Après avoir fermé la porte de la pièce derrière eux, Stan avait attrapé la corde que lui tendait Merl. Il regarda vivement autour de lui, et décida de la nouer sur la poignée de cette dernière. Elle s’ouvrait vers l’extérieur, aussi il ferait d’une pierre deux coups : ils maintiendraient la porte en position fermée et pourraient descendre de façon sécurisée. Il fit un nœud qui lui parut solide et demanda aux autres de vérifier.

- On fait un minimum de bruit ! Conseilla-t-il. Histoire de ne pas réattirer tous les morts vers la barricade !

Puis Joann se lança la première. La corde était suffisamment longue pour la mener vers le sol. Là, la voix était libre. Souple et habile, la jeune femme n’eut aucun mal à descendre et elle récupéra le paquetage – vide et donc bien inutile – du cowboy. Puis ce fut au tour de celui-ci de se lancer. La manœuvre pour caser Swann sur son dos, et passer par la fenêtre fut délicate. L’homme était costaud, mais descendre à la corde ainsi harnaché demandait du niveau.

- Faites gaffe… dit Stanley simplement, un peu tendu. Il regarda ses compagnons disparaitre, un peu sceptique, tout en maintenant la corde de ses deux mains, pour que la pression exercée sur la porte ne soit pas trop forte. Pendant ce temps, les bruits dans le couloir s’approchaient…

Tout se déroula plutôt bien, et Stan était concentré à tirer sur sa prise, quand cette dernière se relâcha soudainement et qu’un bruit de choc se fit entendre. Merde ! Elle venait de casser. Vivement, le militaire se précipita vers l’ouverture pour évaluer les dégâts. Merl et Swann étaient affalés par terre. Si le premier se leva rapidement, le second, avec sa blessure devait encaisser la chute. D’autant que Joann était déjà en prise avant quelques macchabées qui venaient de débouler des urgences. Le jeune homme fit une grimace. Puis évalua ses possibilités. Car il devait descendre lui aussi ! Heureusement qu’il n’était qu’au premier. La corde avait cédé au niveau d’un demi-étage. Ça se sautait… sinon il pourrait ajouter un drap, comme il l’avait pensé initialement ?

Hélas, le temps de la réflexion ne lui fut pas offert. Il entendit les râles plus fortement dans le couloir et un premier rôdeur commença à gratter la porte de sa pièce. Il n’avait pas le temps pour des travaux manuels. Il pesta, laissa le fusil mitrailleur tomber en bandoulière – avec la sécurité bien sûr – et attrapa la corde à son tour. Il descendit autant que possible, mais se retrouva vite les jambes dans le vide. Se tenant tout à la force des bras, il hésita une seconde avant de tout lâcher, prévenant ses acolytes de se pousser, ou bien de venir amortir sa descente.

Il réussit à tomber sans se faire mal et put même aider Merl et Joann avec leurs assaillants. Il acheva ainsi un rôdeur en lui enfonçant dans le crâne son couteau commando.

Joe rattrapa rapidement le sac de Rogers, gardant les yeux sur Swann et lui qui amorçaient leur descente. Ce n'était en rien évident, davantage encore que le gamin n'était guère en pleine possession de ses moyens. Prête à les accueillir en bas, des râles tous proches la poussèrent à dévier les prunelles. Des rôdeurs, encore, ces saloperies ne les lâcheraient jamais. Il valait donc mieux faire place nette.

Rapidement, Jioann rengaina son flingue et s'empara du couteau à sa cuisse. Elle fit quelques pas, s'apprêtant à achever le premier. Par habitude, la brune logea le pied dans la rotule de la tête de peloton, le laissa s'étaler, et lui asséna le coup fatal en pleine tempe. Malheureusement, il n'était pas seul à traîner dans le coin, d'autres le succédaient d'assez près d'ailleurs, profitant de l'ouverture des urgences pour les rejoindre. Un juron fila ses lèvres puis elle se redressa rapidement, cette fois, elle profita de la lourdeur du sac contre ses épaules et s'en servit contre le duo suivant. L'un d'eux retomba, emportant le poids du second dans sa chute jusqu'à ce qu'un gémissement de douleur l'invite à déporter les mirettes une seconde. Merde, la corde avait cédé...

Autant Rogers se redressa rapidement afin de lui prêter main forte concernant les macchabées, autant Swann non. Ce n'était pas bon signe pas du tout. Aussi vite qu'elle le put, elle acheva les deux cadavres puis ouvrit la bouche.

- Occupes toi d'eux, Swann ne réagit pas. Lâcha-t-elle en voyant Stanley, toujours à l'étage, agripper la corde afin de les rejoindre. Sans attendre, Cain s'approcha du gamin. Bientôt, Maverick fut en bas lui aussi, les choses seraient donc plus simples. Il ne tarda plus à prêter main forte au redeneck tandis qu'elle s'accroupissait auprès de blackmore. Swann ? Tu vas bien ? Réponds ! Le pressa-t-elle en jetant des coups d’œil aux morts dont se chargeaient les deux autres. Faut te lever, j'vais t'aider on est plus très loin, c'est bientôt fini. Tiens bon d'accord ? Que faire d'autre ? Elle n'était pas infirmière, encore moins docteur, mais il était hors de repartir sans lui.

J’avais déjà planté deux connards avant que Joann me balance que je devais m’en occuper. Ce n’était pas ma faute si ont été tombé, je n’avais pas à me sentir responsable de cette merde et pourtant…

Il fallait que je fasse le vide alors que je me défendais sinon, j’allais finir par me faire surprendre par une de ses horreurs et ce n’était pas particulièrement un truc que j’apprécierais. À peine, j’avais le temps d’y penser que Stan me sauva la peau d’un des machins qui claquait des dents beaucoup trop proches de moi. Putain, il n’en restait plus que trois ce qui se régla assez rapidement entre moi et lui. Le vrai problème c’était l’état de Swann, comment est-ce qu’on allait gérer ça maintenant ? Il fallait qu’on rentre oui, mais s’il n’était pas en état de ses déplacer cela allait être encore plus tendu que ce qu’on pouvait le pouvoir.

Je récupérais rapidement mon sac pour le remettre sur le dos une fois le ménage fait. Je laissais mon chapeau pendouiller à mon sac. Si je devais porter Swann jusqu’à la voiture puis jusqu’à notre bateau autant être dans les meilleures conditions pour le faire.

Mon regard se tourna alors vers Joann. J’étais un poil inquiet, mais je ne voulais pas en faire toute une histoire. S’ils me reprochaient la chute du gamin, je pouvais le comprendre, mais j’espérais qu’ils ne seraient pas trop durs puisque j’avais déjà du mal à accepter ce qu’il venait de se passer. J’avais envie de prononcer un mot, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre…

Stan n’eut pas le temps de son côté pour s’appesantir sur le sort de Swann. Il préférait pour le moment ne pas y penser et se concentrer sur l’instant présent. A savoir partir d’ici, une bonne fois pour toute. Aussi se concentra-t-il sur les macchabées qui avaient surgi de l’intérieur du bâtiment. Après avoir débarrassé Merl d’un vilain, il en agrippa un second par l’épaule, et lui enfonça de nouveau son couteau dans la tempe, alors que ce dernier claquait dangereusement des mâchoires tout près de son nez. Une giclette de sang brun lui éclaboussa le visage. A peine s’occupait-il du dernier, qu’une nouvelle slave de morts débarquait. Le jeune homme laissa échapper un juron.

- Rogers, aide Joann à faire passer Swann de l’autre côté, souffla-t-il au moustachu. Son regard à lui était tourné vers la porte des urgences. Je m’occupe d’eux.

Il allait ralentir ces prédateurs en attendant. Peut-être parviendrait-il à nettoyer entièrement la zone et refermer la porte, ou alors quand ses compagnons auraient bien avancé, il décamperait à son tour. Dans tous les cas, ils n’avaient pas de temps à perdre, Swann avait besoin de soins. Il fit un signe de tête entendu vers le paysan. Personne ne lui reprocherait cette histoire de corde brisée. Au contraire, cette dernière leur avait permis de s’échapper ! Quant au sort du plus jeune, ils en étaient tous un peu responsables. Mais cette introspection attendrait. Ils ne viendraient à se poser ces questions que plus tard, quand ils seraient tous hors de danger. L’issue ne pouvait pas être différente.

Le militaire n’attendit pas de voir comment ses compagnons se débrouillaient, il s’avança vers les nouveaux rôdeurs. Ils étaient une bonne dizaine, ce qui demanderait à Stan une sacrée dose de prudence et d’endurance.

- A nous, enflures, murmura-t-il, affichant un regard combattant, tout en faisant chuter l’une des créatures, avant de s’en prendre à son voisin.

Le temps pressait, visiblement les neufs parasites désormais raides morts n'étaient pas les seuls à désirer les rejoindre. Une dizaine, d'après Stanley, revenait chercher son du. Joann tenta donc, avec mal, de relever le gosse qui ne parvenait plus à se remettre sur pieds. Les mâchoires serrées, Cain essaya de le redresser jusqu'à sentir le poids se faire moins pesant. Rogers venait de la rejoindre, ce serait donc plus simple... Du moins pour le moment.

Aidée par Merl, Joann avança à petits pas vers l'ambulance devant la barricade, relâcha Blackmore aux bras du cow-boy, puis s'empressa de grimper sur le toit du véhicule. Il fallait passer, mais avec un blessé, la rapidité ne serait pas au rendez-vous. Une fois sur son perchoir, Cain retira le sac de médoc de ses épaules, le cala près de la barrière, puis s'accroupit afin d'atteindre Swann. Merl le poussait pour qu'elle parvienne à le saisir. Tirer sur les bras était évidemment proscrit, son épaule le tiraillait, elle n'avait donc pas d'autres choix que d'agripper les vêtements du gamin afin de le faire glisser vers elle en espérant qu'il lui reste assez d'énergie pour s'agenouiller contre la carcasse de métal. Pour cet acte, les choses se passèrent plutôt bien, et pendant que le pécore rejoignait le toit à son tour, Joe remit le mioche lentement sur pieds.

- T'es plus résistant qu'moi. Affirma-t-elle au redneck en soutenant Blackmore. Son regard allait de Stanley, aux prises avec les macchabées, au haut de la barricade qu'elle espérait franchir d'ici peu. J'vais me caler là haut, tu pousses Swann vers moi, je le maintiens, et j'te le confies de l'autre côté. J'serai bien incapable de le réceptionner sans risquer de lui flinguer quelque chose.

Attendant qu'il assimile et approuve, Joann agrippa le rebord de la barrière, s'y colla à califourchon, puis attrapa doucement le gamin.

- Oublie pas le sac Rogers, on est venu pour les médocs, autant pas les laisser là. Précisa-t-elle avant qu'il monte à son tour. Le redneck fit son boulot sans mal aucun et, bientôt, Joe se démena pour aider Blackmore à basculer les jambes de l'autre côté de cette frontière maudite afin qu'il rejoigne, en moins de souffrances possible, les bras de Rogers. Stan ! Le héla-t-elle pour l'inviter à les rejoindre.

Rassurée, elle le fut seulement que de futiles secondes car, à peine eut elle jeté un œil plus loin, qu'elle vit des cadavres s'approcher... Une demi douzaine.

- Merde, merde ! Pesta-t-elle, s'empressant de rejoindre le sol en tachant de ne pas se ruiner une cheville, pour rapidement sortir sa lame. Soutiens le, j'm'occupe d'eux....

Sans attendre Cain s'avança vers les premiers parasites. Le premier d'entre eux, elle agrippa les restes de ses fringues, il se pencha donc suffisament pour que le couteau rejoigne l'un de ses orbites. Le relâchant, elle réitéra une fois encore jusqu'à capturer la présence de Stan à quelques mètres d'elle. A deux ils seraient bien plus efficaces.