut plus fort cette fois-ci encore. Le groupe fut contraint de se poser un moment, dans une vieille décharge. Pour se nourrir, ils se mirent à chasser comme ils le pouvaient. La décharge devint leur lieu de vie pendant un long moment. Entourée des bois, ils parvenait à substituer un minimum à leur besoin.
Juillet 2016
William mourra dans la nuit du premier juin, dans un sommeil qu'Ari espéra de toute son coeur être serein. Son réveil en tant que rôdeur fut douloureux pour le père de famille, qui ne trouva pas la force de l'abattre, et qui refusa catégoriquement qu'Elias le touche. Ils abandonnèrent l'enfant, et quittèrent la décharge.
Août 2016
Les deux frère parvinrent à survivre en agissant comme des pillards. En se comportant comme tel. L'instinct de survie prit le dessus, et les quelques survivants qui croisèrent leur route furent dépouillés quand ils ne furent pas tout simplement assassinés. Ils continuèrent de errer, n'allant en ville que de temps en temps, préférant tourner autour, là où les bois sont plus présents et plus denses.
Septembre 2016
La fin d'année fut rude.
Pas de nourriture, plus de gibier à chasser, les villes trop dangereuses … Ari et Elias restèrent deux longues journées assis, à bout de force, sur le toit d'un immeuble, coincés, à attendre. Juste attendre. Une aide inopinée, peut-être ? Comment pouvaient-ils encore espérer de l'aide lorsqu'ils avaient massacrés ceux avec qui ils auraient pu s'allier ?
Dans une tentative de survie désespérée, ils parvinrent à s'échapper en tuant les Charlz à tour de bras, à sauter des marches en se brisant presque les jambes. À tenter le tout pour le tout.
Une fois dehors, des forces venues de nul part les firent prendre leurs jambes à leur cou.
Octobre 2016
- J'suis désolé Ari … J'suis désolé …
Maintenant, c'est lui qui pleure. Comme un bébé. Qui chouine tout ce qu'il peut sur la dépouille de son frère, qui renifle et bave en espérant un miracle. Qui regrette, enfin. Et la culpabilité remonte le long de la gorge, et elle coupe le souffle, elle brise le cœur et emplit la tête.
- Pourquoi j'ai fais ça … pourquoi tu m'as pas empêcher ? Pourquoi tu m'as pas cassé le bras, ou défoncé la gueule ? Pourquoi t'as rien fais ? Espèce d'enfoiré ...
De rage, il envoie un coup de poing contre le flanc d'Ari. Avant d'y poser sa tête, se tâchant de son sang au passage.
À côté, l'arme du crime repose. Une arme à feu, dont il ne pourrait même pas dire le modèle. Encore fumante. Au centre du front d'Ari, un trou béant suinte la mort et le sang. Ses yeux verts sont grands ouverts.
Elias attrape sa propre tête à deux mains, tire ses cheveux qui ont trop poussés, essuie ses yeux et son nez, recommence à pleurer, sans se soucier du bruit qu'il peut bien faire.
- Et bien qu'ils viennent ! Venez donc, salops de Charlz de merde ! Tout ça c'est d'vot'faute !
Mais l'entrepôt est désert. Ça sent le bois, autour d'eux. Le bois, et l'odeur métallique du sang. Assis à même le sol, Elias pleure encore. Il ne s'arrêtera que plus tard. Et ne bougera plus. Ses yeux resteront figés sur un point invisible, et derrière ses prunelles mordorées, la scène repassera encore et encore.
Ari, qui finit par comprendre ce qu'a fait Elias à sa femme. Ari, qui, fou de rage, frappe son frère, encore, et encore, et encore. Et Elias qui sort cette arme à feu, récupérée sur un des survivants qu'ils avaient tué. Et qui la pointe sur lui. Dans un état d'hystérie totale, le visage en sang, la main tremblante, il avoue tout, et il l'avoue une autre fois, histoire que tout s'incruste bien dans le crâne d'Ari. Et il dit des choses affreuses qu'il ne pense pas à son frère. Et le canon se pointe sur son crâne. Et, sous la provocation d'Ari, il tire.
Il est calme, maintenant, Elias. Son regard se fait plus grave, et glisse sur le corps de son frère.
- C'est moi le plus fort, maintenant, marmonna-t-il dans sa semi-torpeur.
Novembre 2016
Il était seul. Comment le vivait-il ? Même lui serait incapable de l'expliquer. Tout dépendait des jours, de son humeur, des dangers qu'il affrontait. Certaines fois, il en était presque à vouloir se tirer une balle – la dernière qu'il lui restait -. A d'autres moments, il lui semblait évident que cette vie en solitaire était faite pour lui.
Il continua de vagabonder, préférant à présent les petits villages, à investir des maisons qui n'étaient pas les siennes.
Décembre 2016
Ça allait pas. Il le sentait. Que toute sa logique, son bon sens et sa réflexion se trouvaient à présent altérés. Qu'il ne considérait plus le monde comme il le faisait avant. Qu'il n'appréhendait plus les situations de la même manière.
Le voilà qui, pour combler à sa solitude, se met à parler tout seul, à commenter tout ce qu'il fait, à rire de ses propres pensées. Le voilà qui ne trouve aucun inconvénient à demeurer une heure entière assis, dans la même position, à regarder dans le vide. A parvenir à se convaincre que son frère est là, devant lui, à le juger, lui faire des reproches, lui hurler dessus encore. Au point d'entendre ses cris dans son sommeil et de ne plus vouloir dormir.
Pour s'occuper, il se met lui-même à chercher le danger. À provoquer les Charlz. De cette manière-là, il se retrouva bloqué pendant une nuit entière dans le placard d'une chambre, avec trois monstres dans la pièce qui grattaient de partout, grognaient et perdaient pieds à ne pas trouver d'où provenait cette odeur alléchante.
Une nuit entière, dans le froid glacial de l'hiver, dans l'humidité d'une habitation laissée à l'abandon. À être forcé de rester debout, plaqué contre le mur, sans bouger. Partagé entre l'excitation de l'adrénaline et la pure terreur. Au début, il avait l'envie de rire. Puis, il se rendit compte que non, c'était pas drôle, du tout. Il était seul. Et il s'était lui-même mis dans la merde.
Ce fut au petit matin que le destin choisit de lui filer, une fois de plus, un coup de pouce qu'il ne méritait pas. Un chat errant, qui passa par la fenêtre. Erreur fatale pour lui. Ou peut-être pas ? Les Charlz attirés prirent gentiment l'animal en filature, permettant à Elias de sortir.
- Con d'animal, cracha-t-il avant de rire.
À son tour de s'échapper par la fenêtre.
Janvier 2017
Ce fut durant une journée remarquablement glaciale qu'Elias croisa la route de ceux qui devinrent sa nouvelle famille. Telle une bête sauvage, il avait d'abord pris la fuite. Avant de, lorsqu'il fut rattraper, se battre. Un peu. Juste quelques secondes, avant de se faire maîtriser sans grande difficulté. Ils étaient quatre contre lui. On lui laissa le choix. Et s'il avait été tenté d'aller leur dire de se faire foutre en premier lieu, il comprit assez clairement qu'ils ne plaisantaient pas. Il finit par accepter de les suivre chez eux, lui qui souhaitait ne jamais rejoindre de groupe.
Si les premières semaines furent pénibles pour lui et pour les autres – il se montrait insupportable, fermé, agressif et impulsif -, il finit par réussir à s'adoucir. Certaines personnes parvinrent à le dompter, et inversement. Vers mi-mars peut-être, les Remnants découvrirent un Elias à l'opposée de ce qu'il était à son arrivée. On commença à entendre le son de sa voix, son rire, et on se réjouissait. Au début. On finit par comprendre qu'il était tout autant pénible lorsqu'il avait la joie de vivre.
Elias se fit, à partir de ce moment, une place dans le camp. Il démontra à plusieurs reprises qu'il était capable. Il mentit en affirmant avoir été infirmier, avant, et, à partir de cet instant, fut considéré comme l'un des soigneurs du camp.
Il oublia bien vite sa vie d'avant, son frère, et tout ce qui n'était pas entré dans l'enceinte de l'Île. Une vie meilleure s'offrait à lui.
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Michael Mando ♦ <bott>Grim</bott>
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♦ Manaora
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♦ Aide-Soignant en EHPAD
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Re: "This corpse of mine may never be found !"
Lun 4 Sep 2017 - 0:04
Alléluia un autre comique ! Je vais me sentir moins seul avec mes vannes à deux francs cinquante !
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Re: "This corpse of mine may never be found !"
Lun 4 Sep 2017 - 0:11
ROOOH Encore un mec trop cool chez les Remnants, je peux pas en profiter. Bienvenue avec ce nouveau compte en tout cas
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Re: "This corpse of mine may never be found !"
Lun 4 Sep 2017 - 0:17
REBIENVENUE LULU
Hâte d'en apprendre plus sur ce gentil monsieur !
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Re: "This corpse of mine may never be found !"
Lun 4 Sep 2017 - 0:20
Re-bienvenue Lulu ! Très bon choix de groupe !
I Am The Messiah & A Sexy Boy, Not Your Boy Toy
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