La remarque de Stan me laissait dépité. Une fois de plus, ses réactions me donnaient envie de me barrer ou de lui sauter au cou. Je ne savais pas trop laquelle de ses pensées pour le moins contradictoire gagnait. Enfin, ce n’était pas très grave, j’étais même content de me dire qu’on allait finir par rentrer là-dedans et rejoindre les autres enfin un peu d’action. Je lui souriais avec un air sans doute un peu malsain avant d’ajouter simplement.

- Ah on a finalement le droit de faire du bruit ?

Oui, j’étais en train de chercher la merde, mais c’était totalement volontaire de ma part et ça me faisait même rigoler. Mon regard se posa sur l’arme qu’il avait en main, je savais que dans le fond, ce n’était pas son truc la hache alors que moi, j’avais manié ce genre d’instrument plus d’une fois. Je le regardais avec un petit sourire en coin, j’attendais qu’une chose qu’il me propose de m’en servir et pour le coup, c’est ce qu’il a fait la seconde suivante. C’était Noël, je venais d’obtenir un super joujou que j’étais bien décidé à garder si elle ne me pétait pas entre les mains avant la fin de la mission.

- C’est largement dans mes cordes !

Sans plus de ménagement, j’attrapais la hache qu’il me tendait. Y a vais une chaine à défoncer et j’étais bien décidé à faire les choses bien. Reculant le pied droit pour maximiser au possible mes appuis et ma force de frappe. J’inspirais profondément en levant la hache au-dessus de ma tête avant de l’abattre sur la chaine. Évidemment un coup n’avait pas suffi à la faire céder, mais je m’y attendais alors c’est sans une once d’hésitation que je réitérais l’opération. Il ne me fallut que quelques coups avant de faire définitivement céder la chaine.

C’est avec la nonchalance qui me caractérisait tant que je posais le manque sur mon épaule tenant l’extrémité de ma main droite. Ma main gauche remit mon chapeau en place alors que je rentrais dans le hall de l’hôpital. Je remarquais presque instantanément une porte qui était également enchainée comme celle que je venais de casser.

- Je continue hein ?

Après tout, je n’étais pas si mauvais que ça dans l’exercice et ce serait bien d’avoir une solution de replis si la vitre finissait par totalement céder. S’ils ne voulaient pas, ils pouvaient toujours le signaler à moins que ce soit trop tard.

- Tu veux que je te tende la ch... ?

Stan voulait proposer de tendre la chaine, en tirant autant qu'il pouvait sur l'ancienne porte battante, pour aider le cowboy dans sa besogne, mais c'était visiblement inutile. Merl avait déjà reculé d'un pas et abattait une seconde plus tard la vieille hache rouillée sur la chaine. C'était comme donner Sophie la girafe à un enfant de trois mois : ça le rendait visiblement fou de joie ! L'engin frappa le métal dans un bruit grinçant, qu'il fallut répéter plusieurs fois. Le jeune homme jeta un regard lourd en direction de la barricade. Sans surprise, ils attiraient tout le quartier là ! Ils allaient devoir envisager de sortir par une autre issue que celle-ci... En effet si tous les rôdeurs s'agglutinaient près des urgences, les autres côtés du bâtiment, et le parking aussi, seraient peut-être dégagés ! Toujours penser à ses possibilités de repli !

- Bien joué, souffla-t-il à son compagnon, quand la chaine céda enfin et que les deux hommes purent rejoindre les autres dans le hall des urgences. Stan fut alors immédiatement frappé par les rôdeurs qui s'agitaient derrière la vitre de l'ancien accueil. Il fronça un sourcil, sans faire attention le moins du monde aux lettres derrière. Rien-à-battre ! Merde, c'est verrouillé, ici aussi ? Grogna-t-il en voyant la porte du couloir également condamnée. Bordel, mais c'était une vraie forteresse ce machin ! Pourtant l'amas de bazar qui s'ajoutait au second cadenas ne donnait pas envie de savoir ce qui se trouvait derrière cette porte-là... Attendez, dit-il aux trois autres.  Il fit parcourir le faisceau de sa lampe sur les alentours. Toutes ces portes ont été verrouillées de l'extérieur... Simple constatation.

Pourtant cela voulait dire que ceux qui avaient bouclé ces cadenas étaient sortis. Pour ne pas revenir visiblement... Pourquoi ? Et pourquoi avoir verrouillé deux issues simultanées ? Cet endroit formait comme un sas. Les rôdeurs présents étaient coincés derrière une vitre et un comptoir, ce n'était pas eux que ces chaines retenaient... Le regard de Stan passa de la porte close, à la vitre qui tremblait sous l'assaut des morts, à l'extérieur tout aussi hostile. Il avait un mauvais pressentiment. Très mauvais...

Tout s'accélérait subitement, Swann n'avait pas plus d'idée lumineuse qu'elle, néanmoins, en entendant les premiers coups - signe que Stan et Merl tentaient leur chance avec la hache - Joann reporta immédiatement son regard vers la vitre de l'accueil. Cette saloperie se lézardait sous l'assaut plus brutal des rôdeurs. Mieux valait ne pas faire long feu ici, mais il était pourtant hors de question de se barrer sans Maverick et Rogers. Fort heureusement, la chaîne céda et un sourire rassuré fut lancé à l'intention de Stan qui se précipitait vers eux. Quant à Merl, ce bourrin désirait d'ores et déjà régler son compte à l'autre cadenas. Swann l'en dissuada rapidement mais ça n'arrangeait pas leur situation pour autant. Toutes les portes présentes étaient fermées, et pour le peu n'ayant pas été verrouillées, rien d'utile ne s'y trouvait d'après Stanley.

C'était la merde, dans quelques minutes la vitre péterait, et étant donné leur nombre, ainsi que leur masse, les morts seraient poussés par leurs congénères au dessus du standard. Ces merdes n'en avaient rien à secouer de s'écorcher le bide en se frottant au verre brisé. Perplexe, Joann balaya les lieux du faisceau de lampe jusqu'à l'arrêter sur le plan accroché à l'un des murs du couloir. Sans attendre, elle s'en approcha rapidement et promena son doigt, de l'endroit où ils se trouvaient, à celui qui paraissait accessible.

- Y a un plan. Lâcha-t-elle en le parcourant de l'index. Si on va tout droit on peut espérer que le battant qui mène aux escaliers de secours soit ouvert.

Après une brève concertation, la jeune femme s'élança vers l'endroit cité - jetant néanmoins un coup d’œil aux cages d'ascenseurs béantes - dégaina son flingue au cas où, et empoigna la clinche pour pousser le battant qui ne fit aucune résistance. Le bol, néanmoins c'était aussi incompréhensible que chanceux, pourquoi avait-on fermé certaines portes à contrario d'autres ? Peu importait, ils avaient désormais le loisir de quitter le rez de chaussé et la marrée de créatures qui ne tarderait plus à l'inonder. Rapidement elle tendit le bras armé, accompagné de la lampe, vers la montée d'escaliers, et retint le battant en y collant le dos. Rien à signaler, la voie était libre, certes quelques râles faisaient échos, mais il s'agissait sans doute de ceux qu'elle avait capturé en pénétrant les urgences, ceux dont elle avait parlé à Blackmore avant qu'ils soient de nouveau au complet.

- C'est clean... C'est ça où escalader la cage d'ascenseur. Reprit-elle. De toute évidence on a pas l'choix, faut monter, ne serait-ce que pour s'éviter la compagnie des excités derrière l'accueil.

Stan choisirait, il était le leader ici, elle n'était personne pour aller contre ses recommandations, s'il préférait tester autre chose, alors elle le suivrait. Après tout, elle avait une totale confiance en lui.

Ils n’étaient définitivement pas drôles dans ce groupe. J’avais vu une chaine un cadenas et c’était sans doute la suite logique de continuer ce que j’avais commencé, mais non parce que c’était dangereux… Qu’ils brisent la vitre les rôdeurs, je les attendais de pied ferme. J’avais même hâte de leurs exploser la gueule, j’avais pu laisser parler une part de ma frustration et ça, c’était déjà pratique, je n’étais sans doute pas capable de réfléchir convenablement vis-à-vis de tout ça. En même temps, j’étais surtout là pour servir de bras armé plutôt qu’autre chose. On ne m’avait pas demandé de réfléchir jusqu’à présent et c’était parfait de la sorte.

Limite j’aurais bien foutu un coup de hache sur la gueule de Swann en lui disant ensuite que je n’avais pas fait exprès, mais j’avais l’impression qu’il n’apprécierait sans doute pas la remarque. Il fallait trouver un autre moyen qu’ils disaient… Bah ils avaient qu’à trouver, pendant que je faisais grève de réflexion, ce qui je l’avoue ne changeait pas beaucoup d’habitude. C’est sans doute avec un brin de débilité que je m’étais approché de la vitre sur laquelle les rôdeurs étaient en train de frapper avec force. Oui, il pouvait la briser à tout moment et me foncer dessus, mais je m’en foutais. Je m’étais déjà retenue de ne pas poser une main sur cette dernière avant qu’on me reproche le fait qu’ils s’échappent.

Alors que j’entendais, Joann parlait d’un plan, je coinçais la hache que j’avais dans les mains entre mon pantalon et ma ceinture. C’était un truc que je faisais fréquemment au ranch quand on avait besoin d’outils pour bosser. Je l’ai attendu s’ils avaient un truc à dire, ils iraient voir ailleurs si j’y étais. Je suivais tout de même le groupe qui suivait le plan de Joann.

- C’est vrai que les marches me paraient une bonne solution.

La chance nous souriait, on n’allait quand même pas lui cracher dessus ? Enfin moi je trouverais ça vraiment con personnellement…