Passer par dessus cette baricade ne me plaisait pas, mais c'était par pur esprit de contradiction. J'avais cependant décidé de ne pas faire chier inutilement trop longtemps bien que j’en avais follement envie, je devais bien l’admettre. Je regardais la barricade devant moi, ce n’était pas la première fois qu’un mur comme ça me faisait face, malheureusement, je n’arriverais pas à passer seul et pour le coup personne n’y arriverait sans doute du premier coup. Sauf éventuellement Stan. Je regardais déjà Swann d’un air suspicieux. Le bon plan aurait sans doute était de rester en haut pour voir et aider les autres à grimper, mais comme Stan m’avait reprocher de la jouer solo, j’allais lui montrer ce que c’était…

- Si j’ai un coup de main, je peux passer de l’autre côté easy.

Avec Jason on en avait escaladé des barricades et ce n’était clairement pas celle-ci qui allait me faire peur. Je regardais tout ça d’un air un peu dubitatif, ça m’emmerdait quand même un peu d’avoir quelqu’un pour me faire la courte échelle. Du moins, quelqu’un d’autre que Jason, même si bien souvent c’était plutôt mois qui lui faisait la courte échelle et lui qui me tractait alors qu’il était assis sur l’obstacle.

Stan accepta de me filler un coup de main et pour le coup, je devais bien admettre que sans lui je n’aurais sans doute pas réussi à passer de l’autre côté. J’avais presque une taille respectable comme me le répétait tous les jours Jason, aujourd’hui, je n’allais pas rougir d’avoir besoin d’aide parce que j’étais sans doute incapable de monter un mur aussi haut sans aide. Heureusement, j’avais toujours eu assez de force dans les bras et même s’il me fallut un effort conséquent pour monter arriver à me mettre en appuie et passer mes jambes de l’autre côté, il en me fallait pas beaucoup plus d’effort pour me laisser tomber de l’autre coté comme un sac.

Heureusement pour moi, j’étais solide et j’avais l’habitude de ce genre de truc, faire les quatre cents coups tout le temps portait ses fruits.

- Je suis okey.

Je savais qu’il n’en avait sans doute rien à foutre de mon état, mais bon, je devais bien leur assurer que pour le moment tout aller bien.

A gauche toute donc... une décision du au hasard, après tout il fallait bien choisir un chemin. Plus loin, une barricade - derrière laquelle il était impossible d'y voir quelque chose hormis si l'un d'eux jouait les alpinistes - se dressait devant eux. Ce mur qui, autrefois sans doute, protégeait un minimum l'accès au bâtiment n'était désormais plus qu'un tas de planches, de taules et de ferraille, dressé là pour emmerder le monde et leur faire perdre un temps précieux.

Elle n'eut guère à quémander qui se dévouait pour en inspecter l'arrière, bien entendu, la tête de con du groupe, bornée ou sans doute trop fier pour laisser sa place à plus léger, assura qu'il en était capable si, toutefois, l'un d'eux lui filait un coup de main. Stan se dévoua et Joann préféra rester en retrait afin de surveiller leurs arrières. Il suffisait d'un bruit, un son même léger et d'autres morts pouvaient rappliquer. Mieux valait prévenir que guérir puis, de toute évidence, mater le cul de Rogers en pleine escalade n'était pas la chose la plus passionnante du monde.

Les prunelles rivées à l'angle du mur, la jeune femme se retourna uniquement lorsque le timbre de Smallville retentit de nouveau. Elle n'en avait rien à foutre qu'il soit en pleine possession de ses moyens, il aurait pu tout aussi bien se racler la gueule sur le bitume qu'elle n'en aurait rien eu à secouer, même si ça aurait clairement fait chier pour la suite du trajet... Ce n'était pas l'important, tout ce que le trio, resté derrière le mur de fortune, désirait, était simplement de savoir ce que cet abruti voyait désormais. D'ailleurs, alors qu'elle observait rapidement la hauteur de ce monceau de divers matériaux, ses sourcils se froncèrent à l'attention de Swann.

- Pourquoi c'crétin est pas resté à califourchon là haut ? La réponse était claire, il n'avait sans doute pas réfléchit plus loin que le bout de sa moustache. Excédée alors, plus qu'elle ne l'était déjà après l'avoir entendu dire que tout allait bien pour sa gueule, Cain se rapprocha du mur. On s'tape de savoir si tu vas bien Pornstache, dis nous plutôt c'que tu vois ! Reprit-elle avant d'observer Stan. Avoue qu't'as accepté qu'il vienne en espérant qu'il s'foire ? Sourit-elle cynique.

Je regardais l’extérieur, il y en avait des choses devant moi et pour le moment, pas de rôdeur. C’était une bonne chose. Je remarquais étrangement que la barricade semblait bien plus petite de mon côté. Je ne comprenais pas pourquoi au début jusqu’à ce que je regarde mes pieds. J’étais sur le toit d’une voiture ça expliquait beaucoup de choses. Alors que j’étais en train de mater avec admiration mon plancher métallique, j’entendais la voix de Joann de l’autre côté. Elle était en train de pleurer que je n’étais pas restée sur la balustrade.

- Parce que je peux faire ça…

J’avais parlé tout en attrapant une nouvelle fois le haut de la balustrade de mes mains et j’avais poussé sur mes bras pour faire dépasser ma tête. Je leur affichais un petit sourire satisfait avec mon air de débile. Après mon petit effet comique, je finis par faire ce que Joann m’avait reproché en m’installant à califourchon sur la balustrade. Je plaçais une main sur mon chapeau pour être sûr qu’il n’avait pas bougé. Pas la peine de s’éterniser plus que ça de ce côté autant les aider à passer. Oui, je faisais genre que j’avais tout prévu alors que de bases j’étais un gros con égoïste qui pensait qu’à ma gueule.

- Pour le moment y a pas grand-chose de mon côté, des véhicules, un cadavre bouffé dans un coin et un endroit par lequel entrée dans le bâtiment. Pour moi, le meilleur plan c’est de passer par ici. Et juste contre la barrière, il y a une voiture donc on est tranquille pour redescendre.

J’étais prêt à répondre à toute question ou à aider qui que ce soit à grimper à son tour par ici. Si Stan continuait d’aider à monter les autres, je pourrais les tirer vers moi sans trop de problèmes. De toute façon Joann et Swann étaient des poids plumes et j’étais certain de Stan n’aurait pas tant besoin d’aide que ça. Éventuellement, j’aurais pu aller voir ce qui se passait un peu plus loin, mais ils m’avaient plus ou moins contraint à rester ici donc je n’allais pas bouger pour autant tant pis pour eux !

Puisque l’accès principal était condamné, ils emprunteraient l’entrée des artistes ! Ayant remarqué un panneau indiquant les Urgences sur la gauche du bâtiment, Stan entraina ses compagnon de ce côté-là. Rapidement une barricade se dressa toutefois devant eux. Ils pouvaient certes faire demi-tour et essayer de contourner le bâtiment, mais si les gens s’étaient barricadés ici – et aussi bien ! - ce n’était probablement pas pour laisser le champ libre de l’autre côté. Ça n’aurait eu aucun sens. Alors autant y aller maintenant…

- Ici ou ailleurs, on devra sûrement franchir ça pour entrer, déclara-t-il aux autres, après une courte réflexion. Merl était déjà en train d’étudier comment passer par-dessus et le militaire lui proposa ainsi son aide. Mais faut sûrement s’attendre à ce qu’il y ait du monde derrière… Il lui fit donc la courte échelle, ce qui propulsa le moustachu. Tu vois quelque chose ? Mais au lieu de répondre, l’homme enjamba l’obstacle sans soucis majeur et disparut. Stanley laissa échapper une grimace et ce fut Joann qui réclama plus d’informations. Il lui répondit, complètement désabusé : j’ai surtout pas eu l’choix…

Au même moment, Rogers réapparaissait, annonçant que la voie était libre. Enfin une bonne nouvelle ! Stan acquiesça. De par son expérience, il fallait avancer. Coûte que coûte. Ils pourraient certes nettoyer la zone pour protéger leurs arrières… mais hélas rien ne leur assurerait que tout resterait calme pendant leur fouille. Le pire pouvait toujours survenir. Partout. Tout le temps. Cette barricade leur offrirait au moins un rempart avec « l’extérieur ».

- Vas-y Jo, à toi, indiqua la jeune homme en aidant la femme à se hisser sur la barricade à son tour. Merl était là pour l’accueillir par en haut et lui donner le dernier coup de main qu’il lui faudrait pour traverser. Ce fut ce moment-là que choisit Swann pour lui faire part de son idée. Stan fit un rapide mouvement de tête. Derrière cette barrière, c’est ce qu’on va faire, lui répondit-il. Pour ne pas être pris au piège. Ici, la zone est trop étendue. Il jeta un regard vers le parking toujours désert. Ils n’étaient pas à l’abri qu’une nouvelle horde débarque de nulle part. Maintenant, dans cinq minutes ou dans une heure. Leur seule chance était de s’éterniser le moins possible. Plus on reste à découvert, plus on risque d’en attirer vers nous. S’il y a des mauvaises surprises dans les environs, faisons en sorte qu’elles restent à distance.

Il chercha du regard l’approbation de son poulain. Tuer des rôdeurs, même en petit nombre, présentait toujours un danger. Alors quand c’était possible, la règle était de se préserver et d’éviter l’affrontement. C’était pour ça qu’ils devaient profiter de cette opportunité ! D’un mouvement de la main, il invita le garçon à rejoindre à son tour Merl sur son perchoir. Il fermerait la marche.

J’étais toujours installé sur ma barrière, ça avait un petit côté cool de les dominer de ma hauteur les autres. Surtout quand il s’agissait de con comme c’est trois-là. J’avais arrêté de me demander ce que je foutais ici parce que ça ne me ramenait pas chez moi de toute façon. Je les entendais vaguement discuter, mais je devais bien admettre que je m’en tamponnais. Je reculais sur la barricade pour me penchait sur la longueur et tendre mon bras vers les autres restés en bas. Il pouvait bien me trashtalk ça ne me posait pas de problème plus que ça.

Sans aucune difficulté, je chopais la main que la brune me tendait et je la tirais vers moi. Avec ses efforts combinés à ceux de Stan, il ne lui fallut pas longtemps pour arriver à passer cette barrière. Je m’assurais qu’elle soit stable avant de la lâcher pour de bon. Je ne voulais pas être responsable si elle retomber en bas. Travailler en équipe tout ça, c’était presque si ça ne me foutait pas l’urticaire tout ça… Enfin avant que Stan ne monte à son tour je regardais Joann avant de lui dire simplement.

- Tu peux descendre sur la voiture et même commencer à explorer la zone si tu veux. Moi je gère en tout cas.

Pas de sourire rien, je n’en avais pas envie de toute façon. Peut-être que Stan allait raller, mais je m’en foutais. J’étais prêt à aider Swann à monter à son tour. Ma main était tendue prête à saisir la sienne. J’espérais qu’il n’allait pas faire un foin à l’idée de toucher parce que ça aurait sans doute était un peu débile de sa part. Je savais que je n’aurais pas besoin de faire plus d’effort avec lui qu’avec Joann et qu’après je filerais sans doute un coup de main à Stan avant de passer pour de bon de l’autre côté. J’avais hâte de voir ce que nous réservait le bâtiment, je savais d’avance que ça serait bien marrant.

La réponse de Swann l'invita à opiner du chef. Elle n'en pensait pas moins, lui comme elle, auraient été plus légers afin de passer le premier au dessus de ce mur de fortune, et sans doute n'auraient-ils pas joué les abrutis en préférant parler de leur sort plutôt de ce que leurs fichues mirettes voyaient. Quant à la réponse de Stan, elle lui arracha une légère grimace. Pas eu le choix... Après tout Maverick aurait du avoir droit à choisir qui il préférait emmener en mission. Rogers ne tarda cependant plus à leur indiquer ce qu'il voyait de son côté, bien entendu, pas sans faire parler l'hémisphère "stupidité" de sa cervelle. Ce n'était pas le moment de se marrer, tous le savaient, désormais le temps jouait pour eux alors autant franchir rapidement cette barrière afin d'accéder au bâtiment.

Alors, lorsque son surnom retentit entre les lèvres du mentor, Joann replaça le couteau à sa place puis logea rapidement la semelle aux creux des mains qu'il lui présentait. En peu de temps, ses doigts agrippèrent le sommet de la barricade puis les phalanges que lui tendait Merl. La jeune femme enjamba ensuite l'obstacle puis reposa doucement les rangers sur le toit métallique avant de le fusiller du regard à peine lui eut-il recommandé ce qu'elle pouvait faire. Depuis quand lui conseillait-il quoi que soit ? D'une, Cain était apte à faire ses propres choix, de deux il n'était personne pour lui indiquer quoi faire, de trois, sa phrase était aussi stupide que le vide que comblait son couvre chef. Aller seule en éclaireur ? Et quoi encore, se jeter dans la gueule du loup en solo et foutre le reste du groupe dans la merde ?

Non, c'était hors de question, Joann n'était pas assez stupide pour la jouer solitaire alors qu'ils étaient quatre. Le moindre faux pas pouvait tout faire capoter et le peu de discrétion acquise depuis l'élimination des rôdeurs sur le parking, pouvait foirer si, toutefois, des morts se trouvaient non loin et captaient ne serait-ce qu'une présence humaine auprès d'eux.

- Ta cervelle mitée a pas encore bien assimilé ce qu'était une équipe ? Lui siffla-t-elle en replaçant le bas de sa veste de cuir. Ou tu rêve de m'voir foutre la merde ? Si c'est ça tu peux attendre longtemps Smallville, c'est pas d'main la veille que j'ferai capoter une mission. Conclut-elle restant à son flanc pour l'aider à faire passer Swann de leur côté. Chose faite, ce fut donc au tour de Stan puis, cette fois, elle descendit de son perchoir et attendit les recommandations. Tu préfères que deux explorent la zone le temps que les autres ouvrent la porte ou, on reste groupé ? Stan lui dirait ce qu'il préférait, elle ferait en fonction, après tout elle imaginait très mal que la porte ne soit guère verrouillée, il faudrait sans doute forcer la serrure pour l'ouvrir.