Stan avait réussi à sortir son arme, mais l’homme le remarqua. Il pointa de nouveau son fusil mitrailleur sur le jeune militaire, qui ne pouvait rien faire d’autre que d’enlever la sécurité de son Berreta au plus vite, pour riposter. Il allait mourir, fin de l’histoire. Clic-clic. Le type aurait dû tirer, il en aurait eu le temps, mais il n’en fit rien. Un macchabée venait de lui tomber dessus et de lui croquer l’avant-bras. Stanley pointa son revolver et écarquilla les yeux, surpris, mais non moins content de se voir ainsi sauver par un mort. Enfin sauver… pour l’instant tout du moins, car visiblement son ange gardien n’était pas tout seul !

La suite se déroula en un quart de seconde. La femme, en pleine agonie, trouva le courage de se jeter sur les créatures, alors que son comparse, désespéré, tirait aussi dans le tas. Il tua deux ou trois des ennemis. Le garçon en profita pour se relever au plus vite.

- Swann ?! Il espérait entendre une parole rassurante de la part de l’ancien étudiant.  Sans pouvoir se tourner vers son poulain, les deux mains sur son flingue, il tira à son tour vers la menace. La première ? Le gars, qui avait tenté de le dézinguer. Il le toucha au bras, ce qui lui arracha un nouveau cri et le fit lâcher son arme. Le temps de se reprendre, le pauvre homme avait déjà un autre rôdeur sur lui, qui lui arracha la carotide, dans une giclée de sang.

Stan ne stoppa pas ses coups de feu pour autant. Il vida son chargeur sur les mordeurs, explosant deux têtes seulement au passage. Le stress ne le rendait pas particulièrement précis ! Il profita d’une demi-seconde de répit pour sortir un de ses chargeurs de sa poche et s’approcher de Swann, et lui tâtonner le corps.

- Swann ?! Répéta-t-il, alors que le brun semblait proche du malaise. Une balle l’avait visiblement touché à l’épaule. Son vêtement était imbibé de sang. Tu es en mesure de bouger ? Si les deux garçons ne pouvaient pas le voir, il restait six rôdeurs à achever.

Au même moment, de nouveaux coups de feu retentirent dans le couloir.

Faire le ménage des six rodeurs restants n’était pas quelques choses de problème, alors que j’avançais en tirant dans le tas, je mis fin à deux autres monstres. La vraie question à l’heure actuelle était de savoir où étaient foutus les deux clampins. Ce n’était pas normal de ne pas les voir apparaitre dans mon champ de vision. J’avais beau sans doute détester tous les abrutis de cette mission et faire en sorte d’être le plus détestable possible, je n’avais en aucun cas l’intention de leur vouloir du mal, bien au contraire, on était parti à quatre, on reviendrait à quatre c’était comme ça. Finalement, après mettre assuré que Joann pourrait gérer les connards toute seule, je rentrais dans la pièce où se trouvait les Swann et Stan. J’espérais qu’ils ne me prendraient pas pour un rôdeur avec ma gueule en sang.

Il ne me fallut pas longtemps pour remarquer que Swann avait l’air bien amoché. Ce n’était pas cool du tout cette histoire. Je ne savais pas ce qui allait se passer à partir de maintenant, mais une chose était certaine, ça n’allait pas être facile. Il n’était pas en état de marcher, mais on ne pouvait décemment pas rester ici à se tourner les pouces. En tirant, on avait alerté les environs. J’étais déjà en train de ranger mon arme à feu à ma ceinture avant de retirer le sac que j’avais sur mes épaules.

- Je ne pense pas qu’on est cinq minutes, on vient sans doute de réveiller tous les connards dans le coin, s’il y a d’autres vivants, ils vont rappliquer ici...

J’avais dit ça d’un ton grave, c’était une vérité qu’on connaissait tous. Je finis par regarder un homme puis l’autre avant de définitivement retirer mon sac et d’annoncer une vérité qui ferait sans doute encore moins plaisir que la première. Je ne les aimais pas, il ne m’aimait pas, mais je travaillais en équipe, j’avais toujours travaillé en équipe quand il était question des autres. Je n’allais pas laisser qui que ce soit derrière moi sous prétexte qu’il était blessé ou que certains trucs ne me convenaient pas.

- Écoute, on n’a pas trente-six solutions, on a besoin que tu gardes ton arme à feu, je dois le porter sur mon dos. On part d’ici, on rentre en urgence et on trouve un médecin.

C’était sans doute simple comme plant, le reste n’avait plus vraiment d’importance. Peut-être que ce gamin ne m’aimait pas, mais après tout, on avait tous nos griefs avec tout le monde, il était temps de passer au-dessus. Ce n’était pas moi qui allais en parler alors si tout le monde restait silencieux, personne dans le groupe ne finirait par être au courant. J’étais même prêt à dire qu’il avait eu la force de marcher sur ses pieds.

Joann n'avait pas l'intention d'attendre plus, les coups de feu précédents n'étaient clairement pas le fruit de son imagination, ça non, et même si elle ne voyait ni Stan, ni Swann, quelque chose clochait à leur propos. Son doigt pressa la gâchette une fois, puis deux. Les morts s'écroulèrent sur le duo de dépouilles de Rogers qui, bien qu'elle ne lui ait rien demandé, fila droit vers l'infirmerie. Dans ce cas, elle nettoierait seule, histoire de voir venir ensuite, mieux valait dégommer les blattes avant qu'elles ne soient un réel problème. Rengainant son flingue - après tout les balles étaient précieuses - la brune agrippa sa lame et logea l'index et le pouce entre ses lèvres pour siffler le quatuor restant.

Ils débarquaient à peine de la cage d'escaliers, mieux valait les attirer vers elle que vers la salle où elle entendait enfin les voix de ses partenaires. Un premier mort trébucha sur ses congénères et, sans attendre, elle avança et lui planta le couteau dans le crâne avant de se redresser pour coller le pied dans le ventre du second qui fit s'écrouler ses deux derniers semblables. Le reste fut simple, elle maintint plus fermement sa lame, écrasa le faciès de l'un d'eux à coup de rangers puis acheva les deux autres comme le premier.

Elle reprit son souffle, puis fixa l'encadrement de porte de l'infirmerie où Merl donnait déjà des directives qui l'invitèrent à froncer les sourcils. Il y avait eu une merde, une saloperie de grain dans l'engrenage au point que, désormais, Rogers était forcé de proposer son aide pour porter Swann. Rapidement, la brune se redressa et s'engouffra dans la pièce pour arrondir les yeux. Du sang, des cadavres, les restes de deux dépouilles plus "fraîches" et, devant elle, un Blackmore aussi blême qu'il était possible de l'être. Il vacillait, se retenant comme il pouvait à ce qui lui tombait sous les doigts et son épaule, elle, était salement amochée. Certes il n'avait pas énormément d'importance à son regard mais, finalement, ce gamin n'avait rien demandé à personne. Aussi, elle s'approcha de lui en repoussant le Redneck et posa une main sur sa joue pâle afin d'analyser ses réactions.

- Ça va aller Swann... Lâcha-t-elle avant de lui offrir un sourire plus sincère que les autres. T'es une mauvaise herbe, la mauvaise herbe résiste quoi qu'il arrive.

Elle dédramatisait certes, mais mieux valait lui parler, de tout et de rien, pour lui éviter de tourner de l’œil. Néanmoins, Merl avait raison, il fallait se barrer et vite et d'après le coup d’œil qu'elle jeta au sac du gosse, ils avaient trouvé ce qu'ils étaient venus chercher. Cain jeta alors un oeil à Stanley puis agrippa le paquetage du gamin pour le glisser contre son épaule tandis que Merl s'apprêtait à porter le blessé.

- T'en veux pas, t'as pas à t'en vouloir, on va rentrer et on le soignera, il va s'en sortir Stan. Souffla-t-elle, sans rancune aucune à son ami. Faut juste éviter qu'il s'endorme...

Stan lâcha une seconde Swann pour caler son nouveau chargeur dans son arme de poing. Le garçon était conscient, c’était l’essentiel. Il était sonné, blessé mais tout allait bien se passer… si toutefois ils rentraient à temps sur leur ile. Et si l'étudiant ne leur claquait pas à cause du choc. Le militaire reporta son attention sur les rôdeurs qui provenaient du couloir, mais déjà Merl entrait dans l'infirmerie à son tour.

- Qu'est-ce que vous foutiez ? fut l'accueil que lui réserva Stanley. Ils n'avaient pas le temps pour les formules de politesse. Le cowboy avait raison : le temps leur était compté. Et pas seulement à cause de l'état de Swann. Ouais, y en a peut-être d'autres. Des vivants... Les pires !

En parlant, il fit les quelques pas qui le séparaient de la porte de la pièce. Il allait aider Joann avec les derniers monstres, mais ce ne fut pas nécessaire. La femme venait d'achever le dernier et déboulait à son tour. Après un rapide regard à droite et à gauche dans le couloir – la voie était toujours libre... ça ne durerait peut-être pas – Stan retourna dans l'infirmerie. Merl annonça qu'il allait porter le blessé sur son dos.

- Aide le déjà à se lever, dit-il, tout en apportant son aide également. Si tu pourras le soutenir, ce sera déjà pas mal. Il était inutile de s'épuiser inutilement. Puis Swann était touché à l'épaule, pas à la jambe. Tant qu'il gardait un peu de jus, il pouvait essayer de marcher. Ou tout du moins se trainer. On a trouvé pas mal de matos. Et vous ? Ça fera l'affaire pour aujourd'hui en tout cas. Le jeune homme montra le sac à dos que Swann avait enlevé un peu plus tôt. Joann l'attrapa et il la regarda alors qu'elle tentait de le rassurer. Sa faute ? Il haussa un sourcil. La blessure ? Elle ignorait visiblement que Stanley pouvait parfois être des plus terre à terre. Je sais, répondit-il ainsi simplement des plus convaincus. Non ce n'était pas sa faute. C'était cet allumé qui avait tiré sur leur compagnon, pas lui. Et il ne s'inquiéterait du sort du garçon que lorsque son cas lui semblerait vraiment désespéré.

Maintenant, ils devaient définir comment ils allaient sortir d'ici... Son arme à feu toujours en main, il s'approcha alors des fenêtres de la pièce, qu'il ouvrit. Il voulait voir de quel côté ça donnait, et surtout à quoi ressemblait l'extérieur après l'échange des tirs. Combien de rôdeurs avait-il alors dans son champ de vision ? Pouvait-il envisager une retraite rapide vers le parking ? Ils n'étaient qu'au premier étage, est-ce qu'ils pourraient envisager d'éviter le rez-de-chaussée ? La barricade ? Toutes ces questions, ils devaient les analyser tout de suite. Et vite !

Cette situation était vraiment pourrie, mais au moins était d’accord sur le fait qu’on devait bouger d’ici. Je regardais autour de moi l’espace d’un instant, je ne porterais donc pas de suite Swann, peut-être pas du tout même, mais dans le fond, je savais que c’était une extrémité qui pouvait arriver. Stann annonçait qu’on était assez équipé pour repartir et dans le fond, ça m’allait bien. Rester dans le coin outre mesure n’était pas nécessaire de toute façon.

- On n’a rien de plus, mais on ne peut pas s’éterniser ici de toute façon. Peut-être que le stockage aurait été cool…

C’était de ma faute, j’en avais conscience, j’avais fait un foin pour me rendre à la chapelle, pour rien en réalité. Je ne me sentais pas coupable ou bête pour autant, j’avais nettoyé un lieu saint et c’était sans doute le plus important à mes yeux, même si la blessure de Swann n’était pas belle, il n’avait pas l’importance qu’avait mon Dieu aussi triste et rébarbatif que c’était.

- On te suit.

Je n’avais de toute façon pas d’autre chose à faire que de suivre aveuglément Stan à partir de maintenant, je devais bien admettre que ça m’arrangeait bien pour le coup. Je n’avais pas envie de prendre une décision et lui coller dans les pattes était largement plus facile que de devoir réfléchir un tant soit peu à tout ça. Je repositionnais mon sac sur mes épaules alors que j’attrapais Swann pour l’aider à marcher. Passant son bras valide autour de mon cou et passant une main à sa taille. Ce n’était pas vraiment la première fois que je filais un coup de main de la sorte. Nous allions sans doute pouvoir rapidement sortir d’ici, maintenant, fallait-il encore trouver quoi faire à présent.

J’étais peut être un peu con, mais j’étais parfaitement compréhensif, si Swann avait besoin de quoi que ce soit, il n’aurait qu’à me dire et je m’en accommoderais au mieux. C’était à moi de le soutenir et de faire les efforts nécessaires pour qu’il ne s’épuise pas trop en avançant.